Juillet-Août : plein été !
L'été
C’est l’été. Le soleil darde
Ses rayons intarissables
Sur l’étranger qui s’attarde
Au milieu des vastes sables.
Comme une liqueur subtile
Baignant l’horizon sans borne,
L’air qui du sol chaud distille
Fait trembloter le roc morne.
Le bois des arbres éclate.
Le tigre rayé, l’hyène,
Tirant leur langue écarlate,
Cherchent de l’eau dans la plaine.
Les éléphants vont en troupe,
Broyant sous leurs pieds les haies
Et soulevant de leur croupe
Les branchages des futaies.
Il n’est pas de grotte creuse
Où la chaleur ne pénètre.
Aucune vallée ombreuse
Où de l’herbe puisse naître.
Au jardin, sous un toit lisse
De bambou, Sitâ sommeille :
Une moue effleure et plisse
Parfois sa lèvre vermeille.
Sous la gaze, d’or rayée,
Où son beau corps s’enveloppe,
En s’étirant, l’ennuyée
Ouvre ses yeux d’antilope.
Mais elle attend, sous ce voile
Qui trahit sa beauté nue,
Qu’au ciel la première étoile
Annonce la nuit venue.
Déjà le soleil s’incline
Et dans la mer murmurante
Va, derrière la colline,
Mirer sa splendeur mourante.
Et la nature brûlée
Respire enfin. La nuit brune
Revêt sa robe étoilée,
Et, calme, apparaît la lune.
Chaleur
Tout luit, tout bleuit, tout bruit.
Le jour est brûlant comme un fruit
Que le soleil fendille et cuit.
Chaque petite feuille est chaude
Et miroite dans l’air où rôde
Comme un parfum de reine-claude.
Le soleil comme de l’eau pleut
Sur tout le pays jaune et bleu.
L'été
Silence
silence
l’été
se balance
où l’oiseau
se tait
l’herbe
séchée
tremble
dans l’air
brûlé
silence
silence
l’été
chante
dans
les blés
Quand l'été vernisse tunis
brins d'été
En éventail
Tout en coton
Et brins de paille
L’été jazzy
Sur une plage
Toute la nuit
Près du rivage
L’été de blé
Epouvantails
Et vent léger
Dans la rocaille
L’été concert
Qui vagabonde
En bord de mer
Et sur les ondes
L’été vanille
Sur les terrasses
Sous la charmille
Où l’on s’embrasse
Mon cœur de pomme
Sous ma chemise
Se déboutonne
En gourmandise
Je te le donne
Jusqu’au matin
Il s’abandonne
Entre tes mains
je n'aime pas l'été
Je n’aime pas l’été au pays de Provence
Quand la chaleur devient dès le mois de juillet
Si lourde qu’on étouffe ; et quand trop travailler
Devient si malaisé que la moindre imprudence
Sitôt qu’il est midi vous transforme en ruisseau ;
Quand votre corps brûlant n’aspire qu’à la sieste
Dans un havre bien frais, et quand le moindre geste
Vous oblige à fournir des efforts colossaux.
Je n’aime pas l’été qui passe la mesure
Et vous garde enfermé à l’abri du soleil ;
Quand votre nez se change en un bulbe vermeil
Aussi rouge qu’un jol* passé à la friture ;
Quand vous êtes impatient que s’en vienne le soir,
Lové dans le salon carrelé de tomettes
Bien froides sous vos pieds ; et quand dans votre tête
S’agite constamment le mirifique espoir
De voir la pluie tomber d’un ciel enfin aimable.
Oh, ces longs traits d’argent rayurant le ciel gris
Embué de fraîcheur ! Vous en êtes surpris ?
La chaleur du Midi peut être épouvantable…
aux voleurs !
Tapageur, noir et dense un vol de sansonnets
S'abattant, s'ébattant chaparde mes griottes,
Un tapis de noyaux jonche le gazon sec.
Adieu guignes au kirsch et clafoutis gourmands !
D'un prunier de Damas les branches alourdies
D'une heureuse provende ont cédé sous la charge.
Les fourmis queue leu leu s'ensuquent de sirop.
Du chaudron trop profond, la confiture est cuite !
De la treille roussâtre aux sarments chevelus,
Les guêpes bruyamment en un essaim vorace
Vendangent les grains d'or que septembre a mûris
L'alambic est muet, point de marc au tonneau !
Tel le ver à la pomme ou la loche aux laitues,
L'écureuil au noyer que pourchasse l'agasse,
J'irai piller le miel de la ruche enfumée...
Et mon grog au temps froid me chantera l'été !
l'été
Il brille, le sauvage Été,
La poitrine pleine de roses.
Il brûle tout, hommes et choses,
Dans sa placide cruauté.
Il met le désir effronté
Sur les jeunes lèvres décloses ;
Il brille, le sauvage Été,
La poitrine pleine de roses.
Roi superbe, il plane irrité
Dans des splendeurs d’apothéoses
Sur les horizons grandioses ;
Fauve dans la blanche clarté,
Il brille, le sauvage Été
chanson d'été
Le soleil brûlant
Les fleurs qu’en allant
Tu cueilles,
Viens fuir son ardeur
Sous la profondeur
Des feuilles.
Cherchons les sentiers
À demi frayés
Où flotte,
Comme dans la mer,
Un demi-jour vert
De grotte.
Des halliers touffus
Un soupir confus
S’élève
Si doux qu’on dirait
Que c’est la forêt
Qui rêve…
Chante doucement ;
Dans mon coeur d’amant
J’adore
Entendre ta voix
Au calme du bois
Sonore.
L’oiseau, d’un élan,
Courbe, en s’envolant,
La branche
Sous l’ombrage obscur
La source au flot pur
S’épanche.
Viens t’asseoir au bord
Où les boutons d’or
Foisonnent…
Le vent sur les eaux
Heurte les roseaux
Qui sonnent.
Et demeure ainsi
Toute au doux souci
De plaire,
Une rose aux dents,
Et ton pied nu dans
L’eau claire.