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Le Monde de Poetika
Revue de poésie en ligne
N° ISSN : 2802-1797
Sur l’égouttoir, où sèchent les assiettes,
Un pot recueille, à l'envers, les couverts.
Tu romps le pain, le malaxes, l’émiettes ;
Du pain rassis, dont les pourtours sont verts,
A recycler – du nanan pour les poules !
Puis chantonnant, maman, ce bel air gai,
Tu frottes dur - au mépris des ampoules -
Sifflant des sons que cajole le geai,
Le vieil évier dont l'émail se morcelle,
Tout ébréché par cent ans de labeur.
Jaillit ton rire, à ma voix de crécelle
Qui reprend – mal – ton lied de tout son cœur.
Ta main caresse alors un peu ma nuque ;
Jaloux, mon frère allonge un coup de pied
Loin sous la table, et son œil me reluque
(Je moufte pas, puis preste il se rassied)
Ça sent le chou, la patate et le thym ;
Ça sent très doux, c'est un parfum
d'enfance ;
L'odeur du sud, et d'un monde latin
Ensoleillé, vers le bord de la France.
Par la fenêtre on voit quelques cyprès
Dont le tronc ploie avec chaque rafale
Que le mistral lance toujours après
Cette accalmie où s'éteint la nuit pâle...
Là, sur la banque où mûrissent des fruits,
Un vieux bouquet d'un beau lilas s'étiole ;
Le chat s'étire, et les lambeaux enfuis
D'obscurité soufflent l'ultime étoile...
© Christophe SALUS
Christophe Salus (1963-)
Sensible dès l’enfance à la musique des mots, appréciant, avant de les comprendre, Vigny, Hugo, Rimbaud et Baudelaire, Salus est un amoureux de la nature et de l’émotion, prônant le « funambulisme littéraire ». Lecteur éclectique, écrivant depuis toujours et de la poésie depuis 2007, il a à son actif plus de 1300 textes et publié plusieurs recueils.
→ Son profil sur lespoetes.net
Quitter un appartement.
Vider les lieux. Décamper.
Faire place nette.
Débarrasser le plancher.
Inventorier ranger classer trier
Éliminer jeter fourguer
Casser
Brûler
Descendre desceller déclouer
décoller dévisser décrocher
Débrancher détacher couper tirer
démonter plier couper
Rouler
Empaqueter emballer sangler
nouer empiler rassembler
Entasser ficeler envelopper
protéger recouvrir entourer
serrer
Enlever porter soulever
Balayer
Fermer
Partir.
© Georges PEREC
Georges Perec (1936-1982)
Ecrivain, grand spécialiste des jeux de lettres et romancier, il est membre de l'Oulipo à partir de 1967 et entre à la Pléiade en 2017. Il fonde ses œuvres sur l'utilisation de contraintes formelles, littéraires ou mathématiques, qui marquent son style.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Nos matins mouillés
tièdes oreillers
cheveux embrouillés
tes épaules blanches
Le jour à pas de loup glissait comme une écharpe
par les rideaux entrebâillés
Je te réveillais
recroquevillée
les yeux gribouillés
un sein qui se penche
Serpentins à mon cou les soyeuses écharpes
de tes bras appareillaient
Où sont nos anges et leurs harpes
© Louis CALAFERTE
Louis Calaferte (1928-1994)
Ecrivain, dramaturge, poète et essayiste français né en Italie, il vit dans la marginalité jusqu'à l'adolescence et se met à écrire très tôt. Grâce à Joseph Kessel, il publie Requiem des innocents en 1952 qui lui apporte le succès. Il fut un poète vigoureux et sensible, à l'écriture précise et passionnée, violente et sans concessions.
→ Sa biographie sur Wikipédia
C’est quoi la musique ?
C’est du son qui se parfume
C’est quoi l’émotion ?
C’est l’âme qui s’allume
C’est quoi un compliment ?
Un baiser invisible
Et la nostalgie ? Du passé comestible
C’est quoi l’insouciance ?
C’est du temps que l’on sème
C’est quoi le bon temps ?
C’est ta main dans la mienne
C’est quoi l’enthousiasme ?
C’est des rêves qui militent
Et la bienveillance ?
Les anges qui s’invitent
Et c’est quoi l’espoir ?
Du bonheur qui attend
Et un arc-en-ciel ?
Un monument vivant
C’est quoi grandir ?
C’est fabriquer des premières fois
Et c’est quoi l’enfance ?
De la tendresse en pyjama
Mais dis papa, la vie c’est quoi ?
Petite, tu vois
La vie c’est un peu de tout ça mais surtout c’est toi
C’est toi
C’est quoi le remord ?
C’est un fantôme qui flâne
Et la routine ?
Les envies qui se fânent
C’est quoi l’essentiel ?
C’est de toujours y croire
Et un souvenir ?
Un dessin sur la mémoire
C’est quoi un sourire ?
C’est du vent dans les voiles
Et la poésie ?
Une épuisette à étoiles
C’est quoi l’indifférence ?
C’est la vie sans les couleurs
Et c’est quoi le racisme ?
Une infirmité du cœur
C’est quoi l’amitié ?
C’est une île aux trésors
Et l’école buissonnière ?
Un croche-patte à Pythagore
C’est quoi la sagesse ?
C’est TinTin au Tibet
C’est quoi le bonheur ?
C’est maintenant ou jamais
Mais dis papa, la vie c’est quoi ?
Petite, tu vois
La vie c’est un peu de tout ça mais surtout c’est toi
C’est toi
Dans tes histoires,
Dans tes délires,
Dans la fanfares de tes fous-rires
La vie est là, la vie est là
Dans notre armoire à souvenirs
Dans l’espoir de te voir vieillir
La vie est là, la vie est là
© Guillaume ALDEBERT
Guillaume Aldebert (1973-)
Auteur-compositeur-interprète, ses textes évoquent largement la nostalgie et l'enfance et vantent la vertu de la paresse. Il a produit plusieurs albums, dont le dernier Enfantillages, les 10 ans.
Son site internet :
→ https://www.aldebert.com/
A la mémoire de Bernard Dimey
Quand Dimey, au Gerpil, en promenant son ombre
devise avec Simon, histoire de badiner,
du bon temps où Mémère avalait sans encombre
quatre ou cinq pastagas avant de déjeuner,
remontant, titubant, vers la rue des Abbesses
son spectre bienveillant taquine les putains
qui chassent le client en ondulant des fesses
puisque tout leur viatique est dans leur popotin !
Tout là-haut il rencontre à la place du Tertre
quelques faux Utrillo devant leur chevalet
qui peignent jour et nuit sans jamais se démettre
feu le Bateau lavoir pour quelque vieil Anglais.
Il s’assied au bistrot et invite à sa table
Guillaume Apollinaire et ils parlent de Lou
qui jadis lui faisait des trucs inimitables
à fair’ damner cent fois monseigneur Dupanloup !
Puis pour changer un peu il descend vers la Seine,
choisissant avec soin son indécis parcours
afin de rencontrer tandis qu’il se promène
tant d’esprits égarés dont le temps n’a plus cours.
En chemin à mi-voix il redit son bestiaire
où s’entasse une faune d’amis disparus ;
en égrenant leur nom comme on lit son bréviaire
il célèbre à l’envi cent destins incongrus.
Aux nymphes de Goujon, il boit à la fontaine,
évoque du Bellay avec Germain Pilon
et le cœur d’Henri II qui bat la prétentaine
tandis que rôde encore l’amante de Villon.
Depuis le pont des Arts il salue au passage
le Vert-Galant qui rêve à ses amours d’antan
et descend de cheval et, pour tourner la page
embrasse Ravaillac : « Je n’ai plus mal aux dents ! »
Notre-Dame à l’envers tremblote à l’eau du fleuve
sur un rythme bien lent pour bercer un clodo
qui s’endort sur le quai sans que rien ne l’émeuve
tout en crevant de faim… le rouquin a bon dos !
Il flâne encore un peu, mais quand le jour arrive
chassant le noctambule à l’heure des regrets,
sur la pointe des pieds le poète s’esquive
comme il quittait jadis, discret, les cabarets.
© Jac KALLOS
Jac Kallos
Après de longues années passées dans l'Enseignement, la poésie, la photographie et le journalisme animent son existence. Il a publié plusieurs recueils.
Autres textes :
Duo fauve
Errance Eros
Sa page dans le Monde de Poetika
Son site internet :
→ http://jac.kallos.pagesperso-orange.fr/index.html
Depuis le fond des temps jusqu'à l'éternité,
De la rive lointaine au phare solitaire,
La voix de l'océan, tranquille majesté,
Mêle la vague au sable et le ciel à la terre.
De la rive lointaine au phare solitaire,
La houle qui s'éprend du mot de liberté
Mêle la vague au sable et le ciel à la terre,
Unissant le tumulte à la sérénité.
La houle qui s'éprend du mot de liberté
Sur la crête du vent demeure de mystère,
Unissant le tumulte à la sérénité,
Car ainsi le sublime épouse l'éphémère.
Sur la crête du vent demeure de mystère
Ce silence qui gronde, égale immensité,
Car ainsi le sublime épouse l'éphémère,
Depuis le fond des temps jusqu'à l'éternité.
© OMBREFEUILLE
Ombrefeuille
Amoureuse de la langue française dans tous ses états, de Ronsard, Baudelaire, Hugo ou Verlaine, du slam et du rap. Elle aime le mouvement dans le trait, l'ombre dans la lumière, le tumulte caché dans le silence.
Ses autres poèmes sur ce site :
→ https://poesie-plurielle.monsite-orange.fr/
Le murmure du matin à la saveur amère
Irise les silences d'un frisson d'hier
Où se taisent les mensonges du désir,
Semblables au jardin des soupirs.
L'aura de la goutte d'eau déguisée,
S'emancipe en souvenir avoué,
Joli mois de Mars naissant
Au rythme
du jour haletant.
Glisse une hirondelle à l'aile joyeuse,
Comme un messager du printemps,
Blanche, noire et gracieuse.
Le murmure du matin à la saveur amère
Irise les silences du temps
D'un envol en soie aux ailes d'hier.
© Véronique HELY
Véronique Hély
Véronique Hély se dit amoureuse de sonnets indolents. Elle publie ses textes sur le site des poetes.net.
A tous les hommes de la terre
Tous ceux dont le coeur s’est fermé
Tous ceux qui dressent des barrières
Des frontières et des barbelés
Ceux qui croient que tendre le poing
Est mieux que de tendre la main
Qui croient que les portes fermées
C’est mieux que la fraternité
Il est temps d’abattre les murs
Il est temps d’ouvrir les esprits
De fendre les armures
Ouvrir leurs cœurs aussi
Pour les enfants du monde entier
Il faut leur ouvrir un chemin
Planter un rameau d'olivier
Qu’un nouveau monde arrive enfin.
Nous allons changer le destin
Nous allons nous donner la main
Pour fair’ le monde de demain
Et prendre la route du bien
Chant pour tous les enfants du monde
Laissons s’envoler les colombes
C’est un chant d’amitié
Chant de fraternité
© Jacques MEGE
Jacques Mège
Jacques Mège alias Jakecrit a posé ses valises dans le Morvan. Il a publié cinq recueils et coopère avec plusieurs compositeurs qui mettent certains de ses textes en musique.
Ses textes en clips vidéo :
→ https://www.dailymotion.com/jakecrit/videos
"Trèfle de plaisanterie,
Pensait un lapin dans la luzerne,
Je suis lassé des vulgaires pissenlits,
Moi qui suis tout de même de garenne !
J'ai grande envie d'une salade composée,
Laitue, feuilles de chou et fanes de carottes,
Le tout de persil frais assaisonné
Et présenté sur un lit d'oignons en botte.
Mon cousin le lièvre, ce matin, m'a dit
Qu'il y avait dans les parages
Un enclos foisonnant et bien garni,
Là-bas, tout près du village."
Sur ces considérations, notre léporidé,
Sautillant et bondissant, prit le chemin
Pour se rendre en ce potager rêvé
Où l'attendait, sans doute aucun, un festin.
Sur place, les incisives bien affûtées,
Tout juste la clôture de bois franchie,
Il se mit en devoir de grignoter
Tout ce qu'il trouva, y compris les radis.
Las ! L'imprudent n'avait nullement envisagé
La possible présence d'un gardien vigilant
Qui, aussitôt qu'il l'eut flairé,
Courut sus à l'intrus, grondant et aboyant.
Le lapin gourmet, surpris, effrayé,
Sur l'instant à toutes pattes s'enfuit,
Un long moment par le chien coursé,
Et dans les champs alentour s'évanouit.
Quand, plus tard, de sa cachette il ressortit,
Quoique noble animal il se fût pensé,
Il fut heureux de trouver des pissenlits
Qui, eux, n'étaient pas sous protection rapprochée.
© MATRIOCHKA
Matriochka
Matriochka habite la Vallée du Rhône, au bord du fleuve, et la poésie est pour elle comme ce fleuve, une ligne de vie, mais aussi un souffle libérateur, un langage qui lui permet d'exprimer ce qui vit au fond de mon âme. Une de ses devises : "Si poésie n'est partagée, elle se meurt."
Son site :
→ https://poesie-plurielle.monsite-orange.fr/
Bientôt l'Aube ruisselle, envahissante et fière
De ses teintes cuivrées s'étalant lentement
En poussant gentiment la nuit de sa lumière.
Au silence infini caressé par le vent.
Puis, un soleil sanglant qui maintenant s'élève,
Dont les rayons pourprés colorent tout l'éther.
A l'éclat de midi, son ascension s'achève,
Incendiant la nature aux baisers de l'enfer.
La douce brise apporte un parfum de fruits mûrs,
Provenant des vergers bien au-delà des plaines.
Nous respirons cet air revigorant et pur,
Nettoyant nos poumons des pollutions urbaines.
Puis le soleil mourant de rentrer nous invite,
Et l'horizon s'enflamme en un dernier sursaut.
Déjà nous contemplons l'astre royal en fuite,
Alors le ciel s'endort, nous reviendrons bientôt.
© Gérard BOLLON-MASO
Gérard Bollon-Maso (1947-)
Né en région parisienne, Gérard Bollon-Maso habite à Villeurbanne.
Fan de poésie depuis son enfance, il écrit depuis une vingtaine d'années.
Il publie ses textes dans des revues de poésie et a deux recueils édités en 2012 et 2015.
Son blog :
→ http://cielbleu69.eklablog.com/
Ô
Toi
Gizeh
Snéfrou
Mykérinos
Hatchepsout
Toutânkhamon
Khéops, Khéphren
Thoutmôsis, Apophis
Ramsès II, Djoser, Séthi
Néferkarê, Akhénaton, Aÿ
Mentouhotep, Arsès, Téti III
Ptolémée, Cléopâtre, Césarion
Grands pharaons d'Égypte, le Nil
Coule dans vos veines ; Aton, Osiris
Amon et Isis vous invitent au royaume
Des divinités où l'amour, l'art, la musique
La beauté, la joie et l'extase vous attendent
Votre langue sera le gouvernail de votre navire
Mais le silence sera plus utile qu'un flux de paroles
Suivez votre cœur aussi longtemps que vous vivrez
© Claude LACHAPELLE
Claude Lachapelle
Né au Québec, Claude Lachapelle est poète et musicien ; il a fait des études supérieures à Trois-Rivières et dans l’Outaouais (l’Université du Québec). Il a écrit quatre recueils de poèmes publiés de 2017 à 2019 aux éditions Edilivre (Romances sans notes, Illusion, Florilège et Pléiade) ainsi qu’un collectif fait en 2018 avec d’autres poètes (Terres de poésie, les 80 mondes). Claude a plus de 400 poèmes et 250 œuvres musicales à son actif.
Voir aussi sur le site :
→ Claude Lachapelle
L'hiver, de son pinceau givré, barbouille aux vitres
Des pastels de jardins de roses en glaçons.
Le froid pique de vif et relègue aux maisons
Milady, canaris et les jockos bélîtres.
Mais la petite Miss en berline s'en va,
Dans son vitchoura blanc, une ombre de fourrures,
Bravant l'intempérie et les âcres froidures,
Et plus d'un, à la voir cheminer, la rêva.
Ses deux chevaux sont blancs et sa voiture aussi,
Menés de front par un cockney, flegme sur siège.
Leurs sabots font des trous ronds et creux dans la neige ;
Tout le ciel s'enfarine en un soir obscurci.
Elle a passé, tournant sa prunelle câline
Vers moi. Pour compléter alors l'immaculé
De ce décor en blanc, bouquet dissimulé,
Je lui jetai mon coeur au fond de sa berline.
Emile Nelligan (1870-1925)
Émile Nelligan est considéré comme l’un des plus grands poètes québécois. Poète au destin tragique et fulgurant, il puise chez les parnassiens leur forme et chez les symbolistes leur musicalité et leur imagerie évocatrice. La fragilité des plaisirs se lie à une mélancolie tourmentée et à une sensibilité extrême au monde. La recherche de l’idéal perdu des romantiques est présente, mais dépassée par son tissage de son et d’image.
Souffrant de schizophrénie, Nelligan est interné dans un asile psychiatrique peu avant l'âge de vingt ans et y reste jusqu'à sa mort.
Autres textes :
Rondel à ma pipe
Devant deux portraits de ma mère
La romance du vin
Le vaisseau d'or
Soir d'hiver
Le salon
Article source :
lesvoixdelapoesie.com
→ Sa vie, son oeuvre sur Wikipédia
Je me suis dévêtue pour monter à un arbre ; mes cuisses nues embrassaient l'écorce lisse et humide ; mes sandales marchaient sur les branches.
Tout en haut, mais encore sous les feuilles et à l'ombre de la chaleur, je me suis mise à cheval sur une fourche écartée en balançant mes pieds dans le vide.
Il avait plu. Des gouttes d'eau tombaient et coulaient sur ma peau. Mes mains étaient tachées de mousse, et mes orteils étaient rouges, à cause des fleurs écrasées.
Je sentais le bel arbre vivre quand le vent passait au travers ; alors je serrais mes jambes davantage et j'appliquais mes lèvres ouvertes sur la nuque chevelue d'un rameau.
Pierre Louÿs (1870-1925)
Poète romancier français né à Gand en Belgique. Son oeuvre la plus connue "Les Chansons de Bilitis", recueil de courts poèmes en prose est marqué par les influences du Parnasse et du symbolisme avec un profond goût de la sensualité, du bucolique et de l'érotisme élégant. Les évocations naturelles et précieuses y côtoient ainsi des scènes érotiques. Grand connaisseur de la littérature ancienne, Pierre Louÿs était aussi un bibliophile, qui possédait une bibliothèque de plus de 20 000 volumes.
Autre texte :
Elle tourne, elle est nue, elle est grave
→ Sa biographie sur Wikipédia
C’est beau d’avoir élu
Domicile vivant
Et de loger le temps
Dans un cœur continu,
Et d’avoir vu ses mains
Se poser sur le monde
Comme sur une pomme
Dans un petit jardin,
D'avoir aimé la terre,
La lune et le soleil,
Comme des familiers
Qui n’ont pas leurs pareils,
Et d’avoir confié
Le monde à sa mémoire
Comme un clair cavalier
A sa monture noire,
D'avoir donné visage
À ces mots : femme, enfants,
Et servi de rivage
À d’errants continents,
Et d’avoir atteint l’âme
À petits coups de rame
Pour ne l’effaroucher
D'une brusque approchée.
C’est beau d’avoir connu
L’ombre sous le feuillage
Et d’avoir senti l’âge
Ramper sur le corps nu,
Accompagné la peine
Du sang noir dans nos veines
Et doré son silence
De l’étoile Patience,
Et d’avoir tous ces mots
Qui bougent dans la tête,
De choisir les moins beaux
Pour leur faire un peu fête,
D'avoir senti la vie
Hâtive et mal aimée,
De l’avoir enfermée
Dans cette poésie.
© Jules SUPERVIELLE
Jules Supervielle (1884-1960)
Poète, conteur et auteur dramatique franco-uruguyen, Jules Supervielle est né à Montevideo. Il perd ses parents à l'âge de huit mois. Élevé par son oncle banquier et sa tante, il fait ses études à Paris et, sans perdre contact avec l'Uruguay, fréquente les milieux littéraires de l'avant-garde parisienne à partir des premières années du XXè siècle. Son dernier recueil poétique paraît en 1959 et il est reconnu prince des poètes par ses pairs en 1960.
Contemporain des surréalistes, il ne sera jamais influencé par leur mouvement. Désireux de proposer une poésie plus humaine et de renouer avec le monde, il rejetait l'écriture automatique et a toujours privilégié un vocabulaire simple et clair. Ses admirateurs ou successeurs spirituels se nomment René Guy Cadou, Alain Bosquet, Lionel Ray, Claude Roy, Philippe Jaccottet, Jacques Réda...
Autre texte :
La goutte de pluie
Voir aussi sur le site :
Un poète, une vie
→ Sa biographie sur Wikipédia
Puisque l'on doit
Sortir à pas lourds
De nos chambres d'enfants,
Puisque l'on doit
Passer à la cour,
La cour des grands,
Puisque l'on doit
Ranger au placard
Nos ailes de vent,
Puisque l'on doit
Aux bancs du savoir
User nos séants,
Puisque l'on voit
Les mornes cohortes
Noyer les allées,
Puisque l'on voit
Les foules idiotes
En rangs défiler,
Avant que le poids
De nos années mortes
Nous laisse bouche bée,
Aide-moi, mon amour,
À garder ma folie,
Aide-nous, mon amour,
À rester en vie.
© Jean-Paul BARASTIER
Jean-Paul Barastier
Auteur-compositeur-interprète et poète, indépendant et heureux de l'être. Il a à son actif deux albums, le troisième est en cours de finalisation. L'écriture à été sa vocation initiale, d'où une production de textes purement poétiques. La musique est venue s'ajouter plus tardivement, les deux éléments se sont mêlés après une phase transitoire adaptative qui a apporté un rythme musical à ses écrits.
Son site :
→ http://www.jipebe.com/officiel2/
Le printemps maladif a chassé tristement
L’hiver, saison de l’art serein, l’hiver lucide,
Et dans mon être à qui le sang morne préside
L’impuissance s’étire en un long bâillement.
Des crépuscules blancs tiédissent sous mon crâne
Qu’un cercle de fer serre ainsi qu’un vieux tombeau,
Et, triste, j’erre après un rêve vague et beau,
Par les champs où la sève immense se pavane
Puis je tombe énervé de parfums d’arbres, las,
Et creusant de ma face une fosse à mon rêve,
Mordant la terre chaude où poussent les lilas,
J’attends, en m’abîmant que mon ennui s’élève…
– Cependant l’Azur rit sur la haie et l’éveil
De tant d’oiseaux en fleur gazouillant au soleil.
© Paul ELUARD
Paul Eluard (1895-1952)
Nom de plume d'Eugène Grindel, Paul Eluard est un poète français. Il adhère au dadaïsme et devient l'un des piliers du surréalisme. Obligé d'interrompre ses études à cause de la tuberculose, il séjourne en sanatorium où il rencontre une jeune russe qu'il prénomme Gala. Impressionné par sa forte personnalité, c'est d'elle qu'il tient son premier élan de poésie amoureuse. Il l'épouse début 1917. Malgré sa santé défaillante, il est mobilisé en 1914, puis publie ses premiers poèmes. Au lendemain de la Grande Guerre, il adhère au mouvement Dada puis s'engage dans celui du surréalisme. En 1928, il repart en sanatorium accompagné de Gala. C'est là qu'elle le quitte pour Salvador Dali. Autour d'un voyage autour du monde, il rencontre Maria Benz (Nusch) qui devient sa muse et lui inspirera ses plus beaux poèmes d'amour. Plongé dans le désespoir après le décès de Nusch en 1946, il rencontre Dominique qui devient sa dernière compagne et pour laquelle il écrit le recueil "le Phénix" consacré à la joie retrouvée. Il succombe à une crise cardiaque le 18 novembre 1952 et sera inhumé au Père Lachaise.
Autres textes :
L'amoureuse
Ce ne sont pas mains de géants
Couvre-feu
Dit de la Force et de l'Amour
L'aube, je t'aime
La nuit n'est jamais complète
La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur
Liberté
Saisons
→ Sa biographie sur Wikipédia
À l'ombre de Giono, quand chantent les cigales
C'est Cézanne qui peint. Et la Montagne sainte
Dans la nuit étoilée danse une farandole
Que Van Gogh endiablé, de son pinceau affole.
Sur la terre bénie, les soleils tournesols
Vibrant sous la chaleur lorgnent vers le long fleuve
Avide de grands bras et de bouche delta.
Les pins nés maritimes, quelquefois parasols
Protègent un château où Pagnol grandira.
Et d'une trilogie éternelle il incarne
De Marseille à Paris, en passant par l'Estaque,
Cet attrait d'une mer aux bleus parfois iris,
Ce pays envié au parfum de vacances,
Ces exploits de pétanque assoiffés de pastis
Quand Marius, pitchoun, explorait les restanques.
Au détour de la carte murmurent des calanques
Aux accents frottés d'ail. Puis Daudet écrira,
Des lettres envolées aux ailes d'un moulin,
Cucugnan, Petit Chose, … Lui aussi raconta.
Une chèvre, un loup, la fin d'une imprudente,
Des traditions perdues, nostalgie rémanente.
Mais la liste est bien longue.
Depuis la Canebière jusqu'à la Callelongue.
Le mistral a soufflé et Bizet est venu.
Sur le pont d'Avignon dansait une Arlésienne.
Personne ne l'a vue.
© MIRAJE
Miraje
Originaire de La Seyne-sur-Mer et vivant à Toulon, l'auteur est né avec l'âme provençale. Il précise écrire avec une carotte trempée dans l'encre de navet....
Son profil sur ShortEdition :
→ https://short-edition.com/fr/auteur/miraje
Tu tisseras des jours
De craquellement de boue
Ouverts sur le rouge
Noyant toutes les routines
Crachins tempêtes ogres cycloniques
Pour que s’ébauche l’aventure
Éclairant les ruts de nos volcans
Tu tisseras des paysages
De bras arqués
Pour l’éveil
Entre torrent et fièvre
Où l’amour est
Comestible pain doré
Tu tisseras des heures
Multiples
Sur ma poitrine
Entrouverte pour l’abandon
D’où s’élève la maille
Des volcans
Tissés aux jours
© IMASANGO
Imasango (1964-)
Imasango est née à Nouméa en Nouvelle-Calédonie, dans une famille dont l’arbre généalogique témoigne de la complexité historique et humaine de l’archipel. Femme, mère, agrégée d’espagnol, poète humaniste. Elle œuvre pour les valeurs fondamentales de respect des droits de l’homme, contre toute forme d’oppression et d’enfermement, elle choisit d’enseigner et d’incarner une poésie vivante.
Son profil sur le site Ile en Ile
→ http://ile-en-ile.org/imasango/
Un peu tard, je saurai enfin
Nager vers les solitudes
Gronder les brumes de la nuit
Onduler dans les amertumes
Un certain temps peut-être
Trouver des destins tracés
Dans le marbre ou le sable
Et courir, courir sans aucun but
Libre de toute sagesse
Invisible et fière de cette folie
Boire le ciel et la terre
En respirant le vent des souvenirs
Restaurer peut-être aussi
Toutes les étoffes craquelées
En un instant de bonheur
… un goût de liberté
© Helen JUREN
Helen Juren
Helen Juren est une artiste chanteuse auteure-compositrice et photographe. Elle chante ses poésies en français mais aussi dans plusieurs langues du monde : tchèque, wolof, zoulou, turc, kabyle, espagnol...
Son site
→ https://www.helenjuren.com/
Moi, moi, je t’aime
Moi, moi, je t’aime
Accompagné du Quatuor Saguenay, le chanteur offre cette relecture intimiste d’une des plus belles chansons d’amour du poète, Gilles Vigneault.
© Gilles VIGNEAULT
Louis-Jean Cormier (1980-)
Auteur-compositeur-interprète québécois, Louis-Jean Cormier a entamé une carrière solo en 2012 (initiateur du groupe Karkwa) et a reçu le prix de musique Polaris. Il vient de sortir son troisième album Quand la nuit tombe en mars 2020.
Son site
→ https://www.louisjeancormier.com/
L'âtre s'est tu
à nos mains
le bois a recousu ses noces
hiver ce cannibale
de flammes et d'os
campe sous la peau
jetant au ciel
l'oisillon de printemps
et ses étoiles perfusées
Où finiront-ils
les champs de probation
moi galopant aux yeux de proie
comme une pluie de labour
où finiront-ils
les champs de probation
mes paumes cailloux
sans chemin ni détour
où finiront-ils
les champs de probation
foulées de cendre récoltant
leurs fleurs de crachat
poignées brassées jetées
comme mon sang à la gorge
des enragés
à l'horizon
des champs de probation
commence mon enfant
dans la roue de ses mains
des graines de soleil
© Stéphane AMIOT
Ces deux textes sont extraits d'un recueil inédit La nuit m'a soufflé sa lumière.
Stéphane Amiot (1968-)
Stéphane Amiot a passé son enfance à Angoulême, la cité de la BD.
Après des études de lettres à Bordeaux, il a enseigné à Djibouti et à la Réunion.
Il est actuellement professeur de français en Occitanie.
Il a publié plusieurs recueils de poésie aux éditions Encres Vives, Alcyone et Unicité, deux romans pour la jeunesse, un album aux éditions Orphie et un roman policier ayant pour cadre le Grand Raid de la Réunion.
Son blog
→ https://alentoursdesudeme.blogspot.com/
Quel indicible lien sait mon cœur attacher
A ce bout de Bretagne entouré d’océan ?
Un regard est sur Sein, un autre sur Ouessant,
Quand l’horizon succombe à l’heure du coucher.
A ce bout de Bretagne entouré d’océan,
La lumière sublime une beauté sauvage,
Un dieu dans sa jeunesse a rêvé ce rivage
Et fondu dans le roc, l’empreinte d’un titan.
Un regard est sur Sein, un autre sur Ouessant.
Quand hurle la tempête on devine la plainte,
Chacun dans ce pays reconnaît la complainte,
Un marin voit sa fin, un autre voit son sang !
Quand l’horizon succombe à l’heure du coucher
Mon âme se délasse à contempler la dune,
Le mouvement des flots amoureux de la lune,
Le menhir érigé , fut-il phare, …ou clocher ?
© HANTERNOZ
Hanternoz
Hanternoz vit au bout du monde, sur la presqu'île de Crozon en Bretagne.
Sa petite fabrique de poésie :
→ http://hanternoz.eklablog.com/
Tu tisseras des jours
De craquellement de boue
Ouverts sur le rouge
Noyant toutes les routines
Crachins tempêtes ogres cycloniques
Pour que s’ébauche l’aventure
Éclairant les ruts de nos volcans
Tu tisseras des paysages
De bras arqués
Pour l’éveil
Entre torrent et fièvre
Où l’amour est
Comestible pain doré
Tu tisseras des heures
Multiples
Sur ma poitrine
Entrouverte pour l’abandon
D’où s’élève la maille
Des volcans
Tissés aux jours
© IMASANGO
Imasango (1964-)
Imasango est née à Nouméa en Nouvelle-Calédonie, dans une famille dont l’arbre généalogique témoigne de la complexité historique et humaine de l’archipel. Femme, mère, agrégée d’espagnol, poète humaniste. Elle œuvre pour les valeurs fondamentales de respect des droits de l’homme, contre toute forme d’oppression et d’enfermement, elle choisit d’enseigner et d’incarner une poésie vivante.
Son profil sur le site Ile en Ile
→ http://ile-en-ile.org/imasango/
Comme souffle venu des terres lointaines
Effleurant mon dos nu, les hiers assourdis
Se font brumes légères odorantes haleines,
Se moquent sans vergogne des dits et des non-dits.
Effleurant mon dos nu les hiers assourdis
Enivrés de bon vin de rires et de larmes
Se moquent sans vergogne des dits et des non-dits,
Des murmures haineux du brasier des alarmes.
Enivrés de bon vin de rires et de larmes
Les serments des amants rient de la vérité,
Des murmures haineux du brasier des alarmes,
Alarmes balayées par vent d’éternité.
Les serments des amants rient de la vérité
Et gravent de doux noms sur les dalles de marbre.
Alarmes balayées par vent d’éternité
Se massent indécentes au pied du roi des arbres.
© Régine SEIDEL
Régine Seidel
Née dans la Somme et agrégée de Lettre modernes, Régine Seidel a effectué une grande partie de sa carrière en Picardie et a choisi de la terminer à Montpellier où elle anime des ateliers d'écriture. Elle a publié plusieurs recueils de poésie.
Son site
→ http://regine.seidel.free.fr/
Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l’ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l’âme en secret
Sa douce langue natale.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde ;
C’est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu’ils viennent du bout du monde.
– Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D’hyacinthe et d’or ;
Le monde s’endort
Dans une chaude lumière.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Charles Baudelaire (1821-1867)
Connu pour sa vie de bohême et poéte torturé, il ne publia de son vivant qu'une seule oeuvre "Les Fleurs du Mal", recueil qui fut condamné et censuré dès sa sortie en 1857 car trop choquant pour la morale bourgeoise avant de passer à la postérité. Criblé de dettes, il séjournera durant deux ans en Belgique (1864-1866) pour y donner des conférences mais sa santé se dégrade. Il revient à Paris où il meurt un an plus tard à l'âge de 46 ans des suites de la syphilis, d'abus d'alcool et autres drogues.
Autres textes
Les bijoux
Le serpent qui danse
Le vin des amants
Brumes et pluies
La mort des amants
Enivrez-vous
→ Sa biographie sur Wikipédia
Vous pouvez, certes, tenter de me nier ou de me lier ;
Essayer de m’appauvrir par les gens que vous spoliez,
Ou m’interdire, m’infirmer voire me supprimer,
Je surgirai partout, en tout, toujours plus affirmée
Vous pouvez m’écraser, ici ou là, sous votre poids,
Par les vils abus de vos violences et de vos faux droits,
Me faire marcher, soumise, tel Jésus portant sa croix,
Je reviendrai encore, sans cesse, plus ferme de foi !
Vous pouvez tenter de me trahir ou de me tuer,
De m’asservir, de me nuire ou de me destituer,
De me brûler, de m’ensevelir ou de m’emmurer,
Je renaîtrai pourtant, à chaque fois mieux déterrée !
Vous pouvez m’étouffer par vos infernales dictatures
Et m’enfermer dans les vieux coffres de vos forfaitures ;
Me détruire ou me faire taire lors de vos tortures,
Je m’exprimerai plus fort par la voix de ma nature !
Vous pouvez vouloir me faire expier vos propres péchés,
Me diminuer, m’amputer ou même me trancher,
Me faire périr en m’altérant de plusieurs façons,
Je durcirai de plus en plus comme l’eau en glaçon !
Car je suis dans l’espace, dans les arbres, dans les oiseaux
Dans le vent, dans les fleurs, les nénuphars et les roseaux ;
Je suis dans tout être, dans les rivières et dans le temps,
Dans l’été, dans l’automne, dans l’hiver et le
printemps !
Car je suis dans les espoirs, dans les regards, dans les corps,
Dans tous les lieux, à l’infini, au sud, est, ouest et nord ;
Je suis dans les amours, dans l’homme et aussi dans la femme,
Dans le souffle de chacun et à l’intérieur des âmes !
Car je suis la force en tout, aux pouvoirs illimités ;
Je suis l'existence et la vie, je suis la Liberté !
© Patrick EDENE
Patrick Edène (1956-)
Patrick Edène écrit dès 12 ans ses premiers poèmes et adore chanter. Il étudie d'abord le chant lyrique puis allie sa voix à ses textes pour devenir chanteur de variétés en composant et écrivant ses propres chansons. Il est artiste indépendant, chanteur professionnel durant trente ans puis franchit le pas de l'auto-édition avec un premier ouvrage, "Confidences poétiques", paru aux éditions B.o.D. Fin 2019, un deuxième ouvrage qui s'intitule "Messages d'un poète", paraît aux éditions Bookelis. Pour lui l'auto-édition permet l'avantage d'être un artiste indépendant et libre comme pour son métier d'auteur-compositeur-chanteur.
Lien vidéo sur le texte
→ https://www.youtube.com/watch?v=frceWckTpcg
Son site
→ http://patrickedene.com/
Ami entends-tu
Le vol noir des corbeaux
Sur nos plaines.
Ami entends-tu
Les cris sourds du pays
Qu'on enchaîne,
Ohé partisans
Ouvriers et paysans
C'est l'alarme !
Ce soir l'ennemi
Connaîtra le prix du sang
Et des larmes…
Montez de la mine,
Descendez des collines,
Camarades.
Sortez de la paille
Les fusils, la mitraille,
Les grenades.
Ohé ! les tueurs
A la balle et au couteau
Tuez vite!
Ohé ! saboteurs
Attention à ton fardeau…
Dynamite…
C'est nous qui brisons
Les barreaux des prisons
Pour nos frères.
La haine à nos trousses
Et la faim qui nous pousse,
La misère.
Il y a des pays
Où les gens au creux des lits
Font des rêves.
Ici, nous vois-tu
Nous on marche et nous on tue
Nous on crève…
Ici, chacun sait
Ce qu'il veut, ce qu'il fait
Quand il passe
Ami, si tu tombes,
Un ami sort de l'ombre
A ta place.
Demain du sang noir
Séchera au grand soleil
Sur les routes.
Chantez compagnons,
Dans la nuit, la liberté
Nous écoute…
Ami, entends-tu
Les cris sourds du pays qu'on Enchaîne !…
Ami, entends-tu
Le vol noir des corbeaux sur nos Plaines.
© Anna MARLY
Anna Marly (1917-2006)
Chanteuse et guitariste française d'origine russe, compositrice du Chant des Partisans, dont les paroles françaises sont dues à Maurice Druon et Joseph Kessel. Elle est également l'auteure de La Complainte du Partisan popularisée par Leonard Cohen.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Que voulez-vous la porte était gardée
Que voulez-vous nous étions enfermés
Que voulez-vous la rue était barrée
Que voulez-vous la ville était matée
Que voulez-vous elle était affamée
Que voulez-vous nous étions désarmés
Que voulez-vous la nuit était tombée
Que voulez-vous nous nous sommes aimés.
© Paul ELUARD
Paul Eluard (1895-1952)
Nom de plume d'Eugène Grindel, Paul Eluard est un poète français. Il adhère au dadaïsme et devient l'un des piliers du surréalisme. Obligé d'interrompre ses études à cause de la tuberculose, il séjourne en sanatorium où il rencontre une jeune russe qu'il prénomme Gala. Impressionné par sa forte personnalité, c'est d'elle qu'il tient son premier élan de poésie amoureuse. Il l'épouse début 1917. Malgré sa santé défaillante, il est mobilisé en 1914, puis publie ses premiers poèmes. Au lendemain de la Grande Guerre, il adhère au mouvement Dada puis s'engage dans celui du surréalisme. En 1928, il repart en sanatorium accompagné de Gala. C'est là qu'elle le quitte pour Salvador Dali. Autour d'un voyage autour du monde, il rencontre Maria Benz (Nusch) qui devient sa muse et lui inspirera ses plus beaux poèmes d'amour. Plongé dans le désespoir après le décès de Nusch en 1946, il rencontre Dominique qui devient sa dernière compagne et pour laquelle il écrit le recueil "le Phénix" consacré à la joie retrouvée. Il succombe à une crise cardiaque le 18 novembre 1952 et sera inhumé au Père Lachaise.
Autres textes
Dit de la Force et de l'Amour
L'aube, je t'aime
La nuit n'est jamais complète
Liberté
Saisons
La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur
→ Sa biographie sur Wikipédia
Je suis désolé, mais je ne veux pas être empereur, ce n’est pas mon affaire. Je ne veux ni conquérir, ni diriger personne. Je voudrais aider tout le monde dans la mesure du possible, juifs, chrétiens, païens, blancs et noirs. Nous voudrions tous nous aider, les êtres humains sont ainsi. Nous voulons donner le bonheur à notre prochain, pas le malheur. Nous ne voulons ni haïr ni humilier personne. Dans ce monde, chacun de nous a sa place et notre terre est bien assez riche pour nourrir tout le monde. Nous pourrions tous avoir une belle vie libre mais nous avons perdu le chemin.
L’avidité a empoisonné l’esprit des hommes, a barricadé le monde avec la haine, nous a fait sombrer dans la misère et les effusions de sang. Nous avons développé la vitesse pour finir enfermés. Les machines qui nous apportent l’abondance nous laissent néanmoins insatisfaits. Notre savoir nous a rendu cyniques, notre intelligence inhumains. Nous pensons beaucoup trop et ne ressentons pas assez. Etant trop mécanisés, nous manquons d’humanité. Etant trop cultivés, nous manquons de tendresse et de gentillesse. Sans ces qualités, la vie n’est plus que violence et tout est perdu. Les avions, la radio nous ont rapprochés les uns des autres, ces inventions ne trouveront leur vrai sens que dans la bonté de l’être humain, que dans la fraternité, l’amitié et l’unité de tous les hommes.
En ce moment même, ma voix atteint des millions de gens à travers le monde, des millions d’hommes, de femmes, d’enfants désespérés, victimes d’un système qui torture les faibles et emprisonne des innocents.
Je dis à tous ceux qui m’entendent : Ne désespérez pas ! Le malheur qui est sur nous n’est que le produit éphémère de l’avidité, de l’amertume de ceux qui ont peur des progrès qu’accomplit l’Humanité. Mais la haine finira par disparaître et les dictateurs mourront, et le pouvoir qu’ils avaient pris aux peuples va retourner aux peuples. Et tant que les hommes mourront, la liberté ne pourra périr. Soldats, ne vous donnez pas à ces brutes, ceux qui vous méprisent et font de vous des esclaves, enrégimentent votre vie et vous disent ce qu’il faut faire, penser et ressentir, qui vous dirigent, vous manœuvrent, se servent de vous comme chair à canons et vous traitent comme du bétail. Ne donnez pas votre vie à ces êtres inhumains, ces hommes-machines avec des cerveaux-machines et des cœurs-machines. Vous n’êtes pas des machines ! Vous n’êtes pas des esclaves ! Vous êtes des hommes, des hommes avec tout l’amour du monde dans le cœur. Vous n’avez pas de haine, seuls ceux qui manquent d’amour et les inhumains haïssent. Soldats ! ne vous battez pas pour l’esclavage, mais pour la liberté !
Il est écrit dans l’Evangile selon Saint Luc « Le Royaume de Dieu est au dedans de l’homme », pas dans un seul homme ni dans un groupe, mais dans tous les hommes, en vous, vous le peuple qui avez le pouvoir : le pouvoir de créer les machines, le pouvoir de créer le bonheur. Vous, le peuple, en avez le pouvoir : le pouvoir de rendre la vie belle et libre, le pouvoir de faire de cette vie une merveilleuse aventure. Alors au nom même de la Démocratie, utilisons ce pouvoir. Il faut nous unir, il faut nous battre pour un monde nouveau, décent et humain qui donnera à chacun l’occasion de travailler, qui apportera un avenir à la jeunesse et à la vieillesse la sécurité. Ces brutes vous ont promis toutes ces choses pour que vous leur donniez le pouvoir - ils mentent. Ils ne tiennent pas leurs promesses - jamais ils ne le feront. Les dictateurs s’affranchissent en prenant le pouvoir mais réduisent en esclavage le peuple. Alors, battons-nous pour accomplir cette promesse ! Il faut nous battre pour libérer le monde, pour abolir les frontières et les barrières raciales, pour en finir avec l’avidité, la haine et l’intolérance. Il faut nous battre pour construire un monde de raison, un monde où la science et le progrès mèneront vers le bonheur de tous. Soldats, au nom de la Démocratie, unissons-nous.
Hannah, est-ce que tu m’entends ? Où que tu sois, lève les yeux ! Lève les yeux, Hannah ! Les nuages se dissipent ! Le soleil perce ! Nous émergeons des ténèbres pour trouver la lumière ! Nous pénétrons dans un monde nouveau, un monde meilleur, où les hommes domineront leur cupidité, leur haine et leur brutalité. Lève les yeux, Hannah ! L’âme de l’homme a reçu des ailes et enfin elle commence à voler. Elle vole vers l’arc-en-ciel, vers la lumière de l’espoir. Lève les yeux, Hannah ! Lève les yeux !
Copyright © Roy Export S.A.S.
Le Dictateur (1940)
Le Dictateur est le premier film parlant de Charlie Chaplin qui interprète à la fois un modeste petit barbier juif qui vit dans le ghetto, et Hynkel, le dictateur chef d’état de la Tomania.
Synopsis :
Un barbier blessé durant la Première Guerre mondiale rentre chez lui après 20 ans de réclusion dans un hôpital. La poussière et les toiles d'araignées ont envahi sa boutique, mais rien ne le prépare aux inscriptions haineuses sur sa vitrine. Les sbires d'Hynkel, dictateur féroce, le persécutent lui, les Juifs de sa communauté et la belle Hannah... Une satire visionnaire qui marqua l'Histoire autant qu'elle en porte l'empreinte.
Même si c'est de la prose, même si ça ne parle pas du confinement, je trouve que ce texte est ô combien d'actualité !
Détails sur le film :
→ https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Dictateur
→ Le discours sur YouTube (sous-titres)
Biographie de Charlie Chaplin
→ Biographie de Charlie Chaplin
Je suis resté jusqu’à quinze ans
- je vous le dis sans tricherie ! -
tout aussi nul qu’un bout de Zan
en devoir de géométrie.
Et puis un jour chemin faisant,
j’ai découvert la griserie
d’un moyen des plus séduisants
pour éclairer la théorie !
Bien maîtriser du bout des doigts
- une façon mnémotechnique ! -
tous les contours, envers endroit,
d’une certaine Véronique !
Pour commencer ( de haut en bas ! ) :
joli minois tout en ovale,
des cils en arcs, des yeux appâts
qui font de l’œil … c’est de la balle !
Dans un rayon très approché,
un nez mutin qui dévergonde
et pour finir de m’accrocher :
une bouche aux lèvres bien rondes !
En descendant encore un peu,
jolis volumes en demies sphères,
cercle marron juste au milieu :
- ell’ souriait et laissait faire ! -
Je m’attardais pour m’assurer
que les courb’ étaient symétriques
et qu’après avoir mesuré,
les cercles étaient concentriques !
A jouer à ce petit jeu
on s’instruit de façon ludique,
on s’aperçoit - c’est fabuleux ! -
que l’on devient très méthodique !
Je mis le doigt un peu plus bas
sur un triangl’ bien isocèle,
dont le sommet - oh ! la la la !-
conduisait à des parallèles!
Parallèles sur le moment,
mais à géométrie variable :
formant un angle - houlà maman ! -
s’ouvrant de manière appréciable !
Je suis resté approfondir
mon étude sur le système,
allant jusqu’à me dégourdir
en ajoutant mon apothème !
Je vous conseille, jeunes gens,
cette méthod’ mnémotechnique,
pas obligé absolument
que ce soit une « Véronique » !
Mais ce prénom est un cadeau
pour ce qui est de la technique :
diminutif égal « Véro »
pour ce qui reste … et bien t’appliques !
© Pierre DUPUIS (dit ROTPIER)
Pierre Dupuis dit Rotpier (1946-)
Né à Fresnes-l'Archevêque dans l'Eure, Pierre Dupuis alias Rotpier, a travaillé dans l'industrie de tôlerie et en construction métallique jusqu'en 1976 puis a enseigné comme professeur de lycée professionnel jusqu'en 2002. Passionné de poésie depuis l'enfance, il a commencé à écrire dès les années 1990, poésie très éclectique, sous toutes ses formes : classique, libérée et libre, sa devise étant : « Enfermez la poésie dans un genre et elle s'étiole. »
Autres textes :
La cubaine bien roulée
L'épatant charcutier
Son blog :
→ http://rotpier.over-blog.com/
J’avais ouvert un vieux bouquin poudreux
De Poèmes anciens et romanesques, ce matin,
À la page marquée d’une fleur sèche de thym,
Que nous avons, chère souris, souvent lue tous deux.
Je rêvais doucement de celle
Que tu sais bien et qui partit je ne sais où,
Séduite sans doute par l’escarcelle
D’un vieil amoureux radoteur et fou.
Je regardais la lune au travers des branches
D’un cerisier mort qu’on n’a pas abattu,
Quand la bise, je crois, ou ma manche
Tourna la page rongée par tes dents pointues.
Est-ce le simple froissement du papier,
Ou quelque autre mystérieuse cause,
Qui te fit sauver ainsi, à pieds
Légers, à pieds fourrés de bas gris et roses ?
Est-ce cela vraiment ? Ou d’avoir vu la lumière
Hésitante du jour qui se lève,
Qui te fit fuir, chère souris coutumière,
Comme mon rêve, comme mon rêve...
© Tristan KLINGSOR
Tristan Klingsor (1874-1966)
Tristan Klingsor (nom de plume de Léon Leclère), est un poète, musicien, peintre et critique d'art. Plusieurs de ses poèmes ont été mis en musique. Il a reçu en 1956 le Grand Prix des Poètes Français.
Autre texte :
Pendant la pluie
→ Sa biographie sur Wikipédia
Qu’ai-je à confier au vent ?
Peut-être l’estampe d’un présent alangui
Ou la tourmente de mes chairs endolories
Aux erses fatales de délicats instants.
Par monts et tant d’immensités
Qu’ai-je à confier au vent ?
Si ce n’est les lendemains du sabbat des amants
Le rire des heures s’éludant sans gaîté.
Aux branches de la nuit, au fil d’un éclat lunaire
S’échoue la logorrhée des rêves mais dans les hululements
Qu’ai-je à confier au vent ?
L’oiseau les connaît, lui, les secrets millénaires.
Je te devine, toi le poète, arpentant la dune au couchant
Brassant l’écume des mots, vociférant contre toi-même
Mais moi, si ce n’est le duvet du nom de celle que j’aime
Qu’ai-je à confier au vent ?
(extrait du recueil "Asile")
© Pascal FOUQUET
Pascal Fouquet (1958-)
Originaire de Normandie, cet auteur a posé ses valises en Charente-Maritime et a publié plusieurs recueils. Il a remporté le Premier Prix du concours Poetika 2017. Son site comporte des extraits de ses recueils, des citations et des vidéos poétiques.
Autres textes
La grève
Voeux
Couchant
Hermione
Son site Internet :
→ http://fouquetpp.wixsite.com/poesie
© Stéphane GEBEL DE GEBHARDT
Stéphane Gebel de Gebhardt
Ecrivain touche à tout, il produit récits courts et nouvelles en passant par la poésie et a publié plusieurs recueils. Il vit à Rimouski au Québec.
Autres textes :
Ton corps est un pays
Une éternité à t'aimer
Odette à Huguette
Ses blogs :
→ lejournaluse.blogspot.fr
→ humouretgalipettes.blogspot.fr
© François GAGOL
François Gagol
François Gagol est auteur de soixante-huit mini e-books à lire en quelques minutes. Des pensées sur l'amour, le temps, la Terre, l'enfance, le travail, l'amitié... A partager.
Un conte à télécharger :
L'arc-en-ciel du Paradis
Site internet :
→ http://www.regardsbleuciel.org/index.html
Je te souhaite que tes rêves galopent à perdre haleine
Et qu’en les poursuivant, souvent,
Tu aies le souffle coupé
Je te souhaite aussi de les caresser quelquefois
Du bout des doigts
Et que ta peau danse la ola de tant de joie
Et puis qu’ils repartent de plus belle
Libres, sauvages, ardents comme le Ciel
Et qu’ils t’emmènent plus loin encore
Là où ton cœur battra plus fort
Une seconde de plus,
Je te souhaite de vivre.
Tout.
Terriblement.
Je te souhaite des rencontres comme des soleils
Qui te brûlent et te consument
Et t’émerveillent
Et te renversent et te fracassent
Te tannent le cuir
Et t’ensorcellent
Qu’elles t’assoiffent comme des déserts
Et te nourrissent plus encore
Dans les absences
Comme dans les corps à corps
Une minute de plus
Je te souhaite de vivre
Tout
Terriblement
Je te souhaite des moments vibrants d’envie
Où ton cœur chante où ton cœur danse
Où ton cœur saigne
Où il se brise et se relève
Où il s’accorde parfois une trêve
Pour mesurer l’immensité des possibles
Et battre ! Battre ! Battre !
Et se perdre et combattre
Et revenir à l’Essentiel
Un jour de plus
Je te souhaite de vivre
Tout
Terriblement
Et je te souhaite de douter, de vibrer, de trembler
De souffrir, de rougir, et de rire
De partager
De tomber, de ne jamais laisser tomber
D’éprouver ta force
Et de te dépasser
De graver ton écorce
D’instants d’éternité
Et surtout
D’aimer
Je te souhaite de sauter dans le vide et d’aimer le vertige
Je te souhaite des répits et de la haute voltige
Je te souhaite une vie comme une aventure
Où tu pourfends tes peurs
Et dessine ton futur
Jour après jour
Je te souhaite de vivre
De vivre
A en crever de désir
De vivre
A t’en étourdir
Et de ce fabuleux voyage
D’aimer
TOUT
TERRIBLEMENT
© Le Chat à Plume
Texte déposé à la SACEM
Le Chat à Plume
Souffleuse de vers et moulin à paroles, le Chat à Plume est un drôle d'oiseau qui ronronne en sons et en mots. Vous pourrez suivre sur son site ses aventures de parolière, de poétesse, d'auteure de spectacle vivant et ses interviews d'artistes.
Autre texte :
Wasa Africa
Site internet :
→ https://www.lechataplume.com/
Je voudrais trouver l’encre
Où figer la mémoire oublieuse
Régénérer des mots
Pour enchâsser la vérité
Faire linceul de ces mots
Pour les premiers morts
Il y aura du marbre
Et des discours
Pour faire bulle
Autour du témoignage
Que leur mort porte
Prenez soin
De vos vieux oublis
Dit le poète*
Il faudra prendre soin
Des mensonges oubliés
Mettre en avant
Les raisons mauvaises
D’hier et d’aujourd’hui
Si nous voulons honorer
La certitude des vaillances
Arrêtons l’horloge
Et apprêtons-nous
Aux décomptes
De toutes sortes
Les failles votées
Durant quinze ans
Il n’y a pas que les virus
Qui sont pathogènes
© Paul VALET
Paul Valet (1905-1987)
Pseudonyme de Georges Schwartz, Paul Valet est un poète français. Grand résistant, chef de réseau les armes à la main comme René Char, il voit tous les siens disparaître à Auschwitz. Après la Guerre, il sera médecin (et homéopathe) à Vitry-sur-Seine où il soignera les plus pauvres, jusqu'en 1970.
→ Sa bio sur babelio.com
Si tous tes chemins ressemblent à des impasses
Si tes lendemains se jouent à pile ou face
Si le temps qui passe, c'est du temps qu'il reste
Si tu te déplaces et malgré tout tu restes
Si ta volonté est une armée sans soldat
Si tu lèves le pied, si tu baisses les bras
Si l'unique victoire est d'éviter l'échec
Si tu vis sans espoir, si tu dois faire avec
La victoire, ce n'est pas le prix
La victoire, c'est le combat
Si tu brises tes chaines, si tu portes ta croix
Si tu as plus de peine qu'on s'en donne pour toi
Si tenter ta chance, c'est tenter l’impossible
Si tu es sans défense et pourtant invincible
Si tu ouvres les yeux quand se ferment les portes
Si tu choisis le vœu de pouvoir en taire d’autres
Si tu aimes sans compter ce qui n'a pas de prix
Ne laisse pas passer ce qui se passe aujourd’hui
La victoire, c'est d'être en vie
La victoire, c'est ce combat.
© Christian CASTILLO
Christian Castillo (1977-)
Né à Marseille en 1977, ancien élève de l'école supérieure de réalisation audiovisuelle, Christian Castillo a été monteur pigiste, notamment pour les émissions « + Clair » et « A propos du film » sur Canal +. Metteur en scène, il a collaboré avec de nombreux artistes pour concevoir les galas de l'association Faire Face, présidée par Déborah Dahan et parrainée par Claudia Cardinale, à l'Opéra Grand Avignon. Il a publié son premier recueil de poèmes "Antichambre" en 2016, son second recueil "Le démon est mon meilleur ami" en 2018.
→ Son profil sur poemes.co
Aujourd'hui je n'ai rien fait.
Mais beaucoup de choses se sont faites en moi.
Des oiseaux qui n'existent pas
ont trouvé leur nid.
Des ombres qui peut-être existent
ont rencontré leur corps.
Des paroles qui existent
ont recouvré leur silence.
Ne rien faire
sauve parfois l'équilibre du monde,
en obtenant que quelque chose aussi
pèse sur le plateau vide de la balance.
© Roberto JUARROZ
Roberto Juarroz (1925-1995)
Poète argentin considéré comme un des poètes majeurs de ce temps, dont l'œuvre est rassemblée sous le titre unique de « Poesía vertical » (Poésie Verticale). Seul varie le numéro d’ordre, de recueil à recueil : Segunda, Tercera, Cuarta… Poesía Vertical. Nul titre non plus à aucun des poèmes qui composent chaque recueil.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Boukhara est une ville avec une très longue histoire, située en Ouzbékistan, en Asie centrale. C'était une étape incontournable sur la route de la soie reliant l'Orient et l'Occident, ainsi qu'un centre important pour la théologie et la culture islamiques à l'époque médiévale. La ville possède encore des centaines de mosquées, de médersas, de bazars et de caravansérails bien préservés, bâtis pour la plupart entre le IXe et le XVIIe siècle (Source Wikipédia)
© Christian SATGE
Christian Satgé (1965-)
Son autobio :
J'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Claude Nougaro ne l'(en)chante et suis devenu rapidement un obsédé textuel & un rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, rêvant depuis de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. Conteur éclectique et « méchant écriveur de lignes inégales », après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux peu fréquentables que l'on nomme Pyrénées, où l'on ne trouve pire aîné que montagnard, et stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Moins écrivain qu'écrivant, plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, après avoir navigué de conserve sur d'autres eaux, je tente, en solitaire cette fois, depuis le 23 février 2011, une énième traversée de l'océan poétique… en espérant qu'elle ne soit pas trop pathétique !
Autre texte
Amours océanes
Son blog
→ https://lesrivagesdurimage.blogspot.com/
Je dessine sur ton corps une fenêtre secrète.
D’un bleu de ciel lavé fait ton cœur apparaître.
L’histoire de ta peau, frêle enveloppe d’écume,
À mon doigt perdu, signe la route du bonheur.
Le sang frappe son langage de feu,
Vibre le désir, Calme l’étreinte.
Et meurt, prisonnier des jours de plomb.
La fortune salée tire ses rideaux de pluie.
Ton rire de cathédrale éclate d’une ondée fertile
Et libère des créatures fantastiques.
Au chevet de notre joie, le pâle ennui, en rêve chante.
Par une porte dérobée les sentiments usés,
Suivent la course de l’été au son triste de juillet.
La brise marine, nous appelle vers le large.
Une poudre d’étoile guide l’amour encore sage.
Sur mes cheveux lisses courent tes ongles de granit.
© Arnaud VENDES
Arnaud Vendès (1963-)
Originaire de La Rochelle, Arnaud Vendès a fait une entrée récente en poésie. Sa rencontre avec les poésies de Saint-John Perse et Jacques Dupin a servi de déclencheur. Il a publié ses textes dans plusieurs revues en ligne, dont Recours au Poème, ShortEdition ou Poésie Première.
Quand j’écris des poèmes
Sur un coin de table
Dans les bars
Les gens croient
Que j’écris ma liste de courses
Ils n’ont pas tort
Car souvent
Dans mes poèmes
Il y a à boire et à manger
Je sue comme un bœuf
Pour aligner trois mots
Je raconte des salades
Des trucs à la noix
Qui n’intéressent personne
Mais j’en fais pas tout un plat
Cela ne m’empêche pas
D’avoir la pêche
Un jour viendra
Peut-être
Où je ferai mon beurre
Où mes poèmes
Se vendront comme des petits pains
Le succès me tombera
Tout rôti dans le bec
Ce jour là
Je boirai enfin du petit lait
© Salvatore SANFILIPPO
Salvatore Sanfilippo
Salvatore Sanfilippo pratique avec bonheur une poésie sonnante, proche du chant, du théâtre : des poèmes à dire, à lire et à rire, à réfléchir aussi. Il a publié plusieurs recueils de poésie et participe également à plusieurs revues en ligne.
Autres textes
Les soles
J'écrirai des poèmes
Son blog :
http://salvatore-sanfilippo.over-blog.com/
C’était un 15 avril, pour mon anniversaire.
Et à cette occasion, quelqu’un crut bon qu’on fît
De là-bas, Notre-Dame, une grande bougie.
Lueur hexagonale de flammes en colère :
Ce sont des tours jumelles qui épargnent les Hommes
Et dont l’aura de pierre conforte tous les nôtres.
Pourtant ce soir leur flèche s’embrase et puis se vautre
Comme un vague déchet, décatie, une aumône.
Comment croire, ce soir, toucher notre futur
Ou construire vers lui un quelconque viaduc
Quand huit siècles s’écroulent du haut de ses toitures
Entraînant avec elles les plans Viollet-Le-Duc ?
J’ai mal à tous mes arts, car si Paris est loin
Je l’entends abîmée par les fausses couleurs.
Écoutez dans la nuit : l’Arc et la Tour qui pleurent
Les couleurs orangées de sa dame au corps fin
Ses combles qui jadis logeaient Quasimodo
…Il y a à ses pieds tellement de badauds.
© Eowyn CWPER
Eowyn Cwper (1998-)
Autodidacte, amoureux du langage et de la linguistique, cinéphile averti, Eowyn Cwper est également passionné par l'écriture (poèmes, nouvelles et micro nouvelles) à découvrir sur son blog "Le Quantième Art".
Son blog
→ https://septiemeartetdemi.com/
Du sable pailleté sur le grain de sa peau,
Une vie qui chemine entre désert et ciel…
La longue gandoura, et le chèche indigo :
Il soignera ses bêtes, chèvres et chamelles.
Une bourse de cuir pendue tout à son cou,
Dotée d'une amulette à conjurer le sort…
Il rencontre parfois la gazelle aux yeux doux,
Gardien de son troupeau, et nomade sans port !
Le regard est altier, la bouche sensuelle,
Son seul toit : une voûte d'étoiles, la nuit…
Et s'il aime d'amour, il sait être fidèle,
Il la verra demain, en arrivant au puits.
Alors au crépuscule, à la lune nouvelle,
A la fête, jouera quelques airs entraînants,
Ou quelque mélopée ensorcelant sa Belle
Aux longs frissons ardents du songe des amants.
Puis il repartira, aux lèvres un goût de miel,
Car il est avant tout Fils du sable et du vent :
Homme Libre debout, entre désert et ciel,
Accrochant une étoile aux notes de son chant.
© Kathy FERRE
Kathy Ferré
Kathy a mis en musique des textes d’auteurs,
tels Gaston Couté, Victor Hugo, Robert Vitton, ainsi que ceux d’autres amis poètes,
ou ses propres textes. Elle crée également des comptines ou des chansons pour enfants.
Kathy s’accompagne à la guitare mais joue également de la vielle à roue.
Infographiste à ses heures, elle aime créer des tableaux originaux, mélange de photos
et de fractales, pour illustrer ses textes. Elle a ainsi monté depuis une quinzaine d'années
de nombreuses expositions de ses poèmes illustrés. Textes et musiques déposés à la Sacem.
Son blog
→ https://kathy.blog4ever.com/
La très-chère était nue, et, connaissant mon cœur,
Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur
Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Maures.
Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce monde rayonnant de métal et de pierre
Me ravit en extase, et j'aime à la fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière.
Elle était donc couchée et se laissait aimer,
Et du haut du divan elle souriait d'aise
A mon amour profond et doux comme la mer,
Qui vers elle montait comme vers sa falaise.
Les yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté,
D'un air vague et rêveur elle essayait des poses,
Et la candeur unie à la lubricité
Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ;
Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l'huile, onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ;
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,
S'avançaient, plus câlins que les Anges du mal,
Pour troubler le repos où mon âme était mise,
Et pour la déranger du rocher de cristal
Où, calme et solitaire, elle s'était assise.
Je croyais voir unis par un nouveau dessin
Les hanches de l'Antiope au buste d'un imberbe,
Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur ce teint fauve et brun, le fard était superbe !
Et la lampe s'étant résignée à mourir,
Comme le foyer seul illuminait la chambre,
Chaque fois qu'il poussait un flamboyant soupir,
Il inondait de sang cette peau couleur d'ambre !
Charles Baudelaire (1821-1867)
Connu pour sa vie de bohême et poéte torturé, il ne publia de son vivant qu'une seule oeuvre "Les Fleurs du Mal", recueil qui fut condamné et censuré dès sa sortie en 1857 car trop choquant pour la morale bourgeoise avant de passer à la postérité. Criblé de dettes, il séjournera durant deux ans en Belgique (1864-1866) pour y donner des conférences mais sa santé se dégrade. Il revient à Paris où il meurt un an plus tard à l'âge de 46 ans des suites de la syphilis, d'abus d'alcool et autres drogues.
Autres textes
Le serpent qui danse
Le vin des amants
Brumes et pluies
La mort des amants
Enivrez-vous
→ Sa biographie sur Wikipédia
On tue
D'un bout
de la terre à l'autre,
On tue,
On tue sur la mer,
La nuit on peut voir
Dans l'énorme et indifférente solitude de l'eau
Les cadavres
Qui ont encore leurs dernières larmes
À leurs faces de linge
Tournées vers le ciel noir.
On tue aux courbes fleuries des fleuves,
On tue aux flancs chauds des montagnes,
On tue dans les villes où le tocsin qui sonne
Crie la douleur des dômes saignants
Et des cathédrales éclatées.
Là, depuis des siècles, des siècles on a travaillé,
Mais la terre est soudain devenue
Une éponge monstrueuse
Buvant la longue patience des hommes.
Partout la peur, la nuit, la mort.
Pourtant, le soleil est là.
Je l'ai vu ce matin
Jeune, fort, exigeant.
Il ruisselait sur les toits
Il mordait au coeur des arbres,
Il empoignait la ville aux épaules
Et réclamait de la terre son réveil.
Il est là.
Il est au fond de toutes choses
Et, devant ce monde qui s'entrouvre, s'affaisse et se replie
Il y a la mystérieuse et latente énergie
Qui refuse les ténèbres
Et ne veut pas qu'on tue la vie.
Arlette Humbert-Laroche (1915-1945)
Résistante et poètesse française, elle est secrétaire dans une organisation aidant au placement des chômeurs et devient agent de liaison pendant la Seconde guerre mondiale. Capturée par la Gestapo, elle est torturée puis déportée en Allemagne.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Rosée et jonquilles,
Le merle chantant
Printemps
Grand soleil qui brille,
Fruits en liberté
Eté
Pluie et Vent qui fouettent
Arbres qui frissonnent
Automne
Gel qui désinfecte,
le jardin désert
Hiver
Pour ces quatre couplets d'Amour
Qu'on chante tour à tour,
Le seul refrain de toutes les saisons :
LA JOIE DE VIVRE, CINQUIEME SAISON
© Armand MONJO
Armand Monjo (1913-1998)
Poète français, combattant de la résistance dans les FTP au maquis pendant la guerre. Il devient professeur d'italien à Paris, traduit de nombreux poètes italiens et publie une anthologie très remarquée de la poésie italienne. Humaniste engagé, hédoniste, il transcrit dans sa poésie une grande fraternité. Sa poésie, subtile et pleine de saveurs est porteuse d’espoir.
→ Source bio : babelio.com
Elle vit avec quelqu’s mouches mortes
Un’ famille de souris
Parfois la visite d’un’ cloporte
En fin d’après-midi
Qui sait si elle n’a pas connu
Zarathoustra
Mêm’ si personne ne l’a su
La Baba Vanga
Mais maintenant
Elle écluse
Un fond de Suze
En soupirant
La recluse
Quand elle a fermé les volets
Un matin de printemps
Puis aussi tiré le loquet
Elle l’a fait calmement
Qui sait si elle n’a pas vu nu
Nelson Mandela
Mêm’ si personne ne l’a su
Le Dalaï Lama
Mais maintenant
Elle écluse
Un fond de Suze
En soupirant
La recluse
C’est étonnant
Ses yeux de buse
Comme ils médusent
Glacent le sang
La recluse
Un lundi, mardi ou dimanche
Depuis qu’elle espérait
Elle a vu la lumière blanche
Pas celle de son chevet
(…)
Au firmament
La science infuse
C’était sa ruse
En attendant
La recluse
© Izanne
Izanne
Izanne est née à Nantes un matin d’hiver au 20e siècle. Conteuse de mésaventures, jaseuse de mauvais augure, elle a roulé sa bosse des deux côtés de l'Atlantique. Son parcours au gré du vent et sa curiosité sont jalonnés d'étapes où l'auteure a toujours été au rendez-vous. Certains de ses textes prennent vie sous forme de chansons ou de pièces de théâtre.
Son blog
→ https://armoricaine.wordpress.com/accueil
Le ciel s’effeuille, la mine défaite.
Dans la lumière, des mots inconnus
Traversent les giboulées d’une traite
En s’approchant de ton cœur revenu.
…
Telle une fleur sans nom, entre les pierres,
Mon texte grandit, insoumis au vent.
Il s’égare à la vitesse du lierre
Qui envahit des murs, chaque fragment.
…
Avec ma plume faite d’herbes folles,
J’enlace la rime pour courtiser
Ton âme, où j’aperçois les fumerolles
Du jour, lapant le temps dans l’encrier.
…
La nuit repart dans les fossés sauvages.
Seule avec l’aube éveillant le désert,
Mon poème sur le sable encourage
Les syllabes à offrir un concert.
…
Et, hors du cahier, une caravane
De lettres accoste près de tes doigts.
Je vois déjà le seuil de ta cabane.
Veux-tu ouvrir pour devenir mon roi.
…
Ici, les heures éclosent sans larmes
Offrant aux pluies, chacun de leurs bourgeons.
A la lisière, j’entends le vacarme
Du printemps en route sur l’horizon.
© SEDNA
Sedna
Résidant en Charente-Maritime, Sedna a toujours eu la passion des mots. Elle aime les rimes et travaille principalement avec le Traité de Sorgel en poésie classique. Elle aime la mer, le ciel qui sont ses sources d'inspiration permanente. La sauvegarde de notre planète est l'une de ses préoccupations.
Autres textes
Virus
Eclosion
Renouveau
Le temps des cerises
Ecoute l'aube
Marée haute
Planète en danger
Air marin
La poudre d'escampette
Son site :
→ http://www.cassiopee17.fr/
Et voile à nul souffle bercée,
S'enguidonne d'un beau ciel d'or
Le dimanche très en décor
Pour les femmes de mes pensées :
Et les femmes ont dépensé
Leur coeur tout devant les fenêtres
Et creusent, d'amour enlisées,
Jusqu'au pleur ce ciel des fenêtres.
Vierges d'attente et de martyre,
Au gril vert des persiennes lasses,
Dans les jardins des croisées basses,
Les femmes, jusqu'à se mourir,
Cristallisent rouge aux fenêtres
- Appeau naïvement enfant -
Leur coeur sous les tabliers blancs
Et tels des rideaux aux fenêtres.
Or, en vain, les femmes, amantes
D'aimer, se sentent infinies,
Leurs besognes sont définies,
Et, pauvre, leur coeur de servantes
Froidit, pour que se fassent blanches
Leurs mains, en très naïves grèves,
Dans la comédie bleue du rêve.
Or passent ainsi les dimanches.
Max Elskamp (1862-1931)
Poète symboliste belge, Max Elskamp s'inscrit dans le courant symboliste. Son style très personnel, au rythme saccadé, est fait de vers courts. La proximité avec la langue néerlandaise l'inspire fortement, mais il reste attaché au français et est élu à l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique en 1921. À côté de son œuvre poétique, il poursuit des recherches sur le folklore flamand et collectionne des objets d'art populaire. Il est atteint de démence et meurt fou en 1931. Les musées de Liège et d'Anvers recueilleront toute la collection du poète après sa mort.
Autre texte
Etoile de la mer
→ Sa biographie sur Wikipédia
J’avais rêvé une rencontre brutale,
Un interrupteur, clic !! Le noir total.
La faux rapide, glaciale psychopathe,
Mais où es-tu passé, sacré foutu platane ! ?
A la place, un rouleau compresseur mou, et lent.
Une cruelle et interminable ballade vers le néant.
Alors à chaque instant,
Les chevaux aux yeux hurlants
Et la goutte d’eau qui me noie,
Rongent un peu plus mon cœur de bois,
Et me rappellent la fragilité de ma foi.
Le spectacle est bientôt terminé,
Mais personne, c’est tant mieux, ne regardait.
Et Gaïa, sur laquelle j’ai beaucoup et inutilement gesticulé,
M’observe, incrédule, du haut de son éternité.
Chère mort, tu es mystère.
Mon dernier chauffeur, sans destination, pas pressé et blafard.
© Jean-Claude GALLARD
Jean-Claude Gallard (1973-)
A l'âge de 34 ans, Jean-Claude Gallard a été diagnostiqué d'une très grave maladie, invalidante incurable et fatale. Aujourd'hui, il est devenu vétéran de la maladie qui ne lui laissait en théorie que deux trois ans à vivre. Totalement paralysé, il a écrit, à l'aide d'une commande oculaire, un recueil de réflexions libres et de poèmes. Simplement, comme la plupart des humains, face au grand noir qui approche, l'auteur recherche sa vérité... espérant qu’elle vous permettra d’approfondir la vôtre. A noter que ce recueil se veut évolutif et participatif et qu'il est entièrement libre au téléchargement.
Son site
→ http://www.maduh.fr/
Courbée, assise sur mon lourd bagage,
Au bord du chemin je vois mon îlot.
J'entends arriver tel énorme flot
Le cri du tonnerre un fracas de rage.
Au bort du chemin je vois mon îlot
Où filtre son halo dans un nuage.
Le cri du tonnerre un fracas de rage
Tombant tel un torrent sur mon manteau.
Où filtre son halo dans un nuage,
C'est un tableau de Pablo Picasso.
Tombant tel un torrent sur mon manteau,
Lacs et ruisseaux montent sur le rivage.
C'est un tableau de Pablo Picasso
Déformant tristement le paysage.
Lacs et ruisseaux montent sur le rivage,
Je suis trempée ainsi que mon fagot.
Déformant tristement le paysage,
Fin du chaos d'un monde saligaud.
Je suis trempée ainsi que mon fagot,
Un miracle fera t-il fuir l'orage ?
Fin du chaos d'un monde saligaud.
Regardant tristement le pâturage,
Un miracle fera t'il fuir l'orage ?
Reste immobile et tremblante en lambeaux.
Regardant tristement le pâturage,
Les cheveux collés sur mon lumbago,
Reste immobile et tremblante en lambeaux,
Courbée, assise sur mon lourd bagage.
© Béatrice MONTIGNAC
Béatrice Montignac (1960-)
Poétesse et romancière pour le plaisir, des poèmes en poésie libre, Béatrice Montignac écrit actuellement de la poésie classique.
Egalement un roman policier genre thriller qui sortira bientôt chez Stellamaris, son deuxième est en cours d’écriture.
Son blog
→ Béatrice Passionnément Poésies
© Thierry CREPIN-LEBLOND
Thierry Crépin-Leblond (1960-)
Thierry Crépin-Leblond est né en 1960 à Colmar. Ses études le conduiront au métier de médecin, spécialiste en Neurologie ; il laissera plus tard de côté ces fonctions pour se consacrer à l’écriture, et en particulier à la poésie.
Un moment ballotté entre la Franche-Comté et l’Alsace, il rejoindra finalement sa région natale où il est actuellement installé.
Il a publié en 2013 son premier recueil « Trajectoires poétiques » suivi peu après de « Détours de jours ». puis un troisième ouvrage « La nuit vagabonde « .
Il anime par ailleurs un blog de poésie « Le quart de lune » et une page Facebook « Trajectoires en poésie ».
Son blog
→ http://lequartdelune.blogspot.com/
© Christian SATGE
Christian Satgé (1965-)
Son autobio :
J'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Claude Nougaro ne l'(en)chante et suis devenu rapidement un obsédé textuel & un rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, rêvant depuis de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. Conteur éclectique et « méchant écriveur de lignes inégales », après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux peu fréquentables que l'on nomme Pyrénées, où l'on ne trouve pire aîné que montagnard, et stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Moins écrivain qu'écrivant, plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, après avoir navigué de conserve sur d'autres eaux, je tente, en solitaire cette fois, depuis le 23 février 2011, une énième traversée de l'océan poétique… en espérant qu'elle ne soit pas trop pathétique !
Son blog
→ https://lesrivagesdurimage.blogspot.com/
© Boris VIAN
Boris Vian (1920-1959)
Ecrivain, poète, parolier, directeur artistique, musicien de jazz... Boris Vian, dont l'oeuvre littéraire fut peu appréciée de son vivant, est saluée par la jeunesse dès les années 1960-1970. L'Écume des jours en particulier, avec ses jeux de mots et ses personnages à clef, est passé à la postérité. Il est désormais un classique, qu'on étudie souvent dans les collèges et les lycées.
Autres textes
Je bois
Si les poètes étaient moins bêtes
Le déserteur
Evénement
Le centenaire de Boris Vian
→ Sa biographie sur Wikipédia
Le petit homme qui chantait sans cesse
le petit homme qui dansait dans ma tête
le petit homme de la jeunesse
a cassé son lacet de soulier
et toutes les baraques de la fête
tout d'un coup se sont écroulées
et dans le silence de cette fête
dans le désert de cette fête
j'ai entendu ta voix heureuse
ta voix déchirée et fragile
enfantine et désolée
venant de loin et qui m'appelait
et j'ai mis ma main sur mon cœur
où remuaient
ensanglantés
les sept éclats de glace de ton rire étoilé.
© Jacques PREVERT
Jacques Prévert (1900-1977)
Poète, scénariste et dialoguiste français, qui devint célèbre grâce au succès de son premier recueil de poèmes, « Paroles », où son langage familier et ses jeux de mots sont appréciés. Ses poèmes sont depuis lors connus dans le monde entier et appris dans les écoles françaises.
Autres textes
La Seine a de la chance
Barbara
Cet amour
Sanguine
Sables mouvants
Mai 68
Le cancre
→ Sa biographie sur Wikipédia
Dans le sac j'ai jeté
Des antidiarrhéiques
Un tube d'écran total
Un bermuda usé
Et mes vieilles sandales
Je rejoins mon Afrique
En chemin je croquerai
Sur mon petit carnet
Les petites filles tressées
Et de vieux singes ridés
Je leur donnerai la page
L'esquisse de leur visage
Contre un bol de mafé
Un moment d'amitié
Et puis j'irai danser
Une fois la nuit tombée
A l'orée du village
Sous l'oeil du grand sage
Qui regarde suspicieux
Mes bruns grains de beauté
Sur le duvet laiteux
De ma peau éclairée
Par les flammes jaunes et rousses
D'un fougueux feu de brousse
Le son de la Cora
Aura raison de moi
Les griots et leur transes
Rythmeront ces vacances
Les danseuses m'entraineront
Dans une ronde d'abandon
Où porté par le son
Je lâcherai mes tensions
Dans une belle vibration
Qui emplit de passion
A mon corps défendant
Mon coeur de petit blanc
Je quitterai mes hôtes
Epuisé, tête haute
Je rejoindrai ma hutte
Mon lit de paille de jute
Et souriant à la Lune
Témoin de ma fortune
D'être riche du temps
De vivre dans le Présent
Les rires et les Chants
J'oublierai mes tourments
Dans la Joie de l'Instant
© Le Chat à Plume
Texte déposé à la SACEM
Le Chat à Plume
Souffleuse de vers et moulin à paroles, le Chat à Plume est un drôle d'oiseau qui ronronne en sons et en mots. Vous pourrez suivre sur son site ses aventures de parolière, de poétesse, d'auteure de spectacle vivant et ses interviews d'artistes.
Site internet :
→ https://www.lechataplume.com/
Une aube de douceur s'éveille sur la lande :
Le printemps de Bretagne a fleuri les talus.
Les cloches de Ker-Is l'ont dit jusqu'en Islande
Aux pâles « En-Allés » qui ne reviendront plus.
Nous aussi qui vivons et qui mourrons loin d'elle,
Loin de la douce fée aux cheveux de genêt,
Que notre cœur au moins lui demeure fidèle :
Renaissons avec elle à l'heure où tout renaît.
Ô printemps de Bretagne, enchantement du monde !
Sourire virginal de la terre et des eaux !
C'est comme un miel épars dans la lumière blonde :
Viviane éveillée a repris ses fuseaux.
File, file l'argent des aubes aprilines !
File pour les landiers ta quenouille d'or fin !
De tes rubis. Charmeuse, habille les collines ;
Ne fais qu'une émeraude avec la mer sans fin.
C'est assez qu'un reflet pris à tes doigts de flamme,
Une lueur ravie à ton ciel enchanté,
Descende jusqu'à nous pour rattacher notre âme
A l'âme du pays qu'a fleuri ta beauté !
Charles Le Goffic (1863-1932)
Poète, romancier et critique littéraire français dont l'oeuvre célèbre la Bretagne.
Autre texte
Le bandeau noir
→ Sa biographie sur Wikipédia
C’est la jeunesse et le matin.
Vois donc, ô ma belle farouche,
Partout des perles : dans le thym,
Dans les roses, et dans ta bouche.
L’infini n’a rien d’effrayant ;
L’azur sourit à la chaumière ;
Et la terre est heureuse, ayant
Confiance dans la lumière.
Quand le soir vient, le soir profond,
Les fleurs se ferment sous les branches ;
Ces petites âmes s’en vont
Au fond de leurs alcôves blanches.
Elles s’endorment, et la nuit
A beau tomber noire et glacée,
Tout ce monde des fleurs qui luit
Et qui ne vit que de rosée,
L'oeillet, le jasmin, le genêt,
Le trèfle incarnat qu’avril dore,
Est tranquille, car il connaît
L’exactitude de l’aurore.
Victor Hugo (1802-1885)
Poète, dramaturge, prosateur et dessinateur romantique français, Victor Hugo est considéré comme l'un des plus grands écrivains de langue française. Il est aussi une personnalité politique et un intellectuel engagé. Homme de théâtre, il est l'un des chefs de fil du romantisme français. Il a fortement contribué au renouveau de la poésie et du théâtre.
Autres textes
Elle avait pris ce pli
Il fait froid
Premier Mai
Demain dès l'aube
→ Sa biographie sur Wikipédia
Je m'adresse à tout l'Univers,
Après David, le roi psalmiste.
Oui, Madame, en ces quelques vers,
Je m'adresse à tout l'Univers.
Sur les continents et les mers,
Si tant est qu'un athée existe,
C'est moi, dis-je, à tout l'Univers,
Après David, le roi psalmiste.
Je me fous bien de tous vos dieux,
Ils sont jolis, s'ils vous ressemblent,
Et bons à foutre dans les lieux.
Je me fous bien de tous vos dieux,
Je me fous même du bon vieux,
L'unique, devant qui tous tremblent ;
Je me fous bien de tous vos dieux,
Ils sont jolis, s'ils vous ressemblent.
Je ris du Dieu des bonnes gens,
S'il en est encor par le monde ;
Avec les gens intelligents.
Je ris du Dieu des bonnes gens.
Sacré Dieu ! quels airs indulgents !
Quel gros cul, quelle panse ronde !
Mais... pour les seules bonnes gens,
S'il en est encor par le monde.
Je me fous aussi de celui
Des grands philosophes, très drôles,
Qui parfois se prennent pour lui.
Je me fous aussi de celui
Dont l'incommensurable ennui
Voudrait peser sur nos épaules.
Je me fous aussi de celui
Des grands philosophes, très drôles.
Je plains fort, vous entendez bien,
Tout homme qui dit : Dieu, sur terre,
Indou, musulman ou chrétien,
Je le plains, vous entendez bien ;
Le déiste aussi, qui n'est rien
Dans l'église ou le phalanstère.
Je plains fort, vous entendez bien,
Tout homme qui dit : Dieu sur terre.
Je suis comme le vieux Blanqui
Je dis aussi : « Ni Dieu ni maître. »
Ni maîtresse... c'est riquiqui.
Je suis comme le vieux Blanqui.
Je me fous de n'importe qui.
Je jette tout par la fenêtre,
Et je me fous bien de Blanqui,
Comme de son « Ni Dieu ni maître. »
Je n'en ai qu'un, mais assez bon
Nom de Dieu ! pour que je l'écule,
Votre vrai Dieu, Dieu sans... rayon.
Je n'en ai qu'un, mais assez bon :
Le monde entier, ce grand capon,
Vit dans la peur de sa férule.
Je n'en ai qu'un mais assez bon
Nom de Dieu ! pour que je l'écule.
L'un ou l'autre mot m'est égal,
Si mon langage est clair, Madame.
Être clair c'est le principal.
L'un ou l'autre mot m'est égal.
Mais l'autre était grossier pas mal,
Et... j'ai le respect de la femme.
L'un ou l'autre mot m'est égal.
Si mon langage est clair, Madame.
Germain Nouveau (1851-1920)
Poète français, Germain Nouveau passe son enfance à Aix-en-Provence et s'installe à Paris vers 1872 où il fréquente la bohème littéraire. Il y rencontre Verlaine, Charles Cros et surtout Arthur Rimbaud qui aura une influence considérable sur sa poésie. Les dernières années du poète sont marquées par de très profondes crises mystiques jamais très éloignées du désordre mental. Suivant la doctrine de saint Benoît Labre, Nouveau s'astreint à la pauvreté et à la mendicité. Il meurt d'inanition en 1920, victime d'un jeûne trop prolongé, entre le Vendredi saint et Pâques.
Autres textes :
Les malchanceux
Sonnet d'été
→ Sa biographie sur Wikipédia
Systématiquement
Pour oublier les amis de ma femme
Je bois
Systématiquement
Pour oublier tous mes emmerdements
Je bois
N’importe quel jaja
Pourvu qu’il fasse ses douze degrés cinque
Je bois
La pire des vinasses
C’est dégueulasse, mais ça fait passer l’temps
La vie est-elle tell’ment marrante
La vie est-elle tell’ment vivante
Je pose ces deux questions
La vie vaut-elle d’être vécue
L’amour vaut-il qu’on soit cocu
Je pose ces deux questions
Auxquelles personne ne répond… et
Je bois
Systématiquement
Pour oublier le prochain jour du terme
Je bois
Systématiquement
Pour oublier que je n’ai plus vingt ans
Je bois
Dès que j’ai des loisirs
Pour être saoul, pour ne plus voir ma gueule
Je bois
Sans y prendre plaisir
Pour pas me dire qu’il faudrait en finir…
© Boris VIAN
Boris Vian (1920-1959)
Ecrivain, poète, parolier, directeur artistique, musicien de jazz... Boris Vian, dont l'oeuvre littéraire fut peu appréciée de son vivant, est saluée par la jeunesse dès les années 1960-1970. L'Écume des jours en particulier, avec ses jeux de mots et ses personnages à clef, est passé à la postérité. Il est désormais un classique, qu'on étudie souvent dans les collèges et les lycées.
Autres textes
Si les poètes étaient moins bêtes
Le déserteur
Evénement
Le centenaire de Boris Vian
→ Sa biographie sur Wikipédia
La grève resplendit, fume.
L'océan bat sur l'enclume
Bien plus que vagues et vent.
En ce décor, bien souvent,
Des oiseaux couverts d'écume
S'en vont, selon la coutume,
Au gré du sable mouvant,
Sous les rires du levant.
De furtives mousselines
Naissent aux marées félines
Et, entraînées par les flots,
Voudraient être matelots
Mais vont périr aux abîmes
Des sépulcres maritimes.
Il me plairait, âme et corps,
Me confondre aux gais accords
Du chant divin des sirènes
Lorsqu'il échoit aux carènes.
À l'horizon, sous la brume,
La mer a posé costume.
(Septain – la longueur des strophes est calquée sur la vague au reflux, d'abord longue puis de plus en plus courte).
© Pascal FOUQUET
Pascal Fouquet (1958-)
Originaire de Normandie, cet auteur a posé ses valises en Charente-Maritime et a publié plusieurs recueils. Il a remporté le Premier Prix du concours Poetika 2017. Son site comporte des extraits de ses recueils, des citations et des vidéos poétiques.
Autres textes
Voeux
Couchant
Hermione
Son site Internet :
→ http://fouquetpp.wixsite.com/poesie
La rivière aux flots bleus rêve les soirs d’été.
Elle dessine au loin sa courbe gracieuse
Pour se perdre dans l’ombre ; et le saule et l’yeuse
Reflètent leurs rameaux dans sa limpidité.
L’air est sans bruit, le ciel plein de sérénité.
La rive se recueille et dort silencieuse.
Tout repose. Voici l’heure mystérieuse
Faite de calme intense et d’immobilité.
Le calme est solennel et triste, comme un rêve
De voyage ou d’exil qui jamais ne s’achève.
Parfois, pour animer ce repos accablant,
Un martin-pêcheur file en rasant le feuillage,
Et, sur l’onde où la lune étincelle en tremblant,
Un étroit canot glisse avec son long sillage.
Gabriel Marc (1840-1901)
Né dans le Puy-de-Dôme et parent de Théodore de Banville, Gabriel Marc est un poète, nouvelliste et critique d’art français. Engagé dans la promotion et la défense des écrivains et fervent régionaliste, il prononce à la Sorbonne en 1876 un discours sur la Poésie provinciale, où il appelle les poètes contemporains à puiser dans la Province et son histoire, comme source d'inspiration.
→ Sa biographie sur Wikipédia
— Soleil ! Pourquoi te lèves-tu si tard ?
Et pourquoi as-tu l’œil si rouge ?
As-tu fait cette nuit un cauchemar,
qui t’a fait pleurer dans ton sommeil ?
— Ni sommeil ni rêve ni bon ni mauvais.
J’ai veillé toute la nuit…
Tandis que l’occident frivole dormait sur les cendres
grises de ses lauriers j’ai fait le tour de la Terre.
Et j’ai vu des gens mourir de faim.
J’ai vu des gens mourir de froid.
J’ai vu des gens mourir de désespoir.
J’ai vu des gens s’entretuer, des frères s’étrangler.
J’ai vu des peuples opprimés.
J’ai vu un grand dirigeant tomber
sous la balle d’un dément.
J’en ai vu beaucoup qui pleuraient :
Et j’ai continué, indifférent…
J’en ai vu cependant qui se moquaient des gens dans la peine,
des gens dans la misère
Des gens sous le joug.
C’est alors que j’ai pleuré,
C’est pourquoi mon œil est rouge.
— Soleil ! sèche tout de suite tes larmes !
La mer de Bretagne adoucira bientôt
Ton œil rouge et enflammé…
{Un matin d'hiver 1964}
© Anjela DUVAL
Anjela Duval (1905-1981)
Poétesse bretonne, Anjela Duval était la fille unique d'une famille de cultivateurs, une paysanne pauvre et simple qui écrit ses poèmes après sa rude journée de travail aux champs sur un cahier d'écolière dans sa petite maison, du Vieux-Marché à Traoñ an Dour, hameau isolé. Lisant le breton très jeune, elle ne s'est mise à l'écrire que dans les années 1960. Gilles Servat, qui apprit en grande partie le breton à Traoñ an Dour, lui consacra une chanson justement intitulée Traoñ an Dour. Gilles Servat raconte que quand on lui disait que l'on comprenait le breton sans le parler, elle répondait pour plaisanter : « comme mon chien… ».
Association consacrée à Anjela Duval :
https://www.anjela.org/oberenn/
→ Sa biographie sur Wikipédia
Je m'habille
D’habits et de pensées
Je me drape
Dans ma dignité
Je me pare
De mon métier
Que quelque part
Je crois être mon identité
Je m’enveloppe
Dans une communauté
Que je développe
Pour me rassurer
Que je sois maquillé
Ou même tatoué
J’ai l’art de cacher
Ma parfaite nudité
Je peux me gargariser
De tous mes aspects
C’est pour combler
Ma totale vacuité.
© Matthieu BANET-RIVET
Matthieu Banet-Rivet (1968-)
Né à Neuilly-sur-Seine et résidant à Paris, Matthieu Banet-Rivet se dit témoin de sa perpétuelle transformation, qu'il exprime sous la forme de textes libres, écrits au fil de l'eau sous le titre : « La liberté du Je ».
Mademoiselle Sans Souci
vêtue de rien d’un peu d’été
Mademoiselle Tôt Partie
à peine là vite en allée
Toute nue dorée de paresse
Mademoiselle Rire aux Larmes
juste habillée de mes caresses
Mademoiselle Fausse Alarme
Rapportez-moi d’où vous allez
Mademoiselle Feu de Paille
un pas perdu deux sous trouvés
trois échos couleur de murailles
le sable roux du sablier
le blond sourd de l’automne proche
le bleu gris du ciel embrouillé
le fuyant d’un pas qui s’approche
Rapportez-moi d’où vous allez
les vraies nouvelles d’où nous sommes
Mademoiselle Voix Voilée
Mademoiselle Profond Somme.
© Claude ROY
Claude Roy (1915-1997)
Poète, journaliste et écrivain français, il écrit ses premiers poèmes lorsqu'il est fait prisonnier en juin 1940. Il s'engage alors dans la Résistance puis commence à publier des récits de voyages. Il ne cesse de publier des romans, des témoignages sur ses nombreux voyages, des descriptions critiques, des essais sur l'art et sur les artistes, dont beaucoup sont ses amis, des livres pour enfants et des poèmes, car la poésie est au cœur de toute son écriture. Elle en est le fil conducteur, et c'est à travers elle que la littérature prend toute sa place pour donner un sens à son existence inquiète et à des engagements souvent déçus.
Autre texte
Le chat blanc
→ Sa biographie sur Wikipédia
Je cours contre le vent,
les branches m’agressent.
Je cours, je ne sens rien
ni les griffes aiguës des épineux,
ni le froid de novembre.
Mes cheveux flottent
comme un drapeau.
Mes pensées s’entrechoquent,
mon souffle s’affole.
Je ne veux pas que l’on m’enferme.
J’ai peur des murs et des barreaux.
Je suis une enfant des fées.
Je voudrais m’envoler,
être un oiseau.
Je cours, je cours,
je bats des ailes,
je vole, oui, je vole, je...
je tombe...
l’herbe me recueille.
Je ne veux pas que l’on m’enferme.
Je suis une enfant des arbres,
je suis une enfant du bleu,
ne me coupez pas les ailes.
© Anne-Marie DERESE
Anne-Marie Derèse (1938-)
Poétesse belge, bercée par la Sambre et la Meuse, elle est venue à la poésie dès l’enfance, par le bonheur de dire la poésie et de la jouer. De nombreuses fois primée, elle est l’auteure d’une douzaine de recueils.
→ Sa biographie sur Wikipédia
J’ai donné 3h de ma vie
A Apocalypse Now
J’étais en train d’y vivre
Des choses : wow
Cette version final cut
Pour les 40 ans du film
Que je voyais en 2019
Finalement : sublime
Mais je m’en suis aperçu
A la fin du voyage
M’étirant sans retenue
Vers l’avant de mon siège
L’apocalypse était là
Devant moi olfactive
Au sommet du chou crâne
De ma douce voisine
Mon dieu, l’odeur de ses cheveux
Je lui aurais baisé les pieds
Pour une seconde
Pouvoir m’y nicher
*
A côté des effluves de napalm
Vantés par le colonel Kilgore
C’était un champ de gardénias
Cette odeur et hardcore
Elle effaçait le film lui-même
Alors que la tension allait croissante
Et qu’on s’approchait de la bête
Tant promise, coassante
J’oubliais la chemin intérieur
Du capitaine Willard
Tante cette charge délicieuse
Détruisait toute forme d’art
Le chef d’œuvre était là
Son essence capillaire
Et Monsieur Coppola
Ne pouvait rien y faire
Mon dieu, l’odeur de ses cheveux
J’aurais donné mon royaume
Pour une nuitée
Dans cette lande
*
On aurait cru que le paradis
Était tombé sur Terre
Sous la forme de cette fille
Sous mon nez, à ce siège
De son odeur à elle
Et c’est comme si elle savait
Qu’elle le sentait que je la sentais
Et qu’elle m’envoyait tout son être
Car elle n’arrêtait pas
De dérouler par vague
Toute sa blondeur
Pour que j’y slide
Je l’avais déjà vu
Tout à l’heure sous la bruine
Alors que nous faisons la queue
Pour aller voir le film
Comment ne pas la voir ?
Elle dégageait une vie splendide
Et ne pas me voir
La regarder sous cette pluie ?
*
J’ai donné 3h de ma vie
A Apocalypse Now
J’étais en train d’y vivre
Ça les valait large
Cette version final cut
Pour les 40 ans du film
Dont je savais le culte
Jamais vu : sublime
Mais je m’en suis rendu compte
A la fin du voyage
M’étirant à foison
Vers l’avant de mon siège
L’apocalypse était là
Devant moi olfactive
Au sommet du chou crâne
De ma douce voisine
Mon dieu, la fleur de ses cheveux
A cette femme
Comment lui dire ?
Elle ne doit jamais savoir.
© Sylvain FESSON
Sylvain FESSON
Poète interprète, également journaliste et collaborateur à Philosophie Magazine, Sylvain Fesson aime s'entourer de musiciens pour faire bouger les lignes. Mis en musique par Arthur Devreux, son album « Sonique-moi » signe la maturité de son écriture. Artiste à découvrir d'urgence !
Autre texte
Le coeur du monde (vidéo)
Son site : http://www.sylvainfesson.com/
Découvrir ses albums :
https://sylvain-fesson.bandcamp.com/
Journaliste, intervieweur : http://parlhot.com/
Il paraît que le ciel et la terre
vont se marier.
Avant l’aube le fiancé
sur sa fille
a jeté son voile de mousse
lentement et sans bruit
pour ne pas l’éveiller.
Elle sommeille encore il est tôt
mais déjà exaltés
impatients d’aller à la noce
les arbres ont mis leur gants
par milliers
et les maisons leurs chapeaux blancs.
© Gisèle PRASSINOS
Gisèle Prassinos (1920-2015)
Née à Constantinople, Gisèle Prassinos est une poétesse, romancière, novelliste et artiste plasticienne d'origine grecque par son père et italienne par sa mère. Ses premiers poèmes écrits à quatorze ans font l'admiration des surréalistes, dont André Breton et Paul Eluard séduits par « le merveilleux de sa poésie et sa personnalité de femme-enfant. »
→ Sa biographie sur Wikipédia
Vent d’été, tu fais les femmes plus belles
En corsage clair, que les seins rebelles
Gonflent. Vent d’été, vent des fleurs, doux rêve
Caresse un tissu qu’un beau sein soulève.
Dans les bois, les champs, corolles, ombelles
Entourent la femme ; en haut, les querelles
Des oiseaux, dont la romance est trop brève,
Tombent dans l’air chaud. Un moment de trêve.
Et l’épine rose a des odeurs vagues,
La rose de mai tombe de sa tige,
Tout frémit dans l’air, chant d’un doux vertige.
Quittez votre robe et mettez des bagues ;
Et montrez vos seins, éternel prodige.
Baisons-nous, avant que mon sang se fige.
Charles Cros (1842-1888)
Poète et inventeur français, qui a notamment découvert un procédé de photographie en couleurs, mais aussi un modèle de phonographe.
Autres textes
Avenir
Liberté
→ Sa biographie sur Wikipédia
Ton Souvenir est comme un livre bien aimé,
Qu’on lit sans cesse, et qui jamais n’est refermé,
Un livre où l’on vit mieux sa vie, et qui vous hante
D’un rêve nostalgique, où l’âme se tourmente.
Je voudrais, convoitant l’impossible en mes vœux,
Enfermer dans un vers l’odeur de tes cheveux ;
Ciseler avec l’art patient des orfèvres
Une phrase infléchie au contour de tes lèvres ;
Emprisonner ce trouble et ces ondes d’émoi
Qu’en tombant de ton âme, un mot propage en moi ;
Dire quelle mer chante en vagues d’élégie
Au golfe de tes seins où je me réfugie ;
Dire, oh surtout ! tes yeux doux et tièdes parfois
Comme une après-midi d’automne dans les bois ;
De l’heure la plus chère enchâsser la relique,
Et, sur le piano, tel soir mélancolique,
Ressusciter l’écho presque religieux
D’un ancien baiser attardé sur tes yeux.
Albert Samain (1858-1900)
Poète symboliste français, Albert Samain a dû arrêter ses études à la mort de son père, à l'âge de 14 ans. Rejoignant Paris vers 1880, il commence à fréquenter les cercles littéraires et récite ses poèmes au « Chat noir ». En 1893, la publication de son recueil « Au jardin de l'infante » lui vaut un succès immédiat. Fin 1899, sa santé se détériore : il est atteint de phtisie. Il se retire chez un ami dans la Vallée de Chevreuse et meurt à l'été 1900. Une des originalités d'Albert Samain est l'utilisation du sonnet à quinze vers. Après sa mort, ses poésies sont réimprimées un nombre considérable de fois, et de nombreux musiciens ont composé des mélodies sur ses textes.
Autres textes
Le bonheur
Hiver
Matin sur le port
La cuisine
→ Sa biographie sur Wikipédia
Sur ton corps lisse de caillou
mes mains vont, forêts en liberté,
comme vers des sommets d’où je retombe,
source altérée de soleil.
Ton cœur est si proche de mon cœur
que nos artères se mêlent les unes aux autres
et ne retrouvent plus à nos fronts qu’une seule tempe
pour faire battre l’espace.
Bateau venu de la haute mer,
je vais très loin au fond de tes plages
et je me renverse dans les fougères
qui naissent de ton corps entr’ouvert.
Lorsque nous n’avons plus pour respirer
que l’air écrasé dans nos baisers,
le jour qui nous sépare a beau faire,
il n’arrive pas à être aussi nu que toi.
Lucien Becker (1911-1984)
Poète français, ami de Léopold Sédar Senghor. Il a composé une œuvre brûlante autour du corps de la femme, seul rempart contre le néant. Résistant pendant la guerre, il devient commissaire de police et fournit de faux-papiers à ceux qui fuient l'occupant et entre en contact avec le maquis du Vercors. A cinquante ans, abandonnant tout, il se retire dans le silence avec la femme de sa vie. Il publie son dernier recueil en 1961 et retourne à Dieuze en Moselle en 1983 où il décèdera.
Autre texte
Lorsque tu entres dans ma chambre
→ Biographie détaillée sur Wikipédia
Asseyez-vous, peuples de loups, sur les frontières
et négociez la paix des roses, des ruisseaux,
l'aurore partagée.
Que les larmes, les armes
s'égarent dans la rouille et la poussière.
Que la haine crachée soit bue par le soleil.
La terre ouvre sa robe de ténèbres,
sa nudité enchante les oiseaux,
le jour se fend comme fille amoureuse.
Sous un ciel ébloui
viennent alors après tant de saccage
les épousailles de la terre et du feu,
le temps des sources,
des naissances.
Après le sang, la traîtrise et le cri,
ah, tant rêvé !
le règne des moissons
pour le bonheur des granges.
À nous qui hébergeons l'aube de la parole
de rassembler le grain,
les mots de l'espérance.
Un jour d'été, l'enfant plonge dans la rivière,
joue avec le soleil
sous le regard apaisé d'une mère,
le héron danse sur son nid de sable,
le renard ouvre des ailes d'ange
et le serpent, le mal aimé, forçat de la poussière,
sauvé, s'étire entre les seins du jour.
© Jean JOUBERTJean Joubert (1928-2015)
Poète et romancier français, Jean Joubert a beaucoup écrit d'ouvrages de littérature d'enfance et de jeunesse. Son œuvre comprend une douzaine de recueils de poèmes, des romans et livres pour enfants. Il a a été salué comme l'un des premiers poètes lyriques de sa génération.
Autre texte :
La petite lampe
→ Sa biographie sur Wikipédia
Ce sera un jour pareil aux autres jours
Un matin familier avec des joies connues
Eprouvées parce qu'elles sont quotidiennes.
Avec des mots brûleurs du ciel
Avec des mots traceurs de route
Qui font du bonheur une question de patience
Qui font du bonheur une question de confiance.
Et ces femmes fières d'avoir le ventre rouge
A force de remettre au monde leurs enfants
A chaque aube, ces femmes bleuies de patience
Qui ont trop de leur voix pour apprendre à se taire.
Forte comme une femme aux mains roussies d'acier
Tu caresses tes enfants avec précaution
Et quand leur fatigue se blesse à ta patience
Tu marches dans leurs yeux afin qu'ils se reposent...
Anna Gréki (1931-1966)
De son vrai nom Anna Colette Grégoire, Anna Gréki est une poétesse algérienne d'expression française. Elle passe son enfance à Menaâ, dans les Aurès, où son père est instituteur. Après ses études primaires et secondaires, elle interrompt ses études supérieures de lettres à Paris pour participer activement au combat pour l'indépendance de l'Algérie. Institutrice, militante du Parti communiste algérien, elle est arrêtée en 1957, torturée puis internée à la prison Barberousse d'Alger, transférée en novembre 1958 au camp de Beni Messous puis expulsée d'Algérie. Elle rejoint alors son mari Jean Malki à Tunis, où est publié son premier recueil, avant de rentrer en Algérie à l'indépendance en 1962. Achevant sa licence en 1965 elle est professeur de français au lycée Abdelkader d'Alger. Elle laisse à sa mort brutale un second recueil et un roman inachevé.
→ Sa biographie sur Wikipédia
À Max Jacob,
† 5 mars 1944.
Dans les murs de la cité de la Muette,
Des Français, des Juifs, des foules honnêtes.
Les uns rêvent de lointains paysages,
Les autres traînent devant le grillage.
Dans les bras, des enfants à l’agonie.
Les corps faméliques meurent d’ennui.
Au-delà du mur, la fraternité,
L’hiver, l’été, la vie : la liberté.
À la lumière d’un mirador,
Un cortège d’hommes à demi-morts.
L’étoile jaune greffée dans le cœur,
Ils s’éclipsent ni vaincu ni vainqueur.
Nuit et jour, sous les cieux sang et or,
Les convois roulent jusqu’à Sobibor.
© Nicolas GRENIER
Nicolas Grenier (1975-)
Ecrivain et poète français, Nicolas Grenier est l'un des maîtres du tanka et du haïku en France et pratique le haïku, en réinventant le haïku urbain. Dans le tanka et le haïku, il renouvelle le fond et la forme. Il collabore avec des artistes du monde entier. Ses poèmes en langue anglaise et française sont adaptés en musique électronique et classique par des compositeurs internationaux. Il rend hommage à des personnalités comme Bill Gates, John Fitzgerald Kennedy, Ludwig Wittgenstein et à des lieux, Marrakech, etc.
Sa biographie sur Wikipédia
Max Jacob (1876-1944) est un poète moderniste et romancier, précurseur de Dada puis du surréalisme. Du fait de ses origines juives, il est arrêté par la Gestapo et interné au camp de Drancy où il meurt en cinq jours, avant sa déportation programmée pour Auschwitz.
Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin
De venir dans ma chambre un peu chaque matin ;
Je l’attendais ainsi qu’un rayon qu’on espère ;
Elle entrait et disait : « Bonjour, mon petit père ; »
Prenait ma plume, ouvrait mes livres, s’asseyait
Sur mon lit, dérangeait mes papiers, et riait,
Puis soudain s’en allait comme un oiseau qui passe,
Alors, je reprenais, la tête un peu moins lasse,
Mon œuvre interrompue, et, tout en écrivant,
Parmi mes manuscrits je rencontrais souvent
Quelque arabesque folle et qu’elle avait tracée,
Et mainte page blanche entre ses mains froissée
Où, je ne sais comment, venaient mes plus doux vers.
Elle aimait Dieu, les fleurs, les astres, les prés verts,
Et c’était un esprit avant d’être une femme.
Son regard reflétait la clarté de son âme.
Elle me consultait sur tout à tous moments.
Oh ! que de soirs d’hiver radieux et charmants,
Passés à raisonner langue, histoire et grammaire,
Mes quatre enfants groupés sur mes genoux, leur mère
Tout près, quelques amis causant au coin du feu !
J’appelais cette vie être content de peu !
Et dire qu’elle est morte ! hélas ! que Dieu m’assiste !
Je n’étais jamais gai quand je la sentais triste ;
J’étais morne au milieu du bal le plus joyeux
Si j’avais, en partant, vu quelque ombre en ses yeux.
Victor Hugo (1802-1895)
Poète, dramaturge, prosateur et dessinateur romantique français, Victor Hugo est considéré comme l'un des plus grands écrivains de langue française. Il est aussi une personnalité politique et un intellectuel engagé. Homme de théâtre, il est l'un des chefs de fil du romantisme français. Il a fortement contribué au renouveau de la poésie et du théâtre.
Autres textes
Printemps
Il fait froid
Premier Mai
Demain dès l'aube
Sa biographie sur Wikipédia
Ce soir dans la paix des pipes
la mémoire est un plat froid,
la salive sur la lippe
remonte de l’autrefois.
On est toujours loin des nôtres
— entre eux et soi que de croix : —
quand tu te souviens de toi,
songeur, c’est encore un autre.
Au printemps des papillons
tu revois passer la morte,
elle suit le couloir long
et disparaît par la porte.
La voix de l’éclair te parle,
Renoue avec le passé
sous l’averse et la tempête
dans la nuit des girouettes
en prose et cristal français
tu ne comprends pas sa flamme.
Invente pour chaque image
l’énigme au double visage :
du dehors ou du dedans
lequel est le plus prenant ?
© Géo LIBBRECHT
Géo Libbrecht (1891-1976)
Poète belge qui s'est exprimé tant en picard qu'en français. Il a publié en français des dizaines de recueils en vers repris dans les dix volumes de Livres cachés.
Sa biographie sur Wikipédia
Les vieilles maisons sont toutes voûtées,
elles sont comme des grands-mères
qui se tiennent assises, les mains sur les genoux,
parce qu’elles ont trop travaillé dans leur vie ;
mais les neuves sont fraîches et jolies
comme des filles à fichus
qui, ayant dansé, vont se reposer
et qui se sont mis une rose au cou.
Le soleil couchant brille dans les vitres,
les fumées montent dévidées
et leurs écheveaux embrouillés
tissent aux branches des noyers
de grandes toiles d’araignées.
Et, pendant la nuit, sur les toits,
l’heure du clocher dont les ressorts crient –
et le poids descend –
s’en va vers les champs
et réveille subitement
toutes les maisons endormies.
Charles-Ferdinand Ramuz (1878-1947)
Ecrivain suisse romand, Charles-Ferdinand Ramuz a utilisé le parler vaudois, ce qui donne à son oeuvre un style singulier. Il est auteur de romans, d'essais et de poèmes où figurent au premier plan les espoirs et les désirs de l'être humain. Ramuz puisa dans d'autres formes d'art (peinture, cinéma) pour contribuer à la redéfinition du roman.
Sa biographie sur Wikipédia
Janvier pour dire à l’année « bonjour »
Février pour dire à la neige « il faut fondre »
Mars pour dire à l’oiseau migrateur « reviens »
Avril pour dire à la fleur « ouvre-toi »
Mai pour dire « ouvriers nos amis »
Juin pour dire à la mer « emporte-nous très loin »
Juillet pour dire au soleil « c’est ta saison »
Août pour dire « l’homme est heureux d’être homme »
Septembre pour dire au blé « change-toi en or »
Octobre pour dire « camarades la liberté »
Novembre pour dire aux arbres « déshabillez-vous »
Décembre pour dire à l’année « adieu, bonne chance »
Et douze mois de plus par an, mon fils,
Pour te dire que je t’aime.
Alain Bosquet (1919-1998)
Poète français d'origine russe (de son vrai nom Anatole Bisk), Alain Bosquet a passé son enfance à Bruxelles. Il s'est engagé dans l'armée américaine en 1942 puis dans l'armée française. Installé définitivement à Paris en 1951, il a collaboré à Combat, au Monde, au Figaro et à plusieurs maisons d'édition. Romancier et poète, il a fondé la revue Nota Bene. Il est mort à Paris le 17 mars 1998.
Sa biographie sur Wikipédia