Quel monde pour demain ?
Entre l'Ombre et la Lumière
© Julien MIAVRIL
Julien Miavril (1988-aujourd'hui)
Chargé d'accompagner des élèves en situation de handicap, Julien Miavril est poète, philosophe et a été professeur de Lettres. Il a publié plusieurs ouvrages à compte d'éditeur : recueils de poésie et romans. Il a également participé à des anthologies nationales et internationales.
Du même auteur :
Réflexions sur la poésie
Résurrection
Tu règnes dans l'absence
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Les marchands de malheur
Il y a ceux qui
bouffis d’orgueil, de suffisance
nous offensent par l’outrance
Ceux qui sont arrogants, ambitieux, intempérants
Ceux qui pensent que la vie à un sens
Qui se croient physiciens et ne sont que matière
Ceux dont la vindicte et la haine
Sont leur seul crédo.
Il y a ceux dont la misère mite peu à peu l’âme
Ceux qui volent aux enfants leurs rêves de lendemains
Ceux qui ont les mains rouges de colère et de sang.
Il y a des moments où la folie s’installe
Des instants d’euphorie
Des saisons de malheurs
Des épisodes fous où la démence gagne
Des moments d’euphorie
au cœur des exilés.
Il y a des vauriens qui dealent de la dope
Et des saintes nitouches
qui prient dans les églises
Ceux dont le destin leur sert à se grandir
Et la fatalité à se faire excuser.
Il y a toi au pinceau délicat
imprégné de nature
Et mes vers qui dépeignent
la lumière du temps
Enfin il y a nous dans notre éternité.
© Claude DUSSERT
Claude Dussert (1947-aujourd'hui)
Poète, nouvelliste et pamphlétaire à ses heures, Claude Dussert est diplômé du Conservatoire d’Arts Dramatiques de Grenoble. Cadre commercial, il a créé sa société de communication « CBCD » en 1993 à Lyon. Il vit actuellement en Bourgogne, dans la région de Cluny. Éclectique dans ses lectures, sa passion pour la poésie l’a amené à être membre de nombreuses associations. Il participe activement à plusieurs anthologies de poésie et ouvrages collectifs ainsi qu’à des concours. Il a édité à compte d’auteur cinq recueils de poésie et un recueil de nouvelles. Il a également remporté de nombreux prix de poésie (dont le Prix Spécial du Jury au concours Poetika 2023).
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As-tu perdu la langue ?
À l’Unomattina ils ont donné une nouvelle sensationnelle,
venue à nous à coups de WhatsApp et de dysfonctions du journal télévisé,
avec le faible espoir que ne s’éteigne pas l’homo sapiens sapiens,
en train de perdre sa langue.
Tout a commençé en 900, par la chute des murs du subjonctif,
et a continué à cheval sur le siècle avec l’hypertrophie de l’adjectif,
bellissime, splendidissime, hyper-méga-convenable,
pour nous Sanrémasques contraints de raser les murs à contre-courant.
Consommateurs disciplinés au parler cockney,
acheteurs de mots d’occasion sur eBay,
breveteurs de néologismes à un sou, au Gr
à la recherche de l’approbation de n’importe quel parterre.
Le monde tombe, la terre tombe en frasques pìcaresques
Les brutes occupées à intégrer pugi à la langue de César
enterrent les lexiques sans bénéfice du conditionnel,
accusées de crimen incesti avec une ex-vierge Vestale.
© Ivan POZZONI
Ivan Pozzoni (1976-aujourd'hui)
Ivan Pozzoni est né à Monza en 1976. Il a introduit le Law and Literature en Italie. Il a publié des essais sur les philosophes italiens et sur l'éthique et la théorie juridique du monde antique. Il a collaboré avec de nombreux magazines italiens et internationaux. Entre 2007 et 2018, il a publié plusieurs recueils. Il a été le fondateur et directeur de la revue littéraire Il Guastatore – Quaderni « neon »-avanguardisti ; également fondateur et directeur de la revue littéraire L'Arrivista. Il a été rédacteur en chef de la revue philosophique internationale Información Filosófica. Il fonde une quinzaine de maisons d’édition socialistes autogérées. Il a écrit/édité 150 volumes, écrit 1000 essais, fondé un mouvement d'avant-garde (NéoN-avant-gardisme, approuvé par Zygmunt Bauman), avec un millier de mouvementistes, et rédigé un Anti-manifeste NéoN-Avant-gardiste. Il est mentionné dans les principaux manuels universitaires d'histoire de la littérature, d'historiographie philosophique et dans les principaux volumes de critique littéraire. Son volume La malattia invettiva gagne Raduga, mention de la critique de Montano et Strega. Il est inclus dans l'Atlas des poètes italiens contemporains de l'Université de Bologne et figure à plusieurs reprises dans la grande revue littéraire internationale Gradiva. Ses poèmes sont traduits en français, anglais et espagnol. En 2024, après six années de retrait total des études académiques, il revient dans le monde artistique italien et fonde le Kolektivne NSEAE (Nuova socio/ethno/aesthetic anthropology).
Le souffle des avenirs
Les orchidées poussent à nouveau
après l'effeuillage de celles
accompagnantes
qui ont su être discrètes
Les bourgeons esquissent à bout de bras
une floraison proche
douce et simple
à l'endroit le plus inattendu
alors que les jours ont repris leurs cours
rapides et brumeux
dans les matins novembraux
Un défi est passé
au cœur du vent des avenirs
Comment rester sobres
face aux grandes barres
et face aux grandes étendues maritimes
Un rien ou presque suffirait à gagner la paix
Je l'appelle d'une voix
d'une seconde voix
d'une tierce voix
Elle a cette couleur silencieuse et calme
d'une lumière indispensable
© Hayat AIT-BOUJOUNOUI
Hayat Ait-Boujounoui (1972-aujourd'hui)
Originaire de Besançon, Hayat Ait-Boujounoui est formatrice et responsable de formation dans un centre de formation pour jeunes et adultes (CFA) après avoir enseigné le français et l'Histoire-géographie dans des CFA de différentes régions, dont la Bretagne qu'elle affectionne particulièrement. Elle a écrit deux recueils de poésie : Dans la chair (2011) et Palpitations (2018) publiés chez L'Harmattan. Elle a également publié en 2023 des micro-récits, Ainsi est-ce parfois aux éditions Les impliqués.
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La cloche a sonné
L’humanité gâtée en voulait toujours plus :
Plus facile et plus vite, plus doux et plus seyant ;
Et chacun sur un trône en pensée s’asseyant
Réclamait tous les droits, tout de suite, et motus !
Mais la Terre a grondé, secouant ses cirrus
Mélangeant tous les bleus de tous ses océans ;
Les petits hommes tombés de peur sur leur séant
Se mirent à pleurer, cohorte de minus.
« Maintenant, ça suffit mes cocos ! » leur dit-elle
En grinçant des volcans, mais toujours maternelle.
« La récré est finie, vous allez calmement
Tout ranger, nettoyer, et aller vous asseoir
Chacun à votre place ; et ainsi, sagement
Pour le reste des temps vous ferez vos devoirs ! »
© Philippe SALORT
Philippe Salort
Moi j'aime cet auteur qui débute à 60 ans !! Qui se sent plus artisan qu'artiste, plus potache que poète... Qui se dit davantage les doigts pleins d'encre que la tête dans les étoiles !
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Actualité(s)
Quelqu’un a écrit « Monde en sursis » tout récemment.
Un autre « Nous sommes prévenus », pratiquement dans le même temps.
Ces mots m’ont touché, par leur justesse et leur à-propos
et je ne peux, sans me dédier, ne pas y faire écho.
Comme une espèce d’éclair, d’impulsion irrépressible,
une expression m’est apparue parée d’une évidence.
Je me suis demandé si ce « sursis », à nos yeux bien visible,
pourrait déclencher, en réaction, un soupçon de chance.
Qui se traduirait, car sans rire, n’est pas traducteur qui veut,
par trois petits mots porteurs d’optimisme, on peut bien oser, qui sait ?
à savoir « Monde en sursaut » pour ouvrir l’espérance, s’il peut.
C’est pour moi, au point où nous en sommes, la seule issue vraie.
Quant à l’affirmation non moins évidente, « Nous sommes prévenus »,
même rebâchée, sans cesse rappelée à tous les niveaux,
pourquoi, niant cette évidence « Rien ne reste prévu »,
juste au moment où par leurs joutes verbales, s’étripent les rivaux ?
Certes le sens va à contre-sens, les règles sont bafouées,
le respect n’est plus la priorité et plus rien n’a de frein.
Les dirigeants descendent de leur piédestal, pour se faire huer,
A juste titre, vu la cruelle absence d’une vision pour demain.
La boue rejoint la boue et frappe leurs visages.
Hébétés, défaits, livides, ne trouvant pas les mots,
Le peuple est berné, on leur cache même les mauvais présages.
C’est sûr, puisque « Rien n’était prévu », pour éviter le chaos.
C’est notre faute à nous qui restons béats devant notre écran
Qui nous distille, jour après jour, le dernier vol ici,
Le détail de l’accident là-bas, les menaces de l’Iran,
Voire les délires obscènes du candidat aux Etats-Unis.
Quand allons-nous refuser de laper dans notre auge
Ce que les médias, pour nous endormir, nous jettent en pâture ?
Quand allons-nous cesser cette propension à tout de suite voir rouge
Avant d’attendre une vérification faite sur mesure ?
Quand allons-nous vraiment changer nos comportements
Au quotidien en nous tournant vers le commerce proche ?
Quand allons-nous reprendre réellement en charge nos grands-parents
Et cesser d’envoyer dans ces mouroirs où ils sont seuls, nos proches ?
Ce n’est pas d’abord un changement de société qui transformera
Le « Sursis » en « Sursaut » et ce ne sera pas immédiat.
C’est par moi, par toi, bref par nous, quand oui on répondra,
Qu’au bout du compte « Ce qui a été prévu », faire se pourra.
N’accusons que nous-mêmes qui, pour la plupart c’est vrai,
Voulons poursuivre notre vie pépère, le cul sur notre chaise
Ou au contraire voguer vers des lieux idylliques à grands frais.
Il n’est peut-être pas trop tard pour arrêter de souffler sur la braise.
L’espoir n’est pas mort, demain sera là, tant que l’homme vivra.
L’enfant qui naît reste un miracle incommensurable.
La fleur qui s’accroche à la pierre, par la fissure éclora.
Même si, par « Tromperie », l’Amérique a vendu son âme au diable.
© Michel KEUKENS
Michel Keukens (1948-aujourd'hui)
Né en Belgique, Michel Keukens a 75 ans et travaille toujours à titre de traducteur de brevets européens depuis plus de 30 ans, après avoir effectué une carrière partielle d'enseignant en langues germaniques (néerlandais, anglais, allemand) dans le secondaire.
Il s'est toujours senti bien dans le monde de l'écriture, un parfait dérivatif qui le change radicalement de son activité éminemment technique ! En fait, il aime bien "raconter des histoires".
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Quand Cézanne peignait...
De ses lents doigts tachés, il soutient le pinceau.
C'est lui qui dirige le trait, et aussi le plein
À coups de touches de tubes de couleurs pressés haut
qui habillent la palette, quand Cézanne peint.
De ses yeux qu'il plisse pour toujours voir plus net,
sous son front fiché d'un épi de grain,
Il scrute l'horizon, puis revient au chevalet.
De son pouce il mesure l'espace, quand Cézanne peint.
Protégé de sa casquette vissée sur son crâne nu,
il affronte le soleil et hume le romarin.
Les fleurs des champs frétillent de grâce, vraies ingénues.
Elles se parent de beaux atours, quand Cézanne peint.
Mais ce n'est qu'après un stage d'apprivoisement
que le cœur de l'artiste parlera à sa main
pour esquisser des attraits gourmands.
Oui, la tâche est revêche, quand Cézanne peint.
Les cheveux en bataille où nichent mainte feuilles mortes,
assis sur son pliant, avec à terre une croûte de pain,
son esprit absorbé pour l'œuvre qu'il veut forte,
c'est ainsi que l'homme travaille, quand Cézanne peint.
Les bruits de la nature l'inspirent très en mesure.
il se laisse porter par le bruissement des pins,
le tressaillement des oliviers, le silence de la masure :
tout concorde dans sa tête, quand Cézanne peint.
C'est une tâche solitaire qui apporte ses joies.
Pas d'horaires: aujourd'hui il sera là tôt matin,
demain le coucher du soleil sera roi.
L'œil recherche un lieu propice, quand Cézanne peint.
Tout son être est en éveil quand vient l'éclosion.
Chaque couleur a sa place, comme dans un écrin.
Le lieu, l'heure font l'objet d'une grande attention.
Tout doit être réuni, quand Cézanne peint.
C'est un travail complexe de mise en scène totale.
L'artisan s'oublie, saisit le message qui vient
pour se l'approprier, l'habiller et le reproduire égal.
C'est tout le travail accompli, quand Cézanne peint.
Ses sens constamment en éveil, prêts au déclic,
affûtés par les ans, sollicités jamais en vain,
le portent à travers mille chevauchées fantastiques
pour abreuver sa soif d'absolu, quand Cézanne peint.
Cézanne ne peint plus. Il a rangé ses pinceaux
devenus inutiles, obsolètes, pièces de musées.
La machine projette des couleurs, construit du beau.
Décide du point de vue. Ignore le flux des marées.
Renvoie les senteurs des lilas, le chant des oiseaux
au néant. Car les écrans feront autorité.
La nature, la terre, le sol, les arbres, les ruisseaux
seront dans les programmes, mais sans sécurité.
Nous commettons une erreur. Nous avons tout faux.
Demain le dira. Les mains de Cézanne sont une nécessité.
© Michel KEUKENS
Illustration : La montagne Sainte-Victoire, Paul Cézanne (1895)
Michel Keukens (1948-aujourd'hui)
Né en Belgique, Michel Keukens a 75 ans et travaille toujours à titre de traducteur de brevets européens depuis plus de 30 ans, après avoir effectué une carrière partielle d'enseignant en langues germaniques (néerlandais, anglais, allemand) dans le secondaire.
Il s'est toujours senti bien dans le monde de l'écriture, un parfait dérivatif qui le change radicalement de son activité éminemment technique ! En fait, il aime bien "raconter des histoires".
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Toussaint
Le lierre grimpe doucement au mur du cimetière.
Les pierres tombales s’effritent.
Quelques chrysanthèmes semblent défier les fourmis et les étourneaux.
« Passant, souviens-toi.
Memorare »
Quelques dates gravées, des noms imprononçables.
L’office de vêpres ne se chante plus depuis bien longtemps devant l’immense crucifix.
Un myosotis se penche entre deux dalles,
le lierre grimpe,
il recouvre déjà le marbre et l’ange assis, en sanglots.
Une colombe blanche picore quelque graine sur un dépôt de cailloux roulés.
La mousse et les lichens se logent aux jointures pour le jour de toutes les âmes.
Un vent léger fait grincer le portail
découvrant la vallée qui n’appartient plus à personne, pas même aux nixes !
Une dame blanche aux pantoufles vertes,
un sourire et une mélancolie dans ses yeux, veille.
Elle cherche inlassablement un fiancé perdu près des gravats.
La Maison des Braves Gens s’était effondrée aux Quatre-temps.
Le lierre grimpe sur un mausolée. Qui repose céans ?
Les longues lianes pendent aux bras décharnés.
Requiem aeternam.
Les vivants sont bien ingrats !
Seuls les épilobes hirsutes, les asters et de rares hélianthèmes caressent l’ombre de leurs racines.
L’eau de la rivière coule insouciante, comme une litanie de saints.
Ora pro nobis !
Ora pro nobis !
Sancte…
Sancte…
Miserere nobis.
Et demain,
demain,
le lierre aura envahi le mausolée.
Le gardien, d’un trait de plume, tire le rideau sur le jardin.
© Roland MUHLMEYER
Roland Muhlmeyer
Roland Muhlmeyer est guitariste classique de formation. Il apprend le chant lyrique, deux matières qu'aujourd'hui encore il enseigne. Il se spécialise par ailleurs dans le chant grégorien, qu'il a également enseigné. Il a écrit des poèmes dans sa jeunesse qui ont paru dans quelques publications. Après un long repos poétique, il s'est remis à écrire. Il a le souci du rythme, des couleurs, des mots dans ses textes qu'il traite comme une partition de musique contemporaine.
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L'avenir plus beau que le présent
L'avenir ne peut pas être pire que le passé
En général les choses s'améliorent
On laisse le négatif derrière nous
Pour aller vers du positif
Vie de couple versus solitude
Plus on va de l'avant et mieux c'est
A la rencontre d'autres personnes
Demain est un autre jour
Tout beau tout frais
Il sera empli d'amour
Et d'humour
Pour notre épanouissement
Nous progressons
Nous avançons
Et pas à reculons...
© Sylvie CROCHARD
Sylvie Crochard (1976-aujourd'hui)
Ouvrière en milieu protégé, Sylvie Crochard a publié plusieurs recueils. Passionnée de piano, elle s’inspire également de la musique dans ses poèmes.
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Que le bonheur revienne
Réfléchissons au monde que nous pourrons donner
A ces jeunes enfants aux regards intrigués
Et aux questions que pourrons nous répondre
Aux regards étonnés qui nous guettent à la ronde.
La tête haute il faudra bien avouer
Qu’à la planète nous avons peu pensé
Que si nous sommes synonymes du malheur
Nous ferons tout pour qu’ils trouvent le bonheur.
Pour que les télégrammes envoyés le matin
Ne soient plus synonymes de chagrin
Que tous les maux qui remplissent la planète
Deviennent des mots bousculés dans une fête.
Qu’à cette chère inconnue que nous appelons la Terre
Il ne faudra plus apporter la misère
Mais offrir la lumière qui brille dans nos cœurs
Nous rendra fiers d’être les spectateurs,
D’un devoir accompli, qui par un trait soudain
Nous a enfin permis de lui serrer la main
Et qu’à cette mère qui porte nos d’enfants
Nous voudrions lui dire que pourtant,
Sans rien comprendre, sans trouver un récit
Elle a rempli nos yeux, elle a rempli nos vies
Et si nous le pouvons, s’il en est encore temps,
Nous serons les parrains quand viendra le moment
D’accompagner les jeunes, d’accompagner leurs vies
Calmement, pas à pas à pas, au gré de leurs envies
Et que c’est le plaisir qui guidera leurs pas
Quand ils verront les cerises et les merles aux abois.
© Myriam CLOWEZ
Myriam Clowez (1961-aujourd'hui)
Retraitée du secteur sanitaire et social, Myriam Clowez a toujours aimé la poésie et c'est surtout à l'adolescence qu'elle a écrit de nombreux poèmes. Aujourd'hui, elle profite de son temps libre pour participer aux concours de poésies.
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Gaïa survivra à l'Homme
Le lézard au soleil se dore
Pour rien au monde ne déguerpir...
Quand les secondes valent de l'or,
Pas la peine de trop vite grandir
S'enivrer des souffles du vent,
La mésange, elle, l'a bien compris...
Elle aime flâner et prendre le temps
Aux nuanciers d'après-midi
S'oindre des gouttes de la rosée,
L'araignée à l'aube s'en humecte...
Elle boit toutes les eaux sucrées
Du jour présent et s'en délecte
Chaparder le grain des allées,
L'écureuil sait être terre-à-terre...
De l'instant il faut profiter ;
Qui sait si demain sera maigre?
L'Homme trouve tout cela bien frivole,
Mais il ne songe à réfléchir...
Inquiet pour le futur du sol,
Or c'est hier qu'il fallait agir.
© Linda CARA-JACOBI
Linda Cara-Jacobi (1973-aujourd'hui)
Linda Cara-Jacobi est d'origine multi-culturelle, de parents et grands-parents hongrois, anglais, roumains et tchèques. Après des études de Lettres, passionnée d'art, elle quitte sa Suisse natale pour se rendre dans une école à Milan où elle se spécialise en stylisme. De retour à Genève, elle continue de créer pour des commandes privées, et revient désormais à ses premières amours de plume et d'encrier. Ses plages de joie sont les longues balades matinales en forêt, la salade de chèvre chaud et les crêpes à la confiture d'abricot, la musique électro, new wave ou rock, le cinéma indépendant, la photo, les courants artistiques et architecturaux Art Nouveau et Art Déco.
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Monde en sursis
Le chant d’une alouette.
Et la nuit qui s’achève.
Un nouveau jour s’apprête,
Une aube qui se lève.
Douce et pâle lumière,
Posée sur les collines,
Quand s’éveille la Terre
Et que tout s’illumine.
C’est le chant de la Vie,
De l’espoir de ce monde,
Que l’on sait en survie,
Car les menaces grondent.
Temps nouveaux qui viendront,
Où les chants d’alouettes
A jamais s’éteindront
Dans la nature muette.
Combattre les puissants,
Sources de nos détresses,
Pollueurs inconscients,
Partager les richesses.
Protéger notre Terre
Rechercher l’harmonie,
Renouveler notre air
Et célébrer la Vie.
© Pierre PAYSAC
Pierre Paysac (1948-aujourd'hui)
Fréquentant un atelier d'écriture depuis plus de dix ans, Pierre Paysac a publié son premier recueil, Errance, en 2021, aux éditions Persée. Son deuxième recueil est en cours d'édition. Il a par ailleurs participé au concours Poetika 2023 et l'un de ses textes a été remarqué par les membres du jury.
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Rien n'est prévu, nous sommes prévenus
Le globe se détourne de son astre,
Notre monde tourne au désastre,
Pôles opposés, aimant déboussolé,
Copernic avait tort, la terre est carré !
Une tempête éclate, un feu s'allume,
L'incendie sous la lune se consume,
Le jamais plus sera le comme avant,
Tout change, rien ne bouge pourtant.
Pendant ce temps les neiges fondent,
Les rivières de colère grondent,
Le temps de pluie assèche la glaise,
La vague d'écume fissure la falaise !
Envol des égos démesurés, vol d’Icare,
L'avidité l’épuise, la terre s’effare
Tout se réchauffe, les ailes se brûlent,
Fatalistes, les hommes capitulent.
Plus d'air, plus de vie, plus de souffle,
Notre inconscience l'avenir étouffe,
Nul château, nulle digue ne protègera,
L’humanité du désastre qui déferlera !
Le sombre des ombres soleil terrorise,
Le vent tornade les illusions brise,
Au son du cyclone alerte messager,
Les chimères cessent de tourbillonner.
Et insouciante, la croisière s'amuse,
Au son des violons, de la cornemuse,
Dans le paquebot des mille vanités,
Personne ne s'inquiète de ces réalités !
Notre planète devient une nécropole,
Oscillant de protocole en protocole,
Tant de lois pour cela, y avons-nous cru,
Nous sommes prévenus, rien n’est prévu !
© Arnaud MATTEI
Arnaud Mattei (1962-aujourd'hui)
Né à Saint-Mandé d’une mère lorraine et d’un père corse, Arnaud Mattei travaille dans le Nord et vit en Moselle. Des quelques poésies de son adolescence retrouvées dans un cahier aux pages jaunies, à l'aube de ses soixante ans, il se sera passé un long moment de silence. Une absence que le vide du temps ne saurait combler. Il l’a brisée depuis quelques années pour reprendre la plume, afin de partager ses mots avec ceux qui voudront bien les écouter.
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Vers un à venir
Vêtue des haillons du passé
L’humanité s’est disloquée
Sous les décombres d’un présent
Truffé de violence et de sang…
Sur des rivages effondrés,
L’océan hurle ses marées…
Les rivières sous les orages,
Saccagent tout sur leur passage…
Le soleil brûle les vallées,
Fait s’écrouler les grands glaciers…
L’univers meurt en chancelant
Sous des cyclones délirants…
Mais sur la terre des enfants
Vers « l’à-venir » vont en marchant,
En écoutant le chant du vent
Les folles promesses du temps…
Ils tresseront des arcs en ciel
Sur les sources de l’essentiel,
Sèmeront espoirs et prières
Par-delà toutes les frontières…
Ils croient en une ère nouvelle,
Une aube où la paix étincelle
Dans le partage et l’amitié,
Le respect et la liberté…
© Marie MINOZA
Illustration : © Marie MINOZA, Les enfants tressent des arcs-en-ciel et sèment leurs prières pour un monde de pais et d'amour.
Marie Minoza
Cette enseignante en école primaire a exercé dans les Deux-Sèvres puis dans la Vienne à Châtellerault. Tout au long de sa carrière, elle a aimé partager l’amour de la peinture, de la poésie et de la création avec ses élèves. Aujourd'hui à la retraite, elle partage ses écrits et ses créations d'images sur son blog. Tous les deux ans, elle contribue avec des amis poètes à la création d’un livre de contes et de poésies destiné aux enfants gravement malades… Elle participe également avec ses anciens collègues à un spectacle chorale, comédie musicale (création d'images et de montages power-point pour animer chants et mimes).
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De l'aurore au couchant, « Imagine »...
Perspectives désertiques
Perspectives édéniques
Quel sera notre horizon
Qu’une funèbre oraison ?
Dans l’actuelle folie
Menaçant même la Vie
Tout un monde à la Mad Max
Emerge peinard relax…
Dans la perceptible brume
Où des leurres nous enfument
Est-ce qu’un Terminator
Salue et sert Dame Mort ?
Dans toute cette grisaille
Où l’angoisse nous assaille
Naviguons-nous sur le Styx
Pour des lendemains Matrix ?
Avenir cauchemardesque
Qui se devine dantesque
Quel futur aura l’Enfant
Dans ce trouble triomphant ?
Perspectives édéniques
Dans des Rêves iconiques
Jusqu’au bout de l’horizon
Fleurit une guérison…
© Didier COLPIN
Nota : Terminator (1984) et Matrix (1999) sont des films de science-fiction où transparait la peur de l’avenir dominé par la violence, les machines et la technologie. Mad Max (1979) et un western futuriste apocalyptique sur fond d’une pénurie énergétique.
Guillemets dans le titre : clin d’œil au titre de Lennon, évidemment… Morceau phare de l’utopie non violente de l’époque.
Illustration : Keenu Reeves (Matrix, 1999)
Didier Colpin (1954-aujourd'hui)
Didier Colpin est né en 1954 à Laval, petite ville de l’Ouest de la France. Il a découvert l’écriture et la poésie « sur le tard », en 2010. Depuis elle est devenue sa compagne de tous les jours…
La poésie est pour lui le contraire de Twitter et de sa rapidité. Elle est un arrêt sur image… Sur un émoi sur un trouble sur la Beauté sur la laideur. Le tout vu, ressenti à travers le prisme qu’est son regard où deux plus deux ne font pas toujours quatre…
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La couleur du monde
Le monde est bleu dans les névés de verre,
Dans le ciel de cobalt des grands pins maritimes,
A l’huile de la mer prussienne, ô mer intime !
Au plus clair du zéphyr qui inspire nos vers…
Le monde est vert dans l’aube des rizières,
Où bat au bord de l’eau le cœur des lavandières,
Mais aussi dans l’amère émeraude des mers
Dont la crique est laurée avant sa mise en bière…
Le monde est gris, fade et décoloré
Quand un cyclone ennuie une île de la fée,
Qu’elle devient une île de l’effet de serre,
Une histoire nouvelle et extraordinaire…
S’il vire au rouge sang du sang des êtres chers,
Le monde sera noir de l’ombre du malheur,
Du bitume au pétrole des suies de l’insert ;
Il sera sombre aussi de l’encre des douleurs…
Mais peut-être demain, à l’arc-en-ciel pareil
Qui naît après la pluie au miroir du soleil,
Le monde irisera de ses couleurs fécondes,
A nouveau comme on rit au rire des jocondes.
Etienne Busquets
Poète fénassol d'origine catalane (village de Lafenasse dans le Tarn), il est sociétaire des Amis de Jean Cocteau et membre des Poètes sans Frontières de Vital Heurtebize à Orange. Il a remporté plusieurs prix de poésie et collabore dans plusieurs revues et anthologies.
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Son blog :
→ https://www.calameo.com/subscriptions/7446960
Futurutopia
Ne sera en fait que la grande trahison
Des hyperscénaristes qui auront abandonné la Terre
Dans leurs cosmodromes tournant en orbites
Autour de la vieille ridicule planète
Comme ils le ressassent dans leurs fous rires et chansons
Ils boiront à la santé des minables
Qu’ils auront laissés à végéter dans le tout-cendre
Après leur dernière guerre
Au slogan feutré du grand radical incendie
Demain sera le règne du grand couinant sur terre
Les rois-rats s’y vengeront
Sur les misérables restes de l’humanité
Bientôt bel et bien souvenirs rongés
Demain demain demain
© Mokhtar EL AMRAOUI
Mokhtar El Amraoui (1955-aujourd'hui)
Poète d’expression française né à Mateur, en Tunisie, Mokhtar El Amraoui a enseigné la littérature et la civilisation françaises pendant plus de trois décennies, dans diverses villes de la Tunisie. Il est passionné de poésie depuis son enfance. Il a publié quatre recueils de poésie et plusieurs de ses poèmes ont été publiés sur Internet et en revues-papier.
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Le feu errant
Au sommet des planètes en détresse,
J’écris la peur de l’arbre et des oiseaux.
L’obscurité défend sa forteresse
Quand l’humanité creuse son tombeau.
Le long des chemins où le temps pétille,
Avance un cortège de jours transis.
Quelques rêves s’accrochent à la grille
Des lunes aux halos plein de débris.
Et un nuage escorte sur la rive
Un triste ailleurs où suffoque le vent.
L’été se cogne contre la coursive
Pour finir sa course en un feulement.
J’aimerais te dire, l’espoir en bouche
Par-delà l’horizon des camouflets,
Que certains discours et propos font mouche
Mais les phrases rougissent de soufflets.
Comment dans cette strophe qui se dresse,
Là, où le cœur guerrier cogne les murs,
Déplier la ramille pour que cesse
Le tremblement accroché à l’azur.
Il me faut aller au brûlant de l’âme
Attiser le feu errant dans la nuit.
Au ciel de l’aube en devenir, l’entame
Du soleil fera peut-être du bruit.
© SEDNA
Sedna
Résidant en Charente-Maritime, Sedna a toujours eu la passion des mots. Elle aime les rimes et travaille principalement avec le Traité de Sorgel en poésie classique. Elle aime la mer, le ciel qui sont ses sources d'inspiration permanente. La sauvegarde de notre planète est l'une de ses préoccupations.
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Ceux qui viendront demain
Le temps a dévidé chaque jour une page
Sur les chemins lointains de mon très long parcours
Où des choses d’antan à présent n’ont plus cours
Et quand tous mes vieux jours, eux, s’en vont sans tapage.
J’ai connu des bonheurs, parfois le dérapage,
Des moments de silence et de très longs discours,
La résignation, les appels au secours,
La morne solitude et son aréopage.
Mais aujourd’hui je pense aux jours de l’avenir,
À tous ceux qui verront des moments à bénir
Dans tous ces ans porteurs de vrais bonheurs à naître.
J’imagine les gens d’un nouveau genre humain
Sur des chemins futurs qui les feront connaître
Et je les vois déjà ceux qui viendront demain.
© Michel MIAILLE
Michel Miaille (1951-aujourd'hui)
Poète, auteur de sketches et de pièces de théâtre, Michel Miaille est retraité du Ministère de l'environnement et membre de la SACEM. Il a obtenu plusieurs prix de poésie, notamment avec avec des poèmes en langue provençale, et participe à des anthologies. Il a publié plusieurs recueils.
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Agonie d'un bourdon
Lentement, lourdement, il est venu mourir,
noir et blanc, hésitant, sur un triste tapis
patte affolée cherchant un dernier grain de vie
près de nous qu'il accuse en de sombres sursauts.
Gavé de vingt poisons, il promet aux récoltes
une feuille parfaite, une luisante peau.
Oui, j’ai pleuré sa mort car c’est aussi la nôtre.
© Donatien MOISDON
Donatien Moisdon
Issu d'un milieu modeste, Donatien Moisdon est né à Batz-sur-Mer en Loire Atlantique. Pour payer ses études, il travaille comme cuisinier privé à New York, chez Juan Trip alors PDG de Pam American Airways. Une expérience très enrichissante qui lui a permis de connaître New York en profondeur, pas seulement celui que l'on visite : dépoussiérage salutaire des clichés anti-américains déversés insidieusement et inlassablement par la presse française. Après l'obtention d'un Master's Degree II, il part enseigner pendant deux ans au Bénin puis terminera sa carrière de professeur en Angleterre, dans le Kent. Il a publié plusieurs romans, des nouvelles et un recueil de poèmes.
Du même auteur :
Côte
Vacances sur l'île d'Yeu
En regardant un tableau de Durrie
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Le boléro du XXIe siècle
Je te pensais plus beau, monde de ce siècle
en fait, peut-être que je te voulais meilleur.
Bizarrement les siècles se recyclent, comment l'avoir su guerre, virus, que
les parallélismes se rencontrent un jour.
J'attendais le printemps autrement, avec le soleil à l'apogée
de sorte qu'il n'y aurait pas de nuit pour lui faire l'éclipse.
Il arrive triste, tué par le ténèbres
une nouvelle guerre dans ce siècle s'entame.
Peut-être le monde, attend la composition de Ravel Boléro du XXIe siècle
Peut-être qu'il attend la danseuse, pour la ramener
dans un hymne de paix, du siècle à venir.
Je t'aurais voulu plus humain, monde, la main sur le cœur.
Eh, peut-être dois-je attendre encore un siècle !
Peut-être le prochain millénaire,
d'ici là.., je suis peut-être morte.
© Mirela LEKA-XHAVA
Photo : Le Boléro de Maurice Ravel, interprété ici à Bâle par Fernando Solano et l'Ensemble des Balletts Teatro Espanol de Fafael Aguilar. © KEYSTONE/MARKUS STUECKLIN
Mirela Leka-Xhava (1966-aujourd'hui)
Mirela Leka-Xhava est née dans la ville d'Elbasan en Albanie. Passionnée de littérature depuis son enfance, elle publie de temps en temps dans divers magazines et journaux. Elle est diplômée en Langue et Littérature albanaise à l’Université « Aleksander Xhuvani » à Elbasan. Jusqu’en 2002, avant d’émigrer en France, elle a travaillé comme bibliothécaire à la Bibliothèque universitaire de la ville d'Elbasan. Ses poèmes ont été publiés dans des revues et journaux prestigieux en France, Albanie, Kosovo, Angleterre, Canada, Etats-Unis, Belgique, Bangladesh, Inde, Tunisie, Roumanie, Bulgarie, Italie, République Dominicaine, Pays Bas, Chine etc. Elle est active dans les salons littéraires en France, et a obtenu le Diplôme d’Honneur au 24ème Printemps des Poètes - Sartrouville France.
Elle est publiée périodiquement dans la revue littéraire « Florilège » de l'association Poètes Sans Frontières - Dijon et dans plusieurs anthologies. Elle a été finaliste du Festival de Poésie Méditerranéenne, Rome – 2022, et participe constamment à des concours littéraires. Depuis 2024, elle est membre de la Société des Poètes Français, Paris.
Elle vit actuellement avec sa famille à Bordeaux, en France.
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Mode avion
Avions-nous besoin, nous les terriens,
de détruire notre planète ?
Avions-nous besoin d’aseptiser
nos jardins et nos maisons,
anéantissant les abeilles ?
Avions-nous besoin de dégazer nos bateaux,
Mazoutant les oiseaux ?
Avions-nous besoin de déresponsabiliser
nos enfants, les laissant errer seuls,
dans l’adversité ?
Le mode avion
…
Pour ne pas brouiller les connexions,
pour se supporter tout de même encore,
une bonne assurance
pour garantir les risques,
pour se couvrir,
pour maintenir le cap,
coûte que coûte.
© Annick PIPAUD
Annick Pipaud
Professeur de mathématiques à la retraite mais artiste dans l'âme (peinture, photo, poésie...), Annick Pipaud écrit depuis son plus jeune âge. Elle a participé à plusieurs festivals de poésie.
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Est-ce que ce monde est sérieux ?
L’homme souffre désormais d’une hémorragie de sens :
Il a perdu jusqu’à son souvenir de hutte
Qui l’abritait de l’hostile dès sa naissance.
Il a généré, à sa place, un monde de brutes.
Finis l’espace, l’air, la paix, la sécurité.
Bonjour la lutte, pour soi, pour la meilleure place.
Le béton est roi, l’avoir a droit de cité.
L’autre est honni, tu meurs si tu n’es pas pugnace.
Derrière son volant, le seigneur règne en maître.
Faire vrombir son moteur et faire un doigt d’honneur
à qui ose lui barrer la route, c’est son bien-être,
Avec en prime une injure et un rictus moqueur.
Un coup de feu claque. Puis un deuxième. Un jeune tombe, mort.
Le territoire, c’est sacré pour les passes illicites.
La jungle est instaurée : il faut montrer son passeport
Dans ce dédale d’immeubles, tenu par un bouledogue.
Le refuge illusoire bouillonne dans les réseaux sociaux
Là où le moi se livre, s’expose et se met à nu.
Les likes s’accumulent. La vedette s’entoure d’un halo.
Vite répondre, donner son avis pour ne pas être exclu.
Sur les lieux du tournage, c’est pas non plus tout rose.
L’honneur des femmes est bafoué et foulé aux pieds,
Et les maîtres du spectacle pratiquent l’overdose,
Qui en fait, pour certains, de piètres suicidés.
La race se réveille et les frontières réexcluent.
Les fous de Mahomet, de Jésus, de Yahvé
Supplantent tout respect et gomment toute retenue.
Réveillons la vengeance ! Dehors l’étranger !
Les églises se vident, car elles sentent mauvais.
Les prélats prédicateurs sont devenus prédateurs.
Malades ? Oui, sans doute. Pardonnés ? Non, ça jamais.
Les victimes n’ont qu’à aller voir leur docteur.
Les classes se surpeuplent de toutes nationalités
Différentes, qui viennent de cultures si lointaines
Que les enseignants s’en vont, perdus, hébétés.
Ce n’est pas pour cela qu’ils voulaient se donner la peine.
Sur ce temps, la planète a mal. Elle pleure.
Le monde vacille. Ses créatures ne l’entendent pas.
On a monté le son, encore et encore. Malheur.
Ici la terre a soif. Les cours d’eaux débordent là-bas.
L’empreinte carbone ou le réchauffement climatique.
L’avancée des déserts ou la montée du niveau des mers.
Le règne du plastique ou la pollution atmosphérique.
Les alertes sont multiples. On n’en a rien à faire.
Mais Dieu l’a prévu. Dans son projet, il y pensa.
Pour racheter nos fautes et retrouver le bonheur,
L’intelligence artificielle est déjà là !
Elle va tout résoudre, plus besoin de travailleurs.
Voilà l’idée de génie : puisque l’homme a foiré
La machine qu’il a inventée sera la solution.
L’existence en sera bousculée et facilitée.
Il suffira juste d’appuyer sur un bouton.
La réflexion, le bon sens, l’innocence
Seront bannis du Nouveau Monde qui clôt le Vieux.
A cet « autosystème », nous ferons aveugle confiance.
Mais comme c’est pour un mieux garanti, c’est tant mieux.
Face à ce constat, la « Corrida » c’est bien peu de chose,
Car les inconditionnels adeptes sont restés nombreux.
Mais frappera toujours à nos oreilles mi-closes
La seule question qui reste : « Est-ce que ce monde est sérieux ? »
© Michel KEUKENS
Michel Keukens (1948-aujourd'hui)
Né en Belgique, Michel Keukens a 75 ans et travaille toujours à titre de traducteur de brevets européens depuis plus de 30 ans, après avoir effectué une carrière partielle d'enseignant en langues germaniques (néerlandais, anglais, allemand) dans le secondaire.
Il s'est toujours senti bien dans le monde de l'écriture, un parfait dérivatif qui le change radicalement de son activité éminemment technique ! En fait, il aime bien "raconter des histoires".
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Nos lendemains qui déchantent
Dans mon jeune temps, pour nous, impatientés
« Le futur » avait de l’avenir tout était possible
Il était un horizon que l’on avait pour cible
Et une aventure qu’on rêvait tous de tenter
Dans mon jeune temps à nos yeux tout enchantés
« Demain » ferait notre fortune à tous accessible
C’était un destin qui nous rendrait invincibles
Et une destinée aux nôtres transmissible
Dans mon jeune temps on pensait « postérité »
« Plus tard » était un « après » face aux impossibles
Auquel on prédisait des mieux incoercibles
Mon jeune temps est loin il est encor’ hanté
De ces « à venir » qui étaient à inventer
Quand nos jours nous en offrent un incompréhensible
© Christian SATGÉ
Christian Satgé (1965-aujourd'hui)
Auteur prolifique, fabuliste et conteur éclectique, Christian Satgé est professeur d'histoire-géographie dans le département des Hautes-Pyrénées. Il a publié plusieurs recueils et près d'une cinquantaine de ses textes figurent dans Le Monde de Poetika. Son dernier recueil : Recadré paru chez 5 Sens Editions.
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Message à l'avenir
Je t’écris d’un pays où le pôle nord a changé de cap
les moteurs dévastent l’air
noircissent nos poumons
les enfants galopent dans des écrans
les animaux sont abattus à grande vitesse
pour fournir à nos panses viande terne
on achète on consomme on jette
notre temps file file et file
nous construisons l’arme qui nous tue tous
en poussant juste sur un bouton
nous divisons la planète par lignes invisibles
interdit de les franchir si tu demandes asile
nous rêvons de conquérir l’espace
pour affamer une autre terre
nos frères meurent de faim de froid
à même les trottoirs aux pays des nantis
les plus âgés croupissent dans les mouroirs
l’eau la belle eau la ruisselante
nous la filtrons pour apaiser nos soifs
Dans ton coeur qui demain battra
un peu du mien y chantera
chante oui chante le demain d’aujourd’hui
tu lis ces mots c’est que tu vis
célèbre la vie qui passe
marche marche arpente les chemins
et de tes mains à d’autres reliées
aime oui aime le monde qui est tien
et de tes lèvres et de ton souffle
invente les mots de ton poème
chair lumineuse aux enfants de demain.
© Laurence VIELLE
Laurence Vielle (1968-aujourd'hui)
Actrice, metteuse en scène et écrivaine belge, Laurence Vielle aime dire les mots, surtout les écritures d’aujourd’hui. Résidant dans sa ville natale, à Bruxelles, elle a joué dans plusieurs pièces, écrit également pour le théâtre, des scénarios pour le cinéma et de la poésie. Elle a reçu de nombreux prix dont celui de la meilleure comédienne au Festival de Clermont en 1999.
Autre texte :
Tu es cible
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Demain
Chaque flot, tour à tour, soit qu’il sommeille ou gronde,
Emporte mon esquif où le conduit le sort ;
Et, passager sans nom sur l’océan du monde,
Je m’éloigne incertain de l’écueil ou du port.
J’ai vu s’enfuir le but de qui pensait l’atteindre ;
J’ai vu ce qu’au sourire il succède de pleurs ;
Combien de purs flambeaux un souffle peut éteindre :
Ce qu’un baiser du vent peut moissonner de fleurs.
Et j’ai dit : S’il s’éloigne, oublions le nuage :
Qu’importe le matin notre destin du soir ;
De la tombe au berceau charmons le court passage ;
Un moment de bonheur vaut un siècle d’espoir.
Pour chanter, pour aimer, pourquoi toujours attendre ?
Jamais a-t-on vécu deux fois un même jour ?
Et le flot du passé jamais sut-il nous rendre
Un seul de nos moments emportés sans retour ?
Un songe d’avenir trouble la jouissance ;
Ah ! laissons un bandeau pour parure au destin :
Que le malheureux seul existe d’espérance,
S’endorme sur sa chaîne, et se dise : À demain.
© Élisa MERCŒUR
Élisa Mercœur (1809-1835)
Poétesse française, Élisa Mercœur est abandonnée à la naissance et découverte à la porte de l'Hospice des Orphelins de Nantes. Son nom est choisi par le commissaire de police qui l'enregistre. Sa mère, Adélaïde Aumand, la reprend à l'age de vingt-et-un mois et l'élève seule dans des conditions précaires. Enfant prodige, elle montre très tôt ses talents de versification en composant une tragédie pour la Comédie Française. Forte de ses débuts prometteurs, elle obtient les conseils et les bons offices de quelques admirateurs puis réussit à publier un premier volume poétique. Désireuse de conquérir la capitale, elle fréquente les salons littéraires et s'attire les louanges de Lamartine, Musset, Hugo et Chateaubriand. Elle rédige sa tragédie Boabdil qui n'obtient pas la critique souhaitée. Affectée par le refus de cette oeuvre en laquelle elle avait placé toutes ses espérances de fortune et de gloire, elle tomba malade. Touchée par une affection pulmonaire, elle s'installa à la campagne puis de retour à Paris, rendit son dernier soupir dans les bras de sa mère.
→ Sa biographie (Wikipédia)
Ainsi soit-il !
Je suis devin, mes chers amis ;
L'avenir qui nous est promis
Se découvre à mon art subtil.
Ainsi soit- il !
Plus de poète adulateur ;
Le puissant craindra le flatteur ;
Nul courtisan ne sera vil.
Ainsi soit-il !
Plus d'usuriers, plus de joueurs,
De petits banquiers grands seigneurs,
Et pas un commis incivil.
Ainsi soit-il !
L'amitié, charme de nos jours,
Ne sera plus un froid discours
Dont l'infortune rompt le fil.
Ainsi soit-il !
La fille, novice à quinze ans,
A dix-huit, avec ses amants,
N'exercera que son babil.
Ainsi soit-il !
Femme fuira les vains atours ;
Et son mari, pendant huit jours,
Pourra s'absenter sans péril.
Ainsi soit-il !
L'on montrera dans chaque écrit
Plus de génie, et moins d'esprit,
Laissant tout jargon puéril.
Ainsi soit-il !
L'auteur aura plus de fierté,
L'acteur moins de fatuité ;
Le critique sera civil.
Ainsi soit-il !
On rira clos erreurs des grands,
On chansonnera leurs agents,
Sans voir arriver l'alguazil.
Ainsi soit-il !
En France enfin renaît le goût ;
La justice règne partout,
Et la vérité sort d'exil.
Ainsi soit-il !
Or, mes amis, bénissons Dieu,
Qui met chaque chose en son lieu :
Celles-ci sont pour l'an trois mille.
Ainsi soit-il !
© Pierre-Jean de BÉRANGER
Pierre-Jean de Béranger (1780-1857)
Pierre-Jean de Béranger est un chansonnier français prolifique qui remporta un énorme succès à son époque. Après avoir débuté par des chansons bachiques et licencieuses qui l’auraient laissé confondu dans la foule, il sut se créer un genre à part : il éleva la chanson à la hauteur de l’ode. Dans les pièces où il traite de sujets patriotiques ou philosophiques, il sait le plus souvent unir à la noblesse des sentiments, l’harmonie du rythme, la hardiesse des figures, la vivacité et l’intérêt du drame.
Du même auteur :
Le coin de l'amitié
→ Sa biographie (Wikipédia)
Avenir
Les coquelicots noirs et les bleuets fanés
Dans le foin capiteux qui réjouit l'étable,
La lettre jaunie où mon aïeul respectable
À mon aïeule fit des serments surannés,
La tabatière où mon grand-oncle a mis le nez,
Le trictrac incrusté sur la petite table
Me ravissent. Ainsi dans un temps supputable
Mes vers vous raviront, vous qui n'êtes pas nés.
Or, je suis très vivant. Le vent qui vient m'envoie
Une odeur d'aubépine en fleur et de lilas,
Le bruit de mes baisers couvre le bruit des glas.
Ô lecteurs à venir, qui vivez dans la joie
Des seize ans, des lilas et des premiers baisers,
Vos amours font jouir mes os décomposés.
© Charles CROS
Extrait du recueil Le Coffret de santal (1873)
Charles Cros (1842-1888)
Poète et inventeur français, qui a notamment découvert un procédé de photographie en couleurs, mais aussi un modèle de phonographe. Son œuvre de poète, brillante, est cependant ignorée à son époque. Elle sera plus tard l'une des sources d'inspiration du surréalisme.
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Demain
Âgé de cent mille ans, j’aurais encor la force
De t’attendre, ô demain pressenti par l’espoir.
Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses,
Peut gémir : Le matin est neuf, neuf est le soir.
Mais depuis trop de mois nous vivons à la veille,
Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu,
Nous parlons à voix basse et nous tendons l’oreille
À maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu.
Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore
De la splendeur du jour et de tous ses présents.
Si nous ne dormons pas c’est pour guetter l’aurore
Qui prouvera qu’enfin nous vivons au présent.
© Robert DESNOS
Robert Desnos (1900-1945)
Autodidacte et rêvant de poésie, Robert Desnos fréquente les milieux littéraires très tôt et adhère au mouvement surréaliste en 1922. Engagé dans la Résistance, au sein du réseau AGIR, il sera arrêté puis déporté dans plusieurs camps avant de mourir du typhus au camp de Theresienstadt en Tchécoslovaquie.
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L'avenir
Soulevons la paille
Regardons la neige
Écrivons des lettres
Attendons des ordres
Fumons la pipe
En songeant à l’amour
Les gabions sont là
Regardons la rose
La fontaine n’a pas tari
Pas plus que l’or de la paille ne s’est terni
Regardons l’abeille
Et ne songeons pas à l’avenir
Regardons nos mains
Qui sont la neige
La rose et l’abeille
Ainsi que l’avenir
© Guillaume APOLLINAIRE
Extrait de Calligrammes, Poèmes de la paix et de la guerre (1913-1916)
Guillaume Apollinaire (1842-1888)
Considéré comme l'un des poètes français les plus importants du début du XXe siècle, Guillaume Apollinaire est l'auteur de poèmes ayant fait l'objet de plusieurs adaptations en chansons. La part érotique de son œuvre - dont principalement trois romans (dont un perdu), de nombreux poèmes et des introductions à des auteurs licencieux - est également passée à la postérité. Il expérimenta le calligramme et fut le chantre de nombreuses avant-gardes artistiques de son temps. Il meurt à Paris de la grippe espagnole mais est déclaré mort pour la France en raison de son engagement pendant la guerre.
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Madame Augarita
Ô Madame, ô Madame Ô Madame Augarita
L'avenir
L'avenir, l'avenir
Ce n'est pas encore tout ça
Pour finir
Et notre âme, et notre âme
Est-elle immortelle ou pas
Chers plaisirs ?
Rime et rame, ire et are
Feindre ou peindre
Ceindre, geindre
Et gémir
Dans les cartes, les marcs
Lisez notre sang
Et nos souvenirs
Dans les marcs, les anneaux
Forcez mine, moune, Estelle
Au désir
Mais notre âme, ah notre âme !
Immortelle ou pas, l'est-elle
Pour finir ?
© Géo NORGE
Madame Augarita : titre d'une chanson dont les paroles sont de Géo Norge et interprétée par Jeanne Moreau
Géo Norge (1898-1990) -
Nom de naissance : Georges Mogin]
Poète belge francophone, Norge publie son premier recueil à 25 ans puis fonde, avec Raymond Rouleau, le Théâtre du Groupe libre, un groupe avant-gardiste et éphémère qui mettra en scène Cocteau, Karel Capek, Max Deauville et Tam-Tam. Il fondra également le Journal des Poètes. Il s'installe en Provence en 1954 où il devient antiquaire. C'est alors pour lui une période de création intense. Sa poésie revêt une grande diversité de formes (poèmes-récits longs, virelangues, micro-fables, vers réguliers, versets…). Elle allie concret et métaphysique, sensualité et cruauté, vérité et incrédulité, fringales terrestres et soif d'infini. Passionné par la vie dans la diversité de ses formes, il traite aussi bien des étoiles que du lombric ou de la mouche. Son oeuvre est couronnée de plusieurs prix de poésie prestigieux.
Du même auteur :
Bergerie
Chances
Poltron
→ Sa biographie (Wikipédia)