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Voici une page consacrée à la poésie écrite pendant le confinement. Encore un grand MERCI à toutes les personnes qui ont bien voulu participer.
A noter que cette page a fait l'objet d'une publication dans la revue universitaire néerlandaise RELIEF, intitulée "Médiations poétiques à l'ère du confinement". L'auteure de l'article, Charlène Clonts, est professeure associée à l'université de Kyushu au Japon et chercheuse associée au laboratoire Alter de Pau et des Pays de l'Adour.
Voir l'article (page 160) :
→ Article-Charlene-Clonts-Mediations-poetiques-2020.pdf
Site correspondant :
→ https://www.revue-relief.org/


→ Textes

Confinement, David Foucher
Jour 53 - A Lily, Henri Baron
Inclassable distanciation, Mohamed Gassara
Con-fi-ne-ment, Laurent Ayçaguer
Les 55 jours d'un péquin, Christian Satgé
A nos héros, Elea Laureen
En votre âme et conscience, Elea Laureen
Ô surprenant confinement !, Anne Lafarge
Remerciements, Marie-France Ochsenbein
L'invisible, Alice Moine
Mélancolie grise du confiné, Hadrien Simon
En ce temps particulier, Jean-Jacques Nadon
Coupable, coupable, coupable, Dahbia
L'E.monde, James Perroux
Vie, rue, ruée, Machajol
Etats d'âme d'un vélo confiné, Sylvie Kransse
J'écris ton nom, Matriochka
Versus un virus, Christian Satgé
Cafard confiné, Gilles Abadie
Il était une fois le Coronavirus..., Jules & Marius
Crépuscule, Georges Drange
De l'autre côté de l'amer, Sandrine Daraud
Virus de la joie, Géraldine Moreau-Geoffrey
Etreinte folle, Géraldine Moreau-Geoffrey
Ouïe, Helen Juren
Entre parenthèses, Philippe Salort
Effets secondaires, Grand Corps Malade
Rester en forme ! Marie de Chalus
Le combat du soignant, Thierry Coudret
Quand bientôt reviendra la forêt, Dominique Ducamp
P'tit virus, Lucas Rouhi
Virons le virus, Pierre Jouan
Coronavirus, Stephen Blanchard
Depuis le Covid, Lily Jes
La tendresse, Noël Roux
C'est le printemps, Benoist Magnat
Les extraits du temps, Marie-Josée Christien
Eux, ils soignent, Narcisse
Ces héros du quotidien, Patrick Venture
Il a suffit d'un grain... Christian
Des grands applaudissements, Denis
Jour 9, Paul de Brancion
Si la mer m'était contée, Apolline Marée
Virus, Sedna
Le parc plus si urbain que ça, Christian Satgé
Si je vous écris... Yves Drolet
Le garagiste... David Goudreault
Discours final du film "Le Dictateur", Charlie Chaplin

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Le Monde de Poetika
Revue de poésie en ligne
N° ISSN : 2802-1797

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Confinement

Rendez-moi mon pré vert, rendez-moi mon bocage
Où flânaient calmement en toute liberté
Limousines, Aubracs, et autres Montbéliardes.
Rendez-moi mon décor, rendez-moi mon azur
Finement chamarré de cirrus blancs ouatés
Que chasse avec mollesse une brise légère
Chargée de vivifiantes fragrances florales.


Rendez-moi ma rivière, abreuvoir naturel
Que frôlent des vulcains enivrés de nectar.
Rendez-moi ma rivière où folâtrent nombreux
Des gyrins turbulents, des gerris patineurs.
Rendez-moi mon tendre pâturage et son herbe sapide.
Rendez-moi les champêtres senteurs des gesses odorantes.
Rendez-moi ma prairie entourée de halliers
Abritant en leur sein une faune discrète.


Rendez-moi les frimas ivoirins des aubes mystérieuses.
Sortez-moi du béton, sortez-moi de l'étable.
Je veux sentir à nouveau sous mes sabots engourdis
L'exaltante rosée des matins automnaux.
Rendez-moi le soleil, rendez-moi mon vieux chêne
Tout rongé par le temps dont le houppier camoufle
L'alouette jolie grisollant son bonheur.


Et surtout, et surtout, je ne suis pas malade !
Laissez donc mes naseaux, lâchez vos thermomètres
Ou mes cornes pointues sauront vous recevoir !

© David FOUCHER


David Foucher
Résidant en Loire-Atlantique, David Foucher est préparateur en pharmacie. Il participe à de nombreux concours de poésie et a été lauréat au concours Poetika en 2007 & 2008.
Du même auteur :
Ce jardin où tu n'es pas
Le plumoriste (primé)
Intolérance aviaire
(primé)

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Jour 53
A Lily

Ce confinement
là-haut leurs crécelles
masques et lourdes bergamasques
grasse commedia dell’arte
confinent à l’absurde
crispent l’en-vie
diffament le désir
entorturent le travail
agonissent la paresse
blasphèment l’artiste
éclipsent la culture
aliènent l’hemme
et mutilent l’avenir
* * * * * * * * * * * * *
Dans l’attente d’un meilleur demain
tu comptes les lattes
du parquet des persiennes
les barreaux du balcon
les fenêtres d’en face
les clochettes fanées de chaque brin de muguet
ou les pieds de mes vers
avec et sans diérèse
* * * * * * * * * * * * *
Tes pensées se perdent
tes soupirs s’évanouissent
l’horloge de ton cœur rythme-t-elle encore
l’incertitude insoutenable de l’instant
* * * * * * * * * * * * *
Mais soudain
de la monotonie psalmodiée des jours
de la grisaille des failles indociles
entre mais au-delà les murs
ta voix retentit
crescendo cristalline
ravive et désaltère l’âme
comme le chant des cascades dont on se rapproche après une marche harassante
intemporelle et fragile
comme l’écho brisant la solitude
* * * * * * * * * * * * *
Alors tes mains tes bras tes épaules
se mettent en mouvement
ton visage s’illumine
tes rêves t’élèvent
tu te mets à danser
en lentes arabesques
puis dans un tourbillon
d’ellipse en spirales
libre insoumise
audacieuse et frivole
tu brises les césures
éparpilles les rimes
chorégraphies la vie
sublimes le corps
t’accapares l’espace
tutoies le ciel et la lune
délivres les étoiles
enrôles les puissances
insultes le temps
contamines le silence
assassines le vide
poétises le réel
ressuscites l’espoir


© Henri BARON


Henri Baron (1967-)
Né à La Rochelle, Henri Baron a choisi d'exercer le métier d'instituteur. Il consacre alors une grande partie de son temps libre à l'enfance qui l'inspire tout autant qu'il essaie de lui transmettre son amour de la poésie. Il ne se présente pas poète, mais plutôt comme un "écriveur de poèmes", un "passeur de mots", un "récréateur". Il aime bien ces expressions car après tout, en tant qu'instituteur, cela lui est même plutôt approprié, la poésie est aussi liée au temps libre... Devenu directeur de centre de vacances et de loisirs, formateur d'animateurs, il anime des ateliers d'écriture avec des enfants et de jeunes adultes.
Du même auteur :
(G)rêve
Funambules
La Rochelle
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→ Sa page Facebook

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Inclassable distanciation

Les larmes s’entremêlent

au pied d’un puits désert

quand le soleil du voisinage apparaît

pour déchirer un ruban déjà rafistolé

la déficience est célébrée aujourd’hui

au bruit d’une pauvre roue de bicyclette

le gamin, par son âge de petit lapin

réussit à éloigner la désinvolture des prés

les images vécues depuis des années

se laissent moudre par une force rigoureuse

dont le cœur n’est pas de qualité religieuse

il laisse voltiger les rires et les plus beaux jours

la sœur perd les yeux en pleurant

et le feu carbonise la chair des murs

tandis que l’heure cherche ses instants

dans l’océan des vrais reconnaissants

on étouffe comme une gouttière obturée

sans pitié, le démon héberge nos langues

la pauvre enfonce sa tête dans le chagrin

on étouffe de plus belle, on est capable de rien

la vie est courte, on se rappelle de cela

et il ne reste que le bon geste enfin

se débarrassant alors de notre haut sapin

qui s’enracinait dans le long de nos corps malsains

on accourt pour se serrer la main

pour s’aimer, malgré les larmes, malgré tout

sauf la distance, elle est toujours pétrie de dégoût.

© Mohamed GASSARA


Mohamed Gassara (2001-)
Né à Sfax en Tunisie, ce jeune poète d'expression française est étudiant en Lettres. Plusieurs de ses poèmes ont été publiés dans des magazines et revues littéraires (Grèce et Tunisie). Il a participé à de nombreuses compétitions littéraires et remporté un premier prix de poésie en 2019 (Tunisie).

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CON-FI-NE-MENT

Dis Maman, pourquoi l'école est fermée ?
Mon p’tit bout, c’est pour mieux vous protéger
Mais Maman, pour nous protéger de quoi ?
Tu sais, de ce vilain virus chinois.

Maintenant, l'école est à la maison
En ré-agençant un peu le salon
Météo, date, chiffres, tout y est
Pour faire comme si on y était!

Maman, pourquoi on va plus chez mémé ?
Mon chou, pour ne pas la contaminer
Mais elle doit recoudre mon Doudou !
Avec deux bisous, il tiendra le coup.

Ici j’apprends, je colorie, je colle
Tout comme on le faisait dans notre école
Et voilà, maintenant je les connais
Les vingt-six lettres de l’alphabet.

Dis Maman, pourquoi il faut se masquer ?
P’tit bout, c’est juste pour se déguiser !
Et je peux mettre mon habit de fée ?
Bien sûr, mon chou, va vite le chercher.

Un deux trois, je continue sur mes doigts
Quatre cinq six, je compte les moutons
Sep huit neuf, j’apprends très vite chez moi
Dix onz’ douz, je peux avoir un bonbon ?

Dis Maman d'Amour, Maîtresse elle est où ?
Mon bébé, à sa maison comme nous
Mais quand est-ce que je vais la revoir ?
Ça, mon poussin, je ne peux le savoir

Plus de parc, de copains, de grands-parents
Tout ça, c’est quand même pas très marrant
Heureusement, je peux faire la ronde
Puisque j’ai les meilleurs parents du monde !

 

© Laurent AYCAGUER


Laurent Ayçaguer
Poète et auteur aquitain, c'est par la musique, au lycée, en essayant de composer des paroles de chansons que Laurent Ayçaguer s'est découvert la passion des mots et de l'écriture. Il anime aujourd'hui des ateliers de poésie. Il a publié plus d'une dizaine d'ouvrages (textes + CD chansons) que vous pouvez vous procurer sur son site.
Autres textes :
Con-fi-ne-ment
Toi et moi
Son site
→ https://www.laurentaycaguer.com/

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Les 55 jours d'un péquin

Parce que je suis un peu casanier,
Aimant m’encager, las, comme ours bourru
Tout autant que m’engager on m’a reclus
Croyant bon de me faire prisonnier
De mon chez-moi, et deux mois, de m’y cloîtré
Comme en cellule l’était moine escouillé.
De crainte que l’Autre vienne à me souiller,
Pestiféré par Virus venu folâtrer.

Nomade d’esprit et sédentaire de corps,
Comme toi otage de la pandémie,
Je devins captif d’écrans se disant amis
Qui effrayaient chacun encore et encor’,
Je fus esclave de routines sans fin,
Toujours assis, tant qu’on m’a pensé rassis,
Arrêté plus qu’aux arrêts, gris de cœur aussi,
Gavé de peurs recuites jusqu’à plus faim.

Embastillé par nouvelles ressassées
Séquestrant mes habitudes et me serrant 
Dans une absence d’avenir moins frustrant,
J’errais dans ma solitude, cadenassé.
Parce que je peux, parfois, être attachant 
On m’attacha pour mieux me libérer,
Mieux m’élargir, alors que je suis jà « gros »,
Et me trouver, en bon ami Pierrot,
Moins enfermer voire moins enferré.

Car de toujours les Autres sont ma prison
Volontaire qui confine mes espoirs
Et tous mes rêves, soient-il ceux d’un seul soir.
Mais les retrouver est mon nouvel horizon ;
Détaché de tout, l’œil gambadant en vaux
Et l’air dégagé, sans rien réfréner,
Je vais, toujours prévenant, me déchaîner.
Vous voilà prévenus, Mes Frères… À nouveau !


© Christian SATGE


Christian Satgé (1965-)
Son autobio :
J'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Claude Nougaro ne l'(en)chante et suis devenu rapidement un obsédé textuel & un rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, rêvant depuis de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. Conteur éclectique et « méchant écriveur de lignes inégales », après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux peu fréquentables que l'on nomme Pyrénées, où l'on ne trouve pire aîné que montagnard, et stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Moins écrivain qu'écrivant, plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, après avoir navigué de conserve sur d'autres eaux, je tente, en solitaire cette fois, depuis le 23 février 2011, une énième traversée de l'océan poétique… en espérant qu'elle ne soit pas trop pathétique !
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son blog
→ https://lesrivagesdurimage.blogspot.com/

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A nos héros

La mort n'attend pas
Devant l'indicible
Face à l'invisible
Toujours au combat

Ils sont là, présents
Fatigués, épuisés
Et pourtant...
Totale disponibilité

Même si la maladie
Touche leur famille
Ils sont là aussi
A pied d'oeuvre

A relever le défi
Quoiqu'on en dise
Courage et dévouement
Ils honorent sacrément

A domicile sans protections
Elles vont et viennent
Soignant de tous les horizons
Quoi qu'il advienne

A toutes les heures
Ils se dévouent
Défilent les camionneurs
Rien que pour vous

C'est dans l'arène
Qu'elles se contiennent
Braves caissières
Vivent l'enfer pour une misère

Quand la quarantaine
Vous touche de près
Ce manque de liberté
Vous monte-t-il à la tête ?

Est-ce à ce point vous priver
Qu'oser défier la vie
Obligeant les policiers
A mettre la leur en péril

Mettez-vous donc à leur place
Imaginez leur angoisse
Dans leur petit espace
En face à face

Aidons donc ces braves gens
Qui risquent leurs vies chaque jour
Je vous demande un peu d'amour
De la discipline et du respect

Nous ne sommes pas en guerre
Juste en confinement
Restez donc confiants
Soyez nobles et généreux
En remerciements...


© Elea LAUREEN


Elea Laureen
Inscrite depuis peu sur les réseaux sociaux, Elea Laureen a découvert l'opportunité d'y publier ses créations, la poésie étant pour elle une véritable thérapie.
Autres textes sur le site :

→ En votre âme et conscience
→ La magie de Noël
Ses blogs :
→ https://loumissangelpoesie.blogspot.com/
→ https://soupir-d-une-plume-de-lyre.blog4ever.com/

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En votre âme et conscience

La vie est imprévisible
Sous sa plus belle nature
Elle peut se retourner
Contre nous, les nuisibles

Car nous n'avons rien vu
Ou n'avons pas voulu
Pourtant tout était là
Des signes et des combats

Il n'a fallu qu'un pas
Juste un petit éclat
Pour qu'une pandémie
Signe la fin de milliers de vies

Tout ça à cause quoi
D'excès et d'ignorance
Qui mène à la potence
Les rois de l'arrogance

Si un signe du destin
Ne les réveille pas
Alors aucun demain
N'aura de résultats !

Recentrez-vous sur l'essentiel
De ce qui fait la vie plus belle
Rien n'a vraiment d'importance
Il faut se faire violence

Si vos poumons sont pollués
A quoi ça sert de respirer
Respectez donc toutes vies
Sinon pourquoi continuer

Au travers de cette pandémie
L'univers teste cette humanité
Ne vivant que chacun pour soi
A la faveur monétaire

C'est en revenant à la source
Qu'il laissera une seconde chance
Alors c'est à vous de jouer
En votre âme et conscience

Maintenant que vous êtes isolés
Avez-vous saisi le message
Pour être heureux et bien portant
Il faut peu de chose dans votre bagage

© Elea LAUREEN


Elea Laureen
Inscrite depuis peu sur les réseaux sociaux, Elea Laureen a découvert l'opportunité d'y publier ses créations, la poésie étant pour elle une véritable thérapie.
Autres textes sur le site :
→ A nos héros
→ La magie de Noël
Ses blogs :
→ https://loumissangelpoesie.blogspot.com/
→ https://soupir-d-une-plume-de-lyre.blog4ever.com/

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Ô surprenant
confinement !

Ô surprenant confinement !
Tes effets sont déconcertants
Tu as pris ma tête en otage
De confuses pensées de peur
Contraignent mon corps et mon coeur
A se languir dans une cage
Devenue ma triste demeure
Afin d’éviter le naufrage

Ô surprenant confinement !
Tes effets sont déconcertants
Tu m’as proposé un voyage
Tourner les yeux vers l’intérieur
A la recherche du meilleur
Le souffle chasse le nuage
De l’angoisse et de la noirceur
Dès lors cesse le bavardage

Ô surprenant confinement !
Tes effets sont déconcertants
Tu m’as insufflé du courage
Dans l’ombre de la profondeur
Est apparue une lueur
Illuminant les avantages
De cette vie à l’intérieur
Pour se préparer au passage

Vivre le déconfinement
L’esprit vigilant et confiant
En savourant l’instant présent
Sans rechercher « la vie d’avant »

© Anne LAFARGE


Anne Lafarge
Issue d'une famille de vignerons, Anne Lafarge est poète à ses heures. Inspirée par le vin, elle a publié un éloge poétique du vin de Bourgogne aux éditions BoD.

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Remerciements

A ceux qui soignent les victimes

D’un ennemi invisible et puissant

A celles qui scannent nos codes barres

Derrière la vitre en plexiglas

A ceux qui roulent dans leur camion

Pour acheminer nos denrées alimentaires

A ceux qui boostent nos serveurs

Pour maintenir la communication

A ceux qui surveillent le traitement de l’eau

Pour nous assurer une eau toujours potable

A ceux qui veillent sur nos centrales

Pour qu’aucune coupure ne survienne

A ceux qui continuent de nous transporter

Pour aller travailler quand on n’a pas le choix

A ceux qui prennent soin des plus âgés

Pour qu’ils ne se sentent pas isolés

A ceux qui ramassent nos poubelles

Pour maintenir la propreté de la ville

A celles qui continuent de domicile en domicile

A soigner, piquer et panser

A ceux qui soignent en ville

Pour ne pas engorger les hôpitaux

A ceux qui fabriquent des masques sans relâche

Pour protéger tous nos soignants

A celles et ceux qui viennent d’Asie

Pour nous aider à combattre l’ennemi

Pour toutes ces femmes et ces hommes :

MERCI

Pour les aider et sauver des vies

RESTEZ CHEZ VOUS !

© Marie-France OCHSENBEIN


Marie-France Ochsenbein (1971-)
Née à Nemours en Seine-et-Marne, M.F. Ochsenbein est membre de Poètes sans Frontières. Elle publie régulièrement dans plusieurs revues dont l’Etrave, Revue Méninges, Le Cafard Hérétique, Short Edition, Le Capital des Mots, le Fanzine Zébra (dessins), et dans le journal mensuel la Décroissance. Elle participe également à des anthologies (Poètes sans Frontières, Flammes Vives) et a publié deux ouvrages : Entre ciel et terre et Parlez-moi de vos petits tracas.
Autres textes :
Oser
Alcool
Eloïse
Chez Dédé
Son blog :
→ mfcreationsartistiques.wordpress.com

L'invisible

Je n’ai plus de mots.
Avant, je regardais devant
Puis tout s’est arrêté.
On m’a dit reste chez toi.
Lave-toi les mains.
Laisse ta mère seule.
Loin.
On m’a dit que c’était pour son bien.

Dans la ville que j’habitais, le sol vibrait.
Des sous-sols des parkings, on s’évadait.
Combien de temps l’exode ? Qui le savait ?
Moi, je suis restée.
À force, cette ville était devenue mienne.
Je croyais être d’ailleurs mais j’étais ici chez moi,
Parisienne.
Ma planète rétrécie comme peau de chagrin,
Un monde à portée de main d’un kilomètre au loin,
Quatre membres sans compter le félin
Prisonniers de quatre murs près d’un cimetière.

La fête était finie, voilà tout.
Elle avait cessé depuis longtemps
Pour qui osait regarder vraiment.
Quand on partait, c’était pour fuir.
Quand on riait, c’était pour oublier.
L’an passé, la cathédrale avait brûlé,
Le jaune repeignait les ronds-points,
Quelque chose s’était brisé
Bien avant l’irruption de l’invisible menace.

De quelle graine malsaine était-elle le fruit ?
De l’écho lointain des forêts qu’on avait rasées ?
De la vie sans joie des travailleurs déracinés du monde entier ?
Ou de l’orgueil de ces hommes qui disaient
gouverner ?

La tempête soufflait si fort que nous sommes tous rentrés.
Sagement, docilement.
Tous rentrés dedans, à l’abri de nous-mêmes.
Tout ami pouvait être un danger,
Comme tout parent un être à protéger.
S’isoler était la preuve d’aimer
Quand bien même l’isolement pouvait aussi tuer.

Libertés balayées,
Avenir incertain,
Amour distancié,
Peur pour ceux qu’on soigne,
Peur pour ceux qui soignent,
Béance sous nos pieds.
Nous n’avons rien choisi.

Manque de bras grand-ouverts,
De ces voix familières,
Manque de tous ceux que nous aimons dont il faut se sevrer,
De tous ceux que nous aimerions si nous les avions frôlés,
De klaxons, de cohue, de désordre, de poussière.
Boule au ventre de trop de silence,
De marcher au dehors, de courir, de crier.
Quoi ? Nos libertés ?
Tous, vieux et jeunes, enfermés dedans,
Peine reconductible à volonté.

J’étouffe.
Où sont passés les mots ?
Ceux qui disent, traduisent, libèrent ?
Ils sont du côté de « l’avant ».
Un jour j’espère, je regarderai devant.
Dis, c’est encore loin « l’après » ?

© Alice MOINE


Alice Moine (1971-)
Alice Moine partage son temps entre l'écriture et son métier de chef monteuse pour la publicité, le cinéma et le documentaire. Elle publie son premier roman Faits d’hiver en 2015. Son second roman La Femme de Dos, un thriller psychologique, sort en 2018, le dernier est sorti en janvier 2020 : Les Fluides. Voyageuse dans l’âme, amatrice d’émotions visuelles, littéraires, photographiques ou musicales, Alice Moine envisage avant tout l’écriture comme un champ d’expérimentation et un espace de liberté.
→ Sa biographie sur babelio.com

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Mélancolie grise du confiné

Quand arrive le printemps,

Qui lentement s’arrache, aux longs hivers glaçants,

Venez saluer enfin ! celle qui éveille nos sens,

Nature qui nous enchante, nous invite dans sa danse.

 

Mais son joyeux ballet, où s’agitent les couleurs,

Derrière une grande fenêtre, m’a laissé spectateur.

Inaccessible beauté, invivable paradis,

Qui me fige en statue, aux yeux blancs de l’ennui.

 

Mon âme vive en silence, fane dans un corps de pierre,

N’espère plus d’autre ailleurs, et noircit lentement.

Déroutant confinement, à l’heure d’une nature fière…

Mélancolie grise… quand ternit le printemps.

© Hadrien SIMON

Hadrien Simon

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En ce temps particulier

En ce temps non attendu
En ces temps tendus
Tous ces entendus
Souvent malentendus !
Attention au virus
Il est partout
Mais où ?
Nul ne le sait
Sa totale éradication
Serait ainsi facilitée
On tourne en rond
Souvent dans un carré
Bien sûr obligé
Au fond !
Sortie autorisée
Restez à distance
Le corona confiné
De tout évidence
Par le masqué
Le virus bloquer
Confiné, confiné
Le virus déchanté
Et ne point infecter

© Jean-Jacques NADON


Jean-Jacques Nadon (1953-)
Né à Auch, Jean-Jacques Nadon est un ancien fusilier commando qui a parcouru les mers et les océans pendant plus de 40 ans. Profondément attaché à l'humain, il a été président pendant plusieurs années d'une des plus grandes communautés d'Emmaüs. Il est actuellement vice-président de la Maison de la poésie de Quimperlé et a publié plusieurs recueils.
→ D'autres textes (sous le pseudonyme de jjnad)

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Coupable, coupable, coupable

De quel mystérieux Univers viens-tu bouleverser la Terre,

Cruel virus minus dénommé Coronavirus

Qui t’es abattu sur le Monde

Sans crier gare, franchissant tous les remparts

Quand cesseras-tu tes macabres rondes ?

La planète entière écoute et entend tes mouvements qui grondent

Et pour te fuir, se cherche des cachettes profondes où chacun se morfond

Dans sa solitude ou nouvelles habitudes.

Période de confinement, crainte de contamination :

Adieu floraison, adieu gaîté, adieu printemps,

Adieu randonnées, adieu moments de convivialité.

Ignorant l’espace, ignorant le temps et l’angoisse des populations,

Sourd à toute lamentation, faisant fi de toute médication,

Narquois, faisant le volage, poursuivant ton voyage,

Te laissant mener au gré de tout vent,

D’escale en escale, là où bon te semble,

A travers les villes, à travers les plaines, à travers les monts,

Semant la panique et l’affolement,

Le deuil, la détresse et la désolation

Sur tous les Continents ,

L’Humanité entière, dans ses moindres repaires,

Aujourd’hui, te déclare la guerre.

© DAHBIA


Dahbia

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L'E.monde

Se préparer à mourir ou se laisser vivre
L'E.monde se délecte entre un ou deux E-mails
Selon la marche de sa verrue planétaire
Sur nos gueules E.stériques d'un nouveau genre
Vêtus de masques légaux de doigts en nitrile
Et de lunettes de pluie face à l'E.mortel
Les signaux sont des métaphores périlleuses

Laissons tomber l'alexandrin
Peu lui importe d’être un sans-grade
Ou un général d'E.business
L'E.cône patauge sur l'air impalpable
Dans une volonté d'omniscience
Comme un poison d'éprouvette
D'un laboratoire E.marketing
Logé incognito chez Fantômas

Culture d'une paroisse peu orthodoxe
Jésus a été aperçu en bonne compagnie
Au canal Saint-Martin
Avec le cousin E.bay du rabbin
Et le bonze E.magine le prophète
Se noyer dans la fosse septique
De la maréchale des logis
Ô tout Paris
Et rien d'autre
Mon beau pays d'E.dropathie
Maîtrise l'inconnu
Une overdose d'E.dromel sans alcool
Pour noyer à son tour le poisson dans le bocal
D'un E.droscope montagnard
L'imposture est le miel des toitures plates
L'abeille coule des jours heureux
Et Notre-Dame pisse encore
Du plomb E.drophile
Sur l'aile en marche
Qui postule au caniveau de la lune
Et le nuage passe E.noptisé
Par la queue d'un terroriste E.bride

L'E.monde papillonne entre deux E-mails
Préparer à vivre ou de rejeter dans la mort
La fin du pangolin est proche
Il vit la nuit on l'expose le jour
Son seul E.book de gloire
Est d’être l’unique mammifère au monde
Recouvert d’écailles
Du troc pour une médaille
Au laboratoire de Wuhan
Le seul à lire en braille
Le calcul infinitésimal d'un E.coli
Post- scriptum de l'E=commerce
Il faut défendre son bol de riz
Et sa soupe au lait par ici

À travers l'exil d'une caravane E.drolysable
Au cœur de notre dame pipi
Engagée pour la fonte d'un E.nuit
À la galerie des glaces
Part à la rencontre des réfugiés
Qui colorient les particules de plastiques
Avec le sang des anges de la mort
Diagnostique E.légal
Le roi soleil dort assis
Pour glorifier les poumons de la nation
Soupçon E.ntagram
Bourre et bourre et ratatam

Faire souffrir ou jouir dans la peur
Dans la clairière E.conoclaste
D'une étable pédophile
La vache à hublot a des ailes
D'E.maculé conception
Labos
Dromadaires et chameaux E.blatèrent
En plein désert où l'âme s'enfonce
Comme l'autruche de la chèvre de Seguin
La peau rouge et l'anus en E.bernation
Où le loup lèche les pupilles de l'E.dropote

Trouver sa place dans 3 m²
Les intestins chargés d'une bande de Gaza
Sans doute pour relativiser E= mc2
Les confinés ont-ils encore une mémoire
E.roshima mon amour
Mélodie d'un bel enfant
E.ssu d'un quartier populaire
L'E.monde t'invite à mourir
Au rayon X d'un dernier E.rm

E.pocrisie saturée Jupiter sauvé
Bon courage à la source arborescente
L'espace est ton dernier E.perlien
La mort après le confinement
Paraît-il
C'est la vie

Illustration de l'auteur

© James PERROUX


James Perroux
L'auteur se dit avant tout un explorateur engagé, qui passe son temps à évoluer, à chercher, à expliquer, à dénoncer, à provoquer. Homme avec ses passions, ses désillusions, ses amours et ses peines. Son plus grand désir est de concilier la sensibilité avec l'intellect, le calcul et l'intuition, l'abstrait et le figuratif. Il a publié plusieurs recueils de poésie et illustre lui-même ses textes.

Son blog :
→ https://jamesetmots.blogspot.com/

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Vie, rue, ruée

Ruelles et pavés
Les cafés sont fermés
Les passants survoltés
Dans les supermarchés
Cohue, c'est la ruée

C'est un vent de panique
Qui souffle dans le soir
Dans les rues, sens unique
Illusoires déboires

Virus, grosse verrue
Tu prends au dépourvu
Rues désertées demain
Mais je prendrai le train
En prenant la distance
D'un voisin, bienséance

En évitant fusion
Effusion dérision
Sur l'unique vision
D'une VIE qui survit
Ne tenant qu'à un fil
Celui de la raison
Celle colimaçon

Là-bas dans leur prison
Protégée par les toiles
L'étoile aseptisée
Des hôpitaux futés
Qui nous rendent l'espoir
Des guérisons rusées

Vie, rue, ruée
Aseptisée la rue

L'avenir avenue
Trace nos pas perdus
Vers un futur ténu
Ne tenant qu'à un fil

© MACHAJOL


Machajol

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Etats d'âme d'un vélo confiné

Posé là !

A perpétuité dans la pénombre d’une prison

Au milieu d’une rangée de tulipes

 

Ecran de lumière.

Où sont passées ces voix,

Ces caresses affectueuses

 

Mes acolytes,

Parfois rivaux sont muets

Des taiseux bien de chez nous.

Quelque chose cloche.

 

Tout ce parcours à la recherche

des chemins de traverse

Trouver fesses à ma selle,

Prendre mon envol,

Guidon vivant, vent en poupe

 

Je suis prêt à affronter

Les pluies diluviennes

Les soleils brûlants

 

Je suis né il y a peu, tout au nord

Dans un pays où les « r » s’envolent

Des gorges initiées dès l’enfance

 

Ou le coup de pédale s’apprend

Avant même de mettre un pied devant l’autre

J’ai été calibré pour le plat pays

 

Motorisé,

On a préféré m’envoyer

Dans un pays vallonné

 

Je me souviens

D’un voyage houleux, d’un noir profond,

De chahutements, de chuchotements,

 

De cris parfois

La peur et l’excitation s’emmêlaient

Dans mes rayons tremblants

 

Je suis né une deuxième fois …

Sorti d’un ventre cartonné

Avec précaution

 

Des mains chaudes,

Rassurantes

Fermes et solides m’ont cajolées

 

Je me suis mis à briller

Nez aux carreaux,

Star parmi les tsars

 

Quelques temps assoupi

Puis réveillé

De nouveau enrobé

 

Par une nuit irriguée

De brèves lumières

Mon cadre, mes roues s’enlisent …

 

Suis-je seul à épier l’amorce

D’une présence,

D’un bruit intime

 

De matins chantants …

© Sylvie KRANSSE


Sylvie Kransse
Gérante d’un magasin de vélos style hollandais, cette période de confinement lui a inspiré un petit poème sans prétention...

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J'écris ton nom (*)

Pour l'abnégation des soignants

Qui s'épuisent au service des patients,

Dévouement,

J'écris ton nom.

   

Pour les travailleurs qui continuent

A assurer la bonne marche de notre monde,

Courage,

J'écris ton nom.

   

Pour la présence des auxiliaires de vie

Auprès des personnes âgées, handicapées,

Prévenance,

J'écris ton nom.

   

Pour les messages de pensées

Destinés aux malades en souffrance,

Soutien,

J'écris ton nom.

   

Pour les mots de condoléances

Adressés aux familles endeuillées,

Sincérité,

J'écris ton nom.

   

Pour les marques d'attention

Accordées aux personnes isolées, oubliées,

Compassion,

J'écris ton nom.

   

Pour les élans spontanés d'entraide

Envers les plus fragiles, les plus faibles,

Solidarité,

J'écris ton nom.

   

Pour les moments d'échange

Qui allègent la pesanteur de la solitude,

Amitié,

J'écris ton nom.

   

Pour tous les cœurs bienveillants

Qui, même dans l'épreuve,

Se soucient des autres,

MERCI,

A l'encre indélébile,

J'écris ton nom.

(*) Le titre de ce poème, qui est également le dernier vers de chaque strophe, est emprunté à Paul Eluard, auteur du célèbre poème "Liberté", dans lequel ce vers revient régulièrement.

© MATRIOCHKA


Matriochka
Matriochka habite la Vallée du Rhône, au bord du fleuve, et la poésie est pour elle comme ce fleuve, une ligne de vie, mais aussi un souffle libérateur, un langage qui lui permet d'exprimer ce qui vit au fond de mon âme. Une de ses devises : "Si poésie n'est partagée, elle se meurt."
Autres textes :
Au galop du vent
Vespéral ondoiement
Matin de givre 
Le papillon amoureux
Le festin manqué 
Son site :
→ https://poesie-plurielle.monsite-orange.fr/

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Versus un virus

Sacré olibrius que ce foutu virus,
Il a mis au malus le monde, et en chorus :
À l’ombre du ficus, tisane à l’eucalyptus,
Plus d’stradivarius, de cirrhus, de stratus,…
Et ça fait consensus, bientôt habitus,
Qu’on soit un vrai Crésus, portant chapeau gibus,
Ou bien un foetus, une Vénus voire plus
On est à l’occulus quand fleurit le prunus,
Lisant des prospectus ou grattant des papyrus…
Le moral rasibus, plus côtés à l’argus.

Dis donc Confucius, l’est à toi ce virus ?
Ce minus est pire qu’un vrai diplodocus
Et il tue en surplus de nous mettre au blocus
Les rues et les campus. Parties peur du typhus
Carinte de l’infarctus dont on fit des opus.
Y’a comme un hiatus à Caen ou à Fréjus :
Comme de gros guguss, on se prend pour l’Négus
Relit Britannicus, carbure au bifidus,
En rêvant d’un Phoebus dorant notre plexus
Et guettant nos mucus et le facteur… rhésus.

De quel vain thésaurus, il sort ce gros virus,
Les professeurs Nimbus aux nébuleux cursus,
Nous en font des lapsus en d’assommants laïus
Devant des hibiscus. Chauffe le cumulus…
On s’amuse à Phallus qui rencontre Utérus
Depuis l’angélus jusqu’à l’autre angélus,
Ou vient en nos us le culte du rébus.
Rasé comme un cactus, arborant un rictus,
En fleur de lotus, on médite, on fait motus
Car c’est finit l’Airbus et même l’abribus.

On est jamais quitus,  avec ce virus,
Car ce gus, en bonus, nous fera, las, humus
Si, las, stricto sensus, jetant les détritus,
Il nous chop’ les sinus, l’cubitus, l’utérus
Voire le radius, et ce s’ra terminus.
Dessous le tumulus. Alors des orémus
On en a un corpus. C’est notre stimulus
Qui rend fou ou urus. En baisse de tonus,
Dans tout ce processus : malgré le collapsus,
Sur nous on fait focus, on s’sort l’doigt de l’anus…

© Christian SATGE


Christian Satgé (1965-)
Son autobio :
J'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Claude Nougaro ne l'(en)chante et suis devenu rapidement un obsédé textuel & un rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, rêvant depuis de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. Conteur éclectique et « méchant écriveur de lignes inégales », après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux peu fréquentables que l'on nomme Pyrénées, où l'on ne trouve pire aîné que montagnard, et stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Moins écrivain qu'écrivant, plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, après avoir navigué de conserve sur d'autres eaux, je tente, en solitaire cette fois, depuis le 23 février 2011, une énième traversée de l'océan poétique… en espérant qu'elle ne soit pas trop pathétique !
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son blog
→ https://lesrivagesdurimage.blogspot.com/

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Cafard confiné

Le ciel est aussi bleu
Que le virus est dangereux,
Du temps pour une sortie
Mais je suis confiné ici

Alors, de mon transat,
Je regarde ce ciel me narguer,
En n’ayant qu’une hâte,
Le chemin de la liberté

Dans les arbres, oiseaux chantent,
Cette liberté leur appartient,
Vivre comme eux me tente,
Là-haut, comme on doit être bien !

Ici-bas, que de tracas,
Problèmes se ramassent à la pelle,
De ce joug des ingrats,
Comme je voudrais me faire la belle !

Doux rêve qui m’assassine,
Car demain, le cours reprendra,
La vie n’est pas câline,
Toujours se battre, cor’ il faudra

On passe sa vie à quoi,
À travailler puis à mourir,
Si courte, elle est déjà,
Pas même le temps d’en profiter !

Voilà qu’il se fait tard,
Et le ciel bleu a perdu pied,
Je vais mettr’ mon cafard,
Sur le doux coin de l’oreiller...

© Gilles ABADIE


Gilles Abadie (1961-)
Gilles Abadie est né à Roye dans la Somme. Poète plutôt romantique, il est auteur d’environ 400 textes, il excelle également dans les citations, pensées personnelles, haïkus, afin de se diversifier et toucher différemment ses lecteurs.
Sa page sur Facebook
https://www.facebook.com/posipho

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Il était une fois le Coronavirus...

On entendait parler
D'un virus qui nous menaçait.

Certains disaient une forte grippe,
Mais en réalité une maladie qui peut nous emporter très vite.


Plus d'école, plus de copains, plus d'enseignants.
C'est l'heure du confinement.

On s'organise vite ! Télétravail pour maman, devoirs à la maison pour les enfants.
Nous voilà arrivés au printemps.

Pendant ce temps, papa part au travail,
Les malades ont besoin de lui dans cette bataille.

Il fait beau, les Français ne respectent plus les lois,
Ils ne se rendent pas comptes des dégâts.

Tout le monde dit que c'est difficile,
Mais nos vies ne tiennent qu'à un fil.

Il faut maintenant attendre qu'arrive l'été,
Avec de la patience et les gestes demandés,
Pour que nous puissions tous pleinement en profiter.

© Jules & Marius


Jules & Marius
Jules, élève de CM2 et Marius en CP, sont scolarisés à l'école Girot de Friville (Somme).

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Crépuscule

C’était il y a longtemps, voilà trois mois à peine.

Nous vivions sans savoir à quel point sommes fragiles,

Mais il suffit qu’en Chine une chauve-souris traîne

Trop près d’un pangolin pour que, comme l’argile,

Nos illusions se brisent et la crainte nous prenne.

 

Alors nous qui parfois devenions spectateurs,

Tout tremblant pour de faux, de ces films-catastrophe

Où un méchant virus joue terrifiant acteur,

Il faudrait brusquement que nous ayons l’étoffe

Des héros affrontant la véritable peur.

 

Certes la Chine est coupable, guère besoin d’en débattre.

Hommes, animaux trop proches, sur son vaste territoire,

Sont des nids d’infection à la puissance quatre.

Et nul ne peut nier, qu’au début de l’histoire,

Elle tenta de cacher plutôt que de combattre.

 

Sommes nous donc pour autant exempts de tout reproche,

Sûrs d’avoir pris à temps toute la pleine mesure

De ce que recelait cette affaire de plus moche ?

Et ceux qui nous gouvernent, aux propos qui rassurent,

N’ont-ils pas trop longtemps cherché que l’on s’accroche ?

 

Pourtant l’heure n’est plus aux vaines polémiques

Car, même très déplaisante, s’impose l’évidence,

Nous vivons malgré nous des moments historiques :

Des nations entières assignées à résidence,

Et le retour brutal des vieilles peurs archaïques.

 

Comme la peur de manquer et l’affligeant spectacle

Des caddies débordant de pâtes alimentaires,

Farine, papier toilette, sans décence, sans obstacle.

Comme la crainte de l’autre, qu’en grave crise sanitaire,

A côtoyer de près logiquement l’on renâcle.

 

En quelques jours à peine notre monde bascule,

Ce coronavirus a tout écrabouillé.

Sports, cinéma, culture devenus minuscules,

En matière politique nul débat à fouiller…

Tout ce qu’on connaissait semble à son crépuscule !

 

Pour preuve de nouveaux mots en nos esprits s'incrustent :

"Pandémie", "Confinement" que l'on n'apprécie guère,

"Gels hydro-alcooliques" en quantités trop justes,

"Masques de protection" car "Nous sommmes en guerre",

"Etat d'urgence" et "Couvre-feu", d'allure robuste.

 

Face à si fourbe ennemi, l'actuelle solution

Consiste à respecter un vrai confinement

Evitant les contacts qui sont ses munitions.

Car, même contre nature, un tel éloignement

S'avère mal nécessaire bien plus que punition.

 

"Restez chez vous" devient la consigne qu'on martèle.

Mais quand l'hyperactivité est habitude

Certains ressentent cela comme une contrainte telle

Qu'ils ne peuvent plus fuir l'implacable finitude

Attachée à leur condition d'êtres mortels.

 

Car le bouleversement nous contraint à penser.

Ce que ne surent faire ni l'ancien communisme,

Ni l'alter-mondialisme jugé trop insensé,

Un virus "made in China" avec réalisme,

Sauvagement, sous nos yeux, vient de le commencer.

 

L'adversaire invisible, sans pitié ni morale,

Révèle brutalement les failles du modèle,

Cette fière mondialisation néolibérale

Qui nous paraissait imprenable citadelle

Et, de partout s'effrite, arrogante cathédrale.

 

L'échec est si patent qu'on en vient à entendre

Le premier personnage de notre République,

D'ordinaire fort prompt à ce modèle défendre,

Entonner au pays une nouvelle musique…

Commme si, sans le pire, on ne pouvait comprendre.

 

Ces sages résolutions, c'est un précieux trésor.

Mais chassez l' naturel, il revient. On recule,

Une fois passé le drame, à fournir les efforts.

Il le faut toutefois pour, qu'après ce crépuscule,

Puissse poindre demain une prometteuse aurore.

© Georges DRANGE


Georges Drange (1956-)
Habitant dans les Vosges, Georges Drange a publié deux ouvrages : Au nom du mal vécu, à compte d’auteur en 1981, et le second, intitulé Les sonnets du quinquennat publié en 2012 (25 sonnets revisitant de façon sarcastique, humoristique et poétique certains évènements du quinquennat 2007-2012). Dans la même veine, un troisième ouvrage, Pensez-vous que la politique ne rime à rien ? (60 sonnets sur la période 2007-2019) est en recherche d'éditeur.
→ Le texte dit par l'auteur sur la chaîne YouTube

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De l'autre côté de l'amer

Entre espoir et peur
Alice est à la fenêtre
Au pays des Merveilles
Aile voit son masque disparaître

Courses en solo ;

  • Lapins en chocolat

  • Noix
  • Lentilles co-rail
  • Thé vers et mailles

Et puits … D’un seau…
L'herbe achat s’est fanée.

Le chat est en promenade
Rêves rient cousinades

Une autre fenêtre…

De Renoir et sa ravaudeuse
À la liseuse de Fragonard.


© Sandrine DARAUT

Sandrine Daraut
Pour les besoins de son métier d'enseignante et de chercheuse dans le domaine socio-économique, Sandrine Daraut (qui utilise aussi le pseudo de Sandy Dard), a voyagé dans 35 pays, sources d'inspiration poétique. Elle publie dans diverses revues littéraires.
→ Son profil sur le site "D'Ailleurs"

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Virus de la joie

Je veux être contaminée
Par le virus de la Joie
Où est le porteur zéro ?
Peut-être est-ce moi-même
Sans que je le sache ?
Paraît que j'ai un rire contagieux
Me voilà confinée dans le doute !

C'était juste un mouchoir de légèreté
Jeté là


Etreinte folle

J'ai un peu honte
Tout à l'heure, dans la rue
J'ai été prise
En passant devant lui
D'une irrésistible
Irrépressible
Irréfrénable
Étreinte
Je ne sais pas ce qui m'a pris
Je l'ai serré dans mes bras
Le platane

© Géraldine MOREAU-GEOFFREY


Géraldine Moreau-Geoffrey
Géraldine Moreau-Geoffrey est comédienne et poétesse. Elle a été lauréate du prix concours RATP en 2018 et prix de la plus belle lettre d'amour organisé par le théâtre de Vevey en Suisse en 2017. Elle fabrique aussi, à ses heures perdues ou retrouvées, des lampes  de chevet à partir de vieux objets, un cor de chasse, un moulin à café, une chaussure, une boîte de conserve.
→ Son profil sur Facebook

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Ouïe

Les sons de mon dernier étage

Le son de mes pas sur le carrelage

Ouvrir un paquet de cacahuètes

Me faire cuire une omelette

 

Ma cuillère dans le café

Et l’eau qui goutte dans l’évier

Faire un bisou sur la vitre

Tourner la page du prochain chapitre

 

Les pas d’un oiseau sur le toit

Suivi d’un froissement des draps

Du chocolat à croquer

Mes doigts sur les touches du clavier

 

La poignée de porte rouillée

L’ampoule qui vient de griller

Plus aucun son dans ma ville

Mais ta voix au bout du fil

© Helen JUREN


Helen Juren
Helen Juren est une artiste chanteuse auteure-compositrice et photographe. Elle chante ses poésies en français mais aussi dans plusieurs langues du monde : tchèque, wolof, zoulou, turc, kabyle, espagnol...
Son site
→ https://www.helenjuren.com/

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Entre parenthèses

Sur une musique et en hommage à Jean Ferrat

Allons enfant de la patrie

Concitoyen Français Française 

Reste chez toi tousse aux abris 

S'ouvre aujourd'hui la parenthèse 

 

Planqué derrière tous mes écrans 

Je ne quitte plus mes charentaises 

Pieds détendus mais tête à-cran 

Négligé entre parenthèses

 

Faut-il pleurer faut-il en rire

Mes vieilles envies me font pitié 

À force on n'a rien à se dire

Je ne vois plus le temps passer

 

Boulot dodo entre les murs

Ce vivre-ensemble sans cesse me pèse 

Envie de fuir de faire le mur

Tout seul d'aller cueillir des fraises 

 

Le monde pousse à la fenêtre 

Une tasse de thé on prend ses aises

Un chocolat ou deux peut-être 

Ce virus nous rendra obèse 

 

Faut-il pleurer faut-il en rire

Mes vieilles envies me font pitié 

À force on n'a rien à se dire 

Je ne vois plus le temps passer

 

Les rues sont vides l'hôpital plein

De héros nus c'est le malaise

Quelle odyssée d'acheter du pain

Police contrôle ne vous déplaise 

 

L'esprit galope semelles de vent

Que les mauvais génies se taisent 

Peur de sortir... les pieds devant

Adieu fermez la parenthèse 

 

Faut-il pleurer faut-il en rire

Mes vieilles envies me font pitié 

À force on n'a rien à se dire 

Je ne vois plus le temps passer

© Philippe SALORT


Philippe Salort
Moi j'aime cet auteur qui débute à 60 ans !! Qui se sent plus artisan qu'artiste, plus potache que poète... Qui se dit davantage les doigts pleins d'encre que la tête dans les étoiles !
Son profil sur short-edition.com
→ https://short-edition.com/fr/auteur/philippe-salort

Effets secondaires

En ces temps confinés on s'est posés un peu
Loin des courses effrénées on a ouvert les yeux
Sur cette époque troublée, ça fait du bien parfois
Se remettre à penser même si c'est pas par choix
Alors entre les cris d'enfants et le travail scolaire

Entre les masque et les gants, entre peur et colère
Voyant les dirigeants flipper dans leur confuse gestion
En ces temps confinés, on se pose des questions

Et maintenant…

Et si ce virus avait beaucoup d'autres vertus
Que celle de s'attaquer à nos poumons vulnérables
S'il essayait aussi de nous rendre la vue
Sur nos modes de vie devenus préjudiciables
Si on doit sauver nos vies en restant bien chez soi
On laisse enfin la terre récupérer ce qu'on lui a pris
La nature fait sa loi en reprenant ses droits
Se vengeant de notre arrogance et de notre mépris
Et est-ce un hasard si ce virus immonde
N'attaque pas les plus jeunes, n'atteint pas les enfants
Il s'en prend aux adultes responsables de ce monde

Il condamne nos dérives et épargne les innocents
Ce monde des adultes est devenu si fébrile
L'ordre établi a explosé en éclats
Les terriens se rappellent qu'ils sont humains et fragiles
Et se sentent peut-être l'heure de remettre tout à plat
Et si ce virus avait beaucoup d'autres pouvoirs
Que celui de s'attaquer à notre respiration
S'il essayait aussi de nous rendre la mémoire
Sur les valeurs oubliées derrière nos ambitions
On se découvre soudain semblables, solidaire
Tous dans le meme bateau pour affronter le virus
C'était un peu moins le cas pour combattre la misère
On était moins unis pour accueillir l'aquarius
Et si ce virus avait le don énorme de rappeler ce qui nous est vraiment essentiel

Les voyages, les sorties, l'argent ne sont plus la norme
Et de nos fenêtres on réapprend à regarder le ciel
On a du temps pour la famille, on ralenti le travail
Et même avec l'extérieur on renforce les liens
On réinvente nos rituels, pleins d'idées, de trouvailles
Et chaque jour on prend des nouvelles de nos anciens
Et si ce virus nous montrait qui sont les vrais héros
Ceux qui trimaient déjà dans nos pensées lointaines
Ce n'est que maintenant qu'ils font la une des journaux
Pendant que le CAC 40 est en quarantaine

Bien avant le Corona l'hôpital suffoquait
Il toussait la misère et la saturation
Nos dirigeants découvrent qu'il y a lieu d'être inquiets
Maintenant qu'il y a la queue en réanimation
On reconnaît tout à coup ceux qui nous aident à vivre
Quand l'état asphyxie tous nos services publics
Ceux qui nettoient les rues, qui transportent et qui livrent
On redécouvre les transparents de la république

Et maintenant…

Alors quand ce virus partira comme il est venu
Que restera-t-il de tous ses effets secondaires
Qu'est-ce qu'on aura gagné avec tout ce qu'on a perdu

Est-ce que nos morts auront eu un destin salutaire

Et maintenant…
Et maintenant…
Et maintenant…
Et maintenant…

© GRAND CORPS MALADE


Grand Corps Malade
De son vrai nom, Fabien Marsaud, Grand Corps Malade s'intéresse très tôt à la musique. Il débute sa carrière en 2003 aux côtés de John Pucc'Chocolat et du collectif 129HG avec qui il devient un activiste des scènes slam. Parallèlement, il fonde l'association Flow d'Encre afin d'animer des ateliers d'écritures/slam auprès des municipalités, centres sociaux, établissements scolaires...
Il réalise son premier long métrage "Patients" en 2016.
Autres textes sur le site :
Ensemble
15 heures du matin
A l'école de la vie
Son site :
→ http://www.grandcorpsmalade.fr/

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Rester en forme !

J’ai beau tourner en rond
Non, non, et non
Ça ne tourne pas rond
Ni dans mon salon
Ni sur mon balcon
Ni en surface ni au fond.

Alors je rase les murs
Et je tourne au carré
Pour suivre ma nouvelle vie
Tirée à quatre côtés
Et à angles droits.

Face à l’ovale des autres visages
J’essaye de faire bonne figure.
Mais certaines arêtes de mon intérieur
Me restent en travers de la gorge.
Je tire un grand trait sur la porte d’entrée.

J’essaye de faire le point et de repartir à zéro
Sur la base de nouvelles abscisses et ordonnées.
J’exerce le compas de mes pensées
À la compassion géométrique
Pour toutes les formes de vie
Qui tournent, elles aussi, derrière la porte d’à côté.

Ainsi s’élargissent les périmètres
Se transforment les cubes
Et se franchissent les lignes :
À coup d’obliques audacieuses
Et de tangentes généreuses.

Soudain
L’espace d’un instant
Le temps d’un applaudissement
Les rectangles des fenêtres s’animent
Comme des théâtres de marionnettes.
La rue prend une tout autre dimension.
On dirait une aire sans commune mesure
Où il ferait bon dessiner une histoire commune
Avec les étrangers d’en face.

Pythagore aura beau continuer à se mettre la tête au carré
Quelque chose me dit
Qu’il n’y a guère que les cercles des poèmes
Pour transfigurer les vieux théorèmes
Et redonner vie à d’anciens solides oubliés
Joliment dénommés « solidarités »...

© Marie de CHALUS


Marie de Chalus
Sa page Facebook

Le combat du soignant

Thierry Coudret
Auteur-compositeur-interprète, Thierry Coudret qui réside à Saint-Fort-sur-Gironde en Charente-Maritime, a imaginé, en famille, un hymne pour saluer le travail de tous les soignants. Il est accompagné par Sylvie Brun.

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Quand bientôt reviendra la forêt

Savez-vous si bientôt reviendra la forêt
Avec ses parfums roux et ses teintes boisées
Ses sous-bois ambrés jouant avec les bruyères
Ses broussailles d’aiguilles au pied des conifères

Comme est loin le murmure doux de ses ivresses
Senteurs de terre, de bois, d’écorces joyeuses
Herbes satinées bordant la mousse soyeuse
Nuances subtiles qui s’écoulent en caresse

Sucs de lichen, pierres d’humus, feuilles roussies
Pins, cèdres, arbustes aux teintes infinies
Splendeurs parfumées en délicate harmonie
Essences de vie à décliner à l’envi

Où sont les lumières tamisées des clairières
Les ombrages sombres aux accents de sorcière
Les couleurs mouillées de brume aux éclats de soie
Ces langueurs brûlées qui vous étreignent la voix

Quand de jaunes jonquilles fièrement dressées
Irisaient les pétales d’ancolies légères
Les prairies vertes parées d’or et de rosée
Resplendissaient dans leur nouvelle robe altière

L’eau claire roucoulait tout au fond du fossé
Distillant sa folie à des fleurs embaumées
Préparant le lit des amants en liberté
Dans ce lieu de bouquets disposés en baisers

Le rossignol siffle-t-il tout en haut du chêne
Avec la mésange et le pinson qui enchainent
Et le pivert a-t-il gardé des bois les clés
Sous les yeux d’hirondelles volant en ballet

Quand l’homme confiné s’en va compter ses heures
La forêt panse les horreurs de ses blessures
Malmenée, elle poursuit toujours son dur labeur
Soigner le sol, l’eau et l’air est dans sa nature

© Dominique DUCAMP


Dominique Ducamp
Originaire du Nord de la France, Dominique Ducamp est diplômé d'une école de commerce. Il a effectué l'essentiel de sa carrière professionnelle en Europe au sein d'entreprises de grande consommation. Pour lui, écrire demeure simplement un jardin secret et le vestige d'une passion d'adolescence.

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P'tit virus

Là-bas
Chez Peste & Chipie
Un monde est parti
Des tables ovoïdes
Élèvent des chaises
Montreuses de cul
Des mouches saisonnières
Zonent en zéro usé
Le chat Pepsi
Pionce sur l’piano

Dehors
Des pavés crèvent seuls
Pleurant les jupes folles
Des bancs en vacances
S’reposent mouillés d’soleil
Des pigeons sans allure
Ont faim de vieilles mains
À la grand-place, sous
La couronne à vénus
Vénus attend

Écoute
Des feuilles goûtent
Sans douleur
Des voitures rouillent
Dare-dare
Des ch’minées crachent
L’odeur d’une dernière
Flambée marsienne
Ça vole puis ça s’pose
Sur des fleurs pas nées

Regarde
Aux fenêtres fermées
Des horloges sommeillent
Des lycées un à un
Feignent d’étudier
Des étudiants sans rien
Valident leur année
Des parents découvrent
Entre trois télétravaux
Qu’ils ont des gosses

Dessous
Paumé dans les égouts
Orphée hisse son amour
Qui tousse, qui tousse
Se retourne
Et le perd pour toujours
Mais dans la nuit
Des étoiles blanches
Héroïnes du sombre
Drapent le noir de vie

Et puis
Y a nous deux
Bouclée Madame !
Tes baisers roulent
Sur ma peau
La déchirent
Contaminent un peu plus
Mon cœur déjà malade
P’tit virus
P’tit virus

© Lucas ROUHI


Lucas Rouhi
Agé de 20 ans, ce jeune auteur est en troisième année de licence de mathématiques à Nantes. Il écrit et réalise des vidéos pour le plaisir de la création !
Lien YouTube
→ https://youtu.be/Sx8d6X2FvUQ

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Virons le virus

L'économie écrasait tout
elle est maintenant à genoux
elle est vaincue par un minus
Virons le virus

Tant que ça se passait en Chine
on s'inquiétait pour nos machines
pas de quoi risquer l'infarctus
Virons le virus

On plaignait pour la bergamasque
que soient insuffisants les masques
ils allaient trouver une astuce
Virons le virus

On s'en moquait bien autrefois
de la crainte des ignares gaulois
que le ciel soit leur terminus
Virons le virus

Nos frontières n'ont rien arrêté
Covid-19 est arrivé
pas de bouches cousues de motus
Virons le virus

On va jusqu'aux confins du ciel
mais on ne sort qu'en nos ruelles
on se confine dans le blocus
Virons le virus

Même pour aller dans la nature
il nous faut braver la censure
à cause d'un avorton de puce
Virons le virus

Je fais les courses la peur au ventre
et vite je reviens dans mon antre ;
il est bien vide le campus
Virons le virus

On nous force à nous enfermer
si on peut plus se promener
à quoi peut servir l'autobus
Virons le virus

Sans sortir mon ordi propose
de la musique en overdose
du pipeau au stradivarius
Virons le virus

Le moindre souffle dans mes bronches
m'inquiète et me tire la tronche
avant que mon rire soit rictus
Virons le virus

Sans la presse et sans la vitesse
ma vie a parfum de jeunesse
quand le train était omnibus
Virons le virus

Je n'ai jamais aimé les fêtes
puisqu'on m'en prive je les regrette
l'esprit rebelle fait consensus
Virons le virus

Avant que je parte à mon tour
je ne veux rien laisser en cours
je termine ici ici mon laîus
Virons le virus

Virons le virus
Virons le virus
Virons le virus

© Pierre JOUAN


Pierre Jouan (1940-)
Las d'entreprendre des études littéraires, ce Parisien se tourne vers l'artisanat d'art en rejoignant la Lozère puis trouve la maison de ses rêves à Cheviré-la-Rouge où il s'installe définitivement avec son épouse, poursuivant ses activités d'artisanat. A la mort de celle-ci en 2015, il découvre l'écriture poétique. Il est président de La Plume de Cheviré, association culturelle de poésie et il a publié trois recueils.

u

Coronavirus

Nous voilà confinés, face à l’épidémie,
Le virus se répand, il faudra patienter,
Nous n’avons plus le temps de tout argumenter,
Les français sont touchés, c’est une pandémie.

Chacun panique à bord, la porte refermée,
La guerre est déclarée en absence de choix,
L’amour est en danger quand l’horizon sans voix
Nous prive de l’espoir d’une visite aimée.

Je regarde la vie en perte de lien,
À l’heure où vont s’enfuir les ailes de mes rêves,
Le vide et l’abandon sont de mortelles sèves
Me transperçant le coeur d’un doute kafkaïen.

Mais l’homme tend ses bras vers la belle espérance,
La solidarité sur un même chemin,
Car le devoir l’appelle à se faire devin
Pour sauver notre monde aux jardins de l’errance.

© Stephen BLANCHARD


Stephen Blanchard (1952-)
Créateur de l'Association "Les poètes de l'amitié - poètes sans frontières", Stephen Blanchard est aussi directeur de la revue internationale de poésie Florilège. Son association décerne chaque année trois prix d'édition à compte d'éditeur, dont le Prix d'Edition Poétique de la Ville de Dijon. Son association, située en Côte d'Or, organise depuis dix-neuf ans Les Rencontres Poétiques de Bourgogne. Il a par ailleurs publié plusieurs recueils de poésie.
Le site de l'association :
→ http://poetesdelamitie.blog4ever.com/

Depuis le Covid

Lily Jes
Elle a réalisé sa vidéo seule. Composition, enregistrement, tournage, montage… elle a tout fait en trois jours en plus de ses journées de travail. Pour cette cheffe d’équipe qui officie chaque jour au rayon poissonnerie de l'hypermarché de Beaulieu, près de La Rochelle, c'est un joli succès largement relayé sur les réseaux sociaux.
Sa page Facebook :
→ https://www.facebook.com/lydie.jes


Symphonie confinée
La tendresse

On peut vivre sans richesse
Presque sans le sou
Des seigneurs et des princesses
Y en a plus beaucoup
Mais vivre sans tendresse
On ne le pourrait pas
Non, non, non, non
On ne le pourrait pas

On peut vivre sans la gloire
Qui ne prouve rien
Être inconnu dans l’histoire
Et s’en trouver bien
Mais vivre sans tendresse
Il n’en est pas question
Non, non, non, non
Il n’en est pas question

Quelle douce faiblesse
Quel joli sentiment
Ce besoin de tendresse
Qui nous vient en naissant
Vraiment, vraiment, vraiment

Le travail est nécessaire
Mais s’il faut rester
Des semaines sans rien faire
Eh bien… on s’y fait
Mais vivre sans tendresse
Le temps vous paraît long
Long, long, long, long
Le temps vous parait long

Dans le feu de la jeunesse
Naissent les plaisirs
Et l’amour fait des prouesses
Pour nous éblouir
Oui mais sans la tendresse
L’amour ne serait rien
Non, non, non, non
L’amour ne serait rien

Quand la vie impitoyable
Vous tombe dessus
On n’est plus qu’un pauvre diable
Broyé et déçu
Alors sans la tendresse
D’un cœur qui nous soutient
Non, non, non, non
On n’irait pas plus loin

Un enfant vous embrasse
Parce qu’on le rend heureux
Tous nos chagrins s’effacent
On a les larmes aux yeux
Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu…
Dans votre immense sagesse
Immense ferveur
Faites donc pleuvoir sans cesse
Au fond de nos cœurs
Des torrents de tendresse
Pour que règne l’amour
Règne l’amour
Jusqu’à la fin des jours

© Noël ROUX


La tendresse
Chanson française écrite par Noël Roux et composée par Robert Giraud, interprétée par Bourvil (1963) puis Marie Laforêt (1964).

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C'est le printemps

En ces temps de confinement

ma petite ville a disparu

ma contrée a disparu

la France a disparu

la terre entière a disparu

il ne me reste que la lune

où je peux accrocher mes pensées

 

Mon corps s'est dissout dans la solitude

mes mains sentent juste le poids d'une plume

mes pieds battent le sol en rythme avec une chanson

 

C'est la douce chaleur du printemps

le soleil caresse la terre avec l'aide d'une brise

les fleurs illuminent la terre

avec son herbe grasse et verte

les bourgeons rendent la vie aux arbres

l'humanité n'existe plus qu'à la télévision

ou parfois dans une voix au téléphone

 

Je n'ai plus de rage et de colère

un grand silence grandit dans ma gorge sèche

j'entends la vie bruisser et la mort marcher pas à pas

 

J'attends que mon chemin s'ouvre

je remue un peu de terre pour exister

j'arrache quelques "mauvaises" herbes pour m'exprimer

et dans la nuit longue et majestueuse

j'entends dans mes souvenirs des rires d'enfants

ou des voix fantômes qui agitent le sablier

je ne sens plus mon cœur battre à toute volée en ce jour de printemps

 

Je reste un vagabond de mon âme

jusqu'à la fin des temps

même si les jours se ressemblent infiniment

Benoist MAGNAT


© ProLitteris

Benoist Magnat (1946-)
Benoist Magnat est un poète, dramaturge et plasticien. Depuis 1974, il a signé nombre de poèmes, affiches, pièces de théâtre, édition de revues, expositions de collages, peintures, photos, land art et art numérique. Il est également l'organisateur de marathons artistiques. Il habite Carpentras dans le Vaucluse.
Son site :
→ http://benoist.magnat.pagesperso-orange.fr/

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Les extraits du temps

Les forces du chagrin

ont atteint leur limite

et mon désir glisse sur la ronde

du temps

mon cœur obscur

jeté aux crevasses du doute

l’œil inquiet qui regarde

de temps en temps

par-dessus l’épaule du soir

si rien ne vient

à la rencontre des regards détournés


Tout est tiède dans l’air

Tout est froid dans le cœur

c’est un mélange de mort et de lumières

où les pétales sans odeur

claquent contre les murs où somnole la fièvre.

© Marie-Josée CHRISTIEN


Marie-Josée Christien (1957-)
Née en Bretagne en 1957, Marie-Josée Christien est poète, auteur jeunesse et critique. Lauréate pour l’ensemble de son œuvre du Prix Xavier-Grall et du Grand prix international de poésie francophone.
Son site :
→ https://mariejoseechristien.monsite-orange.fr/

Eux, ils soignent

Découvert ce matin via les réseaux sociaux et publié sur YouTube.
A relayer largement.
Je ne sais pas qui est le récitant... son prénom est Narcisse, en tout cas un grand MERCI pour ce beau texte !

 

u

Ces héros du quotidien

Ils sont notre rempart contre l'hydre sournoise

Avec les rudiments d'une armure fragile.

Ils partent au combat avec pour évangile

Leur foi dans le secours pour les hommes qu'ils croisent.


Chacun protégeons les par notre discipline.

Si rester confiné peut être un sacrifice,

C'est le prix à payer pour qu'un feu d'artifice

Libère un jour nos corps et notre âme chagrine.


Tapons tous dans nos mains aux balcons des fenêtres.

Saluons boulangers, caissières et livreurs.

Ces héros anonymes, médecins, francs-tireurs

Qui luttent chaque jour sans jamais se soumettre.


Comment sortirons-nous de ce virus maudit ?

Aurons-nous un regard, une vie différente ?

En écrivant ces mots ces menaces me hantent

Même si j'ai l'espoir que tout n'est pas écrit.

© Patrick VENTURE


Patrick Venture
Cet auteur a découvert le plaisir d’écrire au sein d’un atelier d’écriture dont il est membre depuis plus de vingt ans. Il y a développé et enrichi son goût pour la poésie. Il écrit des poèmes depuis une dizaine d’années. La musique des mots, les faits de société, le temps qui passe, l’art sous toutes ses formes, la nature et les saisons, l’amour, sont ses thèmes de prédilection. Il aime à travers ses poèmes raconter une histoire et privilégie une poésie rimée en alexandrins. Ses poèmes sont souvent primés aux quatre coins de la France. Au sein de l’association « Robion et ses passeurs de mots », il participe à des lectures et à des spectacles de poésie dans son village labellisé village en poésie depuis 2003.

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Le parc plus si urbain que ça

Le square, forclos, se repose des cris d’enfants
Et s’emplit du chant des passereaux, clairs olifants
D’une Nature apaisée par le soudain silence
Et ce Temps, suspendu, qui faisant tant courir
Les Hommes et leurs voitures. Car tout est dolence
Chez ces bonnes gens qui ne veulent pas mourir.

Oh oui, personne n’est désormais impavide.
Aussi les promeneurs fichent la paix au parc
Que ne parcourent que des moineaux sous un arc-
En-ciel, beauté retrouvée. Là, aux livides
Façades, mille fenêtres écarquillées
Et cent portes closes donnent sur des rues vides
Ne menant plus au jardin aux bancs désertés,
Sous couvert de ses frondaisons déconcertées.

Près des allées abandonnées, presque immobiles,
Des corolles écloses, se font volubiles.
Ainsi elles conversent avec le vent, linceul
Des primevères et tulipes en parterres.
Les hument les vieux troncs. Pour l’heure tout seuls,
Avec quelques violettes à fleur d’herbe et de terre.

Peu de vie à l’intérieur comme hors les grilles.
Tout est calme et tout est lent, dis, comme assourdi.
Est-ce fin du monde ou voyage en Absurdie ?
Le printemps a beau avoir planté ses banderilles
Dans le dos d’un hiver enfin anémié
Et, lors, nous offrir d’entendre entomiques trilles
Ou le ramage des plus aimants ramiers,
Nul ne les oit. Et, pis, ne sort son plumier…

© Christian SATGÉ


Christian Satgé (1965-)
Son autobio :
J'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Claude Nougaro ne l'(en)chante et suis devenu rapidement un obsédé textuel & un rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, rêvant depuis de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. Conteur éclectique et « méchant écriveur de lignes inégales », après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux peu fréquentables que l'on nomme Pyrénées, où l'on ne trouve pire aîné que montagnard, et stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Moins écrivain qu'écrivant, plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, après avoir navigué de conserve sur d'autres eaux, je tente, en solitaire cette fois, depuis le 23 février 2011, une énième traversée de l'océan poétique… en espérant qu'elle ne soit pas trop pathétique !
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son blog
→ https://lesrivagesdurimage.blogspot.com/

Il a suffit d'un grain...

Il a suffit d’un grain, tout petit, ultra fin
Pour que la machine économique grippe
Pour que la nature, ses droits reprenne enfin
Et que l’humanité tout entière flippe.

Ce petit grain très fin a pour nom Corona
C’est un simple virus, minima du vivant
Pourtant il se propage, et fait de gros dégâts
Dans les rangs des humains de tous les continents.

Point de remède sûr, pour s’en bien préserver
Au mieux on conseille de se terrer chez soi
De se laver les mains, l’hygiène approuver
Pour éviter l’entrée du virus qui fossoie.

A l’hôpital aussi, le personnel soignant
Tente de se garder par le port du masque
Par des combinaisons et l’usage de gants
A tout prix éviter que les aidants casquent !

Sauf que le système nouveau libéral
N’a rien anticipé, que les masques manquent
Que les lits sont rares dans le grand hôpital
Pour les patients que la maladie efflanque.

Dans les habitations, seuls ou en famille
Les gens passent le temps, s’occupent les enfants
Interdit de flâner, de cueillir les jonquilles
Interdit de sortir. Séparés les amants.

Quelques uns cependant, l’avenue traversent
Sillonnent isolés, les routes de France
Assurent la logistique, exercent commerce
Pour nourrir et soigner les gens en confiance.

Et chacun d’attendre, d’espérer le moment
De la libération, du rire, de la dive bouteille
Des amis ou amants réunis chaleureusement
Tous ensemble danseront sur la place au soleil.

De cette longue épreuve et drôle de guerre
Que retiendrons nous ? Quels enseignements ?
Saurons nous comprendre, changer radicalement d’ère
Redevenir vivants, partageurs, solidaires, aimants ?


Christian
Texte envoyé au Médiateur Radio France pour être diffusé, rubrique Confinement : textes et poèmes d'auditeurs.
D'autres textes sur cette page :
Textes et poèmes d'auditeurs

Des grands applaudissements

A tous nos chers soignants qui luttent sur le front,
Qui répondent, constants, présents quand nous souffrons
Je voudrais humblement savoir les remercier.
Je voudrais publiquement pouvoir tant le crier
Spectateur impuissant d’un pays confiné,
D’un bel élan puissant spectateur confiné,
Je voudrais simplement un peu participer
Et, mes pleurs de côté, avoir une pensée
Pour tous ces résistants, combattants sur le front,
Qui luttent au fil des heures, ne vivant que l’action.
Merci à nos docteurs qui triment avec ardeur
Déterminés, dévoués, ne comptant pas leurs heures
Chaque geste si habile vise l’efficacité
Les questions inutiles n’ont pas droit de cité.
Merci, chère infirmière aux lendemains si fiers
Tu seras l’ouvrière, sauvant le monde hier
Sous ton masque papier je vois ta larme couler
Quand la mort a frappé malgré tous ces efforts
Oh combien acharnés. Tu veux cacher tes pleurs.
Ne baisse pas les armes malgré toutes ces alarmes
Je voudrais t’embrasser… et verse aussi ma larme…
A distance cependant gestes barrières obligent.
En étant pas présent, ressentant le vertige,
Je suis pourtant si près de toi, par la pensée.
Voulant tant te donner, la force de continuer.
Merci aux aides-soignantes aux gestes si efficaces
Qui, toujours bienveillantes, ressentent les angoisses.
Merci. Merci aussi à tous ceux qu’on oublie
Qui tournent autour des lits, leurs devoirs accomplis.
Vous êtes sur le chemin de la chaîne de soins.
Je n’vous serre pas la main mais n’en pense pas moins.
Gardons nous, c’est facile, d’hommages grandiloquents,
Des paroles d’évangile béni oui-oui fréquents.
Ils craignent aussi inquiets, sûrement la peur au ventre,
Pour leurs proches exposés quand dieu merci ils rentrent.
Le courage n’est pas de ne pas avoir peur
Mais d’avoir malgré ça les deux mains dans la sueur.
Merci ! Merci encore à nos chers soignants
Ils méritent, tous d’accord, de grands applaudissements
La nation se devra de reconnaître demain
Et récompensera ce valeureux chemin.


Denis
Texte envoyé au Médiateur Radio France pour être diffusé, rubrique Confinement : textes et poèmes d'auditeurs.
D'autres textes sur cette page :
Textes et poèmes d'auditeurs

Jour 9

Con mais finement
Rat mais finement
A mais finement (faut en faire fromage)
D mais finitivement

pourvu que ça ne dure pas et à la fois on est suspendus
énervés
dépourvus de repères
on est

Synonymes de confiner  
· bouclés.
· cantonnés.
· côtoyés.
· cloîtrés.
· enfermés.
· frisés.
· isolés.
· relégués.

Certains s’offusquent
considérant que :
« ils exagèrent »
on finira bien par tous l’avoir le covid 19
alors…
et puis ça ne touche pas les jeunes et les enfants
pas de souci
l’avenir est rassurant
de ce fait

ego sum
si ça ne me touche pas j’m’en fous
mais il est caché le virus
dissimulé
subreptice
invisible
indétectable (d’autant plus qu’on n’ a
pas les tests)
ni les masques d’ailleurs
les flics ont pas de masques ni de gants pour contrôler
ni de gels
les hôpitaux ont pas de masques
merci aux deux derniers présidents avant celui-ci
d’avoir entamé et presque réussi la démolition de l’hôpital public

dites pourquoi en Allemagne y’a moins de malades ?
réponse
nous avons 7000 lits d’hôpital avec respirateurs
les Allemands en auraient 25000
et sont dépistés
et puis ils sont traditionnellement plus organisés
affaire de culture
sommes-nous donc quatre fois plus imprévoyants que nos amis allemands
comment on dit Hollande et Sarkozy en goth ?

ça énerve de se rendre compte qu’on l’avait bien dit
et voilà ça arrive et ils ont pas pris la chose au sérieux
ils c’est nous aussi … ils ils
rien ne sera plus comme avant
pas si sûr
on va chercher un vaccin et hop
tout repartira
la science va nous sauver
la science c’est vite dit

© Paul de BRANCION


Paul de Brancion (1951-)
Écrivain de poésie, romancier, agriculteur bio, cavalier, dirigeant d’entreprise, producteur de radio, il a vécu hors de France une partie de sa vie. Il collabore à plusieurs revues artistiques et anime les Rencontres poétiques de Sainte-Anne en milieu psychiatrique.
→ Sa biographie sur Wikipédia

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Virus

Aux frontières de la désespérance,

Les réverbères s’éteignent sans fin.

Un virus absorbe sans complaisance

Des vies, faute de trouver un vaccin.

Quand, souffrent les heures où se détache

La volonté de guérir, des héros,

Malgré l’absence des armes, cravachent

L’immédiat pour détrôner le chaos.

Et, les serviteurs de l’ombre s’avancent

Sur le chemin où le temps éconduit

Les rêves perdus dans la transhumance.

Le matin prospecte un nouveau circuit.

Loin des foules, le printemps étincelle

Devant nos toits où le confinement

De rigueur, même pour les sans cervelle,

Est l’unique réponse à ce serpent.

Hors de la fatalité, la fontaine

Des poèmes coule, même vaincus

Par l’anxiété et cette quarantaine,

Les mots vaincront le silence venu.

Pour rosser les salves de la menace,

Ce monde irresponsable et insensé

Nous doit autre chose que sa grimace.

Demain cherche une autre réalité.

© SEDNA


Sedna
Résidant en Charente-Maritime, Sedna a toujours eu la passion des mots. Elle aime les rimes et travaille principalement avec le Traité de Sorgel en poésie classique. Elle aime la mer, le ciel qui sont ses sources d'inspiration permanente. La sauvegarde de notre planète est l'une de ses préoccupations.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son site :
→ http://www.cassiopee17.fr/

Si je vous écris...

Si je vous écris au travers mes larmes

ces mots que je pleure

mais que je ne vous dis pas

c'est pour vous dire

que j’y suis encore

même s'il n'en parait pas..

 

et même si mon corps tremble presque d'effroi

mon cœur mon âme mon esprit

unis dans un seul geste 

comme un aigle sombre

veillent encore sur chacun de mes pas...

 

étendant son aile immense 

il a rejoint la cohorte des êtres qui savent

qu'ensemble on y parviendra...

ce n'est plus une question de foi

c'est un geste

que nous inscrivons jusque dans l'au-delà

ensemble nous sommes

plus que de simple homme

des êtres univers par la diversité de ce que nous sommes

capables ensemble de plier des destins

et même l'univers. si cela s'avérait..

 

je ne  suis qu’un poète

je ne suis qu’un rêveur

une telle réalité n'existe pas

depuis le début de l'éternité

les hommes se sont entre-déchirés

et il n'y a plus personne qui croit en une telle réalité

ensemble nous nous entre-tueront...

voila un beau rêve

un beau souhait

une autre illusion de poète...

 

je suis un poète je suis un rêveur

mais ensemble nous nous en sortirons..

 

n'en déplaise à tout ces biens penseurs

à ceux qui ont besoin de vous pour croire en eux

ce Nous existe

et est de plus en plus puissant...

 

il est de plus en plus de fait

que nous sommes d'une même mère

et d'un même père 

et que nous habitons la même île

et qu'il revient à nous d'en prendre soin...

 

ensemble

n'est pas un rêve

ni une question de foi,

c'est le geste que j'inscris dans mon cœur

dans mon corps

dans le je suis

qui me transperce et vous rejoint

et qui dans mon geste dans ma pensée

dans mes espérances

et dans mon âme

et jusque dans mon amour

prends soin de vous

prends soin de nous ensemble

et de cette humanité 

qui même si elle n'y croit pas

a encore bien besoin de ce Nous....

qui traçons en silence

le chemin vers ce qu'elle devient...

 

ensemble...

ensemble nous y parviendrons

28 mars 2020

© Yves DROLET


Yves Drolet (1946-)
Né à Montréal au Québec, Yves Drolet vit toujours dans cette région et se dit poète avant tout.
Vous trouverez d'autres textes de l'auteur sur ce blog :
→ http://www.couleurs-poesies-jdornac.com/tag/yves%20drolet/

Le garagiste...

Le garagiste et sa poignée de main
La poigne d’une massothérapeute
Les poings serrés des embouteillés
La tape dans le dos
Main dans la main qui se tend
Se referme
Dépecée

Mes doigts sur le clavier
Pour crier à bout de bras
Humains, vos mains me manquent

© David GOUDREAULT


David Goudreault (1980-)
Premier Québécois à remporter la Coupe du Monde de poésie, à Paris en 2011, David Goudreault prend la parole et rend l’écoute. Travailleur social de formation, il tente de rendre la poésie accessible en tant qu’outil d’expression et d’émancipation dans les écoles et les centres de détention de la province de Québec, notamment au Nunavik, et en France. Il allie slam et rap dans des chansons où le texte est mis de l’avant au profit de prises de positions altermondialistes. Il se produit régulièrement en spectacle accompagné de musiciens professionnels.
Autres textes
Rembobine
La faute au silence
Son site :
→ http://www.davidgoudreault.org/

kl
Même si c'est de la prose, même si ça ne parle pas du confinement, je trouve que ce texte est ô combien d'actualité !

Le discours final du film "Le Dictateur"

Je suis désolé, mais je ne veux pas être empereur, ce n’est pas mon affaire. Je ne veux ni conquérir, ni diriger personne. Je voudrais aider tout le monde dans la mesure du possible, juifs, chrétiens, païens, blancs et noirs. Nous voudrions tous nous aider, les êtres humains sont ainsi. Nous voulons donner le bonheur à notre prochain, pas le malheur. Nous ne voulons ni haïr ni humilier personne. Dans ce monde, chacun de nous a sa place et notre terre est bien assez riche pour nourrir tout le monde. Nous pourrions tous avoir une belle vie libre mais nous avons perdu le chemin.

L’avidité a empoisonné l’esprit des hommes, a barricadé le monde avec la haine, nous a fait sombrer dans la misère et les effusions de sang. Nous avons développé la vitesse pour finir enfermés. Les machines qui nous apportent l’abondance nous laissent néanmoins insatisfaits. Notre savoir nous a rendu cyniques, notre intelligence inhumains. Nous pensons beaucoup trop et ne ressentons pas assez. Etant trop mécanisés, nous manquons d’humanité. Etant trop cultivés, nous manquons de tendresse et de gentillesse. Sans ces qualités, la vie n’est plus que violence et tout est perdu. Les avions, la radio nous ont rapprochés les uns des autres, ces inventions ne trouveront leur vrai sens que dans la bonté de l’être humain, que dans la fraternité, l’amitié et l’unité de tous les hommes.

En ce moment même, ma voix atteint des millions de gens à travers le monde, des millions d’hommes, de femmes, d’enfants désespérés, victimes d’un système qui torture les faibles et emprisonne des innocents.

Je dis à tous ceux qui m’entendent : Ne désespérez pas ! Le malheur qui est sur nous n’est que le produit éphémère de l’avidité, de l’amertume de ceux qui ont peur des progrès qu’accomplit l’Humanité. Mais la haine finira par disparaître et les dictateurs mourront, et le pouvoir qu’ils avaient pris aux peuples va retourner aux peuples. Et tant que les hommes mourront, la liberté ne pourra périr. Soldats, ne vous donnez pas à ces brutes, ceux qui vous méprisent et font de vous des esclaves, enrégimentent votre vie et vous disent ce qu’il faut faire, penser et ressentir, qui vous dirigent, vous manœuvrent, se servent de vous comme chair à canons et vous traitent comme du bétail. Ne donnez pas votre vie à ces êtres inhumains, ces hommes-machines avec des cerveaux-machines et des cœurs-machines. Vous n’êtes pas des machines ! Vous n’êtes pas des esclaves ! Vous êtes des hommes, des hommes avec tout l’amour du monde dans le cœur. Vous n’avez pas de haine, seuls ceux qui manquent d’amour et les inhumains haïssent. Soldats ! ne vous battez pas pour l’esclavage, mais pour la liberté !

Il est écrit dans l’Evangile selon Saint Luc « Le Royaume de Dieu est au dedans de l’homme », pas dans un seul homme ni dans un groupe, mais dans tous les hommes, en vous, vous le peuple qui avez le pouvoir : le pouvoir de créer les machines, le pouvoir de créer le bonheur. Vous, le peuple, en avez le pouvoir : le pouvoir de rendre la vie belle et libre, le pouvoir de faire de cette vie une merveilleuse aventure. Alors au nom même de la Démocratie, utilisons ce pouvoir. Il faut nous unir, il faut nous battre pour un monde nouveau, décent et humain qui donnera à chacun l’occasion de travailler, qui apportera un avenir à la jeunesse et à la vieillesse la sécurité. Ces brutes vous ont promis toutes ces choses pour que vous leur donniez le pouvoir - ils mentent. Ils ne tiennent pas leurs promesses - jamais ils ne le feront. Les dictateurs s’affranchissent en prenant le pouvoir mais réduisent en esclavage le peuple. Alors, battons-nous pour accomplir cette promesse ! Il faut nous battre pour libérer le monde, pour abolir les frontières et les barrières raciales, pour en finir avec l’avidité, la haine et l’intolérance. Il faut nous battre pour construire un monde de raison, un monde où la science et le progrès mèneront vers le bonheur de tous. Soldats, au nom de la Démocratie, unissons-nous.

Hannah, est-ce que tu m’entends ? Où que tu sois, lève les yeux ! Lève les yeux, Hannah ! Les nuages se dissipent ! Le soleil perce ! Nous émergeons des ténèbres pour trouver la lumière ! Nous pénétrons dans un monde nouveau, un monde meilleur, où les hommes domineront leur cupidité, leur haine et leur brutalité. Lève les yeux, Hannah ! L’âme de l’homme a reçu des ailes et enfin elle commence à voler. Elle vole vers l’arc-en-ciel, vers la lumière de l’espoir. Lève les yeux, Hannah ! Lève les yeux !
Copyright © Roy Export S.A.S.


Le Dictateur (1940)
Le Dictateur est le premier film parlant de Charlie Chaplin qui interprète à la fois un modeste petit barbier juif qui vit dans le ghetto, et Hynkel, le dictateur chef d’état de la Tomainia.
Synopsis :
Un barbier blessé durant la Première Guerre mondiale rentre chez lui après 20 ans de réclusion dans un hôpital. La poussière et les toiles d'araignées ont envahi sa boutique, mais rien ne le prépare aux inscriptions haineuses sur sa vitrine. Les sbires d'Hynkel, dictateur féroce, le persécutent lui, les Juifs de sa communauté et la belle Hannah... Une satire visionnaire qui marqua l'Histoire autant qu'elle en porte l'empreinte.
Détails sur le film :
→ https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Dictateur

→ Le discours sur YouTube (sous-titres)

→ Biographie de Charlie Chaplin