La belle fin
On aurait pu, au moins, faire une bien plus belle fin,
mettre un peu de beauté, couplé dans le parfum,
décorer tout ce monde comme Dieu l’imaginait ;
naturel, avec de grandes bandes de terre aménagées,
éclairées de lanternes, déposées sur les chemins
tracés par sa douce main pour faire défi à l’humain.
Les sols étaient fertiles, ils offraient tant d’abondance
à ceux qui lui donnaient la meilleure des semences.
Pourtant, le dernier repas arrive aux vivants solitaires,
enfermés au milieu du cœur d’un volcan sans cratères,
qui offre des offrandes dans lesquelles on observe
les dernières des réserves, prisonnières de conserves.
Puisque Dieu a quitté ces lieux, emportant ses sanglots,
ses larmes au goût salé coulent sur la joue des trainglots,
qui mènent, tambours battants, toutes les âmes tatouées,
qui renversent bière et, vin de leurs gestes si peu doués,
déforment le bien si précieux que Dieu leur avait confié.
Ils ont perdu la mémoire jusqu’au point même de défier
toutes les forces de la Terre, usant de leurs magies noires.
Ils ont jeté des mauvais sorts, comme on jette à l’entonnoir
un liquide visqueux qui, a maintenant tant de mal à s’écouler,
qu’il arrive finalement sur les bords du monde, prêt à déborder,
comme déborde ma peine face aux grands monstres qui crient,
car ils ont réglé la question, bafouant la parole que Dieu inscrit
dans un ciel tourmenté qui, dans ses bras,
nous fait prisonnier
d’une idée solidaire, entre les hommes aux sourires carnassiers,
de se prendre pour des Dieux, au risque de pouvoir crucifier
dans un joli sourire, ici-bas, la pandémie qu’il nous a confié.
Avec la sympathie qui descend du ciel, comme un je t’aime
nous ne pouvons que voir fleurir partout des chrysanthèmes,
et, j’en pleure, à la lueur de ce manque évident d’altruisme,
qui fait des Dieux maudits la puissance dépassant le séisme.
Dans nos yeux sombres déclinent les espèces qui lui font signe,
les seules dernières, capables d’entendre, le chant des cygnes
alors que, mon cœur battant, ne bat plus à chaque seconde,
glissant, autrefois, du haut des cimes, il se traîne à la tombe …
© David TOUGERON
Extrait du recueil L'esprit « pandémie», paru chez EDILIVRE (2021)