Les couleurs du temps
Le temps qu'il fait, le temps qui passe...
Couleurs d'automne
L’automne fée flamboie de ses feux les forêts,
Embrase les feuillus, les fourrés, les fougères,
Nappe l’eau des étangs, des lavoirs, des rivières,
De feuilles bigarrées d’érables ou saulaies.
Le lierre du pont vieux se drape d’un carmin
Qui épouse son arche, et un cerceau dans l’eau
Cercle de cramoisis, de teintes lie-de-vin ;
Mieux qu’un sorcier le temps pavoise ses drapeaux…
Avant que l’hiver âpre n’entrouvre la porte
Et que le vent d’autan ne les prenne et emporte,
Comme cet écolier que vous étiez hier,
Cueillir feuilles et rime au chêne séculaire ;
Puis s’asseoir et goûter cette heure pleinement,
Profiter du bon air et du bonheur présent…
© Etienne BUSQUETS
Etienne Busquets
Poète fénassol d'origine catalane (village de Lafenasse dans le Tarn), il est sociétaire des Amis de Jean Cocteau et membre des Poètes sans Frontières de Vital Heurtebize à Orange. Il a remporté plusieurs prix de poésie et collabore dans plusieurs revues et anthologies.
Autres textes :
Menton croqué...
Il est des nuits où...
Son blog :
→ http://etienne.busquets.monsite-orange.fr/
Le silence
Après le fracas des bombes vient le bruit assourdissant du silence
Le silence du vertige
Le silence du vide
Le silence de la mort et peut-être de la vie
L’hébétude du rien
Allongé sur la plage, adossé à la dune
Je contemple les vagues se fracasser sur le rivage
Elles vont, elles viennent et semblent immuables
J’écoute les molécules du silence s’entrechoquer autour de moi
Un silence rempli de tout, d’un monde en devenir
Une note de musique, ou deux ou des cohortes qui déferlent en torrent
Et puis, les doigts sur le piano qui se lèvent,
En attente, comme une respiration entre inspire et expire
Le silence devient musique
Le temps est suspendu, gros d’émotions à venir
Et puis, j’écoute ton absence, absence terrifiante sans espoir de retour
Un silence absolu, lourd, si lourd
Le silence peuplé des monstres de l’angoisse
Des hurlements des loups dans la plaine enneigée quand la bise souffle sans pause
Alors, le silence se fait montagne, abysses insondables
Le silence est un morceau de Temps
Le Temps s’y accumule dans un moment sans début et sans fin
Le silence est un trou noir
Un tunnel, un passage
Et puis la vie repart, un bateau passe sur l’eau
La musique reprend son souffle,
Les doigts courent sur les touches du piano qui répond à nos attentes insatiables
D’autres présents se profilent.
© Antoine LEPRETTE
Antoine Leprette (1955-aujourd'hui)
Antoine Leprette est
né à Madagascar. Il passe les premières années de sa vie entre Paris et la banlieue sud. Il devient Infirmier et travaille d'abord à Paris puis dans le sud de la France. Après plusieurs traversées du désert saharien, il s’installe à Marseille où il reprend ses études d’histoire, rencontre la compagne de sa vie, devient parent, les deux moteurs de sa vie nouvelle. Devenu professeur, il enseigne en Provence pendant plus de vingt ans. En 2012, il part enseigner l’histoire-géo et la philosophie en Arabie Saoudite puis au Gabon. Il vit aujourd'hui près de Lorient où il renoue avec la poésie, une poésie délibérément non savante, lyrique afin de partager les émotions que nous procurent les rencontres, la vie, les autres. Il publie dans plusieurs revues et anthologie. Il anime également un site de poésie Autres regards, autres rivages et prépare plusieurs recueils.
Son site : → http://www.antoine.leprette.fr/
Ne me demandez pas...
© Muriel ODOYER
Muriel Odoyer
Muriel Odoyer est membre de la Société des Poètes Français et de la Société des Auteurs et Poètes de la Francophonie. Après un parcours professionnel comme cadre supérieur dans une grande entreprise française, elle a pris aujourd’hui sa retraite et s’est installée en Bretagne où elle occupe la fonction de Trésorière de l’Association des Écrivains de Bretagne. Elle a écrit cinq recueils de poèmes publiés aux Éditions Maïa : Poèmes pour guérir l’âme en 2018 qui a été récompensé par le prix des Gourmets de Lettres de Toulouse sous l’égide de l’Académie des Jeux Floraux, Poèmes pour fleurir l’âme en 2019, préfacé par Eduardo Manet, écrivain et homme de théâtre qui a reçu de nombreux prix littéraires, Poèmes pour grandir l’âme en 2020 dont la préface a été rédigée par Patrick Tudoret, auteur d’une vingtaine de livres et de pièces de théâtre qui a obtenu aussi un certain nombre de prix littéraires, Cette façon d’être au monde en 2021 prix Claude Manucci de la poésie et Chants pour l’Ukraine en 2022.
Son site : → https://www.poemedelame.com/
→ Sa page Facebook
C'est sans appel
C’est
sans appel
Le temps
ne peut être enfermé
ni dans les bras du jour
ni dans l’étreinte du ciel
ou le miroir des eaux
Pourtant
ce qui est dans ta main
demeure
Ce qui tient
du miracle
entre l’herbe
et le souffle
c’est de ne pas voir
le temps passer
en étant avec toi
© Jean-Charles PAILLET
Jean-Charles Paillet
Jean-Charles Paillet est animé par l’instant présent et les belles valeurs qui élèvent le coeur et l’âme... Sa poésie se retrouve dans ses dessins, ses photographies et ses chansons. Sa rencontre avec Yves Broussard est un tournant dans sa vie de poète.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
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Et le temps qui nous vole…
Extrait du recueil "Bruits de feuilles", Prix Sully Prudhomme 2022, Société des Poètes Français,
Editions Maïa, janvier 2022, ISBN 978-2-37916-905-2
https://www.editions-maia.com/livre/bruits-de-feuilles/
© Marcel MICHEL
Marcel Michel
Marcel Michel a toujours voyagé en écriture. Depuis 2013, il couche sur le papier son monde intérieur foisonnant. Son dernier recueil est rempli des sons d’une nature vivante, de réflexions sur l’homme et sur les choses qui nous entourent et que l’on ne perçoit plus. Ouvrage où la beauté, de poème en poème, pose sa touche délicate.
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Horloge poétique
Dans le tournant des temps,
j’ai viré mes rêves
au sommet des déserts
et sous l’abîme des silences
une fleur est née,
plus fragile que l’aube.
Le visage ovale
les chemins perdus
et le cœur danse
du même flot.
L’horloge parle
et l’âme écoute
de mieux en mieux
ce qui est Beauté.
S’émerveiller encore
des funambules sphères
et des jardins de la vie,
nid des possibles.
Ô printemps, toi l’ami,
tu connais du soleil
les renaissances.
© Sandra DULIER
Sandra Dulier (1974-aujourd'hui)
De formation classique et littéraire, Sandra Dulier est une poétesse francophone de Belgique. Elle défend une poésie vivante, en-dehors de tout carcan social ou intellectuel. Elle choisit de s'exprimer essentiellement en poésie libre, décloisonnée, usant de néologismes parfois déroutants, mais pleinement assumés. Ses poèmes sont généralement courts, très proches de l'identité "micropoetry" et "short" de la poésie anglaise contemporaine. Elle est membre du Réseau Arts et Lettres en Belgique Francophone, et s'associe régulièrement avec des peintres et photographes pour des expositions ou autres catalogues d'artistes. Elle propose également un volume important de citations diffusées sur les réseaux sociaux. Elle a fait paraître quatre recueils chez TheBookEdition.
Autres textes :
Mots au vent
Jardin d'hiver
→ Son blog : https://www.sandradulier.com/
Le temps des couleurs
Un pas après l’autre je pars sur la route du temps,
je veux un souvenir avant la saison blanche.
Les feuilles ! hissez bien haut vos couleurs sous le vent,
toujours je vous entends frissonner dans les branches.
N’ayez pas peur de l’hiver et sa nuit de glace,
profitons encore des heures que le temps efface.
Un pas après l’autre je pars sur la route du temps,
je veux un souvenir avant la saison blanche.
L’air est chargé d’infinies senteurs que j’aime tant,
je veux des nuits et des jours après ce dimanche.
Je suis seul et pense à toi feuille d’automne,
à ton visage et tes cheveux, mille reflets de feu.
À toutes les saisons ma belle, oui je me raisonne,
les couleurs de la vie ont partagé nos jeux.
© Francis FRIEDLANDER
© Photo : Francis FRIEDLANDER
Francis Friedlander (1960-aujourd'hui)
Photographe amateur rémois, Francis Friedlander s'intéresse depuis quelques années à la poésie par le biais de la photo, en commentant sous forme de poèmes ses photographies. Il est également présent sur différents forums d'écriture et de poésie.
Autre texte :
L'élégance de l'hêtre
Son blog : → https://friedphotopoemes.blogspot.com/
Confidences
Extrait du recueil "Bruits de feuilles", Prix Sully Prudhomme 2022, Société des Poètes Français,
Editions Maïa, janvier 2022, ISBN 978-2-37916-905-2
https://www.editions-maia.com/livre/bruits-de-feuilles/
© Marcel MICHEL
Marcel Michel
Marcel Michel a toujours voyagé en écriture. Depuis 2013, il couche sur le papier son monde intérieur foisonnant. Son dernier recueil est rempli des sons d’une nature vivante, de réflexions sur l’homme et sur les choses qui nous entourent et que l’on ne perçoit plus. Ouvrage où la beauté, de poème en poème, pose sa touche délicate.
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Pré vert
Ô qu’elle soit encore bleue la terre
Et que l’on boive à ses amphores !
Notre terre si fleurie
Avec les prairies où les bleuets
Pointent au-dessus des barbelés.
Notre planète où les mouettes ne rient plus
Avec les oiseaux nichés dans les canons rouillés
La Tour Eiffel embrumée de suie
Ses fleuves poubelles charriant
Le purin du monde.
Avec ses marais immondes
Où les crapauds ont la frousse,
La frousse de coasser en lune rousse.
La terre qui serait combien plus belle
Sans les mines ramassées à la pelle.
Cette bonne vieille terre rasée
Avec les forêts brûlées
Le cri des colibris dans leurs nids
Et la foudre qui jamais ne s’abat
Sur les scélérats qui ont fait ça.
S’ils pouvaient vendre le ciel
En parcelle ils le feraient.
Avant que la terre crève
Semons dans un coin de pré vert
Les coquelicots de nos rêves.
© Michelle GRENIER
Michelle Grenier
Mich'Elle Grenier est poète, fabuliste et parolière. Persuadée que la poésie est l’essence du langage, elle nous invite, de sa voix singulière, à ne pas nous laisser tentaculer par le chiendent rampant. Car on prête souvent à la poésie des airs d'austérité voire de mélancolie chronique. Mich'Elle Grenier prouve le contraire et sans niaiserie, rimant avec une acuité personnelle sur les choses de la vie. Elle a publié plusieurs recueils et figure au palmarès de plusieurs grands concours de poésie.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son site : → http://www.michellegrenierpoete.com/
Le temps a pris son vol
Le temps a pris son vol au fil de tant d'années,
D'un ciel aux tons changeants et de chaque saison ;
Des fleurs ont disparu, de nouvelles sont nées ;
Combien de sombres nuits et combien de journées
Ont couru les couloirs d'une simple maison
Avec un lourd vacarme, une douce chanson.
Des printemps ont poussé leur nouvelle chanson,
Rajeunissant les cieux tout au long des années,
Portant le renouveau, l’espoir dans la maison ;
L’azur était tout bleu dans sa belle saison ;
Les bourgeons renaissants ravissaient les journées
Avec toutes ces fleurs tout dernièrement nées.
L’été tout en soleil et tant de vagues nées
Dans des refrains chantant l’éternelle chanson,
Distribuaient leur joie au cœur de ces journées,
Hélas, déjà si loin au regard des années ;
Il tombe du bonheur quand chante une saison,
Lorsque le ciel est d’or au cœur de la maison.
Puis l’automne est venu hanter chaque maison ;
Des brouillards étaient là, quelques brumes sont nées,
Envoyés très spéciaux de cette autre saison ;
Plus gris étaient les jours, plus triste la chanson,
Quand passait la froideur tout au cours des années
Avec les chants pleureurs des humides journées.
L’hiver était tout blanc dans ses mornes journées
Comme un froid visiteur au seuil de la maison ;
La neige s’en venait et, selon les années,
Envahissait la terre et ses âmes bien nées ;
Des jours venus du nord rechantaient leur chanson
Avec ce charme propre offert par la saison.
Les semaines, les mois ont vu chaque saison
Tandis que défilaient les heures, les journées,
Pour cette humanité qui pousse la chanson
Sous la nature entière offrant une maison ;
Des vies ont pris leur vol et tant d’autres sont nées
Pour tout ce qui fait l’homme au-delà des années.
Traversant les années, courant chaque saison,
Tant de choses sont nées dans le cours des journées
Où l’homme et sa maison s’offrent une chanson.
© Michel MIAILLE
Michel Miaille (1951-aujourd'hui)
Poète, auteur de sketches et de pièces de théâtre, Michel Miaille est retraité du Ministère de l'environnement et membre de la SACEM. Il a obtenu plusieurs prix de poésie, notamment avec des poèmes en langue provençale, et participe à des anthologies. Il a publié plusieurs recueils.
Autres textes :
Une chanson de France
Voyage dans les Cévennes
Quand Noël sera là
De très bon matin
Ce qui dépend de nous
Le chagrin de Déméter
C’est le réveil de la condition végétale
Qui s’étire et sort de sa position fœtale.
La graine virevolte au gré du vent léger,
Se pose enfin, et féconde la glèbe en friche.
Mère nature ressort son pinceau fétiche
Et teinte de vert le regain du potager.
Réveille-matin. On baille et vite on se lève
Pour cultiver la vie et en être l’élève.
L’épi de blé s’habille d’or, il a mûri.
Il s’égrène alors pour des rencontres galantes
Et s’envole là-haut en flammèches volantes.
Le feu des moissons est un dangereux pari.
A présent, on s’éveille avant la sonnerie,
On égrappe le temps car plus de flânerie.
Et ventre plein, le grain vient à maturité ;
A la grâce des dieux et un peu de magie
L’humeur du noir-violet s’est un peu assagie.
Patience ! Et le vin sera plébiscité.
Et l’instant est venu de faire un petit somme
Après tant de labeur, il est usé bonhomme !
L’arbre se dénude, la feuille sent la mort.
Sous le ciel acier, on se lamente et on pleure
De voir passer le vent en habit de croque-mort.
Soleil ferme les yeux bien que jamais ne meure.
Nota : Déméter, déesse de la fertilité et des moissons (mythologie grecque)
© Catherine DESTREPAN
Catherine Destrepan (1956-aujourd'hui)
Comptable, Catherine Destrepan a jonglé toute sa vie active avec les chiffres avant de s'intéresser de plus près à la poésie, qui occupe aujourd'hui une grande place dans ses activités culturelles. Elle prête également sa voix de contre-alto au sein de plusieurs ensembles vocaux.
Autres textes :
Pile ou face
Accord de gamme
Beauté simple
L'aube incertaine
→ Sa page Facebook
Saisons
Les lueurs du couchant se diluent dans l’étang
Les grands saules pleureurs en sont inconsolables
De leurs feuilles perline une écume laiteuse
Les derniers jours d’été appellent à flâner.
L’automne arrive enfin sur la pointe des pieds
Il active en vitesse des orages venteux
La brise court le long des ajoncs, des bruyères
Le froid se fait plus vif quelques flocons volettent.
La campagne se givre, se fige dans l’attente
La tramontane se lève et les lèvres se gercent
La nature se congèle c’est un hiver de loup
Les arbres en forêt sont saoulés de tristesse.
Et puis, sans crier gare les bourgeons apparaissent
Une pluie de soleil dépose dans les prés
Un chapelet de perles au cœur des primevères
Le printemps qui s’installe n’est pas poisson d’avril.
Des rayons de soleil font miroiter l’étang
L’eau s’endort doucement sur son divan de vase
Une barque délaissée grisonne sur l’eau verte
Un vol d’étourneau joue à en perdre haleine.
En musique ou couleurs, les saisons s’harmonisent.
© Claude DUSSERT
Claude Dussert (1947-aujourd'hui)
Poète, nouvelliste et pamphlétaire à ses heures, Claude Dussert est diplômé du Conservatoire d’Arts Dramatiques de Grenoble. Cadre commercial, il a créé sa société de communication « CBCD » en 1993 à Lyon. Il vit actuellement en Bourgogne, dans la région de Cluny. Éclectique dans ses lectures, sa passion pour la poésie l’a amené à être membre de nombreuses associations.
Il participe activement à plusieurs anthologies de poésie et ouvrages collectifs ainsi qu’à des concours. Il a édité à compte d’auteur cinq recueils de poésie et un recueil de nouvelles. Il a également remporté de nombreux prix de poésie.
Autres textes :
Charles B...
Symphonies
Saisons
Ardèche
Océan
Pour passer le temps
Pour passer le temps
Qui est long
Quand on est mort
Il faut apprendre
A compter les feuilles
Mortes
Et les cailloux
Là où l’on est enterré
Pour profiter du temps
Qui est si court
Quand on est vivant
Il faut apprendre
A compter comme l’eau :
Du nuage
A la pluie et de la pluie
Aux ruisseaux
Dans les deux cas
Vu de l’éternité
C’est pas la mer à boire
© Werner LAMBERSY
Werner Lambersy (1941-2021)
Poète belge, Werner Lambersy est né d'une mère d’origine juive et d'un père flamand. Pendant la guerre, son père s'engage dans la SS. Après la guerre, il ira en prison et Werner ne le connaîtra pas durant son enfance. Ce passé familial l'influence dans son intérêt pour la poésie. Auteurs de recueils de poésie mais aussi d'essais et de pièces de théâtre, il est considéré comme une voix majeure de la littérature francophone. Il a a été lauréat de nombreux prix littéraires.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Long temps ?
© Christian SATGÉ
Christian Satgé (1965-aujourd'hui)
Auteur prolifique, fabuliste et conteur éclectique, Christian Satgé est professeur d'histoire-géographie dans le département des Hautes-Pyrénées. Il a publié plusieurs recueils et près d'une quarantaine de ses textes figurent dans Le Monde de Poetika.
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Son blog : → https://lesrivagesdurimage.blogspot.com/
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Le temps
Ô ! Temps qui t'enfuis, la saveur de ton flot
Qui nous accompagne depuis notre naissance,
Au cours de notre vie on fait ta connaissance
Et on te court après, c'est trop tard ou trop tôt.
D'abord tu es présent et ensuite avenir,
Souvent espérance mais parfois regrets,
Quelquefois souffrance quand le coeur est rejet.
Puis tu deviens passé chargé de souvenirs.
De plus en plus vite, passes sans qu'on te voie
Entre la pendule puis le calendrier,
Un jour tu t'arrêtes, vide est le sablier,
Pour nous l'éternité devient l'ultime voie.
© Gérard BOLLON-MASO
Gérard Bollon-Maso (1947-aujourd'hui)
Né en région parisienne, Gérard Bollon Maso habite à Villeurbanne. Fan de poésie depuis son enfance, il écrit depuis une vingtaine d'années. Il publie ses textes dans des revues de poésie et a fait paraître trois recueils.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son blog : → http://cielbleu69.eklablog.com/
Un ange passe
Le temps s’est suspendu.
Un ange passe :
La vie renaît nue.
L’horloge se casse.
L’air souffle légèrement,
Telle une caresse
Qui ne cesse
De nous rafraîchir humidement.
Le temps reprend
Doucement.
Il recommence en temps
Et en heure placidement.
© Sylvie CROCHARD
Sylvie Crochard (1976-aujourd'hui)
Ouvrière en milieu protégé, Sylvie Crochard a publié plusieurs recueils. Passionnée de piano, elle s’inspire également de la musique dans ses poèmes.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Sa page Facebook : → https://www.facebook.com/poetecrochard
Loges
En miettes, dans les loges intérieures
De la conscience, s’assied presque absent
Un silence tributaire des heures
Qui ronflent sous le soleil impudent.
…
Sans raison, un tas de fourberies grouille
Contre l’asphalte où je pose mes pas.
Près des torrents d’ombre, ça sent l’embrouille.
Le temps creuse l’espoir tel un judas.
…
Les goulées de lumière, ces escortes
Du jour laissent passer un palanquin
Où des voix résonnent entre les portes.
Vers le passé, je cache mon butin.
…
Mais, sur la vitre, les plaintes sans larmes
Se collent en chapelet comme l’eau
De tes yeux où s’emmurent les vacarmes
Confus du sable de nos vieux châteaux.
…
Debout, près des souvenirs solitaires,
Mon cœur marche sur les rosiers séchés.
Les parfums de menthe verte, émissaires
De saison, convoitent d’autres étés.
…
Je sais que la nuit reviendra, fantasque
Détrempant l’horizon avec ses mots.
Chaque syllabe inscrite dans sa vasque
Renaîtra demain en coquelicots.
© SEDNA
Sedna
Résidant en Charente-Maritime, Sedna a toujours eu la passion des mots. Elle aime les rimes et travaille principalement avec le Traité de Sorgel en poésie classique. Elle aime la mer, le ciel qui sont ses sources d'inspiration permanente. La sauvegarde de notre planète est l'une de ses préoccupations.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son site : → http://www.cassiopee17.fr/
Le passé est présent
Le passé est passé
Comme l'eau du ruisseau s'en est allée
En laissant quelques traces
Sur le temps qui efface.
Le présent est un nouveau printemps
Il habille nos instants sans les brumes du temps.
Comme l'algue épouse le rocher
Le destin a scellé
Les efforts consentis
Sont les piliers d'une vie.
S'en est allée comme l'eau du ruisseau
Le passé quelques traces en laissant
Sur le temps qui efface.
Sans les brumes du temps
Le présent est un nouveau printemps
Il habille nos instants.
Le destin a scellé les piliers d'une vie
Les efforts consentis.
Ne touche plus aux aînés
Ton âme est bafouée
Comment peut-on trahir
Ce que fut l'avenir.
© Tony RICHARD
Tony Richard (1950-aujourd'hui)
Né à Coblence d'un père militaire et d'une mère bretonne, Tony Richard a d'abord exercé le métier de pâtissier pendant une vingtaine d'années puis a été enseignant pendant 30 ans. Une carrière bien remplie pour ce voyageur qui a sillonné la France, de Paris à Cagnes-sur-Mer en passant par Boulogne, Limoges et bien d'autres contrées. Il a également voyagé en Chine et au Japon. Ecrivain sur le tard et passionné de poésie, il a publié plusieurs recueils, à découvrir sur son blog.
Du même auteur :
Magique musique
Noël d'antan
Liberté je t'ai aimée
L'amitié
Son blog : → https://pourvouslesfemmes.com/
Si...
Si vous pouviez venir me voir
Cela me ferait grand plaisir
Demain, peut-être, demain soir ?
L'automne offre bien des loisirs
Rien n'arrête la froide pluie
Ni le vent hautain, ni le gel
Ni mon ombre courant dans la nuit
Sous de gris nuages arc-en-iel.
Si tu pouvais venir me voir
Cela me ferait grand plaisir
Demain, peut-être ? Demain soir ?
L'automne offre tant de loisirs.
Nous suivrons le petit chemin
Celui qui mène à la chaumière
Peut-être me prendras-tu la main
Pour traverser la rivière ?
Si vous deviez venir me voir
Cela me ferait bien plaisir
Demain, peut-être ? Demain soir
L'hiver offre quelques loisirs
Nous n'irons pas trop loin
Et si je perds la raison
Et m'éloigne du chemin
Ramène-moi à la maison.
Si tu..., si vous...
Oh ! je ne sais plus
Je ne sais plus
Si c'est vous
Si c'est tu...
Mais, mais... qui êtes-vous ?
© Renée VIRLOGEUX BORON
Renée Virlogeux Boron (1939-aujourd'hui)
Renée Virlogeux Boron s'adonne à la poésie pour son plaisir et écrit aussi des nouvelles. Elle travaille la terre aux Ateliers d'Art de Château-Thierry.
Elle aime également peindre et a pris quelques cours de calligraphie. Elle a ouvert une petite bibliothèque dans sa commune qui compte 83 habitants. C'est avant tout le plaisir de se rencontrer, d'échanger et... de jouer aux cartes.
Autre texte :
Sur le piano
→ Sa page Facebook
Je ne dis pas : « Je veux ! » …
Les ailleurs des lointains univers. Je respire.
Chasse le doute amer de l’âme qui soupire.
La minute qui fuit et l’heure qui s’élance.
Extrait du recueil "Bruits de feuilles", Prix Sully Prudhomme 2022, Société des Poètes Français,
Editions Maïa, janvier 2022, ISBN 978-2-37916-905-2
https://www.editions-maia.com/livre/bruits-de-feuilles/
© Marcel MICHEL
Marcel Michel
Marcel Michel a toujours voyagé en écriture. Depuis 2013, il couche sur le papier son monde intérieur foisonnant. Son dernier recueil est rempli des sons d’une nature vivante, de réflexions sur l’homme et sur les choses qui nous entourent et que l’on ne perçoit plus. Ouvrage où la beauté, de poème en poème, pose sa touche délicate.
Autres textes :
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Découvrir son dernier recueil
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Dédales d'heures
En lignes courbes sentes
Et senteurs de couleurs
Coulent les flots de la mémoire
Dans ses dédales d’heures
Tantôt belles lueurs
Tantôt sombres ombres
Douleurs et horreurs
Suivies de nouvelles joies
Offrant d’autres chances et répit
Et l’on se dit que c’est la vie
Les mains quittent le passé
Pour d’autres lendemains
Qui déposeront au fond de l’âme
A leur tour leurs lames
Y gravant de nouveaux sillons
Qui laisseront danser les flammes
De leurs crépitants souvenirs
Chantant tant d’airs
Entre malheur et bonheur
Les pages des jours
Pour les écrire
Sauront partager et choisir
Les couleurs de l’encre
De leurs pleurs et rires
© Mokhtar EL AMRAOUI
Mokhtar El Amraoui (1955-aujourd'hui)
Poète d’expression française né à Mateur, en Tunisie, Mokhtar El Amraoui a enseigné la littérature et la civilisation françaises pendant plus de trois décennies, dans diverses villes de la Tunisie. Il est passionné de poésie depuis son enfance. Il a publié quatre recueils de poésie et plusieurs de ses poèmes ont été publiés sur Internet et en revues-papier.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Blog de l'auteur : https://mokhtarivesenpoemesetautresvoyages.blogspot.com/
Le temps qui reste
Combien de temps ?
Combien de temps encore ?
Des années, des jours, des heures, combien ?
Quand j'y pense, mon cœur bat si fort
Mon pays c'est la vie
Combien de temps encore ?
Combien ?
Je l'aime tant le temps qui reste
Je veux rire, courir, pleurer, parler
Et voir, et croire et boire, danser
Crier, manger, nager, bondir, désobéir
J'ai pas fini, j'ai pas fini
Voler, chanter, partir, repartir
Souffrir, aimer
Je l'aime tant le temps qui reste
Je ne sais plus où je suis né, ni quand
Je sais qu'il n'y a pas longtemps
Que mon pays c'est la vie
Je sais aussi que mon père disait :
"Le temps c'est comme ton pain
Gardes-en pour demain"
J'ai encore du pain
Encore du temps, mais combien ?
Je veux jouer encore
Je veux rire des montagnes de rires
Je veux pleurer des torrents de larmes
Je veux boire des bateaux entiers de vin de Bordeaux et d'Italie
Et danser, crier, voler, nager dans tous les océans
J'ai pas fini, j'ai pas fini
Je veux chanter
Je veux parler jusqu'à la fin de ma voix
Je l'aime tant le temps qui reste
Combien de temps ?
Combien de temps encore ?
Des années, des jours, des heures, combien ?
Je veux des histoires, des voyages
J'ai tant de gens à voir, tant d'images
Des enfants, des femmes, des grands hommes
Des petits hommes, des marrants, des tristes
Des très intelligents et des cons
C'est drôle, les cons ça repose
C'est comme le feuillage au milieu des roses
Combien de temps ?
Combien de temps encore ?
Des années, des jours, des heures, combien ?
Je m'en fous mon amour
Quand l'orchestre s'arrêtera, je danserai encore
Quand les avions ne voleront plus, je volerai tout seul
Quand le temps s'arrêtera
Je t'aimerai encore
Je ne sais pas où, je ne sais pas comment
Mais je t'aimerai encore
D'accord ?
© Jean-Loup DABADIE
Musique de Alain GORAGUER, interprétée par Serge REGGIANI (2002)
Jean-Loup Dabadie (1938-2020)
Romancier, auteur de sketches et de chansons, auteur et metteur en scène, traducteur, scénariste et dialoguiste, Jean-Loup Dabadie signera plusieurs titres pour Serge Reggiani : Le Petit garçon (1967), Et puis (1968), De quelles Amériques (1970), L’Italien (1971), Hôtel des voyageurs (1972), Les mensonges d’un père à son fils (1972), Le vieux couple (1972), Le temps qui reste (2002).
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Demain
C’était comme un désert aride
Comme un hiver interminable
Comme un printemps d’autan
S’approchant sans prévenir
Nos utopies asséchées
Nos regards croisés
Nos plus petits espaces
À l’intérieur de nos habitacles
C’était comme un mirage
De ce que nous avions vécu
D’une pensée utopique
De ce que nous avions insufflé
De ce que nous avions dansé
De ce que nous avions bu
De ce que nous avions usé
Ivres de fêtes
D’éclats de rires
De sourires
D’embrassades
De chaleur
De rencontres charnelles
C’était comme un brouillard
À couper le souffle
En proie à lame
La mort aux trousses
C’était comme un désert arctique
Un vent glacial
Des rafales en surface
Des ombres en survie
Des regards sombres
Des cœurs glacés
C’était comme aujourd’hui
C’était comme hier
C’était comme un désert d’hiver
Comme un printemps latent
Comme un matin d’été
S’approchant sans prévenir.
© Laetitia SIOEN
Laetitia Sioen
Cette artiste aux multiples facettes se définit comme bulleuse, poétesse, comédienne, clown et marionnettiste. Elle aime les rencontres humaines et artistiques. En 2009, elle a fondé la Compagnie l’Envers du Monde (basée à Toulouse) et se produit avec sa troupe en France et aussi à l'étranger. Ses voyages mobiles et immobiles, sa vie de saltimbanque l’inspirent tout autant que de nombreuses formes d’expression artistique. Elle a écrit son premier recueil, Des ailes pour rêver, en 2020.
Autres textes :
Le pianiste
L'effrontée
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Ce que dit la pluie
M'a dit la pluie : Écoute
Ce que chante ma goutte,
Ma goutte au chant perlé.
Et la goutte qui chante
M'a dit ce chant perlé :
Je ne suis pas méchante,
Je fais mûrir le blé.
Ne sois pas triste mine
J'en veux à la famine.
Si tu tiens à ta chair,
Bénis l'eau qui t'ennuie
Et qui glace ta chair ;
Car c'est grâce à la pluie
Que le pain n'est pas cher.
Le ciel toujours superbe
Serait la soif à l'herbe
Et la mort aux épis.
Quand la moisson est rare
Et le blé sans épis,
Le paysan avare
Te dit : Crève, eh ! tant pis !
Mais quand avril se brouille,
Que son ciel est de rouille,
Et qu'il pleut comme il faut,
Le paysan bonasse
Dit à sa femme : il faut,
Lui remplir sa besace,
Lui remplir jusqu'en haut.
M'a dit la pluie : Écoute
Ce que chante ma goutte,
Ma goutte au chant perlé.
Et la goutte qui chante
M'a dit ce chant perlé
Je ne suis pas méchante,
Je fais mûrir le blé.
© Jean RICHEPIN
Jean Richepin (1849-1926)
Poète, romancier et dramaturge, Jean Richepin a eu très tôt la vocation littéraire. Il a collaboré à plusieurs journaux et exercé plusieurs métiers comme professeur, matelot ou portefaix. Fréquentant le Quartier Latin, il se lia avec Jules Vallès. Sa vie marginale lui inspira son premier recueil de poésie, un ouvrage provocateur, La Chanson des gueux, publié en 1876. Ce recueil fit scandale et lui coûta 500 francs d'amende et un mois de prison. Écrivain prolifique, il publia plusieurs recueils, des pièces de théâtre et des romans. Il a été élu à l'Académie française en 1908.
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Éphémérides
Le temps d’un cri
C’est le temps qui commence
Le temps d’un rire
Et se passe l’enfance
Le temps d’aimer
Ce que dure l’été
Le temps d’après
Déjà time is money
Le temps trop plein
Et plus le temps de rien
Le temps d’automne
Il est là. Long d’une aune
Le temps en gris
Tout de regrets bâti
Le temps d’hiver
Faut le temps de s’y faire
Et trois p’tits tours
C’est le compte à rebours
© Esther GRANEK
Esther Granek (1927-2016)
Poétesse belgo-israélienne francophone, Esther Granek n'a pas pu suivre de scolarité du fait des lois anti-juives durant l'Occupation. Arrivée en France en 1940, elle est déportée dans le camp de Brens (Tarn) d'où elle s'échappe en 1941 pour retourner à Bruxelles. De 1943 jusqu'à la fin de l'occupation nazie, elle est cachée avec de faux papiers par une famille chrétienne à Bruxelles, qui la fait passer pour leur fille. Survivante de la Shoah, elle part vivre en Israël à partir de 1956 et travaille à l’ambassade de Belgique à Tel Aviv, comme secrétaire-comptable pendant 35 ans. Elle est également auteure-compositrice de chansons et a publié plusieurs recueils.
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Tempête
L’orage s’ammoncèle et pèse sur la dune
Dont le flanc sablonneux se dresse comme un mur.
Par instants, le soleil y darde un faisceau dur
De rayons plus blafards qu’un blême éclat de lune.
Les éclairs redoublés tonnent dans l’ombre brune.
Le pêcheur lutte et cherche en vain un abri sûr.
Bondissant en fureur par l’océan obscur,
L’âpre rafale hurle et harcèle la hune.
Les femmes, sur le port, dans le tourbillon noir,
Gémissent, implorant une lueur d’espoir…
Et la tempête tord le haillon qui les couvre.
Tout s’effondre, chaos, gouffre torrentiel !
Sur le croulant déluge, alors, voici que s’ouvre
En sa courbe irisée un splendide arc-en-ciel.
© Jules BRETON
Jules Breton (1827-1906)
Peintre et poète, de formation académique, réaliste, puis naturaliste, Jules Breton fut l’un des premiers peintres paysans. Loin des audaces sociales de Courbet ou du réalisme poétique teinté de pessimisme de Millet, son art prend naissance vers 1848, période de forts bouleversements sociaux et politiques. La montée de l’industrialisation provoque un exode des campagnes vers les villes et suscite chez les intellectuels, les artistes, une prise de conscience du peuple dans sa vie ordinaire. Vincent van Gogh avait une grande admiration pour lui. Encouragé par son ami José-Maria de Heredia, par Victor Hugo, Eugène Fromentin et Anatole France, Jules Breton a publié plusieurs recueils de poésie.
Autre texte :
→ Les cigales
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À côté
À côté
La nuit plus longue et la route plus blanche.
Lampes je suis plus près de vous que la lumière.
Un papillon l’oiseau d’habitude
Roue brisée de ma fatigue
De bonne humeur place
Signal vide et signal
À l’éventail d’horloge.
À côté
Soleil tremblant
Signal vide et signal à l’éventail d’horloge
Aux caresses unies d’une main sur le ciel
Aux oiseaux entr’ouvrant le livre des aveugles
Et d’une aile après l’autre entre cette heure et l’autre
Dessinant l’horizon faisant tourner les ombres
Qui limitent le monde quand j’ai les yeux baissés.
© Paul ÉLUARD
Paul (1895-1952) luard
Nom de plume d'Eugène Grindel, Paul Éluard est un poète français. Il adhère au dadaïsme et devient l'un des piliers du surréalisme. Obligé d'interrompre ses études à cause de la tuberculose, il séjourne en sanatorium où il rencontre une jeune russe qu'il prénomme Gala. Impressionné par sa forte personnalité, c'est d'elle qu'il tient son premier élan de poésie amoureuse. Il l'épouse début 1917. Malgré sa santé défaillante, il est mobilisé en 1914, puis publie ses premiers poèmes. Au lendemain de la Grande Guerre, il adhère au mouvement Dada puis s'engage dans celui du surréalisme. En 1928, il repart en sanatorium accompagné de Gala. C'est là qu'elle le quitte pour Salvador Dali. Autour d'un voyage autour du monde, il rencontre Maria Benz (Nusch) qui devient sa muse et lui inspirera ses plus beaux poèmes d'amour. Plongé dans le désespoir après le décès de Nusch en 1946, il rencontre Dominique qui devient sa dernière compagne et pour laquelle il écrit le recueil "le Phénix" consacré à la joie retrouvée. Il succombe à une crise cardiaque le 18 novembre 1952 et sera inhumé au Père Lachaise.
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L'avril boréal
Est-ce l’avril ? Sur la colline
Rossignole une voix câline,
De l’aube au soir.
Est-ce le chant de la linotte ?
Est-ce une flûte ? est-ce la note
Du merle noir ?
Malgré la bruine et la grêle,
Le virtuose à la voix frêle
Chante toujours ;
Sur mille tons il recommence
La mélancolique romance
De ses amours.
Le chanteur, retour des Florides,
Du clair azur des ciels torrides
Se souvenant,
Dans les bras des hêtres en larmes
Dis ses regrets et ses alarmes
À tout venant.
Surpris dans son vol par la neige,
Il redoute encor le cortège
Des noirs autans ;
Et sa vocalise touchante
Soupire et jase, pleure et chante
En même temps.
Fuyez, nuages, giboulées,
Grêle, brouillards, âpres gelées,
Vent boréal !
Fuyez ! La nature t’implore,
Tardive et languissante aurore
De floréal.
Avec un ciel bleu d’améthyste,
Avec le charme vague et triste
Des bois déserts,
Un rythme nouveau s’harmonise.
Doux rossignol, ta plainte exquise
Charme les airs !
Parfois, de sa voix la plus claire,
L’oiseau, dont le chant s’accélère,
Égrène un tril :
Dans ce vif éclat d’allégresse,
C’est vous qu’il rappelle et qu’il presse,
Beaux jours d’avril.
Déjà collines et vallées
Ont vu se fondre aux soleillées
Neige et glaçons ;
Et, quand midi flambe, il s’élève
Des senteurs de gomme et de sève
Dans les buissons.
Quel souffle a mis ces teintes douces
Aux pointes des frileuses pousses ?
Quel sylphe peint
De ce charmant vert véronèse
Les jeunes bourgeons du mélèze
Et du sapin ?
Sous les haleines réchauffées
Qui nous apportent ces bouffées
D’air moite et doux,
Il nous semble que tout renaisse.
On sent comme un flot de jeunesse
Couler en nous.
Tout était mort dans les futaies ;
Voici, tout à coup, plein les haies,
Plein les sillons,
Du soleil, des oiseaux, des brises,
Plein le ciel, plein les forêts grises,
Plein les vallons.
Ce n’est plus une voix timide
Qui prélude dans l’air humide,
Sous les taillis ;
C’est une aubade universelle ;
On dirait que l’azur ruisselle
De gazouillis.
Devant ce renouveau des choses,
Je rêve des idylles roses ;
Je vous revois,
Prime saison, belles années,
De fleurs de rêve couronnées,
Comme autrefois.
Et, tandis que dans les clairières
Chuchotent les voix printanières,
Et moi j’entends
Rossignoler l’âme meurtrie,
La tant douce voix attendrie
De mes printemps.
Extrait du recueil Les floraisons matutinales (1897)
© Nérée BEAUCHEMIN
Nérée Beauchemin (1850-1931)
Ecrivain et médecin québécois, il publie son premier recueil "Les floraisons matutinales" en 1897. Il obtiendra plusieurs diplômes et prix de poésie et recevra en 1930 la médaille de l'Académie française.
Autres textes :
→ La mer
→ Fleurs d'aurore
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L'orage
Au fond de la Provence, écoute le vent d'été
Qui entraîne en son coeur la folie des cigales.
Regarde briller ce soir l'église et le clocher
En haut de mon village accroché aux étoiles.
Avance et vois encore au bord de la fenêtre
Les voiles des bateaux blancs qui s'éloignent déjà,
Esquissant quelques rondes avant de disparaître
Sous l'horizon du monde qui s'arrondit là-bas.
Un orage trop fort secoue tout le rivage.
Un ruisseau enfle et court vers le mas qui sommeille.
Entends plus loin la grèle transpercer les feuillages,
Et les éclairs violents qui lacèrent le ciel.
J'aime le parfum lourd et mouillé des lavandes
Qui pénètre la chambre dans la nuit en colère.
Referme tes bras sur mes mains qui se rendent,
Respire-moi encore jusqu'au bout de la mer.
Ne dis rien, je le sais, il y aura demain.
Emmêle-moi, emporte-moi dans une folle danse,
Entre mes ondes, ta voix, la douceur de nos liens
Qui s'enchaînent librement entre deux cadences.
© POETIKA
Poetika
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Le jour
Levons-nous, le jour bleu colle son front aux vitres,
La note du coucou réveille le printemps,
Les rameaux folichons ont des gestes de pitres,
Les cloches de l’aurore agitent leurs battants.
La nuit laisse en fuyant sa pantoufle lunaire
Traîner dans l’air mouillé plein de sommeil encor
Et derrière les monts cachant sa face claire
Le soleil indécis darde trois flèches d’or.
Il monte. Notre ferme en est tout éblouie,
Les volets sont plus verts et le toit plus vermeil,
La crête des sapins dans la brume enfouie
S’avive de clarté. Voilà le plein soleil
Avec son blanc collier de franges barbelées,
Avec ses poudroiements de cristal dans les prés,
Avec ses flots nacrés, ses cascades brûlées,
Ses flûtes, ses oiseaux et ses chemins pourprés.
L’abeille tôt levée, attendant sa venue,
Essayait d’animer les boutons engourdis,
Dérangeait l’ordre neuf de la rose ingénue,
Pressait de toutes parts les lilas interdits.
Dès qu’elle vit au ciel fuser la bonne gerbe,
Son gorgerin blondit, son aile miroita,
Et, tandis que les fleurs se découpaient dans l’herbe,
Sur un lis qui s’ouvrait son ivresse pointa.
Quel massacre badin de vierges cachetées !
La nonnain-violette en conserve un frisson,
Les corbeilles d’argent aux blancheurs dépitées
S’inquiètent du vent rural et sans façon.
Sur l’églantine fraîche aux saveurs paysannes
Voici que les frelons éthiopiens vont choir,
Les bambous en rumeur entre-choquent leurs cannes,
Sur un brin d’amandier sifflote un merle noir.
Levons-nous. Notre chien lappe son écuelle,
Les chevaux affamés piaffent après le foin,
On entend barboter un refrain de vaisselle
Et des appels de coqs s’égosiller au loin.
Déjeunons sur le seuil de tartines miellées,
Dans nos verres en feu le soleil boit sa part,
Les arbres font danser leurs feuilles déroulées
Et teignent leurs bourgeons d’un petit point de fard.
C’est l’heure puérile où la margelle est rose,
Où la jeune campagne éclose au jour nouveau
Dans ses terrains bêchés brille comme une alose,
Où l’araignée étend son lumineux réseau.
C’est l’heure où les lapins se grisent de rosée,
Où l’enfant matinal aux gestes potelés,
Agitant le soleil de sa tête frisée ;
Rit tenant à deux mains un pesant bol de lait.
La montagne se vêt de légères buées
Et semble perdre un peu de son austérité,
Les cyprès accusant leurs grâces fuselées
Dressent des cierges verts sur l’autel de l’été.
Ô rajeunissement du réveil, ô lumière
Qui laves les noirceurs, les fanges, les chagrins,
Qui donnes des splendeurs au bourbier de l’ornière
Et mets une ombre d’or sur nos charniers humains.
© Cécile SAUVAGE
Cécile Sauvage (1883-1927)
Femme de lettres française, considérée comme la "poétesse de la maternité", la poésie de Cécile Sauvage est vouée au bonheur, aux joies de la maternité et à la simplicité de la nature. Elle est la mère du musicien Olivier Messiaen, qu'elle éleva dans un univers féérique.
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Je me souviens de mon enfance
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