La complainte d'Auteuil
Qui jouait avec ses mouflons
Et la marchande de marrons
Tournant son cornet de chansons
Me rappellent ce dimanche
Mort de mille et un chagrins
Où je retenais par la main
L’enfant voleur de pervenches
Au pavillon des trépassés
Las de s’être tant délassés
Tous les échos du temps passé
A manger des parfaits glacés
Renvoyaient leurs mots de passe
Que brouillait dans le faux jour
Une amazone de velours
Sur fond de trompe de chasse
Mémoire promeneuse en deuil
L’enfant plus fourré qu’écureuil
S’était fait un chapeau de feuilles
De saules du bosquet d’Auteuil
Et les ombres de la mare
Mêlaient dans un air d’adieu
Les deux paillettes de ses yeux
Au vol plané des fanfares
Sur le chemin des écoliers
En aurais-je tant oublié
Entre un rond point de canotier
Et le gant rouge d’un mercier
Ohé folle hop militaire
Et toi chantre du mourron
Qui pour un sou de carillon
Sortais d’un globe de verre
Ici haut comme ici bas
Se peut-il qu’il ne reste pas
En passant de vie à trépas
La moindre trace de tes pas
Cet enfant c’était moi-même
Emporté dans un tour de vent
Mais qu’importent les absents
Si je me souviens que je t’aime
© Paul GILSON