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Nouveaux auteurs sur cette page : Véronique Elfakir, Jean Marcel & Chloë Douglas - Auteure primée sur cette page : Catherine Destrepan pour l'obtention de la Mention Honorable au Concours Poetika 2024

Regards sur la poésie



Aux poètes
Denise DODERISSE

y

Prêt' ton oreille au rap
qui exulte sa rage,
aux douces mélopées
qui exhortent à la page.
Prête tes yeux aux œuvres
qui recréent la beauté,
offrent des univers
où rien n'est censuré.
Ne ferme pas les yeux,
ouvre grand ton oreille.
Tu verras défiler
tous démons et merveilles.
Aime ce monde empreint
de terreurs et de peurs,
aussi empreint d'amours
et de petits bonheurs.
Penché sur le passé,
le poète oublié,
Apprends l'humilité
et ton unicité.
Prends soin d'écouter l'autre.
Mesure ton espace.
Ne perds plus un instant
et risque les blessures.

 

Poème travaillé,
ou poème inspiré,
Écoute la musique
que tu as composée.
Sois critique envers toi :
Est-ce ta vérité ?
Inutile de chercher
à la justifier.
Si un seul est sensible
à cette mélodie,
tu seras ébloui :
tu ne seras plus seul.


© Denise DODERISSE


Denise Doderisse
Résidant en région parisienne, Denise Doderisse écrit depuis une cinquantaine d'années de la poésie sous toutes ses formes, et en particulier elle aime écrire des haïkus. Elle s'adonne également à la peinture et au dessin. Elle a publié deux recueils et plus récemment un livre illustré de réels dessins d'enfants.
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Écrire
Philippe PAUTHONIER

y

Pour écrire, il faut avoir attendu
Une lettre d'amour qui n'est jamais venue.
Il faut s’être fatigué les yeux
En contemplant l'infinité des cieux.

 

Écrire, c’est se lever de bonne heure,
Guetter l'aube et ses naissantes lueurs,
Jouir du premier rayon de soleil
Quand le monde encore sommeille.

 

Pour écrire, il faut s'asseoir sur la margelle,
Celle recouverte de mousse d'un vieux puits,
Écouter la douce mélodie de sa poulie,
Promesse d'une eau fraîche dans nos coupelles.

 

Écrire, c'est écouter tomber la pluie
Sur sa véranda au cœur de la nuit,
Y décerner des trilles et des arpèges
Et, de la nature, louer les florilèges.

 

Pour écrire, il faut connaître la solitude,
Les privations d'un long carême,
Se retrouver seul avec soi - même
Et écouter le silence dans sa plénitude.

 

Écrire, c’est partir avec pour seul bagage
Son baluchon avec un petit bout de nuage,
Et, en chemin, cueillir des fleurs des champs
Pour t'offrir mes bouquets de sentiments.

 

Pour écrire, il faut être amoureux,
Se perdre dans le bleu de tes yeux,
Te comprendre même dans tes silences
Et souffrir de ton absence.

 

Écrire, c’est l’oisiveté dans sa noblesse
Comme celle d’un lézard sur une pierre
Qui, au soleil de l’été, dort et paresse
En oubliant que sa vie est éphémère.


© Philippe PAUTHONIER


Philippe Pauthonier
Après une carrière d'ingénieur, Philippe Pauthonier partage aujourd'hui sa vie entre la France et la Pologne, pays de son épouse. Cet élan entre deux pays, deux cultures et ses longs séjours dans la sérénité de la campagne polonaise, loin du monde et de son agitation, sont propices à sa créativité littéraire. Depuis sa retraite, il s'investit dans plusieurs associations oeuvrant au profit des Aveugles et Malvoyants. Mordu d'astronomie, il apprécie la communauté scientifique qui sait élargir le débat avec une réflexion globale, liant la science à une approche métaphysique et théologique. Philippe Pauthonier a publié dix recueils et reçu plus de 130 distinctions dans des concours de poésie.
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Découvrir son dernier recueil :
→ Dans les broussailles de mes émotions
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Le langage étend son drap de signes...
Véronique ELFAKIR

y

Le langage étend son drap de signes
Sur l’entaille de nos vies 


Sommes-nous assez au monde
Pour dire son éclat
Le bleu d’or de l’instant


Aphorismes
Découpés à la fenêtre du temps

 

Le poème tourne
Sous sa coupole d’étoiles


*****

Poésie au-delà du mot
Ce mystère brumeux
vol de feuilles
Ouvrant le paysage


images
Déployées sur la route
Juste
L’incandescence d’un sillon

 

*****

Les mots déroulent la route
Roulottes imaginaires
Mais au bout de l’allée
Juste la tache jaune
D’une jonquille
Pour traverser le ciel


© Véronique ELFAKIR


Véronique Elfakir
Philosophe de formation et docteur en littérature comparée, enseignante, poète et essayiste, Véronique Saint-Aubin Elfakir a publié un premier recueil chez L'Harmattan intitulé Dire Cela, suivi de Nom nomade, éditions Unicité et Jardin de mots chez le même éditeur. Auteure également de deux essais sur la poésie Le ravissement de la langue : la question du poète et en 2023 Singularités poétiques.
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Premiers pas vers toi
Catherine DESTREPAN

y

Courir après le verbe à grandes enjambées,
N’est-ce pas le chemin, que seul, il faut trouver
Pour attraper au vol les mots qui font rêver ?
Le poète promet de belles échappées !

 

Jouer à cloche-pied puis compter sur ses doigts,
Avancer pas à pas sur le fil de la ligne
Pareil au funambule, il faut en être digne !
La prosodie impose assurément ses lois.

 

Masculin, féminin changent parfois de sexe ;
Quand le lycée assume en « E » son air viril
La clé sans « E » ressemble à un poisson d’avril.
Le Parnasse asservit le genre sans complexe !

 

La sanction s’abat sur le couple imparfait ;
L’hiatus de son plein droit censure les voyelles
Se frottant de trop près qui fricotent entre elles.
Versification, pas facile en effet !

 

Faut-il parler d’argent quand on parle de rimes ?
Richesse et pauvreté, ce n’est que baratin !
L’écrivaillon en perd quelquefois son latin
Bien que gardant l’espoir de fameux millésimes.

 

Dans le grand labyrinthe ouvert sur l’inconnu,
L’insaisissable est là sous les traits d’une muse ;
Polymnie en secret intervient et s’amuse
De regarder l’aède, ici, se mettre à nu.


© Catherine DESTREPAN
Le Parnasse : mouvement littéraire français de la deuxième moitié du XIX siècles
Polymnie : muse de la poésie (mythologie grecque)AMUS


Catherine Destrepan (1956-aujourd'hui)
Comptable, Catherine Destrepan a jonglé toute sa vie active avec les chiffres avant de s'intéresser de plus près à la poésie, qui occupe aujourd'hui une grande place dans ses activités culturelles. Elle prête également sa voix de contre-alto au sein de plusieurs ensembles vocaux.
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Un thé sous la lune
Sylvie CROCHARD

y

Le thé me draine l’esprit, pour cela j’écris.
Mon esprit agité par un grain de folie
Sous l’effet du thé à la vanille blonde.


Mon écriture inspirée éclaire mes jours
Et mes nuits agitées. Mon esprit sourd
D’écrivain nocturne s’active en cette nuit.


Ce breuvage m’éveille. Dans l’obscurité
Je veille, tel un écrivain de rimes inspirées,
Je continue mon ouvrage et compte les pieds :
Douze pieds pour faire un sonnet, cela me sied.


Le thé est un excitant magique qui me va
Il exacerbe mon imagination
Et favorise ma poétique immersion
Cette boisson est ma compagne ici-bas.


© Sylvie CROCHARD


Sylvie Crochard (1976-aujourd'hui)
Ouvrière en milieu protégé, Sylvie Crochard a publié plusieurs recueils. Passionnée de piano, elle s’inspire également de la musique dans ses poèmes.
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Le poète et ses mots
Michel MIAILLE

y

Le printemps vient de naître avec son nouveau chant,
Ses arbres tout en fleurs ; la branche est comme neuve
Pour le rêveur qui passe ; au loin, un puissant fleuve
Discute avec la rive ou les plantes d’un champ.


Les jours froids reviendront avec leur rythme lent
Mais l’inspiration modèlera cette œuvre ;
Venus d’un vieil esprit ou d’une âme plus jeune,
Les vers feront leur nid sous la valse du vent.


Tels de vrais compagnons, la fleur au bout de l’âme,
Emportant avec eux la souffrance et le charme,
Portant la nostalgie ou les sons les plus beaux,


Ils vont dans l’existence et marchent tous ensemble,
Le cœur plein de douleur ou la tête chantante,
Ces amis de toujours, le poète et ses mots.


© Michel MIAILLE


Michel Miaille (1951-aujourd'hui)
Poète, auteur de sketches et de pièces de théâtre, Michel Miaille est retraité du Ministère de l'environnement et membre de la SACEM. Il a obtenu plusieurs prix de poésie, notamment avec avec des poèmes en langue provençale, et participe à des anthologies. Il a publié plusieurs recueils.
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La poésie... À vendre ?
Claude DUSSERT

y

Vendre la poésie
Est plus qu’une gageure.
La poésie s’imprime
Mais ne s’achète pas
Comme un vulgaire roman
Sur le quai d’une gare.


La poésie se récite ou se crie
À l’oreille se murmure
Sur scène se déclame ;
La poésie, ce sont des mots d’amour
Qui ne font pas le trottoir
La poésie c’est plus qu’un exutoire…


Elle descend dans la rue
Convenable ou incongrue
Elle se moque de l’été, de la froidure
Et tapisse les murs
Elle est blonde, brune ou rousse
Elle ne se glisse pas, en douce
Dans des boîtes anonymes.


La Poésie, elle est engagée, équanime
Féminine ou masculine
Éloquente et ardente
Mélodieuse ou Impudente
Accompagnée d’un orphéon
C’est un bijou, un bonbon


Qui se déguste du bout des lèvres
À s’en pourlécher les babines
Comme une pêche melba
Elle vous laisse baba…


© Claude DUSSERT
Sur une idée originale d'Hubert CAMUS


Claude Dussert (1947-aujourd'hui)
Poète, nouvelliste et pamphlétaire à ses heures, Claude Dussert est diplômé du Conservatoire d’Arts Dramatiques de Grenoble. Cadre commercial, il a créé sa société de communication « CBCD » en 1993 à Lyon. Il vit actuellement en Bourgogne, dans la région de Cluny. Éclectique dans ses lectures, sa passion pour la poésie l’a amené à être membre de nombreuses associations. Il participe activement à plusieurs anthologies de poésie et ouvrages collectifs ainsi qu’à des concours. Il a édité à compte d’auteur cinq recueils de poésie et un recueil de nouvelles. Il a également remporté de nombreux prix de poésie (dont le Prix Spécial du Jury au concours Poetika 2023).
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RéCréation artistique
Philippe SALORT

y

Cré-
Ons,
Cré-
Nom !


Douce et
Troublante
Osée
Tremblante


Pour poser
L’improbable
Apposer
L’impalpable.


L’idée fugace
Tel un vertige
Passe et repasse
Et puis se fige.


Sensation hâtive
L’attention rêvasse ;
Vision fugitive
Et l’ombre s’efface.


Arrive l’aquarelle
Et l’esprit ruisselle ;
Survient la partition
Et l’esprit devient son.


L’apparition se précise :
On y voit Les Nymphéas
On entend Lettre à Élise
On scande Ultima Verba.


Pâles esquisses dépeignées
Du néant, les œuvres jaillissent
Haussées là-haut par les poignets
Sur les épaules, allez, oh hisse ! 


D’ici l’on voit à quarante lieues ;
Et tout est plus gai, tout est plus libre.
Un ciel de lumière au beau milieu
Avec nos songes à l’équilibre.


On aimerait peindre en lettres de feu
Quelques touches de cette grâce ultime
Pour embellir un peu ce monde affreux ;
Pour être nous aussi, un instant, sublimes.


À l’apogée d’une telle cime
L’immensité nous fait frissonner
… Et l’on glisse au tréfonds de l’abîme
Deux trois mots à peine griffonnés.


Car de rêver à perdre haleine
On perd de vue l’entr’aperçu
À chacun sa blanche baleine
Son soleil de nuit par dessus.


D’autres ont déjà tout dit ;
Plus doués, plus entraînés
Des maîtres, des érudits
Devant qui se prosterner.


Barbouillé, recopié
Déjà lu, déjà vu ;
Chiffonné le papier
En boulette, en bévue.


On hésite, et si ?
D’un trait, on rature
Ou on épaissit
On caricature.


L’idée s’empâte
Se déshonore
Se carapate
Et s’évapore.


Dans le bleu
De la page
Dans les bleus
De la rage.


Errante
Murée
Navrante
Barrée.


En
Fuite …
Et
Fuuuuiiit !


© Philippe SALORT


Philippe Salort
Moi j'aime cet auteur qui débute à 60 ans !! Qui se sent plus artisan qu'artiste, plus potache que poète... Qui se dit davantage les doigts pleins d'encre que la tête dans les étoiles !
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Le passage secret
Marie-José PASCAL

y

Quand bien même la poésie ressemblerait
A un cactus au cœur d’une ville bétonnée,
A une amphore vide, à un oiseau pétrifié
Par un hiver trop rude, nous ne cesserions
De l'aimer et de lui trouver des excuses,
La poésie est ce fidèle miroir où défilent
Les images du temps présent,
Comment pourraient-elles parfumer les rives,
Fleurir les jardins, roucouler à la cime des clochers,
Réduite à cette poussière de nostalgie et de regrets.
Sur les cendres d'hier, les vestiges du temps,
Les mots doivent claquer comme un fouet dans le vent,
Inviter à la douceur de l'ombre, au rayonnement diffus
D'une parole et s'insinuer entre les vieilles pierres
Pour y trouver le passage secret de nos cœurs.

 

© Marie-José PASCAL


Marie-José Pascal (1952-aujourd'hui)
Née à Paris en 1952, Marie-José Pascal écrit depuis l'enfance. Membre de l'association Le Capital des Mots, sociétaire de L'Académie internationale L'école de La Loire, elle a été publiée dans de nombreuses revues et anthologies : Humanisme Harmonie, Florilège, l'Etrave, Traversées, revue numérique des citoyens des lettres, anthologie Flammes vives, de l'Humain pour les Migrants. Elle a reçu le Prix Charles Péguy 2020, prix Hubert Fillay 2021 pour le recueil « A deux voix » co-écrit avec Alain Morinais, prix Jules Supervielle 2021 pour le recueil « Lanterne de papier ».
Autres textes :
Nos heures d'éternité
Paroles à un enfant ukrainien
Le rouge et le noir

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Le peintre et le poète...
Didier COLPIN

y

     La vie engendre l'art


Qu’il soit là pictural qu’il soit là poétique
Y vibre un bel émoi teinté de subjectif
Qui sonne pourtant vrai bien loin du cosmétique


     Car c’est toujours sans fard


Que les produits finis offerts par les artistes
Sentent l’éternité face au temps punitif
-Ils sont de l’absolu de brillants concertistes-


     Ce que voit le Regard


Dans tout un ressenti comme au travers d’un prisme
C’est un reflet très calme ou bien vindicatif
Qui cherche à s’exprimer riche d’un beau charisme


    Quel étonnant buvard


Que l’âme de tous ceux qui sentent l’invisible
Le factuel à l’œuvre aime à rendre captif
L’essence du réel est alors illisible


     Cette âme est un radar


Qui sonde l’infini pour toujours immobile
La plume et le pinceau d’un œil contemplatif
Vont transcendant Chronos dans une paix tranquille


     Tous les deux font leur part…

 

© Didier COLPIN


Didier Colpin (1954-aujourd'hui)
Didier Colpin est né en 1954 à Laval, petite ville de l’Ouest de la France. Il a découvert l’écriture et la poésie « sur le tard », en 2010. Depuis elle est devenue sa compagne de tous les jours… La poésie est pour lui le contraire de Twitter et de sa rapidité. Elle est un arrêt sur image… Sur un émoi sur un trouble sur la Beauté sur la laideur. Le tout vu, ressenti à travers le prisme qu’est son regard où deux plus deux ne font pas toujours quatre…
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Prélude
Arnaud MATTEI

y

Commence ton poème,
Par le secret de toi-même,
Livré en confidentialité,
Par mille mots brimé,
Qui se disent, se raturent,
Se déchirent et se fissurent.
Mensonge d’un songe,
Ou bonheur qui me ronge
Dans mes rêves sur le chemin,
Ma bohême alignée sur le vélin.


Sur les feuilles contraint
Un alexandrin pour demain,
Un vers pour la postérité,
Une ode pour l'éternité.
Quelle vanité en vérité,
Que ces rimes dévoilées,
L’émoi est-il fête du moi
Ou encore débâcle du soi ?
Aussi, termine toujours ton poème
Par un petit peu de toi même !


© Arnaud MATTEI


Arnaud Mattei (1962-aujourd'hui)
Né à Saint-Mandé d’une mère lorraine et d’un père corse, Arnaud Mattei travaille dans le Nord et vit en Moselle. Des quelques poésies de son adolescence retrouvées dans un cahier aux pages jaunies, à l'aube de ses soixante ans, il se sera passé un long moment de silence. Une absence que le vide du temps ne saurait combler. Il l’a brisée depuis quelques années pour reprendre la plume, afin de partager ses mots avec ceux qui voudront bien les écouter.
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Poésie
Pierre PAYSAC

y

Comme une brise douce
Qui nous fait tant rêver.
Comme une tendre mousse
Qui entoure nos pensées.
Comme une apesanteur
Au-dessus de nos têtes,
Nous libère de nos peurs,
Et c’est un jour de fêtes.
Comme un souffle de vie
Qui nous emporte au loin,
Vers des lieux infinis,
Aux espaces sereins.
C’est comme un bateau ivre
Sur les eaux de l’Amour,
Et le besoin de vivre
Sans désir de retour …
Elle récolte le miel
Dans des terres fécondes.
C’est une aube arc en ciel,
Le chant d’un nouveau monde.


© Pierre PAYSAC 


Pierre Paysac (1948-aujourd'hui)
Fréquentant un atelier d'écriture depuis plus de dix ans, Pierre Paysac a publié son premier recueil, Errance, en 2021, aux éditions Persée. Son deuxième recueil est en cours d'édition. Il a par ailleurs participé au concours Poetika 2023 et l'un de ses textes a été remarqué par les membres du jury.
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Merci à toi
Myriam CLOWEZ

y

Les carnets sont jaunis
Je n’avais que douze ans
Quand un poème naquit
Le premier des suivants.


Et c’était la magie
Qui une fois arrivée
Me venait à l’esprit
Me soufflait des idées.


Et se croisaient les lettres,
Qui devenaient des mots
Ce ballet dans ma tête
Me comblait d’un cadeau.


Un poème était né
J’écoutais le silence
Des murs qui m’entouraient
Fuyant toute arrogance.


En classe je rêvais
De Rimbaud, de Verlaine
Baudelaire me nouait
Délicatement une chaine.

 

Et cette pluie de mots
Venait combler mes jours
Personne ne dit merci
Aux poètes de nos jours.


© Myriam CLOWEZ


Myriam Clowez (1961-aujourd'hui)
Retraitée du secteur sanitaire et social, Myriam Clowez a toujours aimé la poésie et c'est surtout à l'adolescence qu'elle a écrit de nombreux poèmes. Aujourd'hui, elle profite de son temps libre pour participer aux concours de poésies.
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J'aimerais
Renée VIRLOGEUX BORON

y

J'aimerais que ma poésie s'améliore
Quand elle me pique, me pique et me mord.
Les mots se chevauchent et se cognent,
Me tourmentent et sans cesse grognent.
Ils sont là, en moi, qui gesticulent,
Tourbillonnent et se bousculent.
Je les refuse gais et amusants.


Trop joyeux, ils me sont déplaisants.
Je les veux sentimentaux et amoureux,
Je les veux libres et aventureux,
Amoureux de la pluie et du vent,
Amoureux du temps au présent,
Libres et amoureux comme mes rêves,
Espaces libres pour une minute brève.


J'aimerais que ma poésie s'améliore,
Qu'elle me plaise en dedans et en dehors.
Quand j'écris je ne suis plus la même,
De couleurs et de musique je parsème
L'horizon ; tout en moi travaille.
Des mots et des idées, ce sont les épousailles.
Puis je les gomme et les torture,
Ils deviennent ma chose, ma brûlure.


J'aimerais que ma poésie s'améliore
Qu'elle me pique, encore et encore...


© Renée VIRLOGEUX BORON


Renée Virlogeux Boron (1939-aujourd'hui)
Renée Virlogeux Boron s'adonne à la poésie pour son plaisir et écrit aussi des nouvelles. Elle travaille la terre aux Ateliers d'Art de Château-Thierry. Elle aime également peindre et a pris quelques cours de calligraphie. Elle a ouvert une petite bibliothèque dans sa commune qui compte 83 habitants. C'est avant tout le plaisir de se rencontrer, d'échanger et... de jouer aux cartes.
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À vendre
Annick PIPAUD

y

Émouvoir le cœur par des mots, cela a-t-il un prix ?
Rêver les paysages peints, cela coûte combien ?
L’espoir partagé, est-ce remboursé ?


Utopie !

La poésie n’est pas à vendre. Et la poésie ne se vend pas.
Un défi ?
Des vers ou une rime pour la route ?
Sur place ou à emporter ?


La plume du poète touche l’âme.
Par la suite, est-il nécessaire de la vendre au diable ?
Des sonnets lucratifs, des pantouns mercantiles ?


Se laisser bercer par sa mélodie
Esquisser un sourire, tomber sous son charme.
Voilà le prix à payer.


© Annick PIPAUD


Annick Pipaud
Professeur de mathématiques à la retraite mais artiste dans l'âme (peinture, photo, poésie...), Annick Pipaud écrit depuis son plus jeune âge. Elle a participé à plusieurs festivals de poésie.
Autres textes :
Tout le bleu du ciel
Jeux d'eau
Le goéland



Les plumes de l'espérance
Jean-Marc LAINELLE

y

Paroles de poètes, les mots écrits à l’encre noire
Sont des soleils de vie qui nous apportent l’espoir.
A l’humanité qui souffre, les plumes de l’espérance,
Restent le symbole de notre amour dans la différence.


Un mot qui attend un autre mot pour être un vecteur
Qui apporte à l’esprit l’image de la lecture du cœur.
La main est la continuité de l’âme dans la luxuriance
Elle ouvre une perspective pour l’être en souffrance.


Écrire, c’est partager son état d’âme avec une humilité
Qui dépasse l’entendement humain dans notre réalité.
Poser de l’encre sur le papier, c’est envoyer un message
Que le quotidien éclipse souvent sans la parole des sages.


La vocation de la plume est de réaliser cette espérance
Qui relie l’être humain à l’Univers dans sa munificence.
C’est un chemin universel de la beauté du monde des poètes
Qui communie avec le lecteur dans la recherche de sa quête.


La poésie est une source intarissable d’éveil et de partage.
Elle puise ses mots d’amour au plus profond de son image.
Laissant à l’humanité l’encre de son cœur pour ultime voyage
En diffusant précieusement l’amour emprisonné dans ses pages.


© Jean-Marc LAINELLE


Jean-Marc Lainelle (1951-aujourd'hui)
Né en 1951 à Haveluy, une petite commune du Nord de la France. Jean-Marc Lainelle se découvre une passion pour la poésie grâce à son travail au cœur de la forêt de Saint-Amand-les-Eaux.
Quelques petites notes en 1995 sur un calepin de bûcheron vont très vite prendre de l'ampleur et le faire devenir poète par la force des choses. Cette richesse poétique, qu’il partage autour de lui sans modération, lui vaut la reconnaissance dans de nombreux concours nationaux et internationaux de poésie. Il vient de publier son premier recueil : Poésie ma fidèle amie.
Du même auteur :
Haïkus (6)
Sous les ponts de Paris
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Magique poésie
Mokhtar EL AMRAOUI

y
Poésie reine des arts 
Tu les conduis de ta baguette 
Vers l'essence magique des lieux 
Des choses de l'Être dansant 
Dans son feu premier et ses racines

Et les mots par toi reprennent libérés
Leurs chaudes frétillantes parures 
Bien loin des fades protocoles 
Du bas blême cannibale utilitaire 

Poésie tu es explosion des riantes couleurs  
Avec toi reviennent les frissons 
Des émerveillements en leur acuité
Loin des prisons des habitudes et routines

Chaque tierce est rendez-vous avec l'éternité 
Belle généreuse sorcière tu sais offrir
Des ailes pour s'envoler jusqu'aux étoiles 
Tu en fais réverbères pour l'amour rêveur

En tes  fantastiques anamorphoses
Les créatures échangent leurs places et rôles 
Poésie tes vers tissent sans cesse
Tout l'immense univers en grains en gouttes

L'échelle d'appréciation n'est plus ségrégation 
Tout a grande valeur dans une incessante fête 
De nouveaux infinis horizons et trames 
Poésie tu es du cosmos la profonde âme 


© Mokhtar EL AMRAOUI / 29 août 2024


Mokhtar El Amraoui (1955-aujourd'hui)
Poète d’expression française né à Mateur, en Tunisie, Mokhtar El Amraoui a enseigné la littérature et la civilisation françaises pendant plus de trois décennies, dans diverses villes de la Tunisie. Il est passionné de poésie depuis son enfance. Il a publié quatre recueils de poésie et plusieurs de ses poèmes ont été publiés sur Internet et en revues-papier.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Blog de l'auteur : https://mokhtarivesenpoemesetautresvoyages.blogspot.com/



L'âme du poète
Etienne BUSQUETS

y

Recluse, emmitouflée
Dans la noirceur profonde,
Elle attend le reflet
Lumineux qui l'inonde,


Et comme le cristal,
Mille éclairs en jaillissent,
Aurore boréale,
On boit à son calice,


Et ces lucioles exquises
Sur le papier se glissent,
Rimant tout à leur guise
Des vers d'encre réglisse.


Et lorsque tout est dit,
La lumière s'éclipse,
L'âme se rembrunit
Comme une apocalypse,


Mais sur le blanc chiffon,
Où il n'existait rien,
C'est une création
Qui apparaît soudain.


© Etienne BUSQUETS

Etienne Busquets
Poète fénassol d'origine catalane (village de Lafenasse dans le Tarn), il est sociétaire des Amis de Jean Cocteau et membre des Poètes sans Frontières de Vital Heurtebize à Orange. Il a remporté plusieurs prix de poésie et collabore dans plusieurs revues et anthologies.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son blog :
→ https://www.calameo.com/subscriptions/7446960



Réflexions sur la poésie
Julien MIAVRIL

y

La poésie creuse le mystère mais ne l'élucide pas. Car elle sait que cela reviendrait à le trahir. Elle perpétue indéfiniment le murmure des origines et se donne pour tâche de "resacraliser le monde et de restituer à la vie sa transcendance originaire" pour reprendre le mot de Juarroz, mais en dehors de tout dogme, de toute théologie et de toute église. La poésie est religion au sens premier : le chant du poète le met ainsi à l'unisson de la création toute entière et de l'ensemble de l'humanité. Le royaume de la poésie est ce silence qui précède l'éclair jaillissant soudain pour traduire l'irruption de la lumière dans le monde. Tout poète authentique est ainsi un mystique qui se sait aux prises avec la loi mystérieuse du langage et qui en affronte la nuit et le vide. On ne pourra jamais donner à la poésie une définition convenue car elle est un dire qui touche à l'indicible. Elle est un lieu que la parole échoue à habiter et pourtant, toute parole émane d'elle. En définitive, quiconque fait l'épreuve de la poésie fait l'expérience du vertige et de l'impossible : la poésie en effet ne résout rien, elle ouvre et augmente le monde en sa qualité d'énigme par où s'amorce toute quête première du sacré et du divin.


© Julien MIAVRIL


Julien Miavril (1988-aujourd'hui)
Chargé d'accompagner des élèves en situation de handicap, Julien Miavril est poète, philosophe et a été professeur de Lettres. Il a publié plusieurs ouvrages à compte d'éditeur : recueils de poésie et romans. Il a également participé à des anthologies nationales et internationales. 
Du même auteur :
Résurrection
Tu règnes dans l'absence

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Le douanier et le poète
Jean MARCEL

y
Un douanier grincheux, à l'air très affairé,
Arrête un jour un poète, un peu égaré.
"Que transportes-tu là, dans ce sac bien rempli ?
Des objets de valeur, ou des choses non permis ?"

Le poète sourit gentiment, avec une lueur,
Il dit : "Cher douanier, je n'ai point de liqueur.
Je ne porte qu’un livre, rempli de doux sonnets,
Où chaque mot danse, chaque rime est un fait."

"Des sonnets, des poèmes, qu'est-ce donc que tout ça ?
Est-ce de la drogue, cachée dans ces pages-là ?"
Le douanier s'approche, curieux et méfiant,
Il ouvre le carnet, lit un vers triomphant.

"Voici un alexandrin, là, un petit quatrain,
Des rimes en cascade, et même des refrains !
Tout ça n'est pas sérieux, ce n'est que de l'écrit,
Rien qui ne puisse passer, même en pleine nuit."

Le pauvre douanier, troublé, se gratte un peu la tête,
"Ces vers me semblent bons, et pas une seule bête.
Mais gare à toi, poète, si tes rimes sont fausses,
Je te prendrai ta poésie, et peut-être ta prose !"

Le poète s'incline, d'un sourire charmant,
Il reprend son chemin, en rêvant doucement.
Les vers ont des pouvoirs que l’on ne sait pas,
Même un douanier bougon ne résiste pas à ça.

Ainsi va la vie, sur toutes les routes et chemins,
Où les vers des poètes, peuvent ouvrir des mains.
Car l’humour doux et la rime n'ont pas de barrières,
Ils font tomber tous les murs, même les plus austères.

© Jean MARCEL


Jean Marcel (1950-aujourd'hui)
Ingénieur thermicien à la retraite depuis 2012, Jean Marcel vit en Occitanie. Depuis sa plus tendre enfance, il a le profil d'un " rat de bibliothèque ". Les grands poètes l’ont toujours fasciné, principalement La Fontaine. Son travail et surtout ses déplacements dans plusieurs pays sont la source de ses poèmes qu'il dépose sur sa page Facebook, n’ayant pu trouver d’éditeur. Son recueil en auto édition ne comprend que des histoires d’animaux mis en scène.
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Si j'écris
Jean-Charles PAILLET

y

Si j’écris
c’est pour mieux saisir
la vie en mouvement


Mot à mot je lutte
les doigts crispés
sur le crayon
parfois prêt à casser


Le front strié d’interrogations
appelle ardemment les mots justes
jusqu’à cet instant de grâce
où ma tête s’incline
devant une image nouvelle


Et le regard souvent étonné
lis et relis le poème
avant qu’il ne s’échappe


© Jean-Charles PAILLET
Photo © Jean-Charles PAILLET : Le Lignon, commune de Jaujac (Ardèche)

Jean-Charles Paillet
Jean-Charles Paillet est animé par l’instant présent et les belles valeurs qui élèvent le coeur et l’âme... Sa poésie se retrouve dans ses dessins, ses photographies et ses chansons. Sa rencontre avec Yves Broussard est un tournant dans sa vie de poète.
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Poésie
Mirela LEKA-XHAVA

y

Tu as frappé à la porte de mon âme
Je ne sais pas comment tu as trouvé l’adresse
Je ne sais pas d’où tu es venue, ni comment
Mais je me souviens que je parlais avec toi
Comme avec moi-même
Fragile, digne amie poésie.


Tant d’années sont passées avec toi et sans toi
Sans savoir pourquoi nous nous séparions
Et tu revenais encore
Mais je sais que quand je criais fort à l’intérieur de mon âme
Pour une raison mystérieuse, tu étais là à mes côtés.


Tu as frappé à la porte de mon âme
Partie de ma vie et de mon rêve,
Poésie.


© Mirela LEKA-XHAVA


Mirela Leka-Xhava (1966-aujourd'hui)
Mirela Leka-Xhava est née dans la ville d'Elbasan en Albanie. Passionnée de littérature depuis son enfance, elle publie de temps en temps dans divers magazines et journaux. Elle est diplômée en Langue et Littérature albanaise à l’Université « Aleksander Xhuvani » à Elbasan. Jusqu’en 2002, avant d’émigrer en France, elle a travaillé comme bibliothécaire à la Bibliothèque universitaire de la ville d'Elbasan. Ses poèmes ont été publiés dans des revues et journaux prestigieux en France, Albanie, Kosovo, Angleterre, Canada, Etats-Unis, Belgique, Bangladesh, Inde, Tunisie, Roumanie, Bulgarie, Italie, République Dominicaine, Pays Bas, Chine etc. Elle est active dans les salons littéraires en France, et a obtenu le Diplôme d’Honneur au 24ème Printemps des Poètes - Sartrouville France.
Elle est publiée périodiquement dans la revue littéraire « Florilège » de l'association Poètes Sans Frontières - Dijon et dans plusieurs anthologies. Elle a été finaliste du Festival de Poésie Méditerranéenne, Rome – 2022, et participe constamment à des concours littéraires. Depuis 2024, elle est membre de la Société des Poètes Français, Paris.
Elle vit actuellement avec sa famille à Bordeaux, en France.
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Regards sur la poésie
Michel KEUKENS

y

Oui, je suis un homme de paroles, cela dit
Sans aucune prétention, mais avec conviction.
J’aime craquer les mots, les polir aussi.
Pour qu’ils éclosent frêles et timides à leur façon.


Rimbaud, Hugo, Verlaine, Baudelaire, Éluard
Ont ouvert, en premiers de cordée, la voie.
Faire naître des émotions est tout un art :
Défricher et transposer en sachant pourquoi.


Il y a comme une part d’essentiel dans la création,
Une recherche sans relâche sur le penser et le dire.
Simplement faire se suivre des mots, c’est bidon :
Il faut les extraire de leur gangue et les regarder vivre.


J’écris en écho du Boléro de Ravel
Ainsi, mon texte prend progressivement de l’ampleur
Pour ferrer le lecteur, l’amener au ciel,
Dans une explosion finale qui touche au bonheur.


Dans mes écrits, il y a toujours une rencontre :
C’est la trame du récit qui fait qu’il tisse sa toile.
La vie est faite de croisements, de pour et de contre,
La poésie ne peut les garder sous son voile.


Dire le vrai. Approcher le quotidien, même banal.
Elle a pour mission de transcender les errances
Afin d’en dévoiler leurs beautés et animer le bal
De nos destinées, de nos vies, de nos présences.


Les poètes n’inventent pas : ils éclairent, ils subliment.
Ils écoutent, se taisent, méditent, captent le signe
Venu de nulle part, à peine audible, sous forme d’une rime.
Tels les convoyeurs, inlassablement, ils attendent.

© Michel KEUKENS


Michel Keukens (1948-aujourd'hui)
Né en Belgique, Michel Keukens a 75 ans et travaille toujours à titre de traducteur de brevets européens depuis plus de 30 ans, après avoir effectué une carrière partielle d'enseignant en langues germaniques (néerlandais, anglais, allemand) dans le secondaire. Il s'est toujours senti bien dans le monde de l'écriture, un parfait dérivatif qui le change radicalement de son activité éminemment technique ! En fait, il aime bien "raconter des histoires".
Du même auteur :
Un air de vacances
Samarah



Un poème
Christian DA SILVA

y

Un poème pour la terre
et le blé surgira
comme l’oiseau.

 

Un poème pour l’arbre,
et la feuille dira
le chant des sèves.

 

Un poème pour l’eau,
et la lumière
se peuplera de sources.

 

Un poème pour le chemin,
et le nuage nous apprendra
où se cachent les rêves.

 

Un poème pour le silence
et le vieux temps des fables
chaussera ses sabots
puisque tout sera dit.


© Christian DA SILVA


Christian Da Silva (1937-1994)
D'origine portugaise, Christian Da Silva est né en Aveyron. Il a été professeur de français et passionné de poésie.  Il est un des principaux promoteurs de l'introduction de la poésie contemporaine dans le milieu scolaire. Il fonde et anime la revue Verticales 12. Il a reçu le Prix Jean Malrieu en 1990.
Source : → lasemainedelapoesie.fr



Laissez-moi finir ma poésie
Ionut CARAGEA

y

Je suis convaincu que je peux arriver là-bas
dans ce monde que je touche seulement
du bout des doigts
et de mon crayon magique
poésie ouvre-toi et laisse-moi entrer
dans ta contrée de rêve
mon âme est la clé des mots
ma souffrance est la voie
laissez-moi finir ma poésie
faire le lit de la destinée telle que je l’envisage
qu’elle reste un témoignage
pour ceux qui me lisent
pour ceux qui voudraient être mes amis
ou bien qu’elle soit une occasion de me haïr à jamais
pour ceux qui ont oublié d’aimer
laissez-moi finir ma poésie
c’est elle, la maison dans laquelle je reposerai
le tombeau sur lequel pleureront mes enfants
la prière adressée au bon Dieu
elle, mon bonheur
et mon exil


© Ionut CARAGEA


Ionut Caragea
Ecrivain, poète et essayiste roumain, Ionut Caragea est considéré par la critique littéraire roumaine comme l'un des leaders de la génération poétique de l'an 2000 ; certains critiques comme le leader incontesté de cette génération et l'un des écrivains les plus originaux et atypique. Il est également connu en France, où il a publié plusieurs livres traduits ou écrits directement en français, devenant ainsi membre de la Société des Poètes Français et membre de La Société des poètes et artistes de France. Il a été récompensé à deux reprises par la Société des Poètes Français. "Mon amour abyssal" a reçu le prix "François-Victor Hugo 2018" et "J'habite la maison aux fenêtres fermées" a remporté le prix "Mompezat 2019". Il a publié plus de 50 livres.
→ Sa biographie sur Wikipédia



Le rêve du poète
François COPPÉE

y

Ce serait sur les bords de la Seine. Je vois
Notre chalet, voilé par un bouquet de bois.
Un hamac au jardin, un bateau sur le fleuve.
Pas d’autre compagnon qu’un chien de Terre-Neuve
Qu’elle aimerait et dont je serais bien jaloux.
Des faïences à fleurs pendraient après des clous ;
Puis beaucoup de chapeaux de paille et des ombrelles.
Sous leurs papiers chinois les murs seraient si frêles
Que même, en travaillant à travers la cloison
Je l’entendrais toujours errer par la maison
Et traîner dans l’étroit escalier sa pantoufle.
Les miroirs de ma chambre auraient senti son souffle
Et souvent réfléchi son visage, charmés.
Elle aurait effleuré tout de ses doigts aimés.
Et ces bruits, ces reflets, ces parfums, venant d’elle,
Ne me permettraient pas d’être une heure infidèle.
Enfin, quand, poursuivant un vers capricieux,
Je serais là, pensif et la main sur les yeux,
Elle viendrait, sachant pourtant que c’est un crime,
Pour lire mon poème et me souffler ma rime,
Derrière moi, sans bruit, sur la pointe des pieds.
Moi, qui ne veux pas voir mes secrets épiés,
Je me retournerais avec un air farouche ;
Mais son gentil baiser me fermerait la bouche.
– Et dans les bois voisins, inondés de rayons,
Précédés du gros chien, nous nous promènerions,
Moi, vêtu de coutil, elle, en toilette blanche,
Et j’envelopperais sa taille, et sous sa manche
Ma main caresserait la rondeur de son bras.
On ferait des bouquets, et, quand nous serions las
On rejoindrait, toujours suivis du chien qui jappe,
La table mise, avec des roses sur la nappe,
Près du bosquet criblé par le soleil couchant ;
Et, tout en s’envoyant des baisers en mangeant,
Tout en s’interrompant pour se dire : Je t’aime !
On assaisonnerait des fraises à la crème,
Et l’on bavarderait comme des étourdis
Jusqu’à ce que la nuit descende…

– O Paradis !


© François COPPÉE


François Coppée (1842-1908)
Poète, dramaturge et romancier, François Coppée fut le poète populaire et sentimental de Paris et de ses faubourgs, des tableaux de rue intimistes du monde des humbles. Poète de la tristesse à la vue des oiseaux qui meurent en hiver, du souvenir d'une première rencontre amoureuse, de la nostalgie d'une autre existence ou de la beauté du crépuscule, il rencontra un grand succès populaire.
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Les roses
Chloé DOUGLAS

y

Les roses éclosent
Et la vie les transpose
Avec trop de proses
Les poètes osent
Vendre les roses
En différentes doses
Le parfum est fait
D’odeur sucrose.


Un filament d’or
Suspendu entre toutes choses
En été
Le spectacle quotidien
De leur délicate et étonnante
Beauté expose
Une vérité naturelle
D’épines protectrices
Et de magnifiques
Pétales explosent.


Le ciel arrose
La terre compose
Et la vie est rendu
Plus joyeuse avec les roses.


© Chloé DOUGLAS


Chloé Douglas (1960-aujourd'hui)
Née à Londres en 1960, Chloé Douglas y passe ses premières années d'enfance. A treize ans, elle part pour la France, dans les Cévennes, avec ses parents, Akhmatova et Coco Samuels, et leur troupe de théâtre, le Roy Hart Theatre. Elle y passe toute son adolescence. Durant cette période germe sa passion pour l’écriture et le chant.  En 1981 elle retourne vivre et chanter à Londres, attirée par l’ambiance électrique post-punk de l’époque. De jour elle travaille en tant qu’assistante dentaire, le soir elle interprète ses chansons dans les petits clubs du West End. Vers la fin des années 80, elle participe à la création de films et obtient une maitrise en danse et chorégraphie. Son œuvre poétique est sans doute marquée par ces deux ambiances opposées : son adolescence pastorale, ingénue, spontanée, et la vie frénétique et exigeante de la grande ville. Actuellement elle vit dans le sud de l’Ecosse avec son compagnon et ses deux enfants. Son temps est partagé entre sa vie de famille, ses écrits et sa musique et son métier de professeur.



Saint-Graal
Claude LUEZIOR

y

Ma plume s’est cassée. Pas sûr qu’un clavier la remplace, lui qui écrit dans une langue étrangère à mon être profond. Mon calame caressait les phrases de manière plus subtile, leur rondeur, leur respiration, leur appétence pour la forme sensuelle d’une conjugaison en gésine. Écrire, c’est aussi et peut-être avant tout dessiner.


La main court, parcourt, tatoue la cellulose, saigne souvent, quitte à ne laisser qu’un graffiti cabalistique, trace d’une souffrance ou d’une indicible jubilation…


Souvent, la mise en page dictée par une très artificielle intelligence me déconcerte : le mot, le mien, le mien-mot a perdu sa saveur, sa place, ses radicelles. Comme si cet habit neuf dans la géographie du poème travestissait l’exactitude de ma pensée, sa vivacité, sa bonhomie.


Les polices de caractère (dieu sait si mon caractère rebelle rechigne devant ladite maréchaussée !) sont certes innombrables mais aucune ne correspond vraiment à la fibre de mes doigts.


Et le clavier sans âme ne sécrète pas l’encre de ma plume, l’encre qui tache, l’encre bleue ou noire, l’encre si redoutable de l’écolier. Se cache en ma mémoire notre maîtresse (son nom était Marquis, elle fut la seule marquise de ma vie…) qui, un jour de communion première, versa l’onction au sein d’encriers scellés dans nos pupitres en bois. Rite initiatique : désormais, le Saint-Graal de la connaissance luisait devant nous.


Je ne suis pas sûr que le génial Bill Gates ait mesuré tout cela.


© Claude LUEZIOR


Claude Luezior
Poète, romancier, nouvelliste, essayiste, chroniqueur, conférencier suisse, Claude Luezior n'apprécie pas particulièrement les titres, les médailles et les salons littéraires mais ne cesse de chercher des synergies avec des artistes. Son antre est secrète, dès 4 ou 5 heures du matin, avec la complicité de l'aube, le chuchotement des vouivres et ce tremblement intérieur qui le portent à s'élever contre la guerre, les injustices, la maladie, le handicap mais aussi l'indifférence de notre société envers les déshérités. Sa plume est néanmoins souvent amoureuse, porteuse de transcendance, de rêve et d'humanisme.
Autres textes :
Copain
Survivre
Blog de l'auteur : → http://www.claudeluezior.weebly.com/
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Poète dans l'âme
José DELATTRE

y

Écrire, toujours écrire !
J'écris comme je pleure,
Lorsque saigne mon cœur !
J'écris par soubresauts,
Lorsqu'explosent mes maux !
Parfois je me demande,
Pourquoi vouloir écrire ? 
Alors que tout s'ébranle.

Dans ce monde perdu qui ne sait plus ou il va,
Où tout part à vau-l'eau et où tout se délite,
Quand même la nature a ses révoltes subites !
Et que certains vautours vous acculent au trépas
Il est bon s'éloigner de ces miasmes morbides,
Qui ne laissent présager que d'un avenir sordide !
Prendre son libre essor pour comprendre peut-être,
Le langage des fleurs et des choses muettes.

Partir en Poésie, prendre de la hauteur !
Retrouver le sens profond des valeurs,
Dans l'espace poétique d'une pensée divine,
Une nature paisible, parfois coquine
Aux belles images, aux sons mélodieux,
Mélange de vers harmonieux
Une sensation de l'esprit,
Prose poétique qui éblouit,
Mélange de cœur et d'âme,
Comme un mot de passe, un sésame,
D'une douce mélodie céleste ;
Où étourdit dans l'ivresse
D'une imagination arc-en-ciel !

L'esprit se met au diapason
D'une douce musique pour l'oreille,
Dans l'émotion d'un frisson,
Poésie, mon amie,
Jamais tu ne fanes,
Les espoirs, les envies !

D'un poète dans l'âme.


© José DELATTRE


José Delattre (1944-2021)
Epicurien de nature, amoureux de la faune et de la flore, de l'univers, de la vie et de l'amour, les poésies de José Delattre sont un délicieux voyage à découvrir !Marié très jeune avec l’unique amour de sa vie, son « Image d’Epinal », ils ont ensemble fondé famille et cueilli chaque jour l’aube sacrée dans le jardin fleuri de leur amour sans faille … Outre son métier de dessinateur industriel, José Delattre a été acteur de théâtre dès l'âge de 8 ans, metteur en scène jusqu'à l'âge de 76 ans et écrivain poète, José a toujours été de la fête ! Il s'est toujours investi à fond dans tous les projets qu'il a lancés et a toujours fait preuve d'un sens inné de l'accueil peu importe l'âge et sans faire de différence !
Autres textes :
→ Marée haute
→ Allons rêver le vent
→ Poète dans l'âme
→ Printemps
Recueils publiés :
→ Auprès de mon arbre
→ Mon image d'Epinal
→ D'aventures en aventures
Son blog (posthume) :
→ https://jose-delattre-poesies.blogspot.com/



Quatre heures au cadran...
Vik THOR

y

Quatre heures au cadran
c'est la nuit, le matin?
le sommeil est absent

l'esprit est incertain.

 

Et je pense en tirets
en points de suspension
suivis de guillemets

points d'interrogation.

 

J'écris en parenthèses
dans la ponctuation
qui fait de l'exégèse

dans ma tête en fusion.

 

Quatre heur' quinze au cadran
quart d'heure de délire
où les mots à présent

n'ont plus rien à me dire...

 

Sinon qu'ils ont jailli
d'une âme perturbée
projetant leurs débris

en vrac sur le papier.

 

Ce n'est pas une prose
encore moins un recueil
ce n'est que la névrose

d'un inventaire du deuil.

 

A vouloir tout écrire
voilà que je m'écrie
ma plume doit souffrir

de se répandre ainsi.

 

Cinq heur' c'est pas trop tôt
pour fuir une nuit blanche
noire de tous ses maux
mon cerveau je débranche.

 

© Vik THOR


Vik Thor (?-2022)
Vik Thor se définit comme un vieux poète plutôt écriveur, venu tardivement à l'écriture après une longue vie très perturbée et erratique. Il n'a aucune notion des règles prosodiques ni de culture générale, encore moins littéraire. Il écrit toujours ce qu'il a vécu ou bien ses émotions face aux situations qui l'interpellent. Nul ne peut rester insensible à ses textes dont la thématique principale reste basée sur les travers de la société moderne, l'amour, l'exclusion, la révolte et l'injustice. Il nous a quittés au début de l'année 2022.
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Les poètes
Jean-Pierre SIMÉON

y
Nous autres poètes nous sommes naïfs
Nous voyons la mort à la fenêtre
La fenêtre est ouverte
Et nous faisons l'amour devant la mort
Parce que nous croyons à l'amour avant la mort
Nous sommes assez fous
Pour chercher un ciel
Dans tous les regards que nous croisons
On voit parfois la mort dans un regard
Mais n'y a-t-il pas toujours un ciel après la mort ?
C'est ce que l'enfant appelle le matin
Nous autres nous sommes comme des enfants
Nous croyons chaque matin qu'un ciel est possible
Nous sommes ignorants comme la chèvre c'est certain
Nous croyons plus à la vérité du caillou
Qu'aux preuves sans dédit
Des artificiers de l'intelligence
D'ailleurs notre pensée à nous est un jardin
Ou (cela dépend de la force du vent
Dans nos rêves) une savane
Il y court des animaux sauvages
Qui soulèvent la poussière
Nous apprenons ainsi qu'il est des déplacements
Qui soulèvent le monde
Nous autres poètes
Nous nous plaisons aux branches cassées
Et aux chemins inutiles
Nous sommes plus périssables il est vrai
Que la monnaie d'or des glorieux
Nous sommes si naïfs
Que nous croyons que la petite beauté de l'amandier
Ou le progrès de la main dans la caresse
Ne valent pas moins que l'invention de l'uranium
Nous autres poètes
Nous sommes des hommes naïfs
Nous sommes des hommes
Qui ne rêvent que d'être des hommes


© Jean-Pierre SIMÉON
Extrait du recueil Avenirs, Gallimard, 2024


Jean-Pierre Siméon (1950-aujourd'hui)
Poète, romancier, critique et dramaturge, Jean-Pierre Siméon est agrégé de Lettres modernes. Il est l'auteur d’une vingtaine de recueils de poésie, mais également de romans, de livres pour la jeunesse et de pièces de théâtre pour lesquels il a obtenu de nombreux prix. Il participe activement à de nombreux festivals nationaux et internationaux. Il a été directeur artistique du Printemps des Poètes de 2001 à 2017 puis a pris la direction de la collection Poésie chez Gallimard en 2018.

Autre texte :
Oui je sais...

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N° ISSN : 2802-1797

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La poésie est un chuchotement qui approfondit le silence.
Nicolas DIETERLÉ


La poésie, c'est suivre son coeur en allant à la fête.
Christian BOBIN


Les poètes nous aident à aimer : ils ne servent qu'à cela. Et c'est un assez bel emploi de leur vanité délicieuse.
Anatole FRANCE


Un enfant, c'est le dernier poète qui s'entête à vouloir devenir grand.
Jacques BREL