Alzheimer
La tête dans l’ailleurs aussi noir que la nuit
Qui doucement descend et envahit son âme,
Il s’agrippe pourtant au présent qui s’enfuit
Et qui meurt, vacillant, comme petite flamme.
Cet étau qui enserre et emprisonne encor
Ses souvenirs d’hier jusqu’à ce qu’ils s’effacent
Et se perdent aussi, quand il quitte le port,
Ne lui laissant alors qu’un sourire fugace.
Je l’ai vu s’éloigner du rivage des jours,
Se cognant aux écueils des heures qui s’égrènent
Et sombrer lentement, se noyant pour toujours,
Dans le profond néant d’un oubli qui l’entraîne.
Il est déjà parti, même si près de moi,
Il est là et attend comme un enfant bien sage,
Innocent et perdu, mais sans peur ni émoi,
Sans savoir que pour lui, vient la fin du voyage.
© Daniel LAJEUNESSE
Ce texte a reçu la 1ère Mention
au Concours International du Val d'Orléans (2020)
et le 3ème Prix de la Ville d'Arras (2020)