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Nota : les textes publiés sur cette page ont fait l'objet d'une demande par courriel à leurs auteurs respectifs
(sauf certains auteurs-compositeurs-interprètes), ou bien ils sont envoyés spontanément par les auteurs publiés.
Et sauf mention spéciale, toutes les images proviennent de pixabay.com.
De septembre 2021 à janvier 2022, une version des poèmes a été réalisée avec une page par auteur. A voir ici.
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Le Monde de Poetika
Site & Revue de poésie en ligne
N° ISSN : 2802-1797
Je suis un insurgé
ma plume tourmentée
se perd au caniveau
des pauvres mendigots.
Je suis un déjanté
prônant l'égalité
avec ceux qui n'ont rien
com' si c'était humain.
Je n'ai que des chimères
à offrir en misère
aux frères dépourvus
que j'aime dans la rue.
De mes notes amères
je chante leur galère
mais ma guitare usée
ne peut m'accompagner.
Je n'ai que quelques mots
pour ce pauvre credo
mais je veux les crier
très forts au monde entier.
De mon cœur insolent
me reste un peu de sang
que j'étale en posant
ces ultimes tourments.
Je suis un indigné
ma plume révoltée
saigne au caniveau
des pauvres mendigots.
© Vik THOR
Vik Thor (?-2022)
Vik Thor se définit comme un vieux poète plutôt écriveur, venu tardivement à l'écriture après une longue vie très perturbée et erratique. Il n'a aucune notion des règles prosodiques ni de culture générale, encore moins littéraire. Il écrit toujours ce qu'il a vécu ou bien ses émotions face aux situations qui l'interpellent. Nul ne peut rester insensible à ses textes dont la thématique principale reste basée sur les travers de la société moderne, l'amour, l'exclusion, la révolte et l'injustice. Il nous quittés au début de l'année 2022.
→ Voir tous ses textes sur le site
→ Son blog
→ Sa page Facebook
Ne ris point des sonnets, ô critique moqueur !
Par amour autrefois en fit le grand Shakespeare ;
C'est sur ce luth heureux que Pétrarque soupire,
Et que le Tasse aux fers soulage un peu son cœur.
Camões de son exil abrège la longueur,
Car il chante en sonnets l'amour et son empire ;
Dante aime cette fleur de myrte, et la respire,
Et la mêle au cyprès qui ceint son front vainqueur.
Spencer, s'en revenant de l'Ile des féeries,
Exhale en longs sonnets ses tristesses chéries ;
Milton, chantant les siens, ranimait son regard ;
Moi, je veux rajeunir le doux sonnet en France ;
Du Bellay, le premier, l'apporta de Florence,
Et l'on en sait plus d'un de notre vieux Ronsard.
Charles-Augustin Sainte-Beuve (1804-1869)
Critique littéraire et écrivain, Sainte-Beuve est le représentant du romantisme, il est réputé pour ses critiques littéraires et la méthode d'écriture qu'il a employée.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Venise ruisselle, d'anciens portails croulent
Mon regard s'enferme tel l'espoir d'un blessé
Un déluge dévale les ponts à degrés
Mon âme divague comme une épave soûle.
Mes pas traînent, maladifs, au bord des canaux,
Son message bref fait trembler mon jugement
Comme un vautour patient sur sa proie du moment,
Dans ma poche nulle miette pour les moineaux.
Le Grand Canal s'éternise en balancements
Et sous l'ondée ses eaux ont la chair de poule
Sur un vieux pont, pressée, se dissout la foule,
Parfum d'un café serré : le déchirement !
Mes yeux visitaient les sous-bois de son âme
Je courtisais ces sentiers de nitescence
Mes lèvres se perdaient en rêves d'errance
Telle barcarolle au pouvoir de sésame.
Des soleils naissaient au coin de ses sourires
Poivrés et vifs comme graines de paradis
Mon sang battait ainsi qu'un vol de colibri,
Sa robe blanche cédait déjà au partir !
© Pierre DUCOURET
Pierre Ducouret (1946-)
Pierre Ducouret a été enseignant-chercheur des Universités de Poitiers et de Caen sans oublier une année passionnante de recherche à l'Université de Milan. Ses recherches ont concerné surtout l'activité électrique membranaire des cellules cardiaques. Aujourd'hui retraité, il a publié certaines de ses poésies dans la revue Friches et essentiellement dans la revue Florilège. Ce texte est extrait de son premier recueil de poésie, Désirs d'aurore et d'infini paru cette année aux Editions France Libris.
J'irai ce soir
Dire au revoir
À tous mes sentiments silencieux
Enterrer mes espoirs fallacieux,
Aux cris d'une solitude déchirante.
Au miroir de mes larmes abondantes,
Je penserai à toi ;
À nos souvenirs rafraîchissants,
J'en oublierai tes mots si blessants,
Ce que tu fus pour moi.
J'irai ce soir
Dire au revoir
À une vie que j'ai cru nouvelle
Qui a brûlé ma fierté fidèle.
J'irai cueillir
Dans le terreau de mes souvenirs
Tes sourires.
© Caroline BAUCHER
Caroline Baucher (1983)
Née en 1983, elle vit actuellement à Paris.
→ Voir tous ses textes sur le site
Son blog :
→ upanishad.free.fr/
Quand sur le chemin des écoliers
Mon cartable tous les jours me traînait,
Je n’avais qu’une seule et réelle envie
Celle de jouer au ballon ou aux billes
De m’allonger sous un arbre au soleil
Et de bayer aux corneilles !
Je réveillais mes godillots
A la fraîcheur des flaques d’eau
Cahiers et livres sur mon dos
Me pesaient tel un fardeau.
Aux calculs, dictées et conjugaisons
Je préférais jouer à saute-mouton
Et embêter les petites demoiselles
Qui dans la cour jouaient à la marelle.
Dans les marges de mes cahiers
Ma plume à chaque fois s’affolait
Et d’étoiles en fleurs exprimait
L’ennui qui en moi se languissait.
Souvent mes pensées s’envolaient
Avec les oiseaux de passage
Mon cœur alors s’affolait
A l’idée d’un si beau voyage.
Quand de mes rêves en goguette
Je défiais le maître et sa baguette,
J’honorais souvent de ma présence
Le coin dédié à la désobéissance
Celui près du noir tableau
Sur lequel la craie faisait crisser
Tant de chiffres et tant de mots
Que le soir j'avais déjà oubliés.
Je souriais de mon impertinence
Face à ce maître sans aucune patience
Et me disais que c’était une idée bien
folle
Que celle d’avoir inventé l’école.
© Marie-Christine TARTAGLIA
Marie-Christine Tartaglia
Originaire d'Alsace, Marie-Christine Tartaglia est une artiste accomplie. Elle fait du théâtre, intervient dans différentes bibliothèques en tant que lectrice auprès de jeunes enfants et participe également à la mise en place du Festival de musique progressive Prog en Beauce. Amoureuse de la littérature et de la poésie depuis toujours, elle écrit des poèmes depuis peu... Elle a publié deux recueils.
Autres textes :
Haïkus (3)
L'écolier
Ma rentrée
Maman
→ Sa page Facebook
Au cours des nuits où la tempête fait rage,
Assise dans mon lit, je suis du regard,
La lune qui soudain brille sous l’ombrage,
De tous ces nuages poussés par le vent ; fuyards.
J’entends d’une oreille distraite, le choc
Des vagues forcies d’orage, frappant le roc.
Et j’en oublie le bruit de ta respiration,
Emportée soudain par cette excitation.
Je me laisse bercer par le souffle du vent.
Retrouve calme, sérénité du moment.
Je m’allonge contre ton corps endormi.
Ton être comme ta peau ne sont que douceur.
Tes attentions, paroles m’emplissent de bonheur,
Réveillent en moi, de doux et profonds soupirs.
© Gyslaine LE GAL
Gyslaine Le Gal (1956)
Gyslaine Le Gal a le goût des personnages hauts en couleur et de la musique des mots. C'est en 2006, immobilisée pendant plusieurs mois suite à un accident, qu'elle écrit ses premiers poèmes Français/Anglais, principalement axés sur l’amour et édite trois recueils. En 2017, elle s'est lancée dans l’auto édition et a publié pas moins de dix romans dans les registres amour, drame psychologique et thriller. L’écriture se retrouve au cœur de sa vie. Son univers romanesque prend racine dans les histoires qu’elle a vécues de près ou de loin, les secrets et les passions qui la traversent.
Son blog :
→ https://lgyslaine.wordpress.com/
Je me souviens d’avoir échangé quelques mots,
Par un beau jour d’été, sur la plage,
Avec un vieil homme alerte
Assis sur le sable
Au bord de l’eau.
Il prenait pour une bénédiction absolue
Le fait de profiter de chacun des jours
S’offrant à lui.
Il m’a dit qu’à son âge canonique
Il n’était pas vraiment sûr
De se réveiller
Un prochain
Matin.
Mais qu’il aimerait bien
Tenir encore
Un peu,
Tant les lumières rouges du crépuscule
Lui font toujours espérer
La lumière blanche
De l’aube
Nue.
© Patrice PERRON
Patrice Perron (1951)
D'origine bretonne, cet auteur publie des poèmes, des courts récits, des nouvelles brèves et des notes de lecture dans des revues littéraires. Il lit ses textes en public, accompagné par des musiciens. Il participe également à des expositions en mêlant ses mots à des photos d'artistes. Son recueil, Les soubresauts de la planète, a remporté le Prix Jean-Claude Touzeil en 2020.
Depuis les sommets bleus jusqu'aux secrètes plages,
La splendeur elle-même enflamme l'air subtil
Et, comme un fin nectar envolé d'un pistil,
Quelque chose en nous deux prie au-delà des âges.
Quelque chose de frais, de suave et d'aimant
Qui va son pur chemin malgré l'heure amnésique,
Où ce que touche l'âme explose de musique,
Où les salves du cœur zèbrent le firmament.
Quelque chose à la fois de mûr et de languide
Que l'esprit à lui seul tient encore éveillé
Et que, sur nos mots clairs au ton émerveillé,
L'indicible promène avec des soins de guide.
Quelque chose d'occulte et même d'enivrant
Par quoi tout est plus beau, par quoi tout est plus vaste,
Dont le goût si profond nous brûle et nous dévaste,
Et dans lequel se cache un palais murmurant.
© Thierry CABOT
Texte extrait du recueil "La Blessure des Mots"
Thierry Cabot (1958)
"La Blessure des Mots" constitue l'oeuvre principale de Thierry Cabot et a fait l'objet de plusieurs éditions. Dans une veine souvent lyrique, il explore les replis de l’âme humaine, qu’il s’agisse de foi, d’amour, de déréliction, de révolte, de finitude ou de célébration de la vie. A une époque où fleurissent les genres divers, Thierry Cabot dans cette œuvre est demeuré fidèle à la prosodie classique, en cherchant sans cesse à renouveler la matière de son art. Outre des chroniques et des articles littéraires, il est également l’auteur de poèmes de forme libre et de vers rimés pour enfants.
Son blog :
→ http://p-o-s-i-e.over-blog.net/
Sous les tuiles, j'entends la pluie
Qui roule, déboule, s'enroule,
Jusqu'au bord du toit, sans soucis !
J'entends les gouttes finir en boules.
Je vois son cristal s'édifier en force,
Tombant allègrement des nuages gris,
Sans penser à l'obstacle qui la force,
A s'écraser avec fracas, avec parcimonie.
En multitudes de gouttes orchestrées,
La musique de la pluie pose ses refrains
Sur une portée de déferlantes illustrées,
Qui s'écoule sur nos trottoirs en vain !
La pluie nous invite souvent de sa vie,
Nos toits bien penchés parlent du climat,
Nos pluies ont leur chemin tout engourdi
Par ses fréquences et sa joie de tomber là !
© Christine DUHAMEL
Christine Duhamel (1961)
Originaire du Nord de la France, le coeur de Christine Duhamel vibre dans l'écriture de poèmes. Elle a créé son blog pour exprimer les envies, les joies et les peines vécues au fil de ce monde si compliqué parfois mais plein de jolies surprises aussi.
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Son blog :
→ https://www.didacticielles.com/
Aux premiers coups sur l’enclume
dans la campagne, les lumières s’allument
Le feu gronde d’aise, le fer chauffé à blanc
dans les braises devient incandescent,
et le son clair du marteau frappant le fer
rythme le chant joyeux du forgeron
Le chant lui donne force et courage
traduit son plaisir,
sa jouissance de soumettre le fer au feu,
le voir rougir, le frapper, l’aplatir,
lui donner la forme qu’il désire
le voir se tordre, se réduire
se conformer enfin à ce qu’il veut obtenir
Aujourd’hui, il forge un couperet
qu’à sa femme il veut offrir.
Il lui faut un tranchant sans faille
pour découper gibier et volaille
Voici l’instant crucial...
la trempe...
dans l’eau le métal écume, bouillonne ...
C’est le chant du fer furieux qu’il écoute
jusqu’à son dernier chuchotement...
Enfin il s’est tu.
l’outil est terminé, il peut soupirer.
© Paule MILAMANT
Paule Milamant (1940)
Membre associée de l'Académie de Mâcon, Paule Milamant est née à Saint-Étienne. Région que sa famille quitte pour s'installer à Chasselas. Durant ses études, elle entreprend une correspondance épistolaire avec celui qui deviendra son mari, un étudiant de l'École Royale Militaire Belge. Suivra une vie riche en déménagements, bouleversements, écrits non publiés, expositions de peinture.
A la retraite, elle revient à Chasselas, s'attache à l'histoire de son village, renoue avec l'écriture et édite quelques livrets. En 2019, l'Académie de Mâcon publie son tout dernier recueil La couleur des mots. Elle vient de terminer la rédaction de "Chasselas un village du sud-Mâconnais, histoire et légendes", ouvrage qui doit être publié en cours d'année.
Son site :
→ https://www.milamant.fr/
De la métrique, je m’en bats l’œil
Voyez donc, dès le premier vers,
Mes huit pieds marchent de travers.
Je m’fiche pas mal de l’hémistiche,
Et si la césure part en loque,
Je le dis tout haut, je m’en moque.
Ô les alexandrins alambiqués
Ourlés de rimes saucissonnées
Et les vers miteux de farine
Qui sentent la naphtaline !
Ô là là ! Ce qu’ils nous rasent
Les ampoulés de la phrase :
La poésie battant de la plume
Vaine et sans suc n’est pas mon truc.
Acrobate sans filet grimpe la rime
Corde tendue vers la beauté.
Et si cela me plaît de marier
Phénix avec oasix
Même si c’est pas des rimes riches,
Arrimons nos vers on s’en fiche.
De la fantaisie avant toute chose
Encanaillons les vers moroses,
Libérons la poésie des carcans,
Qu’elle sème partout la zizanie.
Poètes, prenez-en de la graine !
© Michelle Grenier
Ce texte a remporté le 2e Prix de poésie libre au concours des Amis du Château de Montrond-les-Bains (2018)
Michelle Grenier
Mich'Elle Grenier est poète, fabuliste et parolière. Persuadée que la poésie est l’essence du langage, elle nous invite, de sa voix singulière, à ne pas nous laisser tentaculer par le chiendent rampant. Car on prête souvent à la poésie des airs d'austérité voire de mélancolie chronique. Mich'Elle Grenier prouve le contraire et sans niaiserie, rimant avec une acuité personnelle sur les choses de la vie.
Elle a publié plusieurs recueils et figure au palmarès de plusieurs grands concours de poésie.
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Son site :
→ http://www.michellegrenierpoete.com/
Il dort au coin du feu dans un profond silence
Promène son museau tel un vrai maraudeur,
Attrapant la souris malgré sa somnolence,
D'un regard satisfait sous un air minaudeur.
Léchant avidement son poil qui le démange,
Se laisse caresser pour son ronronnement,
Miaule à petits cris pour tout ce qui se mange,
S'étire à son griffoir avec contentement.
Et parfois, il s'endort et semble qu'il paresse,
Tout en ronflant d'ennui quand il gèle dehors,
Ou joue à qui mieux-mieux de toute sa souplesse.
Posant, tout alangui, sous le reflet des ors
D'un somptueux coussin, trônant dessus son siège,
Avec la queue en l'air et digne d'un stratège !
© Stephen BLANCHARD
Stephen Blanchard (1952)
Créateur de l'Association "Les poètes de l'amitié - poètes sans frontières", Stephen Blanchard est aussi directeur de la revue internationale de poésie Florilège. Son association décerne chaque année trois prix d'édition à compte d'éditeur, dont le Prix d'Edition Poétique de la Ville de Dijon. Située en Côte d'Or, elle y organise depuis dix-neuf ans Les Rencontres Poétiques de Bourgogne. Il a par ailleurs publié plusieurs recueils de poésie dont le dernier, Effleuressences, paru au début de cette année.
→ Voir tous ses textes sur le site
Le site de l'association :
→ http://poetesdelamitie.blog4ever.com/
Quand chaque jour un mot
est le début d'une légende
si un sourire anéantit le temps
tout tourne dans le ciel
les oiseaux les nuages les étoiles
c'est la fête joyeuse de l'espoir
l'envol vers l'avenir des rêves
que scande l'horloge du coeur
© Jean BOUHIER
Jean Bouhier (1912-1999)
Poète et auteur de nombreux recueils, Jean Bouhier est le fondateur de l'Ecole de Rochefort (1941), avec le peintre Pierre Penon. Un mouvement poétique auquel se rallièrent très rapidement René Guy Cadou, Michel Manoll, Marcel Béalu, Jean Rousselot, Luc Bérimont, Yanette Delétang-Tardif, Gabriel Audisio...
→ Sa biographie sur Wikipédia
Les corps brûlent, le feu couve
Il faut juste que l'on trouve
Comment gérer le brasier
Pour ne pas tout incendier.
L'interdit happe nos doutes
Nous attire et nous envoûte
Il est d'un attrait brutal
Irréversible et fatal.
C'est la valse hésitation
Les fers de la tentation !
L'ombre plane, la nuit tisse
La confusion en coulisse
Comment pouvons-nous braver
Consommer sans consumer ?
Le désir fend nos cuirasses
Le ver est fruit de l'audace
Il met en effervescence
Nos plus fermes réticences.
C'est la valse hésitation
Les fers de la tentation !
Les corps brûlent, le feu couve
Il faut juste que l'on trouve
Comment gérer le brasier
Pour ne pas tout incendier.
Les corps brûlent, le feu couve
Il faut que nos mains se trouvent
Pour goûter l'incandescence
Sans donner dans l'indécence.
Recueil : Les Quatre Saisons, P.L.AY Editions
© Laurent AYÇAGUER
Laurent Ayçaguer (1967)
Poète et auteur aquitain, c'est par la musique, au lycée, en essayant de composer des paroles de chansons que Laurent Ayçaguer s'est découvert la passion des mots et de l'écriture. Il anime aujourd'hui des ateliers de poésie. Il a publié plus d'une dizaine d'ouvrages (textes + CD chansons) que vous pouvez vous procurer sur son site.
Autres textes :
Jeter l'encre
Con-fi-ne-ment
Toi et moi
Son site :
→ https://www.laurentaycaguer.com/
Quel rêve farfelu
de vouloir danser funambules
toi et moi sur le même fil
Nous avions trop bu
trop abusé du rhum parfumé
ton cou sentait la nuit
tes seins la girofle et la cannelle
Tu partais du nord-est
j’étais déjà à l’ouest
nous avions perdu le nord
En apesanteur
nous titubions l’un vers l’autre
notre histoire sentait le soufre
Attirés par le vide
nous valsons éthérés
dans les volutes dorées
des feux de la rampe
Aspirés par le vide
Nous sombrons
dans le crépuscule abyssal
sans baudrier ni filet
Il faut qu’amour et mort
étreignent dieux et déesses
© Henri BARON
Henri Baron (1967)
Né à La Rochelle, Henri Baron a choisi d'exercer le métier d'instituteur. Il consacre alors une grande partie de son temps libre à l'enfance qui l'inspire tout autant qu'il essaie de lui transmettre son amour de la poésie. Il ne se présente pas poète, mais plutôt comme un "écriveur de poèmes", un "passeur de mots", un "récréateur". Il aime bien ces expressions car après tout, en tant qu'instituteur, cela lui est même plutôt approprié, la poésie est aussi liée au temps libre... Devenu directeur de centre de vacances et de loisirs, formateur d'animateurs, il anime des ateliers d'écriture avec des enfants et de jeunes adultes.
→ Voir tous ses textes sur le site
Son blog :
→ https://henribaron.wixsite.com/grabouillages
Sa page Facebook :
→ https://www.facebook.com/henri.baron
Ô fièvre ingénue
Des poisseuses brumes !
Étrange inconnue
Grommelant l’écume !
Ton bassin d'auspices
Sent fort le supplice...
Levure funèbre,
Toi, pubis au vent,
Sur le bord des lèvres
Baves des bains blancs,
Et les flots ricanent
Des parfums profanes.
La barque macabre
Remplie de baisers,
Passe sous les arbres,
La mort ajourée...
L'intrigue fumante
De la revenante !
Eaux labyrinthiques,
Tes anneaux flottants
Vont syphilitiques
Vers tes joncs moussants,
Mon âme chavire,
S'envase à maudire.
Et je m'agenouille,
Rhizome de foi,
Parmi les grenouilles,
La morve et les oies,
Fou de pestilence
Entre anus et transes.
Ô fièvre ingénue
Des poisseuses brumes !
Étrange inconnue
Grommelant l’écume !
Tes roseaux m'adressent
D'obscures caresses.
La vague interprète,
À flots éperdus,
L'affreuse cliquette
Des lépreux tout nus...
Cauchemar suave,
Ta vulve à l'épave.
Méandres fantômes,
Les soirs d'ex-voto,
Le caveau des aulnes
Brasille tes eaux
M'infusant de spasmes...
Lugubres orgasmes !
© Frédéric COGNO
Frédéric Cogno
Autodidacte, rêveur et passionné, épris de poésie et de théâtre, Frédéric Cogno est éducateur auprès d'adultes handicapés mentaux et animateur-poète dans une maison de retraite. Il s'évertue à partager des émotions et la saveur des mots. Auteur de plusieurs recueils de poésie, il a aussi mis en scène un conte musical pour enfants.
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Une feuille sèche se noie aux flaques
Que le ciel gris, à grands pleurs, fait buller,
Il va falloir bouffer du bitume, flasque
Dans sa peau, le regard hagard, brûlé
Par trop de veille sur écran portable,
Chaque matin à venir désormais…
Va falloir, sans broncher, rester à table
Des heures durant en espérant mai.
Retrouver, pas réveillé, tous les autres
Encore ensommeillés, entre boueux
Parterres et gazon jauni, saint apôtres
D’une nature qui s’endort un peu.
Va falloir affronter la brise fraîchie,
Ces foutus devoirs, le chahut des foules,
Les heures qui n’en finissent pas, blanchies
À la craie, noircies à l’encre, Ma poule,
C’est jour de rentrée entre « beurk » et « bof »,
Les cours retrouvés qui foutent par terre.
Vivement la récré, laps salutaire…
Car vrai, c’est dur, ce jour-là, d’être prof !
© Christian SATGÉ
Christian Satgé (1965)
Auteur prolifique, fabuliste et conteur éclectique, Christian Satgé est professeur d'histoire-géographie dans le département des Hautes-Pyrénées. Il a publié plusieurs recueils et près d'une cinquantaine de ses textes figurent dans Le Monde de Poetika. Son dernier ouvrage est une pièce de théâtre "Belize".
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son blog : → https://lesrivagesdurimage.blogspot.com/
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C'est l'été qui s'achève et ce matin s'allume
Dans le chant des oiseaux en titillant ma plume…
Mais l'encre s'est figée coagulant les vers
Qui auraient pu fleurir. Mon cœur est à l'envers.
Futur sans avenir, croupissent mes journées
Engluées de silence pour des rêves mort-nés.
Où sont les percussions qui rythmaient, autrefois,
Les chansons syncopées qui emportaient ma voix ?
Je pleure de tristesse en regardant ce monde
Qui se voulait jardins. Les humains sont immondes.
Pourtant je me rebiffe, je rue dans les brancards
Qui entravent mes flancs, sans suivre les tocards
Masqués, débilités, regards accusateurs,
Abrutis des merdias si manipulateurs…
Regardez-moi, hostile, refuser tous les jougs
Loin de moi l'idée même de tendre l'autre joue.
Comme les Télamons, aussi libre et rebelle
Je rejoins l'horizon en déployant mes ailes ;
Du moins, dans l'écriture, bien mieux que le divan !
Mes accus rechargés, je file avec le vent…
* Errebelde naiz : je suis rebelle (basque)
© Nina PADILHA
Nina Padilha
Nina Padilha est écrivaine, poétesse et auteure de chansons qui se lance aujourd'hui dans l'écriture d'un nouveau roman de science fiction Au-delà des étoiles... Multi culturelle de par sa naissance, loin de France, et ses nombreux voyages qui lui ont permis d'acquérir un bagage intellectuel conséquent.
Quinquagénaire, elle a vécu plusieurs tranches de vie parfois difficiles, mais elle affiche toujours le sourire éclatant d'une éternelle optimiste !
Elle écrit depuis toujours des poèmes au vocabulaire très riche. Elle est aussi auteure de chansons, en français et en brésilien.
Variant sa plume, elle s'est plongée dans l'écriture de romans avec enthousiasme.
Son blog :
→ https://les-nouvelles-chaises-de-nina.blog4ever.com/
Nos Montagnes du Matin
sans même en attendre l'heure
se sont habillées d'automne
Mais Septembre n'a pas encore
joué sa partition
les caresses du soleil lui siéent
sauvera-t-il l'arrière saison ?
Au gré du vent et du plafond céleste
quelques estampes matinales
n'empêcheront point l'été
d'essayer une dernière percée
© Annick CHEYLUS (nom d'artiste : ABC)
Annick Cheylus
Au jardin des mots : poésie, comptines, haïkus, photos et jeux de mots ! Annick a publié plusieurs recueils chez thebookedition.com.
Son blog :
→ http://jardin-des-mots.eklablog.com/
J'ignore si ce que j'aime en vous, c'est vous
Mes idées deviennent floues, je suis à bout
Pourquoi vous ?
Et ce vertige qui me prend tout à coup
Il me viendrait d'où ?
De moi ou de vous ?
Je me sens vraiment en dessous de tout
Je ne tiens plus bien debout,
Sans doute un coup de grisou.
Inutile de me mettre en joue, j'avoue,
Comme un arrière goût d'amour fou,
D'amour Tabou
© Françoise HARDY
Françoise Hardy (1944-2024)
Auteure-compositrice-interprète et actrice. Sur des mélodies mélancoliques qu’elle affectionne, le répertoire de Françoise Hardy est en grande partie le reflet des doutes, des interrogations et de l’anxiété que suscitent en elle les tourments des relations sentimentales et de la nostalgie en général.
Parallèlement à l’écriture de chansons, elle porte de l'intérêt à l’astrologie, qu’elle appréhende comme complément à la psychologie.
→ Sa biographie sur Wikipédia
→ Voir le clip sur YouTube
Je te regarde
visible dans l'invisible
te vois
lumière dans la lumière
te reconnais
comme un frisson sur la peau
mais ne te connais pas
plus que la beauté
d'une espérance
Langue impudique
qui suggère
et nous parle
de conscience pure
langue orale ou gravure
dans le monolithe du corps
de la source impure
à l'océan
de nos âmes
conversations incessantes
chevauchées caillouteuses
qui ricochent
des unes aux autres
vagues écumeuses
de multiples marées
Un écho seul
occupe le lieu
des insouciances
dans la cohue nocturne
de nos solitudes
une apesanteur propre
à l'univers
de ton regard
chorégraphie d'étoiles
et l'embrasement obscène
des perséides
Des caresses respirent
la rosée
se lisent délicatement
sous le soleil ou la neige
dans un éclat
de voix
des oiseaux aident les heures
à devenir le soir
rencontrent nos corps
des étreintes connues
et inconnues
qui désaltèrent
effacent le temps
dénudent l'infini
© Christophe CONDELLO
Christophe Condello
Christophe Condello est un des derniers brûleurs de loups.
À la fois poète, haïkiste, pacifiste et philosophe, il est né à Grenoble et vit maintenant à Laval (Québec).
Il a publié plusieurs recueils de poésie et aussi dans de nombreuses revues littéraires. Il aime particulièrement la vie, le vin, les voyages improvisés et sans fin, le bruit du vent dans les feuilles et le plaisir de pêcher sans appât.
Son dernier recueil Entre l'être et l'oubli vient d'être publié chez l'éditeur Pierre Turcotte (Montréal).
Son blog :
http://christophecondello.wordpress.com/
Sourire d'un ciel pur, miroir céruléen.
Secret d'Amour du vent aux vagues parfumées.
Langueur d'un silence en éveil aérien.
C'est un petit matin naissant dans les vallées.
Un charme infini dans son mystère ébloui.
Et lever de rideau des ombres d'épouvante,
Dans la peur des lueurs, retournant à la nuit.
C'est un petit matin en position latente.
Puis blessure du temps aux larmes de lumière.
Blondeur du soleil et son regard éternel
Sur la nature en vrac en cette heure première.
C'est un petit matin encor tout maternel.
Atmosphère angélique au-delà de l'offrande,
Qui ruisselle dans l'air aux reflets de saveurs.
Un vieux clocher joyeux sonnant la sarabande.
C'est un petit matin qui appelle au bonheur.
Un vol d'oiseaux nous dit que la vie est présente.
Les amants s'éveillent et se parlent d'Amour.
Les ruisseaux, les rivières, les fontaines chantent.
C'est un petit matin annonçant un beau jour.
© Gérard BOLLON-MASO
Gérard Bollon-Maso (1947)
Né en région parisienne, Gérard Bollon-Maso habite à Villeurbanne. Fan de poésie depuis son enfance, il écrit depuis une vingtaine d'années.
Il publie ses textes dans des revues de poésie et a deux recueils édités en 2012 et 2015.
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Son blog :
→ http://cielbleu69.eklablog.com/
Un souffle apaisé dans la pénombre de bois.
La maison s’est endormie, elle vit dans une tranquille pulsation.
J’entends le martèlement léger des touches de l’ombre.
Un plat en cuivre brille vertical dans l’obscurité.
La table est ronde, claire, cercle de l’harmonie.
Sur un mur glissent de scintillantes arabesques.
Le temps secrète des syllabes d’argile et d’écume.
© António RAMOS ROSA
António Ramos Rosa (1924-2013)
Ecrivain, poète et essayiste portugais, António Ramos Rosa est considéré comme l'une des grandes figures de la poésie portugaise contemporaine.
→ Sa biographie sur Wikipédia
J'ai vécu sans le savoir,
Comme l'herbe pousse...
Le matin, le jour, le soir
Tournaient sur la mousse.
Les ans ont fui sous mes yeux
Comme à tire-d'ailes.
D'un bout à l'autre des cieux
Fuient les hirondelles...
Mais voici que j'ai soudain
Une fleur éclose.
J'ai peur des doigts qui demain
Cueilleront ma rose,
Demain, demain, quand l'Amour
Au brusque visage
S'abattra comme un vautour
Sur mon coeur sauvage,..
Quand mes veines l'entendront
Sur la route gaie,
Je me cacherai le front
Derrière une haie.
Quand mes cheveux sentiront
Accourir sa fièvre,
Je fuirai d'un saut plus prompt
Que le bond d'un lièvre.
Quand ses prunelles, ô dieux,
Surprendront mon âme,
Je fuirai, fermant ses yeux,
Sans voir feu ni flamme.
Quand me suivront ses aveux
Comme des abeilles,
Je fuirai, de mes cheveux
Cachant mes oreilles.
Quand m'atteindra son baiser,
Plus qu'à demi-morte,
J'irai sans me reposer
N'importe où, n'importe
Où s'ouvriront des chemins
Béants au passage,
Éperdue et de mes mains
Couvrant mon visage ;
Et, quand d'un geste vainqueur,
Toute il m'aura prise,
Me débattant sur son coeur,
Farouche, insoumise,
Je ferai, dans mon effroi...
D'une heure nouvelle.
D'un obscur je ne sais quoi,
Je ferai, rebelle,
Quand il croira me tenir
A lui toute entière
Pour regarder l'avenir,
Vingt pas en arrière !...
S'il allait ne pas venir !…
© Marie NOEL
Marie Noël (1883-1967)
De son vrai nom Marie Rouget, Marie Noël est une poétesse et écrivaine française. Femme passionnée et tourmentée, elle n’est souvent connue que pour ses œuvres de « chanson traditionnelle », au détriment de ses écrits plus sombres, dont la valeur littéraire et la portée émotive sont pourtant bien plus fortes.
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Un jour, peut-être, un jour, oui, j’espère, un beau jour,
Vous vous étonnerez de nos temps difficiles,
Des haines justifiant nos guerres imbéciles,
Vous, les libres enfants de nos pauvres amours,
Nous ne serons pour vous que de lointains fossiles.
Vous, les enfants d’un monde éclatant de bonheur,
Sans frontières, menant à travers les espaces
Sans souci de parquer les peuples ni les races
La seule humanité qui poursuivra sans heurts
Son immense voyage où nos douleurs s’effacent.
Nous vivons dans un temps dont les plus grands trésors
Sont l’argent, le profit, la misère et la peine.
Aux uns tous les mépris, la faim, la soif, la haine ;
Aux autres le plaisir d’adorer le veau d’or
Et qu’importe pour eux l’esclave qu’on enchaîne.
Le spectacle du monde est chaque soir offert
Par la télévision avec ou sans péage.
Je vois les torturés en prenant mon potage,
Je mange mon bifteck en regardant l’enfer,
Et la mort des enfants m’est offerte au fromage.
J’ai mon petit bonheur, mon paisible clapier.
Si je reste bien sage, on me permet d’y vivre.
J’ai mes indignations, mes rages et mes livres.
Je peux crier, hurler, taper des mains, des pieds :
Je ne vaux pas plus cher qu’à Sparte un ilote ivre.
Nous sommes devenus des pions, des dominos,
Maniés par des puissants au-dessus de nos têtes.
De case en case va la vie qu’ils nous ont faite,
Leur tiercé, leur loto, leur race, leur techno.
Et nous ne savons plus ce qu’était un poète.
Nos maîtres, ces tyrans se disant innocents,
Officient chaque jour dans leur temple, la Bourse ;
La calculette en main, ils vont faire leurs courses,
Pour vendre ou acheter du blé, du vent — du sang.
Ils nous ont fait payer jusqu’à l’eau de nos sources.
Un écran vert s’allume, ils poussent un bouton :
Quelque part des soldats près des fusées s’empressent.
L’enfer s’est déchaîné : morts, cris, larmes, détresses.
Des digues sont rompues. En bourse, que dit-on ?
« La courbe du Profit remonte et se redresse. »
Comment comprendrez-vous le chaos de ce temps ?
Des peuples affamés voient brûler des récoltes.
Dans les cris des mourants, les danseurs virevoltent.
On pille, on viole, on tue, on torture. Et pourtant,
J’espère encore en vous, enfants de nos révoltes !
Ne nous méprisez pas dans vos temps plus heureux,
Nous, les gens d’aujourd’hui dont l’espoir vagabonde :
Cet enfant méprisé, c’est David et sa fronde.
Démuni, sans pouvoir, chacun fait ce qu’il peut
Pour qu’un jour, un beau jour, vous acheviez le monde.
© Jacques CHARPENTREAU
Jacques Charpentreau (1928-2016)
Poète, nouvelliste, romancier et essayiste, Jacques Charpentreau a été instituteur puis professeur de français à Paris et en Essonne. Ses œuvres comptent une quarantaine de recueils de poésies, mais aussi des contes, des nouvelles, de nombreuses anthologies, des essais et des dictionnaires. Il a dirigé diverses collections de poésie. Ses poèmes ont souvent été mis en musique et se retrouvent dans de nombreux livres et manuels scolaires, en France et à l'étranger.
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Soir noir.
Neige blanche.
Il vente, il vente !
On ne tient pas sur ses jambes.
Il vente, il vente !
Sur toute la terre de Dieu !
Le vent moire
La neige blanche.
Sous la neige — la glace.
Et l’on glisse. Que c’est pénible !
Tous les piétons
Glissent — Ah ! les pauvrets.
D’une maison à l’autre
Une corde tendue ;
Sur la corde, un placard :
« Tout le pouvoir à l’Assemblée Constituante !... »
Une pauvre vieille se lamente et pleure,
Elle ne comprend pas ce que cela veut dire —
Pourquoi un tel placard,
Un chiffon si grand ?
Combien de portianki
On en pourrait faire aux enfants —
Il en est tant qui vont sans chemise et pieds nus...
Le vent cingle,
Le gel ne cesse
Et le bourgeois, au carrefour,
Cache le nez dans son collet.
En voici un autre, en froc à longs pans,
Qui passe à l’écart, derrière le tas de neige.
— Tu n’es pas gai, à présent,
Camarade pope ?
Te souviens-tu, autrefois
Tu marchais le ventre en avant
Et ton ventre, de par ta croix,
Sur le peuple rayonnait ?
Voici une dame en pelisse d’astrakan
Qui se penche vers une autre.
— Que nous avons pleuré, pleuré...
Elle glisse
Et vlan ! s’étale !
Aïe ! Aïe !
Tire-la, relève-la !
... Nous aussi, nous avons eu assemblée...
... Dans cette maison...
... On a délibéré —
... Décidé...
... Pour un moment, dix —
Pour une nuit, vingt-cinq —
Et n’accepter moins de personne...
... Allons nous coucher...
Tard dans la soirée,
La rue devient déserte,
Seul, un vagabond
Marche, voûté.
Et le vent siffle...
Hé ! le pauvre !
Approche —
Embrassons-nous...
— Du pain !
— Et après ?...
— Passe !
Ciel noir, noir.
Une fureur, une triste fureur
Soulève le cœur...
Fureur noire, sainte fureur...
Camarade ! Tiens-toi
Sur tes gardes !
© Alexandre BLOK
Alexandre Blok (1880-1921)
Poète russe, Alexandre Blok est née dans une famille aisée. Il fréquente le monde aristocratique dans le manoir de Shakhmatovo, près de Moscou, où il découvre la philosophie de son oncle Vladimir Soloviev ainsi que les poètes du XIXe siècle. Passionné de théâtre, Blok participe à de nombreux spectacles d'amateur dans la maison de Lioubov Mendeleïeva qu'il épouse en 1903. Mais il mène une vie privée tumultueuse, fréquentant souvent des prostituées et les quartiers tziganes. Sa biographie intime se trouve tout entière dans son œuvre lyrique que se partagent trois volumes. Plok rédige Douze entre le 8 et le 28 janvier 1918. La publication de ce texte provoque une vraie tempête. Peu d’écrivains ont osé faire aussi vite de la Révolution le thème central d’une œuvre littéraire. Les poèmes, au nombre de douze, n’en forment qu’un, liés entre eux par la continuité narrative de l’avancée des douze soldats dans la tempête de neige.
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Voici que la saison décline,
L’ombre grandit, l’azur décroît,
Le vent fraîchit sur la colline,
L’oiseau frissonne, l’herbe a froid.
Août contre septembre lutte ;
L’océan n’a plus d’alcyon ;
Chaque jour perd une minute,
Chaque aurore pleure un rayon.
La mouche, comme prise au piège,
Est immobile à mon plafond ;
Et comme un blanc flocon de neige,
Petit à petit, l’été fond.
© Victor HUGO
Victor Hugo (1802-1885)
Poète, dramaturge, prosateur et dessinateur romantique français, Victor Hugo est considéré comme l'un des plus grands écrivains de langue française. Il est aussi une personnalité politique et un intellectuel engagé. Homme de théâtre, il est l'un des chefs de fil du romantisme français. Il a fortement contribué au renouveau de la poésie et du théâtre.
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Dans le bois obscurci
Les trompes hurlent hululent sans merci
Sur les tam-tams maudits.
Nuit noire, nuit noire !
Le lait s’est aigri
Dans les calebasses
La bouillie a durci
Dans les vases
Dans les cases
La peur passe, la peur repasse,
Nuit noire, nuit noire !
Les torches qu’on allume
Jettent dans l’air
Des lueurs sans volume,
Sans éclat, sans éclair,
Les torches fument,
Nuit noire, nuit noire !
Des souffles surpris
Rôdent et gémissent
Murmurant des mots désappris,
Des mots qui frémissent,
Nuit noire, nuit noire !
Du corps refroidi des poulets
Ni du chaud cadavre qui bouge
Nulle goutte n’a plus coulé
Ni du sang noir, ni du sang rouge,
Nuit noire, nuit noire !
Les trompes hurlent, hululent sans merci
Sur les tam-tams maudits,
Nuit noire, nuit noire !
Peureux le ruisseau orphelin
Pleure et réclame
Le peuple de ses bords éteints
Errant sans fin, errant en vain
Nuit noire, nuit noire !
Et dans la savane sans âme
Désertée par le souffle des anciens
Les trompes hurlent, hululent sans merci
Sur les tam-tams maudits
Nuit noire, nuit noire !
Les arbres inquiets
De la sève qui se fige
Dans leurs feuilles et dans leur tige
Ne peuvent plus prier
Les aïeux qui hantaient leur pied
Nuit noire, nuit noire !
Dans les cases où la peur repasse
Dans l’air où la torche s’éteint
Sur le fleuve orphelin,
Dans la forêt sans âme et lasse
Sur les arbres inquiets et déteints
Dans les bois obscurcis
Les trompes hurlent, hululent sans merci
Sur les tam-tams maudits
Nuit noire, nuite noire !
© Birago DIOP
Birago Diop (1906-1989)
Poète et conteur sénégalais, Birago Diop avait restauré l'intérêt général pour les contes africains et avait été promu au rang des plus grands écrivains africains francophones. Vétérinaire de formation, diplomate et porte-parole du mouvement littéraire de l'Afrique Noire, Diop est un exemple de "l'homme de la Renaissance africaine".
→ Site dédié au poète
Sous les ifs noirs qui les abritent,
Les hiboux se tiennent rangés,
Ainsi que des dieux étrangers,
Dardant leur œil rouge. Ils méditent.
Sans remuer ils se tiendront
Jusqu’à l’heure mélancolique
Où, poussant le soleil oblique,
Les ténèbres s’établiront.
Leur attitude au sage enseigne
Qu’il faut avant tout qu’il craigne
Le tumulte et le mouvement.
L’homme ivre d’une ombre qui passe
Porte toujours le châtiment
D’avoir voulu changer de place.
Charles Baudelaire (1821-1867)
Connu pour sa vie de bohême et poéte torturé, il ne publia de son vivant qu'une seule oeuvre "Les Fleurs du Mal", recueil qui fut condamné et censuré dès sa sortie en 1857 car trop choquant pour la morale bourgeoise avant de passer à la postérité. Criblé de dettes, il séjournera durant deux ans en Belgique (1864-1866) pour y donner des conférences mais sa santé se dégrade. Il revient à Paris où il meurt un an plus tard à l'âge de 46 ans des suites de la syphilis, d'abus d'alcool et autres drogues.
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Je vous écris d'Occitanie
Martin Michel Brigitte Annie
amis aux noms d'ange ou de saint
je vous écris du Limousin
où ciel et sol me sont cousins
depuis Saint-Martin-La-Méanne
dans cette poste même qui
contient la chambre où je naquis
en mille neuf cent trente cinq
d'une Marie et d'un Antoine
et où ma mère hélas mourut
sans que jardin foirail ou rue
n'en portent pour autant le deuil
je viens vous dire qu'à mon œil
selon ce que Martin m'indique
pour bien mener ma vie pratique
j'ai fait deux parts à l'existence
une moitié pour le salaire
que j'ai voulu non militaire
et l'autre demie bénévole
donnée sans prix ni récompense
la poésie après l'école
même s'il faut pour changer l'homme
sans l'aller dire jusqu'à Rome
qu'on soit prisonnier ou gardien
parfois trancher le nœud gordien.
© Michel-François LAVAUR
Michel-François Lavaur (1935-2015)
Corrézien d'origine, poète, dessinateur, peintre et sculpteur, Michel-François Lavaur a été animateur de la revue et des éditions Traces, dans
sa "fourbithèque". Traces, c'est d'abord un style : rien d'une revue sur papier glacé, une facture artisanale, faussement désordonnée (les poèmes présentés sont réunis par un subtil jeu d'écho), illustrée de nombreux graphismes souvent de l'auteur, et envoyée dans des enveloppes recyclées transformées en pièce de Mail art.
La même rigueur informelle préside aux choix des poèmes présentés : auteurs connus, "reconnus"
et parfaitement inconnus (Traces aurait publié un millier d'auteurs).
→ Site consacré à M.F. Lavaur
La vérité, pour se dire,
Embrasse tes lèvres.
Le soleil, pour briller,
Doit, chaque jour, se lever,
Des rayons de ton ombre.
Les étoiles, en colliers, se bousculent sans nombre,
Pour venir, assoiffées, boire, à ton cou, les coupes de lumière
Sans lesquelles elles ne seraient que constellations sombres.
Quand leurs ailes se déploient,
Les oiseaux imitent ta voix,
Pour chanter mon amour pour toi,
Ses peines et ses joies.
Les dunes, en courbes, s’échinent dans tous les sens,
Pour imiter tes hanches qui, à chaque pas, dansent.
Jalouses de toi, toutes les mers, en colère, divaguent
Et des fléaux de leurs vagues,
Fouettent rageusement les cieux
Qui ont caché, dans l’écrin de tes yeux,
Les diamants les plus précieux.
Et moi, mon amour,
Depuis toujours,
De tous les joyaux de la terre,
C’est ton cœur que je préfère !
Mokhtar El Amraoui (1955)
Poète d’expression française né à Mateur, en Tunisie, Mokhtar El Amraoui a enseigné la littérature et la civilisation françaises pendant plus de trois décennies, dans diverses villes de la Tunisie. Il est passionné de poésie depuis son enfance. Il a publié quatre recueils de poésie et plusieurs de ses poèmes ont été publiés sur Internet et en revues-papier.
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Paris a froid Paris a faim
Paris ne mange plus de marrons dans la rue
Paris a mis de vieux vêtements de vieille
Paris dort tout debout sans air dans le métro
Plus de malheur encore est imposé aux pauvres
Et la sagesse et la folie
De Paris malheureux
C’est l’air pur c’est le feu
C’est la beauté c’est la bonté
De ses travailleurs affamés
Ne crie pas au secours Paris
Tu es vivant d’une vie sans égale
Et derrière la nudité
De ta pâleur de ta maigreur
Tout ce qui est humain se révèle en tes yeux
Paris ma belle ville
Fine comme une aiguille forte comme une épée
Ingénue et savante
Tu ne supportes pas l’injustice
Pour toi c’est le seul désordre
Tu vas te libérer Paris
Paris tremblant comme une étoile
Notre espoir survivant
Tu vas te libérer de la fatigue et de la boue
Frères ayons du courage
Nous qui ne sommes pas casqués
Ni bottés ni gantés ni bien élevés
Un rayon s’allume en nos veines
Notre lumière nous revient
Les meilleurs d’entre nous sont morts pour nous
Et voici que leur sang retrouve notre coeur
Et c’est de nouveau le matin un matin de Paris
La pointe de la délivrance
L’espace du printemps naissant
La force idiote a le dessous
Ces esclaves nos ennemis
S’ils ont compris
S’ils sont capables de comprendre
Vont se lever.
Paul Eluard (1895-1952)
Nom de plume d'Eugène Grindel, Paul Eluard est un poète français. Il adhère au dadaïsme et devient l'un des piliers du surréalisme. Obligé d'interrompre ses études à cause de la tuberculose, il séjourne en sanatorium où il rencontre une jeune russe qu'il prénomme Gala. Impressionné par sa forte personnalité, c'est d'elle qu'il tient son premier élan de poésie amoureuse. Il l'épouse début 1917. Malgré sa santé défaillante, il est mobilisé en 1914, puis publie ses premiers poèmes. Au lendemain de la Grande Guerre, il adhère au mouvement Dada puis s'engage dans celui du surréalisme. En 1928, il repart en sanatorium accompagné de Gala. C'est là qu'elle le quitte pour Salvador Dali. Autour d'un voyage autour du monde, il rencontre Maria Benz (Nusch) qui devient sa muse et lui inspirera ses plus beaux poèmes d'amour. Plongé dans le désespoir après le décès de Nusch en 1946, il rencontre Dominique qui devient sa dernière compagne et pour laquelle il écrit le recueil "le Phénix" consacré à la joie retrouvée. Il succombe à une crise cardiaque le 18 novembre 1952 et sera inhumé au Père Lachaise.
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→ Biographie détaillée sur Wikipédia
Qui es-tu l’homme — assassin ou héros
Toi, que la nuit a élevé pour l’action.
Entre tes mains le sort du vieillard et de l’enfant
Et ton visage dissimulé
Tel un golem face au monde
Réduiras-tu en cendres la ville ou la patrie ?
Attends ! Tremble dans ton coeur ! Ne t’en lave pas les mains !
Ne cède pas le verdict à l’histoire non accomplie !
À toi le glaive et à toi la balance.
Par dessus le soucis des hommes, l’espoir et la colère
Tu sauves ou tu perds
La république.
Tu es bon et parfois parmi les tiens
Tu caresses la tête claire des enfants
Mais si un million de familles te maudissent ?
Gare à toi ! Que restera-t-il de tes bonnes journées ?
Que restera-t-il de tes discours vigoureux ?
L’obscurité arrive.
Dans ta main humaine, o combien humaine,
Des villes bruyantes, et des champs, des mines et des navires.
Regarde. Ta ligne de vie passera par ici.
Trois fois béni
Trois fois maudit
Souverain du bien
Ou souverain du mal.
Czeslaw Milosz (1911-2004)
Poète, romancier, essayiste et traducteur polonais et américain, Czeslaw Milosz est considéré comme un des poètes majeurs du XXe siècle et a reçu le prix Nobel de littérature en 1980. Il sera attaché culturel à Washington, puis à Paris, mais en 1951, il rompt avec la Pologne et entre en dissidence. Il s'exile une dizaine d'années à Paris, puis il part en Californie à l'université de Berkeley où il enseigne le slave. En 1993, l’écrivain rentre en Pologne où il est attendu comme un barde national. Quelque soit le mode d’expression, ses interrogations se portent la plupart du temps en terme de foi, de métaphysique, d’éthique, d’esthétique et de politique.
→ Biographie détaillée sur Wikipédia
Le chat ouvrit les yeux,
Le soleil y entra.
Le chat ferma les yeux,
Le soleil y resta.
Voilà pourquoi, le soir,
Quand le chat se réveille,
J'aperçois dans le noir
Deux morceaux de soleil.
Maurice Carême (1899-1978)
Poète et écrivain belge de langue française, il écrit ses premiers vers inspirés par une amie d'enfance. Il devient instituteur de métier à Anderlecht-Bruxelles où il passera le reste de sa vie, tout en continuant à écrire poésies et comptines. Élu « Prince en poésie » au Café Procope à Paris en 1975, Maurice Carême est traduit dans le monde entier. Il est en particulier très apprécié pour son amour des enfants, un registre essentiel de son œuvre. Une oeuvre abondante qui comprend quelque quatre-vingt recueils de poèmes, contes, romans, légendes dramatiques, essais, traductions de poèmes néerlandais de Belgique.
Autres textes :
A la petite épicerie
L'école
Pour ma mère
La main de ma mère
Le goûter
Fondation Maurice Carême :
http://www.mauricecareme.be/index.php
→ Biographie détaillée sur Wikipédia
Ce soir tu me reviens en mémoire
Ce soir juste pour te revoir
Il me suffit de te penser
Pour retrouver la pluie d'été
La fille du vent
La femme enfant
Lumineuse noctambule
Sous la lune funambule
De tes fol éclats de rire
Se jouant de leurs désirs
Ta robe pourpre est si légère
Dans les bras des éphémères
Tes longs cheveux en révérence
Ont les chemins de l'indécence
De pirouettes en farandoles
L'alouette carambole.
Ce soir tu me reviens en mémoire
Ce soir juste à te revoir
Je crains encore pour la gitane
L'échappée belle dans les flammes
Est-elle celle que tu imagines
Une vie de fêtes et de vanille ?
Te jouant sans crainte des lois
Les loups pestent dans les bois.
Ils voudraient renier les fantaisies
De cette poésie qui est ta vie.
Cigale rêveuse et sans soucis
Généreuse et tendre amie
Lumineuse noctambule
Sous la lune funambule
Laissant éclater ta joie
Brûlant ta vie à tout va
Reste celle que tu crois
Sans te méprendre sur leurs choix
Il me suffit de te penser
Pour retrouver la pluie d'été.
Florence Issac
Florence Issac habite en région parisienne. Après la publication de ses premiers ouvrages, elle crée dans un but de collaboration et d'échanges en 2003, l’association L’échappée belle regroupant des amis artistes de tous bords. En mars 2006, elle fait partie des membres des poètes du monde et adhère au manifeste pour la paix. L’échappée belle se spécialise plus particulièrement en 2010 dans le domaine de la publication d'auteurs. Elle comprend actuellement sept collections : poésie, architecture, photographie, danse, roman-nouvelles, théâtre et essai.
→ Son site
→ L'échappée Belle Edition
Y’a cette foule automate venue pour profiter
excitation de la chair à pas cadencés
Y’a d’la musette dans la sono
du Sardou et du disco
du bonheur clé en main sauce mayo
Y’a des p’tits coqs qui montent sur leurs ergots
des coqs en pâte qui font les vieux beaux
Y’a cette rengaine au son désuet
vieux limonaire et sa mélopée
on ne peut pas être et avoir été
Y’a de la barbe à papa et des yeux gourmands
volutes de nuages arrachés au vent
au stand de tir on vient tuer le temps
Y’a du rire gras vendu avec des frites saucisses
y a du Johnny au box-office
tatouages, t-shirts, sosies de Johnny
ce désir fou de vivre une autre vie
Y’a des couples habillés façon country
peut-être les cow-boys de Tennessee
devant des petits chevaux en bois et un panier garni
Y’a des gros bikeurs tatoués
s'en fout la mort et les curés
yeux de chrome et bras d’acier
peluche rose sur la Harley
Y’a du bas-résille et de la cuisse canaille
y a du regard qui colle et du regard qui gouaille
des fessiers tape-à-l’œil qui s’agitent et balancent
sous le string et le rimmel y’a d’la romance
Y’a la fatigue en fin de journée
à voir passer par milliers
des bouches des culs des nez
des coudes des seins des pieds
la fête à Neuneu en bande organisée
On voudrait juste se poser un instant
et embarquer pour la grande roue
la grande roue à remonter le temps.
Yvan Robberechts (1967)
Habitant les Hauts-de-France (Somme), Yvan Robberechts est cantonnier dans un petit village de l’Oise, « … agent communal pour payer les crédits et poète parfois quand les grenouilles se mettent à chanter… ». « Faune à pieds de bouc », il vit avec sa compagne, un chien, deux chats et des grenouilles dans la tête. Il écrit depuis peu des chansons sous la douche et des poésies sur son lit. Il travaille à son premier recueil… Il utilise aussi le pseudonyme de Margoulette.
Autre texte :
Métro boulot dodo
Katherine Mansfield (1888-1923)
Ecrivaine et poètesse britannique d'origine néo-zélandaise, Katherine Mansfield est surtout connue pour ses nouvelles. Puisant son inspiration tout autant de ses expériences familiales que de ses nombreux voyages, elle contribua au renouvellement de la nouvelle moderniste avec ses récits fondés sur l’observation et souvent dénués d’intrigue.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Au bout de la forêt pleine d’ombre paisible,
Tout au fond du chemin que rien ne peut troubler,
Le roc n’en finit pas de plonger, de monter,
Serpentant sous un ciel qui paraît impassible.
Tout au fond du chemin que rien ne peut troubler,
La combe est là, creusée, tapie, presque invisible,
Serpentant sous un ciel qui paraît impassible,
Gardant secret ce toit qu’il faut longtemps chercher.
La combe est là, creusée, tapie, presque invisible,
Figure d’un parvis aux terrestres caché,
Gardant secret ce toit qu’il faut longtemps chercher,
Le silence s’y tient, guettant l’inaccessible.
Figure d’un parvis aux terrestres caché,
Le monastère attend le pas de l’intangible,
Le silence s’y tient, guettant l’inaccessible,
Profond comme l’encens aux icônes penché.
Le monastère attend le pas de l’intangible,
Et le temps s’y repose, enfin réconforté,
Profond comme l’encens aux icônes penché,
Au bout de la forêt pleine d’ombre paisible.
Ombrefeuille
Amoureuse de la langue française dans tous ses états, de Ronsard, Baudelaire, Hugo ou Verlaine, du slam et du rap. Elle aime le mouvement dans le trait, l'ombre dans la lumière, le tumulte caché dans le silence.
Autres textes :
Vagues, je vous salue
Sortilèges en cuisine
Petit flocon
Il est minuit
Sur l'aile bleue du vent
Coccinelle au jardin
La voix de l'océan
Ses autres poèmes sur ce site :
→ https://poesie-plurielle.monsite-orange.fr/
© Christian SATGÉ
Christian Satgé (1965)
Auteur prolifique, fabuliste et conteur éclectique, Christian Satgé est professeur d'histoire-géographie dans le département des Hautes-Pyrénées. Il a publié plusieurs recueils et près d'une cinquantaine de ses textes figurent dans Le Monde de Poetika. Son dernier ouvrage est une pièce de théâtre "Belize".
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son blog : → https://lesrivagesdurimage.blogspot.com/
→ Sa page Facebook
Ecrire
dans l'enchantement
d'un geste suppléé
par un désir complice
saisir l'instant sacré
de l'amour
lorsque le silence
de l'amour
murmure
sa raison d'être
dans le frôlement
d'une caresse intime
forger l'alizé
de ses rêves
à l'éclat d'un sourire
lorsque mon coeur
s'épanouit
à l'ourlet
d'une lèvre éphémère
iriser son âme
dans le matin soyeux
d'une aube virginale
c'est donner à sa vie
l'éclat angélique
d'un éternel printemps
© Stephen BLANCHARD
Stephen Blanchard (1952)
Créateur de l'Association "Les poètes de l'amitié - poètes sans frontières", Stephen Blanchard est aussi directeur de la revue internationale de poésie Florilège. Son association décerne chaque année trois prix d'édition à compte d'éditeur, dont le Prix d'Edition Poétique de la Ville de Dijon. Située en Côte d'Or, elle y organise depuis dix-neuf ans Les Rencontres Poétiques de Bourgogne. Il a par ailleurs publié plusieurs recueils de poésie dont le dernier, Effleuressences, paru au début de cette année.
Autre texte :
Coronavirus
Le site de l'association :
→ http://poetesdelamitie.blog4ever.com/
Corrida de muerte
Les hauts barons blasonnés d'or,
Les duchesses de similor,
Les viveuses toutes hagardes,
Les crevés aux faces blafardes,
Vont s'égayer. Ah ! oui, vraiment,
Jacques Bonhomme est bon enfant.
C'est du sang vermeil qu'ils vont voir.
Jadis, comme un rouge abattoir,
Paris ne fut pour eux qu'un drame
Et ce souvenir les affame ;
Ils en ont soif. Ah ! oui, vraiment,
Jacques Bonhomme est bon enfant.
Peut-être qu'ils visent plus haut :
Après le cirque, l'échafaud ;
La morgue corsera la fête.
Aujourd'hui seulement la bête,
Et demain l'homme. Ah ! oui, vraiment
Jacques Bonhomme est bon enfant.
Les repus ont le rouge aux yeux.
Et cela fait songer les gueux,
Les gueux expirants de misère.
Tant mieux ! aux fainéants la guerre ;
Ils ne diront plus si longtemps :
Jacques Bonhomme est bon enfant.
Jacques Bonhomme est le surnom péjoratif avec lequel on désignait les paysans français du Moyen-Age. C’est en référence à ce surnom que les révoltes paysannes seront appelées les Jacqueries.
© Louise MICHEL
Louise Michel (1830-1905)
Poète, institutrice, militante féministe, Louis Michel s'engage politiquement dans la Commune (1870). Surnommée la Vierge rouge, elle est condamnée à la déportation à vie et envoyée en Nouvelle Calédonie jusqu'en 1880. De retour à Paris, elle reprendra son activité militante mais, arrêtée à plusieurs reprises lors de manifestations, elle sera à nouveau emprisonnée pendant trois ans avant d'être libérée par Clémenceau. Elle meurt d’une pneumonie à Marseille au cours d’une tournée de conférences dans le sud de la France.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Être fragile
au temps docile
Hêtre gracieux
vent mélodieux.
Saison de glace
de neige, de brume,
trouve ma place
et puis m’enrhume.
Hêtre fragile
sous mes yeux
tu te dessines
être gracieux.
Et je glisse
pour une danse
ton élégance
est ma complice.
T'es tout nu dans ce champ
te voilà bien dépourvu
plus une feuille par ce temps
mais c’est moi qui éternue.
© Francis FRIEDLANDER
Francis Friedlander (1960-)
Photographe amateur rémois, Francis Friedlander s'intéresse depuis quelques années à la poésie par le biais de la photo, en commentant sous forme de poèmes ses photographies. Il est également présent sur différents forums d'écriture et de poésie.
Son blog :
→ https://friedphotopoemes.blogspot.com/
S'asseoir dans le silence
fermer un oeil puis l'autre
et ne laisser aux mots
qu'une page encore nue
pour rêver et dormir
La lumière est trop sage
pour donner au poète
assez d'encre et de sang
qu'il pourrait libérer
avec l'espoir au coeur
S'asseoir dans le silence
et dormir et rêver
quand la page encore nue
s'offre aux mots et s'endort
avec l'espoir en marge
pour un ultime instant.
© Amédée GUILLEMOT
Amédée Guillemot (1920-2016)
Poète français talentueux qui a reçu le Prix du Goéland en 1948 pour son recueil : J'avais un enfant.
Le rond incandescent auréolé d'orange
Là-bas, tout à l'ouest, m'enchante et me distrait ;
Le ciel crépusculaire se teinte de nuances
De bleu, d'or, de vermeil, de rose et violacé.
Les arbres, à l'horizon, tracent leur frise obscure
Que j'observe à loisir, que je veux admirer ;
La tendreté des verts, à présent devient dure
Car Madame la Nuit se prépare à tomber.
La boule de lumière a caché ses ardeurs
Derrière la ligne sombre qu'au loin on distinguait.
La terre tout entière va perdre ses couleurs
Pour bientôt s'estomper dans les cieux bigarrés.
Et tout ce nuancier qui surplombe la Creuse
Revêtira alors le manteau de la nuit ;
Il ensevelira les forêts ténébreuses
Et réduira partout la vie au ralenti.
Le repos nycthémère va assaillir la France :
Certains êtres vivants vont se mettre à veiller.
Le pays, en partie, va s'orner de silence,
Afin que pour demain il soit prêt à vibrer.
© Monique DEVEZ VALLIENNE
Monique Devez Vallienne (1955-)
D'origine cantalienne et retraitée de l'enseignement public, Monique Devez Vallienne a toujours aimé écrire. Elle est poétesse, romancière et nouvelliste.
Elle aime les mots et la nature ; elle les réunit dans ses poèmes, qui lui viennent souvent alors qu’elle est installée au cœur d'un majestueux paysage.
À travers ses rimes et ses rythmes, elle vous fait découvrir des sites indomptés dont le charme coupe le souffle, si on sait les savourer. Au fil de ses recueils, on peut réapprendre à voir, écouter, sentir et respirer dans un monde où cela s'oublie.
Elle a déjà publié plusieurs recueils ainsi que plusieurs romans dont le dernier Les silences de Rochecombe - Léonie au détour de l'amitié, est le premier tome d'une saga, publié fin août 2022.
Son site :
→ moniquedevezvallienne.com
Une chanson voyage
sur le quai des gares
comme un air qu’on emporte
avec tous ses bagages
et jamais je ne pars et jamais je ne reste
et toujours se fait douce
la plainte des exils
des départs et des frousses
vers là-bas vers les îles
quand les bateaux s’en vont
la mémoire les invente
comme un air de chanson
que la tempête chante
là-bas au bout des jours
des continents du rêve
comme une chanson des anges
entendue dans un port
par un jour de départ
je ne suis pas de l’équipage mais passager
il faut bien plus que des bagages pour voyager
et le poète s’en va redisant que la vie
sans espoir n’est pas vie
et que les départs savent
créer les égarements
sur un quai ou une gare
où rêve un voyageur
© Claude BEAUSOLEIL
Claude Beausoleil (1948-2020)
Ecrivain, poète et essayiste québécois, Claude Beausoleil est l'auteur d'une poésie marquée par la sensualité et l'émotion des mots, il a été lauréat du Prix Emile-Nelligan en 1980. Professeur de littérature à Montréal, il a été aussi directeur de revue littéraire et chroniqueur de poésie. Son oeuvre est honorée de plusieurs prix. Il est membre de l'Académie Mallarmé.
→ Sa biographie sur Wikipédia
© José DELATTRE
José Delattre (1944-2021)
Epicurien de nature, amoureux de la faune et de la flore, de l'univers, de la vie et de l'amour, les poésies de José Delattre sont un délicieux voyage à découvrir !
Marié très jeune avec l’unique amour de sa vie, son « Image d’Epinal », ils ont ensemble fondé famille et cueilli chaque jour l’aube sacrée dans le jardin fleuri de leur amour sans faille … Outre son métier de dessinateur industriel, il a été acteur de théâtre dès l'âge de 8 ans, metteur en scène jusqu'à l'âge de 76 ans et écrivain poète, José a toujours été de la fête ! Il s'est toujours investi à fond dans tous les projets qu'il a lancés et a toujours fait preuve d'un sens inné de l'accueil peu importe l'âge et sans faire de différence !
Autres textes :
→ Allons rêver le vent
→ Printemps
Recueils publiés :
→ Mon image d'Epinal
→ D'aventures en aventures
Son blog (posthume) :
→ https://jose-delattre-poesies.blogspot.com/
Ses vieux platanes aux écureuils un brin branques.
Précision de l'auteur : il s'agit ici du canal de Garonne (longtemps nommé canal latéral à la Garonne ou le Latéral, qui relie Toulouse à Castets-en-Dorthe.
© Christian SATGÉ
Christian Satgé (1965)
Son autobio :
J'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Claude Nougaro ne l'(en)chante et suis devenu rapidement un obsédé textuel & un rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, rêvant depuis de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. Conteur éclectique et « méchant écriveur de lignes inégales », après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux peu fréquentables que l'on nomme Pyrénées, où l'on ne trouve pire aîné que montagnard, et stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Moins écrivain qu'écrivant, plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, après avoir navigué de conserve sur d'autres eaux, je tente, en solitaire cette fois, depuis le 23 février 2011, une énième traversée de l'océan poétique… en espérant qu'elle ne soit pas trop pathétique !
Christian Satgé est professeur d'histoire-géographie dans le département des Hautes-Pyrénées.
Autres textes :
Au retour de zéphyre
Ennui dans la nuit
A L'ouest d'Eden
La fin de la faim de l'ogre
Aumône au môme
En saignant
Champs d'automne
Tons d'automne
Dans les forges de l'enfer
Quand l'été vernisse Tunis
Maman choyait ses roses
Les 55 jours d'un péquin
Versus un virus
Le parc plus si urbain que ça
Dans les bras de Boukhara
Amours océanes
Son blog
→ https://lesrivagesdurimage.blogspot.com/
Rappelle-toi l'été
le vent des nuits,
les avoines fantômes
sous la lourde lune
inondant la rivière d'anis,
Là-haut, dans le fenil
les chuintements des effraies,
là-bas, le choc mou d'une pomme
sur les feuilles mortes
du temps,
et l'horloge impassible
ordonnant le silence
des vivants et des morts.
© Frédéric-Jacques TEMPLE
Frédéric-Jacques Temple (1921-2020)
Né à Montpellier, Frédéric-Jacques Temple est un écrivain et poète français.Très diverse dans sa forte unité, son œuvre comprend des poèmes (recueillis en 1989 dans une Anthologie personnelle), des romans, des récits de voyage et des essais.
Autres textes :
Le soleil rouge
En marchant vers le Mont Tremblant
Son blog :
https://lesuniversdetemple.wordpress.com/
→ Sa biographie sur Wikipédia
Le passé est la demeure sombre des égarés,
Humiliés chaque jour par des faussaires.
La chair – la chair est marquée à l’envers
A portée de flèche du temps et de ses affidés.
Le présent nous surprend telle une gargouille
Dans sa cathédrale au revers de la mémoire.
La fluidité de son verbe est ce qui nous fait croire
A la fable de l’instant qui affaiblit la rouille.
L’avenir est vêtu comme le figurant des morts,
Il nous attend aux côtés d’une armée compassée
Où sont ceux que nous aimions dans cet encore
Qui fait qu’ils demeurent dans le cœur effacé.
Le printemps vient vigilant comme une demoiselle,
Je suis dans le phare de l’amour à l’arrière du front.
La guerre est finie – tu m’attends devant la maison,
Je porte avec moi la semence et le petit vent du sel.
© Patrick CHEMIN
Patrick Chemin (1956)
Artiste complet : écrivain, poète, metteur en scène et comédien, Patrick Chemin est né à Chambéry où il vit. Il a publié une quarantaine de livres, principalement de la poésie. Il a travaillé avec de nombreux peintres, photographes et réalisateurs, et enregistré trois albums avec le compositeur Philippe Cholat. Au théâtre, il a écrit une quinzaine de pièces. Depuis plus de 30 ans, il défend la Lecture Publique, notamment au travers de sa Revue Orale. De 2011 à 2013, on retrouve ses textes programmés sur France Musique dans l'émission de Véronique Sauger. Tout en restant un auteur confidentiel à l’image de la poésie, Patrick Chemin rencontre de nouveaux publics en France et à l’étranger.
Son site :
→ https://patrick-chemin.odexpo.com/
Pierre Dupuis dit ROTPIER (1946)
Né à Fresnes-l'Archevêque dans l'Eure, Pierre Dupuis alias Rotpier, a travaillé dans l'industrie de tôlerie et en construction métallique jusqu'en 1976 puis a enseigné comme professeur de lycée professionnel jusqu'en 2002. Passionné de poésie depuis l'enfance, il a commencé à écrire dès les années 1990, poésie très éclectique, sous toutes ses formes : classique, libérée et libre, sa devise étant : « Enfermez la poésie dans un genre et elle s'étiole. »
Autres textes :
Géométrie variable
La cubaine bien roulée
L'épatant charcutier
Son blog :
→ http://rotpier.over-blog.com/
© Caroline BAUCHER
Caroline Baucher (1983)
Née en 1983, elle vit actuellement à Paris.
Autre texte :
Rêve d'une nuit de sable
Son blog :
→ upanishad.free.fr/
Il pleut Il pleut
Il fait beau
Il fait du soleil
Il est tôt
Il se fait tard
Il
Il
Il
Il
Toujours Il
Toujours Il qui pleut et qui neige
Toujours Il qui fait du soleil
Toujours Il
Pourquoi pas Elle
Jamais Elle
Pourtant Elle aussi
souvent se fait belle !
© Jacques PREVERT
Jacques Prévert (1900-1977)
Poète, scénariste et dialoguiste français, qui devint célèbre grâce au succès de son premier recueil de poèmes, « Paroles », où son langage familier et ses jeux de mots sont appréciés. Ses poèmes sont depuis lors connus dans le monde entier et appris dans les écoles françaises.
Autres textes :
Chanson dans le sang
Le miroir brisé
La Seine a de la chance
Barbara
Cet amour
Sanguine
Sables mouvants
Mai 68
Le cancre
→ Sa biographie sur Wikipédia
La vie c’est comme une dent
D’abord on y a pas pensé
On s’est contenté de mâcher
Et puis ça se gâte soudain
Ca vous fait mal, et on y tient
Et on la soigne et les soucis
Et pour qu’on soit vraiment guéri
Il faut vous l’arracher, la vie.
© Boris VIAN
Boris Vian (1920-1959)
Ecrivain, poète, parolier, directeur artistique, musicien de jazz... Boris Vian, dont l'oeuvre littéraire fut peu appréciée de son vivant, est saluée par la jeunesse dès les années 1960-1970. L'Écume des jours en particulier, avec ses jeux de mots et ses personnages à clef, est passé à la postérité. Il est désormais un classique, qu'on étudie souvent dans les collèges et les lycées.
Autres textes :
S'il pleuvait des larmes
La java des bombes atomiques
Ils cassent tout
Je bois
Si les poètes étaient moins bêtes
Le déserteur
→ Sa biographie sur Wikipédia
Enfant perdu dans le désert des hommes
La tête découverte
Je marche dans le vent
Je cherche une voix familière
Les yeux bandés
Sur les nuits hantées de l'humanité
L'âge crépusculaire lève son glaive
De sève crue, toxique
Lacérées par la peur
Nos grandes espérances se sont tues
Les odeurs, les vestiges disparus
Pour toujours gardent leurs secrets
C'est le courage décuplé
Des grands rêveurs de terres lointaines
Qui, sur les années de veilles
A coups de poing étouffent les doutes
Devant moi
Les épouvantails de feu
Balisent le chemin escarpé
En un corridor de cendres grises
Le regard sombre
J'attends debout l'aube libératrice
Qui arrachera les terres noires
Du fond de l'abîme
© Anna AKHMATOVA
Anna Akhmatova (1889-1966)
C'est l'une des plus importantes poétesses russes du XXe siècle, surnommée "la Reine de la Neva". Elle a écrit aussi bien des petits poèmes lyriques que de grandes compositions poétiques. Les thèmes récurrents de son oeuvre sont le temps qui passe, les souvenirs, le destin de la femme créatrice et les difficultés pour vivre et écrire dans l'ombre du stalinisme.
Autre texte :
Premier avertissement
→ Sa biographie sur Wikipédia
Femme, il est un serpent blotti dans ton sourire,
Un philtre meurtrier glissé dans tes doux yeux.
Et ta bouche troublante en aurait trop à dire
Si tu n'étais fantôme, au cœur silencieux.
Dans l'immobilité, tu vis, plus que la Vie,
Il plane un charme intense autour de ton front pur.
O sphinx hallucinant qui pense et qui défie,
Fleur au parfum mortel éclose sous l'azur.
Ta robe au ton nocturne et ta main compassée
Sous un calme perfide ont aussi leur pensée
Et ta beauté recèle un insolent mépris.
En vain je t'interroge, ô ma sœur inconnue,
Car le maître a placé son rêve dans la nue
Et nul ne pourrait dire à quel dieu tu souris.
© Marguerite BURNAT-PROVINS
Marguerite Burnat-Provins (1872-1952)
Ecrivaine, peintre et dessinatrice frano-suisse, Marguerite Burnat-Provins est l'aînée d'une famille aisée et cultivée. Après des études artistiques à Paris, elle épouse l'architecte Adolphe Burnat et s'installe en Suisse. De santé fragile, le climat valaisan est propice au développement de son oeuvre (peinture et écriture). En 1906, elle rencontre Paul de Kalbermatten, un jeune ingénieur valaisan avec qui elle entretient une liaison passionnée. Elle divorce et s'installe avec lui. Elle l'accompagne dans ses voyages en Egypte. Le couple se range du côté de Bayonne. La Première guerre mondiale est un choc pour l'écrivaine, qui est en proie à des angoisses morbides. Rongée par la maladie, elle crée les dessins de son oeuvre phare, Ma Ville. Finalement, la guerre sépare le couple et Marguerite s'installe défintivement à Grasse où l’écriture et la peinture continueront de l’occuper. Sa fin de vie sera assombrie par la mort de sa soeur et ses problèmes de santé toujours plus lancinants.
→ Association des Amis de Marguerite Burnat-Provins
→ Sa biographie sur Wikipédia
Trois arbres tombés sont restés au bord du sentier.
Oubliés du bûcheron, ils s'entretiennent,
fraternellement serrés, comme trois aveugles.
Le soleil couchant verse
son sang vif dans les troncs éclatés,
les vents emportent le parfum de leur flanc ouvert.
L'un, tout tordu, tend un bras immense,
frissonnant de feuillage, vers l'autre
et ses blessures sont pareilles à des yeux pleins de prière.
Le bûcheron les a oubliés.
La nuit viendra. Je resterai avec eux.
Je recueillerai dans mon cœur
leurs douces résines, elles me tiendront lieu de feu.
Muets, pressés les uns contre les autres,
que le jour nous trouve monceau de deuil.
© Gabriela MISTRAL
Gabriela Mistral (1889-1957)
Née au Chili, Gabriela Mistral est une enseignante, diplomate, féministe et poétesse dont l'oeuvre a été couronnée par le prix Nobel de littérature en 1945. Elle est considérée comme l'un des quatre grands de la poésie chilienne (avec Pablo Neruda, Pablo de Rokha et Vicente Huidobro).
→ Sa biographie sur Wikipédia