Quartier blanc
À R.P.
Si tu viens un jour
je ferme les yeux
je laisse les yeux
je laisse le bleu
mordre
Mais tous les printemps
ne sont pas présents
dans une seule
vie
Toi tu prends le marbre
l’or les églantiers
moi je garde dans mes plaies
le sable
Un jour si tu rentres
dans le jardin clos
tu verras mes os
fleurir
Le lilas griffer
la rose blanchir
et les orties tordre
l’été.
© Jean Sénac
Poème extrait de Les Désordres, 1972