Automne
Terre rongée par la guerre,
triste et malheureuse Espagne,
je te contemple en ce matin d’octobre,
le ciel a la couleur de l’acier rouillé,
les premiers froids coupent les feuilles jaunes,
patrie de ma vie errante,
coteaux rouges de Ciudad Real,
fin brouillard de Vigo,
pont sur le Ter,
oliviers alignés de Tarragone,
près de la mer bleue,
terre si cruellement labourée,
tous te pleurent
et nous,
nous ouvrons les bras à la vie,
nous savons que l’automne reviendra,
doré, ensemencé,
beau comme un tracteur parmi les blés.
© Blas de OTERO
Traduit de l'espagnol par Jacinto-Luis Guerena
Anthologie bilingue de la poésie espagnole contemporaine
Editions Gérard et Cie (Marabout Université), Belgique, 1969