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(sauf aux poètes disparus et certains auteurs-compositeurs-interprètes), ou bien ils sont envoyés spontanément par les auteurs publiés.
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Le Monde de Poetika
Site & Revue de poésie en ligne
N° ISSN : 2802-1797
© Barbara ROUSSEAU
Barbara
Rousseau
(1978-aujourd'hui)
Barbara Rousseau, de son vrai nom Cécile Genilloud, est née à Fribourg, et a grandi sur les terres natales de Philippe Jaccottet et Gustave Roux, en Suisse, entre lac et montagnes. Son enfance a été teintée de musique et d’amour des mots dans une famille cloîtrée dans le silence et les non-dits.
Autre texte :
Promenade
→ Sa page Facebook
© Pierre PLUVIEUX
Pierre Pluvieux (1964-aujourd'hui)
Pierre Pluvieux, dit PPL, né en 1964 de l’union d’un père français et d’une mère portugaise, est un poète et romancier dont la plume mêle douceur, douleur et humanité. Originaire d’Auvergne-Rhône-Alpes et aujourd’hui installé à Lille, il publie sur Facebook des textes suivis par un lectorat fidèle, tandis que plusieurs de ses livres s’apprêtent à voir le jour. Invité régulièrement à Marrakech et engagé comme conseiller matrimonial, il met également son temps au service de projets philanthropiques, notamment en faveur des enfants malades.
Moi je marche dans les villes
Les banlieues les bidonvilles
Sur le pavé des ports
Et sur l’asphalte vil
Visitant le décor
Des amours difficiles
Moi je suis l’amateur d’ombres
L’explorateur des décombres
Le croiseur du grand vide
L’amant de la pénombre
Le flâneur intrépide
Aux fantasmes sans nombre
Moi je ressemble aux rois-mages
A la poursuite d’un mirage
D’une étoile équivoque
Eclairant les visages
Des habitués des docks
En quête de naufrage
Moi je suis le rôdeur pâle
Loin des rues principales
Dans les quartiers déserts
Le petit Sardanapale
Des dimanches de misère
Aux douches municipales
Moi je hante le hall des gares
A l’heure des troufions hagards
Traçant des graffitis
A l’abri des regards
Le dernier train parti
Quand la raison s’égare
Moi je suis l’homme immobile
Des périphéries tranquilles
Le liseur de journal
Au regard trop habile
Debout près du canal
A ses risques et périls
Moi j’arpente les passages
Témoin des équarrissages
Me payant des galas
De jeux anthropophages
Accélérant le pas
Si ça devient sauvage
Moi je suis celui qui drague
Les chantiers les terrains-vagues
Le passant dérisoire
Sans portefeuille ni bague
Pressentant le rasoir
A défaut de la dague
Moi j’ai choisi pour seule cible
Les passions indicibles
Qu’importe que j’y perde!
Je veux l’inaccessible
Je cherche l’impossible
Le diamant dans la merde
Moi je marche dans les villes
Les banlieues les bidonvilles
Sur le pavé des ports
Et sur l’asphalte vil
Visitant le décor
Des amours difficiles
© Jean GUIDONI
Extrait de l'album du même nom, 1980 (Prix de l'Académie Charles-Cros, 1981)
Jean Guidoni (1952-2025)
Chanteur et parolier, Jean Guidoni est d'origine corse et fils de marin. Il passe sa jeunesse dans les quartiers chauds de Marseille où de nombreuses expériences nocturnes vont peu à peu façonner son romantisme quelque peu torturé. C'est à Paris au début des années 70 qu'il vient faire ses premiers pas dans la chanson. Il sort son premier 45 tours La leçon d'amour en 1975.
Remarqué par le compositeur Michel Legrand, il rencontre plusieurs auteurs intéressants et sort son premier album Le tétard, écrit par Jacques Lanzmann. Dans la foulée du succès, Jean Guidoni intègre une grande maison de disques et collabore avec Pierre Philippe. Les prix se multiplient. Il fait également ses débuts au théâtre et devient metteur en scène. Après s’être glissé dans l’univers d’autres poètes, Jean Guidoni ressent le besoin de revenir à ses propres mots. C’est ainsi qu’il écrit les 13 chansons de l’album Légendes urbaines (2017) ; l’album, qui renoue avec l’univers désenchanté et poétique de Guidoni, est salué par la critique. Jean Guidoni meurt le 21 novembre 2025 à Bordeaux, à l'âge de 74 ans, « des suites d'une maladie fulgurante ».
Mets ton habit, scaphandrier
Descends dans les yeux de ma blonde,
Que vois-tu bon scaphandrier ?
Je vois un étrange attirail :
Des fleurs, des oiseaux, du corail,
Et de l'or en fines paillettes.
Mets ton habit, scaphandrier
Descends dans le coeur de ma blonde,
Que vois-tu, bon scaphandrier ?
Je vois une source très pure,
Je vois des rires et des deuils,
Une oasis près d'un écueil...
Mets ton habit scaphandrier,
Et dans le cerveau de ma blonde
Tu vas descendre, que vois-tu ?
Il est descendu, descendu...
Et dans les profondeurs du vide
Le scaphandrier s'est perdu...
© René BAER
Chanson interprétée par Léo Ferré.
René Baer (1887-1962)
Parolier et écrivain français, René Baer a écrit pour le cinéma et la presse. L'auteur écrit également des chansons enfantines et des complaintes réalistes sous le nom de plume de « Vittonet ». Il a été chanté par Lucienne Boyer, Maurice Chevalier, et surtout Léo Ferré.
Je n’ai pas ouvert les yeux,
Et je sens que le jour point.
Mon corps reste dans le lit,
Mais mon âme est déjà loin.
Elle goûte parmi l’aube
Un bonheur aérien,
Et revient de temps en temps
Me rappeler que j’existe.
La fenêtre est grande ouverte
Avec le store baissé.
Je suis baigné du même air
Que les feuilles et les nids.
J’ai ouvert aussi la porte ;
J’aperçois dans le couloir
Le premier rai de soleil
Qu’aucun pas ne trouble encore.
On dirait que les oiseaux
Chantent tous dans le même arbre,
Et j’entends le bruit d’épingles
De leurs pattes sur les toits.
On arrose la chaussée ;
Mes draps me semblent plus frais.
Je sens l’odeur du savon
Qui est près de la cuvette.
On n’a pas encor marché
Sur le sable des jardins,
Et toutes les rues sans hommes
Sont pareilles à des routes.
Le fleuve s’est rajeuni
D’une eau qui a traversé
Les campagnes et la nuit.
Remorqueur, tu peux chanter.
Le canal n’a plus de rides :
Marinier, tu peux partir.
L’aube est pleine de voyages
Qui ne devraient pas finir !
Allègement de la chair !
Il me semble que je baigne
Dans la paix d’une eau profonde
Qui diffuse le soleil ;
Et le matin est si net
Qu’on voit battre à petits coups,
Sous un voile de sommeil,
Le cœur délicat du monde.
© Georges CHENNEVIERE
Georges Chennevière
(1884-1927)
Léon Debille dit Georges Chennevière est un poète et dramaturge français. Il fait ses études à Paris où il rencontre Jules Romains avec lequel il fait partie des amis de L'Abbaye de Créteil à partir de 1905. Il est l'un des principaux poètes dits « unanimistes ». Il a laissé une œuvre poétique sensible (publiée entre autres par Gallimard) et quelques pièces de théâtre. Son Chant de midi inspira à Albert Doyen une oeuvre chorale avec orgue et orchestre qui fut créée en 1919 à l'occasion des premières Fêtes du Peuple.
Si pour tout un chacun, le soleil est un astre
Bienfaisant, généreux, bénéfique, efficace
Qui incite certains à se brûler la peau,
Le soleil est pour nous une planète odieuse
Ennemie invincible, brutale, carnassière.
Ogre dévastateur il nous mange la peau
Une infâme canaille qui attaque nos os.
Issu d’un gène dégradant, haïssable
Car dès potron-minet il faut qu’on nous harnache
Comme les hommes maudits, sectateurs pervers
Vengeurs encagoulés issus du Ku Klux Klan.
Nos jours sont des soirées désespérantes d’ennui
Cachés dans des manteaux et sous lunettes noires.
Les supplices infligés par les inquisiteurs
N’étaient que rigolade à côté des tourments
Qui s’exercent sur nous des années durant.
Le mal qui nous ronge est pire que la lèpre
Aux sorties interdites s’ajoute la colère.
Râ n’est pas sympathique avec tous ses sujets
Et tous les noms barbares qui nous sont affublés
N’arrangent pas l’état dans lequel Dieu nous a fait.
Il a du se tromper dans ses tests, expériences
Prendre dans ses grimoires un mot pour un autre
Oublier une virgule, un point d’exclamation !
La médecine nous affuble de noms ésotériques
Lentigos, kératose actinide, ptérygions et j’en passe…
Je peux vous assurer que par tous ces solaires rayons
Je suis ultraviolet.
© Claude DUSSERT
Poème inspiré par un reportage, 17/11/2025
Claude Dussert
(1947-aujourd'hui)
Poète, nouvelliste et pamphlétaire à ses heures, Claude Dussert est diplômé du Conservatoire d’Arts Dramatiques de Grenoble. Cadre commercial, il a créé sa société de communication « CBCD » en 1993 à Lyon. Il vit actuellement en Bourgogne, dans la région de Cluny. Éclectique dans ses lectures, sa passion pour la poésie l’a amené à être membre de nombreuses associations. Il participe activement à plusieurs anthologies de poésie et ouvrages collectifs ainsi qu’à des concours. Il a édité 9 recueils de poèmes sur plus de 22 écrits, une pièce de théâtre et deux recueils de pamphlets non édités.
Son dernier recueil Par des Chemins de Traverse est libre de lecture ou de téléchargement sur le site 'MonBestSeller.com'. Il a reçu de nombreux prix dont 2024 : Médaillé aux Jeux Floraux de Toulouse pour le 700ème anniversaire - Prix Jean Michel Renautour AIEL - 2ème Prix Jeux Floraux du Béarn et en 2025 : 2ème Prix aux Jeux Floraux de Sartrouville - 3ème Prix au Concours International de la SPAF Occitanie - Grand Prix International du Conseil Départemental du Loir et Cher décerné par AIEL (Académie de l'École de la Loire). Sans oublier en 2023 le Prix Spécial du Jury au concours Poetika.
Je rêve de l’Homme enfin sans scorie
Enfin libéré de tout son fardeau
-Splendide lueur belle allégorie
Qui loin du réel irait crescendo-...
Je rêve d’un jour d’un âge sans guerre
Où pour tous la Paix dans le quotidien
Mondialement sur toute la terre
Chasserait le pire honorant le bien…
Je rêve de l’Homme enfin respectable
Qui déterminé -fort d’un beau projet
Gravé dans le marbre et non réfutable-
Ferait du fusil qu’un futile objet…
Je rêve d’un jour d’une belle aurore
D’un superbe azur pour l’humanité
Où toutes et tous sans cesse élaborent
Un monde où l’on vit en fraternité…
© Didier COLPIN
(1) Titre et poème inspirés par la statue se situant dans le jardin du siège de l’ONU.
Didier Colpin
(1954-aujourd'hui)
Didier Colpin est né en 1954 à Laval, petite ville de l’Ouest de la France. Il a découvert l’écriture et la poésie « sur le tard », en 2010. Depuis elle est devenue sa compagne de tous les jours…
La poésie est pour lui le contraire de Twitter et de sa rapidité. Elle est un arrêt sur image… Sur un émoi sur un trouble sur la Beauté sur la laideur. Le tout vu, ressenti à travers le prisme qu’est son regard où deux plus deux ne font pas toujours quatre...
Ici joue
à l'abri d'un bosquet
un joueur d'Er Hu
là dansent
en cadence
capitées,
un brin mécanique
comme au pas de gymnastique
au son d'un ancien
magnétophone
un groupe de femme d'âge
en nage
plus loin
rient des enfants
se précipitant
dans les boules
géantes bulles
qu'ils vont faire tournoyer
sur l'eau
tandis que des barques emplies
de familles aux cirés
multicolores
ou seulement habitées
d'un couple d'amoureux
sage sur le banc
y glissent
tels des cygnes lents
et qu'un septuagénaire
ou nonagénaire
au visage raviné
de rides
fait jouer dans le vent
son cerf-volant
surveillée du regard
par les clients
attablés
sous l'auvent
de bambou
devant
un thé aux perles
boba
© Pierre YERLÈS
Pierre Yerlès (1937-aujourd'hui)
Auteur belge, Pierre Yerlès a été professeur émérite de l’université de Louvain, où il a formé durant quarante ans à la didactique de la langue et de la littérature des générations de professeurs de français. Il a dirigé la collection « Séquences » chez Didier Hatier (plusieurs volumes coécrits) et a été membre du comité de rédaction de plusieurs revues, dont la Revue nouvelle et Langue et Administration. Il est l’auteur de nombreux articles, parmi lesquels « Une espérance pour notre temps : le foisonnement de l’interculturel et de l’interreligieux en Chine-Occident (aire francophone) », dans le Langage et l’Homme (vol. XLIX, n° 2, décembre 2014). Il a publié plusieurs recueils dont Elégies paisibles (2021), Oaristys (2024) et Pavane pour une samouraï défunte (2025) aux éditions Bleu d'encre.
Autre texte :
Lumières de la nuit chinoise
→ Découvrir son dernier recueil
La mort a tes yeux d’été colorés
elle danse avec le pendu, endosse les têtes décapitées,
elle raconte au suicide ses histoires d’hiver,
que la larme d’un suicidé peut éteindre l’enfer.
La mort cueille des fleurs sur les os usés
sur la fuite des cerveaux et les orbites trouées,
pleure des fleurs de nymphéa dans l’estomac du noyé,
elle, salope, fragile, adieu au célibat.
La mort épouse le cadavre du brûlé,
reste la force unique hors de la logique du marché,
enlace l’hyper-capitaliste, l’anarchiste, l’indifférent,
sans jamais s’apercevoir qu’elle ne sert à rien.
On crie la vie, on abolit la mort,
ils le tentèrent en nombre avec le soutien de l’art,
distraits par de riches cotillons et hommages,
on abolit la mort et chante Villon.
© Ivan POZZONI
Ivan Pozzoni
(1976-aujourd'hui)
Ivan Pozzoni est né à Monza en 1976. Il a introduit le Law and Literature en Italie. Il a publié des essais sur les philosophes italiens et sur l'éthique et la théorie juridique du monde antique. Il a collaboré avec de nombreux magazines italiens et internationaux. Entre 2007 et 2018, il a publié plusieurs recueils. Il a été le fondateur et directeur de la revue littéraire Il Guastatore – Quaderni « neon »-avanguardisti ; également fondateur et directeur de la revue littéraire L'Arrivista. Il a été rédacteur en chef de la revue philosophique internationale Información Filosófica. Il fonde une quinzaine de maisons d’édition socialistes autogérées. Il a écrit/édité 150 volumes, écrit 1000 essais, fondé un mouvement d'avant-garde (NéoN-avant-gardisme, approuvé par Zygmunt Bauman), avec un millier de mouvementistes, et rédigé un Anti-manifeste NéoN-Avant-gardiste. Il est mentionné dans les principaux manuels universitaires d'histoire de la littérature, d'historiographie philosophique et dans les principaux volumes de critique littéraire. Son volume La malattia invettiva gagne Raduga, mention de la critique de Montano et Strega. Il est inclus dans l'Atlas des poètes italiens contemporains de l'Université de Bologne et figure à plusieurs reprises dans la grande revue littéraire internationale Gradiva. Ses poèmes sont traduits en français, anglais et espagnol. En 2024, après six années de retrait total des études académiques, il revient dans le monde artistique italien et fonde le Kolektivne NSEAE (Nuova socio/ethno/aesthetic anthropology).
Autres textes :
Le député
As-tu perdu la langue ?
→ Sa page Facebook
M'aimeras-tu quand je serai comme un grimoire,
Quand j'aurai les yeux cernés de noir,
Quand ma peau, jadis de satin,
Ne sera plus que parchemin.
Quand mon cou gracile
Ne sera plus que roseau fragile
Fripé par toutes ces années ?
M'aimeras-tu, quand mes souvenirs
Ne seront plus que poussière,
Quand mes paupières
Ne te verront plus
Et que ma voix chantante
Ne sera plus
Qu'une mélodie branlante ?
M'accompagneras-tu
En ma dernière demeure
Là où les souvenirs
Jamais ne meurent ?
Viendras-tu fleurir
Notre jardin secret
Viendras-tu y planter
L'éternité ?
© Caroline BAUCHER
Caroline Baucher (1983-aujourd'hui)
Caroline Baucher est née en Roumanie et a été adoptée à l'âge de trois ans, sous le régime Ceaucescu. Elle se passionne pour l'écriture au décès de son grand père ; c'est pour elle un exutoire, mais également un jeu : elle a publié quatre recueils dont Vers cent nuits d'encre en 2024. Elle se passionne également pour la photo, notamment les réflexions. Elle vit actuellement à Nice. Découvrir l'un de ses derniers recueils : Vibration.
© Mokhtar EL AMRAOUI
In Le souffle des ressacs
Mokhtar El Amraoui (1955-aujourd'hui)
Poète d’expression française né à Mateur, en Tunisie, Mokhtar El Amraoui a enseigné la littérature et la civilisation françaises pendant plus de trois décennies, dans diverses villes de la Tunisie. Il est passionné de poésie depuis son enfance. Il a publié quatre recueils de poésie et plusieurs de ses poèmes ont été publiés sur Internet et en revues-papier.
Bien sûr que si mon amour il faudra partir
un jour ou une nuit sans qu'on ait pu choisir
ce sera aujourd'hui ou ce sera demain
que mes doigts glisseront lentement de ta main
quand ma langue aura dit à ta langue en silence
avec trop de douceur avec tant de violence
ce que donne ma peau à ta chair impatiente
au noiement de nos vies aux rives affluentes
et dans un pas de danse aux gestes alibiles
on aura pardonné aux mots d'être tactiles
Ce sera aujourd’hui ou ce sera demain
on aura oublié que le calme est si beau
que se meurt le bonheur au soir de nos flambeaux
que mes doigts glisseront lentement de ta main
© Martin ZEUGMA
Martin Zeugma
Né au milieu des années 1970, Martin Zeugma a commencé à écrire à l'âge de 13 ans sur la machine à écrire à ruban de sa mère, qui enseignait le secrétariat. Depuis il n'a jamais arrêté, même s'il a souvent changé de machine. Depuis 1997, il a publié dans 80 revues francophones (France, Belgique, Suisse, Sénégal, Canada, Haïti, Cameroun) des poèmes, des nouvelles, et des études bio-bibliographiques (notamment sur Jean-Pierre Duprey et Paul Valet). Il a participé à plusieurs anthologies : une de nouvelles fantastiques aux éditions La Clef d'Argent, une de nouvelles érotiques aux éditions Alopex, et trois de poésie aux éditions Luna Rossa.
Oh Mélancolie ma douce amie
Où es-tu partie ?
A mon réveil tu n'es plus là
Toi qui à chaque fois
Distillait ton amertume
A chacune de mes pensées
Toi qui pensais nourrir mon âme
Avec le plus âpre de tes charmes
Tu n'as jamais vu grandir
Ni même juste frémir.
Cette envie de m'envoler
De cette cage dorée
Où tu m'avais emprisonné
Pendant tant d'années
Oh Mélancolie ma chère amie
Tu n'es plus qu'un souvenir
Tes murmures ne cessent de s'évanouir
Pour ne devenir
Qu'un vague écho d'un lointain passé
© Renaud RIGART
Extrait de Ma Muse et moi, Ed. Books on Demand, 2025
Renaud Rigart
(1977-aujourd'hui)
Renaud Rigart a toujours été un passionné d’écriture et ce depuis son plus jeune âge. Ecrivant des histoires, développant son imaginaire au gré de ses lectures et du petit journal de son école élémentaire au milieu des années 80.
Adolescent, cette passion se retrouve mêlée avec son autre passion la musique. Il crée plusieurs fanzines durant les années 90 et web-zines avec l’essor d’internet à l’aube des années 2000.
Interviews, chroniques de disques, reportages de concerts sont son quotidien mais il manquait quelque chose…
Après un pause pour s’occuper de sa grande famille, il réalise que ce qui lui manque c’est de pouvoir s’exprimer lui-même, de mettre sur papier toutes ces phrases, ces vers qui viennent à lui.
Alors s’ensuit le projet d’écrire son premier recueil de poésie. Rassembler certains textes écrits au fil des ans « Ma muse et moi » commence à prendre forme fin 2024 pour finalement pointer le bout de son nez en cette rentrée 2025. Une nouvelle page s’ouvre, un nouveau chapitre commence, un nouveau chemin s’illumine.
La plage étincelle, fume
Et retentit, vaste enclume
Que les vagues et le vent
Couvrent de bruit et d'écume.
Je vais, selon ma coutume,
Le long du galet mouvant,
Les yeux au large, rêvant
Quelque rêve décevant
Salé de fraîche amertume.
Avec leurs doux cris joyeux
Et leurs mines ingénues,
De beaux enfants, jambes nues,
Se mouillent à qui mieux mieux.
De loin, les suit et les gronde
Une vieille grand-maman.
Une jeune femme blonde
Lit toute seule un roman.
Les légères mousselines
Des nuages vagabonds
Se déchirent aux collines.
Les grandes vagues félines
Se cabrent, puis font des bonds.
Et je contemple l'abîme ;
Et je voudrais, âme et corps,
Me mêler aux longs accords
Qui roulent de cime en cime.
© Émile BLÉMONT
Émile Blémont
(1839-1927)
{Vrai nom : Léon-Émile Petitdidier]
Poète prolifique et dramaturge occasionnel, se lie avec Victor Hugo et les poètes parnassiens ou symbolistes. En avril 1872, il fonde La Renaissance littéraire et artistique, puis il crée et dirige La Tradition, La Revue du Nord, Le Monde poétique et Le Penseur (1901).
Il participe à la naissance de la Société des poètes français et fonde la Maison de poésie.
Une heure avant
avant que de l’aube chair d’agrume sanguinolente
ne s’écoulât le jus flamboyant du soleil
Une heure après
après que la première perle
à peine née
se fut gonflée prête à jaillir
prête à dégouliner le long de la plaie
ouverte aux instantanés
semblable aux larmes d’un enfant
inconsolable
La nuit suivante
alors que d’invisibles archers
transperçaient le crépuscule
les gouttes dépouillées de leurs
derniers sanglots
fuirent vers la mer
en d’innombrables ruisseaux
en prélude
aux vagues infinies
© Pierre MELENDEZ
Pierre Melendez
(1966-aujourd'hui)
Né à St-Girons en 1966, Pierre Melendez a grandi à Labrespy, Mazamet et His. Après Toulouse, la Normandie, La Rochelle, la Guyane française et les Landes, Pierre vit aujourd’hui en famille à Artagnan où il est conseiller municipal et préside l’association culturelle du village.
Professeur-documentaliste à Vic-en-Bigorre, et après une formation d’écrivain public et des années en tant que correspondant de presse au quotidien Sud-Ouest, il écrit depuis toujours chansons, romans, nouvelles mais surtout, désormais, des poésies !
Inspiré par l’actualité, la vie quotidienne, les histoires d’amour contrariées et les voyages au long cours de sa propre imagination, c’est dans le foisonnement des images et la libre circulation des mots que Pierre réussit à envoûter ses lecteurs.
Participant régulièrement à des salons littéraires, à des lectures poétiques, à des magazines de poésie et souvent associé à des artistes pour la réalisation de recueils illustrés ou avec le monde du spectacle (Théâtre des 7 Chandelles – Maubourguet), notre auteur s’inscrit durablement dans le panel poétique contemporain. Il a publié près d'une trentaine d'ouvrages : romans, nouvelles et recueils de poésie.
Dans la maison de mes grands-parents
Les murs suintent.
Ils pleurent
Comme je pleurais étant enfant.
La peur de vieillir peut-être
La peur de la solitude aussi
Dans la maison de mes grands-parents
Les murs geignent
Ils se plaignent
Comme je me plaignais étant enfant
La peur de les voir partir
La peur de l’abandon aussi.
Dans la maison de mes grands-parents
Les fenêtres se voilent
Elles se ferment
Comme se ferment leurs yeux sur la vie,
La peur de l’autre vie
La peur de ne pas avoir tout dit.
Dans la maison de mes grands-parents
Les murs sont fragiles
Ils s’écorchent vite
Comme s’écorche mon cœur
De les voir partir
De les voir souffrir
Dans la maison de mes grands-parents
Le grenier s’ennuie,
Je m’ennuie de lui aussi
Et je pleure comme avant,
Comme je me pleurais étant enfant
Et comme je pleure maintenant aussi.
© Renée BORON
Renée Boron (1939-aujourd'hui)
Renée Boron s'adonne à la poésie pour son plaisir et écrit aussi des nouvelles. Elle travaille la terre aux Ateliers d'Art de Château-Thierry. Elle aime également peindre et a pris quelques cours de calligraphie. Elle a ouvert une petite bibliothèque dans sa commune qui compte 83 habitants. C'est avant tout le plaisir de se rencontrer, d'échanger et... de jouer aux cartes.
La feuille des forêts
Qui tourne dans la bise
Là-bas, par les guérets,
La feuille des forêts
Qui tourne dans la bise,
Va-t-elle revenir
Verdir - la même tige ?
© Jean MORÉAS
Jean Moréas
(1856-1910)
De son vrai nom d'origine grecque Ioánnis Adamántiou Papadiamantópoulos, Jean Moréas est un poète symboliste grec d'expression française, naturalisé français en 1910. Il a publié de nombreux poèmes dans des revues et magazines tels que Lutèce et Le Chat noir et a réuni ses poèmes dans deux recueils Les Syrtes et Cantilènes. Il écrit le Manifeste symboliste en 1886, qu'il publie dans le journal Le Figaro, et fonde en même temps la revue Le Symboliste avec Paul Adam et Gustave Kahn.
En 1891, le symbolisme devenant plus ouvertement associé à l'anarchisme, il publie Le Pèlerin passionné qui reçoit un accueil mitigé. En 1892, il se détourne du symbolisme et fonde L'Ecole romane. Mais tout comme il s'était rapidement détourné du symbolisme après l'avoir créé, Moréas délaisse le romanisme pour le néo-classicisme. Son recueil le plus célèbre, Stances (1899), illustre cette nouvelle ambition avec plus de bonheur que les œuvres antérieures, dans une langue d'une pureté classique qui rappelle André Chénier.
Si les anges n’existent pas
qui donc fait ce doux bruit
par terre dans nos chambres
et là-haut sur le toit ?
J’entends leurs voix , j’entends leurs pas
à l’heure où la nuit va descendre...
Je me demande si Papa
les écoute aussi parfois ?
Si les anges n’existent pas,
qui nous expliquera
d’où viennent les cheveux de soie
qui flottent le soir dans les bois ?
© Madeleine LEY
Extrait de Petites voix
Madeleine Ley (1901-1981)
Femme de lettres belge, Madeleine Ley accède à la notoriété en 1930, avec la publication de son premier recueil de poésies destinées aux enfants, Petites voix, dont plusieurs seront mises en musique par divers compositeurs, dont Francis Poulenc. Entrée dans l'univers littéraire, elle côtoie notamment Colette, Charles Vildrac, André Gide et Roger Martin du Gard. Elle publie aussi des contes, nouvelles et romans. Sa santé mentale s'étant dégradée au cours de la Seconde Guerre mondiale, elle cesse définitivement d’écrire. Dès lors, son état nécessite des soins psychiatriques constants.
Autre texte :
Odelette à l'araignée
Mes bras se sont ouverts et se sont refermés,
J'ai bu tous les poisons aux coupes exaltantes,
Et si c'est un péché d'avoir beaucoup aimé,
Je veux le premier rang parmi les pénitentes !
Les plaisirs de la chair, se sont sur moi, posés,
La lèvre m'a meurtrie et la dent m'a blessée,
Je porte avec orgueil la trace des baisers,
Je n'ai rien désiré que d'être caressée.
Je ne regrette pas les beaux soirs innocents,
La calme pureté des coeurs de jeunes filles,
Moi qui ne peux calmer la fièvre de mon sang,
Ni l'éclair de mes yeux, quand la volupté brille.
De l'amour prodigué le long des jours passés,
Des baisers pénétrants, sur les lèvres que j'aime,
De ces morceaux de fleurs, entre mes doigts froissés,
J'ai fait un pur collier de perles et de gemmes.
Je porte fièrement ce mystique joyau,
Dont l'éternel éclat me brûle jusqu'à l'âme ;
Moi que l'amour aura marquée à mon berceau,
J'entraîne vers sa loi, le cortège des femmes.
© Émilienne d'ALENÇON
Extrait de Sous le masque (1918)
Émilienne d'Alencon (1869-1945)
Comédienne, danseuse de cabaret, célèbre courtisane et poétesse française de la Belle Époque, Émilienne d'Alençon est fille d'une concierge de la rue des Martyrs à Paris. Elle fait ses débuts dans un numéro de dresseuse de lapins au Cirque d'été en 1889, avant de devenir danseuse au Casino de Paris, aux Menus-Plaisirs, aux Folies Bergère, à la Scala puis aux Variétés. Surnommée l'une des Trois Grâces de la Belle Époque, avec Liane de Pougy et Caroline Otero, elle défraie la chronique avec ses liaisons : le duc d’Uzès, le roi des Belges Léopold II, le futur Edouard VII d’Angleterre, le Kaiser Guillaume II, Liane de Pougy, la Goulue, la poétesse Renée Vivien… Elle se fait connaître à l'international par de nombreuses photographies et cartes postales. En 1918, elle se passionne pour la littérature et écrit un recueil de poèmes Sous le masque. A la fin de la Belle Époque, elle n'est plus à la mode et ne se remet pas du décès de son mari. Elle plonge dans l'alcool et la drogue et s'endette. Elle s'installe à Nice et parvient à éponger ses dettes en vendant ses biens. Elle meurt à Monaco le 14 février 1945 et par la suit est inhumée au cimetière des Batignolles à Paris.
Petite, mince et menue au regard de charbon
Grande, blonde, élancée aux yeux d’azur tressés
Brune, veuve éplorée, enveloppée de noir
Blonde encapuchonnée d’un voile de tristesse
Rousse parcheminée de tâches orangées
Elles sont toutes belles à me voiler les yeux
Je les vois de mes mains par touches exploratrices.
Leurs écharpes de brume sont brodées de langueur
Tissées au dur métier de leurs doigts dégourdis
Éros et les siens se damneraient pour elles
Les flèches de son arc sont en papier mâché
Telle Amphitrite elles savent oublier quelquefois
Mais d’autre fois s’entêtent à réclamer justice
N’en déplaise à Scylla maîtresse abusive.
Femmes de haut lignage, femmes dévergondées
Femmes de bas étage, princesses de quartier
Vous êtes toutes blanches en robe de mariée
Mais tigresses méchantes aux griffes acérées
Quand le danger s’égare dans votre pré-carré.
Vous qui êtes la mère, vous qui êtes l’amante
Vous qui êtes la sœur ou la fiancée de cœur
Ne laissez pas les dogmes enlaidir votre vie
Ne lapidaient plus les femmes adultères
Aveugle, je vous dis : « Jouissez sans merci ».
© Claude DUSSERT
Claude Dussert
(1947-aujourd'hui)
Poète, nouvelliste et pamphlétaire à ses heures, Claude Dussert est diplômé du Conservatoire d’Arts Dramatiques de Grenoble. Cadre commercial, il a créé sa société de communication « CBCD » en 1993 à Lyon. Il vit actuellement en Bourgogne, dans la région de Cluny. Éclectique dans ses lectures, sa passion pour la poésie l’a amené à être membre de nombreuses associations. Il participe activement à plusieurs anthologies de poésie et ouvrages collectifs ainsi qu’à des concours. Il a édité 9 recueils de poèmes sur plus de 22 écrits, une pièce de théâtre et deux recueils de pamphlets non édités.
Son dernier recueil Par des Chemins de Traverse est libre de lecture ou de téléchargement sur le site 'MonBestSeller.com'. Il a reçu de nombreux prix dont 2024 : Médaillé aux Jeux Floraux de Toulouse pour le 700ème anniversaire - Prix Jean Michel Renautour AIEL - 2ème Prix Jeux Floraux du Béarn et en 2025 : 2ème Prix aux Jeux Floraux de Sartrouville - 3ème Prix au Concours International de la SPAF Occitanie - Grand Prix International du Conseil Départemental du Loir et Cher décerné par AIEL (Académie de l'École de la Loire). Sans oublier en 2023 le Prix Spécial du Jury au concours Poetika.
Oh dans les alcools d’un bar de la rive gauche
Attendre attendre encor la même voyageuse
Celle au baiser de feu et qui fera tourner
Sa robe de cyclone autour de mes naufrages
Du côté de Shangaï ou alors dans les bruines
D’un soir de Copenhague au large de l’automne
Un violon de mirage emporte la mémoire
Et les chambres d’hôtel ruissellent sur la mer
Quelque part dans le soir la rumeur d’une écluse
Un air de blues et tournent tournent les méduses
Suinte sur les trottoirs le sang des anciens crimes
Et ma vie se rallume aux songes de la brume
Du côté de Shangaï de Prague ou d’Amsterdam
Odeur d’amour malade et de neige tzigane
Quelque part et suivant le hasard des nuages
Attendre attendre encor la même voyageuse
Le cri d’un autorail me barre la mémoire.
© Christian BACHELIN
Christian Bachelin (1933-2014)
Poète et écrivain français, Christian Bachelin s'engage à l'école militaire et ses professeurs remarquent ses dons littéraires. Adolescent, il découvre le surréalisme et rédige ses premiers poèmes. De retour à la vie civile, il reçoit en 1953 le prix Marie-Bonheur pour son recueil Stances à la neige. Pendant dix ans, il exerce une multitude de petits métiers et se remet à l'écriture en publiant plusieurs recueils. En 1973, il obtient un poste d'employé aux écritures à la Société des gens de lettres. En 1975, il décroche le prix Charles-Vildrac pour Ballade transmentale.
Je la vois encore assise dans le sofa,
Un rite bien installé, sa sieste après le repas.
Une fois la vaisselle faite au robinet de l’évier
Et le bois coupé pour recharger le foyer,
Elle s’octroyait une pause, ma foi bien méritée
Avant de remettre ça pour préparer le goûter.
Elle n’était pas grande, le visage tout rond,
Ses cheveux neigeux dégageaient bien son front.
De ses petits yeux malicieux de couleur marron,
Elle aimait la vie et de son chat le ronron.
Tous les jours de la semaine se succédaient pareils
Affairée à ses tâches, après un matinal réveil :
Il fallait s’assurer que tout brille nickel
Pour quand les voisines passaient donner des nouvelles.
De Paul, Jacques et Germaine, et de leurs enfants :
Les tout derniers potins ravissaient ses tympans.
Sans oublier la cousine Berthe et ses nombreux amants.
Elle écoutait, ravie de ne rater aucun cancan.
Sa porte était toujours ouverte : chacun disait « c’est moi ! ,
Empruntait le couloir qui menait à la cuisine tout droit,
Pour prendre place autour de la toile cirée à pois.
Ça riait, se gaussait sans malice toutefois.
L’avant de la maison donnait sur l’entrée du stade.
Le jour du match, toutes au salon aux murs moutarde.
Le jeu c’était de de scruter les visages : « Regarde »,
Disait l’une, « ils ont gagné ! Ils ont l’humeur bavarde ! »
Le dimanche après-midi à quinze heures tapantes,
Place à la famille, surtout aux petits-enfants.
Tartes au riz et aux abricots immanquablement,
Suivies d’un jeu de table : agréables moments !
Quand elle est partie, la chaîne s’est cassée.
Elle a laissé un vide, celle qu’on appelait « Mamée »…
© Michel KEUKENS
Michel Keukens (1948-aujourd'hui)
Né en Belgique, Michel Keukens a 75 ans et travaille toujours à titre de traducteur de brevets européens depuis plus de 30 ans, après avoir effectué une carrière partielle d'enseignant en langues germaniques dans le secondaire.
Les mots croisés et l'écriture sont ses dérivatifs favoris qui le changent radicalement de son activité professionnelle éminemment technique !
Ni sa pensée, en vol vers moi par tant de lieues,
Ni le rayon qui court sur son front de lumière,
Ni sa beauté de jeune dieu qui la première
Me tenta, ni ses yeux - ces deux caresses bleues ;
Ni son cou ni ses bras, ni rien de ce qu'on touche,
Ni rien de ce qu'on voit de lui ne vaut sa bouche
Où l'on meurt de plaisir et qui s'acharne à mordre,
Sa bouche de fraîcheur, de délices, de flamme,
Fleur de volupté, de luxure et de désordre,
Qui vous vide le cceur et vous boit jusqu'à l'âme...
© Marie NIZET
Marie Nizet (1859-1922)
Marie Nizet est une poétesse et femme de lettres belge. Pour son recueil Pour Axel, sa sensualité et son ardeur quasi mystique, elle est considérée comme l'une des premières poétesses modernes. Son œuvre est présente dans quelques anthologies poétiques.
Après avoir publié plusieurs ouvrages (recueils, essais et nouvelles), Marie Nizet rédige Pour Axel (de Missie), dédié à son amant Cecil-Axel Veneglia. Ne souhaitant pas la publication de ces poèmes avant sa mort, elle remet le manuscrit à son amie Cécile Gilson. Georges Rency se charge de le faire publier en 1923 aux Éditions de la Vie intellectuelle. Ce recueil posthume, publié à un peu plus de mille exemplaires, se révèle audacieux et affranchi de la morale. Une telle franchise dans l'expression d'un amour sensuel est rare chez les écrivaines du XIXe siècle et rompt avec la pudeur habituelle des épanchements féminins.
Le bruit du train use la nuit,
La terre doucement gémit sous le voyage,
Sur les visages le bruit
Plaque le bleu de l’agonie.
Cette rumeur,
C’est le vent,
Sur les chemins qui fuient l’ombre des cathédrales.
Le train se roule dans la nuit
Où se tait tout le blé.
Et nous sommes les voyageurs :
Sous les paupières de l’homme écrasé en face,
Sous le pli gonflé de nos fraternités
Et dans ce carrefour de nos stupidités,
Cette rumeur,
C’est le cri des voisinages
Et des noms effacés.
Le train prie en hurlant
Pour ses abandonnés ;
Le bruit dans sa furie,
Contre toute maison,
Garde ses égarés.
© Robert ANTELME
Robert Antelme
(1917-1990)
Poète, écrivain et résistant français Robert Antelme a survécu aux camps de Buchenwald et Dachau. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages dont un livre de référence sur les camps de concentration nazie : L'Espèce humaine paru en 1947. En 1939, il épouse Marguerite Duras, qui travaille alors pour une maison d'édition. Pendant l'Occupation, Marguerite Duras et Robert Antelme sont membres de la Résistance. Leur groupe tombe dans un guet-apens, Marguerite Duras réussit à s'échapper aidée par Jacques Morland (nom de guerre de François Mitterrand), mais Robert Antelme est arrêté et envoyé dans un camp le 1er juin 1944. A la fin de la guerre, François Mitterrand retrouve Robert Antelme et organise son retour à Paris. Il fonde, en 1945, avec Marguerite Duras, une maison d'édition, “La cité universelle”. Le couple divorce mais travaille ensemble. Il milite au Parti communiste français dont il ext exclu en 1956. Immobilisé à partir de 1983 par un accident cérébro-vasculaire, Robert Antelme meurt le 26 octobre 1990.
Mon cœur bredouille en ma poitrine
Comme une vieille horloge.
Où est
Le clair tic-tac sonnant matines
Des premiers échos ? De ton lait
O tendresse ma très humaine,
Allons, me suis-je assez gavé ?
Sans doute est-il temps que je freine
Ma vorace perversité.
Car il est mauvais de s’étendre
Sur ton corps au sable mouvant,
Belle existence, cher néant.
Tu n’auras de moi que la cendre.
Hélas, comme note saigneux,
J’aurais voulu te donner mieux.
© Georges PERROS
Georges Perros (1923-1978)
Ecrivain et comédien français, il a d'abord étudié le piano et l'art dramatique avant d'entrer à la Comédie Française. Perros emploie tour à tour l'humour et la distance au quotidien, dans des aphorismes ou des développements de quelques pages, au fil d'une langue à la fois dense et dépouillée.
Autres textes :
Il y a cent façons de mourir
Ainsi soit elle
Je n’ai pas de frères de race,
j’ai des frères de condition,
des frères de fortune et d’infortune,
de même fragilité, de même trouble
et pareillement promis à la poussière
et pareillement entêtés à servir
si possible à quelque chose,
à quelqu’un, même d’inconnu,
à quelque frère de même portée,
de même siècle, ou d’avenir…
Je n’ai pas de frères de race,
ni de religion, ni de communauté,
pas de frères de couleur,
pas de frères de guerre ou de combat,
je n’ai que des frères de Terre
secoués dans la galère
des espoirs et désespoirs
des mortels embarqués,
des frères de rêve partagés
er de peurs trop communes.
Je n’ai pas de frères de race,
j’ai des frères de condition,
bien différents et très semblables,
d’ailleurs terriblement
interchangeables
dans l’égoïsme
ou dans la compassion…
Des frères tout pétris de l’envie
de partager leur solitude avec le pain
et parfois le bonheur insigne
d’apprendre ensemble à dire non…
Je n’ai pas de frères de race,
mais des frères dans le refus
de n’être qu’un passant,
des frères par l’art et par le chant,
et l’énergie déployée chaque jour
à tenir tête au néant.
Des frères à travers les âges,
la géographie et les frontières,
- et qui sait même, au-delà de l’espèce,
peut-être un frère en tout vivant…
© Michel BAGLIN
Extrait de Un présent qui s'absente, Editions Bruno Doucey, 2013
Michel Baglin
(1950-2019)
Poète, nouvelliste, essayiste, romancier, Michel Baglin a été journaliste pendant plus de 30 ans. Il est l'auteur de plus d'une trentaine d'ouvrages publiés chez divers éditeurs. Il a également publié sous le titre Les Chants du regard un album de 40 photos deJean Dieuzaide qu’il a accompagnées de proses poétiques (éditions Privat). Parmi ses thèmes récurrents, le voyage et les faux-départs, l’univers ferroviaire, la quête du paysage, l’amour du réel malgré la difficulté à l’habiter et à être présent au monde, la recherche de l’échange avec autrui par le langage poétique, les petits bonheurs qui font la nique à la déréliction, comme « l’éclair d’un sourire dans une file d’attente ».
Autre texte :
Emblème
Je rêvais de toucher la tristesse du monde
au bord désenchanté d’un étrange marais
je rêvais d’une eau lourde où je retrouverais
les chemins égarés de ta bouche profonde
j’ai senti dans mes mains un animal immonde
échappé à la nuit d’une affreuse forêt
et je vis que c’était le mal dont tu mourais
que j’appelle en riant la tristesse du monde
une lumière folle un éclat de tonnerre
un rire libérant ta longue nudité
une immense splendeur enfin m’illuminèrent
et je vis ta douleur comme une charité
rayonnant dans la nuit la longue forme claire
et le cri de tombeau de ton infinité.
© Georges BATAILLE
Extrait de L'Archangélique et autres poèmes, 1967
Georges Bataille (1897-1962)
Ecrivain, philosophe, romancier, poète, essayiste et bibliothécaire, l'oeuvre de Georges Bataille se compose d'ouvrages de littérature, mais aussi d'anthropologie, de philosophie, d'économie, de sociologie et d'histoire de l'art. À 20 ans, il se convertit au catholicisme, et envisage de devenir prêtre. Sa passion pour l'histoire l'emporte : il rejoint finalement la capitale et entre à l'Ecole nationale des chartes.
Il fréquente alors les milieux artistiques et intellectuels parisiens. Il devient bibliothécaire à la Bibliothèque nationale de France. Souffrant de tuberculose, il n'exerce plus mais obtient un poste de conservateur à la bibliothèque de Carpentras. Là, il fonde une nouvelle revue avec Albert Camus et René Char. Bien que sa santé se détériore de plus en plus, il parvient à publier Le bleu du ciel dans lequel il décrit ses tendances nécrophiles, ainsi que La littérature et le mal et L'Erotisme. Après avoir été taxé de poète maudit, rejeté, violemment attaqué de son vivant, puis soutenu vers la fin de sa vie par un petit groupe d'intellectuels, Bataille est désormais un penseur reconnu dans le monde entier.
Et lentement l’amoureuse
Distribua ses dons :
Ici son bouquet d’extases
Et de souffles vainqueurs,
Là son antique sagesse
Et ses rumeurs d’ailes fauves.
Prenez et jouissez-en tous
Dans le tumulte des ans
Cousus sur vos épaules frêles.
Prenez et mourrez-en tous
Dans le vagissement des chairs
Qu’oblige la pointe vive du présent.
Et lentement l’amoureuse
Referma la porte lourde du tombeau,
Une pierre noire sur les yeux,
Une pierre blanche sur la bouche,
Et dans le sommeil des sexes
Enroulés sur eux mêmes
La tige du sureau tendue
Jusqu’à la clôture des temps.
Et puis son encre précieuse,
Son noir inépuisable,
Comme une semence de ténèbres
Dans le sillage des cieux.
© Jean-Luc ARIBAUD
Extraits du recueil Là où la parole se tient posée, éditions Abordo, 2019
Jean-Luc
Aribaud
(1961-aujourd'hui)
Poète et photographe, Jean-Luc Aribaud a publié chez différents éditeurs plusieurs ouvrages à travers lesquels ces deux disciplines dialoguent et se répondent suivant des sujets d’étude qui lui sont chers, comme le sacré et le profane ou la perception du réel et de la réalité dans nos sociétés modernes. Il obtenu le prix Louis Guillaume de la poésie en prose (Editions de l’Arrière Pays) et le prix international de poésie Max-Pol Fouchet (Editions du Castor Astral).
Sans feu ni lieu
Sans foi ni toit
Il erre de ville en ville
Sans papier sans aveu
Il n’a pas de frontières
Il est celui qui marche
Sans jamais perdre haleine.
Chemineau, pérégrin
Routard et sans attache
Parfois trimardeur
Mais souvent philosophe
Parfois homme de rien
Homme de cœur ou de corde
Ce n’est pas un oyseux.
Il vit de tout, de rien
Il mange ce qu’il gagne
Il trime sans relâche
Pour mériter sa croûte
Il ne tend pas la main
Car elle est trop calleuse.
Il niche sous un pont
Ou à la belle étoile.
Il s’appelle François
Il écrit des poèmes
Il se nomme charlot
Et c’est le Juif errant
C’est l’homme de la Mancha
Héros de Cervantès
Réfugié, immigré,
Parfois même un peu fou
C’est un preux chevalier
Gandhi était l’un d’eux.
© Claude DUSSERT
Claude Dussert
(1947-aujourd'hui)
Poète, nouvelliste et pamphlétaire à ses heures, Claude Dussert est diplômé du Conservatoire d’Arts Dramatiques de Grenoble. Cadre commercial, il a créé sa société de communication « CBCD » en 1993 à Lyon. Il vit actuellement en Bourgogne, dans la région de Cluny. Éclectique dans ses lectures, sa passion pour la poésie l’a amené à être membre de nombreuses associations. Il participe activement à plusieurs anthologies de poésie et ouvrages collectifs ainsi qu’à des concours. Il a édité 9 recueils de poèmes sur plus de 22 écrits, une pièce de théâtre et deux recueils de pamphlets non édités.
Son dernier recueil Par des Chemins de Traverse est libre de lecture ou de téléchargement sur le site 'MonBestSeller.com'. Il a reçu de nombreux prix dont 2024 : Médaillé aux Jeux Floraux de Toulouse pour le 700ème anniversaire - Prix Jean Michel Renautour AIEL - 2ème Prix Jeux Floraux du Béarn et en 2025 : 2ème Prix aux Jeux Floraux de Sartrouville - 3ème Prix au Concours International de la SPAF Occitanie - Grand Prix International du Conseil Départemental du Loir et Cher décerné par AIEL (Académie de l'École de la Loire). Sans oublier en 2023 le Prix Spécial du Jury au concours Poetika.