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(sauf certains auteurs-compositeurs-interprètes), ou bien ils sont envoyés spontanément par les auteurs publiés.
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Le Monde de Poetika
Site & Revue de poésie en ligne
N° ISSN : 2802-1797
Sous l’eau du songe qui s’élève,
Mon âme a peur, mon âme a peur !
Et la lune luit dans mon cœur,
Plongé dans les sources du rêve.
Sous l’ennui morne des roseaux,
Seuls les reflets profonds des choses,
Des lys, des palmes et des roses,
Pleurent encore au fond des eaux.
Les fleurs s’effeuillent une à une
Sur le reflet du firmament,
Pour descendre éternellement
Dans l’eau du songe et dans la lune
Francis Vielé-Griffin (1864-1937)
Né aux Etats-Unis à Norfolk, Francis Vielé-Griffin est un poète symboliste français.
Installé en Touraine, il termine sa vie dans le Périgord où ses filles se sont mariées. Il est intime de Mallarmé, ami de Henri de Régnier, Emile Verhaeren, André Gide, Paul Valéry, Francis Jammes. Il sera l'un des théoriciens du vers libre dont il est lui-même un fervent pratiquant.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Ce sont des yeux qui se regardent
Ce sont des bouches qui s'effleurent
Ce sont des mains qui s'attardent
De longs moments pendant des heures.
C'est deux désirs qui se rencontrent
C'est deux cerveaux qui s'émoustillent
C'est un corps contre l'autre, tout contre
Ce sont des frissons qui fourmillent.
Ce sont des langues qui se nouent
Se dénouent, descendent et remontent
De haut en bas, des cuisses au cou
Ce sont des corps qui se démontent.
Ce sont des peaux qui se caressent
Très lentement tout en douceur
Un affrontement tout en paresse
Une lutte où il y a deux vainqueurs.
Ce sont des mots qui se murmurent
Qui se chuchotent, qui se suçotent
Des mots tendres, mots d'Amour bien sûr
Ou des mots durs et des mots hot.
C'est une moiteur, c'est une sueur
Qui luit sous lumière tamisée
C'est un parfum, c'est une odeur
Mélange d'Amour et de beauté.
Ce sont des cris, des gémissements
Etouffés ou exaltés
C'est une montée au firmament
La vie dans un ciel étoilé.
Ce sont des corps exténués
Le souffle court, des morts vivants
Qui vont bientôt ressusciter
Revivre dans un nouvel élan.
© Gérard BOLLON-MASO
Gérard Bollon-Maso (1947-)
Né en région parisienne, Gérard Bollon-Maso habite à Villeurbanne.
Fan de poésie depuis son enfance, il écrit depuis une vingtaine d'années.
Il publie ses textes dans des revues de poésie et a deux recueils édités en 2012 et 2015.
Autres textes :
Nuit harmonieuse
Douceurs d'été
Balade en été
Son blog :
→ http://cielbleu69.eklablog.com/
Qui sera capable de rattraper l'incendie de l'automne ?
d'arrêter le gémissement du Roi des Aulnes ?
J'rai jusqu'à fouiller en décembre,
laisser entre mes doigts, s'envoler les cendres
jusque dans les tourbières, celles du nord ;
là où se préserve le cuir des morts,
entouré de la chaude gangue de terre
où même le temps s'enferre
avec le limon épais d'un passé
que l'on ne peut plus déchiffrer.
Les années, lentement, trépassent :
les chevaliers se sont enlisés dans les hiers
avec leur cuirasse
en oubliant les raisons même de la guerre :
ce sont comme des fossiles
qui laissent dans l'argile
une espèce éteinte,
à jamais disparue.
Lors du passage de la charrue,
on en retrouve par hasard l'empreinte :
les tourbières se sont souvenues
mieux que les humains
dont la mémoire éphémère
ne se souvient des défunts
que lorsque on les déterre.
© René CHABRIERE
René Chabrière (1956-)
Lyonnais d'origine, René Chabrière s'est installé en Lozère et se consacre quotidiennement à l'écriture. Agrégé d'arts plastiques, il s'intéresse à tout ce qui est image et réalisations visuelles et anime plusieurs blogs personnels.
→ https://ecritscrisdotcom.wordpress.com/
Je ne suis pas d’ici
Je viens des nébuleuses
J’incise les époques
Et je joue sur les places
Des musiques douloureuses
Des chiens perdus hurlent dans l’Atlantique
Je commence un voyage
Avec les mains brûlées
Et je finirai bien
Par faire de mon visage
Une île intraduisible.
© Tristan CABRAL
Tristan Cabral (1944-2020)
De son vrai nom Yann Houssin, Tristan Cabral est né à Arcachon en 1944. Après quatre années de théologie protestante, il a été pasteur et professeur de philosophie à Nîmes pendant 30 ans. Il a publié une douzaine d'ouvrages. Poète de la révolte et de l'amour, il se dit solidaire des suppliciés, des humiliés, et se fait le porte-parole de la révolte des exclus, assumant et ressentant leurs douleurs jusque dans sa chair.
Autres textes :
Je suis né
Mon pays mon naufrage
Le passeur de silence
→ Sa biographie sur Wikipédia
Au printemps naissant
S'ouvrit une nouvelle fleur
Qui aussitôt offrit son cœur
Au doux soleil caressant.
Feuillage dentelé et gracile,
Pétales délicatement ourlés,
Tendre couleur veloutée,
Elle était jeune pousse fragile.
Non loin volait un papillon,
Ailes de soie nacrée,
Aux vives teintes rehaussées
D'une touche de vermillon.
Dès que vit la demoiselle
En fut conquis et charmé,
Complètement subjugué
Par sa beauté naturelle.
Les sens grisés, enivrés
Par son parfum envoûtant,
Se vit déjà son amant,
Les idées tout émoustillées.
Vint sur la corolle se poser,
Irrémédiablement attiré,
Et par un discours enflammé
Entreprit de la courtiser.
Tendres mots il se dirent,
Intimes secrets se confièrent,
Leurs serments s'échangèrent
Puis, amoureusement s'unirent.
© MATRIOCHKA
Matriochka
Matriochka habite la Vallée du Rhône, au bord du fleuve, et la poésie est pour elle comme ce fleuve, une ligne de vie, mais aussi un souffle libérateur, un langage qui lui permet d'exprimer ce qui vit au fond de mon âme. Une de ses devises : "Si poésie n'est partagée, elle se meurt."
Autres textes :
J'écris ton nom
Le festin manqué
Son site :
→ https://poesie-plurielle.monsite-orange.fr/
Cette lettre peut vous surprendre
Mais sait-on ? Peut-être pas
Quelques braises échappées des cendres
D’un amour si loin déjà
Vous en souvenez-vous ?
Nous étions fous de nous
Nos raisons renoncent, mais pas nos mémoires
Tendres adolescences
J’y pense et j’y repense
Tombe mon soir et je voudrais vous revoir
Nous vivions du temps, de son air
Arrogants comme sont les amants
Nous avions l’orgueil ordinaire
Du « nous deux c’est différent »
Tout nous semblait normal
Nos vies seraient un bal
Les jolies danses sont rares
On l’apprend plus tard
Le temps sur nos visages
A soumis tous les orages
Je voudrais vous revoir et pas par hasard
Sûr il y aurait des fantômes et des décors à réveiller
Qui sont vos rois, vos royaumes ?
Mais je ne veux que savoir
Même si c’est dérisoire, juste savoir
Avons-nous bien vécu la même histoire ?
L’âge est un dernier long voyage
Un quai de gare et l’on s’en va
Il ne faut prendre en ses bagages
Que ce qui vraiment compta
Et se dire merci
De ces perles de vie
Il est certaines blessures au goût de victoire
Et vos gestes, y reboire
Tes parfums, ton regard
Ce doux miroir
Où je voudrais nous revoir
© Jean-Jacques GOLDMAN
Jean-Jacques Goldman (1951-)
Auteur-compositeur-interprète, J.J. Goldman est élu régulièrement personnalité préférée des Français. Malgré une carrière musicale interrompue en 2004, il a vendu plus de 30 millions de disques. Il écrit et compose pour d'autres artistes comme Céline Dion et Johnny Hallyday... Il s'est considérablement engagé auprès d'œuvres humanitaires ou caritatives (Les Restos du coeur...).
Site de référence :
https://jjgoldman.net/
→ Sa biographie sur Wikipédia
© Véronique AUDELON
Véronique Audelon
Après une enfance passée à Forcalquier dans les Alpes de Haute-Provence et un bref arrêt à Marseille, Véronique Audelon s'est installée à Salon de Provence.
Elle dessine et écrit des poèmes depuis l'adolescence. Son univers d'auteure balance entre poésies, nouvelles et romans. Son premier roman, "Emmurée", est paru en février 2011. Puis "Le Cahier" publié en décembre 2014. Trois recueils sont actuellement en instance de publication.
Elle partage son temps entre son activité de maquettiste PAO free lance et sa passion pour l'écriture.
Autres textes :
Le bonheur et l'amour
Merveilleux Noëls
Rimes libertines
Son nouveau site :
https://poesime.wixsite.com/un-univers-de-mots
Le soleil luit
Le soleil luit
Le monde est complet
Et rond le jardin.
J’ai allumé
Deux chandelles
Deux feux de cire
Comme deux fleurs jaunes.
Le jour pourrit
Les feux de nuit,
Deux fleurs fanées,
Aux blanches tiges d’église ;
Le monde est en ordre
Les morts dessous
Les vivants dessus.
Les morts me visitent
Le monde est en ordre
Les morts dessous
Les vivants dessus.
Les morts m’ennuient
Les vivants me tuent.
J’ai allumé
Deux fleurs tremblantes,
J’ai pris mes yeux
Dans mes mains
Comme des pierres d’eau
Et j’ai dansé
Les gestes des fous
Autour de mes larmes
En guise de fête.
© Anne HEBERT
Anne Hébert (1916-2000)
Ecrivaine, poétesse, dramaturge et scénariste québécoise, sa famille compte plusieurs écrivains, dont son cousin le poète Saint-Denys Garneau qui influencera son choix de lectures à la fin des années 1930. Installée à Paris dès 1965, elle entame sa carrière de romancière est restera toute sa vie très attachée à la poésie. De retour à Montréal en 1998, elle écrit son dernier roman Un habit de lumière.
Site consacré à Anne Hébert :
https://www.anne-hebert.com/
→ Sa biographie sur Wikipédia
© Dick ANNEGARN
Dick Annegarn (1952-)
Auteur-compositeur-interprète néerlandais qui a passé l'essentiel de sa jeunesse en Belgique et qui s'est installé à Paris dans les années 1970. Il réussit à populariser ses chansons très inspirées du folksong américain et dont le style et les paroles prennent une grande liberté avec la manière habituelle de la chanson française.
Il a fêté ses 40 ans de chansons à l'Olympia suivis d'une tournée en France et Belgique. Installé aujourd'hui dans un village du sud-ouest, il y organise chaque année le Festival du Verbe.
→ Sa biographie sur Wikipédia
© Christian SATGÉ
Christian Satgé (1965-)
Son autobio :
J'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Claude Nougaro ne l'(en)chante et suis devenu rapidement un obsédé textuel & un rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, rêvant depuis de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. Conteur éclectique et « méchant écriveur de lignes inégales », après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux peu fréquentables que l'on nomme Pyrénées, où l'on ne trouve pire aîné que montagnard, et stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Moins écrivain qu'écrivant, plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, après avoir navigué de conserve sur d'autres eaux, je tente, en solitaire cette fois, depuis le 23 février 2011, une énième traversée de l'océan poétique… en espérant qu'elle ne soit pas trop pathétique !
Autres textes :
Les 55 jours d'un péquin
Versus un virus
Le parc plus si urbain que ça
Dans les bras de Boukhara
Amours océanes
Son blog
→ https://lesrivagesdurimage.blogspot.com/
© Khal TORABULLY
Khal Torabully (1956-)
Ecrivain et cinéaste mauricien, Khal Torabully est installé à Paris depuis 1976. Son œuvre est imprégnée de sa terre natale où la mer, les frontières et les imaginaires sont en relation, induisant une langue riche de multiples étagements de sons et de sens. S'inspirant des migrations des travailleurs ou laboureurs venant des Indes, Khal Torabully est le tout premier écrivain à créer une œuvre et une esthétique autour de ce concept de coolitude (dérivé moderne du mot coolie).
→ Sa biographie sur Wikipédia
© Christophe MIOSSEC
Christophe Miossec (1964-)
Auteur-compositeur-interprète, parolier et occasionnellement acteur, Christophe Miossec est l'un des artistes ayant participé à définir la nouvelle scène française.
Site officiel :
→ https://www.christophemiossec.com/
→ Sa biographie sur Wikipédia
Fleurs et pétales sont poèmes et chansons,
Ciselés par le vent en corolles de mots,
Son souffle les dessine en rires et sanglots
Avec des encres bleu nuit, couleur d’émotions…
Ces mots deviennent des murmures de silence
Tressés de brindilles brodées de fils de « soi ».
Ils se festonnent lentement avec patience
Sur des écorces gravées de pleurs ou de joies …
Entre vie et mort, s’enracinent des instants
Figés sur le papier, ils chantent l‘essentiel
Des amours gravées sur les murailles du temps,
Des pensées de sable sur des ailes de ciel…
Les mots frôlent les nuées en lettres mouillées
Et s’épuisent aux bras de saisons dépouillées
Perdent en s’ébrouant mille clés de bonheur
Que les rêves recueillent dans un coin du cœur…
© Marie MINOZA
© Illustration : Marie MINOZA
Marie Minoza
Cette enseignante en école primaire a exercé dans les Deux-Sèvres puis dans la Vienne à Châtellerault. Tout au long de sa carrière, elle a aimé partager l’amour de la peinture, de la poésie et de la création avec ses élèves. Aujourd'hui à la retraite, elle partage ses écrits et ses créations d'images sur son blog. Tous les deux ans, elle contribue avec des amis poètes à la création d’un livre de contes et de poésies destiné aux enfants gravement malades… Elle participe également avec ses anciens collègues à un spectacle chorale, comédie musicale (création d'images et de montages power-point pour animer chants et mimes).
Son blog :
→ https://marie-aupaysdesimagesetdesmots.blogspot.com/
Nous avons connu la province
les volets clos les sourds
appels du soir les parlers lourds
et les portes qui grincent
on croit que ça dure toujours
cette chanson qui pince
un peu le cœur écho si mince
et presque sans retour
or cette voix comme une neige
au bord tremblant des nuits
c’était celle du doux ennui
des leçons de solfège
© Jean-Claude PIROTTE
Jean-Claude Pirotte (1939-2014)
Poète, romancier et peintre, Jean-Claude Pirotte est né à Namur en Belgique. Il exerce la profession d'avocat pendant onze ans avant d'être condamné à 18 mois de prison ferme pour avoir favorisé la tentative d'évasion d'un de ses clients (acte qu'il a toujours nié). Il se soustrait à l'emprisonnement en vivant clandestinement jusqu'à la péremption de sa peine en 1981. En 2012, il a reçu le prix Goncourt de la poésie pour l'ensemble de son oeuvre.
Autres textes :
L'homme se penche vers l'enfant
Le feu ne brûle pas
Sa page sur le site :
→ un-poete-une-vie-jeanclaude-pirotte.html
Tous les deux nous irons dans ce pays lointain
Bien au-delà des mots, cette île enchanteresse
Qu'habite un peuple pur assoiffé de tendresse
Et qui sait des oiseaux le langage argentin.
Le soleil nous sera, là-bas, dès le matin
Jusqu'à la nuit tombée une aimante caresse ;
Nous régalant de fruits nous y boirons l'ivresse
Au calice des fleurs à l'heure du festin.
Toi dont la main fébrile à mes doigts se cramponne
Comme si tu craignais que je ne t'abandonne,
Toi qui ne sais mentir, toi qui ne parles pas,
Toi dont le regard est parfois tellement triste,
Je veux en ton silence aventurer mon pas
Sur cette île où tu vis dans ton rêve d'autiste.
© Philip KIE
Philip Kie (1953-)
Auteur vivant dans la Drôme, fan de poésie et de Stéphane Mallarmé, en particulier. Il a publié un recueil de poésie « Trip mogigraphique » aux Editions Sydney Laurent en 2018. Le même ouvrage est en cours d'édition audio (consulter sa page Facebook).
Autre texte :
Icare
Sa page Facebook
→ https://www.facebook.com/KiePhilip
Il y a plus de fleurs
Pour ma mère, en mon cœur,
Que dans tous les vergers ;
Plus de merles rieurs
Pour ma mère, en mon cœur,
Que dans le monde entier ;
Et bien plus de baisers
Pour ma mère, en mon cœur,
Qu'on en pourrait donner.
© Maurice CAREME
Maurice Carême (1899-1978)
Poète et écrivain belge de langue française, il écrit ses premiers vers inspirés par une amie d'enfance. Il devient instituteur de métier à Anderlecht-Bruxelles où il passera le reste de sa vie, tout en continuant à écrire poésies et comptines. Élu « Prince en poésie » au Café Procope à Paris en 1975, Maurice Carême est traduit dans le monde entier. Il est en particulier très apprécié pour son amour des enfants, un registre essentiel de son œuvre. Une oeuvre abondante qui comprend quelque quatre-vingt recueils de poèmes, contes, romans, légendes dramatiques, essais, traductions de poèmes néerlandais de Belgique.
Autre texte :
La main de ma mère
Le goûter
Fondation Maurice Carême :
http://www.mauricecareme.be/index.php
→ Biographie détaillée sur Wikipédia
De la pensée et de l'entêté silence.
© Khal TORABULLY
Khal Torabully (1956-)
Ecrivain et cinéaste mauricien, Khal Torabully est installé à Paris depuis 1976. Son œuvre est imprégnée de sa terre natale où la mer, les frontières et les imaginaires sont en relation, induisant une langue riche de multiples étagements de sons et de sens. S'inspirant des migrations des travailleurs ou laboureurs venant des Indes, Khal Torabully est le tout premier écrivain à créer une œuvre et une esthétique autour de ce concept de coolitude (dérivé moderne du mot coolie).
Autre texte :
Hymne à la mer
→ Sa biographie sur Wikipédia
Nuit blanche
Page blanche
Archi blanche
Idées blanches
Comme le jour
En Contre- jour
Page à noircir
À adoucir
Cherche chimère
Douce-amère
Cherche une ébauche
Sans la débauche
Cherche mes mots
Sans mes maux
Lyre s’amuse
Pas d’autre muse
Trou noir infini
Ma nuit restera blanche
Et ma page aussi
© Martine MARTIN-COSQUER
Martine Martin-Cosquer (1953-)
Après 60 ans passés en Ile-de- France à Paris et en région parisienne, l'auteure a pris sa retraite en Vendée aux Sables d’Olonne après une vie professionnelle dans les Ressources humaines en entreprises et cabinet conseil.
Elle écrit des poèmes depuis son enfance, et aussi des nouvelles. Aimant aussi la photographie, elle a créé un blog local, la Gazette des Olonnes, où elle publie ses photos des Sables d’Olonne et de ses environs. Elle vient de publier un premier roman : Je dis ça mais je ne dis rien, et termine actuellement le second.
Son blog photos :
→ La Gazette des Olonnes
Sa page Facebook :
→ Marie Martin-Cosquer
Son blog :
→ http://quaidesrimes.over-blog.com/
Mon armoire ma maison
En ce lieu si lointain où toujours je demeure
J’ouvre le vieux tiroir dont le coulisseau pleure
Tous les amis sont là endormis côte à côte
Chacun lance à mon coeur sa musicale note
Une histoire les saisons
J’ouvre le vieux tiroir dont le coulisseau pleure
Viennent la montre bleue qui chantonnait les heures
La vedette de bois à l’orange carène
Les yeux déboutonnés le petit ours en laine
L’écritoire les brouillons
Tous les amis sont là endormis côte à côte
La moire des paquets scintille près des bottes
Le sapin de plastique allongé d’une flèche
A des guirlandes d’or au dessus de la crèche
Les images les santons
Chacun lance à mon coeur sa musicale note
Bonjours rires soleils montent entre les hôtes
La table et son fumet me font lever la tête
Dans le riz safrané s’envolent les fourchettes
Les visages l’horizon
Hier est un présent quelquefois qui s’ignore
Pour moi je l’ouvrirai par un tiroir sonore
Et je garde ce temps délivré de toute heure
En ce lieu si lointain où toujours je demeure
Ma mémoire ma raison.
© Domi PEREZ
Domi Perez (1961-)
Né à Alger en 1961, Domi Perez a passé son adolescence à Béziers, dans le Sud de la France. Pour lui écrire est une récréation, un jeu de mots et d'assonances. Ses poèmes n'ont pas d'autre ambition que de représenter sous un regard amusé et détaché les instants, les êtres et les choses familières que l'on ne regarde plus.
C'est peut-être pour cela que certains de ses textes se rapprochent des comptines et chansons enfantines.
Site :
→ http://domi.perez.free.fr/
Ce lent et cher frémissement,
C’est la pluie douce dans les feuilles.
Elle s’afflige et tu l’accueilles
Dans un muet enchantement.
Le vent s’embrouille avec la pluie,
Tu t’exaltes ; moi, je voudrais
Mourir dans ce murmure frais
D’eau molle que le vent essuie !
C’est la pluie qui sanglote, c’est
Le vent qui pleure, je t’assure...
Je meurs d’une exquise blessure
Et tu ne sais pas ce que c’est.
© Francis CARCO
Francis Carco (1886-1958)
Ecrivain, poète, journaliste et parolier français né à Nouméa en Nouvelle-Calédonie, il définit lui-même son œuvre comme un romantisme plaintif où l’exotisme se mêle au merveilleux avec une nuance d’humour et désenchantement. Dans ses livres transparaît l'aspiration à un ailleurs : Des rues obscures, des bars, des ports retentissant des appels des sirènes, des navires en partance et des feux dans la nuit. L'enfant battu par son père corse consacra sa vie aux minorités et en fera souvent le sujet de ses romans.
Autre texte :
Il pleut
→ Sa biographie sur Wikipédia
Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.
Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.
© Paul ELUARD
Paul Eluard (1895-1952)
Nom de plume d'Eugène Grindel, Paul Eluard est un poète français. Il adhère au dadaïsme et devient l'un des piliers du surréalisme. Obligé d'interrompre ses études à cause de la tuberculose, il séjourne en sanatorium où il rencontre une jeune russe qu'il prénomme Gala. Impressionné par sa forte personnalité, c'est d'elle qu'il tient son premier élan de poésie amoureuse. Il l'épouse début 1917. Malgré sa santé défaillante, il est mobilisé en 1914, puis publie ses premiers poèmes. Au lendemain de la Grande Guerre, il adhère au mouvement Dada puis s'engage dans celui du surréalisme. En 1928, il repart en sanatorium accompagné de Gala. C'est là qu'elle le quitte pour Salvador Dali. Autour d'un voyage autour du monde, il rencontre Maria Benz (Nusch) qui devient sa muse et lui inspirera ses plus beaux poèmes d'amour. Plongé dans le désespoir après le décès de Nusch en 1946, il rencontre Dominique qui devient sa dernière compagne et pour laquelle il écrit le recueil "le Phénix" consacré à la joie retrouvée. Il succombe à une crise cardiaque le 18 novembre 1952 et sera inhumé au Père Lachaise.
Photo : Maria Benz (Nusch)
Autres textes :
Ce ne sont pas mains de géants
Renouveau
Couvre-feu
Dit de la Force et de l'Amour
L'aube, je t'aime
La nuit n'est jamais complète
La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur
Liberté
Saisons
→ Sa biographie sur Wikipédia
© Danielle BAILLY CROMBEZ
Danielle Bailly Crombez
Bretonne et amoureuse de sa belle région, Danielle Bailly Crombez écrit depuis trois ans et a toujours aimé la poésie. Tous les sujets l'inspirent et elle écrit également des comptines.
→ Sa page Facebook
Toute pensée est une fleur
Unique en son espèce,
Qui naît, s’ouvre et brille, lueur
Dans notre nuit épaisse.
Elle paraît et disparait
Comme un rêve à l’aurore.
D’où vient-elle ? C’est un secret.
Où va-t-elle ? On l’ignore.
Dans son éclat, dans sa fraîcheur,
Avant qu’elle nous laisse,
Embaumons-la, forme et couleur,
La frêle enchanteresse.
Toute pensée est une fleur
Unique en son espèce.
Henri-Frédéric Amiel (1821-1881)
Henri Frédéric Amiel est un écrivain et philosophe suisse romand, célèbre pour son gigantesque journal intime (17 000 pages, de 1839 à 1881). Professeur d’esthétique et de littérature française à l'université de Genève grâce à son étude Du Mouvement littéraire dans la Suisse romande et de son avenir. De 1854 jusqu'à sa mort, il conserva sa chaire de philosophie. Il a publié plusieurs volumes de poèmes, d’études historiques ou philologiques et des essais philosophiques influencés par la philosophie idéaliste allemande.
Autre texte :
Printemps du Nord
→ Sa biographie sur Wikipédia
© Christian POULLEIN
Christian Poullein
Cet auteur a publié plusieurs recueils de poésie.
→ Sa page Facebook
Ah ! pourquoi de vos yeux
Tant appeler mes yeux,
Et pourquoi d’une folle étreinte me dire
Que tout est puéril
Hors élan de nos cœurs
Éperdus l’un vers l’autre.
Ces lampes claires et ces girandoles
Dévoileraient mon trouble sans doute,
Si je laissais vos yeux
Tant parler à mes yeux.
Vois l’enchantement de cette nuit complice
Et ces roses
Amoureuses
Aux corsages des Amoureuses.
Respirons les aromes charmants
Qui montent de ces fleurs,
Parées comme des femmes,
Et des ces femmes parées
Comme des fleurs.
Enivrons-nous du doux vin
Cher à Cythérée,
Tandis que les violons
Traînent des notes pâmées
Et que les violoncelles sont
Des voix humaines extasiées.
Ne fuyez pas, chers yeux, tes yeux
Abandonnez-vous vaincus et vainqueurs,
Abandonnez-vous, tes yeux à mes yeux.
Marie Krysinska (1845-1908)
Poétesse et musicienne française, elle devient la seule femme membre actif des cercles littéraires des Zutistes, des « Hirsutes » et des « Jemenfoutistes » qui se réunissent au cabaret du Chat noir. Elle accompagne au piano les chansons et les poèmes qu’on y déclame. Elle a publié trois volumes de poésies, qui comprennent des poèmes en vers libres, ainsi qu’un recueil de nouvelles, trois romans et de très nombreux articles sur la littérature, l’art, la musique et la critique littéraire.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Soleil, je t'adore comme les sauvages,
à plat ventre sur le rivage.
Soleil, tu vernis tes chromos,
tes paniers de fruits, tes animaux.
Fais-moi le corps tanné, salé ;
fais ma grande douleur s'en aller.
Le nègre, dont brillent les dents,
est noir dehors, rose dedans.
Moi je suis noir dedans et rose
dehors, fais la métamorphose.
Change-moi d'odeur, de couleur,
comme tu as changé Hyacinthe en fleur.
Fais braire la cigale en haut du pin,
fais-moi sentir le four à pain.
L'arbre à midi rempli de nuit
la répand le soir à côté de lui.
Fais-moi répandre mes mauvais rêves,
soleil, boa d'Adam et d'Eve.
Fais-moi un peu m'habituer,
à ce que mon pauvre ami Jean soit tué.
Loterie, étage tes lots
de vases, de boules, de couteaux.
Tu déballes ta pacotille
sur les fauves, sur les Antilles.
Chez nous, sors ce que tu as de mieux,
pour ne pas abîmer nos yeux.
Baraque de la Goulue, manège
en velours, en miroirs, en arpèges.
Arrache mon mal, tire fort,
charlatan au carrosse d'or.
Ce que j'ai chaud ! C'est qu'il est midi.
Je ne sais plus bien ce que je dis.
Je n'ai plus mon ombre autour de moi
soleil ! ménagerie des mois.
Soleil, Buffalo Bill, Barnum,
tu grises mieux que l'opium.
Tu es un clown, un toréador,
tu as des chaînes de montre en or.
Tu es un nègre bleu qui boxe
les équateurs, les équinoxes.
Soleil, je supporte tes coups ;
tes gros coups de poing sur mon cou.
C'est encore toi que je préfère,
soleil, délicieux enfer.
© Jean COCTEAU
Jean Cocteau (1889-1963)
Poète, graphiste, dessinateur, dramaturge et cinéaste français, il a été élu à l'Académie française en 1955. Comptant parmi les artistes qui ont marqué le xxe siècle, il a côtoyé la plupart de ceux qui ont animé la vie artistique de son époque. Il a été l'imprésario de son temps, le lanceur de modes, le bon génie d'innombrables artistes. En dépit de ses œuvres littéraires et de ses talents artistiques, Jean Cocteau insista toujours sur le fait qu'il était avant tout un poète et que tout travail est poétique.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Un coeur brodé de dentelles
Tenu par une ficelle
Plane au vent, chante crécelle
Sa chemise sans bretelles
S'envoie en l'air, un cerf-volant
L'attraper, bel affriolant
Battant des ailes, l'ortolan
Monte vers le soleil brûlant
Dans l'azur de ses prunelles
Délicate coccinelle
Habillée tout en flanelle
Véritable Pimprenelle
Vêtue de ses beaux habits blancs
Ses cheveux volent ondulants
Sur ses épaules, dénudant
Le trouble du jeune galant
Elle voudrait poser toute nue
A jouer, sotte ingénue
Sur une pierre biscornue
Lui souhaiter la bienvenue
Visiter le jardin désir
Ses douceurs pouvoir les choisir
L’éphèbe voudrait s'en saisir
Déguster les fruits du plaisir
Un peu gauche, elle le conduit
Au doux pêché de chair, l'induit
A frôler son petit réduit
Et en titiller le produit
Timide, le rouge aux joues
N'ayant jamais vu de joujou
Peur de casser ce cher bijou
Aux fines couleurs d'acajou
© Rémi GODET
Rémi Godet (1948-)
Poète, musicien, cycliste, épicurien... Après un parcours professionnel dans une grande administration, Rémi Godet a publié son premier recueil à 69 ans, prouvant ainsi qu'il n'est jamais trop tard ! La vente de ses deux premiers recueils lui a permis de faire des dons à plusieurs associations caritatives. Un troisième recueil est en cours d'édition et il prépare actuellement un livre sur l'épisode du COVID-19.
Autre texte :
Le petit village
Son blog :
→ http://desmotsdesmauxbruyantsilence.over-blog.com/
Sous l’arc des nuages durcis
Au bruit des voix qui s’abandonnent
Sur les trottoirs blancs et les rails
A travers les branches du temps
J’ai regardé passer ton ombre
Seule entre les signes obscurs
Les traits de lumière mouvante
Transparente au reflet des fausses devantures
Et elle allait et elle allait
Jamais tu n’as marché si vite
Je me rappelais ta figure
Mais elle était beaucoup moins grande
Et puis j’ai regardé ailleurs
Mais pour te retrouver encore
Dans les échos du jour roulant dans ma mémoire
Des fils de souvenirs s’accrochent dans les branches
Des feuilles dans l’air bleu planent à contre vent
Un ruisseau de sang clair se glisse sous la pierre
Les larmes et la pluie sur le même buvard
Puis tout se mêle au choc dans l’ouate plus épaisse
Dans l’écheveau du sort le cœur perd son chemin
Toujours le même qui s’arrête
Toujours le même qui revient
Le soleil s’éteignait
Je regardais plus loin
Les traces de tes pas brodaient d’or la poussière
Et tout ce qui n’était pas là
Dans les flammes du soir qui dévorent la terre.
© Pierre REVERDY
Pierre Reverdy (1889-1960)
Poète français associé au cubisme et au début du surréalisme, il a eu une influence notable sur la poésie moderne de langue française
→ Sa biographie sur Wikipédia
Mère tu es partie
tu n'as pas eu le temps de nous dire adieu
la mort t'a enveloppée
dans son drap de ronces
mère tu nous laisses seuls
qu'allons-nous devenir sans toi
toi seule qui savais dans quel enfer
je louvoyais depuis tant d'années
je ne reverrai ni ton visage ni ton sourire
toi qui connaissais le chemin secret
qui mène aux abîmes de la douleur
tu as tout supporté
tu ne savais pas te plaindre
la dernière semence de vie s'en est allée
je n'ai pas voulu te revoir
dans la blancheur des draps
pourtant chacun disait que tu souriais
que ton corps reposait dans l'apaisement
et la paix
toi qui durant ta vie as si peu connu la paix et la joie
mère muré dans mon désespoir je t'appelle encore
je n'ai pas admis ce départ
je ne l'admettrai jamais
je ne pense qu'à te rejoindre
la vie m'échappe
© Francis GIAUQUE
Francis Giauque (1934-1965)
Grande personnalité littéraire du Jura bernois, son œuvre est influencée par la dépression, le désespoir et la révolte. Elle est composée de poèmes, lettres, textes de chansons (dont certaines furent destinées à Léo Ferré) et de proses regroupées en deux petits recueils. Après plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, la vie de Francis Giauque reste empreinte par ces sentiments, le menant vers la fin tragique du poète. Il se suicide dans la nuit du 12 au 13 mai 1965 à l'âge de 31 ans.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Tasse blanche
Pour thé noir
Confinée
En ce fouillis
Livres empilés
Dans ma chambre de poète
Vaisseau de porcelaine
Transport assuré
De l’esprit
Entre les volutes parfumées
Du breuvage
Et les pages
Rien n’est laissé
Au hasard
À proximité du lit
Les écrits
À scruter sous l’iris
En premier
Avant le basculement
Dans le monde des rêves
Les autres
Sont aussi prévus
Au calendrier
Pas d’empressement
Pas de bévue
Car je ne voudrais
Surtout pas
Renverser la tasse blanche.
© Denis MORIN
Denis Morin (1963-)
Poète, romancier et biographe, Denis Morin est né dans l'est du Québec et vit près de Montréal. Il possède des racines françaises, anglaises et autochtones. Il se dit d'ailleurs fasciné par la culture française. Il s'est spécialisé dans la poésie biographique (Camille Claudel, Auguste Rodin, Barbara, Félix Lerclerc, Piaf...).
Ses blogs :
→ https://ecrivainpoesiedenismorin.org/
→ https://denismorinauteur.blogspot.com/
En chemin, j'ai trouvé
une fleur froissée
sur le bitume.
Elle m'implorait
de la ramasser.
D'elle, j'eus pitié
et je la recueillis
entre mes mains,
comme un mouchoir
de soie rose,
comme un prélude au soir,
à sa métamorphose.
© Alix LERMAN ENRIQUEZ
Alix Lerman Enriquez (1972-)
Née à Paris, la poétesse Alix Lerman Enriquez a déjà publié une quinzaine de recueils de poésie comme Météores (Editions La Bartavelle 2005), A-Contre-jour (Hervé Roth Editeur 2013), Les territoires de la nuit pourpre (Do Bentzinger Editeur 2012), Herbier d’errances (Editions Flammes vives 2016), Au-delà de la nuit (Editions Les Poètes français 2016), Tessons et miroir (Editions Vox Scriba 2017), Estuaire de l’espoir (Editions Flammes vives 2018), La morsure du jour sur la mer (éditions les Poètes français 2018), Bribes du jour, éclats de nuit, (Editions Stellamaris, 2019). Elle est également l’auteur de proses poétiques sur le site de l’éditeur Hervé Roth et anime elle-même deux blogs poétiques.
Ses blogs :
→ Perles de poésie
→ Aphorismes et petits riens
Instant délicieux
À une heure matinale
Entre le jour et la nuit,
En prenant son café
Manger des yeux
Un croissant de lune,
Manque de bol
Au petit déjeuner
Moucheron qui boit la tasse.
Stéphen Moysan
Jeune auteur talentueux qui a publié un recueil : L'efflorescence d'un adieu. Son site offre un florilège de poèmes et de peintures. Il met à l'honneur beaucoup de poètes classiques mais pas que. Beaucoup de haïkus et de très jolis textes.
Son site :
→ Eternels éclairs
Que nous importe, en vérité,
Que tout se transforme en poussière,
Sur combien d’abîmes j’ai chanté,
Dans combien de miroirs j’ai vécu ?
Ce n’est pas un rêve, soit, ni un réconfort,
C’est tout sauf un bienfait du ciel,
Il se peut que tu sois obligé
De te rappeler plus qu’il n’est nécessaire.
Le grondement des poèmes qui se taisent,
L’œil qui se cache dans les profondeurs,
Cette couronne de barbelés rouillés
Au milieu d’un silence inquiet.
© Anna AKHMATOVA
Anna Akhmatova (1889-1966)
C'est l'une des plus importantes poétesses russes du XXe siècle, surnommée "la Reine de la Neva". Elle a écrit aussi bien des petits poèmes lyriques que de grandes compositions poétiques. Les thèmes récurrents de son oeuvre sont le temps qui passe, les souvenirs, le destin de la femme créatrice et les difficultés pour vivre et écrire dans l'ombre du stalinisme.
→ Sa biographie sur Wikipédia
© Laurent AYCAGUER
Laurent Ayçaguer
Poète et auteur aquitain, c'est par la musique, au lycée, en essayant de composer des paroles de chansons que Laurent Ayçaguer s'est découvert la passion des mots et de l'écriture. Il anime aujourd'hui des ateliers de poésie. Il a publié plus d'une dizaine d'ouvrages (textes + CD chansons) que vous pouvez vous procurer sur son site.
Autre texte :
Con-fi-ne-ment
Son site :
→ https://www.laurentaycaguer.com/
Le texte interprété par Célia Mindren :
→ https://youtu.be/jEm0Pq5yEoc
© Gérard BOLLON-MASO
Gérard Bollon-Maso (1947-)
Né en région parisienne, Gérard Bollon-Maso habite à Villeurbanne.
Fan de poésie depuis son enfance, il écrit depuis une vingtaine d'années.
Il publie ses textes dans des revues de poésie et a deux recueils édités en 2012 et 2015.
Autres textes :
La baigneuse
Douceurs d'été
Balade en été
Son blog :
→ http://cielbleu69.eklablog.com/
© Jean-Marc LA FRENIERE
Jean-Marc La Frenière (1948-2023)
Né au Québec dans la vallée du Richelieu, Jean-Marc La Frenière est un poète de rue, il distribue sa poésie par l’intermédiaire des itinérants. Il a publié plusieurs recueils.
Son blog :
→ http://lafreniere.over-blog.net/
Tu es mon amour
ma clameur mon bramement
tu es mon amour ma ceinture fléchée d’univers
ma danse carrée des quatre coins d’horizon
le rouet des écheveaux de mon espoir
tu es ma réconciliation batailleuse
mon murmure de jours à mes cils d’abeille
mon eau bleue de fenêtre
dans les hauts vols de buildings
mon amour
de fontaines de haies de ronds-points de fleurs
tu es ma chance ouverte et mon encerclement
à cause de toi
mon courage est un sapin toujours vert
et j’ai du chiendent d’achigan plein l’âme
tu es belle de tout l’avenir épargné
d’une frêle beauté soleilleuse contre l’ombre
ouvre-moi tes bras que j’entre au port
et mon corps d’amoureux viendra rouler
sur les talus du Mont-Royal
orignal, quand tu brames orignal
coule-moi dans ta palinte osseuse
fais-moi passer tout cabré tout empanaché
dans ton appel et ta détermination
Montréal est grand comme un désordre universel
tu es assise quelque part avec l’ombre et ton cœur
ton regard vient luire sur le sommeil des colombes
fille dont le visage est ma route aux réverbères
quand je plonge dans les nuits de sources
si jamais je te rencontre fille
après les femmes de la soif glacée
je pleurerai te consolerai
de tes jours sans pluies et sans quenouilles
des hasards de l’amour dénoué
j’allumerai chez toi les phares de la douceur
nous nous reposerons dans la lumière
de toutes les mers en fleurs de manne […]
le monde entier sera changé en toi et moi
la marche à l’amour s’ébruite en un voilier
de pas voletant par les eaux blessées de nénuphars
mes absolus poings
ah violence de délices et d’aval
j’aime
que j’aime
que tu t’avances
ma ravie
frileuse aux pieds nus sur les frimas
par ce temps doucement entêté de perce-neige
sur ces grèves où l’été
pleuvent en longues flammèches les cris des pluviers
harmonica du monde lorsque tu passes et cèdes
ton corps tiède de pruche à mes bras pagayeurs
lorsque nous gisons fleurant la lumière incendiée
et qu’en tangage de moisson ourlée de brises
je me déploie sur ta fraîche chaleur de cigale
je roule en toi tous les saguenays d’eau noire de ma vie
je fais naître en toi
les frénésies de frayères au fond du cœur d’outaouais
puis le cri de l’engoulevent vient s’abattre dans ta gorge
terre meuble de l’amour ton corps
se soulève en tiges pêle-mêle
je suis au centre du monde tel qu’il gronde en moi
© Gaston MIRON
Gaston Miron (1928-1996)
Poète et éditeur québecois, Gaston Miron est considéré comme un éminent poète national du Québec qui lui a offert des obsèques nationales. Il a joué un rôle de premier plan dans l'édition québécoise et s'est employé, pendant plus de trente ans, à faire connaître la littérature québécoise par des lectures de poèmes et des prestations dans nombre de pays lors de colloques ou de rencontres littéraires avec divers publics. Son oeuvre a été couronnée d'une dizaine de prix.
Autres textes :
Compagnon des Amériques
Mon bel amour
→ Sa biographie sur Wikipédia
Ce ne sont pas mains de géants
Ce ne sont pas mains de génies
Qui ont forgé nos chaînes ni le crime
Ce sont des mains habituées à elles-mêmes
Vides d’amour vides du monde
Le commun des mortels ne les a pas serrées
Elles sont devenues aveugles étrangères
À tout ce qui n’est pas bêtement une proie
Leur plaisir s’assimile au feu nu du désert
Leurs dix doigts multiplient des zéros dans des comptes
Qui ne mènent à rien qu’au fin fond des faillites
Et leur habileté les comble de néant
Ces mains sont à la poupe au lieu d’être à la proue
Au crépuscule au lieu d’être à l’aube éclatante
Et divisant l’élan annulent tout espoir
Ce ne sont que des mains condamnées de tout temps
Par la foule joyeuse qui descend du jour
Où chacun pourrait être juste à tout jamais
Et rire de savoir qu’il n’est pas seul sur terre
À vouloir se conduire en vertu de ses frères
Pour un bonheur unique où rire est une loi
Il faut entre nos mains qui sont les plus nombreuses
Broyer la mort idiote abolir les mystères
Construire la raison de naître et vivre heureux.
© Paul ELUARD
Paul Eluard (1895-1952)
Nom de plume d'Eugène Grindel, Paul Eluard est un poète français. Il adhère au dadaïsme et devient l'un des piliers du surréalisme. Obligé d'interrompre ses études à cause de la tuberculose, il séjourne en sanatorium où il rencontre une jeune russe qu'il prénomme Gala. Impressionné par sa forte personnalité, c'est d'elle qu'il tient son premier élan de poésie amoureuse. Il l'épouse début 1917. Malgré sa santé défaillante, il est mobilisé en 1914, puis publie ses premiers poèmes. Au lendemain de la Grande Guerre, il adhère au mouvement Dada puis s'engage dans celui du surréalisme. En 1928, il repart en sanatorium accompagné de Gala. C'est là qu'elle le quitte pour Salvador Dali. Autour d'un voyage autour du monde, il rencontre Maria Benz (Nusch) qui devient sa muse et lui inspirera ses plus beaux poèmes d'amour. Plongé dans le désespoir après le décès de Nusch en 1946, il rencontre Dominique qui devient sa dernière compagne et pour laquelle il écrit le recueil "le Phénix" consacré à la joie retrouvée. Il succombe à une crise cardiaque le 18 novembre 1952 et sera inhumé au Père Lachaise.
Autres textes :
Renouveau
Couvre-feu
Dit de la Force et de l'Amour
L'aube, je t'aime
La nuit n'est jamais complète
Liberté
Saisons
La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur
→ Sa biographie sur Wikipédia
Alors que tout aime
que de vie en vie
le corps me manque...
te prendre
au cœur du silence
t’enfermer dans mes bras
te laisser danser dans mon cœur
toute la flamme des éternités
et finalement me dissoudre
dans la vie que je perds
à t’aimer
à t’aimer sans jamais me rendre
alors que tout aime
sais-tu
que je renais sans cesse de mes cendres
à sentir l'éternité de son pas léger
venir me prendre
alors que tout aime
et que moi comme le cèdre
d’un lointain Liban
je n’ai plus de racine que pour le ciel…
alors que tout aime
ici je vais ..
prends ma main
qu’il me reste un souvenir
prends mon cœur
qu’il ne me reste plus que toi
prends ma vie
qu’il me reste encore l’éternité
de ce que nous sommes
dans cet instant
où tout aime
© Yves DROLET
Yves Drolet (1946-)
Né à Montréal au Québec, Yves Drolet vit toujours dans cette région et se dit poète avant tout.
Autre texte :
Si je vous écris...
Vous trouverez d'autres textes de l'auteur sur ce blog :
→ http://www.couleurs-poesies-jdornac.com/tag/yves%20drolet/
C'est un petit village
Perché sur les rochers
Des toits en empilage
De maisons accrochées
Une ruine domine
Vieux donjon et rempart
Le soleil illumine
L'antique étendard
J'entends les attelages
Le pas lourd des chevaux
Frôlant les étalages
Variés des hâtiveaux
Les enfants en guenilles
S'esclaffent en courant
Sous les grandes charmilles
D'un vert exubérant
L'enclume, les varlopes
Des ciseaux, un marteau
Joutent dans les échoppes
L'art subi de l'étau
L'odeur fraîche de paille
Les effluves du foin
Le signal de la caille
Dans les blés d'or au loin
Qu'il fut beau ce village
Aujourd'hui déserté
Triste remue-ménage
De fausse liberté
De ceux partis en villes
Gagner de l'utopie
En devenant serviles
Mauvaise thérapie
Les ronces et les lierres
Dévorent les maisons
Accrochés aux meulières
Au rythme des saisons
Là-haut quelques corneilles
Assistent l'agonie
De ce qui fut merveille
Comble de l'ironie
© Rémi GODET
Rémi Godet (1948-)
Poéte, musicien, cycliste, épicurien... Après un parcours professionnel dans une grande administration, Rémi Godet a publié son premier recueil à 69 ans, prouvant ainsi qu'il n'est jamais trop tard ! La vente de ses deux premiers recueils lui a permis de faire des dons à plusieurs associations caritatives. Un troisième recueil est en cours d'édition et il prépare actuellement un livre sur l'épisode du COVID-19.
Son blog :
→ http://desmotsdesmauxbruyantsilence.over-blog.com/
J'écris avec ma main
(parfois comme un pied)
J'écris seul sous la lune
(le soleil ne le sait pas)
J'écris des mots d'amour
(qui ne sont ni crus ni crus)
J'écris plus que je bois
(ma mauresque sucrée)
J'écris par peur du vide
(ma vie déborde et ruisselle)
J'écris par soif de vivre
(jamais la mort ne m'obsède)
J'écris la vérité
(mais la travestis sans cesse)
J'écris quand tu t'écries
(par la grâce du silence)
J'écris l'écho du corps
(traîtresse est sa souffrance)
J'écris les maux de l'âme
(maitresse est sa poésie)
Sans doute est-ce
parce que je n’ai rien à dire
ou que je ne sais comment dire
ni à qui le dire
que j’écris
Arythmie solitaire du silence
après l’infinie logorrhée
vacance du verbe séculaire
quand sa volubile babel
étouffe le cri de mon mutisme
sordide mimétisme sémantique
Le vol ardent des martinets
trouble le calme impassible
des marronniers
Le soir sombre morne et sublime
et dans un souffle sensible et sensuel
assoupit la mémoire
J’avoue et crie
Je vous écris
Il faut écrire quand on ne peut crier
pour ne pas sacrifier les silences
pour ne pas se fier aux offenses
pour ne pas meurtrir les mémoires
pour ne pas mourir de rage et de haine
pour ne pas trahir les maux mon enfer
pour nous enivrer de nos rêves
© Henri BARON
Henri Baron (1967-)
Né à La Rochelle, Henri Baron a choisi d'exercer le métier d'instituteur. Il consacre alors une grande partie de son temps libre à l'enfance qui l'inspire tout autant qu'il essaie de lui transmettre son amour de la poésie.
Il ne se présente pas poète, mais plutôt comme un "écriveur de poèmes", un "passeur de mots", un "récréateur". Il aime bien ces expressions car après tout, en tant qu'instituteur, cela lui est même plutôt approprié, la poésie est aussi liée au temps libre...
Devenu directeur de centre de vacances et de loisirs, formateur d'animateurs, il anime des ateliers d'écriture avec des enfants et de jeunes adultes.
Son blog :
→ https://henribaron.wixsite.com/grabouillages
Sa page Facebook :
→ https://www.facebook.com/henri.baron
Après tout je t’aimerai
Comme si c’était toujours avant
Comme si à force d’attendre
Sans te voir sans que tu viennes
Tu étais éternellement
En train de respirer près de moi.
Près de moi avec tes habitudes
Avec ta couleur et ta guitare
Comme sont ensemble les pays
Dans les leçons de l’école
Et deux contrées se confondent
Et il y a un fleuve près d’un fleuve
Et deux volcans s’élèvent ensemble.
Près de toi c’est près de moi
Et loin de tout est ton absence
Et la lune est couleur d’argile
Dans la nuit du tremblement
Quand dans la terreur de la terre
S’assemblent les racines
Et l’on entend tinter le silence
Avec le son de l’épouvante.
La peur est aussi un chemin.
Et entre ses pierres effrayantes
La tendresse peut marcher
à quatre pieds et quatre lèvres.
Car sans s’éloigner du présent
Qui est une bague délicate
Nous touchons le sable d’hier
Et dans la mer l’amour évoque
Une fureur incessante.
© Pablo NERUDA
Pablo Neruda (1904-1973)
Poète, écrivain, diplomate et homme politique chilien, Pablo Neruda est considéré comme l'un des quatre grands de la poésie chilienne.
Autres textes :
Sonnet 48
Sonnet 89
→ Sa page dans le Monde de Poetika
Dans les ténèbres qui m’enserrent
Noires comme un puits où l’on se noie
Je rends grâce aux dieux, quels qu’ils soient
Pour mon âme invincible et fière.
Dans de cruelles circonstances
Je n’ai ni gémi ni pleuré
Meurtri par cette existence
Je suis debout, bien que blessé.
En ce lieu de colère et de pleurs
Se profile l’ombre de la Mort
Je ne sais ce que me réserve le sort
Mais je suis, et je resterai sans peur.
Aussi étroit soit le chemin
Nombreux, les châtiments infâmes
Je suis le maître de mon destin
Je suis le capitaine de mon âme.
William Ernest Henley (1843-1903)
Poète, critique littéraire et éditeur britannique, W.E. Henley est principalement connu pour ce poème. Atteint de tuberculose osseuse, il doit être amputé de son pied gauche à mi-jambe à 25 ans. C'est sur son lit d'hôpital qu'il écrit Invictus (dont le titre latin signifie Invaincu). Ce texte fut un soutien et une source d'inspiration pour Nelson Mandela durant sa longue captivité.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Bon an mal an,
bon gré mal gré,
bon pied bon œil,
toujours pareil,
toujours tout neuf,
c’est toujours vrai,
c’est toujours vain,
ça persévère,
ça s’exaspère,
ça prend son temps,
ça va briller,
ça s’inscrira,
irrémédiable,
indescriptible,
perdu ravi,
malheur gaieté,
le pour le contre,
la fin la suite,
commencement,
flamme épineuse,
contour changeant,
la mort qui tousse,
qui se ravive goût du vif,
la mort, la joie,
l’amour se plaint,
le noir afflue,
le soleil bas,
vaillance atteinte,
feu renversé,
l’effroi vaincu,
ornière blanche,
la neige enfouie,
les branches vives,
bon gré mal gré,
fontaine sourde,
foudre lointaine,
torche écumeuse,
tout dénuement,
ça vient ça va,
ça prend son temps,
ça va venir,
ça reviendra,
bon gré mal gré.
© André FRENAUD
André Frénaud (1907-1993)
Aragon le lance, Eluard et Char l’applaudissent, le poète français André Frénaud commence son parcours poétique sous de bons augures ! Cependant, ce poète en provenance d’une ville industrielle se considère davantage ouvrier qu’artiste, fier de son héritage en charpenterie. Emprisonné durant la deuxième Guerre mondiale, ses premiers poèmes sont écrits en prison sur des bouts de papiers provenant de sacs de ciment. Ses poèmes lui valent la qualification de poète métaphysique. Ses textes sont illustrés de lithographes peints par ses nombreux amis peintres. Il reçoit le Grand Prix de l’Académie Française en 1973, et le Grand Prix de la Poésie en 1985.
Source :
→ lesvoixdelapoesie.com
L’entendez-vous, l’entendez-vous
Le menu flot sur les cailloux ?
Il passe et court et glisse
Et doucement dédie aux branches,
Qui sur son cours se penchent,
Sa chanson lisse.
Là-bas,
Le petit bois de cornouillers
Où l’on disait que Mélusine
Jadis, sur un tapis de perles fines,
Au clair de lune, en blancs souliers,
Dansa ;
Le petit bois de cornouillers
Et tous ses hôtes familiers
Et les putois et les fouines
Et les souris et les mulots
Ecoutent
Loin des sentes et loin des routes
Le bruit de l’eau.
Aubes voilées,
Vous étendez en vain,
Dans les vallées,
Vos tissus blêmes,
La rivière,
Sous vos duvets épais, dès le prime matin,
Coule de pierre en pierre
Et murmure quand même.
Si quelquefois, pendant l’été,
Elle tarit sa volupté
D’être sonore et frémissante et fraîche,
C’est que le dur juillet
La hait
Et l’accable et l’assèche.
Mais néanmoins, oui, même alors
En ses anses, sous les broussailles
Elle tressaille
Et se ranime encor,
Quand la belle gardeuse d’oies
Lui livre ingénument la joie
Brusque et rouge de tout son corps.
Oh ! les belles épousailles
De l’eau lucide et de la chair,
Dans le vent et dans l’air,
Sur un lit transparent de mousse et de rocailles ;
Et les baisers multipliés du flot
Sur la nuque et le dos,
Et les courbes et les anneaux
De l’onduleuse chevelure
Ornant les deux seins triomphaux
D’une ample et flexible parure ;
Et les vagues violettes ou roses
Qui se brisent ou tout à coup se juxtaposent
Autour des flancs, autour des reins ;
Et tout là-haut le ciel divin
Qui rit à la santé lumineuse des choses !
La belle fille aux cheveux roux
Pose un pied clair sur les cailloux.
Elle allonge le bras et la hanche et s’inclina
Pour recueillir au bord,
Parmi les lotiers d’or,
La menthe fine ;
Ou bien encor
S’amuse à soulever les pierres
Et provoque la fuite
Droite et subite
Des truites
Au fil luisant de la rivière.
Avec des fleurs de pourpre aux deux coins de sa bouche,
Elle s’étend ensuite et rit et se recouche,
Les pieds dans l’eau, mais le torse au soleil ;
Et les oiseaux vifs et vermeils
Volent et volent,
Et l’ombre de leurs ailes
Passe sur elle.
Ainsi fait-elle encor
A l’entour de son corps
Même aux mois chauds
Chanter les flots.
Et ce n’est qu’en septembre
Que sous les branches d’or et d’ambre,
Sa nudité
Ne mire plus dans l’eau sa mobile clarté,
Mais c’est qu’alors sont revenues
Vers notre ciel les lourdes nues
Avec l’averse entre leurs plis
Et que déjà la brume
Du fond des prés et des taillis
S’exhume.
Pluie aux gouttes rondes et claires,
Bulles de joie et de lumière,
Le sinueux ruisseau gaiement vous fait accueil,
Car tout l’automne en deuil
Le jonche en vain de mousse et de feuilles tombées.
Son flot rechante au long des berges recourbées,
Parmi les prés, parmi les bois ;
Chaque caillou que le courant remue
Fait entendre sa voix menue
Comme autrefois ;
Et peut-être que Mélusine,
Quand la lune, à minuit, répand comme à foison
Sur les gazons
Ses perles fines,
S’éveille et lentement décroise ses pieds d’or,
Et, suivant que le flot anime sa cadence,
Danse encor
Et danse.
Emile Verhaeren (1855-1916)
Poète belge flamand, d’expression française. Dans ses poèmes influencés par le symbolisme, où il pratique le vers libre, sa conscience sociale lui fait évoquer les grandes villes dont il parle avec lyrisme sur un ton d’une grande musicalité. Il a su traduire dans son œuvre la beauté de l’effort humain.
Autres textes :
La cuisson du pain
Les greniers
Les horloges
→ Sa page dans le Monde de Poetika
→ Sa biographie sur Wikipédia
Il y a de grandes flaques de sang sur le monde
où s’en va-t-il tout ce sang répandu
est-ce la terre qui le boit et qui se saoule
drôle de soûlographie alors
si sage… si monotone…
Non la terre ne se saoule pas
la terre ne tourne pas de travers
elle pousse régulièrement sa petite voiture ses quatre saisons
la pluie… la neige…
la grêle… le beau temps…
jamais elle n’est ivre
c’est à peine si elle se permet de temps en temps
un malheureux petit volcan
Elle tourne la terre
elle tourne avec ses arbres… ses jardins… ses maisons…
elle tourne avec ses grandes flaques de sang
et toutes les choses vivantes tournent avec elle et saignent…
Elle elle s’en fout
la terre
elle tourne et toutes les choses vivantes se mettent à hurler
elle s’en fout
elle tourne
elle n’arrête pas de tourner
et le sang n’arrête pas de couler…
Où s’en va-t-il tout ce sang répandu
le sang des meurtres… le sang des guerres…
le sang de la misère…
et le sang des hommes torturés dans les prisons…
le sang des enfants torturés tranquillement par leur papa et leur maman…
Et le sang des hommes qui saignent de la tête
dans les cabanons…
et le sang du couvreur
quand le couvreur glisse et tombe du toit
Et le sang qui arrive et qui coule à grands flots
avec le nouveau-né… avec l’enfant nouveau…
la mère qui crie… l’enfant pleure…
le sang coule… la terre tourne
la terre n’arrête pas de tourner
le sang n’arrête pas de couler
Où s’en va-t-il tout ce sang répandu
le sang des matraqués… des humiliés…
des suicidés… des fusillés… des condamnés…
et le sang de ceux qui meurent comme ça… par accident
Dans la rue passe un vivant
avec tout son sang dedans
soudain le voilà mort
et tout son sang est dehors
et les autres vivants font disparaître le sang
ils emportent le corps
mais ils est têtu le sang
et là où était le mort
beaucoup plus tard tout noir
un peu de sang s’étale encore…
sang coagulé
rouille de la vie rouille des corps
sang caillé comme le lait
comme le lait quand il tourne
quand il tourne comme la terre
comme la terre qui tourne
avec son lait… avec ses vaches…
avec ses vivants… avec ses morts…
la terre qui tourne avec ses arbres… ses vivants… ses
maisons… la terre qui tourne avec les mariages… les enterrements… les coquillages… les régiments…
la terre qui tourne et qui tourne avec ses grands ruisseaux de sang.
© Jacques PREVERT
Jacques Prévert (1900-1977)
Poète, scénariste et dialoguiste français, qui devint célèbre grâce au succès de son premier recueil de poèmes, « Paroles », où son langage familier et ses jeux de mots sont appréciés. Ses poèmes sont depuis lors connus dans le monde entier et appris dans les écoles françaises.
Autres textes :
Le miroir brisé
La Seine a de la chance
Barbara
Cet amour
Sanguine
Sables mouvants
Mai 68
Le cancre
→ Sa biographie sur Wikipédia
Il y aurait, il y aurait
l'effondrement d'un escalier
dans la maison des laves
et le viol des couleurs
sur des frissons lavandes
en Méditerranée
On dirait, on dirait
ce n'est qu'un été à brûler ou à prendre
l'esprit du soufre à tirer de la cendre
Tu descendrais, tu descendrais
les marches en feu
dans la maison des laves
et ta peau déshabillée
sur des regrets s’y lave
en Méditerranée
A la fin, à la fin
tu tremblerais ta nuit en friche
ses éclats coupants d'amour
en Méditerranée
Il y aurait, il y aurait
pour te cerner le ventre de la terre
sa foule humide et fraîche
Lente douleur la mer te prendrait
© Mireille DISDERO
Mireille Disdero
Romancière, nouvelliste et poète, Mireille Disdero a enseigné le français puis a excercé différents métiers dans l’édition, en librairie ou bibliothèque. Elle a vécu plusieurs années en Thaïlande et a sillonné l’Asie de long en large, avant de revenir s’installer dans sa Provence natale. Ses derniers romans s’adressent surtout aux adolescents.
→ Sa page Facebook
Compagnon des Amériques
Québec ma terre amère ma terre amande
ma patrie d’haleine dans la touffe des vents
j’ai de toi la difficile et poignante présence
avec une large blessure d’espace au front
dans une vivante agonie de roseaux au visage
je parle avec les mots noueux de nos endurances
nous avons soif de toutes les eaux du monde
nous avons faim de toutes les terres du monde
dans la liberté criée de débris d’embâcle
nos feux de position s’allument vers le large
l’aïeule prière à nos doigts défaillante
la pauvreté luisant comme des fers à nos chevilles
mais cargue-moi en toi pays, cargue-moi
et marche au rompt le cœur de tes écorces tendres
marche à l’arête de tes dures plaies d’érosion
marche à tes pas réveillés des sommeils d’ornières
et marche à ta force épissure des bras à ton sol
mais chante plus haut l’amour en moi, chante
je me ferai passion de ta face
je me ferai porteur de ton espérance
veilleur, guetteur, coureur, haleur de ton avènement
un homme de ton réquisitoire
un homme de ta patience raboteuse et varlopeuse
un homme de ta commisération infinie
l’homme artériel de tes gigues
dans le poitrail effervescent de tes poudreries
dans la grande artillerie de tes couleurs d’automne
dans tes hanches de montagnes
dans l’accord comète de tes plaines
dans l’artésienne vigueur de tes villes
devant toutes les litanies
de chats-huants qui huent dans la lune
devant toutes les compromissions en peaux de vison
devant les héros de la bonne conscience
les émancipés malingres
les insectes des belles manières
devant tous les commandeurs de ton exploitation
de ta chair à pavé
de ta sueur à gages
mais donne la main à toutes les rencontres, pays
toi qui apparais
par tous les chemins défoncés de ton histoire
aux hommes debout dans l’horizon de la justice
qui te saluent
salut à toi territoire de ma poésie
salut les hommes et les femmes
des pères et mères de l’aventure
© Gaston MIRON
Gaston Miron (1928-1996)
Poète et éditeur québecois, Gaston Miron est considéré comme un éminent poète national du Québec qui lui a offert des obsèques nationales. Il a joué un rôle de premier plan dans l'édition québécoise et s'est employé, pendant plus de trente ans, à faire connaître la littérature québécoise par des lectures de poèmes et des prestations dans nombre de pays lors de colloques ou de rencontres littéraires avec divers publics. Son oeuvre a été couronnée d'une dizaine de prix.
Autre texte :
Mon bel amour
→ Sa biographie sur Wikipédia
Il y a des volcans qui se meurent
il y a des volcans qui demeurent
il y a des volcans qui ne sont là que pour le vent
il y a des volcans fous
il y a des volcans ivres à la dérive
il y a des volcans qui vivent en meutes et patrouillent
il y a des volcans dont la gueule émerge de temps en temps
véritables chiens de la mer
il y a des volcans qui se voilent la face
toujours dans les nuages
il y a des volcans vautrés comme des rhinocéros fatigués
dont on peut palper la poche galactique
il y a des volcans pieux qui élèvent des monuments
à la gloire des peuples disparus
il y a des volcans vigilants
des volcans qui aboient
montant la garde au seuil du Kraal des peuples endormis
il y a des volcans fantasques qui apparaissent
et disparaissent
(ce sont jeux lémuriens)
il ne faut pas oublier ceux qui ne sont pas les moindres
les volcans qu’aucune dorsale n’a jamais repérés
et dont de nuit les rancunes se construisent
il y a des volcans dont l’embouchure est à la mesure
exacte de l’antique déchirure.
© Aimé CESAIRE
Aimé Césaire (1913-2008)
Ecrivain, poète francophone et homme politique français, Aimé Césaire est l’un des fondateurs de la négritude, un courant littéraire et politique anticolonial. Pendant ses années d'études à Paris, il fonde la revue littéraire L’étudiant noir, dans laquelle il évoque pour la première fois le concept de négritude. De retour en Martinique, il enseigne la littérature. Il fonde la revue Tropiques en 1941. Après la Deuxième Guerre mondiale, Aimé Césaire devient maire de Fort-de-France, puis député. Souvent inspirée du surréalisme, sa poésie souligne les conséquences du colonialisme et exprime la nostalgie de la liberté et la révolte contre la servitude.
→ Sa biographie sur Wikipédia
La cloche a proclamé au Pays de Bretagne,
Qu'un enfant est venu sauver l'Humanité,
Et dans tous les salons, entre bûche et Champagne,
Des chants ont célébré cette natalité.
Mais le vent s'est levé, a soulevé les vagues,
Emportant au lointain ce bonheur désuet,
Seul face à l'océan hurlant et qui me nargue,
Je reste cœur chagrin pleurant sur Camaret.
Là-bas sur un bateau roulé par la tempête,
Marin tu perds ta vie à vouloir la gagner,
Au Pays on s'amuse, on rit, on fait la fête,
Ignorant la frayeur du pauvre marinier.
Perdu au fond des creux, dérivant vers le large,
Tu revois les copains des nuits de cabaret,
Moi face à l'océan, debout sur le rivage,
Je reste cœur chagrin pleurant sur Camaret.
Mais la cloche s'est tue au Pays de Bretagne,
A sonner le tocsin s'est éteinte sa voix,
Ils ne sont pas rentrés de l'ultime campagne,
De ce foutu métier c'est la terrible loi.
L'enfant était venu pour recueillir leurs âmes,
Et les porter au ciel dans un champ de bleuets,
Seul face à l'océan plaignant enfants et femmes,
Je reste cœur chagrin pleurant sur Camaret.
© René DOMENGET
René Domenget
D'autres poèmes sur ce site :
→ www.poesie.webnet.fr/
Ici, le rocher, l’arbre et l’eau
Font pour mon oeil ce qu’il convoite.
Tout ce qui luit, tremble ou miroite,
Forme un miraculeux tableau.
Sur le murmure qui se ouate
Le rossignol file un solo :
L’écorce blanche du bouleau
Met du mystique dans l’air moite.
A la fois légère et touffue
La lumière danse à ma vue
Derrière l’écran du zéphyr ;
Je m’attarde, et le soir achève
Avec de l’ombre et du soupir
La félicité de mon rêve.
Maurice Rollinat (1846-1903)
Poète, musicien et interprète français, Maurice Rollinat a écrit ses premiers poèmes en 1870, encouragé par George Sand. Ses textes, allant du pastoral au macabre en passant par le fantastique, lui valent une brève consécration en 1883. Tourmenté, souffrant de névralgies, il se retire dans la Creuse où il continuera son oeuvre littéraire. Au décès de sa compagne, il tente plusieurs fois de se suicider. Malade (probablement d'un cancer), il est hospitalisé à Ivry où il meurt à l'âge de 56 ans.
Autre texte :
Magie de la nature
→ Sa biographie sur Wikipédia
La jeune fille est blanche,
elle a des veines vertes
aux poignets, dans ses manches
ouvertes.
On ne sait pas pourquoi
elle rit. par moment
elle crie et cela
est perçant.
Est-ce qu’elle se doute
qu’elle vous prend le cœur
en cueillant sur la route
des fleurs ?
On dirait quelquefois
qu’elle comprend des choses.
Pas toujours. elle cause
tout bas.
« Oh ! ma chère ! oh ! là là…
… Figure-toi… mardi
je l’ai vu… j’ai rri. » — Elle dit
comme ça.
Quand un jeune homme souffre,
d’abord elle se tait :
elle ne rit plus, tout
étonnée.
Dans les petits chemins
elle remplit ses mains
de piquants de bruyères,
de fougères.
Elle est grande, elle est blanche,
elle a des bras très doux.
Elle est très droite et penche
le cou.
Francis Jammes (1868-1938)
Poète, romancier, dramaturge français, Francis Jammes passa la majeure partie de sa vie dans le Béarn et la Pays Basque, principales sources de son inspiration.
Autres textes :
Avec ton parapluie
La salle à manger
→ Sa biographie sur Wikipédia
Comme une soudaine piqûre de rappel,
Sentiment enfoui de vulnérabilité,
Pour unique vie : la crainte et fragilité.
Fragile idée, de croire que la vie est belle !
Notre conception du vivant, serait-ce frêle ?
Voulant tout maîtriser et puis tout dominer,
La mainmise s'efface et ne peut contrôler…
La nature qui surgit sous forme cruelle !
Parlons à l'Homme aux erreurs qui se répètent :
Disons-lui que le civisme est comme une allumette,
Bonne à jeter une fois qu'elle est consumée !
Lui qui parfois se brûle et qui souvent oublie
Que soustraite, à tort, de vulnérabilité…
La vie ,ici, ce n'est pas tous les jours magie !
© Maxime FLAMAND
Maxime Flamand
C'est en découvrant le répertoire de Renaud que Maxime Flamand s'est découvert une passion pour l'écriture, et en particulier pour la poésie.
Son blog :
→ https://leblognotedemax.jimdofree.com/
D'abord il faut chercher profondément dans son cerveau
Sans remords pour retrouver ses plus vieux souvenirs
Premier Noël, premier jouet, première larme, premier cadeau,
Première étoile dans le ciel, premier train qui va partir...
Après il faut chercher au plus profond des yeux
Contempler à nouveau les plus beaux paysages
Une plage un coucher de soleil sur la mer sans nuage
Instant d'éternité dans l'immensité des cieux.
Et puis écouter la nostalgie avec ses deux oreilles
Chansons d'avant, ils étaient quatre dans le vent
Chansons du temps qui passe comme le vin à la treille
Écoute c'est si loin si loin et pourtant si vivant...
Et puis caresser notre bouche celle qui a tout connu,
De notre premier baiser et nos amours perdues,
À notre premier départ vers ces rives inconnues
Et le goût d'une peau d'un corps qui était simplement nu...
Et puis il y a le cœur celui qui tape comme le tambour
Tous les jours de la vie passée et nos prochains printemps
Celui qui tape si fort quand c'est le grand amour,
Celui qui fait que vivre est le plus beau des présents.
Et que la vie existe et que c'est bon d'être vivant ...
© Bernard MERCIER
Bernard Mercier
Son site :
→ http://www.bernardmercier.fr/
Le soleil brûlant
Les fleurs qu’en allant
Tu cueilles,
Viens fuir son ardeur
Sous la profondeur
Des feuilles.
Cherchons les sentiers
À demi frayés
Où flotte,
Comme dans la mer,
Un demi-jour vert
De grotte.
Des halliers touffus
Un soupir confus
S’élève
Si doux qu’on dirait
Que c’est la forêt
Qui rêve…
Chante doucement ;
Dans mon coeur d’amant
J’adore
Entendre ta voix
Au calme du bois
Sonore.
L’oiseau, d’un élan,
Courbe, en s’envolant,
La branche
Sous l’ombrage obscur
La source au flot pur
S’épanche.
Viens t’asseoir au bord
Où les boutons d’or
Foisonnent…
Le vent sur les eaux
Heurte les roseaux
Qui sonnent.
Et demeure ainsi
Toute au doux souci
De plaire,
Une rose aux dents,
Et ton pied nu dans
L’eau claire.
Albert Samain (1858-1900)
Poète symboliste français, Albert Samain a dû arrêter ses études à la mort de son père, à l'âge de 14 ans. Rejoignant Paris vers 1880, il commence à fréquenter les cercles littéraires et récite ses poèmes au « Chat noir ». En 1893, la publication de son recueil « Au jardin de l'infante » lui vaut un succès immédiat. Fin 1899, sa santé se détériore : il est atteint de phtisie. Il se retire chez un ami dans la Vallée de Chevreuse et meurt à l'été 1900. Une des originalités d'Albert Samain est l'utilisation du sonnet à quinze vers. Après sa mort, ses poésies sont réimprimées un nombre considérable de fois, et de nombreux musiciens ont composé des mélodies sur ses textes.
Autres textes :
Ton souvenir est comme un livre
Le bonheur
Hiver
Matin sur le port
La cuisine
→ Sa biographie sur Wikipédia
Nue et belle, sortant de l’onde
Sous un soleil aux rayons d’or
Et secouant sa crinière blonde
Elle apparut dans mon décor
Et, balançant nonchalante
Son corps sculptural, impudique
Elle se dirigea indolente
Droit vers la petite crique
Elle s’allongea frissonnante
Sur un tapis d’herbe en retrait
Où la lumière forte, ardente
De l’astre solaire sévissait
Sa peau laiteuse scintillait
De milliers de gouttes d’argent
Ses cheveux emmêlés brillaient
Ses courbes ondulaient sous le vent
Admirant ce corps, cette beauté
Mon désir allait ascendant
De cet instant j’avais rêvé
Etoile en mon ciel de néant.
© Gérard BOLLON-MASO
Gérard Bollon-Maso (1947-)
Né en région parisienne, Gérard Bollon-Maso habite à Villeurbanne.
Fan de poésie depuis son enfance, il écrit depuis une vingtaine d'années.
Il publie ses textes dans des revues de poésie et a deux recueils édités en 2012 et 2015.
Autres textes :
Douceurs d'été
Balade en été
Son blog :
→ http://cielbleu69.eklablog.com/
Un oiseau qui fait la roue
Sur un arbre déjà roux
Et son cri par dessus tout
Que c'est beau, c'est beau la vie.
Tout ce qui tremble et palpite
Tout ce qui lutte et se bat
Tout ce que j'ai cru trop vite
A jamais perdu pour moi
Pouvoir encore regarder
Pouvoir encore écouter
Et surtout pouvoir chanter
Que c'est beau, c'est beau la vie.
Le jazz ouvert dans la nuit
Sa trompette qui nous suit
Dans une rue de Paris
Que c'est beau, c'est beau la vie.
La rouge fleur éclatée
D'un néon qui fait trembler
Nos deux ombres étonnées
Que c'est beau, c'est beau la vie.
Tout ce que j'ai failli perdre
Tout ce qui m'est redonné
Aujourd'hui me monte aux lèvres
En cette fin de journée
Pouvoir encore partager
Ma jeunesse, mes idées
Avec l'amour retrouvé
Que c'est beau, c'est beau la vie.
Pouvoir encore te parler
Pouvoir encore t'embrasser
Te le dire et le chanter
Oui c'est beau, c'est beau la vie.
© Jean FERRAT
Jean Ferrat (1930-2010)
Jean Tenenbaum, dit Jean Ferrat, est un auteur-compositeur-interprète français. Auteur de chansons à texte, il alterne durant sa carrière chansons sentimentales, chansons poétiques et chansons engagées et a souvent maille à partir avec la censure. Reconnu pour son talent de mélodiste, il met en musique et popularise nombre de poèmes de Louis Aragon avec l'approbation de celui-ci.
Autres textes :
Nuit et brouillard
L'amour est cerise
→ Ecouter la chanson sur YouTube
→ Sa biographie sur Wikipédia
© Marie LE POGAM
Marie Le Pogam
Sa page Facebook :
→ https://www.facebook.com/marieetmathys
© Léo FERRE
Léo Ferré (1916-1993)
Auteur-compositeur-interprète et poète monégasque, Léo Ferré a réalisé plus d'une quarantaine d'albums originaux couvrant une période d'activité de 46 ans. Il a dirigé à plusieurs reprises des orchestres symphoniques. Il se revendiquait anarchiste et ce courant de pensée a fortement inspiré son oeuvre.
Autres textes :
Ne chantez pas la mort
Cette blessure
L'école de la poésie
Les poètes
→ Sa biographie sur Wikipédia
Oser tout dire
Pour ne plus se mentir
Oser le révéler
Pour ne plus rien avoir à cacher
Oser affronter leurs regards
Pour ne plus s’enfermer dans le noir
Oser remuer ciel et terre
Pour arriver coûte que coûte à le faire
Oser s’exprimer
Pour défendre sa liberté
Oser chanter à tue tête
Pour donner à sa vie un air de fête
Oser rester debout
Pour ne pas finir à genoux
Oser aimer
Pour ne plus avoir à compter
Oser essayer
Pour ne jamais rien regretter
Oser partager
Pour ne plus rester isolé
Oser prédire
Pour se donner confiance en l’avenir
Oser donner sans détour
Pour mieux recevoir en retour
Oser tendre une main
Pour ensemble aller vers demain.
© Marie-France OCHSENBEIN
Marie-France Ochsenbein (1971-)
Née à Nemours en Seine-et-Marne, M.F. Ochsenbein est membre de Poètes sans Frontières. Elle publie régulièrement dans plusieurs revues dont l’Etrave, Revue Méninges, Le Cafard Hérétique, Short Edition, Le Capital des Mots, le Fanzine Zébra (dessins), et dans le journal mensuel la Décroissance. Elle participe également à des anthologies (Poètes sans Frontières, Flammes Vives) et a publié deux ouvrages : Entre ciel et terre et Parlez-moi de vos petits tracas.
Autres textes :
Remerciements
Alcool
Eloïse
Chez Dédé
Son blog :
→ mfcreationsartistiques.wordpress.com
La voyez-vous dans le jardin,
Là où scintille la rosée,
Sous la caresse du matin,
Sur une feuille déposée ?
Dame Nature lui a fait
Robe de pourpre et noires perles,
Grâce limpide et vol parfait,
Plus léger que le chant des merles.
Dans un sourire du soleil
Elle déploie ses ailes fines,
Et sous ce galbe sans pareil
Le potager devient collines.
Les allées sont des chemins fous
Que la brise claire ensorcelle,
Au gré des parfums les plus doux
Paraît flâner la coccinelle.
Elle va cueillir le printemps
Au bord du frisson de la rose
Dont les pétales sont tremblants
D'une élégance à peine éclose.
Si la voyez dans le jardin,
Soyez ombre, soyez silence ...
Peut-être, alors, sur votre main
Hasardera-t-elle sa danse ...
© OMBREFEUILLE
Ombrefeuille
Amoureuse de la langue française dans tous ses états, de Ronsard, Baudelaire, Hugo ou Verlaine, du slam et du rap. Elle aime le mouvement dans le trait, l'ombre dans la lumière, le tumulte caché dans le silence.
Autre texte :
La voix de l'océan
Ses autres poèmes sur ce site :
→ poemes.iceteapeche.com
Je t’aime comme on aime un beau jour d’été,
immobile et très haut entre le matin et le soir.
Je pense à toi d’une façon tellement forte
que ton absence bat en moi comme une porte dans le vent.
Seule, maintenant, une mémoire aveugle me rappelle
les caresses dont ton corps enfermait mon corps
comme dans des forêts infranchissables,
mais elle ne peut me rendre le poids de ta chair.
Je te cherche en moi comme dans une ville déserte
et pourtant à chaque instant je te rencontre
comme la terre à chaque pas rencontre des sources
mais j’ai froid sans la chaleur de tes mains.
Et ta voix, ta voix qui me faisait vivre
comme la flamme fait vivre un brasier
ta voix n’est nulle part, même pas sur ma bouche
à laquelle elle se mêlait jusqu’au silence des baisers.
© Lucien BECKER
Lucien Becker (1911-1984)
Poète français, ami de Léopold Sédar Senghor. Il a composé une œuvre brûlante autour du corps de la femme, seul rempart contre le néant. Résistant pendant la guerre, il devient commissaire de police et fournit de faux-papiers à ceux qui fuient l'occupant et entre en contact avec le maquis du Vercors. A cinquante ans, abandonnant tout, il se retire dans le silence avec la femme de sa vie. Il publie son dernier recueil en 1961 et retourne à Dieuze en Moselle en 1983 où il décèdera.
Autres textes :
Sur ton corps lisse de caillou
Lorsque tu entres dans ma chambre
→ Biographie détaillée sur Wikipédia
À présent le ciel pleut, de tout son soûl, sans fin.
Sans doute, la poussière à la terre se mêle
Dans cette ultime offrande où la vie se révèle
Semence d’avenir dans l’eau de nos chagrins.
Puisqu’ici tout est dit, que se ferme le livre
Et toute ton histoire en un dernier regard,
Nous resterons marqués du sceau de ton départ
Comme l’est l’orphelin que plus rien ne délivre.
Tout nous semble si lourd sur ce nouveau chemin
Où manque ton sourire et ta main généreuse,
Nous le suivons perdus, la mine ténébreuse,
Cueillant d’un souvenir la force pour demain.
Et pourtant ce matin, la lumière était tendre,
Le vent prenait son temps dans les grands arbres gris.
Un oiseau s’est posé sur la croix vert-de-gris
Lorsque l’homme a vidé le petit tas de cendre.
© Jocelyne LECUIVRE
Jocelyne Lecuivre (1965-)
Origininaire du Sud de la Belgique, Jocelyne Lecuivre est Infirmière et maman de trois enfants.
Depuis toujours elle éprouve le besoin de s’exprimer artistiquement et ce de différentes façons, que ce soit par la musique, la photo, le dessin ou encore les mots.
Proche de la nature et de l’humain, elle trouve dans son quotidien multiples sujets pour ses écrits où elle aime associer émotion et musicalité.
Son profil sur lespoetes.net
→ lespoetes.net
Rien que ton coeur brûlant,
Rien d’autre.
Mon paradis : un champ
Sans rossignols
Ni lyres,
Avec une fontaine
Et un filet d’eau vive.
Pas de vent qui éperonne
Les frondaisons
Ni d’étoile qui veuille
Se faire feuille.
Un jour immense
Y serait
Le ver luisant
D’un autre jour
Dans un champ de
Regards brisés.
Lumineux repos
Où tous nos baisers,
Grains de beauté sonores
De l’écho,
Iraient là-bas éclore.
Et ton coeur brûlant,
Rien d'autre.
© Federico GARCIA LORCA
Federico Garcia Lorca (1898-1936)
Poète et dramaturge espagnol, Gabriel Garcia Lorca avait aussi des talents de peintre et de musicien. Devant cacher son homosexualité, il est victime d'une dépression en 1929 et part faire un long voyage aux Etats-Unis. De retour en Espagne en 1931, il est nommé directeur de la société de théâtre étudiante subventionnée, La Barraca. En 1936, sans doute à cause de son homosexualité, il est arrêté et exécuté par les milices franquistes. Malgré les recherches pour retrouver son corps, jeté à la fosse commune de Viznar, il ne sera jamais retrouvé. Ses oeuvres ont été interdites en Espagne jusqu'en 1953.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Ne chantez pas la Mort, c´est un sujet morbide
Le mot seul jette un froid, aussitôt qu´il est dit
Les gens du show-business vous prédiront le bide
C´est un sujet tabou pour poète maudit
La Mort
La Mort
Je la chante et, dès lors, miracle des voyelles
Il semble que la Mort est la sœur de l´amour
La Mort qui nous attend et l´amour qu´on appelle
Et si lui ne vient pas, elle viendra toujours
La Mort
La Mort
La mienne n´aura pas, comme dans le Larousse
Un squelette, un linceul ; dans la main, une faux
Mais fille de vingt ans à chevelure rousse
En voile de mariée, elle aura ce qu´il faut
La Mort
La Mort
De grands yeux d´océan, une voix d´ingénue
Un sourire d´enfant sur des lèvres carmin
Douce, elle apaisera sur sa poitrine nue
Mes paupières brûlées, ma gueule en parchemin
La Mort
La Mort
Requiem de Mozart et non Danse Macabre
Pauvre valse musette au musée de Saint-Saëns
La Mort c´est la beauté, c´est l´éclair vif du sabre
Texte de Jean-Roger CAUSSIMON
© Léo FERRE
Léo Ferré (1916-1993)
Auteur-compositeur-interprète et poète monégasque, Léo Ferré a réalisé plus d'une quarantaine d'albums originaux couvrant une période d'activité de 46 ans. Il a dirigé à plusieurs reprises des orchestres symphoniques. Il se revendiquait anarchiste et ce courant de pensée a fortement inspiré son oeuvre.
Autres textes :
Cette blessure
L'école de la poésie
Les poètes
→ Sa biographie sur Wikipédia
Elle passa, je crois qu'elle m'avait souri.
C'était une grisette ou bien une houri.
Je ne sais si l'effet fut moral ou physique,
Mais son pas en marchant faisait une musique.
Quoi ! Ton pavé bruyant et fangeux, ô Paris,
A de ces visions ineffables ! Je pris
Ses yeux fixés sur moi pour deux étoiles bleues.
Fraîche et joyeuse enfant ! Moineaux et hochequeues
Ont moins de gaîté folle et de vivacité.
Elle avait une robe en taffetas d'été,
De petits brodequins couleur de scarabée,
L'air d'une ombre qui passe avant la nuit tombée,
Je ne sais quoi de fier qui permettait l'espoir.
Pendant que je songeais, croyant encor la voir
Même après qu'elle était enfuie et disparue,
Et que debout, pensif au milieu de la rue,
Contemplant, ébloui, cet être gracieux,
J'avais l'oeil dans l'espace et l'âme dans les cieux,
Une vieille, moitié chatte et moitié harpie,
Au menton hérissé d'une barbe en charpie,
Vêtue affreusement d'un sinistre haillon,
Effroyable, et parlant comme avec un bâillon,
Me dit tout bas : - Monsieur veut-il de cette fille ?
Victor Hugo (1802-1885)
Poète, dramaturge, prosateur et dessinateur romantique français, Victor Hugo est considéré comme l'un des plus grands écrivains de langue française. Il est aussi une personnalité politique et un intellectuel engagé. Homme de théâtre, il est l'un des chefs de fil du romantisme français. Il a fortement contribué au renouveau de la poésie et du théâtre.
Autres textes :
Printemps
Elle avait pris ce pli
Il fait froid
Premier Mai
Demain dès l'aube
→ Sa biographie sur Wikipédia
Que ce soit dimanche ou lundi
Soir ou matin minuit midi
Dans l'enfer ou le paradis
Les amours aux amours ressemblent
C'était hier que je t'ai dit
Nous dormirons ensemble
C'était hier et c'est demain
Je n'ai plus que toi de chemin
J'ai mis mon cœur entre tes mains
Avec le tien comme il va l'amble
Tout ce qu'il a de temps humain
Nous dormirons ensemble
Mon amour ce qui fut sera
Le ciel est sur nous comme un drap
J'ai refermé sur toi mes bras
Et tant je t'aime que j'en tremble
Aussi longtemps que tu voudras
Nous dormirons ensemble.
© Louis ARAGON
Louis Aragon (1897-1982)
Poète et romancier français, il participe au mouvement dadaïste et surréaliste aux côtés de André Breton. En 1928, sa rencontre avec Elsa Triolet, l'amour de sa vie, lui inspirera de nombreux poèmes.
Autres textes :
J'arrive où je suis étranger
Que serais-je sans toi ?
Les larmes se ressemblent
Les mains d'Elsa
Autre site
http://www.maison-triolet-aragon.com/
→ Sa biographie sur Wikipédia
Les matins où le jour se lève
Avec mauvaise volonté
Lorsque je m'entonne du thé
Pour me désengluer d'un rêve,
Par ces matins de bouche amère
Où le suicide a des attraits
Sans que j'en puisse voir les traits
Auprès de moi se tient ma mère.
Elle est venue du cimetière
Où l'an mil neuf cent trente-six
Après un bref De Profundis
On l'a couchée dessous la pierre,
Moi qui la croyais feuille morte
L'humus d'où jaillit le printemps,
Voilà qu'après plus de trente ans
Elle a bien su trouver ma porte
Elle me regarde en silence
Sans avoir contour ni linceul,
Je fais bien semblant d'être seul
Mais je me heurte à sa présence,
Je ne suis plus cet enfant sage
Qu'elle avait nourri de son sein
Pourquoi vient-elle ? En quel dessein ?
Et pour me dire quel message ?
Dis-moi, viens-tu chercher mon âme
Ou simplement la surveiller ?
Mes enfants vont se réveiller
Et je dois réveiller ma femme,
Va-t'en maman, le jour va poindre,
Un jour de plus, un jour de moins,
Entre nous soit dit, sans témoin,
Je me prépare à te rejoindre.
© Jean-Roger CAUSSIMON
Jean-Roger Caussimon (1918-1985)
Auteur-compositeur-interprète et acteur français, il a été l'ami de Léo Ferré qui a interprété plusieurs de ses chansons. Il a reçu le Prix Albert Cros pour son premier disque enregistré en 1970. Il a également joué dans une centaine de films dont l'Auberge Rouge et French Cancan.
Autre texte :
Ne chantez pas la mort
→ Sa biographie sur Wikipédia
Mon oncle, un fameux bricoleur
Faisait en amateur
Des bombes atomiques
Sans avoir jamais rien appris
C'était un vrai génie
Question travaux pratiques
Il s'enfermait toute la journée
Au fond de son atelier
Pour faire ses expériences
Et le soir il rentrait chez nous
Et nous mettait en transe
En nous racontant tout
Pour fabriquer une bombe A
Mes enfants, croyez-moi
C'est vraiment de la tarte
La question du détonateur
Se résout en un quart d'heure
C'est de celles qu'on écarte
En ce qui concerne la bombe H
C'est pas beaucoup plus vache
Mais une chose me tourmente
C'est que celles de ma fabrication
N'ont qu'un rayon d'action
De trois mètres cinquante
Y'a quelque chose qui cloche là-dedans
J'y retourne immédiatement
Il a bossé pendant des jours
Tâchant avec amour
D'améliorer le modèle
Quand il déjeunait avec nous
Il avalait d'un coup
Sa soupe au vermicelle
On voyait à son air féroce
Qu'il tombait sur un os
Mais on n'osait rien dire
Et puis un soir pendant le repas
Voilà tonton qui soupire
Et qui s'écrie comme ça
A mesure que je deviens vieux
Je m'en aperçois mieux
J'ai le cerveau qui flanche
Soyons sérieux, disons le mot
C'est même plus un cerveau
C'est comme de la sauce blanche
Voilà des mois et des années
Que j'essaye d'augmenter
La portée de ma bombe
Et je ne me suis pas rendu compte
Que la seule chose qui compte
C'est l'endroit où ce qu'elle tombe
Y'a quelque chose qui cloche là-dedans,
J'y retourne immédiatement
Sachant proche le résultat
Tous les grands chefs d'État
Lui ont rendu visite
Il les reçut et s'excusa
De ce que sa cagna
Était aussi petite
Mais sitôt qu'ils sont tous entrés
Il les a enfermés
En disant "Soyez sages!"
Et, quand la bombe a explosé
De tous ces personnages
Il n'en est plus rien resté
Tonton devant ce résultat
Ne se dégonfla pas
Et joua les andouilles
Au tribunal on l'a traîné
Et devant les jurés
Le voilà qui bafouille
Messieurs, c'est un hasard affreux
Mais je jure devant Dieu
Qu'en mon âme et conscience
En détruisant tous ces tordus
Je suis bien convaincu
D'avoir servi la France
On était dans l'embarras
Alors on le condamna
Et puis on l'amnistia
Et le pays reconnaissant
L'élut immédiatement
Chef du gouvernement
© Boris VIAN
Boris Vian (1920-1959)
Ecrivain, poète, parolier, directeur artistique, musicien de jazz... Boris Vian, dont l'oeuvre littéraire fut peu appréciée de son vivant, est saluée par la jeunesse dès les années 1960-1970. L'Écume des jours en particulier, avec ses jeux de mots et ses personnages à clef, est passé à la postérité. Il est désormais un classique, qu'on étudie souvent dans les collèges et les lycées.
Autres textes :
Ils cassent tout
Je bois
Si les poètes étaient moins bêtes
Le déserteur
Evénement
Le centenaire de Boris Vian
→ Sa biographie sur Wikipédia
Pleins de fougue, passionnés, enfiévrés, enflammés, ou donné du bout des lèvres, comme un don froid et sans frisson !
Est-ce celui des lèvres délicates sur les pétales d’une fleur odoriférante parfumée au printemps délicieux ?
Celui des lèvres enfiévrées sur le verre d’eau du malade qui réclame et qui geint
De la maman sur le front de son petit enfant qu’elle étreint tendrement.
De l’amant conduit en prison sur celles de sa dulcinée éplorée.
Le baiser pieux donné du bout des lèvres sur une icône une relique que l’on craint et interpelle en ultime recours ?
Un baiser doux, tendre, plein de délicatesse. Comme un papillon sur une fleur dans une lumière chaude.
Celui de Judas qui trahit et masque sa fourberie.
De l’amoureux éconduit qui pleure à chaudes larmes et veut mourir !
Du visiteur à un malade qui souhaite sortir de la chambre où il étouffe et souffre
De compassion sans pouvoir agir !
Celui de l’athlète et de la beauté qui lui remet un bouquet.
Celui transporté, comme un pigeon vole, vers un cœur soumis au sort fortuit des nuages et du vent !
Baisers de comédie, feints comme un maquillage sur un visage d’apparat !
Baiser tendre, léger, suspendu, quand l’amour pénètre par le regard
Qui inonde de joie le corps et l’âme.
Les amants pudiques ont des retenues uniques.
Leurs baisers sont des papillons blancs porte bonheur !
Baisers confiés à une lettre postale multipliés par mille, afin qu’il en subsiste au moins un, après un long voyage !
Est-ce le baiser de l’abeille, en viol consentit, à la fleur au soleil
Qui transforme sa pulsion en miel.
(Si j’étais apiculteur j’appellerais mon miel : baisers d’abeilles !)
Mais, à moins qu’il ne s’agisse de manchots, les baisers chauds doivent s’accompagner d’embrassades pareils aux étaux qui serrent de précieux métaux.
© Raymond BOURMAULT
Raymond Bourmault
Tout n'était que douceurs en ce matin d'été.
Des écharpes de brume envahissait l'espace.
Etant devenu clair comme un rêve oublié,
Le ciel s'est envolé tel un Ange qui passe.
Le vent chantait l'Amour, caressant les roseaux.
Une lumière tendre et aux langueurs dorées
Eclaboussait de joie, étangs, lacs et ruisseaux,
Qui comme des joyaux, décoraient la vallée.
Puis le moutonnement des collines en fleurs
Donnait à l'horizon une grande élagance.
Bois, sous-bois et forêt aux sylvestres odeurs
Embaumaient la région de leur douce fragrance.
L'air s'est mis à danser dans l'éther en frisson,
Accompagné d'oiseaux et leur chant mélodique.
Les gens étaient joyeux car en cette saison,
Tout est beau, tout est chaud, la vie est onirique.
© Gérard BOLLON-MASO
Gérard Bollon-Maso (1947-)
Né en région parisienne, Gérard Bollon-Maso habite à Villeurbanne.
Fan de poésie depuis son enfance, il écrit depuis une vingtaine d'années.
Il publie ses textes dans des revues de poésie et a deux recueils édités en 2012 et 2015.
Autre texte :
Balade en été
Son blog :
→ http://cielbleu69.eklablog.com/