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Murmure et paix
Une petite fille sur un banc parle au vent.
Ses cheveux font des vrilles et ses yeux sont des diamants,
Elle se chantonne une douce chanson,
Une chanson d'automne pleine de frissons.
Voilà qu'elle me regarde et mon coeur se fend,
Oh mon coeur prend bien garde ce n'est qu'une enfant,
Son regard si sauvage me fait baisser le mien,
Je me sens mis en cage mais je n'y peux rien.
Le vent dans les feuillages murmure doucement,
Des millions de présages qui glacent mon sang,
En moi tout se transforme, je sens trembler mes mains,
Je ne suis qu'un pauvre homme, je ne suis qu'un humain.
Tu sais petite fille la rondeur de tes seins
Et ton regard docile qui s'empare du mien
Sont un doux sacrilège pour mon coeur dénudé,
Je me sens pris, au piège, tu es apprivoisée.
Tu souris, tu me parles et ça me fait du bien,
Tu es comme un étoile, tu éclaires mon chemin.
Et je pleure de tendresse, la douceur de ta voix
Apaise ma détresse et mon coeur a moins froid.
Tu sais petite fille, rien qu'à te regarder,
Je découvre la vie et le droit d'être aimé.
Je ne suis qu'un pauvre homme, écrasé par les siens,
Je ne suis qu'un pauvre homme, je ne suis qu'un humain.
Et c'est le monde adulte qui sépare nos mains,
Ta mère qui m'insulte, elle n'y comprend rien.
Menace de gendarme, monde sans poésie.
Tu pars petite femme et j'entre dans l'oubli.
Tes cheveux qui s'éloignent, rêves assassinés,
Je regagne le bagne où je suis enfermé.
Etrange solitude qui m'envahit soudain,
La vie redevient rude, éternel, éternel quotidien.
Une petite fille sur un banc parle au vent.
© Jean-Marc LE BIHAN