L'homme nu, l'homme pur
Celui qui pour royaume a choisi la sagesse,
Dominant les hasards de la terre et du sort,
Dont l’héritage d’âme est la seule noblesse,
Celui-là seul est grand, celui-là seul est fort.
Sur les plus hauts sommets, sans crainte des abîmes,
Il aspire d’un coup l’azur essentiel.
Il cueille la vertu sur les plus hautes cimes,
Et, pour guider ses pas, il lit sa route au ciel.
Le droit est son empire et la loi sa couronne.
Pour lui le mal consiste à négliger le bien,
Car pauvre est qui reçoit, riche celui qui donne,
Et c’est posséder tout que de ne garder rien.
Il oppose un sourire à la vaine ironie,
Des pierres qu’on lui jette il se fait un chemin ;
Affirmant la bonté surtout à qui la nie,
Lorsque son ennemi tombe, il lui tend la main.
Il sait que le pardon seul désarme la haine,
La haine sur un cœur pèse comme un joug lourd,
Mais l’amour est un choix, la haine est une chaîne,
Et l’homme n’est vraiment libre que par l’amour.
Dépouillé de l’orgueil, du désir, de l’envie,
Affranchi de la chair, du mensonge et de l’or,
Tout esprit et lumière, il est devant la vie
L’homme nu, l’homme pur qu’on est devant la mort.
© Charles DORNIER
Extrait du recueil Le mur de lumière (1929)