Comme stipulé à l'article 5 du règlement du concours Poetika, « les textes n’ayant pas été classés au Palmarès mais remarqués par le jury feront éventuellement l'objet d'une mise en ligne sur le site. »
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Le Monde de Poetika
Site & Revue de poésie en ligne
N° ISSN : 2802-1797
J'ai cru voir Urania là-haut, dans l'empyrée,
Les yeux emplis d'azur fixant le firmament
Et portant sur son bras un globe tendrement
Son beau front était ceint de couronne éthérée.
Sur l'Hélicon auguste elle était adorée
Des muses et d'Apollon qui était son amant.
Elle était belle et douce en son logis charmant,
Sa robe était de ciel, sa peau était nacrée.
Fille de Mnémosyne elle avait la splendeur
Délicate et exquise aiguillonnant l'ardeur
Du plus plaisant des dieux, celui qui ensorcelle.
Observant l'univers, prédisant le futur,
La gentille Urania dont le coeur n'était dur
Etait, au firmament, l'astre qui étincelle.
© Louise GUERSAN
Urania [mythologie grecque] : Muse qui présidait à l'astronomie et l'astrologie, mère de Linos, conçu avec Apollon
Empyrée [mythologie grecque] : partie la plus élevée du ciel où séjournent les dieux
Hélicon [mythologie grecque] : montagne de la Béotie où résident les Muses
Mnémosyne [mythologie grecque] : mère des Muses
Louise Guersan
78 - LE CHESNAY
→ Lire aussi son témoignage
Larvée au creux de joncs et de nénuphars roses,
De grands roseaux plumeux ondulant sous le vent,
La demoiselle aux yeux d'or se métamorphose
Sur un pétale d'iris, délicatement.
Elle déploie ses ailes bleutées, translucides
Encore parsemées de fines gouttelettes
Déposées par le tumulte des eaux limpides
D'un petit ruisseau dans lequel elle se reflète.
Elle prend son envol dans le ciel azuré.
A l'aube de sa vie sous un soleil naissant,
Son sort, qu'elle ne pourra jamais conjuré,
Elle l'ignore. Elle va d'un vol incessant.
Cette si jolie nymphe pressée d'être mère,
Très vite va se marier puis donner le jour.
Las ! Belle libellule petite éphémère
En quelques heures à peine tu meurs d'amour.
Ton corps si frêle ondoie, tournoie, semble frémir,
Se pose avec légèreté sur l'herbe tendre.
Ta vie n'aura duré que le temps d'un soupir,
D'un bruissement d'ailes que l'on ne peut entendre.
© Danielle ZONCA
Concours 2024
Autre texte :
Camargue - Concours POETIKA 2016
Sans une poésie, que deviendrait la vie
Elle est pour l'avenir la force des partances
Au roulis du jusant, sur les dunes retours
Sous la fureur du vent, compagnon de ses jours
Les vagues happent ses errances.
Portée par ses voiles aux souvenirs poèmes,
Fort de ton courage sans remords, ni regrets,
Dans tes poches trouées, emporte les secrets
D'un livre aux paroles bohèmes.
Tumultes de ton coeur, abysse des mensonges,
Laisse là tes amours, laisse là tes chagrins,
Sur les pages blanches de tes lignes crachins,
Elle sait l'ivresse des songes.
Ire des mers salées aux confins de nos brumes,
Armes des révoltes ou larmes de bontés
Elle éclaire le temps, les laideurs les beautés
De déferlantes d'amertumes
Sous le feu Saint Elme dans les douceurs fécondes,
Les blessures brûlent transportées par les flots
Au soir des naufrages, l'émeraude des mots,
Apaise la chaleur des ondes.
Elle suit l'oiseau blanc aux ailes magnifiques
Qu'importe les autres, peu lui chaut les regards.
Envol majestueux sur les routes hasards,
Ose ses demains prophétiques
Car, sans un poème que deviendrait ta vie ?
© Arnaud MATTEI
Concours 2024
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Le soleil serait-il en froid avec sa belle ?
Lumière de la nuit, satellite terrien,
Qui de surcroît n'a pas d'attitude rebelle
Au point de compromettre un amour aérien.
Malgré tous ses atours offerts en ribambelle,
Le soleil serait-il en froid avec sa belle ?
Quand Madame se lève et s'offre un beau croissant
Monsieur part se coucher, puis le jour va baissant.
Bien plus célèbre que la déesse Cybèle
Dame sélène attire, envoûte le distrait,
Le soleil serait-il en froid avec sa belle ?
Même si l'horizon lui cache un doux portrait.
Toute flamme fait feu si le désir l'appelle,
Phébus sur le sujet en connaît un rayon
Mais quand le soir arrive, il baisse pavillon,
Le soleil serait-il en froid avec sa belle ?
© Tino MORAZIN
Tino Morazin
41 - MER
Du même auteur :
Sylvestre phénix
Oh Madame, vos mains aux longs doigts effilés,
A l'extrême pâleur jusqu'à la transparence,
Aux ongles féminins couronnant d'élégance
Toute cette beauté teintée de majesté.
Leur immobilité les rendait très profondes
Permettant d'observer les détails de chacune,
Les pores de la peau, parfois couleur de prune,
Lorsqu'elle recouvrait de jolies veines rondes.
Mais le plus merveilleux et le plus enivrant
C'était leurs mouvements, car les yeux fascinés
Se laissaient emporter dans la danse endiablée
Qu'offraient, par-dessus tout, les gestes les plus lents.
Et quand, par dévotion, s'entrecroisaient leurs doigts
Pour ne faire qu'un corps habité par une âme,
Qui n'aurait pas voulu, devant ces mains de femme,
Etre, pour un instant, le Jésus de la Croix ?
A gauche, l'annulaire arborait une alliance...
Quelqu'un donc existait qui pouvait à l'envi
Jouir, pour lui tout seul, de ces deux mains bénies,
De leur calme douceur, de leur douce fragrance...
Il est à espérer que l'élu de ces mains
Ait su trouver un jour le chemin de leurs coeurs
Afin de profiter de l'immense bonheur
Qui devait être atteint dans les moments câlins...
C'est dans une église, un jour de funérailles...
Il y faisait très froid mais je me souviens bien
N'avoir, de cette femme, aperçu que ses mains.
C'est un beau souvenir qui toujours me tenaille...
© Robert FAUCHER
Robert Faucher
07 - SAINT-THOMÉ
Autres textes :
Discrète volupté
Le vieux puits (primé en 2015)
Souvenir du Marais Poitevin (primé en 2013)
Je suis l'éclat des feux
Danseur de la présence
Un volcan dans mes yeux
Jouit d'incandescence
Je plane dans les airs
Voltigeur du frisson
Un Loo de mes déserts
Caresse une mousson
J'embrasse les eaux vives
Cascadeur de la joie
Un jet des mes salives
Sur des lèvres se noie
Je sillonne les terres
Explorateur sans fin
Une grotte à mystères
Révèle son parfum
Racines d'Empédocle
Aux cent couleurs de Staêl
Je vois en vous le socle
D'un âge de cristal
Où d'Agrigente vibre
Ether en quator
Et chaque être vit libre
A l'unisson de l'or
© Charles-Henry MASSA
Agrigente : ville sur la côte sud-ouest de la Sicile
Loo : vent d'été fort et poussiéreux, soufflant en Inde et Pakistan
Empédocle : philosophe, poète, ingénieur et médecin grec
Charles-Henry Massa (1976-)
BELGIQUE (résidant en Allemagne)
Du même auteur :
La Cerise à Kyōto
Poésie et Musique (Hommage à Tyard)
Rondel à Notre-Dame (Premier Prix au Concours Poetika 2019)
Quand l'été alangui par ses chaudes soirées
S'en va piteusement dépouillé par l'automne,
Les feuilles mordorées dans les bois qui résonnent
Craquent sous mes pas lourds qui longent les allées.
Dans ces bois sommeillants, sous ces voûtes effeuillées,
La vie se ralentit à l'approche du froid,
Et de ces profondeurs, le cerf de cet endroit
Lance un dernier appel dans un brâme endeuillé.
Cette saison m'est chère et la mélancolie
Se glisse à pas feutrés dans mon esprit rêveur.
Je me sens apaisé par ses douces couleurs,
Qui séduisent mon âme à laquelle elles se lient.
J'apprécie la fraîcheur des rosées du matin,
Pour panser la blessure qui tenaille mon coeur.
Son sourire enjôleur, au fond, n'était qu'un leurre.
Les ans ont beau passer, son souvenir m'étreint.
© Dominique MORELLE
Dominique Morelle
59 - CUINCY
Je me rappelle un soir, plein de grâce éphémère,
Où l’empire du temps, dont nul n'est affranchi,
Corrodait la cité du grand Kōbō-Daishi,
Diamant éternel pour l'âme sans chimère.
Je sillonnais Gion à l’automne frimaire,
Dans le sang d’un érable au Kamo réfléchi,
Lorsqu’une geisha pourpre, au visage blanchi,
Me sourit en cerise à l’heure douce-amère.
Ce fruit mûr eut pour moi la saveur d’un yuzu,
Acidulée au spleen en son zeste cousu,
Que la nuit revêtit d’un voile diaphane.
Nostalgique du Beau, si prompt à se ternir,
J’ai le cœur qui se serre et, dans mon souvenir,
Kyōto s’évanouit comme un cerisier fane…
© Charles-Henry MASSA
Charles-Henry Massa (1976-)
BELGIQUE (résidant en Allemagne)
Du même auteur :
Poésie et Musique (Hommage à Tyard)
Rondel à Notre-Dame (Premier Prix au Concours Poetika 2019)
Quand le vent hivernal sonne le glas dans l'air,
L'ennui descend sur moi, mon corps devient atone.
Transi et frissonnant, fragile être de chair,
Je vais sur mes chemins au décor monotone.
J'avance d'un pas lent, pensif, le front ridé,
Je ne reconnais plus ma campagne natale.
Au moindre effort, mon cœur, au rythme saccadé,
Me rappelle mon âge et mon ultime escale.
Mon Dieu, je me souviens, de mes hivers d'antan
Où je battais des mains quand arrivait la neige.
Dans la blancheur des prés, je courais plein d'allant.
Bientôt, le vieux gamin descendra du manège.
En ronde autour de moi, bourdonnent des flocons,
Nuage menaçant comme un essaim d'abeilles.
Je les fuis en voulant franchir le Rubicon,
Avec dans mon mouchoir ma vie et ses merveilles.
Philippe Pauthonier
76 - LE HAVRE
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Ici, le jour se meurt et le ciel se lamente
Sur le temps révolu de sa riche toison
Car l’eau s’est fourvoyée avec sa jeune amante,
La terre qu’elle aimait à perdre la raison.
Comme au temps des aïeuls, vient l’instinct de survie
Où bergers et fermiers s’étripent pour un puits ;
C’est la quête du Graal à jamais assouvie
Et l’horreur se répand sous le masque des nuits.
La famine s’étend alors comme la peste ;
Le soleil vole aussi le lac et le pêcheur
Pleure sur le rivage en son décor funeste.
Il faut qu’il parte avant la rançon du faucheur !
S’exiler du pays, ce projet se soupèse
Soit la vie ou la mort, c’est permis d’hésiter !
Goéland téméraire, il voit la côte anglaise ;
Songe d’un miséreux ? Chimère ou vérité ?
Mais la réalité dès lors reprend la route,
Bannir les frontières c’est tout l’art du passeur ;
Quant à sa probité comment lever le doute ?
Plutôt que le gibier, mieux vaut être chasseur !
Le dernier pas pour quitter la terre infâme
Laisse son empreinte sur le sol, à jamais
Effacé de l’esprit pour le repos de l’âme ;
La larme du passé murmure « je t’aimais ».
Et les embruns du large emportent l’espérance
Vers l’horizon lointain que la mer engloutit
Dans ses gouffres obscurs et ses chemins d’errance
Où dans ce vaste monde on se sent tout petit.
Le matelot d’un jour sur le bateau prend place
Et le frêle esquif tangue au fil des flots nerveux ;
L’homme a dans les veines la fièvre qui se glace ;
« Priez le tout puissant pour qu’il comble ses vœux ! ».
© Catherine DESTREPAN
Catherine Destrepan (1956-aujourd'hui)
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Mes impressions du spectacle du Cirque mondial dans le grand chapiteau sur la place des Quinconces à Bordeaux.
Les clochettes des gais forains sonnent.
Les flots marrons de la Garonne
Lèchent les quais sublimes de Bordeaux.
Sur la place, près de la Colonne,
Attirant le public, deux clowns
Grimacent ouvrant le chapiteau.
En haut tout en haut dans sa bulle,
On aperçoit un funambule
Sans filet de sécurité.
Son front est luisant de sueur,
Mais il danse surpassant la peur,
Dans les cieux, malgré le danger.
Sa vie est un jeu constamment,
C'est crever ou rester vivant.
Il n'a pas les ailes des mouettes
Il ne trompera pas la mort
Mais il joue avec son sort
Pareil au joueur de roulette.
La statue de la République
Salue l'artiste et lui explique :
« La gloire ne dure qu'un moment.
Les troupes des chevaux marins
Au lieu des bustes des Girondins
Entourent la base du monument. »
Mais il pense : « Comme eux, je m'en fous,
Je trouve une telle vie à mon goût
Et ne rêve pas d'une stèle de marbre.
Je ne regarde jamais en bas
Car je souhaite que mon dernier pas
Soit un pas de cette danse macabre.
»
© Vasili STERLIGOV
Vasili Sterligov
06 - ANTIBES
Je chasse les éléphants roses
Jusqu'à leur cimetière.
Défense de revenir, vision des choses
Qui piétinent mon âme précaire.
Mais, devant les sépultures,
Je ne repose pas en paix.
Un animal d'une autre nature
Ravive mes plaies.
C'est le grand méchant glou
Qui me fait boire comme un trou
Noir et perdu dans l'univers.
Je chasse l'araignée du matin
Jusqu'au bout du fil.
Bas les pattes, chagrin
Qui mord mon âme fragile !
Mais, devant la toile sans peinture,
Je n'ai aucun dessein.
Un animal d'une autre nature
Réveille mes bas instincts.
C'est le grand méchant glou
Qui me fait boire comme un trou
Dans lequel je m'enterre...
© Alexandre KOSTOVSKI
Alexandre Kostovski
54 - NANCY
Un faon, doux benjamin, s'approche du vieux père,
Le dix-cors, vaniteux, lu montre sa ramure,
Des merrains, de longs bois, fort résistante armure
Quand un limier l'évente et vite le repère.
Mais à la reposée, où seul le calme opère
Troublé par un ruisseau qui secrète un murmure,
Ruminant dans le frais la feuille au goût de mûre
Une biche, élégante, anime le repaire.
La famille s'endort, même les grands daguets
Si l'oeil un peu somnole, il demeure aux aguets,
Cependant nulle trompe aujourd'hui ne claironne.
Lorsque le maître élu, prolonge à temps le bail,
Pour une année encor, la forêt le couronne,
Tout cerf en majesté reste roi du harpail !
© Tino MORAZIN
Tino Morazin
41 - MER
Poète, dis les roses que tu aimas !
Oh ! ce serait trop long
Tant de souvenirs, de tendresses sont là
Et de doux abandons...
Tant de parfums et de désirs qu'on réprima
Blessé par l'aiguillon
De leurs épines d'où l'amour s'échappa.
Jardinier, dis les roses que tu aimas !
Oh ! ce serait trop long
Tant d'espèces dont mon jardin s'empourpra
Et de contemplations...
Tant de fragile beauté que protégea
Des violents aquilons
Mon travail où la sueur de mon coeur perla.
Voyageur, dis les roses que tu aimas !
Oh ! ce serait trop long
J'en ai vu partout où j'ai porté mes pas
Partout à l'unisson
On les aimait et partout on les jeta
En vrai ou en chansons
Aux pieds des femmes qui dansaient les javas
Livia, dis-moi les roses que tu aimas !
Oh ! ce serait trop long
Il y en a tant que mon coeur accepta
Et leur courte saison
A fait pleurer l'âme qui les respira.
Pourtant consolation
De celles que l'Amour, hélas, méprisa.
© Pierre TAILLADE
Pierre Taillade
94 - IVRY-SUR-SEINE
Du même auteur :
→ Moi, la jacobée commune
Le silence absolu du cosmos me fascine
Il décuple l'ampleur de notre isolement.
L'homme, un jour, vivra-t-il cet étrange moment
D'apprendre qu'autre part la vie a pris racine ?
L'univers gigantesque est encore en gésine,
Il ne cesse de croître inexorablement ;
Et nous, nous n'explorons de tout ce firmament,
Que les proches abords de l'étoile voisine.
Jamais, probablement nous n'aurons le pouvoir
De parcourir l'espace, et peut-être savoir
Si d'autres comme nous contemplent ce mystère ;
Et, toujours à l'affût d'un battement de coeur,
Nous écoutons en vain le mutisme moqueur
Du vide sidéral où valse notre Terre.
© Laurent NOGATCHEWSKY
Une brume légère
Enveloppe la mer...
Des couleurs vespérales
Tremblent comme un fanal,
Et mon regard se perd
Dans leurs frêles lumières.
Au loin passe un voilier,
Porté par la marée,
Et poussé par le vent,
Tel un fantôme errant.
La nuit n'est plus très loin,
Et le chant d'un marin
Sélève dans le soir.
Je l'entends sans le voir.
Sa voix berce mon corps,
Et la nature s'endort.
Mélopée enivrante
Qui m'absorbe et me hante,
Heure entre chien et loup,
Quand le temps se dissout,
Et que la rêverie
Peu à peu m'envahit...
© Pierre PAYSAC
Pierre Paysac
64 - OLORON-SAINTE-MARIE
Je n'aime plus le coca
j'en aime un autre.
Avec lui je me vautre
dans un bain de caresse,
il est mon idole, mon ivresse !
Il m'offre en bouquet des violettes,
des nectars de fruits noirs
à en perdre la tête !
Et je lui dis des mots d'amour,
il est en jambe, il a du velours
il a du corps et de la cuisse
et je cède à tous ses caprices
il aura ma peau, oh ! Délicieux supplice !
Tous les jours à la noce,
il m'en fait boire
de toutes les couleurs, le beau gosse :
des rubis, pourpres, grenat !
Je n'aime plus le coca,
j'en ailme un autre :
mon beau jojo, mon beaujolais, mon beau jaja,
avec lui je me vautre
dans la lie, jusque là !
© Michelle GRENIER
Michelle Grenier
Mich'Elle Grenier est poète, fabuliste et parolière. Persuadée que la poésie est l’essence du langage, elle nous invite, de sa voix singulière, à ne pas nous laisser tentaculer par le chiendent rampant. Car on prête souvent à la poésie des airs d'austérité voire de mélancolie chronique. Mich'Elle Grenier prouve le contraire et sans niaiserie, rimant avec une acuité personnelle sur les choses de la vie. Elle a publié plusieurs recueils et figure au palmarès de plusieurs grands concours de poésie.
→ Voir tous les textes de l'auteure sur le site
Son site :
→ http://www.michellegrenierpoete.com/
Les hommes sont châtiés par leur terre en colère
Il est bien trop tard pour faire machine arrière
Une seule solution ce jour m'apparaît
Je pars dès demain rejoindre Thomas Pesquet
J'enfile vite ma vieille combinaison
Mon casque de moto, mes bottes et mon blouson
A Cap Canaveral je prendrai mon ticket
Je pars dès demain rejoindre Thomas Pesquet.
En route pour cette expédition sans retour
Bien en sécurité le reste de mes jours
Ma famille le sait je m'en vais sans regret
Je pars dès demain rejoindre Thomas Pesquet
Nulle crainte du vide ou de l'apesanteur
Même dans Space-Mountain je n'ai jamais eu peur
En fusée dernier cri je ferai le trajet
Je pars dès demain rejoindre Thomas Pesquet
Je serai utile dans la station spatiale
J'ai des compétences en matière orbitale
E.T. et Star Wars sont mes livres de chevet
Je pars dès demain rejoindre Thomas Pesquet
Il le sait déjà ce n'est pas une surprise
Là-haut point de Covid je lui ferai la bise
Sur les réseaux sociaux il a vu mon projet
Je pars dès demain rejoindre Thomas Pesquet
Si sa femme est jalouse elle n'avait qu'à venir
Ne pas perdre de temps et comme moi partir
Il est plutôt bel homme et je l'aime en secret
Je pars dès demain rejoindre Thomas Pesquet
© Magali BRETON
Magali Breton
Auteure-compositrice-interprète, Magali Breton est aussi comédienne, auteure de textes de chanson française dont ceux de son album intitulé « Regard de femmes » primé à Barbizon 77, lors du concours « La palette en chansons », avec pour parrain Bernard Sauvat. En 2019, elle se consacre à l’écriture d’une pièce de théâtre musical sur la vie et l’œuvre de l’artiste peintre Rosa Bonheur : « Les messagères de Rosa Bonheur ». Le spectacle est créé en 2020, avant d’être stoppé net par la crise sanitaire et la fermeture des salles de spectacle, avant de connaître un beau succès en tournée. Cette période se mue en une inépuisable source d’inspiration pour écrire un recueil intitulé « Les Covidiennes » édité en 2022. Elle choisit la poésie pour nous livrer des instants de vie en quelques vers et nous absorber dans l’intimité, la profondeur et l’exacerbation des sentiments. Elle fait appel à Muriel Pic, photographe, ainsi qu’à Patrick Carmier, pianiste compositeur, pour sublimer les textes par l’image et la musique. Cela donne naissance à un nouveau spectacle.
→ Voir tous les textes de l'auteure sur le site
Son site : → Les Messagères de Rosa Bonheur
Sa page Facebook : https://www.facebook.com/lelienparlart
Sa chaîne YouTube :
https://www.youtube.com/channel/UC6zEpDLSwB9-zqZok3H72BA
Tu es
Moitié ébène moitié bouleau
Aussi pâle que les rizières,
Aussi cuivrée que les volcans
Tu es
Soleil crépu, cheveux de jais
Aussi dorée que les blés,
Plus brûlante que le névé.
Tu danses
Moitié panthère moitié gazelle
Tambour de Bronx
Valse de Vienne
Tu es tout cela à la fois,
Mi-truite mi-colibri
Pain d'épice et grain de riz
Mais aussi l'épi millénaire
Odeur de poivre et de cannelle.
Il n'est rien de plus chatoyant
Que tes peaux qui se tressent
Arc en ciel, écorce, lichen,
Métisse, tu tisses
Toutes les langues.
© Michelle GRENIER
Michelle Grenier
Mich'Elle Grenier est poète, fabuliste et parolière. Persuadée que la poésie est l’essence du langage, elle nous invite, de sa voix singulière, à ne pas nous laisser tentaculer par le chiendent rampant. Car on prête souvent à la poésie des airs d'austérité voire de mélancolie chronique. Mich'Elle Grenier prouve le contraire et sans niaiserie, rimant avec une acuité personnelle sur les choses de la vie. Elle a publié plusieurs recueils et figure au palmarès de plusieurs grands concours de poésie.
→ Voir tous les textes de l'auteure sur le site
Son site :
→ http://www.michellegrenierpoete.com/
J'ai tout au fond des yeux l'envie d'être un oiseau
Pour aller survoler où se perd mon regard
Au-delà des rochers, plus loin que les bateaux
Là où la mer scintille et m'appelle le soir.
J'ai tout au fond des yeux l'envie d'être un nuage
Pour voler au soleil sa chaleur enfouie
Et filtrer sa lumière pour changer l'éclairage
Sur certains paysages aux charmes inédits.
J'ai tout au fond des yeux l'envie d'être poète
Pour te parler du vent qui souffle sur les dunes
Et qui certaines fois quand il devient tempête
Fait écumer la mer dans un rayon de lune.
J'ai tout au fond des yeux l'envie de te connaître
Connaître ton passé, le présent, l'avenir
Connaître tes angoisses et un beau jour peut-être
Arriver à faire naître sur tes lèvres un sourire.
© Solange CALENDINI
J'ai l'air d'un essaim de soleils
Ne vous fiez pas à ma lumière
Ni à mon coeur couleur de miel
Car vraiment je suis délétère
Et ma beauté tombée du ciel
Est triste fleur de cimetière
Car tout mon corps est plein de fiel.
Sachez que je suis plus méchante
Aux animaux, morte et fauchée
Qu'emplie de parfums et vivante
Car la mort s'y trouve exhalée
En une saveur alarmante
Aussi les animaux qui la sentent
La fuit avec célérité.
A mes poisons pas d'antidote
Jetez la paille où je me mets !
C'est connu depuis Aristote
Il ne faut jamais me croquer.
Plus on me mange, plus tout flotte
Dans le cerveau halluciné.
Oui me manger est chose sotte.
Pourtant quelques beaux papillons
Viennent se poser sur ce coeur
Méchant à tous les moucherons.
Ainsi va la vie : je suis soeur
Pour leurs belles ailes vermillon
Et c'est hélas pour mon malheur
Car leurs chenilles me mangeront.
© Pierre TAILLADE
Pierre Taillade
94 - IVRY-SUR-SEINE
Il n'est plus grand bonheur, il n'est plus doux plaisir
Que celui de pouvoir savourer la tendresse
De ces instants sacrés, de ces instants d'ivresse
Où nous nous retrouvons bercés par le désir...
Tout devient merveilleux et tout porte à sourire,
A rire aussi parfois tant le coeur est joyeux,
Tant la vie est légère et tant l'air est soyeux :
Le bien-être est si fort que souvent on soupire...
Nous nous abandonnons à la simplicité
De cette intimité si belle et si profonde,
Quand on est tous les deux et puis que l'on refonde
L'histoire et son secret dans la complicité.
Chaque petit détail ou fait sans importance
Trouve alors, entre nous, l'écho de l'univers.
Les joyaux les plus beaux, plus fins et plus divers
Illuminent sans bruit toute notre existence.
Et que d'attentions, de gestes savoureux,
Viennent à s'exprimer dans le parfait silence,
Et les jeux de deux corps en sublime alliance
Trouvent leur paradis dans l'échange amoureux...
© Robert FAUCHER
Robert Faucher
07 - SAINT-THOMÉ
Autres textes :
Le vieux puits (primé en 2015)
Souvenir du Marais Poitevin (primé en 2013)
Aux temps anciens du Mythe où germait la Parole,
Le fleuve des beaux-arts s'était un jour tari ;
L'Olympe alors tonna, puis dans ce hourvari,
Sourdirent deux ruisseaux découplés à la trolle.
L'un chantait tout à tour Erato, Calliope,
S'écoulait du Parnasse en purs alexandrins ;
Dans son double vallon flânaient des malandrins,
Frères humains touchés par la grâce myope.
Celui-ci s'abreuvait en absinthes amères,
Alcools de fleurs fatals aux amants exilés,
Diamantait pourtant les rêves étoilés
De conquérants du ciel affranchis de chimères.
Il invitait encore, à bord de bateaux ivres,
Des sylphes voyageurs aux semelles de vents
Et ses flots charriaient, loin du monde d'avant,
De vertes feuilles d'herbe où poussaient de vrais livres.
L'autre musait au son de la flûte d'Euterpe,
Grisait l'après-midi d'un faune ou des ondins,
Enamourait Chloé, dont les rayons blondins
Dansaient pour son Daphnis à la solaire serpe.
Celui-là résonnait d'un carillon magique
Quand le souffle enchanté dissipait tout ennui
Et le maître du temple, en repoussant la nuit,
Des mystères d'Isis occultait le tragique.
S'embrassèrent adonc, en douce syntonie,
Les rives de ces cours, de rimes et d'accords ;
Par les ailes d'Eros, ils unirent leurs corps
Et fondirent d'extase en la mer d'Harmonie.
Telle est la fable antique, au gré de Pasithée,
Dont Pontus de Tyard a transmis le secret,
Depuis lors, le Poète avive sans regret
La flamme du voleur, funeste à Prométhée.
© Charles-Henry MASSA
Charles-Henry Massa (1976-)
BELGIQUE (résidant en Allemagne)
Cet auteur a obtenu le Premier Prix en 2019 avec le texte : Rondel à Notre-Dame.
Le gemmeur arpentait la pinède landaise
Dès la point de l'aube à l'esquisse du soir,
D'un entrain naturel sans aucune fadaise
Centuplait son travail d'un unique savoir.
Au massif forestier, un gascon d'origine
Avec sa palinette entaillait un grand pin
Afin de récolter une pure résine
Qui tombait dans un pot nullement opalin.
Ses pas faisant gémir un doux tapis d'aiguilles
En toute liberté parmi les échassiers,
Qui scrutaient l'horizon du haut de leurs béquilles
Surveillant les moutons quelquefois tracassiers.
Entre les genêts d'or comme un point de repère
Le faon se camouflait par crainte du gemmeur
Car l'homme au béret noir demeurait un mystère
Dans ce beau paysage au profil enchanteur.
Or l'époque ancestrale a fait place déserte
Par l'essor du progrès d'un acquêt lucratif
En ce temps effrangé ma plume très diserte
Contre le souvenir d'un trait démonstratif.
© Claudine GUICHENEY
Claudine Guicheney
33 - LANGON
Lauréate en 2019 et 2014 avec les textes :
Les rendez-vous en Aquitaine
A l'écume de l'encre
O Toi, mon ami noir des côtes du Soudan
Qui sais encor mon nom malgré le flux des ans,
Tandis que ma mémoire avait gommé le tien,
Oublié comme cendre en un passé lointain.
J'étais sur le récif, c'était un autre temps.
Ma vie s'était brisée en cinq cent mille éclats
Un peu plus mort que vif, j'étais aussi sans voix.
Le monde n'était plus qu'un abîme béant.
J'avais les lèvres sèches, tout encroûtées de sel,
Et ne coulaient en moi que des litres de fiel.
Je suis tombé chez toi comme on peut choir d'un toit
Tu as seulement dit : "Mange, restaure-toi..."
Tu m'as alors nourri de tes pois, de tes fèves
M'offrant les fins morceaux de tes simples repas
Comme si de manger faisait tomber la fièvre
Et si de partager trompait le désarroi.
S'il y eut entre nous, intacte, l'harmonie
C'est qu'au premier coup d'oeil nous nous sûmes amis
N'ayant pas à l'esprit cette idée misérable,
Que nos couleurs de peau nous faisaient dissemblables,
Par tout cela je dis, j'en fais aussi ma cause :
Tu as sauvé en moi l'espoir en "Quelque Chose"...
Toi, tu es de l'Islam et je ne crois en rien,
A ce sujet s'opposent tes frères et les miens
Pour savoir qui d'Allah ou de l'Homme sans Dieu
Rend le monde meilleur, plus miséricordieux.
Mais moi, fait de la chair dont étaient faits les Francs,
Voyant le Feu de Dieu dévaster cette Terre,
J'éteins toujours ma haine, attisée par le vent,
Quand je pense à ton nom et au Dieu que tu sers...
© Thierry MONTAGU
Thierry Montagu
83 - MOISSAC-BELLEVUE
Le crépuscule est d'or au-dessus du vallon,
Au loin, un homme va, la silhouette tremblante,
Il va d'un pas pesant et sa démarche est lente
Avec sur son épaule un petit baluchon.
Le dos courbé, il va, mystérieux vagabond.
A-t-il faim, cherche-t-il une table accueillante,
Un âtre à la flamme dansante et bienfaisante ?
Porte-t-il le fardeau de sa désillusion ?
Toi, le passant d'un soir, à l'habit poussiéreux,
Tu vas sur le chemin où ton ombre s'allonge,
Je te vois comme dans un évanescent songe.
Le soleil t'escorte en mourant à petit feu
Et tu disparais dans le lointain horizon
Avec la tristesse des choses qui s'en vont...
Philippe Pauthonier
77 - MONTEREAU-SUR-LE-JARD
Autre texte remarqué :
Satanés concours de poésie
Quand l'automne rougit, partons à la cueillette,
Sous le dernier soleil les enfants sont heureux.
Mais las ! Ces souvenirs tombent dans l'oubliette !
Devant le temps passé, mon coeur devient peureux.
Sous le dernier soleil les enfants sont heureux.
J'entends toujours leurs cris et leurs rondes joyeuses
Devant le temps passé, mon coeur devient peureux.
Je ne suis pourtant pas comme ces vétilleuses !
J'entends toujours leurs cris et leurs rondes joyeuses
Sous le grand châtaignier, j'aime à me souvenir.
Je ne suis pourtant pas comme ces vétilleuses !
Or mon coeur est bien gros, du triste devenir.
Sous le grand châtaignier, j'aime à me souvenir.
Mais devenu trop vieux, fini c'est l'abattage !
Or mon coeur et bien gros, du triste devenir.
De ces bêtes regrets, vais-je faire battage ?
Mais devenu trop vieux, fini c'est l'abattage !
Tu ne sèmeras plus ton feuillage roussi.
De ces bêtes regrets, vais-je faire battage ?
Comme toi, je serai leur tout dernier sourci.
Tu ne sèmeras plus ton feuillage roussi.
Débité, tronçonné, fin de l'historiette.
Comme toi, je serai leur tout dernier sourci
Quand l'automne rougit, partons à la cueillette !
Françoise Bidois
D'origine brestoise, Françoise Bidois a été enseignante puis a continué sa carrière dans l'artisanat en couture-confection. Sociétaire des Ecrivains de Vendée, elle a également dirigé un atelier d'écriture pendant dix ans et participé à de nombreux concours de poésie. Elle a publié plusieurs recueils ainsi que des contes et nouvelles.
Lauréate en 2020 (2ème Prix).
Textes de l'auteure sur le site :
La mer et la bouteille
C'est le temps des voeux
Vieux Papa, où es-tu ?
Les longs panaches blancs ont déserté le ciel.
Seul le vol des corbeaux attire mon regard
Mais laisse dans mon âme un âpre goût de fiel.
Les bruits sont assourdis comme un chant de départ.
Le temps s'est allongé, l'esprit est en errance
Vers de nouveaux ailleurs, de nouvelles lumières,
Des terres inconnues, des désirs de partance
Que je vivrai un jour, le coeur en bandoulière.
Je reste là figé, le nez dans les étoiles,
Feuilletant des images, des photos archivées.
Je relis de vieux livres, je me fais une toile.
Les vers de Baudelaire me font toujours rêver.
Je mesure soudain le juste prix des choses.
Le meilleur de la vie, oublié, ressurgit.
La voix de mes amis et le parfum des roses
Apaisent mes tourments et mon âme meurtrie.
Je rouvrirai ma porte pour respirer cet air,
Ces odeurs disparues que je n'espère plus.
Ils auront la doucleur de la brise de mer,
Caressante et iodée tout au bout de ma rue.
Nous étions confinés des jours et des semaines,
Avions perdu l'espoir de savourer la vie.
Dans ce sombre tunnel, cette funeste arène
J'entrevois l'horizon, là-bas une éclaircie.
Puisses-tu nous offrir les clefs d'un nouveau monde
Où règnerait enfin un peu plus d'harmonie
Au lieu de nous léguer une terre qui gronde.
Patrick Venture
Cet auteur a découvert le plaisir d’écrire au sein d’un atelier d’écriture dont il est membre depuis plus de vingt ans. Il y a développé et enrichi son goût pour la poésie. Il écrit des poèmes depuis une dizaine d’années. La musique des mots, les faits de société, le temps qui passe, l’art sous toutes ses formes, la nature et les saisons, l’amour, sont ses thèmes de prédilection. Il aime à travers ses poèmes raconter une histoire et privilégie une poésie rimée en alexandrins. Ses poèmes sont souvent primés aux quatre coins de la France. Au sein de l’association « Robion et ses passeurs de mots », il participe à des lectures et à des spectacles de poésie dans son village labellisé village en poésie depuis 2003.
Lauréat du concours en 2020 (3ème Prix).
Textes de l'auteur sur le site :
Rêves d'un poète
Ces héros du quotidien
Les portraits des aïeux encadrés d'or éteint
Considèrent d'un oeil, au vrai pas très amène,
La foule des intrus qui chez eux se promène
Troublant sans s'émouvoir leur sommeil au matin.
Le visiteur opine au savant baratin,
L'hôte avec éclat fait l'honneur de son domaine,
Sans oublier c'est sûr, la faiblesse est humaine,
La chaise où déclamait son aïeul en latin.
Les salons d'apparat, l'antique laiterie,
Le colombier, la tour, plus loin l'orangerie
Accueillent les voisins à chaque bout de l'an.
Madame la baronne à la mine amusée
Ouvre la porte en grand de sa maison-musée
Aux enfants de ceux qui bâtirent Château Blanc.
© Marie-Claude GALLOYER
Marie-Claude Galloyer
78 - MESNIL-LE-ROI
Lauréate en 2019 et 2010
Ses textes :
La voix de la conscience
De Marrakech
Dans le cadre figé sous le rayon du soir,
Un tendre reflet d'or effleure tes cheveux.
Un grain de sable vole et me brouille la vue
Alors qu'un éclat brille à l'ombre de tes cils.
Un tendre reflet d'or effleure tes cheveux,
La pulsion de ta main intensément salue.
Alors qu'un éclat brille à l'ombre de tes cils,
Une explosion d'envies force mon désespoir.
La pulsion de ta main, intensément salue,
Se préservant encore des sermons inutiles.
Une explosion d'envies force mon désespoir
Pour l'unique nova de mon ciel écumeux.
Se préservant encore des sermons inutiles,
Dans le cadre figé sous le rayon du soir,
Pour l'unique nova de mon ciel écumeux
Mon coeur reste en suspens, à jamais retenu.
© Sylvette RICOINE
Sylvette Ricoine
2ème Prix en 2019 avec ce texte :
La dune
Dans les concours de poésie,
On me parle en termes abscons,
Je les écoute tout ahuri,
J'ai vraiment l'air d'un con !
Il paraît que les rimes ont un sexe,
Masculin ou féminin,
J'en suis tout perplexe.
Je trouve cela plutôt coquin !
Si des rimes masculines
S'entrelacent avec des féminines,
La strophe deviendra-t-elle câline ?
Tout cela me turlupine !
La poésie est inégalitaire
Avec ses rimes pauvres et riches.
Où est donc la justice littéraire ?
Je trouve cela par vraiment chic !
J'aurais dû écrire en rimes riches,
Et même avec des acrostiches,
Pour vendre mes oeuvres une fortune
Et amasser beaucoup de tune !
Un quidam m'a présenté le sonnet
Son nombre de vers, de pieds...
Cela m'a fait beaucoup de mal,
J'ai réalisé que les miens étaient bancals.
Une rombière m'a expliqué l'alexandrin,
Sa métrique et ses hémistiches.
J'ai constaté que j'étais dans le pétrin,
Pour, en alexandrins, écrire sur ses miches.
Mais pourquoi autant de rigidité ?
La poésie doit être spontanéité.
Je continuerai à composer mes poèmes
Avec mon coeur comme je les aime !
© Philippe PAUTHONIER
Philippe Pauthonier
77 - MONTEREAU-SUR-LE-JARD
Autre texte remarqué :
Mystérieux vagabond
DOciles, paisibles, débuts pianissimo,
RÉaction de sa majesté violon piano,
MIse en colère des cuivres, mezzo piano,
FAcétieux violon reprend seul mezzo forte,
SOListes qui se succèdent mezzo piano,
LA baguette donne le ton, mezzo forte,
SIlence de courtoisie, orchestre forte,
DOmmages collatéraux, fin fortissimo !
Le concerto pour violon ainsi s'achève.
Les volubiles notes ne font qu'une trêve ;
Demeurez ! Débute un renversant concerto !
L'orchestre qui s'installe, armé commanDO
A la baguette le chef, gesté assuRÉ
Silence demandé, spectateur a fréMI
Concerto pour violon peut débuter en FA
Splendide enceinte, son vibre plafond et SOL
Instruments parfaitement accordés au LA
Emotions, sensations, concert très réusSI
Virtuoses, osmose, violon crescenDO
© Hervé CORRADI
Hervé Corradi
83 - BANDOL
L'océan somnolait en cette mi-journée,
Agrémentant sa sieste d'un tendre ronflement.
Tout là-haut dans le ciel, suspendant sa tournée,
Le soleil se livrait à des attouchements
Avec une poignée de beaux nuages blancs
Dont les bords colorés trahissaient l'émotion.
Le chardon conquérant et l'iris odorant
Roucoulaient sur la dune, attisant leur passion.
L'air lourd et sensuel se frottait sur les pins
Qui crissaient de plaisir. Le sable s'ennuyait
Sur la plage déserte : les beaux jours s'enfuyaient...
Mais le bonheur restait car son cycle est sans fin.
L'automne s'annonçait avec simplicité.
Tout respirait la calme et la sérénité.
© Georges PUYOO
Georges Puyoo
31 - TOULOUSE
Je me souviens d'un soir où ta jeune impudence
Apporta du brandy sur un plateau d'argent ;
La pénombre affichait un sourire engageant ;
L'intermède amical invitait à la danse.
Nous étions en désir d'une douce imprudence
Et comprîmes alors, d'un regard convergent,
Que nous pourrions toucher le ciel en partageant
Un dessert naturel, sur fond de confidence.
Apparurent bientôt des fraises et des fleurs
Sous un voile subtil qui porte les ardeurs
Du désir féminin, quand l'amour se veut libre.
Et nous avons connu cette complicité
Faite d'un étonnant et joyeux équilibre
Où la nuit mise tout sur l'excentricité.
© Maurice VIDAL
Maurice Vidal
34 - MONTFERMIER/LEZ
Ancré solidement dans un mur au soleil
Un stylet écrivait et l'heure et la saison
Sur un cadran solaire finement décoré.
Son ombre projetée avançait tout pareil
Au temps qui s'écoulait à travers les saisons,
Inéluctablement, sous le soleil doré.
Mais par delà le temps que le cadran marquait
C'est
la course infinie des éléments cosmiques
Qui s'affichait ainsi au mur de la maison :
La terre en rotation d'où les heures naissaient,
Notre voyage annuel au plan de l'écliptique
D'équinoxe au solstice à travaux les saisons.
Perdu dans l'univers s'envolait mon cadran
Dans les années lumières de la ronde étourdie
Des amas galactiques d'un monde en expansion.
Mais quel est l'horloger qui sortit du néant
La merveille infinie qui m'a donné la vie
Pour que je vois le temps s'écrire en impression ?
© Jacques RENNESSON
Jacques Rennesson
91 - EPINAY-SUR-ORGE
Mention Honorable au concours 2014 avec ce texte :
La main
Le ciel est comme un livre, un album géant
Où s'inscrivent, invisibles, des fables et des histoires.
Dans ce livre privé de son fermoir d'ivoire,
Les pages sont aveugles et les nuages blancs.
Il contient des énigmes en alphabet absent
De longs récits de vie, des rébus, des mémoires.
Des années de déboires et des instants de gloire
Il s'écrit au futur, au passé, au présent.
Au début de leur vie, les plus jeunes y gribouillent
Les tout premiers dessins destinés aux parents :
Des papas, des mamans aux profils hilarants,
Des bonhommes-foetus, des têtards à grenouilles.
Quand plus tard, maladroits, ils montrent leur talent,
Ils dessinent des bulles qu'ils remplissent de signes
Qui font dire aux héros les expressions moins dignes
Et les mots interdits qu'adorent les enfants.
Le vent tourne une page et, dans son désarroi,
Une jeune ingénue, en sa première tristesse
Y écrit, de ses pleurs, la poignante détresse
D'un coeur abandonné, d'un moi privé de toi.
Et puis, hommes et femmes, adultes, gens de bien,
Y tracent, responsables, de grands projets de vie
A peine pour tromper leur faim inassouvie
Et fuir des chemins qui ne mènent à rien.
Les années vont passant, et quiconque a vécu
Griffonne de sa main déjà vieille et tremblante
La saga des beaux jours et des heures troublantes
Afin d'être présent quand il ne sera plus.
Ce livre à ciel ouvert, ce grand abécédaire,
Lu, relu, réécrit, impossible à fermer,
S'abandonne à tous ceux qui veulent partager
L'ardeur de leurs prières, leurs écrits légendaires.
© Josette MADEIRA-FROIS
Josette Madeira-Froïs
PORTUGAL
Au chuchotis du vent, à l'aube qui s'efface,
Sur le sillon du jour, on entend comme un cri ;
Un enfant vient de naître et chaque instant frémit,
Devant la rose fleur que le matin enlace.
A l'heure tendre et belle aux reflets sertis d'or,
Dans sa bulle azurée, où baigne l'innocence
S'ensemencent les mots qui chantent l'existence,
Que le temps fait mûrir, pour lui donner du corps.
Lorsque s'ouvre un matin sa fragile corolle
Et disparaît le voile à l'entrée du berceau,
La fraîcheur de son rire est comme un chant d'oiseau
Au plaisir d'exprimer ses premières paroles.
© Jean-Pierre MICHEL
Jean-Pierre Michel
95 - JOUY-LE-MOUTIER