Méduses
Dans la forêt de mort, sans saisons, sans feuillages,
– Où la sève des pins, de leurs troncs mutilés,
Coule en lente agonie – il est un exilé
De la vie, attendant de vains appareillages.
Il regarde la vague apporter sur la plage
Les masques transparents, aux traits annihilés,
Des méduses. – Semblable aux ruines de Philae,
À ces visages d’eau s’oppose son visage.
Masques faits et défaits du mouvement des flots,
La mer toujours les roule à même ses sanglots,
Des soleils de minuit jusqu’à l’aube des lunes.
Les immolés ont tous la face de Jésus,
Qui, des sables passifs, rejetés par le flux,
Comptent le temps sans fin au sablier des dunes.
© Natalie CLIFFORD BARNEY