× Auteure primée sur cette page : Catherine Destrepan pour l'obtention de la Mention Honorable au Concours Poetika 2024

Un air de vacances



À Malaucène
Magali BRETON

y

J’aimerais simplement vous dire
Cette quête devenue mienne
Pourquoi il me faut revenir
À Malaucène, à Malaucène…


C’est là que je veux déposer
En mon provençal sanctuaire
Mon vécu des mois écoulés
Avant de repartir légère


Sous les pavés de ses ruelles
J’enfouis mes peurs, mes cicatrices
Mes désarrois existentiels
Afin qu’ils les ensevelissent


Sur les étals de son marché
Je sème toutes les saveurs
De l’amour que l’on m’a donné
De la paix et de mes bonheurs


La fontaine presque tarie
Accueille une à une mes larmes
Celles de mes joies infinies
Celles des peines qui s’acharnent


Puis au Mont Ventoux je murmure
Diverses pensées poétiques
Sur ma vision de ce bas monde
Qui peut sembler bien utopique


C’est en l’église Saint Michel
Que je chante un Ave Maria
Un S.O.S. pour les mortels
Je ne sais si Dieu m’entendra


Au fond du cœur des miens je glisse
Ma tendresse, mes doux espoirs
Ces mots qui nous rendent complices
Et les liens qui font notre histoire


Je ressens curieusement
Luttant contre cette obsession
Comme une distorsion du temps
Un effet d’accélération


Et s’enfuit ainsi ma jeunesse
Mais à quoi bon vouloir lutter
Je m’abandonne à la sagesse
À une inouïe sérénité


Dans ce mouvement perpétuel
En août, lorsque je suis ici
Tous mes souvenirs s’amoncèlent
Je vois le film de ma vie


Pour toujours, en ce cher village
Il faudra donc que je revienne
Accomplir mon pèlerinage
À Malaucène, à Malaucène…


© Magali BRETON
Illustration : Magali Breton dans rue de Malaucène - © Photo Muriel PIC


Magali Breton
Auteure-compositrice-interprète, Magali Breton est aussi comédienne, auteure de textes de chanson française dont ceux de son album intitulé « Regard de femmes » primé à Barbizon 77, lors du concours « La palette en chansons », avec pour parrain Bernard Sauvat. En 2019, elle se consacre à l’écriture d’une pièce de théâtre musical sur la vie et l’œuvre de l’artiste peintre Rosa Bonheur : « Les messagères de Rosa Bonheur ». Le spectacle est créé en 2020, avant d’être stoppé net par la crise sanitaire et la fermeture des salles de spectacle, avant de connaître un beau succès en tournée. Cette période se mue en une inépuisable source d’inspiration pour écrire un recueil intitulé « Les Covidiennes » édité en 2022. Elle choisit la poésie pour nous livrer des instants de vie en quelques vers et nous absorber dans l’intimité, la profondeur et l’exacerbation des sentiments. Elle fait appel à Muriel Pic, photographe, ainsi qu’à Patrick Carmier, pianiste compositeur, pour sublimer les textes par l’image et la musique. Cela donne naissance à un nouveau spectacle.
Autres textes : → Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son site : → Les Messagères de Rosa Bonheur
Sa page Facebook : https://www.facebook.com/lelienparlart
Sa chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/UC6zEpDLSwB9-zqZok3H72BA



Vacances...
Pierre PAYSAC

y

Plaisir de ne rien faire,
Délices de l’ennui…
Des bruissements dans l’air…
Vogue ma rêverie…


© Pierre PAYSAC 


Pierre Paysac (1948-aujourd'hui)
Fréquentant un atelier d'écriture depuis plus de dix ans, Pierre Paysac a publié son premier recueil, Errance, en 2021, aux éditions Persée. Son deuxième recueil est en cours d'édition. Il a par ailleurs participé au concours Poetika 2023 et l'un de ses textes a été remarqué par les membres du jury.
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Solesmes, soir d'été
Roland MUHLMEYER

y

Dans la galerie du cloître les pas résonnent,
deux chouettes ululent, imitant la plainte de Rachel devant ses fils.
Qui pourrait encore la consoler ?
L’eau s’écoule paisiblement devant les bâtiments, en contrebas.
Une rivière sans doute ?
On perçoit son murmure.
La statue, Vierge blanche de Galilée, compte les versets du psaume à l’angle du cloître.
Une porte entrebâillée laisse filtrer la mélodie corrigée.


Le vent se lève.
L’orage gronde,
impassible.
Le tombeau reste ouvert !
Un gisant au sol :
à genoux dans la crypte,
« Audi filia et inclina aurem tuam »
la prière reprend sa multitude de bourdonnements.
Le peuple défile devant le gisant.
La pierre prie à son tour, aux jointures où l’herbe pousse.
Elle est une parole des siècles à venir.


Le tombeau reste béant,
on y couche une dame,
Notre-Dame, sur son linceul, un cristal de vertus.
Au loin, l’orage gronde.
Il semble précipiter au barathre lugubre les âmes des damnés.
« Audi filia et inclina aurem tuam »
La dame dort,
bienheureuse,
un diadème sur son drap blanc de marbre,
tandis que l’ange de la chapelle la veille pour l’éternité.


© Roland MUHLMEYER
Illustration : sculpture Les Saints de Solesmes, Abbaye de Solesmes (Sarthe), communauté de moines bénédictins et haut lieu du chant grégorien.
Barathre : abîme, gouffre, précipice. Gouffre dans lequel les Athéniens précipitaient les condamnés.


Roland Muhlmeyer
Roland Muhlmeyer est guitariste classique de formation. Il apprend le chant lyrique, deux matières qu'aujourd'hui encore il enseigne. Il se spécialise par ailleurs dans le chant grégorien, qu'il a également enseigné. Il a écrit des poèmes dans sa jeunesse qui ont paru dans quelques publications. Après un long repos poétique, il s'est remis à écrire. Il a le souci du rythme, des couleurs, des mots dans ses textes qu'il traite comme une partition de musique contemporaine.
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Un air de vacances
Michel KEUKENS

y

Si je vous le révèle d’emblée, vous allez me croire ou non,
mais je ne suis jamais « parti en vacances » dignes de ce nom.
Tout le monde ou presque, au moins une fois au cours de sa vie,
a quitté ses pénates pour pouvoir dire : « l’ordinaire j’oublie ! ».


Aujourd’hui les offres sont multiples pour des lieux improbables,
accessibles à tous ceux qui ne doivent pas tirer par la queue le diable :
transats, escalades, avec ou sans gentils animateurs,
les menus sont variés et, s’il le faut, les banques sont prêteurs.


S’évader à tous prix, et peut-être plus, plaisirs futiles ?
Cette année on a fait l’Alsace, cool l’excursion sur l’Ill.
Et demain on vise plus loin : une île, une vraie, Madagascar ?
Ou un autre dépaysement plus flagrant, Gibraltar ?


Vérifier la liste de tout l’attirail du vrai « juillettiste » :
Masque de plongée, crème solaire, casque de vététiste…
sans oublier celui qui nous colle au cœur et au corps :
notre « photophone » pour cliquer ici et là et encore !


Mesdames, Messieurs, à la suite d’un dérangement technique,
votre vol vers Madère est annoncé avec un retard critique.
Prière de vous rendre au comptoir de votre compagnie « Solair »
pour un échange de billets et un drink qui vous sera offert.


La retenue sur ce tronçon est actuellement de trois quarts d’heure.
Des bénévoles vont passer pour distribuer de l’eau tout à l’heure.
Du calme les enfants ! On est bientôt arrivés ! Ça redémarre.
Chaque année c’est pareil : on y va même en sachant que c’est « noir ».


Tous ces plaisirs et ces contretemps, comme j’ai dit, pas pour moi.
Je n’y prends pas part et au final je ne le souhaite pas.
Tout simplement je ne peux pas, car depuis mon accident,
sur mon dos couché, je ne peux qu’en rêver : c’est évident.


Mais une résilience féroce, c’est ma force, m’a toujours habité.
Je veux rester d’ici avec le monde hyper connecté
et je peux même dans un sens m’évader, j’ai cette grande chance,
à travers cette belle émission télé « un air de vacances ».

© Michel KEUKENS


Michel Keukens (1948-aujourd'hui)
Né en Belgique, Michel Keukens a 75 ans et travaille toujours à titre de traducteur de brevets européens depuis plus de 30 ans, après avoir effectué une carrière partielle d'enseignant en langues germaniques (néerlandais, anglais, allemand) dans le secondaire. Il s'est toujours senti bien dans le monde de l'écriture, un parfait dérivatif qui le change radicalement de son activité éminemment technique ! En fait, il aime bien "raconter des histoires".
Du même auteur :
Samarah



Venise
(Impressions de voyage)

Mirela LEKA-XHAVA

y

La lagune de Vénétie entoure Venise
silencieuse
sous les pas bruyants des touristes Piazza San Marco
éveillés et endormis pendant des siècles
Marco Polo, Véronèse, Vivaldi…


Quelque part la douleur parle sur le Pont des Soupirs
temps figé en Moyen Âge, Renaissance
et les âmes qui errent dans le palais, les doges
histoire de la vie, histoire de l'art.


Je suis pleine de mots et je prends avec moi

la magie de l'Adriatique et d'une reine charmante.


© Mirela LEKA-XHAVA


Mirela Leka-Xhava (1966-aujourd'hui)
Mirela Leka-Xhava est née dans la ville d'Elbasan en Albanie. Passionnée de littérature depuis son enfance, elle publie de temps en temps dans divers magazines et journaux. Elle est diplômée en Langue et Littérature albanaise à l’Université « Aleksander Xhuvani » à Elbasan. Jusqu’en 2002, avant d’émigrer en France, elle a travaillé comme bibliothécaire à la Bibliothèque universitaire de la ville d'Elbasan. Ses poèmes ont été publiés dans des revues et journaux prestigieux en France, Albanie, Kosovo, Angleterre, Canada, Etats-Unis, Belgique, Bangladesh, Inde, Tunisie, Roumanie, Bulgarie, Italie, République Dominicaine, Pays Bas, Chine etc. Elle est active dans les salons littéraires en France, et a obtenu le Diplôme d’Honneur au 24ème Printemps des Poètes - Sartrouville France.
Elle est publiée périodiquement dans la revue littéraire « Florilège » de l'association Poètes Sans Frontières - Dijon et dans plusieurs anthologies. Elle a été finaliste du Festival de Poésie Méditerranéenne, Rome – 2022, et participe constamment à des concours littéraires. Depuis 2024, elle est membre de la Société des Poètes Français, Paris.
Elle vit actuellement avec sa famille à Bordeaux, en France.
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Jetée d'ancre...
Anne-Marie JORGE PRALONG-VALOUR

y

Jetée d’ancre en pleine mer
Comme un point sur une île
Au creux de croissants
De verts déserts

Étourdie d’eaux cristallines
Alanguie d’offrandes musicales
Sur la rive déposée
Par vagues fluorines

Épuisée d’indolence
Sous un ciel plombé
Dans l’air chaud d’un monde
Aux perles égarées

Bercée de cocotiers
Insolents de fruits lourds
L’eau pétille en bouche
Sous les palmes qui dansent

 

©  Anne-Marie JORGE PRALONG-VALOUR


Anne-Marie Jorge Pralong-Valour
Écrivaine calédonienne, Anne-Marie Jorge Pralong-Valour est membre de la Société des Poètes Français et de l’Association des Écrivains de Nouvelle-Calédonie. Elle a publié quatre recueils de poèmes Tant qu’il y aura une aube et Margeride dans la collection « Les quatre saisons » chez Z4 Éditions, Aube Pacifique aux Éditions Écrire en Océanie et Laisse mourir les immortelles aux Éditions Accents Poétiques. Elle publie dans de nombreuses revues et anthologies calédoniennes et métropolitaines et prépare un cinquième recueil qui aura pour titre : Mon cœur ne bat pas en alexandrins.
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Sous les baisers du soleil
Jean-Marc LAINELLE

y

Plénitude d'un matin sur la brise de la vie.
Dans le parfum des corps à la couleur cuivrée
Sur le baume d'une vague qui court vers l'infini
Et le refrain des goélands aux spectres argentés.


L'horizon cherche en vain la blancheur des voiliers
Dans le tumulte des rouleaux d'écumes plurielles.
Que le sable paresseux rejette sous les palmiers
Ombres salutaires dans l'immensité temporelle.


Sous les baisers du soleil se consume le temps
Dans des amours incrédules au gré de l'allégorie.
La bougie du jour s'éteint dans le soir sans vent
Et la lune danse avec les nuages dans la nuit.


© Jean-Marc LAINELLE


Jean-Marc Lainelle (1951-aujourd'hui)
Né en 1951 à Haveluy, une petite commune du Nord de la France. Jean-Marc Lainelle se découvre une passion pour la poésie grâce à son travail au cœur de la forêt de Saint-Amand-les-Eaux.
Quelques petites notes en 1995 sur un calepin de bûcheron vont très vite prendre de l'ampleur et le faire devenir poète par la force des choses. Cette richesse poétique, qu’il partage autour de lui sans modération, lui vaut la reconnaissance dans de nombreux concours nationaux et internationaux de poésie. Il vient de publier son premier recueil : Poésie ma fidèle amie.
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Vacances solitaires
Claude DUSSERT

y

L’été se refusait à partir en vacances
Pétris de canicule la face burinée
Les vieux se claquemurent derrière leurs volets
Ils savent que bientôt ils seront en partance.

 

Abattus de chaleur, de moiteur oppressés
Ils vivent au ralenti des rides plein les yeux
Ils lorgnent la rue vide, pensent aux jours heureux
Quand leurs petits-enfants, mille jeux inventaient.

 

Un éclair de sourire dans leurs yeux ombrageux
Dessine sur leur visage des marques ravinées
De leur temps, c’est vrai, les saisons se suivaient
Dans un rythme immuable sans procès chichiteux.

 

Aujourd’hui le soleil semble tout détraqué
Leur vie se ratatine et marche à reculons
Les enfants sont partis en Méditerranée
Une carte postale pour simple feuilleton.


La touffeur les accable, seul un ventilateur
Fait bouger leurs cheveux. Un peu d’eau réchauffée
Comme café-concert, le piano fermé pleure
Leurs souvenirs se fanent dans leur cerveau fripé.

 

Thanatos s’en rit, attise leur frayeur
Le soir traîne sa peine, la lune invite au rêve
Venez mes bons amis l’horloge compte les heures.
N’ayez pas de regrets votre parcours s’achève.


© Claude DUSSERT


Claude Dussert (1947-aujourd'hui)
Poète, nouvelliste et pamphlétaire à ses heures, Claude Dussert est diplômé du Conservatoire d’Arts Dramatiques de Grenoble. Cadre commercial, il a créé sa société de communication « CBCD » en 1993 à Lyon. Il vit actuellement en Bourgogne, dans la région de Cluny. Éclectique dans ses lectures, sa passion pour la poésie l’a amené à être membre de nombreuses associations. Il participe activement à plusieurs anthologies de poésie et ouvrages collectifs ainsi qu’à des concours. Il a édité à compte d’auteur cinq recueils de poésie et un recueil de nouvelles. Il a également remporté de nombreux prix de poésie (dont le Prix Spécial du Jury au concours Poetika 2023).
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Petites poésies corses
Nathalie LAURO

y

vue du bateau
Bastia est rouge ‒
rouge crépuscule
et
des mouettes
***

le ressac est doux
mais
le soleil trop fort ‒
je reste
sous le pin
***

on fait des rêves
avec le soir ‒
d’étoiles
qui inondent
les falaises blanches
***

les mâts
tintent
dans le port
comment
trouver le sommeil ?
***

depuis Bonifacio
les lumières sardes
ne sont qu’à
un souhait
d’écume fraîche


© Nathalie LAURO
Photo © Nathalie LAURO


Nathalie Lauro
Ecrivaine, poétesse et artiste numérique, Nathalie Lauro travaille à partir de ses photos shootings. Elle aime photographier les villes comme Berlin, Londres, Paris, Hambourg et Amsterdam mais sa spécialisation reste le sud, la Méditerranée, le soleil, les couleurs, les lumières et la Dolce Vita. Elle est par ailleurs présidente de l'association Luna Rossa.
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→ Site de l'association Luna Rossa
→ Son site : http://www.nathalielauro.com/



L'écume
Martine BISMUTH
y

Mon regard face à la mer
se balance comme
l'écume blanche.
Comme des souvenirs 
qui viennent et partent. 
Les bateaux au loin deviennent 
Invisibles et laissent derrière eux
des oiseaux argentés, pressés 
et affamés disparaissant
vers l'horizon bleu indigo.

© Martine BISMUTH


Martine Bismuth (1958-aujourd'hui)
Née en 1958 à Paris, de parents natifs d'Afrique du Nord, Martine Bismuth a suivi une formation d'infirmière, métier qu'elle a quitté pour la danse, le dessin, la peinture. Tout en travaillant dans les écoles comme animatrice spécialisée en atelier d'écriture, elle continue de pratiquer le dessin et la peinture. La création auprès des enfants de textes, de poésies, d'images, de dessins et de livres, lui a permis de développer un goût pour l'expression poétique.



J'ai le rêve léger
Jean-Charles PAILLET

y

J’ai le rêve léger
l’été dans les prés


Il habite chaque fleur
s’envole au moindre souffle
et se couche dans l’herbe
en attendant les étoiles


Il frissonne d’être de ce monde
de terre et de ciel


D’horizon ramené
à sa juste valeur


© Jean-Charles PAILLET
Photo © Jean-Charles PAILLET : commune de Jaujac (Ardèche)

Jean-Charles Paillet
Jean-Charles Paillet est animé par l’instant présent et les belles valeurs qui élèvent le coeur et l’âme... Sa poésie se retrouve dans ses dessins, ses photographies et ses chansons. Sa rencontre avec Yves Broussard est un tournant dans sa vie de poète.
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La mer
José GUIRAO

y

Je me prépare à partir
Vers le sud
J'entends déjà au loin
Les vagues de la mer
Bercer mes envies de nage
Parmi les poissons
Et les sirènes callipyges
J'ai hâte de laisser mon empreinte
Dans le sable chaud de mes rêves
Je regarderai
Les voiliers rouges s'éloigner
Vers l'horizon
Grâce aux vents
Sortant de la bouche des coquillages
Ils poursuivent ce rêve de liberté
Que tant de femmes et d'hommes
Ont désiré pour leur bonheur
De tout temps

 

© José GUIRAO


José Guirao (1954-aujourd'hui)
Natif d'Arles, José Guirao est monté à Paris en 1975 pour faire des études de cinéma. Il écrit depuis l'âge de 15 ans et commence à être publié : anthologies de l'association Luna Rosa, sur les sites "Arpenter les mots" et "La Voix des Autres". Il est aussi dessinateur et photographe autodidactes. Ses créations ont été montrées dans différentes expositions à travers la France et dans différentes revues d'art et de photographies.
Du même auteur :
Le cheval de Montmartre
Têtes et corps sont tombés...
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Vacances sur l'île d'Yeu
Donatien MOISDON

y

Grasse matinée ? Elle adore.
Pas moi.
Dès l’effleurement de l’aurore,
au saut du lit je me dévale
et descends au port de la Meule.
La mer est haute et se clapote
aux silencieux renforts des quais.
Un câble sur son poteau clique.
Un vieux chien pesamment s’étire
et vient faire un bout de chemin
Avant de, grognant, s’affaler.
Au panneau “baignade interdite”
je plonge parmi les mulets
puis, revigoré, plein d’entrain,
je remonte vers le chalet.
J’ouvre la porte de la chambre.
Ma compagne est là, si fluette
que sa forme à peine détruit
l’arrangement de notre lit.
Entre les draps et l’oreiller,
un hérisson de cheveux roux.
Et pour la dix millième fois,
je redeviens amoureux fou.


© Donatien MOISDON


Donatien Moisdon
Issu d'un milieu modeste, Donatien Moisdon est né à Batz-sur-Mer en Loire Atlantique. Pour payer ses études, il travaille comme cuisinier privé à New York, chez Juan Trip alors PDG de Pam American Airways. Une expérience très enrichissante qui lui a permis de connaître New York en profondeur, pas seulement celui que l'on visite : dépoussiérage salutaire des clichés anti-américains déversés insidieusement et inlassablement par la presse française. Après l'obtention d'un Master's Degree II, il part enseigner pendant deux ans au Bénin puis terminera sa carrière de professeur en Angleterre, dans le Kent. Il a publié plusieurs romans, des nouvelles et un recueil de poèmes.
Du même auteur :
En regardant un tableau de Durrie
Son blog littéraire : → http://audeladeslivres.blogspot.com/



Rondel de l'été
Marie MINOZA

y

Enfile ta robe en dentelle…
Viens, allons danser c’est l’été !
Les criquets jouent sous l’olivier
Et les lavandes étincellent…


Au bois, fleurissent l’asphodèle,
La violette et l’orchidée…
Enfile ta robe en dentelle…
Viens, allons danser c’est l’été !


L’onde chante ses ritournelles
Sur les plages ensoleillées…
Le vent murmure dans les blés
Quand volettent les hirondelles…
Enfile ta robe de dentelle…


© Marie MINOZA
Illustration : © Marie MINOZA, d'après une photo de Valensol.


Marie Minoza
Cette enseignante en école primaire a exercé dans les Deux-Sèvres puis dans la Vienne à Châtellerault. Tout au long de sa carrière, elle a aimé partager l’amour de la peinture, de la poésie et de la création avec ses élèves. Aujourd'hui à la retraite, elle partage ses écrits et ses créations d'images sur son blog. Tous les deux ans, elle contribue avec des amis poètes à la création d’un livre de contes et de poésies destiné aux enfants gravement malades… Elle participe également avec ses anciens collègues à un spectacle chorale, comédie musicale (création d'images et de montages power-point pour animer chants et mimes).
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Le sablier du temps
Linda CARA-JACOBI

y

La pelle rouge, les mèches blondes,
Enfoui dans une plage malléable,
Un jeune garçon oublie le monde.
L'enfance, elle, plonge dans le sable,
Et l'été en boit les secondes...


Sa construction semble irréelle,
Son château fort roule comme une bille,
Le cri des vagues vient en kyrielles
Distiller aux oreilles ses trilles...


Au loin une barque tangue, tranquille,
Indolente, elle passe son chemin.
Indifférente au jeune destin
D'un tas de sable sur des béquilles...


Le couchant, rouge comme une groseille,
Décline sur la tête de l'enfant.
Ses rêves ramassés à la pelle
Laissés intacts sur ce sable blanc...


© Linda CARA-JACOBI


Linda Cara-Jacobi (1973-aujourd'hui)
Linda Cara-Jacobi est d'origine multi-culturelle, de parents et grands-parents hongrois, anglais, roumains et tchèques. Après des études de Lettres, passionnée d'art, elle quitte sa Suisse natale pour se rendre dans une école à Milan où elle se spécialise en stylisme. De retour à Genève, elle continue de créer pour des commandes privées, et revient désormais à ses premières amours de plume et d'encrier. Ses plages de joie sont les longues balades matinales en forêt, la salade de chèvre chaud et les crêpes à la confiture d'abricot, la musique électro, new wave ou rock, le cinéma indépendant, la photo, les courants artistiques et architecturaux Art Nouveau et Art Déco.
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Été pourri
Claude DUSSERT

y

Le soleil est tombé depuis mai en morceau
Le ciel pleure des larmes de détresse amères
Les arbres parapluie dégouttent de perles d’eau
Les blés sont détrempés et pleurent de misère.


Le prunier s’est couché sous les coups assassins
D’Éole, Dieu enragé, maître des vents contraires
Les fruits ont baroulé tout au bas du jardin
La foudre à terrassé le chêne centenaire.


Ô Râ ! Ne soit pas rat, baigne nous de chaleur
Dans cet été pourri de tes rayons inonde
La nature et les rues d’une douce torpeur.


Je promets que jamais les jours de canicule
Je ne pesterai plus quand le soleil abonde
Je ne tournerai plus le temps en ridicule.


© Claude DUSSERT


Claude Dussert (1947-aujourd'hui)
Poète, nouvelliste et pamphlétaire à ses heures, Claude Dussert est diplômé du Conservatoire d’Arts Dramatiques de Grenoble. Cadre commercial, il a créé sa société de communication « CBCD » en 1993 à Lyon. Il vit actuellement en Bourgogne, dans la région de Cluny. Éclectique dans ses lectures, sa passion pour la poésie l’a amené à être membre de nombreuses associations. Il participe activement à plusieurs anthologies de poésie et ouvrages collectifs ainsi qu’à des concours. Il a édité à compte d’auteur cinq recueils de poésie et un recueil de nouvelles. Il a également remporté de nombreux prix de poésie (dont le Prix Spécial du Jury au concours Poetika 2023).
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Les petits tours
Philippe SALORT

y

J’ai fait un petit tour
Pour voir les samouraïs
Humer au petit jour
La Chine et sa muraille

J’ai fait un petit tour
Dans le Connemara
Charlotte est de retour
Sans déconner Marat

J’ai fait le tour du Monde
Avec les va-nu-pieds
Mais la peur est profonde
Police, vos papiers

J’ai fait tellement de tours
Du cadran de ma montre
Des tours et des détours
Faut que je la remonte

Trois petits tours (c’est le refrain)
Au petit jour ça va ça vient
Trois petits tours et puis s’en vont
Les petits tours c’est sans façon

J’ai fait un petit tour
Autour de son empire
Et j’ai dit sans détour
Vladimir ça empire

Puis j’ai fait le détour
Autour de mon quartier
Faisait noir comme un four
J’ai pas vu de laitier

J’ai tout réglé en Corse
De la main à la main
Sans faire le coup de force
Sans en venir aux mains

Pendant le tour d’honneur
J’ai eu un tour de rein
Pour être un bon crâneur
Faut des muscles d’airain

Trois petits tours (c’est le refrain)
Au petit jour ça va ça vient
Trois petits tours et puis s’en vont
Les petits tours c’est sans façon

J’ai fait un petit tour
Pour voir le Tour de France
Suer jour après jour
Dans ces grands jours de transe

J’ai pas pu faire le tour
Du Paris olympique
Mais j’ai lu chaque jour
Tout le journal l’Épique

Seul au pied de sa tour
J’ai ri avec Eiffel
Faisant des calembours
Ça fait un drôle d’Eiffel

J’ai pris du tour de taille
J’ai pris du tour de hanche
Allez, pas de détail
Je vais jeûner dimanche


© Philippe SALORT


Philippe Salort
Moi j'aime cet auteur qui débute à 60 ans !! Qui se sent plus artisan qu'artiste, plus potache que poète... Qui se dit davantage les doigts pleins d'encre que la tête dans les étoiles !
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→ Son profil sur short-edition.com



Chante danse c'est les vacances
Mokhtar EL AMRAOUI

y

Finie la chape de grisaille
De Chronos et les poisons en cisailles
De ses emprisonnants dards
Qui déchirent l'âme de leurs lève-toi
Presse-toi sinon tu seras en retard


Les couleurs renaissent en leurs nuances
Fiesta et danse c'est les vacances
Royaume d'ivresse et de nonchalance
On revient à soi en magiques transes
Libres êtres bien loin de toute exigence


Oublié le mauvais sang du stress
Paresse caresses amour et liesses
Effacent tant de malheurs et souffrances
Chante donc c'est les vacances
Bien loin des angoisses et détresses


© Mokhtar EL AMRAOUI / 03 juillet 2024


Mokhtar El Amraoui (1955-aujourd'hui)
Poète d’expression française né à Mateur, en Tunisie, Mokhtar El Amraoui a enseigné la littérature et la civilisation françaises pendant plus de trois décennies, dans diverses villes de la Tunisie. Il est passionné de poésie depuis son enfance. Il a publié quatre recueils de poésie et plusieurs de ses poèmes ont été publiés sur Internet et en revues-papier.
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→ Blog de l'auteur : https://mokhtarivesenpoemesetautresvoyages.blogspot.com/



Vacances d'été
Sylvie CROCHARD

y

On est en vacances :
Quelle chance !
A l’été l’on pense. On se projette,
On fait des pirouettes.


On est fatigués
D’avoir bien travaillé.
Les vacances c’est que du bonheur
On reprend ce refrain en chœur.


Pendant les vacances on est en famille.
Les enfants fourmillent.
On fait des grillades,
On mange des salades.


Vacances d’été,
On est calcinés,
Le cerveau au frais,
Prêt pour la rentrée !


© Sylvie CROCHARD
Illustration : cotonéaster,  plante à fleurs, de la famille des Rosaceae


Sylvie Crochard (1976-aujourd'hui)
Ouvrière en milieu protégé, Sylvie Crochard a publié plusieurs recueils. Passionnée de piano, elle s’inspire également de la musique dans ses poèmes.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Sa page Facebook : → https://www.facebook.com/poetecrochard



Vers de nouveaux selfies
Catherine DESTREPAN

y

Tout au fond du placard, un sac de plage usé
Se sent abandonné. Reclus dans cette cage,
Depuis l’été dernier, il repense au voyage
Dans ce pays lointain, d’un air désabusé.

 

Près d’un chapeau de paille, une tong solitaire,
Se souvient tristement d’une empreinte de pas
Sur le sable mouillé. Elle se dit  « pourquoi pas
Retourner cette année en ce lieu salutaire ? »

 

Et dans le cagibi, c’est le chambardement ;
L’almanach s’invite à tout ce petit monde
Et la valise à son tour entre dans la ronde,
Nul ne désobéit à son commandement !

 

Maillots de bain, robe légère, écran solaire,
Visa et passeport, envol vers le soleil !
Le bagage en surpoids, chaque fois c’est pareil,
Ne pleure en vacances que la carte bancaire !


© Catherine DESTREPAN


Catherine Destrepan (1956-aujourd'hui)
Comptable, Catherine Destrepan a jonglé toute sa vie active avec les chiffres avant de s'intéresser de plus près à la poésie, qui occupe aujourd'hui une grande place dans ses activités culturelles. Elle prête également sa voix de contre-alto au sein de plusieurs ensembles vocaux.
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L'éternel été
Myriam CLOWEZ

y

Sur ma route j’ai rencontré
La fée Méditerranée
J’ai pu laisser le printemps
Derrière moi pour quelques temps.

 

J’ai savouré les odeurs
De Grasse et ses senteurs
Ses parfums en profusion
Quelques-uns pour ma maison.


J’avais toujours espéré
De retrouver chaque été
Les galets de mon enfance
Lorsque je partais en Provence


Les rosiers je les taillais
Et j’essayais de retrouver
Les couleurs de l’hibiscus
La variété des cactus.


Sur la route je me promène
Un peu comme une souveraine
Les cigales et les fourmis
Sont devenues mes amies.


Elles ne me quitteront pas
Une fois rentrée chez moi
Et sans trouver un récit
Se fonderont dans ma vie.


© Myriam CLOWEZ


Myriam Clowez (1961-aujourd'hui)
Retraitée du secteur sanitaire et social, Myriam Clowez a toujours aimé la poésie et c'est surtout à l'adolescence qu'elle a écrit de nombreux poèmes. Aujourd'hui, elle profite de son temps libre pour participer aux concours de poésies.
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Ballade de la vie estivale
Michel MIAILLE

y

Nous avons fui loin de cette rentrée,
Nous régalant des plaisirs estivaux,
Riant de tout dedans cette contrée,
Vivant avec arbres et animaux.
Ils étaient loin la ville et tous ses maux.
On regardait les champs et les moissons,
Les gens d’ici, leurs étranges façons
Tout en perdant notre pauvre teint pâle.
On jacassait pareils à des pinsons,
C’était le temps de la vie estivale.


Le ciel tout bleu refaisait son entrée,
Nous apportant ses rayons optimaux.
Une saison était idolâtrée.
Le soleil clair déployait ses faisceaux.
Sur l’eau flottaient de superbes vaisseaux.
Certains aimaient la pêche et les poissons,
Jeunes ou vieux, filles ou bien garçons,
Quand tout à coup la nature s’étale.
De-ci delà, s’entendaient des chansons,
C’était le temps de la vie estivale.


Cette froideur qui s’était illustrée
Pendant les nuits et les mois hivernaux
Laissait la place à la douceur feutrée
Des jours brillant aux accents maximaux.
Certains goûtaient les plaisirs matinaux,
D’autres le soir et ses jeux polissons.
Avec l’alcool, d’enivrantes boissons
Quand l’existence est un peu moins banale.
C’était la vie avec ses meilleurs sons,
C’était le temps de la vie estivale.


Princes, donneurs de conseils, de leçons,
Voyez ces mois et leurs plus beaux tronçons.
L’hiver viendra avec ses nouveaux râles.
Vous redirez alors, dans vos chaussons,
C’était le temps de la vie estivale.


© Michel MIAILLE


Michel Miaille (1951-aujourd'hui)
Poète, auteur de sketches et de pièces de théâtre, Michel Miaille est retraité du Ministère de l'environnement et membre de la SACEM. Il a obtenu plusieurs prix de poésie, notamment avec avec des poèmes en langue provençale, et participe à des anthologies. Il a publié plusieurs recueils.
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Pyla
Christian SATGÉ

y
Au pied de cette montagne instable,
Des conifères droits se sont mis à table
Dévorant l’air iodé, grains égarés
Exhalant, à tous vents, un parfum camphré.

Au-dessus de cette montagne de sable,
Volées de mouettes dans le vent haïssable
Effleurent les nues dévêtues au bleu cru,
Où est bienvenu tout nuage écru.

Montant, mi-marchant, mi-glissant dans le sable
De la montagne, un touriste, un périssable 
Clampin rougi, au visage buriné 
Par tous ces embruns qui l’ont tambouriné…

Tout au sommet de la montagne de sable,
Il vient voir l’eau, indéfinissable,
Embrasser le ciel puis épouser
L’horizon que ses rêves vont jalouser.

 

© Christian SATGÉ


Christian Satgé (1965-aujourd'hui)
Auteur prolifique, fabuliste et conteur éclectique, Christian Satgé est professeur d'histoire-géographie dans le département des Hautes-Pyrénées. Il a publié plusieurs recueils et près d'une cinquantaine de ses textes figurent dans Le Monde de Poetika. Son dernier ouvrage est une pièce de théâtre "Belize".
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Son blog : → https://lesrivagesdurimage.blogspot.com/

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L'été
Maurice CARÊME

y

Silence
silence
l’été
se balance
où l’oiseau
se tait


l’herbe
séchée
tremble
dans l’air
brûlé


silence
silence
l’été
chante
dans
les blés

 

© Maurice CARÊME


Maurice Carême (1899-1998)
Poète et écrivain belge de langue française, il écrit ses premiers vers inspirés par une amie d'enfance. Il devient instituteur de métier à Anderlecht-Bruxelles où il passera le reste de sa vie, tout en continuant à écrire poésies et comptines. Élu « Prince en poésie » au Café Procope à Paris en 1975, Maurice Carême est traduit dans le monde entier. Il est en particulier très apprécié pour son amour des enfants, un registre essentiel de son œuvre. Une oeuvre abondante qui comprend quelque quatre-vingt recueils de poèmes, contes, romans, légendes dramatiques, essais, traductions de poèmes néerlandais de Belgique.
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Fondation Maurice Carême :
→ http://www.mauricecareme.be/index.php
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Je suis en vacances
Christian MERVEILLE

Assis tout au bord d’un nuage,
Ça fait des jours que je voyage
Et dans mes vagabondages
J’ai le vent comme équipage…
Funambule au fil de l’eau,
Je fais la papote aux oiseaux
Et - il faut ce qu’il faut -
J’ai mis une plume à mon chapeau.
J’ai mis mon chapeau de soleil
Mon écharpe arc-en-ciel,
J’ai tout oublié, je pense :
Je suis en vacances.

 

© Christian MERVEILLE


Christian Merveille (1949-aujourd'hui)
Christian Merveille est auteur-compositeur-interprète et écrivain belge. Instituteur pendant plus de vingt ans, il se met en congé et se consacre à la chanson. Il a publié de nombreux ouvrages et des livres illustrés pour enfants.
Autre texte de l'auteur sur le site :
Qu'est-ce qui te prend Père Noël ?
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Âge des coeurs
Michel LEIRIS
y

Le bel âge des vacances
L'âge des croisées ouvertes des pores illuminés par le bain
L'âge des cœurs sans lest autre que le sable mouillé
à chaque battement de marée sculpté en château-fort
Le bel âge de sable
à chaque seconde illuminé par la marée allégé par le bain
L'âge des cœurs ouverts que ne grave ni ne mouille l'eau-forte d'aucun remords
L'âge du sable répandu
à profusion par les créneaux du château-fort
L'âge des cœurs que la mer sculpte grain par grain


© Michel LEIRIS


Michel Leiris (1901-1990)
Ecrivain, poète, ethnologue et critique d'art, Michel Leiris délaisse ses études de chimie, préférant fréquenter les milieux avant-garde littéraire et artistique, rejoignant les surréalistes avant de se consacrer à une écriture plus personnelle. D'abord secrétaire-archiviste de la mission ethnographique et linguistique Dakar-Djibouti, il devient ensuite ethnologue au sein du Musée de l’Homme jusqu’en 1971. Son oeuvre "La Règle du jeu", se compose de quatre tomes : "Biffures" (1948), où il évoque l’importance du langage, "Fourbis" (1955), qui nous livre ses considérations sur la mort ainsi qu’une histoire amoureuse, "Fébrilles" (1966), tissage complexe entre l’amour, la mort et l’art, et "Frêle Bruit" (1976), où la poésie et l’esthétique du fragmentaire priment sur la logique et la continuité.
"Aurora", son unique roman, paraît en 1946. Michel Leiris est également l’auteur d’essais sur André Masson, Picasso, Wilfredo Lam, Bacon ou Giacometti.
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Vacances
Esther GRANEK

y

Tiède est le vent
Chaud est le temps
Fraîche est ta peau
Doux, le moment


Blanc est le pain
Bleu est le ciel
Rouge est le vin
D’or est le miel


Odeurs de mer
Embruns, senteurs
Parfums de terre
D’algues, de fleurs


Gai est ton rire
Plaisant ton teint
Bons, les chemins
Pour nous conduire


Lumière sans voile
Jours à chanter
Millions d’étoiles
Nuits à danser


Légers, nos dires
Claires, nos voix
Lourd, le désir
Pesants, nos bras


Tiède est le vent
Chaud est le temps
Fraîche est ta peau
Doux, le moment

Doux le moment…
Doux le moment…


© Esther GRANEK


Esther Granek (1927-2016)
Poétesse belgo-israélienne francophone, Esther Granek n'a pas pu suivre de scolarité du fait des lois anti-juives durant l'Occupation. Arrivée en France en 1940, elle est déportée dans le camp de Brens (Tarn) d'où elle s'échappe en 1941 pour retourner à Bruxelles. De 1943 jusqu'à la fin de l'occupation nazie, elle est cachée avec de faux papiers par une famille chrétienne à Bruxelles, qui la fait passer pour leur fille. Survivante de la Shoah, elle part vivre en Israël à partir de 1956 et travaille à l’ambassade de Belgique à Tel Aviv, comme secrétaire-comptable pendant 35 ans. Elle est également auteure-compositrice de chansons et a publié plusieurs recueils.
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Ça frappe
Eugène GUILLEVIC

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J'entends qu'on frappe.
Disons : ça frappe.


Ne sais pas quoi,
Pas où, pas qui.


Ça frappe, ça frapouille, Ça cogne, ça tapouille.


Et ça fait comme un bruit
Dans l'espace en vacances.


Je ne sais pas pourquoi Ça cogne, mais j'écoute.

 


© Eugène GUILLEVIC

Eugène Guillevic (1907-1997)

Eugène Guillevic est l'un des plus importants poètes français de la seconde moitié du XXe siècle. Il ne signa jamais ses nombreux recueils que de son seul nom, Guillevic. Catholique pratiquant jusque vers trente ans, il devient sympathisant communiste au moment de la Guerre d'Espagne, adhère en 1942 au Parti communiste alors qu'il se lie à Paul Éluard et participe aux publications de la presse clandestine. Sa poésie est concise, franche comme le roc, rugueuse et généreuse, tout en demeurant suggestive. Sa poétique se caractérise aussi par son refus des métaphores, auxquelles il préfère les comparaisons, jugées moins mensongères.
Du même auteur :
Berceuse pour adultes

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L'air en conserve
Jacques CHARPENTREAU

y

Dans une boîte, je rapporte
Un peu de l'air de mes vacances
Que j'ai enfermé par prudence.
Je l'ouvre ! Fermez bien la porte !


Respirez à fond ! Quelle force !
La campagne en ma boîte enclose
Nous redonne l'odeur des roses,
Le parfum puissant des écorces,


Les arômes de la forêt...
Mais couvrez-vous bien, je vous prie,
Car la boîte est presque finie :
C'est que le fond de l'air est frais.

 

© Jacques CHARPENTREAU


Jacques Charpentreau (1928-2016)
Poète, nouvelliste, romancier et essayiste, Jacques Charpentreau a été instituteur puis professeur de français à Paris et en Essonne. Ses œuvres comptent une quarantaine de recueils de poésies, mais aussi des contes, des nouvelles, de nombreuses anthologies, des essais et des dictionnaires. Il a dirigé diverses collections de poésie. Ses poèmes ont souvent été mis en musique et se retrouvent dans de nombreux livres et manuels scolaires, en France et à l'étranger.
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Sur cette page chaque mois, un nouveau thème ! Les textes publiés font l'objet d'une demande par courriel à leurs auteurs respectifs (sauf certains auteurs-compositeurs-interprètes), ou bien ils sont envoyés spontanément par les poètes. Et sauf mention spéciale, toutes les images proviennent de pixabay.com.
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Le Monde de Poetika
Site & Revue de poésie en ligne
N° ISSN : 2802-1797

Sur le même thème
Chaleur de Anna de Noailles
Brins d'été de Poetika
Chanson d'été de Albert Samain
Chanson de départ de Claude Beausoleil

→ Citations autour du thème

Etre en vacances c'est n'avoir rien à faire et avoir toute la journée pour le faire.
Robert ORBEN


Ecrire liberté sur le bord d'une plage, c'est déjà avoir la liberté de l'écrire. Même si la mer efface ce mot : la liberté demeure.
Jean-Michel WYL


Je pensais que les vacances me videraient la tête. Mais non, les vacances ça ne vide qu'une chose : le porte-monnaie.
Jean-Philippe BLONDEL


Rester c'est exister, mais voyager, c'est vivre.
Gustave NADAUD