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(sauf aux poètes disparus et certains auteurs-compositeurs-interprètes), ou bien ils sont envoyés spontanément par les auteurs publiés.
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Le Monde de Poetika
Site & Revue de poésie en ligne
N° ISSN : 2802-1797
Miel et dattes,
Aromates,
Pain complet :
Tu me plais.
Orangettes,
Jus de fruit :
Tu me fuis,
Inquiète.
Bonbon mou,
Gros bisou :
Tu hésites,
Interdite.
Gâteaux tendres,
Chocolat :
Je suis las
De t'attendre.
Bergamotes,
Papillotes :
L'air mauvais
Je m'en vais.
Confiture,
P'tits sablés :
Je te plais,
Tu le jures.
Sucreries,
Gâteries :
Tu m'enlaces,
Je t'embrasse.
Nougatine,
Ballotin :
Moi mutin,
Toi coquine.
Pain d'épices
Ou réglisse :
Où, folies ?
Ouf : au lit !
Beurre et crème,
Berlingot :
Tout de go
Nous on s'aime,
On se plaît,
Pain complet,
Aromates,
Miel et dattes.
© Lionel R.
Lionel R. (1956-)
Sous le pseudonyme de "Le Lion", cet Ardéchois adore jouer avec les mots. L'auteur a publié plusieurs recueils que l'on peut commander sur son site. Vous y trouverez également d'excellentes réflexions sur la poésie, des notes très pertinentes sur l'art et la manière d'écrire en poésie, le tout saupoudré d'un bon zeste d'humour.
Son site : → https://pmcr.fr/
→ Sa page Facebook
Si tu te cognes,
A ton réveil,
Sur coin de soleil,
Si celui-ci t’éborgne
Il te reste un creux,
Laissé dans l’ombre,
Celui des yeux,
Dans lequel je sombre ;
Une bouche ouverte,
A la parole brève,
Qui mène à sa perte,
Le matin, et ses lèvres.
… Profite du baiser
De la lumière :
– Il va falloir oser,
L’affronter, et se taire.
Il n’est pas besoin de paroles,
Pour embrasser le jour …
Les doigts autour des aréoles,
A faire danser l'amour.
© René CHABRIERE
René Chabrière (1956-)
Lyonnais d'origine, René Chabrière s'est installé en Lozère et se consacre quotidiennement à l'écriture. Agrégé d'arts plastiques, il s'intéresse à tout ce qui est image et réalisations visuelles et anime plusieurs blogs personnels.
Autre texte :
Tourbières et fossiles en argile
Son blog littéraire :
→ https://ecritscrisdotcom.wordpress.com/
© Christian SATGÉ
Christian Satgé (1965-)
Auteur prolifique, fabuliste et conteur éclectique, Christian Satgé est professeur d'histoire-géographie dans le département des Hautes-Pyrénées. Il a publié plusieurs recueils et près d'une quarantaine de ses textes figurent dans Le Monde de Poetika.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son blog : → https://lesrivagesdurimage.blogspot.com/
→ Sa page Facebook
Métro boulot dodo
Produit code-barre conso
Réclame média promo
Bagnole ordi frigo
Métro boulot dodo
Crédit cerise gâteau
Achète consomme accroc
Psyché narcisse égo
Métro boulot dodo
Business model schizo
Verlaine Baudelaire Rimbaud
Patate chou-fleur poireau
Métro boulot dodo
Trader vainqueur prolo
Show-biz tricard bobo
Venise Versailles Puteaux
Métro boulot dodo
Café croquette mégot
Baguette prozac suppo
Profit pognon rideau
Métro boulot tu dors ?
Tu achètes, tu consommes, et t'es mort...
© Yvan ROBBERECHTS
Yvan Robberechts (1967-)
Habitant les Hauts-de-France (Somme), Yvan Robberechts est cantonnier dans un petit village de l’Oise, « … agent communal pour payer les crédits et poète parfois quand les grenouilles se mettent à chanter… ». « Faune à pieds de bouc », il vit avec sa compagne, un chien, deux chats et des grenouilles dans la tête. Il écrit depuis peu des chansons sous la douche et des poésies sur son lit. Il travaille à son premier recueil… Il utilise aussi le pseudonyme de Margoulette.
© Christian SATGE
Christian Satgé (1965-)
Auteur prolifique, fabuliste et conteur éclectique, Christian Satgé est professeur d'histoire-géographie dans le département des Hautes-Pyrénées. Il a publié plusieurs recueils et près d'une quarantaine de ses textes figurent dans Le Monde de Poetika.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son blog : → https://lesrivagesdurimage.blogspot.com/
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Enfant perdu dans le désert des hommes
La tête découverte
Je marche dans le vent
Je cherche une voix familière
Les yeux bandés
Sur les nuits hantées de l'humanité
L'âge crépusculaire lève son glaive
De sève crue, toxique
Lacérées par la peur
Nos grandes espérances se sont tues
Les odeurs, les vestiges disparus
Pour toujours gardent leurs secrets
C'est le courage décuplé
Des grands rêveurs de terres lointaines
Qui, sur les années de veilles
A coups de poing étouffent les doutes
Devant moi
Les épouvantails de feu
Balisent le chemin escarpé
En un corridor de cendres grises
Le regard sombre
J'attends debout l'aube libératrice
Qui arrachera les terres noires
Du fond de l'abîme
© Arnaud VENDES
Arnaud Vendès (1963-)
Originaire de La Rochelle, Arnaud Vendès a fait une entrée récente en poésie. Sa rencontre avec les poésies de Saint-John Perse et Jacques Dupin a servi de déclencheur. Il a publié ses textes dans plusieurs revues en ligne, dont Recours au Poème, ShortEdition ou Poésie Première.
Autre texte :
Etreinte
Ce soir le vent est doux et clame sa douceur
En soupirs parfumés, puis frissons et caresses.
Le ciel d'éternité repose sa splendeur,
Pour éclater demain, en beauté et promesses.
Les âmes des amants, s'envolent vers les cieux.
Leurs baisers se fracturent aux bouches affamées.
Leurs Amours se lisent dans le fond de leurs yeux,
Leur corps appétissant, se livre à la volée.
Au soleil de minuit, sous les éclats nocturnes,
Dans l'espace infini, le silence s'endort.
Et seuls les longs soupirs des anges taciturnes,
Accompagnent l'Amour, des hommes aimant encor.
© Gérard BOLLON-MASO
Gérard Bollon-Maso (1947-)
Né en région parisienne, Gérard Bollon-Maso habite à Villeurbanne. Fan de poésie depuis son enfance, il écrit depuis une vingtaine d'années.
Il publie ses textes dans des revues de poésie et a deux recueils édités en 2012 et 2015.
Autres textes :
Rêves de grandeur
Banc public
Soldat adolescent
Je voulais te dire
Faire l'amour
Nuit harmonieuse
La baigneuse
Douceurs d'été
Balade en été
Son blog :
→ http://cielbleu69.eklablog.com/
Sur ton corps mimosa, mes mains jonquille
Voyagent et déroulent leurs doigts nus.
Quand, nos baisers bourgeonnent en brindille
Le printemps nous ouvre ses toits cossus.
Les rameaux chassent sur les paupières
Quelques sanglots, et les premiers bourgeons
Entrouvrent déjà leurs aumônières.
Les herbes vieillies secouent leurs chiffons.
Dans le lacis de nos phrases, la bouche
Du vent perce le matin de son sang.
Est-ce l’amour qui dort près de la souche
Où les mots se sont alignés en rang.
Pleut-il encore sur les pâquerettes.
Reste près de la fenêtre pour voir
Si le ciel dédicace ses palettes.
Ses couleurs éclairent notre boudoir.
Demain, nous irons dans chaque murmure,
Cueillir la brume assise sur notre arbre.
A chuchoter près de l’éclaboussure
Des nuages, le temps sera de marbre.
Sur ton cou primevère, mon écorce
Étreint ta peau, sur l’humus de mes bras,
Éclosent des lumières avec force.
Allons renaître dans leur taffetas.
© SEDNA
Sedna
Résidant en Charente-Maritime, Sedna a toujours eu la passion des mots. Elle aime les rimes et travaille principalement avec le Traité de Sorgel en poésie classique. Elle aime la mer, le ciel qui sont ses sources d'inspiration permanente. La sauvegarde de notre planète est l'une de ses préoccupations. Je suis une fan inconditionnelle de cette auteure.
Autres textes :
Le ressac de novembre
Le bruit de l'eau
Virus
Eclosion
Renouveau
Le temps des cerises
Ecoute l'aube
Marée haute
Planète en danger
Air marin
La poudre d'escampette
Son site :
→ http://www.cassiopee17.fr/
Je suis partagé
Entre l'envie de te dire
Tant de choses d'entre-nous
Et croquer les silences
De nos rondes échouées.
Je suis partagé
Entre rires aux effluves d'hier
Et les lèvres gercées
D'un douloureux hiver
Sur l'été de nos coeurs.
Je suis partagé
Entre un soleil d'autre monde
Et la marche vagabonde
D'hypothétiques lendemains
Forgeant les pleurs et l'amour.
Je suis partagé
Entre désir de croquer la lune
Et volonté à voler de mes ailes
De Mars au collier de Neptune
Me perdre dans le voile lacté.
Je suis partagé
Entre l'arabesque d'un saut d'ange
Et le baiser arsenic d'un poulpe fou
Je suis déchiré d'aveux délétères
Entre clarté et morne mystère.
Je suis partagé
Entre tous ces délires
Ceux de vivre et mourir
Pour toujours m'écrier
Que je n'ai cessé de t'aimer.
© Pascal FOUQUET
Pascal Fouquet (1958-)
Originaire de Normandie, cet auteur a posé ses valises en Charente-Maritime et a publié plusieurs recueils. Il a remporté le Premier Prix du concours Poetika 2017. Son site comporte des extraits de ses recueils, des citations et des vidéos poétiques.
Autres textes :
Qu'ai-je à confier au vent ?
La grève
Voeux
Couchant
Hermione
Son site Internet :
→ http://fouquetpp.wixsite.com/poesie
Il y avait dans la cave
Trois bouteilles de champagne
On déboucha la première
Quand papa revint de guerre
Pour la tante d’Angoulême
On déboucha la deuxième
Et pour la communion
De ma sœur qu’en était fière
On déboucha la troisième
Dans la cave il n’y a plus
Que de l’eau quand il a plu
La vie a tout emporté
Tout saccagé tout brisé
Il ne reste que le vent
Le vent qui souffle en tempête
Sur les choses et les gens
Vent des jours et vent de fêtes
Agitant aux trous béants
De la cave et du grenier
Les toiles des araignées
Notre tante d’Angoulême
Est morte sans héritiers
© Marcel BEALU
Marcel Béalu (1908-1993)
Ecrivain et poète français, Marcel Béalu a passé son enfance à Saumur puis s'installe à Paris où il rencontre Max Jacob. Celui-ci l'encourage en littérature et à ouvrir une librairie qui devient le lieu de rendez-vous de poètes. Il découvre le surréalisme qui aura une influence majeure sur son oeuvre poétique.
→ Sa biographie sur Wikipédia
J’ai rêvé d’être un jour, de Montmartre, un poulbot
Et que de Caulaincourt jusqu’au funiculaire
De ce Paris vivant, ce Paris populaire,
D’en rester le titi jusqu’au jour du tombeau.
J’ai rêvé que j’étais, de Montmartre, l’artiste,
Celui qui, d’un pinceau, en fleurit le carré,
Ou celui qui, le soir, du fond d’un cabaret,
Déclame son amour en une chanson triste.
J’ai tant rêvé Montmartre en une seule nuit
Que le gris des pavés est devenu lumière
Et que du Sacré-Coeur s’élève une prière
Pour Dimey et son mal de vivre son ennui.
J’ai rêvé si souvent du Montmartre bohème
Que j’ai laissé mon coeur et mes plus beaux printemps
Au village perché des poètes chantants
Et gravé sur un mur mon plus doux des je t’aime.
© Daniel LAJEUNESSE
Daniel Lajeunesse (1949-)
Originaire de l'Aisne, Daniel Lajeunesse habite aujourd'hui dans le département des Yvelines. Après une carrière dans le secteur automobile, il occupe sa retraite par de multiples activités comme la poésie, la photo, l'aquariophilie ou encore la randonnée. Il est membre de la Société des poètes français et a collaboré dans plusieurs revues poétiques. Il a aussi remporté de très nombreux prix de Poésie.
Son blog :
→ http://www.reverie-et-poesie.com/
© Frédéric COGNO
Frédéric Cogno
Autodidacte, rêveur et passionné, épris de poésie et de théâtre, Frédéric Cogno est éducateur auprès d'adultes handicapés mentaux et animateur-poète dans une maison de retraite. Il s'évertue à partager des émotions et la saveur des mots. Auteur de plusieurs recueils de poésie, il a aussi mis en scène un conte musical pour enfants.
Autres textes :
Les châtaignes
Première plume
Calceteiro
Ce baiser
Le litchi
Notre maison est seule au creux de la montagne
Où le chant d’une source appelle des roseaux,
Où le bout de jardin plein de légumes gagne
La roche qui nous tient dans son âpre berceau.
Septembre laisse choir sur les molles argiles
La pomme abandonnée aux pourceaux grassouillets.
Nous avons dû poser des cailloux sur les tuiles ;
Car la bise souvent s’aiguise aux peupliers,
Le volet bat la nuit, le crochet de la porte
Danse dans son anneau. Nous avons peur et froid.
La mare des moutons réveille son eau morte
Et soudain un caillou branlant tombe du toit.
J’aime, sous mon poirier rongé de moisissures,
Des champignons serrés voir surgir le hameau,
Un petit dahlia me plaît par ses gaufrures,
Mes brebis ont le nez et les yeux du chameau.
Notre univers s’étend au gré de notre rêve,
Le silence est mouillé par la voix du torrent,
La lune de rondeur sort quand elle se lève
D’un nid de thym perché sur les monts déclinants.
Assise dans le jour de la porte qui pose
Son reflet sur la cruche verte et le chaudron,
Pour la pomme de terre au ventre dur et rose
Je couds des sacs. Je vois blondir le potiron.
Les pruneaux violets se rident sur leurs claies,
La salade du soir est dans le seau de bois
Et des corbeaux goulus qui frôlent les futaies
Font en se querellant tomber de vieilles noix.
C’est le temps où la feuille aux ramures déborde,
La montagne nourrit des herbes de senteur,
Notre chèvre s’ennuie et tire sur sa corde
Pour atteindre aux lavandes fines des hauteurs.
Le maître près d’ici laboure un champ de pierres ;
Je vais pour son retour tremper le pain durci,
Préparer à sa faim une assiette fruitière
Et le verre où le vin palpite et s’assoupit.
Nous nous plaisons de vivre à côté de l’espace ;
Un vol d’abeilles tourne avec des cris de fleurs,
La neige qui l’été reste dans les crevasses
Semble se détacher des nuages bougeurs.
Des guêpes au long corps tettent les sorbes mûres,
La maison qui se hâle a des mousses au dos,
La cloche des béliers sonne nos heures pures.
Pour nous chauffer, sitôt que la lune a l’oeil clos,
Le soleil comme un boeuf fume dans l’aube nue ;
Car sur nos pics le ciel de lin tiède est tendu
Et notre front obscur est touché par la nue
Lorsqu’elle vient dormir dans les chênes tordus.
© Cécile SAUVAGE
Cécile Sauvage (1883-1927)
Femme de lettres française, "poétesse de la maternité", dont la poésie est vouée au bonheur, aux joies de la maternité et à la simplicité de la nature. Elle est la mère du musicien Olivier Messiaen, qu'elle éleva dans un univers féérique.
Autre texte :
Voeux simples
→ Sa biographie sur Wikipédia
Roseaux sur la rive ploient
Par la caresse du vent effleurés,
Soleil derrière l'horizon se noie
Comme par la colline subtilisé.
Lentement le jour décroît
Pour laisser place à la nuit,
Sur la berge le crépuscule se déploie
En un instant de sereine féerie.
Friselis des flots qui ondoient
En un murmure ombreux,
Lumière vespérale se fait soie
Au souffle du ciel silencieux.
© MATRIOCHKA
Matriochka
Matriochka habite la Vallée du Rhône, au bord du fleuve, et la poésie est pour elle comme ce fleuve, une ligne de vie, mais aussi un souffle libérateur, un langage qui lui permet d'exprimer ce qui vit au fond de mon âme. Une de ses devises : "Si poésie n'est partagée, elle se meurt."
Autres textes :
Matin de givre
Le papillon amoureux
J'écris ton nom
Le festin manqué
Son site :
→ https://poesie-plurielle.monsite-orange.fr/
© Laurent AYCAGUER
Laurent Ayçaguer
Poète et auteur aquitain, c'est par la musique, au lycée, en essayant de composer des paroles de chansons que Laurent Ayçaguer s'est découvert la passion des mots et de l'écriture. Il anime aujourd'hui des ateliers de poésie. Il a publié plus d'une dizaine d'ouvrages (textes + CD chansons) que vous pouvez vous procurer sur son site.
Autres textes :
Con-fi-ne-ment
Toi et moi
Son site :
→ https://www.laurentaycaguer.com/
© Georges BRASSENS
Georges Brassens (1921-1981)
Poète, chanteur, écrivain, auteur et compositeur français, Georges Brassens est l'auteur de nombreux textes qui font la fierté de la chanson française : L'Auvergnat, Les copains d'abord ou Le Gorille. Auteur de plus de 200 chansons dont plusieurs poèmes mis en musique (Victor Hugo, Verlaine, François Villon, Paul Fort, Louis Aragon...).
Autre texte :
Les radis
→ Sa biographie sur Wikipédia
→ Site dédié à Georges Brassens
Un envol de mouettes sous un ciel cabotin
Lentement disparait dans la nacre et la pluie
Sur un rocher blessé d’un mistral arrogant
Un marin noie ses larmes parmi les flots mutins
Comme la vague vive frappe les galets bleus
Son âme s’épouvante à l’orée de la nuit
Une plume crayeuse se brise sur son bras
Des mouettes se plaignent au lieudit « les baigneuses »
Regardez le marin sur son filet ridé
Les algues pirouettent enivrées par la houle
Les poissons picaresques dansent au nez du vent
Regardez le marin son œil bleu qui se saoule
Vers l’horizon lointain un bateau se dessine
Toutes voiles dehors bercées par le zéphyr
En torsades mêlées de bruns et de lumière
Une mouette mord une mèche de miel
Regardez le marin son regard s’est éteint
Regardez le marin son regard s’illumine
© Jean-Marc CHAPELET
Jean-Marc Chapelet (1960-)
Originaire de Saint-Martin-d'Hères (Isère), Jean-Marc Chapelet peint et écrit depuis l’adolescence. Il a travaillé dans un hôpital où il a occupé des fonctions d’infirmier, d’art thérapeute et de cadre. Fraîchement retraité, il se consacre à l’écriture, à la peinture et au théâtre. En 1986, il a créé, avec son frère, une association théâtrale « Théâtre de l’Asphodèle » à Saint-Martin-d’Hères.
© Marie-Christine TARTAGLIA
Marie-Christine Tartaglia
→ Sa page Facebook
© Pierre MAUDOUX
Pierre Maudoux
J’écris pour que le jour où je ne serai plus
On sache comme l’air et le plaisir m’ont plu,
Et que mon livre porte à la foule future
Comme j’aimais la vie et l’heureuse Nature.
Attentive aux travaux des champs et des maisons,
J’ai marqué chaque jour la forme des saisons,
Parce que l’eau, la terre et la montante flamme
En nul endroit ne sont si belles qu’en mon âme !
J’ai dit ce que j’ai vu et ce que j’ai senti,
D’un cœur pour qui le vrai ne fût point trop hardi,
Et j’ai eu cette ardeur, par l’amour intimée,
Pour être, après la mort, parfois encore aimée,
Et qu’un jeune homme, alors, lisant ce que j’écris,
Sentant par moi son cœur ému, troublé, surpris,
Ayant tout oublié des épouses réelles,
M’accueille dans son âme et me préfère à elles…
© Anna DE NOAILLES
Anna de Noailles (1876-1933)
Poétesse et romancière française d'origine roumaine, la comtesse Anna de Noailles passe son enfance entre Paris et le lac Léman où ses parents ont une propriété. En épousant Mathieu de Noailles, elle fait partie de la haute bourgeoisie parisienne et attire l'élite intellectuelle, littéraire et artistique dans son salon situé avenue Hoche. Son premier recueil, Le Coeur innombrable (1901) eut un succès retentissant. Elle fut la première femme commandeur de la Légion d'honneur. Son lyrisme passionné s'exalte dans une œuvre qui développe, d'une manière très personnelle, les grands thèmes de l'amour, de la nature et de la mort.
Autres textes :
Chaleur
Le temps de vivre
Les saisons et l'amour
Source : http://www.annadenoailles.org/
→ Sa biographie sur Wikipédia
Archives France Culture :
Anna de Noailles interprète ce poème en 1921
A l'aube qui s'étire,
La campagne se couvre
D'une fine couche de givre blanc,
Comme si les étoiles de la nuit
S'étaient déposées sur le sol.
Au petit jour tard levé,
Des écharpes de brume
S'accrochent aux eaux du fleuve,
Comme un voile de mystère
Flottant entre les rives dépouillées.
Dans la lumière laiteuse du ciel
Eclairé d'un pâle soleil,
Des bancs de nuages gris
Défilent et s'effilochent
Au-dessus du paysage engourdi.
Les arbres déjà dénudés
Offrent leurs dernières feuilles
Roussies par l'automne
Au vent froid de l'hiver
Qui les emporte au loin.
Matin de givre
Un jour de décembre,
L'hiver s'installe.
© MATRIOCHKA
Matriochka
Matriochka habite la Vallée du Rhône, au bord du fleuve, et la poésie est pour elle comme ce fleuve, une ligne de vie, mais aussi un souffle libérateur, un langage qui lui permet d'exprimer ce qui vit au fond de mon âme. Une de ses devises : "Si poésie n'est partagée, elle se meurt."
Autres textes :
Le papillon amoureux
J'écris ton nom
Le festin manqué
Son site :
→ https://poesie-plurielle.monsite-orange.fr/
Un sonnet sans défaut, c’est comme cuire un œuf
Qui frissonne d’abord, frémit jusqu’à bouillir
Sans presser la cuisson. En somme, c’est cueillir
L’évanescence de l’instant. « Du neuf ! Du neuf ! »
S’exalte Arthur Rimbaud qui compte jusqu’à neuf
Avant que d’un coup sec, sans même défaillir,
Mettre son âme à flot, qui ne sait point vieillir,
Dans les remuements sourds qui s’écrivent en -euf
Du bouillon maritime où le poète flotte
Tout en faisant entendre un las remous de glotte.
Son rêve est un navire ivre de traversées
Qui, dérivant, délivre un chant de liberté
Où se dessine en creux un vent de vérité
Agitant à sa proue les eaux bouleversées.
© François DEBUICHE
François Debuiche (1972-)
Titulaire d'un DUT métiers du Livre et d'un DEA en langues et littératures, François Debuiche a été successivement lecteur-correcteur indépendant pour des maisons d'édition, bibliothécaire, professeur de français, libraire et finalement publiciste. Son objectif est de créer une passerelle entre l'humour et la poésie, afin que les jeux de mots ou de langue soient colorés d'un certain lyrisme fantaisiste. Il a écrit récemment un Petit précis d'humour poétique et créé sept recueils de sonnets.
Son blog littéraire :
→ https://sonnets.webself.net/
Au milieu des épis de mots, trébuche
Le jour soumis au silence bleuté.
Déjà, je remise au fond de ma ruche
Les souvenirs et l’odeur de l’été.
Même la dernière rose vacille.
Quand le volet entrebâillé du vent
Lui déchire sans remords, sa résille,
Elle vole jusqu’à l’épuisement.
La mine défaite, l’arbre résiste,
Mais son feuillage grelotte, vaincu
Par le ressac de novembre si triste.
Je marche en vain sur un tapis déchu.
Mais, avec la braise des métaphores,
J’invente la clarté sur l’horizon.
Sous la pierre, fourmillent les aurores.
Des champs de craies attendent mon crayon.
Entre la gerçure et le rêve libre,
Point de repos pour mon cher encrier.
Je te retrouve dans les draps du givre,
Pour y camoufler le calendrier.
Loin des bourrasques du dehors, suinte
La pulpe de l’écrit, tel un frisson.
Ici, le temps se promène sans crainte.
L’espoir nous offre un si joli cocon.
© SEDNA
Sedna
Résidant en Charente-Maritime, Sedna a toujours eu la passion des mots. Elle aime les rimes et travaille principalement avec le Traité de Sorgel en poésie classique. Elle aime la mer, le ciel qui sont ses sources d'inspiration permanente. La sauvegarde de notre planète est l'une de ses préoccupations.
Autres textes
Le bruit de l'eau
Virus
Eclosion
Renouveau
Le temps des cerises
Ecoute l'aube
Marée haute
Planète en danger
Air marin
La poudre d'escampette
Son site :
→ http://www.cassiopee17.fr/
Je suis « prof » mais bien avant,
J'étais Charlie, un flic qu'on embrasse.
J'étais un moine, un prêtre, assassinés.
J'étais un journaliste,
J'étais un soldat,
J'étais un homme, une femme, un enfant
Sous les roues d'un camion.
J'étais à Nice.
J'étais au Bataclan, comme à Conflans.
J'étais heureux,
J'étais vivant,
Tout simplement.
Et puis, ils sont venus,
Avec leurs kalachnikov,
Avec leurs grands couteaux,
Avec la Haine,
Nous mitrailler, nous égorger.
Beaucoup, beaucoup trop sont tombés.
Nous avons tant pleuré.
Moi, je reste debout,
En colère et debout,
Révolté et debout,
Sidéré mais debout.
Pour VOUS, je resterai debout !
J'étais, je suis et je serai,
Avec mes mots d'Amour,
La Liberté dans la Fraternité.
© Jean MORAISIN
Jean Moraisin (1953-)
Poète, Jean Moraisin a été inspecteur de police à Douai. Il est auteur de plusieurs recueils. Il a été lauréat de nombreux concours de poésie et a remporte le Grand prix Victor-Hugo de la Société des poètes français en 2011.
→ Source : flammesvives.com
Ton cœur est un miroir où se fige mon âme ;
Ton âme : un frais boudoir aux senteurs de rut fauve ;
Ton regard : un soleil que cerne un désir mauve.
Et ta chair un beau marbre où s’alanguit ma flamme.
Alors que mon frisson de spasme, qui t’arrose.
S’épanouit au sein de la fleur noire et rose !
© Alphonse GALLAIS
Alphonse Gallais (1869-1954)
Auteur français qui a publié sous plusieurs pseudonymes. Jean-Pierre Dutel le décrit comme un poète humanitaire, socialiste, anticlérical, antimilitariste et versé dans l'occultisme. Il était très connu au début du siècle dans les brasseries à femmes de la rue Monsieur-le-Prince et dans les maisons de tolérance de la rue Mazet et de la rue Grégoire-de-Tours.
→ Source : bibliocuriosa.com
© Christian SATGÉ
Christian Satgé (1965-)
Auteur prolifique, fabuliste et conteur éclectique, Christian Satgé est professeur d'histoire-géographie dans le département des Hautes-Pyrénées. Il a publié plusieurs recueils et près d'une quarantaine de ses textes figurent dans Le Monde de Poetika.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son blog : → https://lesrivagesdurimage.blogspot.com/
→ Sa page Facebook
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
© Paul VERLAINE
Paul Verlaine (1844-1896)
Ecrivain et poète français, Paul Verlaine écrit son premier recueil (Poèmes Saturniens) à l'âge de 22 ans. Sa vie est bouleversée lorsqu'il rencontre Arthur Rimbaud. Leur vie amoureuse, tumultueuse et errante le poussera à blesser Rimbaud et il passera deux ans en prison où il écrira plusieurs recueils. Usé par l'alcool et la maladie, Verlaine meurt d'une pneumonie aiguë à 51 ans. Archétype du poète maudit, Verlaine est reconnu comme un maître par la génération suivante. Son style et la tonalité de nombre de ses poèmes révèlent, au-delà de l'apparente simplicité formelle, une profonde sensibilité, en résonance avec l'inspiration de certains artistes de l'époque.
Autres textes :
A qui de droit
Eté
Après trois ans
Chanson d'automne
Printemps
→ Sa biographie sur Wikipédia
© Henri BARON
Henri Baron (1967-)
Né à La Rochelle, Henri Baron a choisi d'exercer le métier d'instituteur. Il consacre alors une grande partie de son temps libre à l'enfance qui l'inspire tout autant qu'il essaie de lui transmettre son amour de la poésie.
Il ne se présente pas poète, mais plutôt comme un "écriveur de poèmes", un "passeur de mots", un "récréateur". Il aime bien ces expressions car après tout, en tant qu'instituteur, cela lui est même plutôt approprié, la poésie est aussi liée au temps libre...
Devenu directeur de centre de vacances et de loisirs, formateur d'animateurs, il anime des ateliers d'écriture avec des enfants et de jeunes adultes.
Autre texte :
Ecrire
Son blog :
→ https://henribaron.wixsite.com/grabouillages
Sa page Facebook :
→ https://www.facebook.com/henri.baron
Sous des cieux qui tonnent et des nues qui moutonnent,
Les ombres de l'automne, au sol se pelotonnent.
Aux branches boutonnent les bruns qui se capitonnent
D'ocres ; ors en cretonne et carmin y chantonnent.
Les marrons mitonnent un paysage que molletonnent
Des châtains et des havane où la rosée pitonne ;
Le sol bronze croutonne et les haies drues matonnent.
La terre s'enchatonne, aux pas pèse une tonne.
L'horizon se bétonne en gris et s'encartonne
Sous l'eau qui déboutonne et met à nu l'atone
D'un ciel qui gueuletonne un soleil qui bretonne.
Heures piétonnes, minutes qui tâtonnent,
Le temps autochtone s'alentit, monotone.
Dans la nuit gloutonne, le froid, le frais bâtonnent.
© Christian SATGÉ
Christian Satgé (1965-)
Auteur prolifique, fabuliste et conteur éclectique, Christian Satgé est professeur d'histoire-géographie dans le département des Hautes-Pyrénées. Il a publié plusieurs recueils et près d'une quarantaine de ses textes figurent dans Le Monde de Poetika.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son blog : → https://lesrivagesdurimage.blogspot.com/
→ Sa page Facebook
J’aurais aimé être goélette royale
Sillonner toutes les mers et les océans
Puis être célèbre, et rester dans les annales
Pour mes batailles remportées sous tous les vents
Toutes voiles dehors , tous mes canons chargés,
Combattre les pirates, chercher des trésors,
Fière de ma coque, et de pouvoir affronter
Ainsi toutes les tempêtes, du sud au nord.
Emmenée par un équipage de corsaires,
Qui combattant jusqu’à la mort pour leur pays,
Grands marins ayant écumés la terre entière,
Connus tous les peuples, et aimant cette vie.
Comme j’aurais aimé être ce beau vaisseau,
Acclamé par la foule en arrivant au port
Les cales pleines d’épices et jusqu’en haut,
De tissu de soie d’orient, de bijoux et d’or.
Excusez moi, je ne faisais que de rêver
Sur la rive entre nénuphars joncs et roseaux,
Moi la petite barque pour aller pêcher
Au milieu de l’étang, tous les matins très tôt.
© Gérard BOLLON-MASO
Gérard Bollon-Maso (1947-)
Né en région parisienne, Gérard Bollon-Maso habite à Villeurbanne. Fan de poésie depuis son enfance, il écrit depuis une vingtaine d'années.
Il publie ses textes dans des revues de poésie et a deux recueils édités en 2012 et 2015.
Autres textes :
Banc public
Soldat adolescent
Je voulais te dire
Faire l'amour
Nuit harmonieuse
La baigneuse
Douceurs d'été
Balade en été
Son blog :
→ http://cielbleu69.eklablog.com/
Un poème pour la terre
et le blé surgira
comme l’oiseau.
Un poème pour l’arbre,
et la feuille dira
le chant des sèves.
Un poème pour l’eau,
et la lumière
se peuplera de sources.
Un poème pour le chemin,
et le nuage nous apprendra
où se cachent les rêves.
Un poème pour le silence
et le vieux temps des fables
chaussera ses sabots
puisque tout sera dit.
© Christian DA SILVA
Christian Da Silva (1937-1994)
Né en Aveyron, Christian Da Silva est professeur de français et passionné de poésie. Il a milité pour que la poésie soit étudiée en milieu scolaire. Il fonde et anime la revue Verticales 12. Il a reçu le Prix Jean Malrieu en 1990.
Source :
→ Babelio
Une feuille rousse
que le grand vent pousse
dans le ciel gris-bleu,
l’arbre nu qui tremble
et dans le bois semble
un homme frileux,
une gouttelette
comme une fléchette
qui tape au carreau,
une fleur jaunie
qui traîne sans vie
dans la flaque d’eau,
sur toutes les choses
des notes moroses,
des pleurs, des frissons,
des pas qui résonnent :
c’est déjà l’automne
qui marche en sifflant sa triste chanson.
© Michel BEAU
Michel Beau
Originaire du Limousin, Michel Beau a écrit ses premiers poèmes à 11 ans. Titulaire de nombreux prix de poésie, lauréat de l'Académie française en 1969, il a publié de nombreux recueils. Il a été également directeur de la revue Visages du XXè siècle.
Source :
→ Centre Régional du Livre en Limousin
© Christian SATGE
Christian Satgé (1965-)
Auteur prolifique, fabuliste et conteur éclectique, Christian Satgé est professeur d'histoire-géographie dans le département des Hautes-Pyrénées. Il a publié plusieurs recueils et près d'une quarantaine de ses textes figurent dans Le Monde de Poetika.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son blog : → https://lesrivagesdurimage.blogspot.com/
→ Sa page Facebook
Gargantua, pour sûr, avait bonne bedaine.
Ce qui lui gonflait là, vers la chute de rein,
C’était une montagne à la couenne d’airain.
On ne lui connaissait pas la moindre fredaine.
Ni femme ni catin, nulle calembredaine.
Ne sachant imposer à sa langue de frein,
Il ne se montrait point en sauterie mondaine
Mais quel coup de fourchette ! Il croquait à grand train
Le jambon de Bayonne et les pâtés en croûte
Qui formaient en son ventre une espèce de route.
Il vous lichait un pot en trois coups de cuillère
Et suçait jusqu’à l’os la poularde rôtie ;
Puis tel qu’un clown grisé qui ferait sa sortie,
Ce goinfre de géant saluait du derrière !...
© François DEBUICHE
François Debuiche (1972-)
Titulaire d'un DUT métiers du Livre et d'un DEA en langues et littératures, François Debuiche a été successivement lecteur-correcteur indépendant pour des maisons d'édition, bibliothécaire, professeur de français, libraire et finalement publiciste. Son objectif est de créer une passerelle entre l'humour et la poésie, afin que les jeux de mots ou de langue soient colorés d'un certain lyrisme fantaisiste. Il a écrit récemment un Petit précis d'humour poétique et créé sept recueils de sonnets.
Son blog littéraire :
→ https://sonnets.webself.net/
T’as beau vieillir, Grand-Père !
Dans le creux de tes rides,
Je ne vois pas vraiment
La gueule noire des ans
Creuser leurs traits stupides.
T’as beau vieillir, Grand-Père !
Dans le bleu de tes yeux
Tu ne fais pas la tête
D’un homme qui s’entête
A vouloir être vieux.
T’as beau vieillir, Grand-Père !
T’as beau prendre des années,
De sacrés coups du sort,
Je crois bien que la mort
Ne saura te dompter.
T’as beau vieillir, Grand-Père,
Je crois que tu es tel
Que les Dieux, éternel.
T’as beau vieillir, Grand-Père !
T’as beau croiser la route
Qui conduit droit aux cieux,
Tu installes le doute
Dans leurs plans malicieux.
T’as beau vieillir, Grand-Père !
Ton œil reste inondé
De cette eau de Jouvence
Qui abreuve d’été
Les galops de l’enfance.
T’as beau vieillir, Grand-Père !
Et prendre de plein fouet
Les bourrasques du temps
Qui passe, rien n’y fait.
Tu ne vis qu’au printemps.
T’as beau vieillir, Grand-Père !
Je crois que tu es tel
Que les Dieux, immortel.
T’as beau vieillir, Grand-Père !
T’as beau blanchir ta barbe
Sur ta peau qui se fane,
Elle est une joubarbe
Qui jamais ne s’effane.
T’as beau vieillir, Grand-Père !
T’as beau baisser les yeux
Comme un roi qui pardonne,
Ton regard merveilleux,
C’est l’amour qui le donne
T’as beau vieillir, Grand-Père !
T’as beau prendre des airs
De Zeus ou Démosthène
C’est à fleur de tes chairs
Que la vie se déchaîne.
T’as beau vieillir, Grand-Père !
Je crois que tu es tel
Que les vieux, essentiel.
© Joël GRENIER
Joël Grenier
Sa page Facebook :
→ https://www.facebook.com/joel.grenier.7/
A tous mes jours vécus je songe et je resonge,
A tout cet heureux temps que ma vie a tissé,
Et par un vain rappel un instant le prolonge…
Stérile souvenir, ô pourquoi ressassé ?
Quand elle se dessèche ô qu’importe à l’éponge
Dans ses pores flétris quelle eau vive a passé ;
Qu’importe au van rompu, quand la rouille le ronge,
A travers son treillis quel grain neuf a glissé ?
Je n’ai plus de souci de ma propre mémoire
Que n’en a du vaisseau la mer compacte et noire,
Lorsque la voile blanche a disparu dans l’ouest.
Plus de souci je n’ai des heures abolies
Que n’en a le ciel clair des étoiles pâlies,
Quand l’astre qui les souffle a reparu dans l’est.
© André BERRY
André Berry (1902-1986)
Ecrivain français originaire de Bordeaux, qui a été professeur d'anglais aux lycées Charlemagne, Voltaire et Saint-Louis à Paris. Sous le pseudonyme de Alban Darbaud, il a écrit des textes et nouvelles érotiques. Il a été lauréat du Grand prix de Poésie de l'Académie française en 1957.
→ Sa biographie sur Wikipédia
J'ai peur des rues des quais du sang
Des croix de l'eau du feu des becs
D'un printemps fragile et cassant
Comme les pattes d'un insecte
J'ai peur de vous de moi j'ai peur
Des yeux terribles des enfants
Du ciel des fleurs du jour de l'heure
D'aimer de vieillir et du vent
J'ai peur de l'aile des oiseaux
Du noir des silences et des cris
J'ai peur des chiens j'ai peur des mots
Et de l'ongle qui les écrit
J'ai peur des notes qui se chantent
J'ai peur des sourires qui se pleurent
Du loup qui hurle dans mon ventre
Quand on parle de lui j'ai peur
J'ai peur, j'ai peur, j'ai peur
J'ai peur
J'ai peur du coeur des pleurs de tout
La trouille des fois la pétoche
Des dents qui claquent et des genoux
Qui tremblent dans le fond des poches
J'ai peur de deux et deux font quatre
De n'importe quand n'importe où
De la maladie délicate
Qui plante ses crocs sur tes joues
J'ai peur du souvenir des voix
Tremblant dans les magnétophones
J'ai peur de l'ombre qui convoie
Des poignées de feu vers l'automne
J'ai peur des généraux du froid
Qui foudroient l'épi sur les champs
Et de l'orchestre du Norrois
Sur la barque des pauvre gens
J'ai peur, j'ai peur, j'ai peur
J'ai peur
J'ai peur de tout seul et d'ensemble
Et de l'archet du violoncelle
J'ai peur de là-haut dans tes jambes
Et d'une étoile qui ruisselle
J'ai peur de l'âge qui dépèce
De la pointe de son canif
Le manteau bleu de la jeunesse
La chair et les baisers à vif
J'ai peur d'une pipe qui fume
J'ai peur de ta peur dans ma main
L'oiseau-lyre et le poisson-lune
Eclairent pierres du chemin
J'ai peur de l'acier qui hérisse
Le mur des lendemains qui chantent
Du ventre lisse où je me hisse
Et du drap glacé où je rentre
J'ai peur, j'ai peur, j'ai peur
J'ai peur
J'ai peur de pousser la barrière
De la maison des églantines
Où le souvenir de ma mère
Berce sans cesse un berceau vide
J'ai peur du silence des feuilles
Qui prophétise le terreau
La nuit ouverte comme un oeil
Retourné au fond du cerveau
J'ai peur de l'odeur des marais
Palpitante dans l'ombre douce
J'ai peur de l'aube qui paraît
Et de mille autres qui la poussent
J'ai peur de tout ce que je serre
Inutilement dans mes bras
Face à l'horloge nécessaire
Du temps qui me les reprendra
J'ai peur, j'ai peur, j'ai peur
J'ai peur
J'ai peur
© Allain LEPREST
Allain Leprest (1954-2011)
Poète-parolier et chanteur français, Allain Leprest est un auteur de génie, interprète magistral sur scène dans la lignée de la chanson poétique de tradition française, souvent comparé à Jacques Brel mais inclassable par son talent. Il aura été un auteur prolifique avec plus de 1 000 chansons écrites. Méconnu du grand public, Allain Leprest est pourtant reconnu et admiré par ses pairs, Jean Ferrat, Juliette Gréco, Henri Salvador, Anne Sylvestre, Claude Nougaro.
Autres textes :
Il pleut sur la mer
Ton cul est rond...
→ Sa biographie sur Wikipédia
© Alda MERINI
Alda Merini (1931-2009)
Poétesse et femme de lettres italienne, Alda Merini est considérée comme la plus grande poétesse italienne du XXe siècle. Elle écrit ses premiers poèmes à quinze ans. En 1947, elle est hospitalisée pour maladie mentale pendant un mois. Cette maladie, un trouble bipolaire, la suivra tout au long de sa vie. En 1953, elle épousa Ettore Carniti avec lequel elle a quatre enfants. Veuve en 1981, elle se remarie avec le poète Michele Pierri et s'installe à Tarente où ses troubles bipolaires réapparaissent. De retour à Milan en 1986, elle continuera d'écrire pendant une vingtaine d'années. Par choix, elle vit dans des conditions d’indigence. Les repas quotidiens lui sont apportés par les services sociaux. Dans son œuvre, elle exalte les exclus desquels elle est très proche.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Je suis un banc, un banc public
Un banc de rue et de jardin
Et j’offre, de bois ou métallique
Une assise pour les humains
Et tout au long de ces années
J’en ai subi des postérieurs
Des gros, des lourds, des fatigués
Des petits, mignons et rieurs
Des vieux tout secs et décharnés
Des jeunes tout ronds, plutôt joueurs
Des beaux de rêve qu’on aime toucher
Des mal foutus, tout en largeur
Des rebondis et bien galbés
Des plats, osseux et en longueur
Des souffreteux bien dépités
Et puis des sportifs ravageurs
Mais aussi des mal élevés
D’où émanent quelques odeurs
Et quelques sons mal contrôlés
Laisser aller de leurs auteurs
Et y a encore les mal lavés
Ceux tout fripés plein de rougeurs
Ne parlons pas des obsédés
Des p’tits coquins et des farceurs
Je suis un banc, un banc public
Voyez un peu la vie que j’mène
Obligé de rester stoïque
Mais tous ces culs, ben je les aime.
© Géard BOLLON-MASO
Gérard Bollon-Maso (1947-)
Né en région parisienne, Gérard Bollon-Maso habite à Villeurbanne. Fan de poésie depuis son enfance, il écrit depuis une vingtaine d'années.
Il publie ses textes dans des revues de poésie et a deux recueils édités en 2012 et 2015.
Autres textes :
Soldat adolescent
Je voulais te dire
Faire l'amour
Nuit harmonieuse
La baigneuse
Douceurs d'été
Balade en été
Son blog :
→ http://cielbleu69.eklablog.com/
Gey dans le coeur des larmes qui pleurent.
J'veux dire que mes larmes sont pleines de larmes,
Gey le vide vide qui me désarme
Parce que je t'aime encore
Gey ton regard, il me regarde
Et tes cheveux de jais, mon si bel oiseau
Gey tes caresses, ta bouche sur ma peau
Parce que je t'aime encore
Gey pas compris, pourtant je dois comprendre
Tu es partie, tu en avais le droit
Plus je t'oublie et plus je pense à toi
Parce que je t'aime encore
Je fais le pitre, ça fait rire les gosses
Le clown est triste, il ne le montre pas
Ton amitié jamais ne me consolera
Parce que je t'aime encore
Gey la douleur de l'enfant sous les bombes
Par désespoir ne rien me souvenir
Et par tendresse ne plus faire souffrir
Parce que je t'aime encore
Gey dans le coeur des larmes qui pleurent.
J'veux dire que mes larmes sont pleines de larmes
Gey le vide vide qui me désarme
Parce que je t'aime encore
Parce que je t'aime...
© Jean-Marc LE BIHAN
Jean-Marc Le Bihan (1953-2019)
Chanteur de rue pendant plus de vingt ans, Jean-Marc Le Bihan a l'écriture populaire proche des gens. Il n'écrit que sur ce qui le touche sans souci de plaire ou d'aller dans le sens du poil. Il parle « des vieux qui s'aiment », de la terre qu'on pourrit, des gens sans importance. Il renoue avec des traditions de chansons populaires diverses comme la rue, le concert, les anniversaires et aussi les veillées : veillées-appartement,
veillées-quartiers, avec chaque fois un public désireux de « participer », c'est-à-dire écouter, discuter, débattre, chanter. Un rien suffit pour l'inspirer. Ancré à Lyon, il dirigera un café-théâtre puis un café-concert à la Croix-Rousse. Il déambulera aussi à Marseille, Avignon, en Belgique et autres territoires de France et de Navarre. Consécration et reconnaissance pour cet artiste dont le nom figure sur le "Mur des Canuts" (plus grande fresque murale d'Europe), à Lyon Croix-Rousse, depuis avril 2013.
Son site :
→ http://jeanmarc.lebihan.free.fr/
En latin en chinois en letton
à mille voix à l’unisson
en rime ou sans raison
de trente-six façons
je vais te dire
te dire que je t’aime.
Guirlandes et flonflons
serpentins et lampions
flûtes et accordéon
de trente-six façons
je vais te dire
te dire que je t’aime.
De trente-six façons
et même un peu plus
parce que
quand on aime
on ne compte pas
oh non
on ne compte pas.
Alors commençons :
je t’aime comme ci
et comme ça
salsifis
et rutabaga
salé poivré
très épicé
grillé doré
ou crudités
salade de fruits
pizza raviolis
ananas et poule au riz
sans oublier
trois cuillerées
de crème fouettée
Ah oui
l’amour me donne
de l’appétit
© Bernard FRIOT
Bernard Friot (1951-)
Ecrivain français et auteur de livres pour la jeunesse auprès de plusieurs éditeurs. Il a été enseignant de lettres dans un collège à Lille puis responsable du Bureau du livre de jeunesse à Francfort en Allemagne pendant quatre ans. Aujourd'hui, après avoir travaillé dans plusieurs villes de France, il s'est installé à Besançon où il se consacre à l'écriture et à la traduction française de livres allemands pour la jeunesse. À ce jour, il a écrit plus d'une trentaine d'ouvrages destinés aux adolescents ou aux enfants.
Autre texte :
Amour froissé
Son blog :
La Fabrique à histoires de Bernard Friot
→ Sa biographie sur Wikipédia
Je respire où tu palpites,
Tu sais ; à quoi bon, hélas !
Rester là si tu me quittes,
Et vivre si tu t’en vas ?
À quoi bon vivre, étant l’ombre
De cet ange qui s’enfuit !
À quoi bon, sous le ciel sombre,
N’être plus que de la nuit ?
Je suis la fleur des murailles
Dont avril est le seul bien.
Il suffit que tu t’en ailles
Pour qu’il ne reste plus rien.
Tu m’entoures d’auréoles ;
Te voir est mon seul souci.
Il suffit que tu t’envoles
Pour que je m’envole aussi.
Si tu pars, mon front se penche ;
Mon âme au ciel, son berceau,
Fuira, car dans ta main blanche
Tu tiens ce sauvage oiseau.
Que veux-tu que je devienne,
Si je n’entends plus ton pas ?
Est-ce ta vie ou la mienne
Qui s’en va ? Je ne sais pas.
Quand mon courage succombe,
J’en reprends dans ton cœur pur ;
Je suis comme la colombe
Qui vient boire au lac d'azur.
L'amour fait comprendre à l'âme
L'univers, salubre et béni ;
Et cette petite flamme
Seule éclaire l'infini
Sans toi, toute la nature
N'est plus qu'un cachot fermé,
Où je vais à l'aventure,
Pâle et n'étant plus aimé.
Sans toi, tout s'effeuille et tombe ;
L'ombre emplit mon noir sourcil ;
Une fête est une tombe,
La patrie est un exil.
Je t'implore et réclame ;
Ne fuis pas loin de mes maux,
O fauvette de mon âme
Qui chantes dans mes rameaux !
De quoi puis-je avoir envie,
De quoi puis-je avoir effroi,
Que ferai-je de la vie
Si tu n'es plus près de moi ?
Tu portes dans la lumière,
Tu portes dans les buissons,
Sur une aile ma prière,
Et sur l'autre mes chansons.
Que dirai-je aux champs que voile
L'inconsolable douleur ?
Que ferai-je de l'étoile ?
Que ferai-je de la fleur ?
Que dirai-je au bois morose
Qu'illuminait ta douceur ?
Que répondrai-je à la rose
Disant : " Où donc est ma soeur ?"
J'en mourrai ; fuis, si tu l'oses.
A quoi bon, jours révolus !
Regarder toutes ces choses
Qu'elle ne regarde plus ?
Que ferai-je de la lyre,
De la vertu, du destin ?
Hélas ! et, sans ton sourire,
Que ferai-je du matin ?
Recueil " Les Contemplations "
Victor Hugo (1802-1885)
Poète, dramaturge, prosateur et dessinateur romantique français, Victor Hugo est considéré comme l'un des plus grands écrivains de langue française. Il est aussi une personnalité politique et un intellectuel engagé. Homme de théâtre, il est l'un des chefs de fil du romantisme français. Il a fortement contribué au renouveau de la poésie et du théâtre.
Autres textes :
Elle passa
Printemps
Elle avait pris ce pli
Il fait froid
Premier Mai
Demain dès l'aube
→ Sa biographie sur Wikipédia
Aux sables en repos que la marée délaisse
Vient mourir sur la grève une pièce de bois,
Venue peut-être là de la nef d’un grand roi
Comme d’un frêle esquif accablé de vieillesse.
Que tu sois d’un vaisseau de tant et tant de pièces
Ou du pauvre canot d’un vieux pêcheur d’anchois,
Que la poudre ou l’écueil aient eu raison de toi,
Diras-tu les émois de ta prime jeunesse ?
Déjà le flot grondeur sous les vents revenus
Recouvrait les sables des grands espaces nus
Lorsqu’une faible voix déclarait en substance :
- Sachez que je ne fus coque d’aucun vaisseau,
Mais qu’à ces reliquats jadis pendaient des os,
Dit le morceau de bois, - ainsi, je fus potence.
© Jean-Claude PAILLOUS
Jean-Claude Paillous (1945-)
Originaire d'Albi, ce Toulousain d'adoption est devenu sur le tard un passionné de littérature et a commencé à écrire des nouvelles et de la poésie. Il participe à des ateliers d'écriture et a créé plusieurs blogs à thèmes variés comme la nature et la randonnée, la musique ou encore la photo.
Son blog :
→ La chanson grise
La mer se souvient-elle de nos pas.
Le temps traîne la patte au crépuscule.
Des embruns iodés esquissent tes bras,
Enserrant mon cœur dans leur particule.
Jusqu’au rocher, le ressac cristallin
Fouille l’été allongé sur le sable.
Des vagues bleutées servent de tremplin
Aux lueurs couvrant le sel de ma fable.
L’heure s’engouffre dans le souvenir
Comme tétanisée par la braise
Où s’enflamme chacun de mes soupirs.
Je les ai pourtant cachés dans la glaise.
Même si la brise assiège les mots,
Dans les syllabes endormies, galope
La marée puisant ses vieux ragots
Dans les ébats froissés de la syncope.*
D’autres clameurs confinées dans un coin
Traversent la chair de mon écriture,
Dissipant le silence de leurs mains.
Dehors, le phare rougit son armure.
Si le bruit de l’eau tapisse le soir,
Je conserve l’écume où tu sommeilles.
Entre toi et moi, la ligne d’espoir
Flotte, avec mon poème, en sa corbeille.
© SEDNA
* le mot “syncope” utilisé ici comme rhétorique de poésie
Sedna
Résidant en Charente-Maritime, Sedna a toujours eu la passion des mots. Elle aime les rimes et travaille principalement avec le Traité de Sorgel en poésie classique. Elle aime la mer, le ciel qui sont ses sources d'inspiration permanente. La sauvegarde de notre planète est l'une de ses préoccupations.
Autres textes
Virus
Eclosion
Renouveau
Le temps des cerises
Ecoute l'aube
Marée haute
Planète en danger
Air marin
La poudre d'escampette
Son site :
→ http://www.cassiopee17.fr/
C’est l’été. Le soleil darde
Ses rayons intarissables
Sur l’étranger qui s’attarde
Au milieu des vastes sables.
Comme une liqueur subtile
Baignant l’horizon sans borne,
L’air qui du sol chaud distille
Fait trembloter le roc morne.
Le bois des arbres éclate.
Le tigre rayé, l’hyène,
Tirant leur langue écarlate,
Cherchent de l’eau dans la plaine.
Les éléphants vont en troupe,
Broyant sous leurs pieds les haies
Et soulevant de leur croupe
Les branchages des futaies.
Il n’est pas de grotte creuse
Où la chaleur ne pénètre.
Aucune vallée ombreuse
Où de l’herbe puisse naître.
Au jardin, sous un toit lisse
De bambou, Sitâ sommeille :
Une moue effleure et plisse
Parfois sa lèvre vermeille.
Sous la gaze, d’or rayée,
Où son beau corps s’enveloppe,
En s’étirant, l’ennuyée
Ouvre ses yeux d’antilope.
Mais elle attend, sous ce voile
Qui trahit sa beauté nue,
Qu’au ciel la première étoile
Annonce la nuit venue.
Déjà le soleil s’incline
Et dans la mer murmurante
Va, derrière la colline,
Mirer sa splendeur mourante.
Et la nature brûlée
Respire enfin. La nuit brune
Revêt sa robe étoilée,
Et, calme, apparaît la lune.
Charles Cros (1842-1888)
Poète et inventeur français, qui a notamment découvert un procédé de photographie en couleurs, mais aussi un modèle de phonographe.
Autres textes :
Sonnet
Avenir
Liberté
→ Sa biographie sur Wikipédia
Tout luit, tout bleuit, tout bruit.
Le jour est brûlant comme un fruit
Que le soleil fendille et cuit.
Chaque petite feuille est chaude
Et miroite dans l’air où rôde
Comme un parfum de reine-claude.
Du soleil comme de l’eau pleut
Sur tout le pays jaune et bleu
Qui grésille et oscille un peu.
Un infini plaisir de vivre
S’élance de la forêt ivre,
Des blés roses comme du cuivre.
Anna de Noailles (1876-1933)
Poétesse et romancière française d'origine roumaine, la comtesse Anna de Noailles passe son enfance entre Paris et le lac Léman où ses parents ont une propriété. En épousant Mathieu de Noailles, elle fait partie de la haute bourgeoisie parisienne et attire l'élite intellectuelle, littéraire et artistique dans son salon situé avenue Hoche. Son premier recueil, Le Coeur innombrable (1901) eut un succès retentissant. Elle fut la première femme commandeur de la Légion d'honneur. Son lyrisme passionné s'exalte dans une œuvre qui développe, d'une manière très personnelle, les grands thèmes de l'amour, de la nature et de la mort.
Autres textes :
Le temps de vivre
Les saisons et l'amour
Source : http://www.annadenoailles.org/
→ Sa biographie sur Wikipédia
Le ciel s'est endormi sur l'aile bleue du vent
Qui passe, inachevée, dans l'ombre des collines
Où le chemin se cache, où le soir qui descend
Touche de son écho la mousse des ravines.
Alors, comme envoûté par la danse des fées,
Le ciel a voyagé sur l'aile bleue du vent
Jusqu'au fond des vallons des ultimes contrées
Où la main peut saisir la grâce d'un instant.
La lune, enveloppée de son tulle d'argent,
Laisse à peine entrevoir ses ondes minérales :
Le ciel a tant rêvé sur l'aile bleue du vent
Qu'il a frôlé le seuil des aubes sidérales.
Quand la brume a penché sur ses rives lointaines
L'évanescent frisson du matin frémissant,
Quand l'herbe neuve a bu la pierre des fontaines,
Le ciel s'est réveillé sur l'aile bleue du vent.
© OMBREFEUILLE
Le poème est un faux maillet.
Ombrefeuille
Amoureuse de la langue française dans tous ses états, de Ronsard, Baudelaire, Hugo ou Verlaine, du slam et du rap. Elle aime le mouvement dans le trait, l'ombre dans la lumière, le tumulte caché dans le silence.
Autres textes :
Coccinelle au jardin
La voix de l'océan
Ses autres poèmes sur ce site :
→ https://poesie-plurielle.monsite-orange.fr/
S’il pleuvait des larmes
Lorsque meurt un amour
S’il pleuvait des larmes
Lorsque des coeurs sont lourds
Sur la terre entière
Pendant quarante jours
Des larmes amères
Engloutiraient les tours
S’il pleuvait des larmes
Lorsque meurt un enfant
S’il pleuvait des larmes
Au rire des méchants
Sur la terre entière
En flots gris et glacés
Des larmes amères
Rouleraient le passé
S’il pleuvait des larmes
Quand on tue les coeurs purs
S’il pleuvait des larmes
Quand on crève sous les murs
Sur la terre entière
Il y aurait déluge
Des larmes amères
Des coupables et des juges
S’il pleuvait des larmes
Chaque fois que la mort
Brandissant ses armes
Fait sauter des décors
Sur la terre entière
Il n’y aurait plus rien
Que les larmes amères
Des deuils et du destin.
© Boris VIAN
Boris Vian (1920-1959)
Ecrivain, poète, parolier, directeur artistique, musicien de jazz... Boris Vian, dont l'oeuvre littéraire fut peu appréciée de son vivant, est saluée par la jeunesse dès les années 1960-1970. L'Écume des jours en particulier, avec ses jeux de mots et ses personnages à clef, est passé à la postérité. Il est désormais un classique, qu'on étudie souvent dans les collèges et les lycées.
Autres textes :
La java des bombes atomiques
Ils cassent tout
Je bois
Si les poètes étaient moins bêtes
Le déserteur
→ Sa biographie sur Wikipédia
Une douleur aiguë transperça sa poitrine,
Stoppé dans son élan, trébucha, étonné,
Il tomba sur le sol au bas de la colline
Les yeux tout grands ouverts sur le ciel étoilé.
Sa vie s’enfuyait tel l’air d’un ballon crevé,
Il posa sa main comme pour la retenir
Sur le trou rond et rougi de son corps violé,
Et il sut qu’à cet instant il allait mourir.
Alors surgirent des images un peu floues,
Elles défilaient saccadées dans un rythme fou,
Comme dans un vieux film muet en noir et blanc.
Toute son enfance, les filles, les copains,
Les conneries, les cuites, les Amours naissants ;
Il ferma les yeux, maintenant tout était loin.
© Gérard BOLLON-MASO
Illustration : GregM
Gérard Bollon-Maso (1947-)
Né en région parisienne, Gérard Bollon-Maso habite à Villeurbanne. Fan de poésie depuis son enfance, il écrit depuis une vingtaine d'années.
Il publie ses textes dans des revues de poésie et a deux recueils édités en 2012 et 2015.
Autres textes :
Je voulais te dire
Faire l'amour
Nuit harmonieuse
La baigneuse
Douceurs d'été
Balade en été
Son blog :
→ http://cielbleu69.eklablog.com/
Autoniver et printété
C'est le bicycle des saisons
Oubliant toute gravité
La Terre ne tourne plus rond.
Les mots se percutent, s'encastrent
Au sens propre défigurés
Incommunicable désastre
Du langage dénaturé.
On économme l'écriture
On réductionne le dico
On taille, on jette aux dépodures
Les lettres usagées des vieux mots
Et nous passagers sages sages
Passifs dans nos canapéros
Irrésistants à l'élangage
Fini de se payer de mots
Ouvrons les yeux fermons la porte
Aux colporteurs du baragouin
Qu’il reste à jamais lettre morte
Donnons pas notre langue aux chiens
Il faut l’écrire en toutes lettres
et appeler un mot un mot
Prenons les au pied de la lettre
Ils n'auront pas le dernier mot.
© Antoine BIAL
Antoine Bial
Poésie, dérision, parodie et humour : on retrouve les textes d'Antoine Bial sur divers plateformes destinées aux enfants. Ainsi que sur son blog :
→ Son blog
Tu sommeilles ; je vois tes yeux sourire encor.
Ta gorge, ainsi deux beaux ramiers prennent l’essor,
Se soulève et s’abaisse au gré de ton haleine.
Tu t’abandonnes, lasse et nue et tout en fleur,
Et ta chair amoureuse est rose de chaleur.
Ta main droite sur toi se coule au creux de l’aine,
Et l’autre sur mon coeur crispe ses doigts nerveux.
Ce taciturne émoi flatte ma convoitise.
Ta bouche est entrouverte et ton souffle m’attise
Et le mien qui s’anime agite tes cheveux.
Vivant sachet rempli de nard, de myrrhe et d’ambre,
Tu répands tes parfums irritants dans la chambre.
Je te respire avec ivresse en caressant,
Comme un sculpteur modèle une onctueuse argile,
Ton corps flexible et plein de jeune bête agile.
La lumière étincelle à tes cils, et le sang
Peint une branche bleue à ta tempe fragile.
La courbe qui suspend à l’épaule ton sein
Emprunte aux purs coteaux nocturnes leur dessin.
Ta peau ferme a le grain du marbre et de la rose ;
Et moi je dis tout bas, pendant que je repose
Mon regard amoureux sur tes charmes choisis :
« La gazelle couchée au frais de l’oasis
N’est pas plus douce à voir que la femme endormie,
Et les lys du matin jalousent mon amie ».
Charles Guérin (1873-1907)
Poète français, Charles Guérin préfère la poésie à ses études de lettres à la Faculté de Nancy. Il publie trois recueils et au cours de ses nombreux séjours à Paris, il fréquente les cercles littéraires à la mode, en particulier celui de José Maria de Hérédia. Il se consacre entièrement à la littérature, écrit de nombreux poèmes, dont beaucoup ne seront jamais publiés, un projet de roman, des notes diverses de voyage... et collabore également à plusieurs revues. D'une sensibilité mélancolique et de santé fragile, le jeune poète meurt prématurément d'une tumeur au cerveau à l'âge de 33 ans.
→ Sa biographie sur Wikipédia
J’écris
parfois sur mes paupières
« fermé pour cause de rêve ».
J’écris
parfois sur mes lèvres
« fermé pour cause d’ennui ».
J’écris
parfois sur mes mains
« fermé pour cause de guerre ».
J’écris
souvent sur ma boutique
« fermé pour cause de poésie ».
J’écris
parfois sur ma poitrine
« fermé pour cause d’amour ».
© Gérard LE GOUIC
Gérard Le Gouic (1936-)
Poète et écrivain français, Gérard Le Gouic est né en 1936 à Paris, où il a vécu jusqu'à son départ pour l'Afrique. Il rencontra le poète Maurice Fombeure comme professeur au collège Lavoisier de Paris. Puis pendant un séjour de dix ans en Afrique, il se lie d'amitié avec Henri Queffelec. Il revient régulièrement en vacances en Bretagne, contrée d'origine de ses parents, et s'y installe définitivement dès 1969 où il créé sa propre maison d'édition.
Autre texte :
Cairn de Barnenez
→ Sa biographie sur Wikipédia
Tous les baisers
Qu’on m’a donnés
Toutes les bulles de tendresse
et tous mes colliers de caresses
j’en fais la collection…
Peut-être il poussera
Des forêts d’arbres à bises
Des buissons tendres de murmures
Un hérisson aux doigts très doux
Lorsque je sèmerai
Ma collection, en mai!
Tous les baisers
Qu’on m’a donnés
Toutes les bulles de tendresse
et tous mes colliers de caresses
Je les garde bien au doux
dans un beau coffret à bisous.
© Christian POSLANIEC
Christian Poslaniec (1944-)
Ecrivain français, spécialiste de la littérature d'enfance et de jeunesse, Christiane Poslaniec a enseigné le français et a été chercheur à l'Institut national de recherche pédagogique. Il a aussi publié de nombreux essais et études pédagogiques, mais aussi de romans, albums, poèmes, nouvelles, documentaires, polars et pièces de théâtre.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Je voulais te parler d’Amour
Et même te l’écrire aussi
Ce n’était pas un long discours
Juste quelques mots très jolis
Je les avais bien préparés
Bien étudiés et bien choisis
Pour une phrase bien ciselée
Dans des textes de poésies
Je voulais te parler d’Amour
Te dire des mots du fond du cœur
Et en attendant ton retour
Je les avais appris par cœur
J’étais prêt, je me sentais bien
Je me voyais déjà avec toi
Heureux, te tenant par la main
Mes yeux dans ton regard bleu-roi
Déclamant avec emphase
Ces mots passion, ces mots ardents
J’aurais lu sur ton visage
Joie et bonheur, resplendissant
Mais, maintenant face à toi
Je suis muet, paralysé
Mes jolis mots, je suis sans voix
Eh bien, je les ai oubliés
Timide, je n’ai pas osé
Alors, en me serrant la main
Souriante, tu t’es éloignée
Mais promis, j’essaierai demain.
© Gérard BOLLON-MASO
Gérard Bollon-Maso (1947-)
Né en région parisienne, Gérard Bollon-Maso habite à Villeurbanne. Fan de poésie depuis son enfance, il écrit depuis une vingtaine d'années.
Il publie ses textes dans des revues de poésie et a deux recueils édités en 2012 et 2015.
Autres textes :
Banc public
Soldat adolescent
Faire l'amour
Nuit harmonieuse
La baigneuse
Douceurs d'été
Balade en été
Son blog :
→ http://cielbleu69.eklablog.com/
Je t’aimais
Dans l’orage des sèves
Je t’aime
Sous l’ombrage des ans
Je t’aimais
Aux jardins de l’aube
Je t’aime
Au déclin des jours
Je t’aimais
Dans l’impatience solaire
Je t’aime
Dans la clémence du soir
Je t’aimais
Dans l’éclair du verbe
Je t’aime
Dans l’estuaire des mots
Je t’aimais
Dans les foucades du printemps
Je t’aime
Dans l’escapade des saisons
Je t’aimais
Aux entrailles de la vie
Je t’aime
Aux portails du temps.
© Andrée CHEDID
Andrée Chedid (1920-2011)
Femme de lettres et poétesse française d'origine syro-libanaise. Elle déclare son humanisme entre autres avec son livre Le Message, écrit en 2000, en écrivant sa colère envers la guerre et la violence, à travers deux amants séparés par ces guerres. Les héroïnes de ses œuvres sont décidées, prêtes à tout pour atteindre leur objectif.
Autre texte :
Visages
→ Sa biographie sur Wikipédia
Autour du toit qui nous vit naître
Un pampre étalait ses rameaux ;
Ses grains dorés, vers la fenêtre,
Attiraient les petits oiseaux.
Ma mère, étendant sa main blanche,
Rapprochait les grappes de miel,
Et les enfants suçaient la branche,
Qu’ils rendaient aux oiseaux du ciel.
L’oiseau n’est plus, la mère est morte ;
Le vieux cep languit jaunissant,
L’herbe d’hiver croît sur la porte,
Et moi je pleure en y pensant.
C’est pourquoi la vigne enlacée
Aux mémoires de mon berceau,
Porte à mon âme une pensée,
Et doit ramper sur mon tombeau.
Alphonse de Lamartine (1790-1869)
Poète, romancier, dramaturge français, ainsi qu'une personnalité politique qui participa à la Révolution de février 1848 et proclama la Deuxième République.
Autres textes :
Le moulin au printemps
La branche d'amandier
→ Biographie détaillée sur Wikipédia
Comme elle me semble douce, ma belle république,
Celle où voici longtemps bien des vents se calmèrent,
Quand de nos soleils fous aux cent plaines nordiques
Robespierre et Danton d’ennemis furent frères.
Comme elle me semble belle, ma France des flonflons,
Celle qui sait danser sur mille accordéons,
Lorsque de nos villages aux confins de Paname
Un seul peuple festoie de bon cœur et d’une âme !
Comme elle me semble forte, ma belle aux artifices,
Celle où l’on célèbre La Bastille tombée
Aux rythmes des canons et d’idées malmenées,
Quand chaque bourgade fait de Versailles office…
Comme j’aime observer les étoiles explosées
En ciel bas de Bourgogne ou clément en Olonne,
Lorsque rient les enfants à la lune étonnée
Par tout ce déploiement de Lille à ma Gascogne.
Comme j’aime drapeau et me sens cocardière,
Quand des Champs Élysées à notre Cannebière
Métissages dansant font résonner campagnes,
Et que coulent pastis, pinot noir et champagne.
Nul ne m’enlèvera ma ferveur citoyenne :
Je me sens Marianne et te salue, ma France !
Accorde-moi encore cette dernière danse ;
Au quatorze juillet ton histoire est la mienne.
© Sabine AUSSENAC
Sabine Aussenac (1961-)
Professeure agrégée d'allemand, blogueuse, romancière et poétesse française, Sabine Aussenac est aussi novelliste et auteure de poèmes plusieurs fois primés.
Son blog de poésie :
→ http://www.poesie-sabine-aussenac.com/
La mer m’a versé son breuvage,
Son lait, salé d’un sel amer ;
Et j’ai grandi comme un sauvage
Sur le sein libre de la mer.
La mer de ses rudes caresses
A pétri mon cœur et ma chair ;
Ce sont de farouches tendresses
Que les tendresses de la mer.
La mer m’a chanté l’aventure,
L’espace, la vie au grand air.
Je suis un goéland de mâture,
Un goéland, fils de la mer !
Et si, dans ma chambre bretonne,
Un souffle passe, large et fier,
C’est qu’en moi gémit, hurle et tonne
L’âme innombrable de la mer.
Anatole Le Braz (1859-1926)
De son vrai nom Anatole Le Bras, écrivain et folkloriste français de langue bretonne, il n'a publié qu'en français alors qu'il maîtrisait le breton dans lequel il a écrit des poésies restées pour la plupart inédites. Il a participé comme conférencier lors de nombreuses tournées au lancement de l'Alliance Française aux Etats-Unis.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Lorsque je me suis éveillé
tu n’étais plus à mes côtés
Il faisait nuit, c’était l’été
J’ai gravi le petit escalier qui mène dans un roulis
sur le pont de bateau de notre maison
Tu n’étais pas dans la cuisine, tu n’étais pas dans le salon
Une porte était restée entrouverte
je l’ai poussée comme un soupir
L’ombre de l’oranger a mangé mon visage
Tu dormais dans le jardin
sur un grand drap bleu de nuit
Le vent jouait encore avec les étoiles
Un instant, j’ai vu la branche de jasmin
venir effleurer ton corps
Je n’ai pas dit La vie est belle
Elle était belle, et je n’ai pu la retenir
qu’en posant sur ta peau les doigts de rose d’un poème.
© Bruno DOUCET
Bruno Doucet (1961-)
Ecrivain et éditeur de poésie, Bruno Doucet est auteur d'anthologies, de récits et de poèmes qui ont accompagné des expositions de peinture en France et à l'étranger. En 2010, il fonde avec sa compagne, Muriel Szac, les Editions Bruno Doucey.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Mes nuits blanches ne sont pas blanches, à peine claires
Semées d’étoiles
Petits trous dans la toile étanche
Tristes strass sur le voile
Et moi, envoûtée de ténèbres
Je passe des heures infinies
À compter les moutons funèbres
Qui tapissent mes insomnies
Ah minuit est là
Ah je ne dors pas
Et moins je dors et plus je pense
Et plus je pense et moins j’oublie
L’immense impasse, l’espace immense
Qui s’étendent au fond de mon lit
C’est inouï tous ces silences
Qu’il est cosmique cet ennui
Dois-je recourir à la science?
Anesthésier l’insomnie?
Ah minuit est là
Ah je ne dors pas
Et puis passé minuit je danse
Au rythme des tachycardies
Et tout s’emballe et tout balance
Et tout m’étale et tout me fuit
La lune est un fruit un peu rance
La vie est une maladie
Ceux qui rêvent ont bien de la chance
Et les autres ont des insomnies
Ceux qui rêvent ont bien de la chance
Et les autres ont des insomnies
Ceux qui rêvent ont bien de la chance
Quant à moi j’ai des insomnies
Ah minuit est là
Ah je ne dors pas
Ah minuit est là
Ah je ne dors pas
Je ne dors pas
Je ne dors pas
Je ne dors pas
© Claire POMMET (POMME)
Claire Pommet (1996-)
Claire Pommet, dite Pomme, née le 2 août 1996 à Lyon, est une auteure-compositrice-interprète française. En 2020, son album Les Failles est sacré album révélation de l'année lors de la 35ᵉ cérémonie des Victoires de la musique.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Te dévêtir
aller vers encore plus de lumière et de brûlure
alors que tu m’aveugles déjà
et que tout de moi se calcine.
Et pourtant
il faut bien après cent chevauchées
que les nues de ma foudre
descendent vers la terre.
Il faut bien que je tombe
adorer tes genoux
et toucher la tiédeur scandaleuse
de ce nid de soleils.
© Alain BORNE
Alain Borne (1915-1962)
Poète français, Alain Borne a été avocat à Montélimar. Louis Aragon salua son lyrisme dès 1942. Relativement ignoré des milieux littéraires parisiens, il était cependant très lié avec Marc Seghers. Il trouva la mort dans un accident de voiture, à une cinquantaine de kilomètres au nord d'Avignon. La moitié de son œuvre a paru depuis.
Autre texte :
Une main touche une jupe
→ Sa biographie sur Wikipédia
On ne guérit jamais du départ de sa mère…
Partie tout doucement sur la pointe des pieds
Vers un étrange port qu’on voudrait oublier
Mais revenant sans cesse avec un goût amer.
Lorsque la nuit descend, à l’heure où tout repose
Devant le firmament ma plaie se cicatrise
Il me semble soudain qu’une ombre s’amenuise
Dans cet épais brouillard qui nimbe toute chose.
Absence insoutenable ! …et silence trop lourd…
Mystérieux voyage d’aller sans retour…
Où vont nos pauvres coeurs, vers quelle apothéose ?…
Se rassembleront-ils en un sublime éther ?
Bouquets de chrysanthèmes ou bien gerbes de roses
S’endormiront aussi sur la dalle de pierre.
© Jacqueline COMMARD
Jacqueline Commard
Jacqueline Commard est née à Angers. Elle est membre de plusieurs Académies littéraires et a obtenu, au fil des années de création poétique, de nombreuses distinctions de poésie. Elle participe également à plusieurs revues ou anthologies poétiques depuis de nombreuses années et a publié plusieurs recueils. Pour elle, la poésie est une fenêtre toujours ouverte qui permet de s’oxygéner, de valoriser ce qui semble banal et de sublimer le beau. Elle aide aussi à se poser un instant au bord de son chemin de vie pour… tout simplement admirer !
Autre texte :
Fructidor
Ma mère m’a mis au monde en un coin du Sud cruel
Et je suis noir. Mais mon âme, elle est blanche, vous savez !
Le petit Anglais est blanc. Blanc comme un ange du ciel.
Moi, je suis noir. Comme si la lumière avait manqué.
Au pied d’un arbre accroupie, ma mère m’a enseigné
En guettant à l’horizon la chaleureuse clarté.
Elle m’ouvrait ses genoux, me serrait et m’embrassait
Puis, le doigt vers l’orient, soudain elle me disait :
Vois s’élever le soleil ! Dieu est là-bas. Et c’est lui
Qui sur le monde répand la chaleur et la lumière.
Et les arbres et les fleurs, et les hommes et les bêtes
Reçoivent l’espoir de l’aube et la joie du plein midi.
Si nous avons, ici-bas, pour quelque temps vu le jour,
C’est pour apprendre â subir les chauds rayons de l’Amour.
Nous ne sommes rien de plus, corps bronzés, visages sombres
Que nuages dans le ciel ou, dans les bois, un peu d’ombre.
Lorsque nos âmes sauront supporter cette chaleur,
Les nuages auront fui et nous entendrons Sa voix :
« Mon bien aimé, sors du bois des ombres ; réjouis-toi
Près de ma tente dorée, comme les agneaux sans peur ».
Oui, voilà ce que ma mère en m’embrassant me disait
Et je me disais ceci, en pensant au jeune Anglais :
Moi noir, lui blanc, le nuage est le même pour nous deux,
Et tous deux jouerons de même autour des tentes de Dieu.
Moi je l’ombragerai, pour que la chaleur ne l’accable
Jusqu’à ce qu’en Notre Père il prenne un repos joyeux.
Debout, je caresserai l’argent fin de ses cheveux
Et il voudra bien m’aimer car je serai son semblable.
William Blake (1757-1827)
Artiste peintre, graveur et poète pré-romantique britannique, William Blake s'est surtout consacré à la poésie. Son style halluciné est moderne et le distingue de ses pairs, bien que ses thèmes soient classiques.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Quand j’étais petite
la nuit se tenait devant notre porte
et elle chantait d’étranges chants.
Pour les oiseaux qu’on ne voit pas.
Pour les pierres du chemin.
La nuit chantait
et moi
je dormais ou je veillais ?
Est-ce que je rêvais ?
Est-ce que je suis seule à entendre
le chant de la nuit sur la terre
aux portes des maisons ?
Qui berce le sommeil de ceux qui rêvent ?
La nuit a été une voix
qui m’a gardée
de toutes peurs.
Et puis la nuit s’est tue
et je suis restée seule.
Je suis sortie sur le seuil de la maison
J’ai appelé très doucement
Aucun son ne m’a répondu.
Dans ma poitrine
l’écho.
Assise sur le seuil
J’ai pleuré.
J’ai attendu le matin.
Et rien.
La nuit s’était tue pour toujours.
Je suis partie.
© Jeanne BENAMEUR
Jeanne Benameur (1952-)
Née en Algérie d'un père tunisien et d'une mère italienne, Jeanne Benameur arrive en France à l'âge de cinq ans. Professeur de Lettres jusqu'en 2001, elle a publié chez divers éditeurs et est également directrice de collection aux Editions Thierry Magnier. Elle a reçu en 2001 le Prix Unicef pour son roman Les Demeurées.
→ Sa biographie dans La Maison des Ecrivains et de la Littérature
Je t’ai proclamée reine.
Il en est de plus grandes que toi, de plus grandes.
Il en est de plus pures que toi, de plus pures.
Il en est de plus belles que toi, de plus belles.
Mais toi tu es la reine.
Marches-tu dans la rue,
nul ne te reconnaît.
Nul ne voit ta couronne de cristal, nul ne regarde le
tapis d’or fauve
que foule ton pied où tu passes,
le tapis qui n’existe pas.
Mais quand tu apparais
tous les fleuves tintinnabulent
dans mon corps, les cloches ébranlent
le ciel entier,
en un hymne remplit le monde.
Seuls toi et moi,
seuls toi et moi, ô mon amour,
nous l’entendons.
© Pablo NERUDA
Pablo Neruda (1904-1973)
Poète, écrivain, diplomate et homme politique chilien, Pablo Neruda est considéré comme l'un des quatre grands de la poésie chilienne.
Autres textes :
Fusions
Sonnet 48
Sonnet 89
→ Sa page dans le Monde de Poetika
J’attends. Le vent gémit. Le soir vient. L’heure sonne.
Le coeur me bat comme un tambour. Rien ni personne.
J’attends, les yeux fermés pour ne pas voir le temps
Passer en déployant les ténèbres. J’attends.
Cédant au sommeil dont la quiétude tente,
J’ai passé cette nuit en un rêve d’attente.
Le jour est apparu baigné d’or pourpre et vif,
Comme hier, comme avant, mon coeur bat attentif.
Et je suis énervé d’attendre, sans comprendre,
Comme hier et demain, ce que je puis attendre.
J’interroge mon coeur, qui ne répond pas bien…
Ah ! Qu’il est douloureux d’attendre toujours — rien !
Albert Lozeau (1878-1924)
Poète québécois, Albert Lozeau étudie à l'académie Saint-Jean-Baptiste de Montréal. En 1892, paralysé peu à peu par le mal de Pott (arthrite tuberculeuse de la colonne vertébrale), il reste confié dans sa chambre, recroquevillé par la maladie. Il écrit ainsi ses premiers poèmes puis publiera plusieurs recueils. Émotif, solitaire et nostalgique, il a écrit des vers mélancoliques sur la nature, ce qui lui vaudra d'être inclus dans la littérature du terroir.
Autre texte :
L'érable rouge
→ Sa biographie sur Wikipédia
Chaque nuit à la même heure
un train traverse mon sommeil
Un jeune homme me tend une fleur
j’ai six ans au bras de ma mère
dans le train qui nous mène
à la mer Caspienne
Souvenir d’un instant
pour le voyage d’une vie
© Azadée NICHAPOUR
Azadée Nichapour 1968-)
Poétesse française d'origine perse (Iran) qui vit à Paris depuis son enfance. Elle a remporté le Prix de poésie Charles Vidrac en 2008 pour son recueil Parfois la beauté.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Je suis tu es elle est nous sommes
des milliards de femmes et d’hommes
marionnettes pantins ou clones
qui mesurons tout à notre aune.
Six milliards ou presque qui cherchent
au lieu de se tendre la perche
leur ordonnée et leur abscisse
dans la fontaine de Narcisse.
Tombée de son arbre à palabres
en plein marécage insalubre
l’espèce entière se célèbre
en proses du même calibre.
Carpe diem carpe diem
insignifiant six milliardième
tant il est doux d’être banal
sans laisser de trace aux annales.
© Bernard LORRAINE
Bernard Lorraine (1933-2002)
Artiste, comédien, conférencier et chansonnier, Bernard Lorraine a vécu douze ans en Amérique Latine en tant que professeur à l'Alliance française. Il revint en Lorraine, région dont il prit le pseudonyme. Il a publié vingt-huit recueis de poésies, dix anthologies et des essais où s'expriment révolte et indignation, tout en y mêlant force et humour. Sa poésie, qui reste classique et libre, est toujours solidement rythmée et rimée. Elle s'exprime dans une langue drue, puissante, mais dont la tendresse n'est pas absente. Quelques-uns de ses poèmes ont été mis en chanson.
Autre texte :
Au début
→ Sa biographie sur Wikipédia
Cher ami,
Je suis toute émue de vous dire que j’ai
bien compris l’autre jour que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir ainsi
vous dévoiler, sans artifice, mon âme
toute nue, daignez me faire visite,
nous causerons et en amis franchement
je vous prouverai que je suis la femme
sincère, capable de vous offrir l’affection
la plus profonde, comme la plus étroite
amitié, en un mot : la meilleure épouse
dont vous puissiez rêver. Puisque votre
âme est libre, pensez que l’abandon ou je
vis est bien long, bien dur et souvent bien
insupportable. Mon chagrin est trop
gros. Accourrez bien vite et venez me le
faire oublier. À vous je veux me sou-
mettre entièrement.
Votre poupée
(Georges Sand)
Quand je mets à vos pieds un éternel hommage
Voulez-vous qu’un instant je change de visage ?
Vous avez capturé les sentiments d’un cœur
Que pour vous adorer forma le Créateur.
Je vous chéris, amour, et ma plume en délire
Couche sur le papier ce que je n’ose dire.
Avec soin, de mes vers lisez les premiers mots
Vous saurez quel remède apporter à mes maux.
(Alfred de Musset)
Cette insigne faveur que votre cour réclame
Nuit à ma renommée et répugne mon âme.
(Georges Sand)
Illustration : Alfred de MUSSET et George SAND
Alfred de Musset (1810-1847)
Poète et dramaturge français, de la période romantique. A 19 ans, il publie son premier recueil qui révèle son talent et commence à mener une vie de dandy débauché. Sa première comédie, « La Nuit Vénitienne » est un échec et il renonce provisoirement à la scéne. Pendant sa relation mouvementée avec George Sand, il écrit son chef-d'oeuvre « Lorenzaccio » en 1834 et sa pièce à succès « On ne badine pas avec l'amour. » Dépressif et alcoolique, à 30 ans, il écrit de moins en moins, mais il est élu à l'Académie française en 1852. Mort à 46 ans, à peu près oublié, il est redécouvert au XXè siècle et considéré comme l'un des grands écrivains romantiques français.
Autres textes :
Venise
Le petit endroit
→ Sa biographie sur Wikipédia
George Sand (1804-1876)
Romancière, dramaturge, épistolière et critique littéraire, George Sand (de son vrai nom Aurore Dupin), compte parmi les écrivains les plus prolifiques de sa génération. Elle fait scandale par sa vie amoureuse agitée, par sa tenue vestimentaire masculine dont elle a lancé la mode, et par son pseudonyme masculin. Elle devient la maîtresse d'Alfred de Musset avec qui elle échangera une correspondance enflammée. Mais de querelles en reproches, cette passion destructrice poussera Musset à rompre leur relation.
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Ce poème
Je l’écris pour le vendre.
Certes, il n’est pas terrible,
Mais j’utiliserai tous les moyens possibles :
Je taperai du poing,
Je couperai la parole,
J’adapterai mon image,
Je montrerai ma culotte,
Je travaillerai mon sourire,
Je soudoierai les journalistes,
Je collaborerai avec les ennemis,
Je coucherai avec tous les obstacles,
Je ferai des crasses à mes meilleurs amis,
Je développerai les subtilités de l’hypocrisie.
Car pour réussir, il faut développer des talents de
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© Benoît PASTISSON
Benoît Pastisson
Poète et enseignant, membre du Comité de lecture de l'Association Poésie en Liberté.
J’ai frappé pourtant à la lourde porte
Tu ne m’as même pas prié d’entrer
Solitaire, mon âme flâne, morte,
Nostalgie en un mirage avorté
Tu ne m’as même pas prié d’entrer
Sur le seuil, je succombe à la froidure
Nostalgie en un mirage avorté
Mes lunes ennuagent mon murmure
Sur le seuil, je succombe à la froidure
Sous le bleu émail des astres crevés
Mes lunes ennuagent mon murmure
Génocide et rêves expropriés
Sous le bleu émail des astres crevés
Ma solitude me grave à l’eau-forte
Génocide et rêves expropriés
J’ai frappé pourtant à la lourde porte…
© Angèle LUX
Angèle Lux (1961-)
Artiste, poétesse et haïkiste québécoise, Angèle Lux s'intéresse aux arts et pratique la photographie. Elle écrits des haïkus, tankas. Elle est membre de nombreuses associations, et elle est présidente et fondatrice de Halte des arts, un organisme qui se voue à la promotion des artistes.
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© Christian SATGE
Christian Satgé (1965-)
Auteur prolifique, fabuliste et conteur éclectique, Christian Satgé est professeur d'histoire-géographie dans le département des Hautes-Pyrénées. Il a publié plusieurs recueils et près d'une quarantaine de ses textes figurent dans Le Monde de Poetika.
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Son blog : → https://lesrivagesdurimage.blogspot.com/
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Je n’ai ni père, ni mère,
Ni dieu, ni foyer,
Ni berceau, ni bière,
Ni amante, ni baiser.
Trois jours déjà sans manger,
Ni bombance, ni bouchée.
Mon empire, c’est mes vingt ans.
Mes vingt ans, je vous les vends.
Et si nul n’en veut, ma foi,
Le diable, lui, me les prendra.
Le cœur pur, j’irai voler,
S’il le faut, assassiner.
On m’arrêtera, me pendra,
En terre chrétienne m’enterrera,
Et une ivraie homicide
Croîtra sur mon cœur splendide.
Attila József (1905-1937)
Poète hongrois, Attila József fut un poète de la révolte, en but à toutes sortes de persécutions. Reçu à la Faculté de Lettres de Szeged afin d'être enseignant, il s'en détourne à cause d'un conflit avec un professeur. Exclu du parti communiste hongrois, il essaie de gagner un peu d'argent en publiant ses poèmes. Atteint de schizophrénie, il est pris en charge par des psychiatres. Il meurt à 32 ans, écrasé par un train. Un mémorial est érigé non loin de l'endroit de sa mort. La thèse généralement acceptée est celle du suicide ; certains considèrent cependant que sa mort fut accidentelle.
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Silence
silence
l’été
se balance
où l’oiseau
se tait
l’herbe
séchée
tremble
dans l’air
brûlé
silence
silence
l’été
chante
dans
les blés
© Anne-Marie CHAPOUTON
Anne-Marie Chapouton (1939-2000)
Auteure pour la jeunesse, Anne-Marie Chapouton a passé son enfance en Tunisie, en Hollande puis aux Etats-Unis. A son retour en France, en 1964, elle s'installe dans le Lubéron et se découvre une véritable vocation pour la littérature de jeunesse. Elle se met à écrire pour les enfants en 1968 et publiera de nombreux livres chez différents éditeurs.
Source :
→ babelio.com
Par un matin clair,
Vif comme l’éclair,
Dans un courant d’air
A surgit le vent.
Puisque le vent souffle
Adieu mes pantoufles !
Donnez-moi des moufles
Que je m’emmitoufle !
Et de mon auvent
Où j’étais rêvant,
Vite me levant
J’ai suivi le vent
Le vent si vivant,
Le vent se mouvant,
Qui vole en bravant
Tous les paravents !
Et pour mieux voler
Comme fait le vent,
J’ai suivi le vent,
Qui vole au-devant
© Brigitte LEVEL
Brigitte Level (1918-2013)
Critique littéraire et poétesse française, elle a également écrit sous les pseudonymes de Anne Acoluthe, Geneviève Minne ou Zoé Zou. Elle a professeur de civilisation française à la Sorbonne et présidente de la Société des poètes français.
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