L'écritoire de Noël
Petit flocon
Il était une fois
Un flocon blanc, léger
Qui voulut se poser
Ailleurs que sur les toits.
Né d’éternelles neiges,
Il se mit à descendre.
Il lui semblait entendre
D’ineffables arpèges.
La voûte ailée des cieux
Dansait, se déployait,
Scintillait, tournoyait,
Du givre plein les yeux.
Parmi vents et nuages
S’envolait, fantastique,
La route magnifique
Que suivaient les trois Mages.
Petit flocon, surpris,
Aperçut le traîneau
Où trônait, noble et beau,
Grand-Père Gel, assis.
Des forêts enchantées
Et de la plaine immense
S’exhalait le silence
Des nuits carillonnées.
Un souffle de travers,
Un courant d’air mutin :
Petit flocon, soudain,
Traversa les hivers.
Poussé vers nos contrées,
Il découvrit la ville
Et fondit, pur, fragile,
Sur mes paumes levées …
Les douze lutins
Ils sont douze lutins
Dans ce joli village
De songe et de cristal
Derrière les montagnes
Trois qui frappent l’enclume
Et remplissent d’étoiles
La forge du grand gel
Trois qui font à l’enseigne
Du Rire de l’Hiver
De frais gâteaux de neige.
Trois qui tirent l’alêne
En secret dans la basse
Échoppe du sommeil
Trois autres qui allument
Leurs petites lanternes
Et n’attendent qu’un signe
Pour s’en aller sonner
Les cloches de Noël
La magie de Noël
La période de Noël
Est pour moi, une merveille
Je retrouve en ce moment
Mon coeur et mon âme d’enfant
☆
Cette saison particulière
Me rend tellement légère
C'est l’occasion rêvée
De faire des vœux enchantés
☆
Allongée sur le blanc coton
Je regarde tomber les doux flocons
Dans le mouvement de l’ange
Je songe à cette belle insouciance
☆
Les descentes en luge sous le soleil
Les batailles de neige en duel
Les sourires des petits et des grands
Les bonhommes de neige scintillants
☆
Au coin de la cheminée
Décorée de fleurs et de guirlandes
Aux couleurs pétillantes
Les cadeaux emballés
☆
La saveur d'un bon chocolat chaud
Regardant par la fenêtre les oiseaux
Faisant la danse des maisonnettes,
Pour se nourrir de graines et de graisse
☆
Le plaisir de créer des guirlandes originales
Qui viendront garnir le sapin familial
Décors, boules, rubans, et bougies
Envoûteront de leur douce harmonie
☆
Préparer les biscuits sucrés
La délicieuse bûche chocolatée
Le fameux coq au vin
Et tous au pétrin...
☆
Puis s’habiller chaudement
Pour faire le tour des voisins
Et chanter notre joie allègrement
Ce répertoire de cantiques divins
☆
Dans le quartier tout illuminé
Chaque maison étant décorée
Un paysage de blancheur
Et d'incroyables lueurs
☆
Nous rentrerons transis de froid
Pour un délicieux repas
Dans la joie et bonne humeur
Un vrai régal de bonheur
☆
Après la messe de Minuit
Chacun s’embrassera tendrement
Devant les yeux éblouis des petits
La paix et l'amour doucement
Auront déposé leur magie
♡☆♡
Ma crèche
L’eau de ma crèche est une rivière
son visage s’anime jusqu’aux fontaines
d’hier et d’avant-hier sans aucune peine
☆
Les arbres de ma crèche se nomment
pins cyprès platanes oliviers
☆
Dans ma crèche la joie
au centre de la vie
au cœur de la foi
vibre d’amour et d’espoir
jour après jour
☆
Ma crèche n’est pas d’argile
je vous le donne en mille
c’est un beau village de Provence
où l’accent chante et danse
☆
Ma crèche c’est la vraie vie d’ici
♡☆♡
Il est minuit sur la colline
Il est minuit sur la colline
Où souffle un petit vent glacé
Qui joue parmi la neige fine.
Dans le silence des étoiles
Scintille l’infini, caché
Comme entre d’impalpables voiles.
Le ciel est joie, la terre est paix,
Et la maison se pelotonne
Sous la rondeur du toit épais.
Au pied du sapin les cadeaux,
Près du feu le chat qui ronronne,
Partout harmonie et repos.
Là-bas un tintement de cloche
Traverse les champs, les forêts :
Il faut sortir, car l’heure est proche.
Il faut prendre les lampes frêles
Et marcher entre les longs traits
De ces flocons cinglants et grêles.
Capes vieillies et longs manteaux
Montent, silhouettes frileuses,
Par les chemins, par les coteaux.
Soudain jaillissent de la nuit
Les voix des anges, lumineuses …
Sur la colline il est minuit.
Inspiré, quoique de loin, par la Russie, avec ses vastes forêts, sa neige et le tintement de la cloche
Également inspiré, plus directement, par la Provence, surtout par la fin des « Trois messes basses » d’Alphonse Daudet (des « Lettres de mon moulin ») et par la Pastorale des Santons, texte d’Yvan Audouard
Noël
Blottis dans un fauteuil et devant l’arbre vert,
Un petit qui sommeille, un vieillard indulgent,
Contemplent en rêvant tout l’or et tout l’argent
D’un manteau scintillant. Le sapin s'est couvert !
Auprès des souliers une crèche rappelle
À toute humanité que l’amour est divin,
Qu’il est doux le partage des pains et du vin,
Quand un chant radieux emplit une chapelle !
Et la promesse vient d’un lendemain joyeux,
Du rire qui résonne au matin de Noël,
Quand s’accomplit enfin le miracle éternel
Et que la preuve est là, juste devant nos yeux !
Pour l’enfant le jouet, le fruit, une étincelle,
Un moment merveilleux gravé dans sa mémoire.
Au grand-père à nouveau sera donné de croire,
En la pâle bougie une flamme chancelle…
Vieux Papa où es-tu ?
Il était beau et frais, le Père Noël d’alors !
Il était moins cassé que n’était mon grand-père.
Mystérieux, secret, du pays aux trésors.
On croyait qu’il était des parents, le compère :
« Noël ne viendra pas, gare au Père Fouettard ! »
Pour les devoirs aussi, on passait le message,
Mais là il y avait quelques futés vantards
Qui se moquaient si bien d’être comme une image,
Qui prétendaient savoir une autre vérité…
Et la peur grandissait, car il fallait y croire
Au vieil homme d’hiver, à son ubiquité,
Sinon pas de cadeaux, et serrant la mâchoire,
Avec un air sérieux, on gardait le secret.
On ne trahissait pas, l’horrible découverte,
Que les parents mentaient, fallait être discret,
Grande était la frayeur… des cadeaux voir la perte !
En ces jours, le bonhomme est rabougri, hideux,
Comme nous tout fripé, qui plus est, un avare !
Ça fait combien de temps, de Noëls cafardeux,
Que mes souliers vernis ne servent plus de varre (1)
À quelque beau jouet ou minime cadeau
Enrubanné, doré, qui cache son mystère
Dans un coffret savant, sous le sapin badaud ?
Vraiment à mon avis le vieux est grabataire !
Ne le serait-on point, balloté en traineau
Par tous les mauvais temps que malmènent ses rennes
Arthrosiques, miros, plus bêtes qu’un vanneau,
Juste bons à penser à leurs prochains casse-graines !
Qu’on attelle Danseur, Furie et Cupidon,
Tornade et puis Éclair, quand arrive Tonnerre
C’est pire qu’un bazar, ça frôle l’abandon !
Le nez rouge de Rudolph, cherchant son partenaire,
Fringant qui n’en peut plus, est retourné dormir
Pourquoi tant se donner, ce n’est qu’une historiette !
Personne n’y croit plus ne sachant que gémir.
Vous y croyez encore ? Demandez à Comète…
Les rennes, le traineau, qui volent dans les airs !
Même les tout-petits se lassent de la Fête.
Un vieux qui bosse encor, c’était encore hier
Grèves dures des trains et foule insatisfaite.
Et puis sa fausse barbe et son manteau fripé,
Son ho ! ho ! bien surfait et son air débonnaire,
Tout de rouge habillé, de sa hotte équipé,
Travail de saisonnier, histoire imaginaire
Qui vient de Laponie en passant par le ciel,
Si facile à gober, naïfs que nous sommes,
À laquelle on ne croit que pour le matériel.
Puis on se fait piéger, ainsi sont faits les hommes !
On refait tous les ans, un sapin décoré.
La course au dernier jouet, duquel vite on se lasse,
Du papier scintillant, comme ils vont adorer !
Quelques rires d’enfant, tirelire que l’on casse…
Moi je l’aimais vraiment quand il était fauché.
Ce soir-là, sentait bon l’amour et les oranges,
Dans un coin du salon qu’on avait bregauché (2)
On contait on chantait, ça n’était pas étrange.
Quelques bougies brillaient, c’était bien chaleureux,
Pour l’honneur on avait astiqué les chaussures,
La sagesse était là, les parents valeureux,
C’était simple Noël, tendresse sans fissures.
(1) Varre \vaʁ\ féminin (Marine) (Vieilli) Harpon pour varrer.
(2) Bregaucher (Suisse) Ranger, nettoyer dans un appartement.
Les flocons de Noël
J'ouvre un œil
Évadé de la nuit
Vers la buée cristale
Qui gèle contre la vitre
Les flocons
S’envolent et puis descendent
En neige blanche banale
Contre la pierre des murs
La lumière
Au dessus des pavés
Rebondit et s’étale
Sous la voûte des porches
Les flocons
Ne quittent pas l’espace
Ils promènent des fantômes
Entre lune et soleil
Quand ta main
M’abandonne un instant
Tous les flocons dévalent
Sur les vents qui t’emportent
Aumône au môme
Noël la ville atourne
Guenilles pas douchées
Sébille et chien couché
Personne ne s’retourne
Personne ne s’retourne
Rien pour chausser ses pieds
Sur un bout de papier
La terre et la roue tournent
La terre et la roue tournent
Sous les lumières crues
Débauche sans décrue
Ma tête se détourne
Ma tête se détourne
La conscience achetée
Par la pièce jetée
Mon pas las le contourne
Mon pas las le contourne
Ce tableau déplaisant
Il doit avoir seize ans
Noël la ville atourne
Renouveau
Les lueurs se terrent sur le chemin
Là, où le grand troupeau d’ombres espionne
Le poème caché sous le sapin.
Serait-ce déjà l’hiver qui ronchonne.
Tout au-dessus des arbres dépouillés,
Un rêve troublé emplit les nuages.
Au fil du temps couché sur les pavés,
Les heures assoupies sont bien trop sages.
A la rescousse du matin glacé,
Les phrases chevauchent la chevelure
Du givre, et secouent leurs doigts tourmentés
Sur les fontaines figeant leurs murmures.
L’encre suspendue au silence dru
Recherche pourtant dans chaque voyelle
Un horizon où un printemps têtu
Se met en route et bâtit sa chapelle.
Quand Noël viendra porter ses cadeaux,
Au pied des guirlandes et des paillettes,
Les lampes chanteront le renouveau
Dans le vent agitant les girouettes.
Face à la porte, j’ai mis les sabots
Où la neige oubliera sa contrebande.
Et je t’offrirai un essaim de mots
Parfumés de blés chauds et de lavande.