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Création de la page le 07/02/2024

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Le Monde de Poetika
Site & Revue de poésie en ligne
N° ISSN : 2802-1797


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Posté le 06/09/2024 - Thème : Mère

Fils

Je ne veux pas te raconter
le passé


l’histoire n’en est pas
si importante


toi qui seras
homme de l’an deux mille
tu devras recommencer
car tout est encore
à construire


je te confie
l’alphabet


compose-toi
sur le clavier
du monde
le mot “ humanité ”.


© Rosaria di DONATO
Traduit par Paul COURGET


pRosaria di Donato

Rosaria Di Donato est née à Rome où elle vit. Diplômée en philosophie, elle a publié cinq recueils de poésie. Elle collabore avec des revues de diverses cultures et ses ouvrages se sont imposés aussi bien en Italie qu'à l'étranger, avec les jugements critiques de Giorgio Barberi Squarotti, par exemple, et les traductions de Paul Courget et Claude Le Roy. Lauréate de plusieurs prix de poésie, elle s'intéresse à l'art, au cinéma et à la littérature.



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Posté le 11/08/2024 - Thème : Liberté

Le portrait du vent

La rivière, colorée de nord,
Était le portrait du vent
Sur les arbres.


L’homme avait construit
Une autre vue
De la vie
Entre pluie et champ.


De l’autre côté de la montagne
Il y avait les oiseaux qui sortaient
Du marais,
Ces rêves du regard mauvais.


Dans le village de gauche
Il n’y avait plus de routes
Menant à
La saison du peuplier tremblant
De ma maison.


La place de la démocratie

 

Ici repose notre rêve déchiré
De la liberté nue des choses
D’après-guerre.

 

De la ville civile du soulèvement
De la souffrance,
Cette fumée des arbres montée au ciel,
Fenêtres éclairées par le vent.


Ici gît notre rêve renversé
De la liberté interdite
D’entrer
Dans le monde,
Ces mains de filles levées
Dans l’air tortueux
Du coucher de soleil des choses
insultées.


Nous irons aux ruines pour
econstruire
LA LIBERTÉ
Des papiers écrits
De la fin de la boue,
Quand nous avons conquis le géant.

© Mujo BUCPAPAJ
Traduit par Albert NICHOLAY - Belgique


pMujo Bucpapaj

Poète, chercheur en littérature et conférencier, Mujo Bucpapaj est docteur en sciences littéraires avec une thèse sur la survie de la poésie albanaise pendant la censure communiste, soutenue à l'Institut de linguistique et de littérature de l'Académie des sciences de la République d'Albanie. Il est l'un des représentants les plus éminents de la poésie albanaise contemporaine, respectivement publié dans des dizaines de langues étrangères et récompensé par plusieurs prix internationaux prestigieux en Europe et aux États-Unis.
Il est l'auteur de nombreux ouvrages d'étude sur la littérature et ceux avec de la poésie, mais aussi de centaines d'écrits journalistiques, critiques, essais, études dont ceux sur les problèmes régionaux, la sécurité nationale ainsi que sur la gestion de l'art dans les conditions du marché, les politiques culturelles. et stratégie nationale de la culture.
Il a travaillé pendant de nombreuses années comme journaliste dans les journaux centraux albanais et a dirigé d'importantes institutions nationales de culture et de droit d'auteur.
Depuis plusieurs années, il dirige la maison d'édition "Nacional", l'Institut national d'études albanaises, ainsi que le journal "Nacional", un journal littéraire et culturel publié et imprimé chaque semaine en Albanie, au Kosovo, en Macédoine du Nord et au Monténégro. Actuellement, il est également chargé de cours à l'Université « Luarasi » de Tirana, où il enseigne la rédaction académique.



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Posté le 31/07/2024 - Thème : Beauté

Soleils

Donnez-moi l'ombre heureuse
Donnez-moi le pain noir
Que notre vie s'écoule entre ses hauts miroirs
Que l'oubli nous abreuve
Que nos corps disparaissent
Que nul ne reconnaisse la trace du bourreau
Que la vie au-delà en son blé mûr renaisse
Tous les êtres sont beaux

© Georges HALDAS


pGeorges Haldas
(1917-2010)
Ecrivain, poète et traducteur genevois, Georges Haldas est l'auteur d'une oeuvre très riche qui comprend quatorze recueils de poésie, des traductions, essais et chroniques. Ses écrits sont marqués par une précision constante et une attention particulière portée à chaque instant vécu. Il est reconnu comme l'un des maîtres contemporains du journal et de l'autobiographie.



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Posté le 28/07/2024 - Thème : Mort

Samarah

Avec sa taille moyenne, son air de flotter sur l’eau,
Sa peau mate et ses yeux de couleur aubergine,
Ses cheveux soignés de teinte « aile de corbeau »
Difficile de déterminer son origine.


Samarah n’en a cure et passe sa journée
Toujours le sourire aux lèvres, jamais pressée.
Elle aime ce qu’elle fait et tient dès le lever
A garder l’œil vif et le visage droit levé.


Allongé sur son lit, après une nuit agitée,
Après quelques brefs moments d’hésitation,
Augustin parvient à dompter sa fébrilité
Et accepte d’être en dessous de la perfection.


Lui, si fier, a de plus en plus de mal à parler.
Sa grande chance, c’est qu’il peut encore bien penser.
Ses souvenirs s’estompent : ils sont flous et voilés
Et il sait désormais qu’il n’ira plus danser.


Parfois, entre deux soins, au cours de sa dure journée,
Une bouffée de nostalgie l’envahit sans prévenir
Avec un léger pincement de douleur perlé :
Le cœur de Samarah a mal à ses souvenirs.


Son village natal auréolé de couleur brun ocre,
Où sa mère Malika lui a donné la vie, tout là-bas,
Le séisme de septembre a fait du beau un médiocre.
C’était le funeste destin d’Imin-Tala.


Il n’a pas renoncé. Il se bat et veut durer.
Profiter encore des petits moments de bonheur,
Comme tous ces matins où elle vient le saluer
Et illuminer son présent comme éclot une fleur.


Ces instants où ils parlent de la vie quotidienne,
Il les savoure et il y puise de l’énergie.
Les gestes doux de ses mains de magicienne
Ravivent la flamme de sa vacillante bougie.


A la pause, souvent Samarah reste à l’écart,
Non désireuse de se mêler aux bavardages
Qui parlent exclusivement d’esquarres ou de rencarts.
Elle se ressource avec le ciel et ses nuages.


Mais le temps file. Un appel. Il faut y aller.
D’un geste précis elle rajuste ses longues tresses,
Un peu cachées, emprisonnées dans son bonnet.
Et réagit, mais toujours en douceur, loin du stress.


Augustin a bien compris : maintenant c’est la fin.
Il n’est pas angoissé, s’y était préparé.
Il voudrait juste la revoir une dernière fois ce matin.
Il voulait pas déranger, mais sur le bouton il a poussé.


Elle a franchi la porte et a tout de suite réalisé.
Doucement elle lui prend la main et la serre fort.
Dans leurs regards qui s’échangent, il y a de la beauté.
Elle l’accompagne et l’aide à lâcher le ressort.


Émue et heureuse à la fois, elle essuie une larme.
Une vie s’en va, et ce ne sera pas la dernière.
Mais au plus profond d’elle-même, bien loin du vacarme,
Elle sait qu’elle ne regrettera jamais d’être une infirmière.

© Michel KEUKENS
Imin-Tala ou Imi N'Tala est un village du Haut Atlas au Maroc qui a été détruit par un séisme en septembre 2023.


Michel Keukens (1948-aujourd'hui)

Né en Belgique, Michel Keukens a 75 ans et travaille toujours à titre de traducteur de brevets européens depuis plus de 30 ans, après avoir effectué une carrière partielle d'enseignant en langues germaniques dans le secondaire.
Les mots croisés et l'écriture sont ses dérivatifs favoris qui le changent radicalement de son activité professionnelle éminemment technique !

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Posté le 18/07/2024 | Thème : Lieux

Le blues de la rivière aux poissons

Territoire du Yukon autour de 1890


Ne me parlez pas de muses et de versification
je veux chanter le blues de la rivière aux Poissons

 

rien qui ressemble à un vague rêve
roc noir et dur et un courant d’eau vive

 

saumons argentés qui filent et bondissent
ours bruns qui frappent l’eau et rugissent

 

sur l’horizon neigeux hérissé de hauts pics
volent de grands pigargues aux puissants becs

 

vents rudes soufflant tout au long de l’hiver
l’été, une explosion de bleus et d’ors

 

certains me disent, amasse ton pécule et pars
mais pourquoi diable m’en irais-je autre part

 

ma demeure est cette cabane en rondins
mon adresse : Yukon, au nord des confins.


© Kenneth WHITE


pKenneth White
(1936-2023)
Né en Ecosse à Glasgow, Kenneth White est à la fois poète, philosophe et voyageur, et touche à de nombreuses disciplines. Étudiant à l’université de Glasgow, il est inscrit en langues anciennes, langues modernes et philosophie. Dès ses diplômes obtenus, il part pour Paris où il obtient son doctorat à l'Université de Paris. Il démissionne de son poste à l’université de Glasgow et vient s’installer en France, dans les Pyrénées-Atlantiques en 1967. Inventeur du concept de "géopoétique", il développe une œuvre fondée sur le rapport à la nature, à la terre et aux animaux, une cosmogonie dans laquelle l’homme n’est qu’un élément parmi d’autres. Naturalisé français en 1979, il réside à Trébeurden en Bretagne depuis 1983.  Il est l’auteur de plus d’une centaine de livres d’artistes et crée en 1989 l’Institut International de géopoétique.



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Posté le 12/07/2024 - Thème : Vieillir

Être et avoir été ...

Fier obélisque en granit mou
Cherchant midi même à six heures
Si ton fantasme est à Louxor
Dans le mépris du temps qui passe
-Qui rime avec inefficace
Et qui contraint ton bel essor-
Dans le réel où tu te leurres
Seul ton orgueil reste debout...
...


Toujours survient la sénescence
Elle s’attaque à notre chair
Qui sait garder quelques fixettes
Mais tout finit dans les chaussettes
C’est du certain là tout est clair
Toujours survient l’obsolescence...

© Didier COLPIN
Nota : Fait générateur de ce poème « Bryan Johnson, l'homme qui refusait de vieillir - Obsédé par la vie éternelle et la jeunesse de son pénis » Vanity Fair - 08 juin 2024


pDidier Colpin
(1954-aujourd'hui)

Didier Colpin est né en 1954 à Laval, petite ville de l’Ouest de la France. Il a découvert l’écriture et la poésie « sur le tard », en 2010. Depuis elle est devenue sa compagne de tous les jours…
La poésie est pour lui le contraire de Twitter et de sa rapidité. Elle est un arrêt sur image… Sur un émoi sur un trouble sur la Beauté sur la laideur. Le tout vu, ressenti à travers le prisme qu’est son regard où deux plus deux ne font pas toujours quatre...


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Posté le 09/07/2024 - Thème : Vie

Ce qu'il nous reste

Obscur des mots inachevé des rêves
Mains qui se délient Ébloui des regards
Murmures de la pluie sur les carreaux froids
Ciel qui flamboie Traces d’un oubli
Rêves enfouis dans les remous de l’inaccompli
Chevelure argentée caressée par la brise
Rires qui se figent dans la nuit glaciale
Brindilles qui s’écartent pour ouvrir le chemin
Pas qui s’approchent d’une porte close
Désordre qui s’installe Crainte qui croît
Parfum de solitude L’espoir suspendu
Force tenace malgré l’absence malgré
Se tenir au plus près d’une clarté furtive
de l’arbre dépouillé du cristal de l’aube
de la rumeur des corps de la vie qui exulte
dans la nuit entravée où bruit le souffle
de la parole nue qui s’amorce
Revenir aux portes de l’innomé
S’attarder sur le seuil de l’étonnement naissant
Effacer l’amer de la barque vide
A l’affût du brasier des heures qui se consument
Traquer la brise pudique l’or du crépuscule
une embellie soudaine l’incertain des mots
Ne pas brusquer les gestes
Ne pas ternir les masques
Effleurant l’étoffe d’un jour limpide
A distance de l’inaudible monde
de la poussière des jours de la mémoire blessée
quand l’espérance hésite que la clarté s’étiole
Témoin de tant de saisons
Rester là
quand l’envolée s’invite


Ce que l’on ne retient pas


Ce peu qui abreuve notre source


Ce qu’il nous reste

© Pierre de LA FONTAINE
Extrait du recueil Sous un soleil rieur (inédit)


pPierre de
La Fontaine

Passionné d’écriture et de musique, Pierre de La Fontaine a publié deux recueils de poésie.
Il a collaboré avec des photographes. Ensemble, ils ont réalisé des expositions qui mettent en résonance leurs photographies et ses textes poétiques.
Avec « Parenthèses », il a réalisé trois albums de chansons dont il a écrit textes et musiques et assuré l’accompagnement au piano.

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Posté le 21/06/2024 - Thème : Poésie / Société

Les poètes muselés !

Les Dieux, c’est évident, sont tombés sur la tête
La désinformation, stratégie dite secrète
Nous fait prendre vessie pour des lampions de fête.
Les prophètes ont mangé leurs propres prophéties
Les pays ne sont plus que des états soumis
Envieux du passé à l’avenir flétri.


Subraâmanya Dieu de l’armée divine
Arès fils de Zeus engendré par Héra
Ou Mars le Romain envoûté par Vénus
N’ont plus en notre siècle de missions diaboliques.


Hitler, Mussolini, Staline, disparus
Sont les anges déchus d’un paradis perdu
Le monde n’en est pas moins éternel perclus.
Poutine prend la relève en peine de forfaiture
Aux Ukrainiens ne passe un pot de confiture
Se lance sans broncher dans une guerre d’usure.


Les Dix commandements sans cesse bafoués
Des psaumes abominables sans cesse serinés
Les Versets du Coran sans cesse psalmodiés
À genoux, fesses en l’air tournés vers la Ka’ba
Les mains jointes, les yeux plantés au nirvana
Ne sont que faux semblants, stériles blablablas


Pour travestir toujours l’exacte vérité
Pour enchaîner les peuples au pieu de l’Amitié
En un mot nous leurrer d’un Eden espéré.
Je pleure des perles amères, des larmes asséchées
Devant l’obscurantisme, les nations ravagées
Poète engagé aux rimes acérées


Je diffluerais mes vers si un Dieu le permet
Comme l’ont fait avant moi nombre de mes ainés.


© Claude DUSSERT


pClaude Dussert
(1947-aujourd'hui)
Poète, nouvelliste et pamphlétaire à ses heures, Claude Dussert est diplômé du Conservatoire d’Arts Dramatiques de Grenoble. Cadre commercial, il a créé sa société de communication « CBCD » en 1993 à Lyon. Il vit actuellement en Bourgogne, dans la région de Cluny. Éclectique dans ses lectures, sa passion pour la poésie l’a amené à être membre de nombreuses associations. Il participe activement à plusieurs anthologies de poésie et ouvrages collectifs ainsi qu’à des concours. Il a édité à compte d’auteur cinq recueils de poésie et un recueil de nouvelles. Il a également remporté de nombreux prix de poésie.


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Posté le 14/06/2024 - Thème : Amitié

Amitiés

Des amitiés qui se lient
et se délient
comme les lacets de
chaussures
et, tout d'un coup
tu te sens mal
lorsqu'en cours de route
ils t'abandonnent.


Tu t'inclines au sol
pour les renouer,
instantanément tu comprends
qu'il vaut mieux
ne pas s'y fier
et pieds nus
de poursuivre
ton avancée.


© Irma KURTI
Traduit en français par Mirela Leka Xhava


pIrma Kurti
(1966-aujourd'hui)
Poète, écrivaine, parolière, journaliste et traductrice albanaise naturalisée italienne, Irma Kurti écrit depuis qu'elle est enfant. Détentrice de nombreux prix littéraires, en Italie et Suisse italienne, Irma Kurti a été nommée à vie «Ambassadrice de la Paix» par l'Université de la Paix de Suisse italienne. Elle est également connue du public comme l'auteure des paroles de nombreuses chansons à succès, avec lesquelles elle a participé à plusieurs festivals de musique nationale et pop en Albanie, au Kosovo et en Macédoine. Ses textes de chansons pour adultes et enfants, ont été écrits notamment en albanais, italien et en anglais. En 2022, elle a reçu la nomination d'ambassadeur pour l'Albanie de l'Académie des arts et des sciences philosophiques de Bari.
Elle a publié 29 livres en albanais, 25 en italien et 15 en anglais. Elle a traduit 20 ouvrages de poésie et de fiction de différents auteurs, ainsi que toutes ses œuvres publiées en italien et en anglais. Ses livres sont traduits et publiés dans 16 pays à travers le monde.


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Posté le 13/06/2024 - Thème : Deuil

Tant de belles choses

Même s'il me faut lâcher ta main
Sans pouvoir te dire "à demain"
Rien ne défera jamais nos liens...
Même s'il me faut aller plus loin
Couper des ponts, changer de train
L'amour est plus fort que le chagrin...
L'amour qui fait battre nos cœurs


Va sublimer cette douleur
Transformer le plomb en or
Tu as tant de belles choses à vivre encore...
Tu verras au bout du tunnel
Se dessiner un arc-en-ciel
Et refleurir les lilas
Tu as tant de belles choses devant toi...


Même si je veille d'une autre rive
Quoi que tu fasses, quoi qu'il t'arrive
Je serai avec toi comme autrefois...
Même si tu pars à la dérive
L'état de grâce, les forces vives
Reviendront plus vite que tu ne crois...


Dans l'espace qui lie ciel et terre
Se cache le plus grand des mystères
Comme la brume voilant l'aurore
Il y a tant de belles choses que tu ignores
La foi qui abat les montagnes
La source blanche dans ton âme
Penses-y quand tu t'endors
L'amour est plus fort que la mort...


Dans le temps qui lie ciel et terre
Se cache le plus beau des mystères
Penses-y quand tu t'endors


© Françoise HARDY
Paroles : Françoise Hardy
Musique : Alain Lubrano & Pascale Daniel (2004)


pFrançoise Hardy
(1944-2024)
Auteure-compositrice-interprète et actrice. Sur des mélodies mélancoliques qu’elle affectionne, le répertoire de Françoise Hardy est en grande partie le reflet des doutes, des interrogations et de l’anxiété que suscitent en elle les tourments des relations sentimentales et de la nostalgie en général. Parallèlement à l'écriture de chansons, elle s'est intéressée à l’astrologie dans laquelle elle voyait un complément à la psychologie. Elle a rédigé ses mémoires en 2007 sous le titre : Le Désespoir des singes… et autres bagatelles. Mariée à Jacques Dutronc, elle est la mère de Thomas Dutronc, également chanteur.
En rémission d'un premier cancer lymphatique diagnostiqué en 2004, elle est à nouveau atteinte d'un cancer du larynx en 2019. Malgré son combat contre la maladie, elle s'éteint à Paris le 11 juin 2024.


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Posté le 29/05/2024 - Thème : Nature

Le mont Chauve

Il trône tête nue, habillé seulement
D’un collier de neige et d’un manteau de pierres
Il défie les à-pics à donner le vertige
Entre Drôme et Vaucluse, véritable seigneur.

 

Sculpté à coup d’éclairs par la hache du temps
Dans le monde d’Éole il incarne un Dieu.
Montagne indestructible c’est un joyau du lieu
Qui domine l’espace véritable Titan.

 

C’est un désert de pierres parsemé de lichen
Paradis des chamois au printemps, en hiver.
En contre bas, ils viennent, véritable aubaine
Mettre au monde un cabri aux pieds des chênes verts.

 

Merveille à contempler, ouverte à tous les vents
Méfie-toi pérégrin si tu veux affronter
Ses chemins tortueux, malmenés, éreintants,
Prends garde à sa folie, son désenchantement.

 

Pour défier les brumes et la bise glacée
Ses pentes vertigineuses et ses escarpements
Avance emmitouflé et les pieds bien chaussés
Ses versants empierrés sont traitres, déroutants.

 

À ses pieds la nature et les forêts abondent
Et font à ce géant une fière ceinture
Son sommet rocailleux, torturé, malcommode
Il faut le mériter, ce joyau de nature.


© Claude DUSSERT
Le mont Chauve : surnom donné au mont Ventoux dans le Vaucluse (1910 m)


pClaude Dussert
(1947-aujourd'hui)
Poète, nouvelliste et pamphlétaire à ses heures, Claude Dussert est diplômé du Conservatoire d’Arts Dramatiques de Grenoble. Cadre commercial, il a créé sa société de communication « CBCD » en 1993 à Lyon. Il vit actuellement en Bourgogne, dans la région de Cluny. Éclectique dans ses lectures, sa passion pour la poésie l’a amené à être membre de nombreuses associations. Il participe activement à plusieurs anthologies de poésie et ouvrages collectifs ainsi qu’à des concours. Il a édité à compte d’auteur cinq recueils de poésie et un recueil de nouvelles. Il a également remporté de nombreux prix de poésie.


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Posté le 26/05/2024 - Thème : Amour / Beauté

Comme tu es belle

Comme tu es belle.
Ta beauté me fait peur.
J’ai faim de toi.
J’ai soif de toi.
Je t’en supplie :
cache-toi ;
rends-toi invisible aux yeux de tous ;
visible seulement pour moi ;
recouverte des cheveux jusqu’à la pointe des pieds
d’un voile noir transparent
que ponctuent les soupirs argentés
des lunes de printemps.


Tous les pores de ta peau
émettent des voyelles,
des consonnes ardentes ;
des mots, des confidences s’articulent ;
les explosions roses de l’acte d’amour.


Ton voile se gonfle, scintille au-dessus de la ville
plongée dans l’obscurité
avec ses bars louches, ses tavernes de marins ;
des projecteurs verts éclairent la pharmacie de nuit ;
une boule de verre tourne rapidement sur elle-même,
montrant des paysages du globe terrestre.


Un homme ivre titube,
emporté dans la tempête de ta respiration.


Ne t’en va pas.
Ne t’en va pas.


Si matérielle, si insaisissable.
Un taureau de pierre saute du fronton dans l’herbe sèche.
Une femme nue monte l’escalier de bois
avec une bassine d’eau chaude.
La vapeur empêche de voir son visage.
A haute altitude un hélicoptère de reconnaissance
bourdonne en des points indéfinis.
Prends garde à toi.
C’est toi qu’ils recherchent.
Cache-toi plus profondément dans mes bras.


Le poil de la couverture rouge qui nous abrite
n’en finit pas de pousser,
maintenant la couverture est une ourse enceinte.
Sous l’ourse rouge
nous nous aimons infiniment,
au-delà du temps et au-delà de la mort même,
dans une unique union universelle.


Comme tu es belle.
Ta beauté me fait peur.
Et j’ai faim de toi.
Et j’ai soif de toi.
Et je t’en supplie :
cache-toi.

 

© Yánnis RÍTSOS


pYánnis Rítsos
(1909-1990)
Poète grec, fils de grands propriétaires terriens, Yánnis Rítsos voit sa famille très tôt détruite à la suite de facteurs économiques, de problèmes psychiatriques et de décès au sein de sa famille. Il effectue plusieurs séjours en sanatorium pour soigner une tuberculose. Ces événements tragiques marquent son adolescence et obsèdent son œuvre. Son engagement politique auprès du Parti communiste grec lui vaut de connaître les camps de rééducation nationale de 1949 à 1953. Dès 1969, les Colonels putschistes le placent en résidence surveillée dans les îles de Yaros et Leros. A la chute des Colonels en 1974, il devient « poète national ».
Une des oeuvres emblématiques de Ritos est le long poème Romiosini, traduit en français sous le titre de Grécité par Jacques Lacarrière et mis en musique notamment par Mikis Theodorakis. En marge de recueils importants, Rítsos multiplie les séries de très courts poèmes qui mêlent humour, visions cauchemardesques et notations d’un quotidien sacralisé. L'œuvre publiée comporte plus de cent recueils de poèmes, des pièces de théâtre, des essais ainsi que des traductions. Rítsos a aussi laissé un grand nombre d'œuvres inédites. Sa poésie a été traduite dans plus de quarante langues.


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Posté le 23/05/2024 - Thème : Femme

Madame

Merci à vous, Madame, pour votre tolérance
Pour me permettre à moi de vivre l’intempérance
Ça ne doit pas être facile d’accepter le partage
Quand d’un commun accord est signé le mariage


Merci à vous encore pour votre grandeur d’âme
Me permettant ainsi de me ressentir femme
Je suis admirative de tout votre courage
D’avoir ouvert en grand la porte de sa cage


Et si vous avez crainte que je ne vole son cœur
Alors je vous rassure pour apaiser vos peurs
Nous ne ferons jamais d’ombre à une femme telle que vous
Car les femmes comme moi n’sont pas faites pour le nous
Et en dehors du bon, du beau et du charnel
Je ne recherche rien car trop brûlée des ailes


Je suis admirative et pleine de respect
Et au moment venu je saurai m’éclipser
Car je ne suis qu’un passage, une bulle, un pétillement,
Vous êtes son point d’ancrage, la mère de ses enfants


Merci encore, Madame, de vouloir le prêter
De rendre les choses simples, libres de toutes impuretés
Finalement c’est vous qui êtes dans mes pensées
Et je prends la mesure du cadeau qui m’est fait

 

© Hélène B.


Hélène B.

Hélène B. a toujours aimé les jolis mots, les jolies phrases bien tournées et les mots qui claquent mais les écrire n'est pas toujours facile. C'est pour cela qu'en général ses poèmes sont retransmis sur des fichiers audio. Récemment, elle a repris plaisir à cet exercice en l'appliquant à sa vie de femme adulte, libre, moderne et indépendante, notamment en découvrant la poésie érotique.

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Posté le 21/05/2024 - Thème : Femme

Brasier

Reine, ton grand château
Brûle à longueur d'année.

Il brûle à l'horizon
D'un soir à l'autre soir.

Il brûle sous le vent
Et sous la pluie déserte.

Ton corps y resplendit
Et tes yeux sont ouverts.

Reine, ton arc-en-ciel
Te voit vivre de flammes.

Il n'a que vieilles terres
Et leurs troupeaux transis.

Reine, ton arc-en-ciel
Vient fondre dans ton feu.

Un merle quelque part parle de ton visage,
Posé lune brûlante au fond du bruit
Que fait le dur travail des insectes vieillots.
Et la brique, oubliée dans l'herbe pour durer,
Se réchauffe à ta peau tremblant sur les prairies,
Sur les ombelles consumées
Par leur frêle tendresse dans l'effroi
De ta beauté de mer sereine sur le monde.

Mais c'est bon pour les rocs
D'être seuls et fermés
Sur leur travail de nuit.

Et peut-être qu'ils savent
Vaincre tout seuls leur fièvre
Et résister tout seuls.

 

© Édouard GLISSANT


pÉdouard Glissant
(1928-2011)
Édouard Glissant est né à Sainte-Marie en Martinique. Romancier, poète et philosophe, il obtient le Prix Renaudot en 1958 pour son roman La Lézarde. Surtout connu pour Le Discours antillais (1981), il est l'auteur d'une œuvre conceptuelle et littéraire colossale, et d'une bibliographie dense. Souvent classée parmi les théories du postcolonialisme, la pensée de Glissant est irréductible à une école ou un courant fixe, ayant toujours redéfini les modèles d'une vision du monde en quête de son mouvement.


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Posté le 20/05/2024 - Thème : Poésie

Les poètes

Nous autres poètes nous sommes naïfs
Nous voyons la mort à la fenêtre
La fenêtre est ouverte
Et nous faisons l'amour devant la mort
Parce que nous croyons à l'amour avant la mort
Nous sommes assez fous
Pour chercher un ciel
Dans tous les regards que nous croisons
On voit parfois la mort dans un regard
Mais n'y a-t-il pas toujours un ciel après la mort ?
C'est ce que l'enfant appelle le matin
Nous autres nous sommes comme des enfants
Nous croyons chaque matin qu'un ciel est possible
Nous sommes ignorants comme la chèvre c'est certain
Nous croyons plus à la vérité du caillou
Qu'aux preuves sans dédit
Des artificiers de l'intelligence
D'ailleurs notre pensée à nous est un jardin
Ou (cela dépend de la force du vent
Dans nos rêves) une savane
Il y court des animaux sauvages
Qui soulèvent la poussière
Nous apprenons ainsi qu'il est des déplacements
Qui soulèvent le monde
Nous autres poètes
Nous nous plaisons aux branches cassées
Et aux chemins inutiles
Nous sommes plus périssables il est vrai
Que la monnaie d'or des glorieux
Nous sommes si naïfs
Que nous croyons que la petite beauté de l'amandier
Ou le progrès de la main dans la caresse
Ne valent pas moins que l'invention de l'uranium
Nous autres poètes
Nous sommes des hommes naïfs
Nous sommes des hommes
Qui ne rêvent que d'être des hommes


© Jean-Pierre SIMÉON
Extrait du recueil Avenirs, Gallimard, 2024
Photo : © Francesca Mantovani - Editions Gallimard


pJean-Pierre
Siméon
(1950-aujourd'hui)
Poète, romancier, critique et dramaturge, Jean-Pierre Siméon est agrégé de Lettres modernes. Il est l'auteur d’une vingtaine de recueils de poésie, mais également de romans, de livres pour la jeunesse et de pièces de théâtre pour lesquels il a obtenu de nombreux prix. Il participe activement à de nombreux festivals nationaux et internationaux. Il a été directeur artistique du Printemps des Poètes de 2001 à 2017 puis a pris la direction de la collection Poésie chez Gallimard en 2018.


y
Posté le 15/05/2024 - Thème : Amour / Mer

Comprendre les marées

Comprendre les marées
Appréhender l’estran
Saisir le marnage
Revivre le revif
Et trouver ton portable
Oublié sur la plage
Je nage en âge de te trouver

Voir à la lunaison
Un jusant intervalle
Qui dans mon cœur dévoile
Son élasticité
En brûlantes envies
Traversant les eaux-vives
Je nage en âge de te trouver


Je nage en âge de te trouver
Et nous déciderons s’il faut raison garder


Epouser un douzième
De temps universel
S’affranchir des solstices
Courir les équinoxes
Et laisser raisonner
Des sondeurs infinis
Je nage en âge de te trouver

Surprendre dans tes yeux
Les maisonnées côtières
Associer la couleur
A notre habitation
S’imprégner d’amplitude
Percer quelque mystère
Et les vastes saisons…

Deux trois gouttes éparses
Sur l’âge de la marée
Je nage en âge de te trouver
Les espoirs recentrés
Par de simples chansons
Adossé à la mer qui te donne le ton


Je nage en âge de te trouver
Et nous déciderons s’il faut raison garder


Je nage en âge de te trouver
Et nous déciderons
S’il faut tout traverser
S’il nous faut noir ou blanc
Toute raison garder
En cercles concentriques
Comprendre la marée.


© Pierre-Michel SIVADIER
Paroles et musique Pierre-Michel Sivadier
Extrait de l'album Si  (1979) et de l'ouvrage Frondes étourdies suivi de Ressort des Vagues, éditions Stellamaris

Ecouter sur YouTube


pPierre-Michel Sivadier
Pianiste accompli, compositeur prolifique, Pierre-Michel Sivadier mène également une carrière d'auteur. Il a, entre autres, écrit et joué pour Christian Vander, Jane Birkin, Lambert Wilson ou James Ivory.
Chanteur expressif, créateur de nombreuses œuvres vocales et d’harmonisations polyphoniques, il se situe dans un univers poétique croisant le piano, la chanson, le jazz et les musiques improvisées. Il a publié fin 2023 son sixième ouvrage littéraire Désordres - Journal, pamphlets, poèmes.


y
Posté le 14/05/2024 - Thème : Nature

Le petit cèpe

Va, je te reconnais, jeune cèpe des bois...
Au bord du chemin creux, c'est bien toi que je vois
Ouvrant timidement ton parapluie.
A-t-il plu cette nuit sur la ronce et la thuie ?
Déjà, le soleil tendre essuie
Les plus hautes feuilles du bois...

Tu voulais garantir les coccinelles ?
Il fait beau. Tu seras, jeune cèpe, une ombrelle,
L'ombrelle en satin brun d'un roi de Lilliput !
Ne te montre pas trop, surtout… Le chemin boue… chut !
Fais vite signe aux coccinelles !

Des gens sont là, dont les grands pieds viennent vers toi.
On te cherche, mon petit cèpe...
Que l'ajonc bourdonnant de guêpes,
Le genièvre et le houx cachent les larges toits
De tes aînés, les frères cèpes,
Car l'un mène vers l'autre et la poêle est au bout !

Voici qu'imprudemment tout un village pousse :
Rouget couleur de sang, verdet couleur de mousse,
Girole en bonnet roux,
Chapeaux rouges, verts, blonds, partout,
Les toits d'un rond village poussent !

Depuis l'oronge en œuf, le frais pâturon blanc
Doublé de crépon rose,
Jusqu'au méchant bolet qu'on appelle Satan,
Je les reconnais tous, les joyeux, les moroses,
Les perfides, les bons, les gris, les noirs, les roses,
Tes cousins de l'humide automne et du printemps...

Mais c'est pour toi, cher petit cèpe, que je tremble !
Tu n'es encore qu'un gros clou bien enfoncé ;
Ta tête a le luisant du marron d'Inde et lui ressemble.
Surtout, ne hausse pas au revers du fossé
Ta calotte de moine ! on te verrait… Je tremble.

Moi, tu le sais, je fermerai les yeux.
Exprès, je t'oublierai sous une feuille sèche.
Je t'oublierai, petit Poucet. Je ne puis, ni ne veux
Être pour toi l'Ogre qui rêve de chair fraîche...
Je passerai, fermant les yeux !

Dans mon panier, j'emporterai quelques fleurs, une fraise...
Rien, peut-être… Mais toi, sur le talus,
À l'heure où les chemins se taisent,
Levant ton capuchon, tu ne nous craindras plus !

Brun et doré, sur le talus,
Tu t'épanouiras en coupole si ronde,
Si large, que la lune en marche - une seconde -
S'arrêtera pour te frôler de son doigt blanc. La nuit
Se fera douce autour de toi, bleue et profonde.
Mignonne hutte de sauvage - Table ronde

Pour les rainettes dont l'œil jaune et songeur luit,
Mon cèpe ! tu ne seras plus un clou dans l'herbe verte,
Mais un pin-parasol dans l'ombre où se concertent
Les fourmis qui, toujours, s'en vont en longs circuits ;
Tu seras une belle tente, grande ouverte,
Où les grillons viendront chanter, la nuit…


© Sabine SICAUD
Ce texte a remporté la deuxième Médaille d'Argent au concours du Jasmin d'Argent (1924). Elle avait 10 ans lorsqu'elle a écrit ce poème !


pSabine Sicaud
(1913-1928)
Cas unique et prodige dans les annales de la littérature française, Sabine Sicaud est une enfant douée pour la poésie et remporte dès l'âge de 11 ans plusieurs prix littéraires. Issue d'une famille d'érudits du Lot-et-Garonne, elle baigne dans un monde artistique et culturel qui éveillera en elle un don précoce pour l'écriture poétique. Son oeuvre s'achève brutalement par son décès prématuré à l'âge de 15 ans, suite à une blessure au pied qui s'envenime et la laisse dans de terribles souffrances. 


y
Posté le 13/05/2024 - Thème : Amitié / Homme

Tu es mon frère

J’ai partagé le pain noir et les larmes de tous.

Louis Aragon


Je partage mon pain avec toi,
Juste pour tisser un lien avec la vie.


Pour me rapprocher de ton visage,
Pour découvrir ton histoire qui est aussi la mienne,
Pour partager les secondes ou les années
Sur la même terre qui nous entoure,


Dans cet espace où tout
Ce que l’on voit nous appartient,
Comme  l’air et les étoiles,
La mer et la forêt.


J’ouvre donc ma porte où tu trouveras une table en bois.
Sur la nappe blanche il y aura un pain chaud
Qui est en train de bourgeonner sur
Les braises de l’aurore.
Ce pain est pour toi, car je sais que tu es mon frère.


Je sais que tu viens de loin.
Je sais que tu as traversé la mer.
Je sais que nombreux de tes amis ont péri en chemin.


En leur souvenir, j’ouvre donc ma porte.
Car je sais que tu es mon frère.
Ce pain que l’on va partager maintenant
M’unit éternellement à tes racines,
A ton histoire, aux jours à venir.


© Patricio SANCHEZ-ROJAS
Anthologie Festival Voix Vives, de Méditerranée en Méditerranée, Sète, Editions B. Doucey, 2018


pPatricio Sanchez-Rojas
Patricio Sanchez-Rojas est né au Chili où il a passé son enfance et une partie de son adolescence. En 1977 sa famille s’installe à Paris, puis il séjourne à Madrid et à Portland. Il est poète, enseignant, traducteur et animateur d'ateliers d'écriture. Il est naturalisé français en 1993. Il a été remarqué par Jean Joubert, qui écrira la préface de son livre Le Parapluie rouge (Ed. Domens, 2011). En 2014 et 2022, il participe au Festival Voix Vives de Toledo, en 2023  à la Rencontre Internationale de littérature hispano-américaine à l’Institut Cervantès, Paris, et au Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges.


y
Posté le 09/05/2024 - Thème : Musique / Monde

La musique...

La musique
Nous la portons en nous
Comme un secret

Elle fait le fond de la mélodie
De ce monde merveilleux et tragique
Dans lequel nous sommes immergés

Son incantation secrète
Sa note unique
Son cœur incandescent

Et nous pressentons
À chaque instant
Qu’elle nous convie
À un banquet d’amour
Dont nous sommes les pèlerins
À jamais consolés


© Jean LAVOUÉ


pJean Lavoué
(1955-2024)

Auteur, poète, essayiste, Jean Lavoué est né à La Fresnais, commune proche de Saint-Malo. Il vit dans le Morbihan. Il est l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages, récits, essais, recueils poétiques touchant notamment à la littérature et à la spiritualité. En 2017, il créé une maison d'édition, L'enfance des arbres. En 2019, il obtient le Prix de poésie Yves Cosson décerné par l'Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire.


y
Posté le 20/04/2024 - Thème : Mer

Quai des brumes

Tous les bouis-bouis du port accueillent les marins
Quand après la criée ils viennent cabareter,
Raconter des histoires à se coucher debout,
Se dilater la rate après bien des alarmes,
Gargoter des romans sur leur dernière campagne
Et se rincer la dalle sous tous les fûts en perce.


Dans la fumée épaisse leurs rires se chevauchent
Sur les relents d’alcool et de mémoire trouée.
Ils ressassent leurs peurs d’ancien cap-hornier ;
Quand au coeur du typhon aux cinquantièmes hurlants
Ils abattaient les vergues pour chahuter les vents.


Ils tanguent dans l’espace, sur le zinc s’accrochent
Tout comme ils le faisaient dans la passe du Diable
Imbibés de passions comme les gens du voyage
Ils attendent fiévreux les prochaines bordées.


La nuit depuis longtemps a fermé les fenêtres
Accrochant dans le ciel des étoiles d’espoir
Alors cahin-caha ils regagnent leur piaule
Ils plongent dans des rêves de marins au long cours
Qui leur glissent à l’oreille des mots de conquérants.


© Claude DUSSERT
Cabareter : fréquenter les cabarets


pClaude Dussert
(1947-aujourd'hui)
Poète, nouvelliste et pamphlétaire à ses heures, Claude Dussert est diplômé du Conservatoire d’Arts Dramatiques de Grenoble. Cadre commercial, il a créé sa société de communication « CBCD » en 1993 à Lyon. Il vit actuellement en Bourgogne, dans la région de Cluny. Éclectique dans ses lectures, sa passion pour la poésie l’a amené à être membre de nombreuses associations. Il participe activement à plusieurs anthologies de poésie et ouvrages collectifs ainsi qu’à des concours. Il a édité à compte d’auteur cinq recueils de poésie et un recueil de nouvelles. Il a également remporté de nombreux prix de poésie.


y
Posté le 14/04/2024 - Thème : Temps

Clandestin

Je cherche des rivages inconnus
dans la brume de ton insolence
ou dans l’insouciance de tes pas
Je découvre un rouge nouveau
en vernis ou sur tes lèvres closes
Sensuelle floraison amoureuse de toutes saisons

Je dépose l’offrande d’un rêve d’automne
ou d’un sortilège de printemps
sur la sépulture enneigée de notre amour
qui a été ou qui sera
comme une histoire qui ne dure pas
comme des instants dérobés à l’éternité

Je chéris le vase de nos larmes ou de nos désillusions,
de nos rires ou de nos amertumes
jamais brisé mais mille fois éprouvé par les vents
Je me repose à l’arrêt de sentiments
comme une pierre polie enfouie sous l’eau courante
Je me tais et je savoure,
le temps

 

© George-Dan TOADER


pGeorge-Dan Toader
(1980-aujourd'hui)

Belge d’origine roumaine, George-Dan Toader a grandi à Bruxelles qui est également sa ville de cœur. Comme sans doute de nombreuses personnes, il emmène au gré du vent, ses souvenirs et son vécu, fidèle à la locution latine de Cicéron : « Omnia mea mecum porto » et il se définit avant tout comme une personne, avec une mémoire et des souvenirs de lieux qu’il aime, bien qu’il ne les ait pas véritablement choisis, tout comme on n'est pas décideur de sa naissance. Par des poèmes philosophiques, il recherche l'Universel avec sa plume plus tendre ou plus maladroite dans sa dureté. D'ici ou d'ailleurs, la vie d'une personne est faite de nombreuses expériences, de ressentis et du vécu. L'écriture lui est libératrice ; les mots lui permettent de s'envoler ou de s'ancrer plus encore dans un présent qu’il a ou pas choisi. Il poétise parfois ses pensées et ses émotions, d’autres fois, il privilégie le texte brut ou poli par de nombreuses réflexions. 


y
Posté le 11/04/2024 - Thème : Vieillir / Artiste

Ces pierres qui roulent...

A jamais le temps nous blesse
Et la fraîcheur nous délaisse


Irrémédiablement
Plus ou moins violemment


Que faudrait-il dire ou faire
Quand les années prolifèrent


Le plus sage est d’assumer
-Tout feu doit se consumer-


Prenons sur ce point les Stones
Ces "éternelles icônes"


Un aplomb plein de vigueur
Sait dépeindre Mick Jagger…


Lorsque l’avenir dévisse
Lorsque les rides sévissent
Les regarder sans tabou
Permet de rester Debout…

 

© Didier COLPIN
Illustration : Mick Jagger et Keith Richards


pDidier Colpin
(1954-aujourd'hui)

Didier Colpin est né en 1954 à Laval, petite ville de l’Ouest de la France. Il a découvert l’écriture et la poésie « sur le tard », en 2010. Depuis elle est devenue sa compagne de tous les jours…
La poésie est pour lui le contraire de Twitter et de sa rapidité. Elle est un arrêt sur image… Sur un émoi sur un trouble sur la Beauté sur la laideur. Le tout vu, ressenti à travers le prisme qu’est son regard où deux plus deux ne font pas toujours quatre...


y
Posté le 27/03/2024 - Thème : Guerre

Tunnels d'indifférence

Le doute le plus noir n’a ni début ni fin
Ce n’est qu’égarement dans le cerveau humain.
Dans les maudits tunnels l’obscurité assaille
À chaque croisement tapine la gueusaille
Ariane n’a tressé qu’un filet pellucide. (*)


La lumière des casques est un fil incongru
L’exécration anime l’âme des assaillants
Ils font vœu d’immoler les hordes combattues
Libérer les otages, fuir les éclatements


Des balles, des grenades lancées en tâtonnant.
Dieu avait déserté paradis et tourments
Laissant les hommes agir en tout acharnement.


La Thora, le Coran n’avaient plus aucun sens
Lors, le Moyen-Orient ne vivait que d’outrance


La paix dans ces contrées n’avait la moindre chance.


© Claude DUSSERT
(*) Pellucide : transparent


pClaude Dussert
(1947-aujourd'hui)
Poète, nouvelliste et pamphlétaire à ses heures, Claude Dussert est diplômé du Conservatoire d’Arts Dramatiques de Grenoble. Cadre commercial, il a créé sa société de communication « CBCD » en 1993 à Lyon. Il vit actuellement en Bourgogne, dans la région de Cluny. Éclectique dans ses lectures, sa passion pour la poésie l’a amené à être membre de nombreuses associations. Il participe activement à plusieurs anthologies de poésie et ouvrages collectifs ainsi qu’à des concours. Il a édité à compte d’auteur cinq recueils de poésie et un recueil de nouvelles. Il a également remporté de nombreux prix de poésie.


y
Posté le 18/03/2024 - Thème : Enfance

Nous avons laissé s'envoler le cheval ailé

Au jardin, nous sommes retournés,
cueillir les fleurs fanées
nous laissions quelques traces dans la neige
derrière la maison du garde-barrière.

Nous avons continué près du manège
au pied de la rue, juste un peu plus bas,
souhaitant que ce soit encore le limonaire
que l'on entend.

Te rappelles-tu encore de l'un de ces airs
qui font la joie des enfants ?
mais Pégase s'est enfui
sans faire de bruit.

Tout s'écoule et s'en va,
dans un petit soupir.
La musique d'antan est juste un souvenir
accompagnant les chevaux de bois

 

© René CHABRIERE


René Chabrière (1956-aujourd'hui)
Lyonnais d'origine, René Chabrière s'est installé en Lozère et se consacre quotidiennement à l'écriture. Agrégé d'arts plastiques, il s'intéresse à tout ce qui est image et réalisations visuelles et anime plusieurs blogs personnels.


y
Posté le 18/03/2024 - Thème : Nostalgie

Le moulin de mon cœur

Dans les champs, au creux de ce moulin calmé,
Je te revoyais au temps des blés en pagaille,
Où comme les ailes de papillons, tu dansais
Au gré des vents épousant nos fiançailles.


Tes ailes tournoyaient en cadence, en chœur,
Où les rouages de nos vies grinçaient parfois,
Sous les coups pressants du meunier sans cœur,
Qui s’arrogeait le droit de rester sous ton toit.


Les vents dominants dominaient ton humeur,
Tant tu pouvais être le moulin d’un câlin,
Au sentier des ânes qui portaient ton labeur,
Tant tu te savais orgueilleux sous tes refrains !


Nos vies ont changé, tu es devenu le gardien
D’un lointain passé, où tu te refais une cure,
Sous l’effigie du touriste qui nous retient
Le temps d’un dimanche passé sous ton augure.

 

© Christine DUHAMEL


pChristine Duhamel
(1961-aujourd'hui)
Originaire du Nord de la France, le coeur de Christine Duhamel vibre dans l'écriture de poèmes. Elle a créé son blog pour exprimer les envies, les joies et les peines vécues au fil de ce monde si compliqué parfois mais plein de jolies surprises aussi.


y
Posté le 12/03/2024 - Thème : Silence

Rien ne bouge plus...

Rien ne bouge plus
Je suis partie
de là où tu n'es pas
Je suis la désobéissance
La racolleuse des caresses
La putain de ton purin
Plus rien
ne se voit
Je demeure
La bousculée
La muette
qui garde
les mots
Je suis
ton insulte
Plus rien ne se voit
Sauf la braise
de mon silence

 

© Claire Sylvie VINCENSINI


pClaire Sylvie Vincensini
(1957-aujourd'hui)
Ardéchoise par sa mère, corse par son père (Paul Vincensini poète, enseignant, éditeur), Claire Sylvie Vincensini est née en 1957 à  Naples. Elle a reçu une formation d'art dramatique et participé à des actions culturelles. Elle a été comédienne puis éditrice avec son père.



y
Posté le 11/03/2024 - Thème : Espoir

Encore un jour

Encore un jour d’eau fraîche qui commence
Sur l’herbe bleue des heures à faucher.
Encore un jour qui paye redevance
Pour mériter ses raisons d’espérer.


Encore un jour à semer la semence,
À féconder le doux limon du corps.
Encore un jour à miser sur la chance.
Encore un jour à défier le sort.


Encore un jour à se trouver soi-même,
À se connaître à soi-même étranger.
Encore un jour où rien ne vaut qu’on aime
Puisqu’il faut bien tout amour dénouer.


Encore un jour à compter les étoiles
Sans bruit tombant de ce soir à demain.
Encore un jour où l’on met à la voile :
Ho hisse et ho ! ce port n’est plus le mien.


Encore un jour à souffrir ses blessures,
Encore un jour de bois sec à brûler,
Encore un jour de sang et d’aventure,
Un jour encore… et tout va commencer.

 

© Carlo MASONI
Extrait de Plein pouvoir, Editions du Verseau, 1961


pCarlo Masoni
(1921-2010)
Ecrivain et poète belge d'expression française, Carlo Masoni a dû entrer dans la clandestinité pendant la Seconde Guerre mondiale, recherché à la fois par l’occupant allemand pour le travail obligatoire et par les Italiens pour le service militaire. Enseignant, il a également dirigé le Centre culturel d'Ottignies. Son profond humanisme faisait de lui un maître unanimement apprécié. Fortement impliqué dans la diffusion des lettres belges, il a lancé notamment les éditions du Verseau qui firent connaître les meilleurs poètes belges du moment.


y
Posté le 11/03/2024 - Thème : Animaux

Tant d'oiseaux

Tant d'oiseaux
Qu'on dirait de l'eau en pluie
un goutte-à -goutte d'ailes
une giboulée de plumes
une averse de griffes.
L'orage opaque éteint le ciel
et son tonnerre est de cris.
Qu'importe qu'importe
puisque ce cauchemar n'est pas un rêve
puisque ces griffes sont réelles
et que c'est réellement qu'il faudra mourir.

 

© Paul VINCENSINI


pPaul Vincensini
(1930-1985)
Alors qu'il était maître d'internat, Paul Vincensini découvre la poésie d'Alain Borne. Ce fut le début d'une intense amitié et d'une collaboration entre les deux hommes qui dura jusqu'à la disparition accidentelle d'Alain Borne en 1962. Dès lors, Vincensini ne cessa de multiplier les actions pour faire connaître le poète disparu, signant entre autres l'ouvrage qui lui est consacré dans la collection "Poètes d'aujourd'hui" chez Seghers. Professeur de lettres et d'italien,  il fut toute sa vie un propagandiste de la vie poétique, multipliant les manifestations, rencontres avec les poètes, spectacles et festivals poétiques. Il accomplira un travail énorme de vulgarisation de la poésie dans les milieux scolaires, les associations, les organismes dépendant d'autres ministères que le sien.


y
Posté le 06/03/2024 - Thème : Espoir

Et parfois un sourire

Et parfois un sourire
peut raviver la flamme
de la vie qui mourait
dans les ruelles sombres
de l’inconscient humain,
où l’espoir étouffait
entre les murs d’asphalte…
Et toujours un sourire
est un acte de foi,
une étoile allumée
dans nos ténèbres nues.

 

© Parme CERISET


pParme Ceriset
Passionnée de poésie et membre de la Société des Poètes Français, rédactrice à La Cause littéraire, surnommée « la plume Amazone » pour son tempérament très indépendant et son attachement suprême à la liberté. Parme Ceriset navigue entre Lyon et le Vercors où elle puise son inspiration. Son roman autobiographique Le serment de l'espoir - Que la vie souffle encore demain paru chez L'Harmattan, fait écho à son parcours totalement atypique. Elle a grandi avec une maladie rare, a exercé en tant que médecin puis a été sauvée par une greffe des poumons après avoir passé quatre ans sous oxygène. Dans ce roman qui est une ode à la Vie, à l'Espoir, à la Nature, à la Passion, à l'Amour et à la Liberté, elle défend une conception artistique de l'existence en déroulant le récit par petites touches, comme une fresque impressionniste. Parme Ceriset est également dessinatrice. Elle est fascinée par la vie sauvage et le monde animal, par la spiritualité et son expression artistique depuis l'aube immémoriale du monde et de l'humanité. Sur le plan philosophique, elle considère la poésie, selon ses propres mots, comme "un acte de résistance contre le non-sens et la mort". Son Graal absolu est la "liberté libre" de Rimbaud, qu'elle poursuit elle aussi, parfois jusque dans les ténèbres, éclairée par le flambeau inextinguible de sa foi en la vie et en l'Amour universel. Elle se définit comme humaniste, écologiste, féministe et pacifiste. Sa devise : "N'appartiens qu'à toi-même et au souffle du vent." (Extrait de son recueil "N'oublie jamais la saveur de l'aube", 2019). Son recueil Femme d'eau et d'étoiles, publié en 2021, a été couronné du Prix Marceline Desbordes-Valmore 2021 par la Société des Poètes Français.
Elle a publié en 2023 et 2024 deux recueils de poésie aux éditions du Cygne : « Boire la lumière à la source » (prix Jacques Viesvil 2023 de la Société des Poètes Français) et « Nuit sauvage et ardente ».


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Posté le 25/02/2024 - Thème : Révolution / Révolte

Le miroir et moi

Dans tes yeux de la fatigue et sur ton front tant de rides,
Parmi tes cheveux les blancs, vois, tant de blancs camarade…
Ainsi me parle souvent l'investigateur miroir
Toutes les fois que, muet, je me découvre seul en lui.

Tous les jours de mon enfance et les jours de ma jeunesse
Je – cœur parfois tout disjoint – les brimais pour l'holocauste
Sur l'autel des vanités tyranniques de ce temps,
Naïf – tenant pour abri l'espoir tant de fois promis.

Comme un forçat supplicié, comme un esclave qu'on brime
J'ai grandi nu sous le fouet de la gêne et de l'insulte,
Me battant contre la mort, vivre étant le seul problème…
Quel guetteur têtu je fus des lueurs et des mirages !

Mais l'amertume que j'ai bue aux coupes du besoin
S'est faite – fer devenue – que révolte, qu'énergie :
Se propageant avec fureur mon attente depuis
Enfouie jusqu'au profond du chant m'est cri élémentaire.

Et qu'importe, peu m'importe :
Que le temps aille semant sa neige sur mes cheveux !
Cours fertile qui s'élargit et qui s'approfondit
Au cœur de toute humanité très maternellement.

Et nous discutons dans un face-à-face, à "contre-temps",
Moi naïvement songeur, lui ironique et lucide ;
Le temps ? Qu'importe ce blanc qu'il pose sur les cheveux :
Mon âme comme un fleuve est riche de nouveaux courants.

 

© Missak MANOUCHIAN
© Image : les résistants du groupe Manouchian peu avant leur exécution le 21 février 1944 au fort du Mont Valérien


pMissak Manouchian
(1906-1944)
Ouvrier, poète et militant communiste arménien immigré en France, Missak Manouchian est surtout connu comme l'adjoint de Joseph Epstein à la tête des FTP-MOI de la région parisienne de la Résistance intérieure française à partir d'août 1943 et plus haut gradé du « groupe Manouchian-Boczov-Rayman » de vingt-trois résistants, jugés expéditivement, fusillés et stigmatisés par la campagne antisémite de l'Affiche rouge en février 1944. Après plusieurs opérations de son groupe dans Paris, il est arrêté par les brigades spéciales de la police française après une longue filature. Torturé, il est ensuite livré à la police secrête de l'armée allemande. Un tribunal allemand le condamne à mort avec 22 de ses camarades. Figure de la résistance armée, il meurt, comme il l'écrit à son épouse Mélinée juste avant son exécution, « en soldat régulier de l’Armée française de la Libération ». Missak et Mélinée Manouchian font leur entrée au Panthéon le 21 février 2024, quatre-vingts ans jour pour jour après l'exécution de Missak.


y
Posté le 23/02/2024 - Thème : Société

Laper la paix...

Laper la paix.
S'abreuver de sérénité
Semer l'option d'optimisme.


Tourner vers le couchant
Un regard tournesol.


Ancrer la joie dans un arbre
Une faille, un ruisseau.


Déceler dans tes yeux une primaire beauté
Héler les apocryphes conceptions
De fin du monde
Remettre le manteau
Et retrousser ses manches
Aimanté par l'envie de semblables désirs, non péchés capitaux,
Mais capiteux parfums maintenant le plaisir.


Dire tout haut l'implacable réalité d'un allant qui sonde l'au-delà
Et nous tient aux aguets
Pour profiter du monde
Et de ses habitants, occupants occupés aux terriens étés
Dont on souhaite qu'ils perdurent.


Endurer les tempêtes
Avant que de filer
Près des cyprès célestes.


Engendrer douceur, calme et présence.
Une synchronicité bénéficiant d'autrui.
S'en nourrir toute une vie.


Et reparaître vierge au lendemain
Qui relance une impartialité.

 

© Pierre-Michel SIVADIER


pPierre-Michel Sivadier
Pianiste accompli, compositeur prolifique, Pierre-Michel Sivadier mène également une carrière d'auteur. Il a, entre autres, écrit et joué pour Christian Vander, Jane Birkin, Lambert Wilson ou James Ivory.
Chanteur expressif, créateur de nombreuses œuvres vocales et d’harmonisations polyphoniques, il se situe dans un univers poétique croisant le piano, la chanson, le jazz et les musiques improvisées. Il a publié fin 2023 son sixième ouvrage littéraire Désordres - Journal, pamphlets, poèmes.


y
Posté le 21/02/2024 - Thème : Temps

Un instant

Il fait doux
et le soleil s'endort
sur le rivage au loin
on sent la grâce et l'ombre
l'horizon se consume
comme on brûle le temps
comme une sépulture
qui musarde en rêvant
comme on ferme sa couche
sur l'oiseau doucement
comme on prend dans ses bras
la dame au cœur si tendre
qui sourit seulement
se réchauffe tout bas
et s'endort en rêvant
dans la douceur du temps.

 

© Frédéric DAROLLES


Frédéric Darolles
Pas vraiment poète, mais amoureux des mots, parfois sensible, Frédéric Darolles voit dans la nature, et l’amour et les temps, des images qui inondent sa vie. Il écrit car il est libre, il écrit pour être libre. Enraciné dans la campagne gersoise où la nature est pour lui source d’inspiration, il a pour la poésie un immense respect même s'il pense qu’elle peut être éphémère et qu’il faut pour cela la saisir quand elle vous prend.

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Posté le 19/02/2024 - Thème : Amour

Le bohême des bonheurs perdus

Non, ce n’est pas ta jeunesse
que je pleure.
J’aurais voulu t’aimer à l’heure
où la vie blesse,
à cette heure où l’on sait enfin que l’on est seul.
Oui, c’est alors que je serais venue
moi, l’inconnue
qui dormais dans ton cœur.

J’aurais eu ton regret pris au filet du rêve
quelquefois, quand tu aurais eu soif d’eau bleue,
j’aurais eu la caresse
de tes mains sur mes yeux
quelquefois, quand tu aurais eu faim de tendresse.

Assise à tes pieds, dans ton ombre
j’aurais été la timide sœur de tes songes
et tu les aurais baisés sur mon front.

J’aurais eu le secret frisson
de ta voix
prise à la magie d’un poème
alors, j’aurais su que tu m’aimes…

Et tu aurais su que je t’aime
à ma joue effleurant tes doigts…

 

© Louisa PAULIN
Fin décembre 1937


pLouisa Paulin
(1888-1944)
I
nstitutrice et poétesse d'expression française et occitane, Louisa Paulin a commencé par publier des contes et des essais régionalistes. Atteinte de neuropathie amyloïde, maladie qui évolue lentement vers la cécité et la paralysie, elle prend une retraite anticipée en 1932 et s'installe dans son village natal à Réalmont (Tarn) où elle étudie l'occitan. Elle entre alors en intense période d'activité littéraire bilingue et obtient deux prix de l'Académie des Jeux Floraux puis publie ses premiers poèmes. Devenue presque aveugle, elle dicte ses poèmes et ses lettres aux amis qui viennent la voir.


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Posté le 17/02/2024 - Thème : Guerre / Déportation

Le signe

Elle mourut d’impuissance
pourra-t-on écrire sur ma tombe
qui sait où, il n’est pas dit qu’on meure
à l’endroit où l’on est né ou l’on vit
on peut être n’importe où
à cette heure incertaine
il n’y a pas de terres mauvaises et de terres bonnes
mais je voudrais pour signe une petite étoile
à six branches comme celle qui dans mon enfance
brillait sur mon petit manteau usé
gravez-la bien bien dans la pierre
comme ils l’ont gravée sur ma peau
dans ma chair dans mes entrailles
et s’il doit y avoir une autre vie
je serai une étoile jaune
pour vous rappeler qu’il était une fois
Auschwitz.


© Edith BRUCK
Extrait du recueil Pourquoi aurais-je survécu ? (2021)


pEdith Bruck
(1932-aujourd'hui)
[Nom de naissance : Steinschreiber]
Ecrivaine et poétesse italienne d'origine hongroise, Edith Bruck est l'une des dernières survivantes de la shoah. Déportée à l'âge de treize ans à Auschwitz avec ses parents et ses cinq frères et soeurs, elle sera transférée à Bergen-Belsen puis libérée en 1945 par les Alliés avec l'une de ses soeurs. En 1954, elle s'installe en Italie, rencontre le réalisateur Nelo Risi et l'épouse en quatrièmes noces. Elle publie son premier livre en 1959 et traduit en italien les oeuvres de plusieurs auteurs hongrois. Son témoignage d'une très grande force, rappelle à la vigilance permanente face à l'antisémistisme qui menace encore l'Europe.


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Posté le 16/02/2024 - Thème : Animaux

Le cormoran

Le cormoran est là, il fait face à la mer.
Son plumage de nuit scintille d’écumes.
Il est figé sur la roche, noble statue
Érigée sur un promontoire, droit et fier.


La tempête fait rage et au loin des éclairs
Annoncent un orage qui percera la brume.
C’est un drame breton et les vagues venues
Des grandes profondeurs, sont des chevaux de guerre.


Nul combat, ni cris forts de cet oiseau serein,
Il observe le large et se coiffe des embruns.
Il n’est pas autre ; il épouse les éléments.


Quand battu par la vie, complètement sonné,
Sauras-tu avec grâce demeurer bien vivant
Et non qu’un corps mourant, pris par l‘insanité.

 

© Simon RENAULT


Simon Renault
D’origines bretonnes, Simon Renault réside dans le Vermont aux États-Unis où il aime s’aventurer dans les grandes forêts et les campagnes aux côtés de sa femme et garçons. Il trouve l'inspiration au confluent de la nature et de l’expression artistique. Amoureux du mot, il s’exprime en français comme en anglais. De la terre à la table, il n’est jamais très loin d’un jardin ou d’une bonne assiette.


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Posté le 14/02/2024 - Thème : Temps / Ecrire

Un temps d'écriture

Entre les heures, un temps d’écriture
Comme une dédicace à l’encrier,
Et quelques syllabes dans l’échancrure
Des lettres alignées sur le papier.

Auprès d’une aube parfois improbable,
Le matin traverse le gué, pieds nus.
Des alphabets sortent de mon cartable
En déchirant les silences repus.

Je reviens du ciel vêtu de dimanches.
Il y a ces nuages de chiffon
Qui m’invitent à retrousser les manches.
Une étoile m’apporte son crayon.

Loin du temps fatigué, l’odeur sauvage
Des voyelles frissonne sur ton cœur.
L’horizon dans ta main, tourne la page.
Au bout de nous, s’efface la douleur.

Alors, sur l’épaule de nos blessures,
J’invente des rivières où le vent
Tambourine les eaux, de doux murmures.
Aimes-tu ce joli bruissement.

Le voici presque achevé, ce poème
Flanqué d’amour et d’espoir engourdis.
Tout en bas de cette strophe, je sème
Des étés dans les souvenirs enfuis.

 

© SEDNA


Sedna
Résidant en Charente-Maritime, Sedna a toujours eu la passion des mots. Elle aime les rimes et travaille principalement avec le Traité de Sorgel en poésie classique. Elle aime la mer, le ciel qui sont ses sources d'inspiration permanente. La sauvegarde de notre planète est l'une de ses préoccupations.

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Posté le 05/02/2024 - Thème : Amour

Des pierres et des vents

Des pierres et des vents
se rencontrent en une étoile.
C'est une rose des sables
dans le désert doré.
C'est le pouls de la nuit
qui s'est cristallisé sous le sol.
Une fleur figée,
a grandi à l'ombre
sans tige ni feuillage.
Pour toi je l'ai cueillie.
Il y a peut-être, caché
un parfum d'éternité.

 

© René CHABRIERE


René Chabrière (1956-aujourd'hui)
Lyonnais d'origine, René Chabrière s'est installé en Lozère et se consacre quotidiennement à l'écriture. Agrégé d'arts plastiques, il s'intéresse à tout ce qui est image et réalisations visuelles et anime plusieurs blogs personnels.


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Posté le 05/02/2024 - Thème : Spectacle

Le lac des cygnes

L’amour d’un grand prince ou celui d’un manant
Éclot comme les roses un beau jour de printemps
Siegfried à la règle ne fait pas exception
Dans la grâce d’un cygne ne voit que perfection.


Quoi de plus noble image qu’un cygne en parade
Les ailes formant un cœur, amoureuse accolade.
La tête portée haut se languit d’un diadème
Couronne symbolique et orgueilleux emblème.


Un sorcier maléfique lui a jeté un sort
Belle Odette est réduite à se parer de plume
À la nuit cependant jeune fille elle s’arbore.


Siegfried promet de rompre le philtre d’amertume
Faisant fi des projets de la reine sa mère
En épousant le cygne, c’est la mort qu’il conquière.


© Claude DUSSERT


pClaude Dussert
(1947-aujourd'hui)
Poète, nouvelliste et pamphlétaire à ses heures, Claude Dussert est diplômé du Conservatoire d’Arts Dramatiques de Grenoble. Cadre commercial, il a créé sa société de communication « CBCD » en 1993 à Lyon. Il vit actuellement en Bourgogne, dans la région de Cluny. Éclectique dans ses lectures, sa passion pour la poésie l’a amené à être membre de nombreuses associations. Il participe activement à plusieurs anthologies de poésie et ouvrages collectifs ainsi qu’à des concours. Il a édité à compte d’auteur cinq recueils de poésie et un recueil de nouvelles. Il a également remporté de nombreux prix de poésie.


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Posté le 06/02/2024 | Thème : Hiver

Lumière je vous aime

Cet aujourd’hui, la lumière est terne
L’hiver l’a pincée
Moi qui aime le grand soleil
Même celui qui brûle et mord
J’apprécie ce jour froid.
L’âge bascule en douceur nos tendances pour la nature.
On glisse lentement en harmonie avec les saisons.
Il permet l’évolution de nos préférences.
Aujourd’hui c’est aussi l’été, un été pincé !!


© Annie VITI


pAnnie Viti
(1944-aujourd'hui)
Gribouilleuse à temps perdu et au gré de sa fantaisie, Annie Viti écrit juste pour le plaisir et le partage.


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Posté le 05/02/2024 - Thème : Santé

Présent mais absent

Tu m’as bien demandé l’heure ?
Je ne sais plus, je prends du lait, du beurre ?
Tu es qui ? Mon frère, ma sœur ?
Je ne me souviens plus, j’ai peur.
Elle est sournoise cette maladie de malheur.


Je ne veux pas vous faire vivre un enfer,
Sachez que de vous je suis fier
Si je ne vous reconnais plus comme hier
C’est qu’elle est sournoise, mortifère
Elle fout tout en l’air, cette maladie d'Alzheimer.


Je crois que les sens sont importants dans la vie
Les miens partent dans tous les sens aujourd’hui
Je ne suis qu’un pauvre être qui survit
Sans comprendre ce qui se passe autour de lui
Nous sommes devenus étrangers, c’est la nuit.


Ne me regardez pas avec tristesse
Je ne vous quitte pas, seulement je vous laisse
Vivez, ne retenez que ces moments de liesse
Que nous avons partagés, faites-en la promesse
Pardon pour tous ces mots dits qui blessent
Soyez heureux, je l’ai été avec vous, je vous le confesse


Petits, grands, papa, maman, c’est à vous maintenant
De construire ce monde qui vous attend
Soyez les acteurs de tous ces changements
Mais n’oubliez pas votre famille, à chaque instant
C’est elle votre refuge, serrez-vous, aimez-vous tendrement
Gardant une tendre pensée pour votre papa, votre papi… absent.

 

© Antoine QUESSON


Antoine Quesson (1950-aujourd'hui)
Enseignant à la retraite, Antoine Quesson prend plaisir à s’exprimer avec des mots qui soignent nos maux, des mots qu'il triture, des mots qui lui parlent, des mots qu'il déforme… Que la langue française est riche de mots qui ont du sens, aussi, il est pour l’augmentation des sens, du bon sens... Il a publié plusieurs ouvrages chez TheBookEdition.


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Posté le 05/02/2024 - Thème : Sensualité

Époustouflant

Toucher de soie caresses de feu
Le souffle court sans dire un mot
Les corps se lâchent à leurs aveux
Les vagues racontent aux étourneaux

Sur la grande plage j'ai pris ma planche
Le dessin flamboyant surfant
Hier la fête, tôt ce dimanche
J'admire c'est beau époustouflant.

Sur le sable je lis nos soupirs
Les vagues effleurent au corps à corps
L'envie de vivre sans se mentir
Parce qu'au présent je rêve encore.

Le feu des caresses me poursuit
Se jette à l'eau pour me brûler
Je vous fais grâce ce qui s'ensuit
La vague ne veut pas s'en mêler.

Tant de spectacles n'ont pas connu
Les notes fières et le vertige
L'apothéose si méconnue
Ballet de corps en pleine voltige.

Le soleil pense se retirer
Il trace de rouge ce bel adieu
La nuit s'avance peut espérer
Écrire un rêve en lettres de feu.

 

© Hamid BECHEKAT


Hamid Bechekat (1953-aujourd'hui)
Retraité du secteur hydraulique et résidant à Oran, Hamid Bechekat écrit pour le plaisir.


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Posté le 07/02/2024 - Thème : Espoir

Quand un seul grain de blé

Quand un seul grain de blé définit une terre
quand un seul jet de sang élucide un mystère
quand une feuille seule en bruissant signe un arbre
quand d’un nuage seul un ciel désert se farde
quand d’un oiseau muet naît l’ordre du silence
quand un insecte crisse et vrille un chant immense
quand une braise attise un feu mourant de fleurs
quand une glaise accueille un caillou de lueur
quand une main réveille un destin de caresse
quand un regard endort le corps d’une tristesse
quand une neige habille un fil de graminée
alors, espère en toi l’impatience d’aimer.


Robert MALLET


pRobert Mallet
(1915-2002)
Ecrivain, universitaire, haut fonctionnaire et homme de radio français, Robert Mallet fonde la faculté des lettres de l'université de Tananarive, dont il est le premier doyen.
Il s'est surtout illustré en tant que poète mais il est également auteur de romans et de pièces de théâtre. Il a été membre de l'Académie des sciences, des lettres et des arts d'Amiens.
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Posté le 07/02/2024 - Thème : Amour

Tant que mes yeux pourront larmes épandre

Tant que mes yeux pourront larmes épandre
A l'heur passé avec toi regretter,
Et qu'aux sanglots et soupirs résister
Pourra ma voix, et un peu faire entendre ;

Tant que ma main pourra les cordes tendre
Du mignard luth, pour tes grâces chanter ;
Tant que l'esprit se voudra contenter
De ne vouloir rien fors que toi comprendre,

Je ne souhaite encore point mourir.
Mais, quand mes yeux je sentirai tarir,
Ma voix cassée, et ma main impuissante,

Et mon esprit en ce mortel séjour
Ne pouvant plus montrer signe d'amante,
Prierai la mort noircir mon plus clair jour.


Louise LABÉ


pLouise Labé (1524-1566)
Surnommée « La Belle Cordière », Louise Labé est une poétesse française de la Renaissance. Elle a revendiqué pour les femmes le droit à l’éducation et à l’indépendance de pensée
. Elle  tente d’élaborer une image plutôt revendicative de la féminité autant au niveau social qu’au niveau de l’amour par son écriture. Comme dit dans le thème de l’écriture féminine, elle crée toute une nouvelle image de la femme et d'une réputation sulfureuse en raison de sa liberté d'esprit, que l'on associe à une liberté de mœurs. On connaît très peu d'éléments de sa vie. Elle a fait l'objet d'une polémique, car fille de cordier et mariée à un cordier (artisan et marchand de cordes), on s'est posé la question de savoir comment une femme du peuple a pu écrire ces textes imprégnés de culture humaniste ?