Soleil, plage et farniente...
La mer toujours
La mer toujours
te gagne
La plage est ta demeure
où l’empreinte de tes pas
sans cesse se réinvente
Tandis que tes yeux
comme la lumière d’un phare
veillent sur l’étendue
Jamais patience
ne fût aussi longue
*
Dans la blondeur
du sable et des jours
tu dessines contre le temps
s’échappant de tes mains
cet autre soleil
qui palpite en toi
Vagues, je vous salue
Vagues, je vous salue, vous que le vent salé
Berce dans sa clarté, caresse langoureuse
Où s'assoupit, repu, l'infini de l'été,
Vous qui vous attardez sur la plage rêveuse.
Vous dressez sous l'azur votre galbe insoumis,
Avant de replonger aux mille voix mêlées
Des grands fonds inconnus, aux abysses tapis
Là où n'atteignent pas les heures irisées.
Je voudrais tant saisir, je voudrais embrasser,
Je voudrais boire enfin, vagues, votre silence
Puissant comme un orage où s'apprête à gronder
La masse des rochers d'où la foudre s'élance.
Votre danse éternelle où se posent mes yeux
A ce calme enfanté des tempêtes premières,
Cet éblouissement venu de chez les dieux,
Ces courbes effleurées et ces crêtes altières.
Je préfère cent fois votre ailleurs sans pareil
A l'inerte chaleur d'une journée perdue
Parmi le vide nu du sable et du soleil !
Et dans le vent salé, vagues, je vous salue ...
Ecume
J'ai l'image étrange
De cette écume blanche
Qui se mélange aux yeux
Qui glisse sur le sable
Soulevée par les vagues
Et vient mourir heureuse
Sur une nuit d'insomnie.
Le jardin de sable
Se noie à marée montante.
Des brumes d'océan
Dessinent des visages
Effaçant la tristesse
Des cruautés d'amour.
Elles abandonnent à l'estran
Des formes passagères
Que vient brûler le vent.
Du haut de la dune
Je regarde l’île
Cette fille allongée
Les cuisses écartées,
Le sexe grand ouvert
À tous ces vents d'ailleurs
Vertige de magnificence
Comme je le fis sans cesse
À l'onde de tes caresses.
Je suis là, à t'attendre,
Recomptant les flots
Et d'étranges lumières.
Je l'ai fait mille fois ;
Le referai-je encore,
Espérant sur ma soie
La chaleur et l'amour
De ton écume plaisir.
Echos logiques
Rythme des vagues
J’étais assis devant la mer sur le galet.
Sous un ciel clair, les flots d’un azur violet,
Après s’être gonflés en accourant du large,
Comme un homme accablé d’un fardeau s’en décharge,
Se brisaient devant moi, rythmés et successifs.
J’observais ces paquets de mer lourds et massifs
Qui marquaient d’un hourra leurs chutes régulières
Et puis se retiraient en râlant sur les pierres.
Et ce bruit m’enivrait ; et, pour écouter mieux,
Je me voilai la face et je fermai les yeux.
Alors, en entendant les lames sur la grève
Bouillonner et courir, et toujours, et sans trêve
S’écrouler en faisant ce fracas cadencé,
Moi, l’humble observateur du rythme, j’ai pensé
Qu’il doit être en effet une chose sacrée,
Puisque Celui qui sait, qui commande et qui crée,
N’a tiré du néant ces moyens musicaux,
Ces falaises aux rocs creusés pour les échos,
Ces sonores cailloux, ces stridents coquillages
Incessamment heurtés et roulés sur les plages
Par la vague, pendant tant de milliers d’hivers,
Que pour que l’Océan nous récitât des vers.
Brins d'été
L’été citron
En éventail
Tout en coton
Et brins de paille
L’été jazzy
Sur une plage
Toute la nuit
Près du rivage
L’été de blé
Epouvantails
Et vent léger
Dans la rocaille
L’été concert
Qui vagabonde
En bord de mer
Et sur les ondes
L’été vanille
Sur les terrasses
Sous la charmille
Où l’on s’embrasse
Mon cœur de pomme
Sous ma chemise
Se déboutonne
En gourmandise
Je te le donne
Jusqu’au matin
Il s’abandonne
Entre tes mains
Far-niente
Quand je n’ai rien à faire, et qu’à peine un nuage
Dans les champs bleus du ciel, flocon de laine, nage,
J’aime à m’écouter vivre, et, libre de soucis,
Loin des chemins poudreux, à demeurer assis
Sur un moelleux tapis de fougère et de mousse,
Au bord des bois touffus où la chaleur s’émousse.
Là, pour tuer le temps, j’observe la fourmi
Qui, pensant au retour de l’hiver ennemi,
Pour son grenier dérobe un grain d’orge à la gerbe,
Le puceron qui grimpe et se pend au brin d’herbe,
La chenille traînant ses anneaux veloutés,
La limace baveuse aux sillons argentés,
Et le frais papillon qui de fleurs en fleurs vole.
Ensuite je regarde, amusement frivole,
La lumière brisant dans chacun de mes cils,
Palissade opposée à ses rayons subtils,
Les sept couleurs du prisme, ou le duvet qui flotte
En l’air, comme sur l’onde un vaisseau sans pilote ;
Et lorsque je suis las je me laisse endormir,
Au murmure de l’eau qu’un caillou fait gémir,
Ou j’écoute chanter près de moi la fauvette,
Et là-haut dans l’azur gazouiller l’alouette.
La mer
Loin des grands rochers noirs que baise la marée,
La mer calme, la mer au murmure endormeur,
Au large, tout là-bas, lente s’est retirée,
Et son sanglot d’amour dans l’air du soir se meurt.
La mer fauve, la mer vierge, la mer sauvage,
Au profond de son lit de nacre inviolé
Redescend, pour dormir, loin, bien loin du rivage,
Sous le seul regard pur du doux ciel étoilé.
La mer aime le ciel : c’est pour mieux lui redire,
À l’écart, en secret, son immense tourment,
Que la fauve amoureuse, au large se retire,
Dans son lit de corail, d’ambre et de diamant.
Et la brise n’apporte à la terre jalouse,
Qu’un souffle chuchoteur, vague, délicieux :
L’âme des océans frémit comme une épouse
Sous le chaste baiser des impassibles cieux.
La lune et le soleil
La lune est une orange
Sur un bel oranger,
Une orange qu’un ange
Chaque nuit vient manger,
Une orange qui change,
Qui bientôt, c’est étrange,
N’est plus que la moitié
D’une orange qu’un ange
Sans pitié mange, mange
Jusqu’au dernier quartier.
Le soleil, quant à lui,
Même quand il nous cuit,
Le soleil est un fruit :
C’est un gros pamplemousse
Qui tombe avec la nuit,
Qui tombe sur la mousse,
À ce que j’en déduis,
Puisqu’il tombe sans bruit.
Le soleil est un fruit
Qui pousse et qui repousse ;
Le soleil est un fruit,
Même quand il nous fuit ;
Le soleil est un fruit
Qui montre sa frimousse
De bon soleil qui luit
Dès le premier cui-cui
Je suis en vacances
Assis tout au bord d’un nuage,
Ça fait des jours que je voyage
Et dans mes vagabondages
J’ai le vent comme équipage…
Funambule au fil de l’eau,
Je fais la papote aux oiseaux
Et - il faut ce qu’il faut-
J’ai mis une plume à mon chapeau.
J’ai mis mon chapeau de soleil
Mon écharpe arc-en-ciel,
J’ai tout oublié, je pense :
Je suis en vacances.