Survivre
Je heurte
Parce que je suis heurtoir
à cette porte
presque morte
où résonnent les gonds
de vaines purifications
Je heurte
Parce que je suis heurtoir
sur la fracture
sur les blessures
où vibrent mes suppliques
et mes prières faméliques
Je heurte
Parce que je suis heurtoir
et m’agenouille
sombre fripouille
à l’échancrure des souvenances
aux éboulis des insolences
Je heurte
Parce que je suis heurtoir
est-elle encore si farouche
ou orpheline, ma manouche
ou dans les bras, belle grivoise
d’un prince qui l’apprivoise
Je heurte
Parce que je suis heurtoir
ma pogne se boursoufle
sur ce cœur que je maroufle
de mes cris sans blasphème
de mes râles qui s’enchaînent
Je heurte
Parce que je suis heurtoir
à cet airain d’outre-tombe
au chaos d’une catacombe
où mes rêves hallucinent
après la marche des guillotines
Je heurte
Parce que je suis heurtoir
pour qu’elle m’ouvre
sa croupe
pour qu’elle découvre
ma coupe
Je heurte
Parce que je suis heurtoir
et je heurte
heurte sans tympan
et je heurte
jusqu’au sang
© Claude LUEZIOR