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                          Courriel : poetika17(arobase)gmail.com
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                            Nota :  les textes publiés sur cette page ont fait l'objet d'une demande par courriel à leurs auteurs respectifs
                              (sauf  certains auteurs-compositeurs-interprètes), ou bien ils sont envoyés spontanément par les auteurs publiés.
                              Et sauf mention spéciale, toutes les images proviennent de pixabay.com.
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                          Le Monde de Poetika
                            Site & Revue de poésie en ligne
                            N° ISSN : 2802-1797
                      
Sous l’eau du songe qui s’élève,
                                      Mon âme a peur, mon âme a peur !
                                      Et la lune luit dans mon cœur,
                                      Plongé dans les sources du rêve.
                                      Sous l’ennui morne des roseaux,
                                      Seuls les reflets profonds des choses,
                                      Des lys, des palmes et des roses,
                                      Pleurent encore au fond des eaux.
                                      Les fleurs s’effeuillent une à une
                                      Sur le reflet du firmament,
                                      Pour descendre éternellement
                                    Dans l’eau du songe et dans la lune
Francis Vielé-Griffin  (1864-1937)
                        Né aux Etats-Unis à Norfolk, Francis Vielé-Griffin est un poète symboliste français.
                          Installé en Touraine, il termine sa vie dans le Périgord où ses filles se sont mariées. Il est intime de Mallarmé, ami de Henri de Régnier, Emile Verhaeren, André Gide, Paul Valéry, Francis Jammes. Il sera l'un des théoriciens du vers libre dont il est lui-même un fervent pratiquant.
                        
                        → Sa biographie sur Wikipédia
                          
                      
Ce sont des yeux  qui se regardent
                                      Ce sont des bouches qui s'effleurent
                                      Ce  sont des mains qui s'attardent
                                      De longs moments pendant des  heures.
                                      
                                      C'est deux désirs qui se rencontrent
                                      C'est deux  cerveaux qui s'émoustillent
                                      C'est un corps contre l'autre, tout  contre
                                      Ce sont des frissons qui fourmillent.
                                      
                                      Ce sont des  langues qui se nouent
                                      Se dénouent, descendent et remontent
                                      De  haut en bas, des cuisses au cou
                                      Ce sont des corps qui se  démontent.
                                      
                                      Ce sont des peaux qui se caressent
                                      Très  lentement tout en douceur
                                      Un affrontement tout en paresse
                                      Une  lutte où il y a deux vainqueurs.
                                      
                                      Ce sont des mots qui se  murmurent
                                      Qui se chuchotent, qui se suçotent
                                      Des mots tendres,  mots d'Amour bien sûr
                                      Ou des mots durs et des mots hot.
                                      
                                      C'est  une moiteur, c'est une sueur
                                      Qui luit sous lumière tamisée
                                      C'est  un parfum, c'est une odeur
                                      Mélange d'Amour et de beauté.
                                      
                                      Ce  sont des cris, des gémissements
                                      Etouffés ou exaltés
                                      C'est  une montée au firmament
                                      La vie dans un ciel étoilé.
                                      
                                      Ce  sont des corps exténués
                                      Le souffle court, des morts vivants
                                      Qui  vont bientôt ressusciter
                                      Revivre dans un nouvel élan.
© Gérard BOLLON-MASO
Gérard Bollon-Maso  (1947-)
                        Né en région parisienne, Gérard Bollon-Maso habite à Villeurbanne.
                          Fan de poésie depuis son enfance, il écrit depuis une vingtaine d'années.
                        Il publie ses textes dans des revues de poésie et a deux recueils édités en 2012 et 2015.
                        Autres textes :
                        Nuit harmonieuse 
                        Douceurs d'été                        
                        Balade en été 
                        Son blog :
                        → http://cielbleu69.eklablog.com/
                          
    Qui sera capable de rattraper l'incendie de l'automne ?
                  d'arrêter le gémissement du Roi des Aulnes ?
                  J'rai jusqu'à fouiller en décembre,
laisser entre mes doigts, s'envoler les cendres
                  jusque dans les tourbières, celles du nord ;
                  là où se préserve le cuir des morts,
                  entouré de la chaude gangue de terre
où même le temps s'enferre
                  avec le limon épais d'un passé
                  que l'on ne peut plus déchiffrer.
Les années, lentement, trépassent :
                  les chevaliers se sont enlisés dans les hiers
                  avec leur cuirasse
                  en oubliant les raisons même de la guerre :
ce sont comme des fossiles
                  qui laissent dans l'argile
                  une  espèce éteinte,
                  à jamais disparue.
Lors du passage de la charrue,
                  on en retrouve par hasard l'empreinte :
                  les  tourbières se sont souvenues
mieux que les humains
                  dont la mémoire éphémère
                  ne se souvient des défunts
                  que lorsque on les déterre.
© René CHABRIERE
René  Chabrière (1956-)
                  Lyonnais d'origine, René Chabrière s'est installé en Lozère et se consacre quotidiennement à l'écriture. Agrégé d'arts plastiques, il s'intéresse à tout ce qui est image et réalisations visuelles et anime plusieurs blogs personnels.
                  
					    → https://ecritscrisdotcom.wordpress.com/
    Je ne suis pas d’ici
                    Je viens des nébuleuses
                    J’incise les époques
                    Et je joue sur les places
                    Des musiques douloureuses
                    Des chiens perdus hurlent dans l’Atlantique
                    Je commence un voyage
                    Avec les mains brûlées
                    Et je finirai bien
                    Par faire de mon visage
                    Une île intraduisible. 
© Tristan CABRAL
Tristan  Cabral (1944-2020)
                  De son vrai nom Yann Houssin, Tristan Cabral est né à Arcachon en 1944. Après quatre années de théologie protestante, il a été pasteur et professeur de philosophie à Nîmes pendant 30 ans. Il a publié une douzaine d'ouvrages. Poète de la révolte et de l'amour, il se dit solidaire des suppliciés, des humiliés, et se fait le porte-parole de la révolte des exclus, assumant et ressentant leurs douleurs jusque dans sa chair.
                  Autres textes :
                                  Je suis né
					              Mon pays mon naufrage
                                  Le passeur de silence 
					              → Sa biographie sur Wikipédia
                      
Au printemps naissant
S'ouvrit une nouvelle fleur
Qui aussitôt offrit son cœur
Au doux soleil caressant.
Feuillage dentelé et gracile,
Pétales délicatement ourlés,
Tendre couleur veloutée,
Elle était jeune pousse fragile.
Non loin volait un papillon,
Ailes de soie nacrée,
Aux vives teintes rehaussées
D'une touche de vermillon.
Dès que vit la demoiselle
En fut conquis et charmé,
Complètement subjugué
Par sa beauté naturelle.
Les sens grisés, enivrés
Par son parfum envoûtant,
Se vit déjà son amant,
Les idées tout émoustillées.
Vint sur la corolle se poser,
Irrémédiablement attiré,
Et par un discours enflammé
Entreprit de la courtiser.
Tendres mots il se dirent,
Intimes secrets se confièrent,
Leurs serments s'échangèrent
Puis, amoureusement s'unirent.
© MATRIOCHKA
Matriochka
                          Matriochka habite la Vallée du Rhône, au bord du fleuve, et la poésie est pour   elle comme ce fleuve, une ligne de vie, mais aussi un souffle libérateur,   un langage qui lui permet d'exprimer ce qui vit au fond de mon âme. Une de ses devises : "Si poésie n'est partagée, elle se meurt."
                          Autres textes :
                          J'écris ton nom 
                          Le festin manqué                        
                          Son site :
                          → https://poesie-plurielle.monsite-orange.fr/
                          
    Cette lettre peut vous surprendre
                    Mais sait-on ? Peut-être pas
                    Quelques braises échappées des cendres
                    D’un amour si loin déjà
Vous en souvenez-vous ?
                    Nous étions fous de nous
                    Nos raisons renoncent, mais pas nos mémoires
                    Tendres adolescences
                    J’y pense et j’y repense
                    Tombe mon soir et je voudrais vous revoir
Nous vivions du temps, de son air
                    Arrogants comme sont les amants
                    Nous avions l’orgueil ordinaire
                    Du « nous deux c’est différent »
                    Tout nous semblait normal
                    Nos vies seraient un bal
                    Les jolies danses sont rares
                    On l’apprend plus tard
                    Le temps sur nos visages
                    A soumis tous les orages
                    Je voudrais vous revoir et pas par hasard
Sûr il y aurait des fantômes et des décors à réveiller
                    Qui sont vos rois, vos royaumes ?
                    Mais je ne veux que savoir
                    Même si c’est dérisoire, juste savoir
                    Avons-nous bien vécu la même histoire ?
L’âge est un dernier long voyage
                    Un quai de gare et l’on s’en va
                    Il ne faut prendre en ses bagages
                    Que ce qui vraiment compta
                    Et se dire merci
                    De ces perles de vie
                    Il est certaines blessures au goût de victoire
                    Et vos gestes, y reboire
                    Tes parfums, ton regard
                    Ce doux miroir
                    Où je voudrais nous revoir
© Jean-Jacques GOLDMAN
Jean-Jacques  Goldman (1951-)
                  Auteur-compositeur-interprète, J.J. Goldman est élu régulièrement personnalité préférée des Français. Malgré une carrière musicale interrompue en 2004, il a vendu plus de 30 millions de disques. Il écrit et compose pour d'autres artistes comme Céline Dion et Johnny Hallyday... Il s'est considérablement engagé auprès d'œuvres humanitaires ou caritatives (Les Restos du coeur...). 
                  Site de référence :
                  https://jjgoldman.net/
                  → Sa biographie sur Wikipédia 
                  
                
    © Véronique AUDELON
Véronique Audelon
                  Après une enfance passée à Forcalquier dans les Alpes de Haute-Provence et un bref arrêt à Marseille, Véronique Audelon s'est installée à Salon de Provence.
                  Elle dessine et écrit des poèmes depuis l'adolescence. Son univers d'auteure balance entre poésies, nouvelles et romans. Son premier roman, "Emmurée", est paru en février 2011. Puis "Le Cahier" publié en décembre 2014. Trois recueils sont actuellement en instance de publication.
                  Elle partage son temps entre son activité de maquettiste PAO free lance et sa passion pour l'écriture. 
                  Autres textes :
                  Le bonheur et l'amour
                  Merveilleux Noëls
                  Rimes libertines                  
                  Son nouveau site :
                  https://poesime.wixsite.com/un-univers-de-mots
                
    Le soleil luit
                    Le soleil luit
                    Le monde est complet
                    Et rond le jardin.
J’ai allumé
                    Deux chandelles
                    Deux feux de cire
                    Comme deux fleurs jaunes.
Le jour pourrit
                    Les feux de nuit,
                    Deux fleurs fanées,
                    Aux blanches tiges d’église ;
Le monde est en ordre
                    Les morts dessous
                    Les vivants dessus.
Les morts me visitent
                    Le monde est en ordre
                    Les morts dessous
                    Les vivants dessus.
Les morts m’ennuient
                    Les vivants me tuent.
J’ai allumé
                    Deux fleurs tremblantes,
                    J’ai pris mes yeux
                    Dans mes mains
                    Comme des pierres d’eau
Et j’ai dansé
                    Les gestes des fous
                    Autour de mes larmes
                    En guise de fête.
© Anne HEBERT
Anne  Hébert (1916-2000)
                  Ecrivaine, poétesse, dramaturge et scénariste québécoise, sa famille compte plusieurs écrivains, dont son cousin le poète Saint-Denys Garneau qui influencera son choix de lectures à la fin des années 1930. Installée à Paris dès 1965, elle entame sa carrière de romancière est restera toute sa vie très attachée à la poésie. De retour à Montréal en 1998, elle écrit son dernier roman Un habit de lumière. 
                  Site consacré à Anne Hébert :
                  https://www.anne-hebert.com/
                  → Sa biographie sur Wikipédia 
                  
                
    © Dick ANNEGARN
Dick   Annegarn (1952-)
                  Auteur-compositeur-interprète néerlandais qui a passé l'essentiel de sa jeunesse en Belgique et qui s'est installé à Paris dans les années 1970.  Il réussit à populariser ses chansons très inspirées du folksong américain et dont le style et les paroles prennent une grande liberté avec la manière habituelle de la chanson française.  
Il a fêté ses 40 ans de chansons à l'Olympia suivis d'une tournée en France et Belgique. Installé aujourd'hui dans un village du sud-ouest, il y organise chaque année le Festival du Verbe. 
                  → Sa biographie sur Wikipédia 
                  
                
    
© Christian SATGÉ
Christian Satgé (1965-)
        Son autobio :
        J'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Claude Nougaro ne l'(en)chante et suis devenu rapidement un obsédé textuel & un rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, rêvant depuis de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. Conteur éclectique et « méchant écriveur de lignes inégales », après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux peu fréquentables que l'on nomme Pyrénées, où l'on ne trouve pire aîné que montagnard, et stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Moins écrivain qu'écrivant, plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, après avoir navigué de conserve sur d'autres eaux, je tente, en solitaire cette fois, depuis le 23 février 2011, une énième traversée de l'océan poétique… en espérant qu'elle ne soit pas trop pathétique !
        Autres textes :
        Les 55 jours d'un péquin 
        Versus un virus 
        Le parc plus si urbain que ça 
        Dans les bras de Boukhara 
        Amours océanes
        Son blog
        → https://lesrivagesdurimage.blogspot.com/
        
    © Khal TORABULLY
Khal   Torabully (1956-)
                  Ecrivain et cinéaste mauricien, Khal Torabully est installé à Paris depuis 1976. Son œuvre est imprégnée de sa terre natale où la mer, les frontières et les imaginaires sont en relation, induisant une langue riche de multiples étagements de sons et de sens. S'inspirant des migrations des travailleurs ou laboureurs venant des Indes, Khal Torabully est le tout premier écrivain à créer une œuvre et une esthétique autour de ce concept de coolitude (dérivé moderne du mot coolie).
                  
                  → Sa biographie sur Wikipédia 
                  
                
    © Christophe MIOSSEC
Christophe  Miossec (1964-)
                  Auteur-compositeur-interprète, parolier et occasionnellement acteur, Christophe Miossec est l'un des artistes ayant participé à définir la nouvelle scène française. 
                  Site officiel : 
                  → https://www.christophemiossec.com/
                  → Sa biographie sur Wikipédia
                  
                
    
Fleurs et pétales sont poèmes et chansons,
Ciselés par le vent en corolles de mots,
Son souffle les dessine en rires et sanglots
Avec des encres bleu nuit, couleur d’émotions…
Ces mots deviennent des murmures de silence
Tressés de brindilles brodées de fils de « soi ».
Ils se festonnent lentement avec patience
Sur des écorces gravées de pleurs ou de joies …
Entre vie et mort, s’enracinent des instants
Figés sur le papier, ils chantent l‘essentiel
Des amours gravées sur les murailles du temps,
Des pensées de sable sur des ailes de ciel…
Les mots frôlent les nuées en lettres mouillées
Et s’épuisent aux bras de saisons dépouillées
Perdent en s’ébrouant mille clés de bonheur
Que les rêves recueillent dans un coin du cœur…
© Marie MINOZA
                  © Illustration : Marie MINOZA
                  
Marie  Minoza
                  Cette enseignante en école primaire a exercé dans les Deux-Sèvres puis dans la Vienne à Châtellerault. Tout au long de sa carrière, elle a aimé partager l’amour de la peinture, de la poésie et de la création avec ses élèves. Aujourd'hui à la retraite, elle partage ses écrits et ses créations d'images sur son blog. Tous les deux ans, elle contribue avec des amis poètes à la création d’un livre de contes et de poésies destiné aux enfants gravement malades… Elle participe également avec ses anciens collègues à un spectacle chorale, comédie musicale (création d'images et de montages power-point pour animer chants et mimes).
                  Son blog : 
                  → https://marie-aupaysdesimagesetdesmots.blogspot.com/
                
    
                    Nous avons connu la province
                    les volets clos les sourds
                    appels du soir les parlers lourds
                    et les portes qui grincent
                    
                    on croit que ça dure toujours
                    cette chanson qui pince
                    un peu le cœur écho si mince
                    et presque sans retour
                    
                    or cette voix comme une neige
                    au bord tremblant des nuits
                    c’était celle du doux ennui
                    des leçons de solfège
© Jean-Claude PIROTTE
Jean-Claude  Pirotte (1939-2014)
                  Poète, romancier et peintre, Jean-Claude Pirotte est né à Namur en Belgique. Il exerce la profession d'avocat pendant onze ans avant d'être condamné à 18 mois de prison ferme pour avoir favorisé la tentative d'évasion d'un de ses clients (acte qu'il a toujours nié). Il se soustrait à l'emprisonnement en vivant clandestinement jusqu'à la péremption de sa peine en 1981. En 2012, il a reçu le prix Goncourt de la poésie pour l'ensemble de son oeuvre.
                  Autres textes :
                  L'homme se penche vers l'enfant 
                  Le feu ne brûle pas
                  Sa page sur le site : 
                  → un-poete-une-vie-jeanclaude-pirotte.html
                  
                
    
                    Tous  les deux nous irons dans ce pays lointain 
                  Bien  au-delà des mots, cette île enchanteresse 
                  Qu'habite  un peuple pur assoiffé de tendresse 
                  Et  qui sait des oiseaux le langage argentin. 
 Le  soleil nous sera, là-bas, dès le matin 
                  Jusqu'à  la nuit tombée une aimante caresse ; 
                  Nous  régalant de fruits nous y boirons l'ivresse 
                  Au  calice des fleurs à l'heure du festin. 
 Toi  dont la main fébrile à mes doigts se cramponne 
                  Comme  si tu craignais que je ne t'abandonne, 
                  Toi  qui ne sais mentir, toi qui ne parles pas, 
 Toi  dont le regard est parfois tellement triste,
                  Je  veux en ton silence aventurer mon pas 
                  Sur  cette île où tu vis dans ton rêve d'autiste. 
© Philip KIE
Philip  Kie (1953-)
                  Auteur vivant dans la Drôme, fan de poésie et de Stéphane Mallarmé, en particulier. Il a publié un recueil de poésie « Trip mogigraphique » aux Editions Sydney Laurent en 2018. Le même ouvrage est en cours d'édition audio (consulter sa page Facebook). 
                  Autre texte :
                  Icare
                  Sa page Facebook 
                  → https://www.facebook.com/KiePhilip
                  
                
    Il y a plus de fleurs
                    Pour ma mère, en mon cœur,
                    Que dans tous les vergers ;
                    
                    Plus de merles rieurs
                    Pour ma mère, en mon cœur,
                    Que dans le monde entier ;
                    
                    Et bien plus de baisers
                    Pour ma mère, en mon cœur,
                    Qu'on en pourrait donner.
© Maurice CAREME
Maurice  Carême (1899-1978)
                  Poète et écrivain belge de langue française, il écrit ses premiers vers inspirés par une amie d'enfance. Il devient instituteur de métier à Anderlecht-Bruxelles où il passera le reste de sa vie, tout en continuant à écrire poésies et comptines. Élu « Prince en poésie » au Café Procope à Paris en 1975, Maurice Carême est traduit dans le monde entier. Il est en particulier très apprécié pour son amour des enfants, un registre essentiel de son œuvre. Une oeuvre abondante qui comprend quelque quatre-vingt recueils de poèmes, contes, romans, légendes dramatiques, essais, traductions de poèmes néerlandais de Belgique.
                  Autre texte :
                  La main de ma mère 
                  Le goûter
                  Fondation Maurice Carême :
                  http://www.mauricecareme.be/index.php
                  → Biographie détaillée sur Wikipédia
                  
                
    De la pensée et de l'entêté silence.
© Khal TORABULLY
Khal Torabully (1956-)
Ecrivain et cinéaste mauricien, Khal Torabully est installé à Paris depuis 1976. Son œuvre est imprégnée de sa terre natale où la mer, les frontières et les imaginaires sont en relation, induisant une langue riche de multiples étagements de sons et de sens. S'inspirant des migrations des travailleurs ou laboureurs venant des Indes, Khal Torabully est le tout premier écrivain à créer une œuvre et une esthétique autour de ce concept de coolitude (dérivé moderne du mot coolie). 
Autre texte :
Hymne à la mer
→ Sa biographie sur Wikipédia 
                
    Nuit blanche
Page blanche
Archi blanche
Idées blanches
Comme le jour
En Contre- jour
Page à noircir
À adoucir
Cherche chimère
Douce-amère
Cherche une ébauche
Sans la débauche
Cherche mes mots
Sans mes maux
Lyre s’amuse
Pas d’autre muse
Trou noir infini
Ma nuit restera blanche
Et ma page aussi
© Martine MARTIN-COSQUER
Martine Martin-Cosquer (1953-)
                  Après 60 ans passés en Ile-de- France à  Paris et en région parisienne, l'auteure a pris sa retraite  en Vendée aux Sables d’Olonne après une vie professionnelle dans les Ressources humaines en entreprises et cabinet conseil. 
Elle écrit des poèmes depuis son enfance, et aussi des nouvelles.   Aimant aussi la photographie, elle a créé un blog local, la Gazette des Olonnes, où elle publie ses photos des Sables d’Olonne et de ses environs. Elle vient de publier un premier roman : Je dis ça mais je ne dis rien, et termine actuellement le second. 
Son blog photos :
→ La Gazette des Olonnes
Sa page Facebook :
→ Marie Martin-Cosquer 
     Son blog : 
→ http://quaidesrimes.over-blog.com/
                
    Mon armoire ma maison
                    En ce lieu si lointain où toujours je demeure
                    J’ouvre le vieux tiroir dont le coulisseau pleure
                    Tous les amis sont là endormis côte à côte
                    Chacun lance à mon coeur sa musicale note
                    
                    Une histoire les saisons
                    
                    J’ouvre le vieux tiroir dont le coulisseau pleure
                    Viennent la montre bleue qui chantonnait les heures
                    La vedette de bois à l’orange carène
                    Les yeux déboutonnés le petit ours en laine
                    
                    L’écritoire les brouillons
                    
                    Tous les amis sont là endormis côte à côte
                    La moire des paquets scintille près des bottes
                    Le sapin de plastique allongé d’une flèche
                    A des guirlandes d’or au dessus de la crèche
                    
                    Les images les santons
                    
                    Chacun lance à mon coeur sa musicale note
                    Bonjours rires soleils montent entre les hôtes
                    La table et son fumet me font lever la tête
                    Dans le riz safrané s’envolent les fourchettes
                    
                    Les visages l’horizon
                    
                    Hier est un présent quelquefois qui s’ignore
                    Pour moi je l’ouvrirai par un tiroir sonore
                    Et je garde ce temps délivré de toute heure
                    En ce lieu si lointain où toujours je demeure
                    
                    Ma mémoire ma raison.
© Domi PEREZ
Domi Perez (1961-)
                  Né à Alger en 1961, Domi Perez a passé son adolescence à Béziers, dans le Sud de la France. Pour lui écrire est une récréation, un  jeu de mots et d'assonances. Ses poèmes n'ont pas d'autre ambition que de représenter sous un regard amusé et détaché les instants, les êtres et les choses familières que l'on ne regarde plus.
     C'est peut-être pour cela que certains de ses textes se rapprochent des comptines et chansons enfantines.
     Site : 
                  → http://domi.perez.free.fr/
                
    Ce lent et cher frémissement,
                    C’est la pluie douce dans les feuilles.
                    Elle s’afflige et tu l’accueilles
                    Dans un muet enchantement.
                     
                    
                    Le vent s’embrouille avec la pluie,
                    Tu t’exaltes ; moi, je voudrais
                    Mourir dans ce murmure frais
                    D’eau molle que le vent essuie !
                     
                    
                    C’est la pluie qui sanglote, c’est
                    Le vent qui pleure, je t’assure...
                    Je meurs d’une exquise blessure
                    Et tu ne sais pas ce que c’est.
© Francis CARCO
Francis Carco (1886-1958)
                  Ecrivain, poète, journaliste et parolier français né à Nouméa en Nouvelle-Calédonie, il définit lui-même son œuvre comme un romantisme plaintif où l’exotisme se mêle au merveilleux avec une nuance d’humour et désenchantement. Dans ses livres transparaît l'aspiration à un ailleurs : Des rues obscures, des bars, des ports retentissant des appels des sirènes, des navires en partance et des feux dans la nuit. L'enfant battu par son père corse consacra sa vie aux minorités et en fera souvent le sujet de ses romans.
                  Autre texte : 
                  Il pleut
                  → Sa biographie sur Wikipédia
                
    Elle est debout sur mes paupières
                    Et ses cheveux sont dans les miens,
                    Elle a la forme de mes mains,
                    Elle a la couleur de mes yeux,
                    Elle s'engloutit dans mon ombre
                    Comme une pierre sur le ciel.
                    
                    Elle a toujours les yeux ouverts
                    Et ne me laisse pas dormir.
                    Ses rêves en pleine lumière
                    Font s'évaporer les soleils
                    Me font rire, pleurer et rire,
                    Parler sans avoir rien à dire.
© Paul ELUARD
Paul Eluard (1895-1952)
                  Nom de plume d'Eugène Grindel, Paul Eluard est un poète français. Il adhère au dadaïsme et devient l'un des piliers du surréalisme. Obligé d'interrompre ses études à cause de la tuberculose, il séjourne en sanatorium où il rencontre une jeune russe qu'il prénomme Gala. Impressionné par sa forte personnalité, c'est d'elle qu'il tient son premier élan de poésie amoureuse. Il l'épouse début 1917. Malgré sa santé défaillante, il est mobilisé en 1914, puis publie ses premiers poèmes. Au lendemain de la Grande Guerre, il adhère au mouvement Dada puis s'engage dans celui du surréalisme. En 1928, il repart en sanatorium accompagné de Gala. C'est là qu'elle le quitte pour Salvador Dali. Autour d'un voyage autour du monde, il rencontre Maria Benz (Nusch) qui devient sa muse et lui inspirera ses plus beaux poèmes d'amour. Plongé dans le désespoir après le décès de Nusch en 1946, il rencontre Dominique qui devient sa dernière compagne et pour laquelle il écrit le recueil "le Phénix" consacré à la joie retrouvée. Il succombe à une crise cardiaque le 18 novembre 1952 et sera inhumé au Père Lachaise.
                  Photo : Maria Benz (Nusch) 
                  Autres textes :
                  Ce ne sont pas mains de géants 
                  Renouveau
                  Couvre-feu
                  Dit de la Force et de l'Amour
                  L'aube, je t'aime
                  La nuit n'est jamais complète
                  La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur
                  Liberté
                  Saisons
                  → Sa biographie sur Wikipédia
                
    © Danielle BAILLY CROMBEZ
Danielle Bailly Crombez
                  Bretonne et amoureuse de sa belle région, Danielle Bailly Crombez écrit depuis trois ans et a toujours aimé la poésie. Tous les sujets l'inspirent et elle écrit également des  comptines.
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    Toute pensée est une fleur
                      Unique en son espèce,
                      Qui naît, s’ouvre et brille, lueur
                      Dans notre nuit épaisse.
                      Elle paraît et disparait
                      Comme un rêve à l’aurore.
                      D’où vient-elle ? C’est un secret.
                      Où va-t-elle ? On l’ignore.
                      
                      Dans son éclat, dans sa fraîcheur,
                      Avant qu’elle nous laisse,
                      Embaumons-la, forme et couleur,
                      La frêle enchanteresse.
                      
                      Toute pensée est une fleur
                      Unique en son espèce.
Henri-Frédéric Amiel (1821-1881)
                  Henri Frédéric Amiel est un écrivain et philosophe suisse romand, célèbre pour son gigantesque journal intime (17 000 pages, de 1839 à 1881). Professeur d’esthétique et de littérature française à l'université de Genève grâce à son étude Du Mouvement littéraire dans la Suisse romande et de son avenir. De 1854 jusqu'à sa mort, il conserva sa chaire de philosophie. Il a publié plusieurs volumes de poèmes, d’études historiques ou philologiques et des essais philosophiques influencés par la philosophie idéaliste allemande.
                  Autre texte :
                  Printemps du Nord                  
                  → Sa biographie sur Wikipédia 
                
    © Christian POULLEIN
Christian Poullein
                  Cet auteur a publié plusieurs recueils de poésie.
                  → Sa page Facebook 
                
    Ah ! pourquoi de vos yeux
                    Tant appeler mes yeux,
                    Et pourquoi d’une folle étreinte me dire
                    Que tout est puéril
                    Hors élan de nos cœurs
                    Éperdus l’un vers l’autre.
                    Ces lampes claires et ces girandoles
                    Dévoileraient mon trouble sans doute,
                    Si je laissais vos yeux
                    Tant parler à mes yeux.
                    Vois l’enchantement de cette nuit complice
                    Et ces roses
                    Amoureuses
                    Aux corsages des Amoureuses.
                    Respirons les aromes charmants
                    Qui montent de ces fleurs,
                    Parées comme des femmes,
                    Et des ces femmes parées
                    Comme des fleurs.
                    Enivrons-nous du doux vin
                    Cher à Cythérée,
                    Tandis que les violons
                    Traînent des notes pâmées
                    Et que les violoncelles sont
                    Des voix humaines extasiées.
                    Ne fuyez pas, chers yeux, tes yeux
                    Abandonnez-vous vaincus et vainqueurs,
                    Abandonnez-vous, tes yeux à mes yeux.
Marie Krysinska (1845-1908)
                  Poétesse et musicienne française, elle devient la seule femme membre actif des cercles littéraires des Zutistes, des « Hirsutes » et des « Jemenfoutistes » qui se réunissent au cabaret du Chat noir. Elle accompagne au piano les chansons et les poèmes qu’on y déclame. Elle a publié trois volumes de poésies, qui comprennent des poèmes en vers libres, ainsi qu’un recueil de nouvelles, trois romans et de très nombreux articles sur la littérature, l’art, la musique et la critique littéraire.
                  → Sa biographie sur Wikipédia 
                
    Soleil, je t'adore comme les sauvages,
                    à plat ventre sur le rivage.
                    
                    Soleil, tu vernis tes chromos,
                    tes paniers de fruits, tes animaux.
                    
                    Fais-moi le corps tanné, salé ;
                    fais ma grande douleur s'en aller.
                    
                    Le nègre, dont brillent les dents,
                    est noir dehors, rose dedans.
                    
                    Moi je suis noir dedans et rose
                    dehors, fais la métamorphose.
                    
                    Change-moi d'odeur, de couleur,
                    comme tu as changé Hyacinthe en fleur.
                    
                    Fais braire la cigale en haut du pin,
                    fais-moi sentir le four à pain.
                    
                    L'arbre à midi rempli de nuit
                    la répand le soir à côté de lui.
                    
                    Fais-moi répandre mes mauvais rêves,
                    soleil, boa d'Adam et d'Eve.
                    
                    Fais-moi un peu m'habituer,
                    à ce que mon pauvre ami Jean soit tué.
                    
                    Loterie, étage tes lots
                    de vases, de boules, de couteaux.
                    
                    Tu déballes ta pacotille
                    sur les fauves, sur les Antilles.
                    
                    Chez nous, sors ce que tu as de mieux,
                    pour ne pas abîmer nos yeux.
                    
                    Baraque de la Goulue, manège
                    en velours, en miroirs, en arpèges.
                    
                    Arrache mon mal, tire fort,
                    charlatan au carrosse d'or.
                    
                    Ce que j'ai chaud ! C'est qu'il est midi.
                    Je ne sais plus bien ce que je dis.
                    
                    Je n'ai plus mon ombre autour de moi
                    soleil ! ménagerie des mois.
                    
                    Soleil, Buffalo Bill, Barnum,
                    tu grises mieux que l'opium.
                    
                    Tu es un clown, un toréador,
                    tu as des chaînes de montre en or.
                    
                    Tu es un nègre bleu qui boxe
                    les équateurs, les équinoxes.
                    
                    Soleil, je supporte tes coups ;
                    tes gros coups de poing sur mon cou.
                    
                    C'est encore toi que je préfère,
                    soleil, délicieux enfer.
© Jean COCTEAU
Jean Cocteau (1889-1963)
                  Poète, graphiste, dessinateur, dramaturge et cinéaste français, il a été élu à l'Académie française en 1955. Comptant parmi les artistes qui ont marqué le xxe siècle, il a côtoyé la plupart de ceux qui ont animé la vie artistique de son époque. Il a été l'imprésario de son temps, le lanceur de modes, le bon génie d'innombrables artistes. En dépit de ses œuvres littéraires et de ses talents artistiques, Jean Cocteau insista toujours sur le fait qu'il était avant tout un poète et que tout travail est poétique.
                  → Sa biographie sur Wikipédia 
                
                      Un coeur brodé de dentelles
                                    Tenu par une ficelle
                                    Plane au vent, chante crécelle
                                    Sa chemise sans bretelles
S'envoie en l'air, un cerf-volant
                                    L'attraper, bel affriolant
                                    Battant des ailes, l'ortolan
                                    Monte vers le soleil brûlant
Dans l'azur de ses prunelles
                                    Délicate coccinelle
                                    Habillée tout en flanelle
                                    Véritable Pimprenelle
Vêtue de ses beaux habits blancs
                                    Ses cheveux volent ondulants
                                    Sur ses épaules, dénudant
                                    Le trouble du jeune galant
Elle voudrait poser toute nue
                                    A jouer, sotte ingénue
                                    Sur une pierre biscornue
                                    Lui souhaiter la bienvenue
Visiter le jardin désir
                                    Ses douceurs pouvoir les choisir
                                    L’éphèbe voudrait s'en saisir
                                    Déguster les fruits du plaisir
Un peu gauche, elle le conduit
                                    Au doux pêché de chair, l'induit
                                    A frôler son petit réduit
                                    Et en titiller le produit
Timide, le rouge aux joues
                                    N'ayant jamais vu de joujou
                                    Peur de casser ce cher bijou
                                    Aux fines couleurs d'acajou
© Rémi GODET
Rémi Godet (1948-)
Poète, musicien, cycliste, épicurien... Après un parcours professionnel dans une grande administration, Rémi Godet a publié son premier recueil à 69 ans, prouvant ainsi qu'il n'est jamais trop tard ! La vente de ses deux premiers recueils lui a permis de faire des dons à plusieurs associations caritatives. Un troisième recueil est en cours d'édition et il prépare actuellement un livre sur l'épisode du COVID-19.
Autre texte : 
Le petit village
Son blog : 
→ http://desmotsdesmauxbruyantsilence.over-blog.com/
                                  
    Sous l’arc des nuages durcis
                    Au bruit des voix qui s’abandonnent
                    Sur les trottoirs blancs et les rails
                    A travers les branches du temps
                    J’ai regardé passer ton ombre
                    Seule entre les signes obscurs
                    Les traits de lumière mouvante
                    Transparente au reflet des fausses devantures
                    Et elle allait et elle allait
Jamais tu n’as marché si vite
                    Je me rappelais ta figure
                    Mais elle était beaucoup moins grande
                    Et puis j’ai regardé ailleurs
                    Mais pour te retrouver encore
                    Dans les échos du jour roulant dans ma mémoire
Des fils de souvenirs s’accrochent dans les branches
                    Des feuilles dans l’air bleu planent à contre vent
                    Un ruisseau de sang clair se glisse sous la pierre
                    Les larmes et la pluie sur le même buvard
                    Puis tout se mêle au choc dans l’ouate plus épaisse
                    Dans l’écheveau du sort le cœur perd son chemin
                    Toujours le même qui s’arrête
                    Toujours le même qui revient
Le soleil s’éteignait
                    Je regardais plus loin
                    Les traces de tes pas brodaient d’or la poussière
                    Et tout ce qui n’était pas là
                    Dans les flammes du soir qui dévorent la terre.
© Pierre REVERDY
Pierre Reverdy (1889-1960)
                  Poète français associé au cubisme et au début du surréalisme, il a eu une influence notable sur la poésie moderne de langue française
                  → Sa biographie sur Wikipédia 
                
    Mère tu es partie
                    tu n'as pas eu le temps de nous dire adieu
                    la mort t'a enveloppée
                    dans son drap de ronces
                    mère tu nous laisses seuls
                    qu'allons-nous devenir sans toi
                    toi seule qui savais dans quel enfer
                    je louvoyais depuis tant d'années
                    je ne reverrai ni ton visage ni ton sourire
                    toi qui connaissais le chemin secret
                    qui mène aux abîmes de la douleur
                    tu as tout supporté
                    tu ne savais pas te plaindre
                    la dernière semence de vie s'en est allée
                    je n'ai pas voulu te revoir
                    
                    dans la blancheur des draps
                    pourtant chacun disait que tu souriais
                    que ton corps reposait dans l'apaisement
                    et la paix
                    toi qui durant ta vie as si peu connu la paix et la joie
                    mère muré dans mon désespoir je t'appelle encore
                    je n'ai pas admis ce départ
                    je ne l'admettrai jamais
                    je ne pense qu'à te rejoindre
                    la vie m'échappe
© Francis GIAUQUE
Francis Giauque (1934-1965)
                  Grande personnalité littéraire du Jura bernois, son œuvre est influencée par la dépression, le désespoir et la révolte. Elle est composée de poèmes, lettres, textes de chansons (dont certaines furent destinées à Léo Ferré) et de proses regroupées en deux petits recueils. Après plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, la vie de Francis Giauque reste empreinte par ces sentiments, le menant vers la fin tragique du poète. Il se suicide dans la nuit du 12 au 13 mai 1965 à l'âge de 31 ans.
                  → Sa biographie sur Wikipédia 
                
                      Tasse blanche
Pour thé noir
Confinée
En ce fouillis
Livres empilés
Dans ma chambre de poète
Vaisseau de porcelaine
Transport assuré
De l’esprit
Entre les volutes parfumées
Du breuvage
Et les pages
Rien n’est laissé
Au hasard
À proximité du lit
Les écrits
À scruter sous l’iris
En premier
Avant le basculement
Dans le monde des rêves
Les autres
Sont aussi prévus
Au calendrier
Pas d’empressement
Pas de bévue
Car je ne voudrais
Surtout pas
Renverser la tasse blanche.
© Denis MORIN
Denis Morin (1963-)
                                    Poète, romancier et biographe, Denis Morin est né dans l'est du Québec et vit près de Montréal. Il possède des racines françaises, anglaises et autochtones. Il se dit d'ailleurs fasciné par la culture française. Il s'est spécialisé dans la poésie biographique (Camille Claudel, Auguste Rodin, Barbara, Félix Lerclerc, Piaf...). 
                                    Ses blogs : 
                                    → https://ecrivainpoesiedenismorin.org/
                                  → https://denismorinauteur.blogspot.com/ 
                      En chemin, j'ai trouvé
une fleur froissée
sur le bitume.
Elle m'implorait
                                      de la ramasser.
                                      D'elle, j'eus pitié
                                      et je la recueillis
                                      entre mes mains,
comme un mouchoir
                                      de soie rose,
                                      comme un prélude au soir,
                                      à sa métamorphose.
© Alix LERMAN ENRIQUEZ
Alix Lerman Enriquez (1972-)
                                    Née à Paris, la poétesse Alix Lerman Enriquez a déjà publié une quinzaine de recueils de poésie comme Météores (Editions La Bartavelle 2005), A-Contre-jour (Hervé Roth Editeur 2013), Les territoires de la nuit pourpre (Do Bentzinger Editeur 2012), Herbier d’errances (Editions Flammes vives 2016), Au-delà de la nuit (Editions Les Poètes français 2016), Tessons et miroir (Editions Vox Scriba 2017), Estuaire de l’espoir (Editions Flammes vives 2018), La morsure du jour sur la mer (éditions les Poètes français 2018), Bribes du jour, éclats de nuit, (Editions Stellamaris, 2019). Elle est également l’auteur de proses poétiques sur le site de l’éditeur Hervé Roth et anime elle-même deux blogs poétiques.
                                    Ses blogs : 
                                    → Perles de poésie 
                                  → Aphorismes et petits riens  
                    
  Instant délicieux
                                    À une heure matinale
                                    Entre le jour et la nuit,
                                    
                                    En prenant son café
                                    Manger des yeux
                                    Un croissant de lune,
                                    
                                    Manque de bol
                                    Au petit déjeuner
                                  Moucheron qui boit la tasse.
Stéphen Moysan 
                                  Jeune auteur talentueux qui a publié un recueil : L'efflorescence d'un adieu. Son site offre un florilège de poèmes et de peintures. Il met à l'honneur beaucoup de poètes classiques mais pas que. Beaucoup de haïkus et de très jolis textes.
                                  Son site :
                                  
                                → Eternels éclairs                                
  Que nous importe, en vérité,
                                      Que tout se transforme en poussière,
                                      Sur combien d’abîmes j’ai chanté,
                                      Dans combien de miroirs j’ai vécu ?
                                      Ce n’est pas un rêve, soit, ni un réconfort,
                                      C’est tout sauf un bienfait du ciel,
                                      Il se peut que tu sois obligé
                                      De te rappeler plus qu’il n’est nécessaire.
                                      Le grondement des poèmes qui se taisent,
                                      L’œil qui se cache dans les profondeurs,
                                      Cette couronne de barbelés rouillés
                                      Au milieu d’un silence inquiet.
                                    © Anna AKHMATOVA 
Anna Akhmatova  (1889-1966) 
                          C'est l'une des plus importantes poétesses russes du XXe siècle, surnommée "la Reine de la Neva". Elle a écrit aussi bien des petits poèmes lyriques que de grandes compositions poétiques. Les thèmes récurrents de son oeuvre sont le temps qui passe, les souvenirs, le destin de la femme créatrice et les difficultés pour vivre et écrire dans l'ombre du stalinisme.
                          
 
                          → Sa biographie sur Wikipédia 
                      © Laurent AYCAGUER
Laurent Ayçaguer 
                          Poète et auteur aquitain, c'est par la musique, au lycée, en essayant de composer des paroles de chansons que Laurent Ayçaguer s'est découvert la passion des mots et de l'écriture. Il anime aujourd'hui des ateliers de poésie. Il a publié plus d'une dizaine d'ouvrages (textes + CD chansons) que vous pouvez vous procurer sur son site.
                          Autre texte :
                          Con-fi-ne-ment                          
Son site : 
→ https://www.laurentaycaguer.com/ 
Le texte interprété par Célia Mindren :
→ https://youtu.be/jEm0Pq5yEoc
                          
                      © Gérard BOLLON-MASO
Gérard Bollon-Maso  (1947-)
                          Né en région parisienne, Gérard Bollon-Maso habite à Villeurbanne.
                          Fan de poésie depuis son enfance, il écrit depuis une vingtaine d'années.
                          Il publie ses textes dans des revues de poésie et a deux recueils édités en 2012 et 2015.
                          Autres textes :
                          La baigneuse 
                          Douceurs d'été                        
                          Balade en été 
                        Son blog :
                          → http://cielbleu69.eklablog.com/
                          
                      © Jean-Marc LA FRENIERE
Jean-Marc La Frenière  (1948-2023)
                          Né au Québec dans la vallée du Richelieu, Jean-Marc La Frenière est un poète de rue, il distribue sa poésie par l’intermédiaire des itinérants. Il a publié plusieurs recueils. 
                        Son blog :
                        
                        → http://lafreniere.over-blog.net/ 
                          
                      Tu es mon amour
                                    ma clameur mon bramement
                                    tu es mon amour ma ceinture fléchée d’univers
                                    ma danse carrée des quatre coins d’horizon
                                    le rouet des écheveaux de mon espoir
                                    tu es ma réconciliation batailleuse
                                    mon murmure de jours à mes cils d’abeille
                                    mon eau bleue de fenêtre
                                    dans les hauts vols de buildings
                                    mon amour
                                    de fontaines de haies de ronds-points de fleurs
                                    tu es ma chance ouverte et mon encerclement
                                    à cause de toi
                                    mon courage est un sapin toujours vert
                                    et j’ai du chiendent d’achigan plein l’âme
                                    tu es belle de tout l’avenir épargné
                                    d’une frêle beauté soleilleuse contre l’ombre
                                    ouvre-moi tes bras que j’entre au port
                                    et mon corps d’amoureux viendra rouler
                                    sur les talus du Mont-Royal
                                    orignal, quand tu brames orignal
                                    coule-moi dans ta palinte osseuse
                                    fais-moi passer tout cabré tout empanaché
                                    dans ton appel et ta détermination
                                    Montréal est grand comme un désordre universel
                                    tu es assise quelque part avec l’ombre et ton cœur
                                    ton regard vient luire sur le sommeil des colombes
                                    fille dont le visage est ma route aux réverbères
                                    quand je plonge dans les nuits de sources
                                    si jamais je te rencontre fille
                                    après les femmes de la soif glacée
                                    je pleurerai te consolerai
                                    de tes jours sans pluies et sans quenouilles
                                    des hasards de l’amour dénoué
                                    j’allumerai chez toi les phares de la douceur
                                    nous nous reposerons dans la lumière
                                    de toutes les mers en fleurs de manne […]
                                    le monde entier sera changé en toi et moi
                                    la marche à l’amour s’ébruite en un voilier
                                    de pas voletant par les eaux blessées de nénuphars
                                    mes absolus poings
                                    ah violence de délices et d’aval
                                    j’aime
                                    que j’aime
                                    que tu t’avances
                                    ma ravie
                                    frileuse aux pieds nus sur les frimas
                                    par ce temps doucement entêté de perce-neige
                                    sur ces grèves où l’été
                                    pleuvent en longues flammèches les cris des pluviers
                                    harmonica du monde lorsque tu passes et cèdes
                                    ton corps tiède de pruche à mes bras pagayeurs
                                    lorsque nous gisons fleurant la lumière incendiée
                                    et qu’en tangage de moisson ourlée de brises
                                    je me déploie sur ta fraîche chaleur de cigale
                                    je roule en toi tous les saguenays d’eau noire de ma vie
                                    je fais naître en toi
                                    les frénésies de frayères au fond du cœur d’outaouais
                                    puis le cri de l’engoulevent vient s’abattre dans ta gorge
                                    terre meuble de l’amour ton corps
                                    se soulève en tiges pêle-mêle
                                    je suis au centre du monde tel qu’il gronde en moi 
© Gaston MIRON
Gaston Miron  (1928-1996)
                          Poète et éditeur québecois, Gaston Miron est considéré comme un éminent poète national du Québec qui lui a offert des obsèques nationales.  Il a joué un rôle de premier plan dans l'édition québécoise et s'est employé, pendant plus de trente ans, à faire connaître la littérature québécoise par des lectures de poèmes et des prestations dans nombre de pays lors de colloques ou de rencontres littéraires avec divers publics. Son oeuvre a été couronnée d'une dizaine de prix.
                          Autres textes :
                          Compagnon des Amériques 
                          Mon bel amour                        
                          → Sa biographie sur Wikipédia 
                          
                      Ce ne sont pas mains de géants
Ce ne sont pas mains de génies
Qui ont forgé nos chaînes ni le crime
Ce sont des mains habituées à elles-mêmes
Vides d’amour vides du monde
Le commun des mortels ne les a pas serrées
Elles sont devenues aveugles étrangères
À tout ce qui n’est pas bêtement une proie
Leur plaisir s’assimile au feu nu du désert
Leurs dix doigts multiplient des zéros dans des comptes
Qui ne mènent à rien qu’au fin fond des faillites
Et leur habileté les comble de néant
Ces mains sont à la poupe au lieu d’être à la proue
Au crépuscule au lieu d’être à l’aube éclatante
Et divisant l’élan annulent tout espoir
Ce ne sont que des mains condamnées de tout temps
Par la foule joyeuse qui descend du jour
Où chacun pourrait être juste à tout jamais
Et rire de savoir qu’il n’est pas seul sur terre
À vouloir se conduire en vertu de ses frères
Pour un bonheur unique où rire est une loi
Il faut entre nos mains qui sont les plus nombreuses
Broyer la mort idiote abolir les mystères
Construire la raison de naître et vivre heureux.
                                    © Paul ELUARD 
Paul Eluard (1895-1952)
                          Nom de plume d'Eugène Grindel, Paul Eluard est un poète français. Il adhère au dadaïsme et devient l'un des piliers du surréalisme. Obligé d'interrompre ses études à cause de la tuberculose, il séjourne en sanatorium où il rencontre une jeune russe qu'il prénomme Gala. Impressionné par sa forte personnalité, c'est d'elle qu'il tient son premier élan de poésie amoureuse. Il l'épouse début 1917. Malgré sa santé défaillante, il est mobilisé en 1914, puis publie ses premiers poèmes. Au lendemain de la Grande Guerre, il adhère au mouvement Dada puis s'engage dans celui du surréalisme. En 1928, il repart en sanatorium accompagné de Gala. C'est là qu'elle le quitte pour Salvador Dali. Autour d'un voyage autour du monde, il rencontre Maria Benz (Nusch) qui devient sa muse et lui inspirera ses plus beaux poèmes d'amour. Plongé dans le désespoir après le décès de Nusch en 1946, il rencontre Dominique qui devient sa dernière compagne et pour laquelle il écrit le recueil "le Phénix" consacré à la joie retrouvée. Il succombe à une crise cardiaque le 18 novembre 1952 et sera inhumé au Père Lachaise.
                          Autres textes :
                          Renouveau                          
                          Couvre-feu
                          Dit de la Force et de l'Amour
                          L'aube, je t'aime
                          La nuit n'est jamais complète
                          Liberté
                          Saisons
                          La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur
                          → Sa biographie sur Wikipédia
    Alors que tout aime
que de vie en vie
le corps me manque...
te prendre
au cœur du silence
t’enfermer dans mes bras
te laisser danser dans mon cœur
toute la flamme des éternités
et finalement me dissoudre
dans la vie que je perds
à t’aimer
à t’aimer sans jamais me rendre
alors que tout aime
sais-tu
que je renais sans cesse de mes cendres
à sentir l'éternité de son pas léger
venir me prendre
alors que tout aime
et que moi comme le cèdre
d’un lointain Liban
je n’ai plus de racine que pour le ciel…
alors que tout aime
ici je vais ..
prends ma main
qu’il me reste un souvenir
prends mon cœur
qu’il ne me reste plus que toi
prends ma vie
qu’il me reste encore l’éternité
de ce que nous sommes
dans cet instant
où tout aime
                      © Yves DROLET 
Yves Drolet (1946-)
            Né à Montréal au Québec, Yves Drolet vit toujours dans cette région et se dit poète avant tout.
            Autre texte :
            Si je vous écris...
              Vous trouverez d'autres textes de l'auteur sur ce blog : 
              → http://www.couleurs-poesies-jdornac.com/tag/yves%20drolet/
                      C'est un petit village 
                                      Perché sur les rochers 
                                      Des toits en empilage 
                                    De maisons accrochées 
Une ruine domine
                                      Vieux donjon et rempart 
                                      Le soleil illumine 
                                      L'antique étendard
J'entends les attelages
                                      Le pas lourd des chevaux
                                      Frôlant les étalages 
                                      Variés des hâtiveaux
Les enfants en guenilles 
                                      S'esclaffent en courant 
                                      Sous les grandes charmilles
                                      D'un vert exubérant 
L'enclume, les varlopes
                                      Des ciseaux, un marteau
                                      Joutent dans les échoppes 
                                      L'art subi de l'étau 
L'odeur fraîche de paille
                                      Les effluves du foin 
                                      Le signal de la caille 
                                      Dans les blés d'or au loin
Qu'il fut beau ce village 
                                      Aujourd'hui déserté 
                                      Triste remue-ménage 
                                      De fausse liberté 
De ceux partis en villes
                                      Gagner de l'utopie
                                      En devenant serviles 
                                      Mauvaise thérapie 
Les ronces et les lierres
                                      Dévorent les maisons
                                      Accrochés aux meulières
                                      Au rythme des saisons
Là-haut quelques corneilles
                                      Assistent l'agonie 
                                      De ce qui fut merveille
                                    Comble de l'ironie
                                    © Rémi GODET 
Rémi Godet (1948-)
                          Poéte, musicien, cycliste, épicurien... Après un parcours professionnel dans une grande administration, Rémi Godet a publié son premier recueil à 69 ans, prouvant ainsi qu'il n'est jamais trop tard ! La vente de ses deux premiers recueils lui a permis de faire des dons à plusieurs associations caritatives. Un troisième recueil est en cours d'édition et il prépare actuellement un livre sur l'épisode du COVID-19. 
          Son blog : 
                          → http://desmotsdesmauxbruyantsilence.over-blog.com/
                      J'écris avec ma main
(parfois comme un pied)
J'écris seul sous la lune
(le soleil ne le sait pas)
J'écris des mots d'amour
(qui ne sont ni crus ni crus)
J'écris plus que je bois
(ma mauresque sucrée)
J'écris par peur du vide
(ma vie déborde et ruisselle)
J'écris par soif de vivre
(jamais la mort ne m'obsède)
J'écris la vérité
(mais la travestis sans cesse)
J'écris quand tu t'écries
(par la grâce du silence)
J'écris l'écho du corps
(traîtresse est sa souffrance)
J'écris les maux de l'âme
(maitresse est sa poésie)
                                      
                                    Sans doute est-ce
parce que je n’ai rien à dire
ou que je ne sais comment dire
ni à qui le dire
que j’écris
                                      
                                    
Arythmie solitaire du silence
après l’infinie logorrhée
vacance du verbe séculaire
quand sa volubile babel
étouffe le cri de mon mutisme
sordide mimétisme sémantique
                                    
Le vol ardent des martinets
trouble le calme impassible
des marronniers
                                    
Le soir sombre morne et sublime
et dans un souffle sensible et sensuel
assoupit la mémoire
                                    
J’avoue et crie
                                    
Je vous écris
                                      
                                    Il faut écrire quand on ne peut crier
                                    
pour ne pas sacrifier les silences
                                    
pour ne pas se fier aux offenses
                                    
pour ne pas meurtrir les mémoires
                                    
pour ne pas mourir de rage et de haine
                                    
pour ne pas trahir les maux mon enfer
                                    
pour nous enivrer de nos rêves
© Henri BARON
Henri Baron (1967-) 
                          Né à La Rochelle, Henri Baron a choisi d'exercer le métier d'instituteur. Il consacre alors une grande partie de son temps libre à l'enfance qui l'inspire tout autant qu'il essaie de lui transmettre son amour de la poésie.
Il ne se présente pas poète, mais plutôt comme un "écriveur de poèmes", un "passeur de mots", un "récréateur". Il aime bien ces expressions car après tout, en tant qu'instituteur, cela lui est même plutôt approprié, la poésie est aussi liée au temps libre...
Devenu directeur de centre de vacances et de loisirs, formateur d'animateurs, il anime des ateliers d'écriture avec des enfants et de jeunes adultes.
                          Son blog : 
                          → https://henribaron.wixsite.com/grabouillages 
                          Sa page Facebook :  
 
                          → https://www.facebook.com/henri.baron 
                      Après tout je t’aimerai
                                      Comme si c’était toujours avant
                                      Comme si à force d’attendre
                                      Sans te voir sans que tu viennes
                                      Tu étais éternellement
                                    En train de respirer près de moi.
Près de moi avec tes habitudes
                                      Avec ta couleur et ta guitare
                                      Comme sont ensemble les pays
                                      Dans les leçons de l’école
                                      Et deux contrées se confondent
                                      Et il y a un fleuve près d’un fleuve
                                      Et deux volcans s’élèvent ensemble.
Près de toi c’est près de moi
                                      Et loin de tout est ton absence
                                      Et la lune est couleur d’argile
                                      Dans la nuit du tremblement
                                      Quand dans la terreur de la terre
                                      S’assemblent les racines
                                      Et l’on entend tinter le silence
                                      Avec le son de l’épouvante.
                                      La peur est aussi un chemin.
                                      Et entre ses pierres effrayantes
                                      La tendresse peut marcher
                                      à quatre pieds et quatre lèvres.
Car sans s’éloigner du présent
                                      Qui est une bague délicate
                                      Nous touchons le sable d’hier
                                      Et dans la mer l’amour évoque
                                      Une fureur incessante. 
                                    © Pablo NERUDA 
Pablo Neruda (1904-1973) 
                          Poète, écrivain, diplomate et homme politique chilien, Pablo Neruda est considéré comme l'un des quatre grands de la poésie chilienne.
                          Autres textes :
                          Sonnet 48 
                          Sonnet 89 
 
                          → Sa page dans le Monde de Poetika 
                      Dans les ténèbres qui m’enserrent
                                      Noires comme un puits où l’on se noie
                                      Je rends grâce aux dieux, quels qu’ils soient
                                    Pour mon âme invincible et fière.
Dans de cruelles circonstances
                                      Je n’ai ni gémi ni pleuré
                                      Meurtri par cette existence
                                      Je suis debout, bien que blessé.
En ce lieu de colère et de pleurs
                                      Se profile l’ombre de la Mort
                                      Je ne sais ce que me réserve le sort
                                      Mais je suis, et je resterai sans peur.
Aussi étroit soit le chemin
                                      Nombreux, les châtiments infâmes
                                      Je suis le maître de mon destin
                                    Je suis le capitaine de mon âme.
William Ernest Henley (1843-1903) 
                          Poète, critique littéraire et éditeur britannique, W.E. Henley est principalement connu pour ce poème. Atteint de tuberculose osseuse, il doit être amputé de son pied gauche à mi-jambe à 25 ans. C'est sur son lit d'hôpital qu'il écrit Invictus (dont le titre latin signifie Invaincu). Ce texte fut un soutien et une source d'inspiration pour Nelson Mandela durant sa longue captivité.
                          → Sa biographie sur Wikipédia                          
                      Bon an mal an,
bon gré mal gré,
bon pied bon œil,
toujours pareil,
toujours tout neuf,
c’est toujours vrai,
c’est toujours vain,
ça persévère,
ça s’exaspère,
ça prend son temps,
ça va briller,
ça s’inscrira,
irrémédiable,
indescriptible,
perdu ravi,
malheur gaieté,
le pour le contre,
la fin la suite,
commencement,
flamme épineuse,
contour changeant,
la mort qui tousse,
qui se ravive goût du vif,
la mort, la joie,
l’amour se plaint,
le noir afflue,
le soleil bas,
vaillance atteinte,
feu renversé,
l’effroi vaincu,
ornière blanche,
la neige enfouie,
les branches vives,
bon gré mal gré,
fontaine sourde,
foudre lointaine,
torche écumeuse,
tout dénuement,
ça vient ça va,
ça prend son temps,
ça va venir,
ça reviendra,
bon gré mal gré.
© André FRENAUD
André Frénaud (1907-1993)
                          Aragon le lance, Eluard et Char l’applaudissent, le poète français André Frénaud commence son parcours poétique sous de bons augures ! Cependant, ce poète en provenance d’une ville industrielle se considère davantage ouvrier qu’artiste, fier de son héritage en charpenterie. Emprisonné durant la deuxième Guerre mondiale, ses premiers poèmes sont écrits en prison sur des bouts de papiers provenant de sacs de ciment. Ses poèmes lui valent la qualification de poète métaphysique. Ses textes sont illustrés de lithographes peints par ses nombreux amis peintres. Il reçoit le Grand Prix de l’Académie Française en 1973, et le Grand Prix de la Poésie en 1985.
                          Source : 
                          
                          → lesvoixdelapoesie.com 
                          
                      L’entendez-vous, l’entendez-vous
                                      Le menu flot sur les cailloux ?
                                      Il passe et court et glisse
                                      Et doucement dédie aux branches,
                                      Qui sur son cours se penchent,
                                    Sa chanson lisse.
Là-bas,
                                      Le petit bois de cornouillers
                                      Où l’on disait que Mélusine
                                      Jadis, sur un tapis de perles fines,
                                      Au clair de lune, en blancs souliers,
                                      Dansa ;
                                      Le petit bois de cornouillers
                                      Et tous ses hôtes familiers
                                      Et les putois et les fouines
                                      Et les souris et les mulots
                                      Ecoutent
                                      Loin des sentes et loin des routes
                                      Le bruit de l’eau.
Aubes voilées,
                                      Vous étendez en vain,
                                      Dans les vallées,
                                      Vos tissus blêmes,
                                      La rivière,
                                      Sous vos duvets épais, dès le prime matin,
                                      Coule de pierre en pierre
                                      Et murmure quand même.
                                      Si quelquefois, pendant l’été,
                                      Elle tarit sa volupté
                                      D’être sonore et frémissante et fraîche,
                                      C’est que le dur juillet
                                      La hait
                                      Et l’accable et l’assèche.
                                      Mais néanmoins, oui, même alors
                                      En ses anses, sous les broussailles
                                      Elle tressaille
                                      Et se ranime encor,
                                      Quand la belle gardeuse d’oies
                                      Lui livre ingénument la joie
                                      Brusque et rouge de tout son corps.
Oh ! les belles épousailles
                                      De l’eau lucide et de la chair,
                                      Dans le vent et dans l’air,
                                      Sur un lit transparent de mousse et de rocailles ;
                                      Et les baisers multipliés du flot
                                      Sur la nuque et le dos,
                                      Et les courbes et les anneaux
                                      De l’onduleuse chevelure
                                      Ornant les deux seins triomphaux
                                      D’une ample et flexible parure ;
                                      Et les vagues violettes ou roses
                                      Qui se brisent ou tout à coup se juxtaposent
                                      Autour des flancs, autour des reins ;
                                      Et tout là-haut le ciel divin
                                      Qui rit à la santé lumineuse des choses !
La belle fille aux cheveux roux
                                      Pose un pied clair sur les cailloux.
                                      Elle allonge le bras et la hanche et s’inclina
                                      Pour recueillir au bord,
                                      Parmi les lotiers d’or,
                                      La menthe fine ;
                                      Ou bien encor
                                      S’amuse à soulever les pierres
                                      Et provoque la fuite
                                      Droite et subite
                                      Des truites
                                      Au fil luisant de la rivière.
Avec des fleurs de pourpre aux deux coins de sa bouche,
                                      Elle s’étend ensuite et rit et se recouche,
                                      Les pieds dans l’eau, mais le torse au soleil ;
                                      Et les oiseaux vifs et vermeils
                                      Volent et volent,
                                      Et l’ombre de leurs ailes
                                      Passe sur elle.
Ainsi fait-elle encor
                                      A l’entour de son corps
                                      Même aux mois chauds
                                      Chanter les flots.
                                      Et ce n’est qu’en septembre
                                      Que sous les branches d’or et d’ambre,
                                      Sa nudité
                                      Ne mire plus dans l’eau sa mobile clarté,
                                      Mais c’est qu’alors sont revenues
                                      Vers notre ciel les lourdes nues
                                      Avec l’averse entre leurs plis
                                      Et que déjà la brume
                                      Du fond des prés et des taillis
                                      S’exhume.
Pluie aux gouttes rondes et claires,
                                      Bulles de joie et de lumière,
                                      Le sinueux ruisseau gaiement vous fait accueil,
                                      Car tout l’automne en deuil
                                      Le jonche en vain de mousse et de feuilles tombées.
                                      Son flot rechante au long des berges recourbées,
                                      Parmi les prés, parmi les bois ;
                                      Chaque caillou que le courant remue
                                      Fait entendre sa voix menue
                                      Comme autrefois ;
                                      Et peut-être que Mélusine,
                                      Quand la lune, à minuit, répand comme à foison
                                      Sur les gazons
                                      Ses perles fines,
                                      S’éveille et lentement décroise ses pieds d’or,
                                      Et, suivant que le flot anime sa cadence,
                                      Danse encor
                                    Et danse.
Emile Verhaeren (1855-1916)
                          Poète belge flamand, d’expression française. Dans ses poèmes influencés par le symbolisme, où il pratique le vers libre, sa conscience sociale lui fait évoquer les grandes villes dont il parle avec lyrisme sur un ton d’une grande musicalité. Il a su traduire dans son œuvre la beauté de l’effort humain.
                          Autres textes :
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                          Les greniers
                          Les horloges 
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                          → Sa biographie sur Wikipédia
                          
                      Il y a de grandes flaques de sang sur le monde
où s’en va-t-il tout ce sang répandu
est-ce la terre qui le boit et qui se saoule
drôle de soûlographie alors
si sage… si monotone…
Non la terre ne se saoule pas
la terre ne tourne pas de travers
elle pousse régulièrement sa petite voiture ses quatre saisons
la pluie… la neige…
la grêle… le beau temps…
jamais elle n’est ivre
c’est à peine si elle se permet de temps en temps
un malheureux petit volcan
Elle tourne la terre
elle tourne avec ses arbres… ses jardins… ses maisons…
elle tourne avec ses grandes flaques de sang
et toutes les choses vivantes tournent avec elle et saignent…
Elle elle s’en fout
la terre
elle tourne et toutes les choses vivantes se mettent à hurler
elle s’en fout
elle tourne
elle n’arrête pas de tourner
et le sang n’arrête pas de couler…
Où s’en va-t-il tout ce sang répandu
le sang des meurtres… le sang des guerres…
le sang de la misère…
et le sang des hommes torturés dans les prisons…
le sang des enfants torturés tranquillement par leur papa et leur maman…
Et le sang des hommes qui saignent de la tête
dans les cabanons…
et le sang du couvreur
quand le couvreur glisse et tombe du toit
Et le sang qui arrive et qui coule à grands flots
avec le nouveau-né… avec l’enfant nouveau…
la mère qui crie… l’enfant pleure…
le sang coule… la terre tourne
la terre n’arrête pas de tourner
le sang n’arrête pas de couler
Où s’en va-t-il tout ce sang répandu
le sang des matraqués… des humiliés…
des suicidés… des fusillés… des condamnés…
et le sang de ceux qui meurent comme ça… par accident
Dans la rue passe un vivant
avec tout son sang dedans
soudain le voilà mort
et tout son sang est dehors
et les autres vivants font disparaître le sang
ils emportent le corps
mais ils est têtu le sang
et là où était le mort
beaucoup plus tard tout noir
un peu de sang s’étale encore…
sang coagulé
rouille de la vie rouille des corps
sang caillé comme le lait
comme le lait quand il tourne
quand il tourne comme la terre
comme la terre qui tourne
avec son lait… avec ses vaches…
avec ses vivants… avec ses morts…
la terre qui tourne avec ses arbres… ses vivants… ses
maisons… la terre qui tourne avec les mariages… les enterrements… les coquillages… les régiments…
la terre qui tourne et qui tourne avec ses grands ruisseaux de sang.
© Jacques PREVERT
Jacques Prévert (1900-1977)
                          Poète, scénariste et dialoguiste français, qui devint célèbre grâce au succès de son premier recueil de poèmes, « Paroles », où son langage familier et ses jeux de mots sont appréciés. Ses poèmes sont depuis lors connus dans le monde entier et appris dans les écoles françaises.
                          Autres textes :
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                          La Seine a de la chance
                          Barbara
                          Cet amour
                          Sanguine
                          Sables mouvants
                          Mai 68
                          Le cancre
                          → Sa biographie sur Wikipédia
                          
                      Il y aurait, il y aurait
                                      l'effondrement d'un escalier
                                      dans la maison des laves
                                      et le viol des couleurs
                                      sur des frissons lavandes
                                    en Méditerranée
On dirait, on dirait
                                      ce n'est qu'un été à brûler ou à prendre
                                      l'esprit du soufre à tirer de la cendre
Tu descendrais, tu descendrais
                                      les marches en feu
                                      dans la maison des laves
                                      et ta peau déshabillée
                                      sur des regrets s’y lave
                                      en Méditerranée
A la fin, à la fin
                                      tu tremblerais ta nuit en friche
                                      ses éclats coupants d'amour
                                      en Méditerranée
Il y aurait, il y aurait
                                      pour te cerner le ventre de la terre
                                      sa foule humide et fraîche
Lente douleur la mer te prendrait
© Mireille DISDERO
Mireille Disdero  
                          Romancière, nouvelliste et poète, Mireille Disdero a enseigné le français puis  a excercé différents métiers dans l’édition, en librairie ou bibliothèque. Elle a vécu plusieurs années en Thaïlande et a sillonné l’Asie de long en large, avant de revenir s’installer dans sa Provence natale. Ses derniers romans s’adressent surtout aux adolescents.
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                      Compagnon des Amériques
Québec ma terre amère ma terre amande
ma patrie d’haleine dans la touffe des vents
j’ai de toi la difficile et poignante présence
avec une large blessure d’espace au front
dans une vivante agonie de roseaux au visage
je parle avec les mots noueux de nos endurances
nous avons soif de toutes les eaux du monde
nous avons faim de toutes les terres du monde
dans la liberté criée de débris d’embâcle
nos feux de position s’allument vers le large
l’aïeule prière à nos doigts défaillante
la pauvreté luisant comme des fers à nos chevilles
mais cargue-moi en toi pays, cargue-moi
et marche au rompt le cœur de tes écorces tendres
marche à l’arête de tes dures plaies d’érosion
marche à tes pas réveillés des sommeils d’ornières
et marche à ta force épissure des bras à ton sol
mais chante plus haut l’amour en moi, chante
je me ferai passion de ta face
je me ferai porteur de ton espérance
veilleur, guetteur, coureur, haleur de ton avènement
un homme de ton réquisitoire
un homme de ta patience raboteuse et varlopeuse
un homme de ta commisération infinie
l’homme artériel de tes gigues
dans le poitrail effervescent de tes poudreries
dans la grande artillerie de tes couleurs d’automne
dans tes hanches de montagnes
dans l’accord comète de tes plaines
dans l’artésienne vigueur de tes villes
devant toutes les litanies
de chats-huants qui huent dans la lune
devant toutes les compromissions en peaux de vison
devant les héros de la bonne conscience
les émancipés malingres
les insectes des belles manières
devant tous les commandeurs de ton exploitation
de ta chair à pavé
de ta sueur à gages
mais donne la main à toutes les rencontres, pays
toi qui apparais
par tous les chemins défoncés de ton histoire
aux hommes debout dans l’horizon de la justice
qui te saluent
salut à toi territoire de ma poésie
salut les hommes et les femmes
des pères et mères de l’aventure
© Gaston MIRON
Gaston Miron (1928-1996)
                          Poète et éditeur québecois, Gaston Miron est considéré comme un éminent poète national du Québec qui lui a offert des obsèques nationales.  Il a joué un rôle de premier plan dans l'édition québécoise et s'est employé, pendant plus de trente ans, à faire connaître la littérature québécoise par des lectures de poèmes et des prestations dans nombre de pays lors de colloques ou de rencontres littéraires avec divers publics. Son oeuvre a été couronnée d'une dizaine de prix.
                        Autre texte :
                        Mon bel amour                        
                        → Sa biographie sur Wikipédia 
                          
                      Il y a des volcans qui se meurent
il y a des volcans qui demeurent
il y a des volcans qui ne sont là que pour le vent
il y a des volcans fous
il y a des volcans ivres à la dérive
il y a des volcans qui vivent en meutes et patrouillent
il y a des volcans dont la gueule émerge de temps en temps
véritables chiens de la mer
il y a des volcans qui se voilent la face
toujours dans les nuages
il y a des volcans vautrés comme des rhinocéros fatigués
dont on peut palper la poche galactique
il y a des volcans pieux qui élèvent des monuments
à la gloire des peuples disparus
il y a des volcans vigilants
des volcans qui aboient
montant la garde au seuil du Kraal des peuples endormis
il y a des volcans fantasques qui apparaissent
et disparaissent
(ce sont jeux lémuriens)
il ne faut pas oublier ceux qui ne sont pas les moindres
les volcans qu’aucune dorsale n’a jamais repérés
et dont de nuit les rancunes se construisent
il y a des volcans dont l’embouchure est à la mesure
exacte de l’antique déchirure.
© Aimé CESAIRE
Aimé Césaire (1913-2008)
                          Ecrivain, poète francophone et homme politique français,  Aimé Césaire  est l’un des fondateurs de la négritude, un courant littéraire et politique anticolonial. Pendant ses années d'études à Paris, il fonde la revue littéraire L’étudiant noir, dans laquelle il évoque pour la première fois le concept de négritude. De retour en Martinique, il enseigne la littérature. Il fonde la revue Tropiques en 1941. Après la Deuxième Guerre mondiale,  Aimé Césaire devient maire de Fort-de-France, puis député. Souvent inspirée du surréalisme, sa poésie souligne les conséquences du colonialisme et exprime la nostalgie de la liberté et la révolte contre la servitude. 
                          → Sa biographie sur Wikipédia 
                          
                      La cloche a proclamé au Pays de Bretagne,
                                      Qu'un enfant est venu sauver l'Humanité,
                                      Et dans tous les salons, entre bûche et Champagne,
                                      Des chants ont célébré cette natalité.
                                      Mais le vent s'est levé, a soulevé les vagues,
                                      Emportant au lointain ce bonheur désuet,
                                      Seul face à l'océan hurlant et qui me nargue,
                                      Je reste cœur chagrin pleurant sur Camaret.
                                      
                                      Là-bas sur un bateau roulé par la tempête,
                                      Marin tu perds ta vie à vouloir la gagner,
                                      Au Pays on s'amuse, on rit, on fait la fête,
                                      Ignorant la frayeur du pauvre marinier.
                                      Perdu au fond des creux, dérivant vers le large,
                                      Tu revois les copains des nuits de cabaret,
                                      Moi face à l'océan, debout sur le rivage,
                                      Je reste cœur chagrin pleurant sur Camaret.
                                      
                                      Mais la cloche s'est tue au Pays de Bretagne,
                                      A sonner le tocsin s'est éteinte sa voix,
                                      Ils ne sont pas rentrés de l'ultime campagne,
                                      De ce foutu métier c'est la terrible loi.
                                      L'enfant était venu pour recueillir leurs âmes,
                                      Et les porter au ciel dans un champ de bleuets,
                                      Seul face à l'océan plaignant enfants et femmes,
                                    Je reste cœur chagrin pleurant sur Camaret.
© René DOMENGET
René Domenget
                          D'autres poèmes sur ce site :  
                          → www.poesie.webnet.fr/
                          
                      Ici, le rocher, l’arbre et l’eau
                                      Font pour mon oeil ce qu’il convoite.
                                      Tout ce qui luit, tremble ou miroite,
                                    Forme un miraculeux tableau.
Sur le murmure qui se ouate
                                      Le rossignol file un solo :
                                      L’écorce blanche du bouleau
                                      Met du mystique dans l’air moite.
A la fois légère et touffue
                                      La lumière danse à ma vue
                                      Derrière l’écran du zéphyr ;
Je m’attarde, et le soir achève
                                      Avec de l’ombre et du soupir
                                      La félicité de mon rêve.
Maurice Rollinat (1846-1903)
                          Poète, musicien et interprète français, Maurice Rollinat a écrit ses premiers poèmes en 1870, encouragé par George Sand. Ses textes, allant du pastoral au macabre en passant par le fantastique, lui valent une brève consécration en 1883. Tourmenté,  souffrant de névralgies, il se retire dans la Creuse où il continuera son oeuvre littéraire. Au décès de sa compagne, il tente plusieurs fois de se suicider. Malade (probablement d'un cancer), il est hospitalisé à Ivry où il meurt à l'âge de 56 ans. 
                          Autre texte :
                          Magie de la nature 
                          → Sa biographie sur Wikipédia
                          
                      La jeune fille est blanche,
elle a des veines vertes
aux poignets, dans ses manches
            ouvertes.
                                    On ne sait pas pourquoi
elle rit. par moment
elle crie et cela
            est perçant.
                                    Est-ce qu’elle se doute
qu’elle vous prend le cœur
en cueillant sur la route
            des fleurs ?
                                    On dirait quelquefois
qu’elle comprend des choses.
Pas toujours. elle cause
            tout bas.
                                    « Oh ! ma chère ! oh ! là là…
… Figure-toi… mardi
je l’ai vu… j’ai rri. » — Elle dit
            comme ça.
                                    Quand un jeune homme souffre,
d’abord elle se tait :
elle ne rit plus, tout
            étonnée.
                                    Dans les petits chemins
elle remplit ses mains
de piquants de bruyères,
            de fougères.
                                    Elle est grande, elle est blanche,
elle a des bras très doux.
Elle est très droite et penche
le cou.
Francis Jammes (1868-1938)
                          Poète, romancier, dramaturge français, Francis Jammes passa la majeure partie de sa vie dans le Béarn et la Pays Basque, principales sources de son inspiration.
                          Autres textes :
                          Avec ton parapluie 
                          La salle à manger
                          → Sa biographie sur Wikipédia
                          
                      Comme une soudaine piqûre de rappel,
Sentiment enfoui de vulnérabilité,
Pour unique vie : la crainte et fragilité.
Fragile idée, de croire que la vie est belle !
Notre conception du vivant, serait-ce frêle ?
Voulant tout maîtriser et puis tout dominer,
La mainmise s'efface et ne peut contrôler…
La nature qui surgit sous forme cruelle !
Parlons à l'Homme aux erreurs qui se répètent :
Disons-lui que le civisme est comme une allumette,
Bonne à jeter une fois qu'elle est consumée !
Lui qui parfois se brûle et qui souvent oublie
Que soustraite, à tort, de vulnérabilité…
La vie ,ici, ce n'est pas tous les jours magie !
© Maxime FLAMAND
Maxime Flamand 
C'est en découvrant le répertoire de Renaud que Maxime Flamand s'est découvert une passion pour l'écriture, et en particulier pour la poésie.
Son blog :
→ https://leblognotedemax.jimdofree.com/
                          
                      D'abord il faut chercher profondément dans son cerveau
                                      Sans remords pour retrouver ses plus vieux souvenirs
                                      Premier Noël, premier jouet, première larme, premier cadeau,
                                      Première étoile dans le ciel, premier train qui va partir...
                                      
                                      Après il faut chercher au plus profond des yeux
                                      Contempler à nouveau les plus beaux paysages
                                      Une plage un coucher de soleil sur la mer sans nuage
                                      Instant d'éternité dans l'immensité des cieux.
                                      
                                      Et puis écouter la nostalgie avec ses deux oreilles
                                      Chansons d'avant, ils étaient quatre dans le vent
                                      Chansons du temps qui passe comme le vin à la treille
                                      Écoute c'est si loin si loin et pourtant si vivant...
                                      
                                      Et puis caresser notre bouche celle qui a tout connu,
                                      De notre premier baiser et nos amours perdues,
                                      À notre premier départ vers ces  rives inconnues
                                      Et le goût d'une peau d'un corps qui était simplement nu...
                                      
                                      Et puis il y a le cœur celui  qui tape comme le tambour
                                      Tous les jours de la vie passée et nos prochains printemps
                                      Celui qui tape  si fort quand c'est le grand amour,
                                      Celui qui fait que vivre est le plus beau des présents.
                                      Et que la vie existe et que c'est bon d'être vivant ...
© Bernard MERCIER
Bernard Mercier
                          Son site :  
                          → http://www.bernardmercier.fr/
                          
                      Le soleil brûlant
                                      Les fleurs qu’en allant
                                      Tu cueilles,
                                      Viens fuir son ardeur
                                      Sous la profondeur
                                      Des feuilles.
                                    
Cherchons les sentiers
                                      À demi frayés
                                      Où flotte,
                                      Comme dans la mer,
                                      Un demi-jour vert
                                      De grotte.
Des halliers touffus
                                      Un soupir confus
                                      S’élève
                                      Si doux qu’on dirait
                                      Que c’est la forêt
                                      Qui rêve…
Chante doucement ;
                                      Dans mon coeur d’amant
                                      J’adore
                                      Entendre ta voix
                                      Au calme du bois
                                      Sonore.
L’oiseau, d’un élan,
                                      Courbe, en s’envolant,
                                      La branche
                                      Sous l’ombrage obscur
                                      La source au flot pur
                                      S’épanche.
Viens t’asseoir au bord
                                      Où les boutons d’or
                                      Foisonnent…
                                      Le vent sur les eaux
                                      Heurte les roseaux
                                      Qui sonnent.
Et demeure ainsi
                                      Toute au doux souci
                                      De plaire,
                                      Une rose aux dents,
                                      Et ton pied nu dans
                                      L’eau claire.
Albert Samain (1858-1900)
                          Poète symboliste français, Albert Samain a dû arrêter ses études à la mort de son père, à l'âge de 14 ans. Rejoignant Paris vers 1880, il commence à fréquenter les cercles littéraires et récite ses poèmes au « Chat noir ». En 1893, la publication de son recueil « Au jardin de l'infante » lui vaut un succès immédiat. Fin 1899, sa santé se détériore : il est atteint de phtisie. Il se retire chez un ami dans la Vallée de Chevreuse et meurt à l'été 1900. Une des originalités d'Albert Samain est l'utilisation du sonnet à quinze vers. Après sa mort, ses poésies sont réimprimées un nombre considérable de fois, et de nombreux musiciens ont composé des mélodies sur ses textes.
                        Autres textes :
                        Ton souvenir est comme un livre                        
                        Le bonheur
                        Hiver
                        Matin sur le port
                        La cuisine 
                        → Sa biographie sur Wikipédia
                          
                      Nue et belle, sortant de l’onde
Sous un soleil aux rayons d’or
Et secouant sa crinière blonde
Elle apparut dans mon décor
Et, balançant nonchalante
Son corps sculptural, impudique
Elle se dirigea indolente
Droit vers la petite crique
Elle s’allongea frissonnante
Sur un tapis d’herbe en retrait
Où la lumière forte, ardente
De l’astre solaire sévissait
Sa peau laiteuse scintillait
De milliers de gouttes d’argent
Ses cheveux emmêlés brillaient
Ses courbes ondulaient sous le vent
Admirant ce corps, cette beauté
Mon désir allait ascendant
De cet instant j’avais rêvé
Etoile en mon ciel de néant.
© Gérard BOLLON-MASO
Gérard Bollon-Maso  (1947-)
                          Né en région parisienne, Gérard Bollon-Maso habite à Villeurbanne.
                          Fan de poésie depuis son enfance, il écrit depuis une vingtaine d'années.
                          Il publie ses textes dans des revues de poésie et a deux recueils édités en 2012 et 2015.
                          Autres textes :
                          Douceurs d'été                        
                          Balade en été 
                        Son blog :
                          → http://cielbleu69.eklablog.com/
                          
                      Un oiseau qui fait la roue
                                      Sur un arbre déjà roux
                                      Et son cri par dessus tout
                                      Que c'est beau, c'est beau la vie.
                                      
                                      Tout ce qui tremble et palpite
                                      Tout ce qui lutte et se bat
                                      Tout ce que j'ai cru trop vite
                                      A jamais perdu pour moi
                                      
                                      Pouvoir encore regarder
                                      Pouvoir encore écouter
                                      Et surtout pouvoir chanter
                                      Que c'est beau, c'est beau la vie.
                                      
                                      Le jazz ouvert dans la nuit
                                      Sa trompette qui nous suit
                                      Dans une rue de Paris
                                      Que c'est beau, c'est beau la vie.
                                      
                                      La rouge fleur éclatée
                                      D'un néon qui fait trembler
                                      Nos deux ombres étonnées
                                      Que c'est beau, c'est beau la vie.
                                      
                                    Tout ce que j'ai failli perdre
                                    Tout ce qui m'est redonné
                                    Aujourd'hui me monte aux lèvres
                                    En cette fin de journée
                                    
                                    Pouvoir encore partager
                                    Ma jeunesse, mes idées
                                    Avec l'amour retrouvé
                                    Que c'est beau, c'est beau la vie.
                                    
                                    Pouvoir encore te parler
                                    Pouvoir encore t'embrasser
                                    Te le dire et le chanter
                                    Oui c'est beau, c'est beau la vie.
                                    
© Jean FERRAT
Jean Ferrat  (1930-2010)
                          Jean Tenenbaum, dit Jean Ferrat, est un auteur-compositeur-interprète français. Auteur de chansons à texte, il alterne durant sa carrière chansons sentimentales, chansons poétiques et chansons engagées et a souvent maille à partir avec la censure. Reconnu pour son talent de mélodiste, il met en musique et popularise nombre de poèmes de Louis Aragon avec l'approbation de celui-ci.
                          Autres textes :
                          Nuit et brouillard                         
                          L'amour est cerise 
                        → Ecouter la chanson sur YouTube
                          → Sa biographie sur Wikipédia
                          
                      © Marie LE POGAM
Marie Le Pogam 
Sa page Facebook :
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                      © Léo FERRE
Léo Ferré (1916-1993)
                        Auteur-compositeur-interprète et poète monégasque, Léo Ferré a réalisé plus d'une quarantaine d'albums originaux couvrant une période d'activité de 46 ans. Il a dirigé à plusieurs reprises des orchestres symphoniques. Il se revendiquait anarchiste et ce courant de pensée a fortement inspiré son oeuvre.
                        Autres textes :
                        Ne chantez pas la mort 
                        Cette blessure
                        L'école de la poésie
                        Les poètes 
                        → Sa biographie sur Wikipédia
                          
                      Oser tout dire
Pour ne plus se mentir
Oser le révéler
Pour ne plus rien avoir à cacher
Oser affronter leurs regards
Pour ne plus s’enfermer dans le noir
Oser remuer ciel et terre
Pour arriver coûte que coûte à le faire
Oser s’exprimer
Pour défendre sa liberté
Oser chanter à tue tête
Pour donner à sa vie un air de fête
Oser rester debout
Pour ne pas finir à genoux
Oser aimer
Pour ne plus avoir à compter
Oser essayer
Pour ne jamais rien regretter
Oser partager
Pour ne plus rester isolé
Oser prédire
Pour se donner confiance en l’avenir
Oser donner sans détour
Pour mieux recevoir en retour
Oser tendre une main
Pour ensemble aller vers demain.
© Marie-France OCHSENBEIN
Marie-France Ochsenbein (1971-)
                          Née à Nemours en Seine-et-Marne, M.F. Ochsenbein est membre de Poètes sans Frontières. Elle publie régulièrement dans plusieurs revues dont  l’Etrave, Revue Méninges, Le Cafard Hérétique, Short Edition, Le Capital des Mots, le Fanzine Zébra (dessins), et dans le journal mensuel la Décroissance. Elle participe également à des anthologies (Poètes sans Frontières, Flammes Vives) et a publié deux ouvrages : Entre ciel et terre et Parlez-moi de vos petits tracas. 
                          Autres textes :
                          Remerciements
                          Alcool                          
                          Eloïse  
                          Chez Dédé
                          Son blog : 
                          → mfcreationsartistiques.wordpress.com
                          
                      La voyez-vous dans le jardin,
                                      Là où scintille la rosée,
                                      Sous la caresse du matin,
                                      Sur une feuille déposée ?
                                      
                                      Dame Nature lui a fait
                                      Robe de pourpre et noires perles,
                                      Grâce limpide et vol parfait,
                                      Plus léger que le chant des merles.
                                      
                                      Dans un sourire du soleil
                                      Elle déploie ses ailes fines,
                                      Et sous ce galbe sans pareil
                                      Le potager devient collines.
                                      
                                      Les allées sont des chemins fous
                                      Que la brise claire ensorcelle,
                                      Au gré des parfums les plus doux
                                      Paraît flâner la coccinelle.
                                      
                                      Elle va cueillir le printemps
                                      Au bord du frisson de la rose
                                      Dont les pétales sont tremblants
                                      D'une élégance à peine éclose.
                                      
                                      Si la voyez dans le jardin,
                                      Soyez ombre, soyez silence ...
                                      Peut-être, alors, sur votre main
                                      Hasardera-t-elle sa danse ...
                                    © OMBREFEUILLE 
Ombrefeuille 
Amoureuse de la langue française dans tous ses états, de Ronsard, Baudelaire, Hugo ou Verlaine, du slam et du rap. Elle aime le mouvement dans le trait, l'ombre dans la lumière, le tumulte caché dans le silence.
Autre texte : 
La voix de l'océan
Ses autres poèmes sur ce site :
→ poemes.iceteapeche.com
                          
                      Je t’aime comme on aime un beau jour d’été,
                                      immobile et très haut entre le matin et le soir.
                                      Je pense à toi d’une façon tellement forte
                                    que ton absence bat en moi comme une porte dans le vent.
Seule, maintenant, une mémoire aveugle me rappelle
                                      les caresses dont ton corps enfermait mon corps
                                      comme dans des forêts infranchissables,
                                      mais elle ne peut me rendre le poids de ta chair.
Je te cherche en moi comme dans une ville déserte
                                      et pourtant à chaque instant je te rencontre
                                      comme la terre à chaque pas rencontre des sources
                                      mais j’ai froid sans la chaleur de tes mains.
Et ta voix, ta voix qui me faisait vivre
                                      comme la flamme fait vivre un brasier
                                      ta voix n’est nulle part, même pas sur ma bouche
                                      à laquelle elle se mêlait jusqu’au silence des baisers.
© Lucien BECKER
Lucien Becker (1911-1984)
                          Poète français, ami de Léopold Sédar Senghor. Il a composé une œuvre brûlante autour du corps de la femme, seul rempart contre le néant. Résistant pendant la guerre, il devient commissaire de police et fournit de faux-papiers à ceux qui fuient l'occupant et entre en contact avec le maquis du Vercors. A cinquante ans, abandonnant tout, il se retire dans le silence avec la femme de sa vie. Il publie son dernier recueil en 1961 et retourne à Dieuze en Moselle en 1983 où il décèdera.
                          Autres textes :
                          Sur ton corps lisse de caillou                          
                          Lorsque tu entres dans ma chambre 
                          → Biographie détaillée sur Wikipédia
                          
                      
À présent le ciel pleut, de tout son soûl, sans fin.
                                    Sans doute, la poussière à la terre se mêle
                                    Dans cette ultime offrande où la vie se révèle
                                    Semence d’avenir dans l’eau de nos chagrins.
                                    
                                    Puisqu’ici tout est dit, que se ferme le livre
                                    Et toute ton histoire en un dernier regard,
                                    Nous resterons marqués du sceau de ton départ
                                    Comme l’est l’orphelin que plus rien ne délivre.
                                    
                                    Tout nous semble si lourd sur ce nouveau chemin
                                    Où manque ton sourire et ta main généreuse,
                                    Nous le suivons perdus, la mine ténébreuse,
                                    Cueillant d’un souvenir la force pour demain.
                                    
                                    Et pourtant ce matin, la lumière était tendre,
                                    Le vent prenait son temps dans les grands arbres gris.
                                    Un oiseau s’est posé sur la croix vert-de-gris
                                    Lorsque l’homme a vidé le petit tas de cendre.
© Jocelyne LECUIVRE
Jocelyne Lecuivre   (1965-)
                          Origininaire du Sud de la Belgique, Jocelyne Lecuivre est Infirmière et maman de trois enfants.
Depuis toujours elle éprouve le besoin de s’exprimer artistiquement et ce de différentes façons, que ce soit par la musique, la photo, le dessin ou encore les mots.
Proche de la nature et de l’humain, elle trouve dans son quotidien multiples sujets pour ses écrits où elle aime associer émotion et musicalité.
                          Son profil sur lespoetes.net 
                          → lespoetes.net 
                          
                      Rien que ton coeur brûlant,
                                      Rien d’autre.
                                      
                                      Mon paradis : un champ
                                      Sans rossignols
                                      Ni lyres,
                                      Avec une fontaine
                                      Et un filet d’eau vive.
                                      
                                      Pas de vent qui éperonne
                                      Les frondaisons
                                      Ni d’étoile qui veuille
                                      Se faire feuille.
                                      
                                      Un jour immense
                                      Y serait
                                      Le ver luisant
                                      D’un autre jour
                                      Dans un champ de
                                      Regards brisés.
                                      
                                      Lumineux repos
                                      Où tous nos baisers,
                                      Grains de beauté sonores
                                      De l’écho,
                                      Iraient là-bas éclore.
                                      
                                      Et ton coeur brûlant,
                                      Rien d'autre.
                                    © Federico GARCIA LORCA 
Federico Garcia Lorca   (1898-1936) 
 
                        Poète et dramaturge espagnol, Gabriel Garcia Lorca avait aussi des talents de peintre et de musicien. Devant cacher son homosexualité, il est victime d'une dépression en 1929 et part faire un long voyage aux Etats-Unis. De retour en Espagne en 1931, il est nommé directeur de la société de théâtre étudiante subventionnée, La Barraca. En 1936, sans doute à cause de son homosexualité, il est arrêté et exécuté par les milices franquistes. Malgré les recherches pour retrouver son corps, jeté à la fosse commune de Viznar, il ne sera jamais retrouvé. Ses oeuvres ont été interdites en Espagne jusqu'en 1953.
→ Sa biographie sur Wikipédia 
                          
                      Ne chantez pas la Mort, c´est un sujet morbide
                                      Le mot seul jette un froid, aussitôt qu´il est dit
                                      Les gens du show-business vous prédiront le bide
                                      C´est un sujet tabou pour poète maudit
                                      La Mort
                                      La Mort
                                       
                                      Je la chante et, dès lors, miracle des voyelles
                                      Il semble que la Mort est la sœur de l´amour
                                      La Mort qui nous attend et l´amour qu´on appelle
                                      Et si lui ne vient pas, elle viendra toujours
                                      La Mort
                                      La Mort
                                                        
                                      La mienne n´aura pas, comme dans le Larousse
                                      Un squelette, un linceul ; dans la main, une faux
                                      Mais fille de vingt ans à chevelure rousse
                                      En voile de mariée, elle aura ce qu´il faut
                                      La Mort
                                      La Mort
                                           
                                      De grands yeux d´océan, une voix d´ingénue
                                      Un sourire d´enfant sur des lèvres carmin
                                      Douce, elle apaisera sur sa poitrine nue
                                      Mes paupières brûlées, ma gueule en parchemin
                                      La Mort
                                      La Mort
                                      
                                      Requiem de Mozart et non Danse Macabre
                                      Pauvre valse musette au musée de Saint-Saëns
                                      La Mort c´est la beauté, c´est l´éclair vif du sabre
                                    
Texte de Jean-Roger CAUSSIMON
                                      © Léo FERRE 
Léo Ferré (1916-1993)
                        Auteur-compositeur-interprète et poète monégasque, Léo Ferré a réalisé plus d'une quarantaine d'albums originaux couvrant une période d'activité de 46 ans. Il a dirigé à plusieurs reprises des orchestres symphoniques. Il se revendiquait anarchiste et ce courant de pensée a fortement inspiré son oeuvre.
                        Autres textes :
                        Cette blessure
                        L'école de la poésie
                        Les poètes 
                        → Sa biographie sur Wikipédia
                          
                      Elle passa, je crois qu'elle m'avait souri.
                                      C'était une grisette ou bien une houri.
                                      Je ne sais si l'effet fut moral ou physique,
                                      Mais son pas en marchant faisait une musique.
                                      Quoi ! Ton pavé bruyant et fangeux, ô Paris,
                                      A de ces visions ineffables ! Je pris
                                      Ses yeux fixés sur moi pour deux étoiles bleues.
                                      Fraîche et joyeuse enfant ! Moineaux et hochequeues
                                      Ont moins de gaîté folle et de vivacité.
                                      Elle avait une robe en taffetas d'été,
                                      De petits brodequins couleur de scarabée,
                                      L'air d'une ombre qui passe avant la nuit tombée,
                                      Je ne sais quoi de fier qui permettait l'espoir.
                                      
                                      Pendant que je songeais, croyant encor la voir
                                      Même après qu'elle était enfuie et disparue,
                                      Et que debout, pensif au milieu de la rue,
                                      Contemplant, ébloui, cet être gracieux,
                                      J'avais l'oeil dans l'espace et l'âme dans les cieux,
                                      Une vieille, moitié chatte et moitié harpie,
                                      Au menton hérissé d'une barbe en charpie,
                                      Vêtue affreusement d'un sinistre haillon,
                                      Effroyable, et parlant comme avec un bâillon,
                                      Me dit tout bas : - Monsieur veut-il de cette fille ?
                                    
Victor Hugo  (1802-1885)
                          Poète, dramaturge, prosateur et dessinateur romantique français, Victor Hugo est considéré comme l'un des plus grands écrivains de langue française. Il est aussi une personnalité politique et un intellectuel engagé. Homme de théâtre, il est l'un des chefs de fil du romantisme français. Il a fortement contribué au renouveau de la poésie et du théâtre.
                          Autres textes : 
                          Printemps
                          Elle avait pris ce pli
                          Il fait froid
                          Premier Mai 
                          Demain dès l'aube 
                          → Sa biographie sur Wikipédia
                          
                      Que ce soit dimanche ou lundi
                                      Soir ou matin minuit midi
                                      Dans l'enfer ou le paradis
                                      Les amours aux amours ressemblent
                                      C'était hier que je t'ai dit
                                      Nous dormirons ensemble
                                      
                                      C'était hier et c'est demain
                                      Je n'ai plus que toi de chemin
                                      J'ai mis mon cœur entre tes mains
                                      Avec le tien comme il va l'amble
                                      Tout ce qu'il a de temps humain
                                      Nous dormirons ensemble
                                      
                                      Mon amour ce qui fut sera
                                      Le ciel est sur nous comme un drap
                                      J'ai refermé sur toi mes bras
                                      Et tant je t'aime que j'en tremble
                                      Aussi longtemps que tu voudras
                                    Nous dormirons ensemble.
© Louis ARAGON
Louis Aragon   (1897-1982)
                          Poète et romancier français, il participe au mouvement dadaïste et surréaliste aux côtés de André Breton. En 1928, sa rencontre avec Elsa Triolet, l'amour de sa vie, lui inspirera de nombreux poèmes.
                        Autres textes :
                        J'arrive où je suis étranger                          
                        Que serais-je sans toi ?
                        Les larmes se ressemblent 
                        Les mains d'Elsa
                        Autre site
                        http://www.maison-triolet-aragon.com/ 
                        → Sa biographie sur Wikipédia
                          
                      Les matins où le jour se lève
                                      Avec mauvaise volonté
                                      Lorsque je m'entonne du thé
                                      Pour me désengluer d'un rêve,
                                      Par ces matins de bouche amère
                                      Où le suicide a des attraits
                                      Sans que j'en puisse voir les traits
                                      Auprès de moi se tient ma mère.
                                      
                                      Elle est venue du cimetière
                                      Où l'an mil neuf cent trente-six
                                      Après un bref De Profundis
                                      On l'a couchée dessous la pierre,
                                      Moi qui la croyais feuille morte
                                      L'humus d'où jaillit le printemps,
                                      Voilà qu'après plus de trente ans
                                      Elle a bien su trouver ma porte
                                      
                                      Elle me regarde en silence
                                      Sans avoir contour ni linceul,
                                      Je fais bien semblant d'être seul
                                      Mais je me heurte à sa présence,
                                      Je ne suis plus cet enfant sage
                                      Qu'elle avait nourri de son sein
                                      Pourquoi vient-elle ? En quel dessein ?
                                      Et pour me dire quel message ?
                                      
                                      Dis-moi, viens-tu chercher mon âme
                                      Ou simplement la surveiller ?
                                      Mes enfants vont se réveiller
                                      Et je dois réveiller ma femme,
                                      Va-t'en maman, le jour va poindre,
                                      Un jour de plus, un jour de moins,
                                      Entre nous soit dit, sans témoin,
                                    Je me prépare à te rejoindre.
© Jean-Roger CAUSSIMON
Jean-Roger Caussimon   (1918-1985)
                        Auteur-compositeur-interprète et acteur français, il a été l'ami de Léo Ferré qui a interprété plusieurs de ses chansons. Il a reçu le Prix Albert Cros pour son premier disque enregistré en 1970. Il a également joué dans une centaine de films dont l'Auberge Rouge et French Cancan. 
                          Autre texte :
                          	Ne chantez pas la mort 
 
                          → Sa biographie sur Wikipédia 
                          
                      
Mon oncle, un fameux bricoleur
                                      Faisait en amateur
                                      Des bombes atomiques
                                      Sans avoir jamais rien appris
                                      C'était un vrai génie
                                      Question travaux pratiques
                                      
                                      Il s'enfermait toute la journée
                                      Au fond de son atelier
                                      Pour faire ses expériences
                                      Et le soir il rentrait chez nous
                                      Et nous mettait en transe
                                      En nous racontant tout
                                      
                                      Pour fabriquer une bombe A
                                      Mes enfants, croyez-moi
                                      C'est vraiment de la tarte
                                      La question du détonateur
                                      Se résout en un quart d'heure
                                      C'est de celles qu'on écarte
                                      
                                      En ce qui concerne la bombe H
                                      C'est pas beaucoup plus vache
                                      Mais une chose me tourmente
                                      C'est que celles de ma fabrication
                                      N'ont qu'un rayon d'action
                                      De trois mètres cinquante
                                      
                                      Y'a quelque chose qui cloche là-dedans
                                      J'y retourne immédiatement
                                      
                                      Il a bossé pendant des jours
                                      Tâchant avec amour
                                      D'améliorer le modèle
                                      Quand il déjeunait avec nous
                                      Il avalait d'un coup
                                      Sa soupe au vermicelle
                                      
                                      On voyait à son air féroce
                                      Qu'il tombait sur un os
                                      Mais on n'osait rien dire
                                      Et puis un soir pendant le repas
                                      Voilà tonton qui soupire
                                      Et qui s'écrie comme ça
                                      
                                      A mesure que je deviens vieux
                                      Je m'en aperçois mieux
                                      J'ai le cerveau qui flanche
                                      Soyons sérieux, disons le mot
                                      C'est même plus un cerveau
                                      C'est comme de la sauce blanche
                                      
                                      Voilà des mois et des années
                                      Que j'essaye d'augmenter
                                      La portée de ma bombe
                                      Et je ne me suis pas rendu compte
                                      Que la seule chose qui compte
                                      C'est l'endroit où ce qu'elle tombe
                                      
                                      Y'a quelque chose qui cloche là-dedans,
                                      J'y retourne immédiatement
                                      
                                      Sachant proche le résultat
                                      Tous les grands chefs d'État
                                      Lui ont rendu visite
                                      Il les reçut et s'excusa
                                      De ce que sa cagna
                                      Était aussi petite
                                      
                                      Mais sitôt qu'ils sont tous entrés
                                      Il les a enfermés
                                      En disant "Soyez sages!"
                                      Et, quand la bombe a explosé
                                      De tous ces personnages
                                      Il n'en est plus rien resté
                                      
                                      Tonton devant ce résultat
                                      Ne se dégonfla pas
                                      Et joua les andouilles
                                      Au tribunal on l'a traîné
                                      Et devant les jurés
                                      Le voilà qui bafouille
                                      
                                      Messieurs, c'est un hasard affreux
                                      Mais je jure devant Dieu
                                      Qu'en mon âme et conscience
                                      En détruisant tous ces tordus
                                      Je suis bien convaincu
                                      D'avoir servi la France
                                      
                                      On était dans l'embarras
                                      Alors on le condamna
                                      Et puis on l'amnistia
                                      Et le pays reconnaissant
                                      L'élut immédiatement
                                    Chef du gouvernement
© Boris VIAN
Boris Vian (1920-1959)
                          Ecrivain, poète, parolier, directeur artistique, musicien de jazz... Boris Vian, dont l'oeuvre littéraire fut peu appréciée de son vivant, est saluée par la jeunesse dès les années 1960-1970. L'Écume des jours en particulier, avec ses jeux de mots et ses personnages à clef, est passé à la postérité. Il est désormais un classique, qu'on étudie souvent dans les collèges et les lycées.
                          Autres textes :
                          Ils cassent tout 
                          Je bois 
                          Si les poètes étaient moins bêtes 
                          Le déserteur
                          Evénement
                          Le centenaire de Boris Vian 
                          → Sa biographie sur Wikipédia
                          
                      Pleins de fougue, passionnés, enfiévrés, enflammés, ou donné du bout des lèvres, comme un don froid et sans frisson !
Est-ce celui des lèvres délicates sur les pétales d’une fleur odoriférante parfumée au printemps délicieux ?
Celui des lèvres enfiévrées sur le verre d’eau du malade qui réclame et qui geint
De la maman sur le front de son petit enfant qu’elle étreint tendrement.
De l’amant conduit en prison sur celles de sa dulcinée éplorée.
Le baiser pieux donné du bout des lèvres sur une icône une relique que l’on craint et interpelle en ultime recours ?
Un baiser doux, tendre, plein de délicatesse. Comme un papillon sur une fleur dans une lumière chaude.
Celui de Judas qui trahit et masque sa fourberie.
De l’amoureux éconduit qui pleure à chaudes larmes et veut mourir !
Du visiteur à un malade qui souhaite sortir de la chambre où il étouffe et souffre
De compassion sans pouvoir agir !
Celui de l’athlète et de la beauté qui lui remet un bouquet.
Celui transporté, comme un pigeon vole, vers un cœur soumis au sort fortuit des nuages et du vent !
Baisers de comédie, feints comme un maquillage sur un visage d’apparat !
Baiser tendre, léger, suspendu, quand l’amour pénètre par le regard
Qui inonde de joie le corps et l’âme.
Les amants pudiques ont des retenues uniques.
Leurs baisers sont des papillons blancs porte bonheur !
Baisers confiés à une lettre postale multipliés par mille, afin qu’il en subsiste au moins un, après un long voyage !
Est-ce le baiser de l’abeille, en viol consentit, à la fleur au soleil
Qui transforme sa pulsion en miel.
(Si j’étais apiculteur j’appellerais mon miel : baisers d’abeilles !)
Mais, à moins qu’il ne s’agisse de manchots, les baisers chauds doivent s’accompagner d’embrassades pareils aux étaux qui serrent de précieux métaux.
© Raymond BOURMAULT
Raymond Bourmault  
                          
                      Tout n'était que douceurs en ce matin d'été.
Des écharpes de brume envahissait l'espace.
Etant devenu clair comme un rêve oublié,
Le ciel s'est envolé tel un Ange qui passe.
Le vent chantait l'Amour, caressant les roseaux.
Une lumière tendre et aux langueurs dorées
Eclaboussait de joie, étangs, lacs et ruisseaux,
Qui comme des joyaux, décoraient la vallée.
Puis le moutonnement des collines en fleurs
Donnait à l'horizon une grande élagance.
Bois, sous-bois et forêt aux sylvestres odeurs
Embaumaient la région de leur douce fragrance.
L'air s'est mis à danser dans l'éther en frisson,
Accompagné d'oiseaux et leur chant mélodique.
Les gens étaient joyeux car en cette saison,
Tout est beau, tout est chaud, la vie est onirique.
© Gérard BOLLON-MASO
Gérard Bollon-Maso  (1947-)
                          Né en région parisienne, Gérard Bollon-Maso habite à Villeurbanne.
                          Fan de poésie depuis son enfance, il écrit depuis une vingtaine d'années.
                          Il publie ses textes dans des revues de poésie et a deux recueils édités en 2012 et 2015.
                          Autre texte : 
                          Balade en été 
                        Son blog :
                          → http://cielbleu69.eklablog.com/