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Le Monde de Poetika
Revue de poésie en ligne
N° ISSN : 2802-1797
© Lina KOSTENKO
Lina Kostenko
(1930-aujourd'hui)
Femme de lettres et poétesse ukrainienne, récompensée par plusieurs prix littéraires ukrainiens. Elle est l'une des principales représentantes d'un mouvement dissident de poètes ukrainiens dans les années 1960. Ce groupe a commencé à se manifester dans les années 1950, et atteint son apogée au début des années 1960. C'est dans les années 1950 que Lina Kostenko publie ses premiers poèmes, principalement dans la presse écrite.
→ Sa biographie sur Wikipédia
J’arrête le temps
sur les cils de l’aurore
car il neige sur la tête
et mes pas sont comptés
sur le quai des attentes
Aux ronces du destin
j’arrache les orties
je sonne la trêve
des heures fatales
Le tic-tac de la vie
s’essouffle
entre mes gares de triage
et j’essaie d’en éloigner le verdict
Je demande du temps
du temps et rien d’autre
car le temps met du temps
au gré des secondes de répit
Au tempo des heures
contrant les arrêts de souffle
je prends une pause
me tapis dans l’omnibus
Où chacun
emprunte au commun
et pousse sans cesse
son dé aléatoire
Je b
loque l’horloge
de ses aiguilles
je déleste
les secondes
J’extrais les heures
et sans aiguilles
le sable insouciant
coule entre mes doigts impuissants
© Aimée DANDOIS
Aimée Dandois
Née en Gaspésie, province de Québec au Canada, Aimée Dandois Paradis possède un baccalauréat de sciences expérimentales (Paris) et une maîtrise de littérature française (Université de Montrèal). Elle est professeure. Elle a été présidente de la Société des écrivains canadiens (maintenant Société des Écrivains francophones d’Amérique). Elle a été journaliste. Elle a fondé Les Éditions lavalloises en 1986, conçu et réalisé la Première nuit de poésie à Laval, la même année. Elle a publié plusieurs recueils de poésie chez CIDIHCA, des récits dans de nombreux collectifs au Québec.
→ Découvrir son dernier recueil
→ Son site
© Caroline BAUCHER
Caroline Baucher (1983-aujourd'hui)
Née en Roumanie, Caroline Baucher vit actuellement à Paris. Elle publie dans différents forums et revues de poésie en ligne.
De la même autrice :
Les ailes du souvenir
Mon banquier
Rêve d'une nuit de sable
Son blog :
→ upanishad.free.fr/
© Parme CERISET
Parme Ceriset
Passionnée de poésie et membre de la Société des Poètes Français, rédactrice à La Cause littéraire, surnommée « la plume Amazone » pour son tempérament très indépendant et son attachement suprême à la liberté. Parme Ceriset navigue entre Lyon et le Vercors où elle puise son inspiration. Son roman autobiographique Le serment de l'espoir - Que la vie souffle encore demain paru chez L'Harmattan, fait écho à son parcours totalement atypique. Elle a grandi avec une maladie rare, a exercé en tant que médecin puis a été sauvée par une greffe des poumons après avoir passé quatre ans sous oxygène. Dans ce roman qui est une ode à la Vie, à l'Espoir, à la Nature, à la Passion, à l'Amour et à la Liberté, elle défend une conception artistique de l'existence en déroulant le récit par petites touches, comme une fresque impressionniste. Parme Ceriset est également dessinatrice. Elle est fascinée par la vie sauvage et le monde animal, par la spiritualité et son expression artistique depuis l'aube immémoriale du monde et de l'humanité. Sur le plan philosophique, elle considère la poésie, selon ses propres mots, comme "un acte de résistance contre le non-sens et la mort". Son Graal absolu est la "liberté libre" de Rimbaud, qu'elle poursuit elle aussi, parfois jusque dans les ténèbres, éclairée par le flambeau inextinguible de sa foi en la vie et en l'Amour universel. Elle se définit comme humaniste, écologiste, féministe et pacifiste. Sa devise : "N'appartiens qu'à toi-même et au souffle du vent." (Extrait de son recueil "N'oublie jamais la saveur de l'aube", 2019). Son dernier recueil Femme d'eau et d'étoiles a été publié en 2021 et vient d'être couronné du Prix Marceline Desbordes-Valmore 2021 par la Société des Poètes Français.
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→ Son blog
J'ai cueilli trois feuilles d'automne
et j'en ai fait mon bateau
et le ventre de la mer
en reste taché de sang.
J'ai cueilli trois rayons de lune
pour en gréer mon bateau
et la robe de la mer
en reste brodé de perles.
J'ai cueilli le tronc d'un chêne
pour en faire le grand mât
et tout le coeur de la mer
a retenti de son cri !
J'ai cueilli trois oiseaux d'écume
et j'en ai tissé ma voile
et contre la joue du ciel
elle glisse comme une larme.
La nuit a recueilli trois rêves
pour attirer mon bateau
la vie battante de la mer
l'a tout noyé de plaisir.
J'aime l'eau qui ne dure pas
qui ne finit jamais une phrase
qui n'a jamais le même ventre
la même voix
un jour je me roulerai dans sa jupe
et je serai perdue
comme le poussin
dans sa coquille
et je serai la petite feuille d'automne
couleur de soleil
de sang
de déjà plus
qui se fera légère et obéissante pour que la mer et le vent
mes amours
m'emportent toujours
vers ailleurs
© Minou DROUET
Minou Drouet
(1947-aujourd'hui)
Poétesse, comédienne et musicienne, Minou Drouet, alors âgée de huit ans, connaît un succès littéraire avec le recueil Arbre, mon ami, avant que des polémiques n'éclatent au sujet de l'authenticité de l'œuvre, certains affirmant qu'en réalité elle serait due à sa mère adoptive. Elle est cependant admise la même année à la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique. Elle publie encore quelques livres puis devient la vedette du film Clara et les Méchants (1958) et s'essaie à la musique. Le succès s'amenuisant, elle se retire à la fin des années 1960.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Rien ne commence ni s’achève
Le temps est un enfant perdu
Il est tout à la fois le géant et le nain
Vagabond déroulant un rouleau de chemin
Et chacun trime en soi tout empêtré de rêves
Dans le labyrinthe des nues
Athlètes terrassés par le lasso des rides
Soldats frappés debout et morts les yeux ouverts
Dans vos coeurs à l’envers par la vie désertés
S’inscrivent les éphémérides
A l’encre noire du passé
A quoi sert de lorgner le ciel
La scène se déroule dans un théâtre vide
Et l’ange Gabriel dort au creux d’un missel
Impuissant et placide sur une image d’or
Ni le feu ni l’amour le pauvre amour des hommes
Ne peuvent émouvoir le coeur du magicien
Vous aurez beau frapper ne répondra personne
je le sais j’en reviens
© Jean-Pierre ROSNAY
Jean-Pierre Rosnay
(1926-2009)
Poète et écrivain, Jean-Pierre Rosnay poursuit sans relâche, aux côtés de sa muse, Marcelle Rosnay, un combat pour rendre la poésie contagieuse et inévitable, et son nom est devenu indissociable du Club des poètes créé dans les années 1960, et du rituel « amis de la poésie, bonsoir ! » par lequel débutaient ses émissions de poésie à la radio et à la télévision. Résistant dans les maquis de Haute-Savoie et du Vercors, il continue le combat jusqu'à la Libération. Proche de Jean Cocteau et de Raymond Queneau, il publie ses premiers recueils de poèmes après-guerre. Marquée par son expérience de résistant, sa poésie s’attache à l’essentiel de la vie humaine : l’amour, les enfants, le rejet de la violence des hommes.
→ Site dédié à Jean-Pierre Rosnay
→ Le Club des Poètes
→ Sa biographie sur Wikipédia
Que je me lève et je parte, que je parte pour Innisfree,
Que je me bâtisse là une hutte, faite d’argile et de joncs.
J’aurai neuf rangs de haricots, j’aurai une ruche
Et dans ma clairière je vivrai seul, devenu le bruit des abeilles.
Et là j’aurai quelque paix car goutte à goutte la paix retombe
Des brumes du matin sur l’herbe où le grillon chante,
Et là minuit n’est qu’une lueur et midi est un rayon rouge
Et d’ailes de passereaux déborde le ciel du soir.
Que je me lève et je parte, car nuit et jour
J’entends clapoter l’eau paisible contre la rive.
Vais-je sur la grand route ou le pavé incolore,
Je l’entends dans l’âme du cœur.
© William Butler YEATS
William Butler Yeats
(1865-1939)
Poète et dramaturge irlandais, W.B. Yeats était le pilier de la littérature irlandaise et a contribué à la fondation du théâtre Abbey. Il a exercé deux mandats en tant que sénateur de l'état libre d'Irlande. Poète symboliste, utilisant des images allusives et des structures symboliques tout au long de sa carrière, il a choisi des mots et les a assemblés de manière à suggérer, outre un sens particulier, des pensées abstraites qui peuvent paraître plus significatives et résonnantes.
Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1923.
→ Sa biographie sur Wikipédia
L’aube naît, et ta porte est close ;
Ma belle, pourquoi sommeiller ?
À l’heure où s’éveille la rose
Ne vas-tu pas te réveiller ?
Ô ma charmante,
Écoute ici
L’amant qui chante
Et pleure aussi !
Tout frappe à ta porte bénie.
L’aurore dit : Je suis le jour !
L’oiseau dit : Je suis l’harmonie !
Et mon cœur dit : Je suis l’amour !
Ô ma charmante,
Écoute ici
L’amant qui chante
Et pleure aussi !
Je t’adore ange et t’aime femme.
Dieu qui par toi m’a complété
A fait mon amour pour ton âme
Et mon regard pour ta beauté.
Ô ma charmante,
Écoute ici
L’amant qui chante
Et pleure aussi !
Victor HUGO
Victor
Hugo (1802-1885)
Poète, dramaturge, prosateur et dessinateur romantique français, Victor Hugo est considéré comme l'un des plus grands écrivains de langue française. Il est aussi une personnalité politique et un intellectuel engagé. Homme de théâtre, il est l'un des chefs de fil du romantisme français. Il a fortement contribué au renouveau de la poésie et du théâtre.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Sa biographie sur Wikipédia
Comme les jours dorés sont longs
A s’endormir dans les vallées ;
Les massifs d’arbres sont moins blonds
D’où la clarté s’en est allée ;
Mais il traîne sur les rameaux
Comme une vapeur de lumière
Et la nature tout entière
A l’air de se noyer dans l’eau
De la lune rose et légère.
© Cécile SAUVAGE
Cécile
Sauvage
(1883-1927)
Femme de lettres française, considérée comme la "poétesse de la maternité", la poésie de Cécile Sauvage est vouée au bonheur, aux joies de la maternité et à la simplicité de la nature. Elle est la mère du musicien Olivier Messiaen, qu'elle éleva dans un univers féérique.
Autres textes :
Je ne veux qu'un rêve
Je me souviens de mon enfance
La maison sur la montagne
Voeux simples
→ Sa biographie sur Wikipédia
Il doit y avoir une couleur à découvrir,
Un assemblage de mots caché,
Il doit y avoir une clé pour ouvrir
La porte de ce mur démesuré.
Il doit y avoir une île au Sud,
Une corde plus tendre et résonnante,
Une autre mer qui nage dans un autre bleu,
Une autre hauteur de voix qui chante mieux.
Poésie tardive toi qui n’arrives
À dire pas même la moitié de ce que tu sais :
Ne te tais pas, si possible, ne renie pas
Ce corps de hasard où tu ne tiens pas.
© José SARAMAGO
José
Saramago
(1922-2010)
[Nom de naissance : José de Sousa Saramago]
Ecrivain et journaliste portugais, José Saramago a reçu le prix Nobel de littérature en 1998. Fils de paysans pauvres, il est rapidement obligé d'abandonner ses études secondaires commencées à Lisbonne, pour entrer dans une école professionnelle dont il sort avec un diplôme de serrurier. Il exercera plusieurs métiers. Passionné de littérature et de la langue française, il se lance dans le journalisme et publie son premier roman, Terre du péché, en 1947. Membre du Parti communiste depuis 1969, José Saramago a été partie prenante de la révolution des œillets, en 1974. C'est en 1982 qu'il obtient la renommée internationale avec son roman Le Dieu manchot. Ecrivain à succès, ses livres se vendent dans le monde entier et sont traduits dans 25 langues.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Toi le frelon et moi la rose,
Toi l’écume et moi le rocher ;
Dans l’étrange métamorphose,
Toi le Phénix, moi le bûcher.
Toi, le Narcisse, et moi la source ;
Mes yeux reflétant ton émoi ;
Toi le trésor et moi la bourse ;
Moi l’onde et le nageur en moi.
Et toi, la lèvre sur la lèvre,
Toi la langueur berçant la fièvre,
La vague aux vagues se mêlant.
Mais quel que soit le tendre jeu,
Toujours l’âme en feu s’envolant,
Bel oiseau d’or, en plein ciel bleu.
© Marguerite YOURCENAR
Marguerite
Yourcenar
(1903-1987)
[Nom de naissance : Cleenewerck de Crayencour]
Femme de lettres française naturalisée américaine en 1947, Marguerite Yourcenar est une romancière, nouvelliste et autobiographe. Elle était aussi poétesse, traductrice, essayiste et critique littéraire. Elle est la première femme élue à l'Académie française en 1980.
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© Frédéric CAMOIN
Frédéric Camoin
Originaire de la région aixoise, Frédéric Camoin, militant associatif et syndical, vit à Paris. Il profite de ses temps libres pour s’adonner à l’écriture. Il a publié plusieurs recueils et écrit un roman.
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→ Sa page Facebook
Pourquoi aurais-je survécu
sinon pour représenter
les fautes, surtout
aux personnes proches ?
De tant de fautes qu’elle auront
une, la plus grande, sera
le regret
d’avoir fait du mal,
à moi qui ait tant supporté.
Avec moi qui suis différente
des autres et qui porte en moi
six millions de morts
qui parlent ma langue
qui demandent à l’homme de se souvenir
à l’homme qui a si peu de mémoire.
Pourquoi aurais-je survécu
sinon pour témoigner
avec toute ma vie
avec chacun de mes gestes
avec chacune de mes paroles
avec chacun de mes regards.
Et quand se terminera
cette mission ?
Je suis lasse de ma
présence accusatrice,
le passé est une arme
à double tranchant
et je perds tout mon sang.
Quand viendra mon heure
je laisserai en héritage
peut-être un écho à l’homme
qui oublie et continue et recommence…
© Edith BRUCK
Edith Bruck
(1932-aujourd'hui)
[Nom de naissance : Steinschreiber]
Ecrivaine et poétesse italienne d'origine hongroise, Edith Bruck est l'une des dernières survivantes de la shoah. Déportée à l'âge de treize ans à Auschwitz avec ses parents et ses cinq frères et soeurs, elle sera transférée à Bergen-Belsen puis libérée en 1945 par les Alliés avec l'une de ses soeurs. En 1954, elle s'installe en Italie, rencontre le réalisateur Nelo Risi et l'épouse en quatrièmes noces. Elle publie son premier livre en 1959 et traduit en italien les oeuvres de plusieurs auteurs hongrois. Son témoignage d'une très grande force, rappelle à la vigilance permanente face à l'antisémistisme qui menace encore l'Europe.
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Un jour tu me diras
le secret des surgeons endormis
la longue attente de la sève.
Tu souffleras le désir
à mes haillons de rêve,
Tu me diras
ces festons de frissons
le houlement des draps de soie
et tu m'emmèneras dans les deltas
ces terres labourées des amours salines.
Pour que rien ne soit perdu
tu me diras
le parfum de la rose à naître
le grésillement des grillons,
la fuite d'une biche...
Arrache-moi
loin de ces vies qui s'épuisent
à n'être qu'en eau basse
Emmène-moi
vers les sentes exilées des crêtes,
sur le fil tremblé des jours...
Toute une vie pour traverser
tenir debout du bout des yeux
chercher l'aura dorée d'une lampe
quelque part, entendre ta voix tissée
au grain des nuages.
© Michelle GRENIER
Michelle Grenier
Mich'Elle Grenier est poète, fabuliste et parolière. Persuadée que la poésie est l’essence du langage, elle nous invite, de sa voix singulière, à ne pas nous laisser tentaculer par le chiendent rampant. Car on prête souvent à la poésie des airs d'austérité voire de mélancolie chronique. Mich'Elle Grenier prouve le contraire et sans niaiserie, rimant avec une acuité personnelle sur les choses de la vie. Elle a publié plusieurs recueils et figure au palmarès de plusieurs grands concours de poésie.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son site :
→ http://www.michellegrenierpoete.com/
Je marche entre deux rangs de seigle :
Mes yeux ne voient que l’horizon ;
C’est l’été la sèche saison ;
Mon pas, sur l’insecte, se règle.
Ma pensée sort de son nid d’aigle,
Se trouve une bonne raison
De quitter sa morne prison
Pour reprendre son tour espiègle.
Un moment de joie, de répit
Dans le bruissement des épis,
C’est ce qu’il faut à ma conscience
Pour se redonner du mordant,
Saisir une nouvelle chance,
Croquer le jour à belles dents.
© Louis DELORME
Louis Delorme
(1934-2020)
Poète, romancier, artiste-peintre, enseignant et éditeur, Louis Delorme est Membre de la Société des Poètes Français. Ses textes ont souvent la forme de sonnets. Il est l'auteur d'une centaine de recueils, a écrit des contes et pièces de théâtre ainsi que des essais.
→ Son blog
Je viens de loin
et les jours passés et à venir m’accompagnent.
Et les jours sont fatigués de marcher
et ils aspirent à une fin qui ne viendra jamais.
Et je ne peux pas me libérer de mes jours et de leur inutilité.
Je ne peux pas me libérer de mon ennui,
vaste comme un fleuve à la frontière du monde.
Je regarde le fleuve, le ciel, le vent.
Aspirent-ils à une fin
qui ne viendra jamais ?
Qui peut le savoir...
On ne peut jamais rien savoir, seulement rêver.
Peut-être suis-je le fleuve,
ou bien le vent
ou bien la tourterelle sur la rive du fleuve,
la tourterelle
qui trouble en buvant l’eau du fleuve
parce qu’elle est si triste
et attend quelque chose qui ne viendra jamais.
Traduction de David Paigneau
© Eeva-Liisa MANNER
Eeva-Liisa Manner
(1921-1995)
Poétesse, romancière, dramaturge, traductrice et critique littéraire finlandaise, Eeva-Liisa Manner passe la majeure partie de son enfance et son adolescence chez ses grands-parents en Carélie, à Viipuri (Vyborg), ville qu’elle doit fuir à l’âge de 18 ans après son annexion par l’Union Soviétique.
Elle travaille tout d’abord pour une compagnie d’assurances, puis dans une maison d’édition. Elle s’intéresse au taoïsme, effectue de longs séjours en Espagne et en Tchécoslovaquie au moment du Printemps de Prague, se liant d'amitié à cette occasion avec le dissident Vaclav Havel. Eeva-Liisa Manner est, avec Aila Meriluoto, Mirkka Rekola et Tyyne Saastamoinen, l’une des figures de proue du modernisme des années 1950 et 1960.
→ Sa biographie sur Wikipédia
© Mokhtar EL AMRAOUI
Mokhtar El Amraoui
(1955-aujourd'hui)
Poète d’expression française né à Mateur, en Tunisie, Mokhtar El Amraoui a enseigné la littérature et la civilisation françaises pendant plus de trois décennies, dans diverses villes de la Tunisie. Il est passionné de poésie depuis son enfance. Il a publié quatre recueils de poésie et plusieurs de ses poèmes ont été publiés sur Internet et en revues-papier.
→ Blog de l'auteur
Du même auteur :
→ Je t'aime et ret'aime
→ Un généreux bonhomme de neige
→ Neiges
→ Mon amour
Fouler la plage aux marées interrompues
Roulent pierres et verres sous les furies du temps
Et les mains enserrent les ères à l'entour malléable
Bruits en dédit qui ourlent les plis des sensations
Les marques éphémères d’une activité avec régularité rééditée
Dans la crainte d’un soupçon d’altérité
Qui génère le dédain de certitudes en déclin
© Gérard LEYZIEUX
Gérard Leyzieux (1953-aujourd'hui)
Né à Rochefort-sur- Mer, Gérard Leyzieux écrit principalement de la poésie. Primé à plusieurs concours français et internationaux, il publie ses textes dans des revues imprimées tant en France qu’à l’étranger (Canada, Roumanie). Il publie ses mots modelés à l’émotion dans la mobilité du son également dans des revues électroniques et contribue régulièrement à plusieurs sites dédiés à la poésie.
Je rêve que je dors
Je voudrais te parler encore
Mais voilà que tu t’endors
Tu sais
Tu parles en dormant
Pas avec moi
Mais parfois même tu ris
Ou tu chantes
Alors moi j’attends
Dans les phrases, les mots absents
L’illumination terrible
D’un son d’une merveille
Et je dis encore je t’aime
Mais c’est pour laisser mon souffle
Traîner dans tes cheveux
Tu souris en rêve
Tu dors
Oh peut-être qu’il ne faut pas
Trop souvent dire je t’aime
Oui, c’est comme vouloir s’assurer
Du cœur et des baisers
Douter de soi-même
Pourtant je continue
Je te le dis encore : je t’aime
Je veux encore parler
Mais voilà que tu t’endors
Alors
Je rêve que je dors
© Philippe LEOTARD
Philippe Léotard
(1940-2001)
Acteur, poète et chanteur français et frère de l'homme politique François Léotard, Philippe est atteint, enfant, de la maladie de Bouillaud, qui le cloue au lit, chez sa grand-mère à Ajaccio. Cette épreuve est pour lui l'occasion de lire beaucoup en puisant dans la bibliothèque familiale. Il lit les poètes et il aime particulièrement Baudelaire, Lautréamont, Rimbaud, Cendrars… Fondateur du Théâtre du Soleil, il est également professeur de lettres et de philosophie. Il s'oriente vers le cinéma grâce à Claude Sautet et François Truffaut. Dans les années 1990, il se lance dans une carrière de chanteur et reçoit le prix Charles-Cros en même temps que le Grand Prix des poètes de la SACEM. Miné par la drogue et l'alcoolisme, il sombre dans la dépression et rencontre Emmanuelle Guilbaud qui lui redonne goût à la vie. Il meurt le 25 août 2001 d'une insuffisance respiratoire dans une clinique parisienne où il était hospitalisé depuis deux mois.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Donnez-moi de quoi changer les pierres,
De quoi me faire des yeux
Avec autre chose que ma chair
Et des os avec la couleur de l'air ;
Et changez l'air dont j'étouffe
En un soupir qui le respire
Et me porte ma valise
De porte en porte ;
Qu'à ce soupir je pense : sourire
Derrière une autre porte.
Détestable saveur d'homme.
En vérité, une main ne tremble
Que pour vieillir sa mémoire ;
L'autre ne vieillit que d'avoir
Trop bougé de vie depuis le temps
Où le monde l'a basculée
Dans l'histoire du temps et du moment,
Qui, sans jamais se ressembler,
Se retrouve à chaque instant
Dans le sac noirci de son éternité.
© Jean-Pierre DUPREY
Jean-Pierre Duprey
(1930-1959)
Poète, sculpteur et peintre, Jean-Pierre Duprey s'installe à Paris sur l'invitation d'André Breton et participe au mouvement surréaliste. Personnalité tragique et indépendante, il abandonne la poésie au début des années 1950 pour se consacrer entièrement à la sculpture. Arrêté et passé à tabac après avoir uriné sur la tombe du Soldat inconnu en protestation contre la guerre d'Algérie, il est emprisonné, puis interné à l'hôpital Sainte-Anne en juillet 1959.
Revenu à la poésie dans le plus grand secret, il se pend à la poutre maîtresse de son atelier le 2 octobre 1959.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Quand on t’ordonne
de tirer
sur la foule
terrorisée
atterrée.
N’obéis pas
même si cela doit
te coûter la vie.
N’obéis pas
quand on te dit
d’agir
contre ta conscience.
N’obéissons plus
à la voix
de l’ignominie.
C’est seulement ainsi,
par cette rébellion,
que le cours des choses
commencera à changer
sur la terre.
© Edouard J. MAUNICK
Edouard J. Maunick
(1864-1947)
Homme de lettres et diplomate mauricien, Edouard J. Maunick transmet dans ses poésies son sentiment d’isolement et rappelle la persécution dont ses ancêtres africains ont fait l’objet (Les Oiseaux du sang en 1954 ; Les Manèges de la mer en 1964 ; Mascaret ou le livre de la mer et de la mort en 1966). Il écrit Fusillez-moi en 1970 pour protester contre la guerre du Biafra, où des Noirs tuent des Noirs.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Dans ta douce et fière nature
Tout me charme, tout a du prix,
Aussi j’aime ton écriture
Autant que ce que tu m’écris.
Elle est hautaine, elle est virile.
Fine, élégante, et l’on croirait
Qu’un peu de ta grâce fébrile
Y mêle son furtif attrait.
Rien qu’à la voir, mon cœur en elle
Retrouve ce qu’il aime en toi.
Et chaque lettre me rappelle
Quelque intime et profond émoi.
De tes pensées, de ton sourire.
Ta plume prend le coloris ;
Les mots les plus tristes à lire
Me sont doux quand tu les écris.
Un mot de toi me fait renaître
Et je pourrais sur mon chemin
Croire au mot de bonheur, peut-être.
S’il était écrit de ta main.
© Elena VACARESCO
Elena Vacaresco
(1864-1947)
Femme de lettres et diplomate franco-roumaine, Elena Vacareso (ou Elena Văcărescu) a été deux fois lauréate de prix littéraires de l'Académie française et première femme admise à l'Académie roumaine. Polyglotte, amie de personnages royaux, elle fut intime de la reine Elisabeth de Roumanie et représenta la Roumanie à la Société des Nations en 1924.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Et la mer et l’amour ont l’amer pour partage,
Et la mer est amère, et l’amour est amer,
L’on s’abîme en l’amour aussi bien qu’en la mer,
Car la mer et l’amour ne sont point sans orage.
Celui qui craint les eaux qu’il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu’on souffre pour aimer,
Qu’il ne se laisse pas à l’amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.
La mère de l’amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l’amour, sa mère sort de l’eau,
Mais l’eau contre ce feu ne peut fournir des armes.
Si l’eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j’eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.
© Pierre de MARBEUF
Pierre de Marbeuf
(1596-1645)
Poète baroque français du XVIIè siècle, Pierre de Marbeuf est auteur de sonnets baroques. Il met en œuvre les thèmes de la nature, de la fragilité de la vie et de l'amour. Maître des eaux et forêts, ce qui peut expliquer la présence récurrente de la nature dans son œuvre, il est apprécié non seulement pour ses qualités de poète, mais aussi pour ses talents satiriques. Son sonnet le plus connu à ce jour À Philis associe avec virtuosité le thème de la mer et celui de l'amour.
→ Autre texte :
Les joues d'Amaranthe
→ Sa biographie sur Wikipédia
© Paul VERLAINE
Paul Verlaine
(1844-1896)
Ecrivain et poète français, Paul Verlaine écrit son premier recueil (Poèmes Saturniens) à l'âge de 22 ans. Sa vie est bouleversée lorsqu'il rencontre Arthur Rimbaud. Leur vie amoureuse, tumultueuse et errante le poussera à blesser Rimbaud et il passera deux ans en prison où il écrira plusieurs recueils. Usé par l'alcool et la maladie, Verlaine meurt d'une pneumonie aiguë à 51 ans. Archétype du poète maudit, Verlaine est reconnu comme un maître par la génération suivante. Son style et la tonalité de nombre de ses poèmes révèlent, au-delà de l'apparente simplicité formelle, une profonde sensibilité, en résonance avec l'inspiration de certains artistes de l'époque.
→ Autres textes :
Toute grâce et toutes nuances
Dans l'interminable...
Soleils couchants
Mon rêve familier
A qui de droit
Eté
Après trois ans
Chanson d'automne
Printemps
→ Sa biographie sur Wikipédia
Sa beauté, rondeurs nues
Anime les maux
Eparpillés
Dans la chambre
Déclairée
Ses bras,
Ses mains voilées d'ombre
Jouent du vent de l'ambre
Et de l'éclair
L'automne gorgé d'onde
Ondule dans sa gorge
Sa bouche effeuille les idées
Déshabille les mots
Effarouchés
Ses lèvres humides
Embrassent le silence
De mon coeur
Défait.
© Claude DAVID
Claude David
(1955-aujourd'hui)
Claude David a écrit ses premiers poèmes pour le journal du collège. Puis les mots ne l’ont plus quitté. En parallèle avec sa vie privée et professionnelle, il s'exerce à la magie des mots et à la sculpture sur bois. Six recueils ont été édités, dont les deux derniers « Regards » et « Sur un fil » mêlent les arts (encres et sculptures) aux écrits.
Aujourd’hui plus que jamais, la poésie est au centre de sa pratique de la sculpture sur bois et de l’ensemble de ses activités culturelles. Cette approche poétique se concrétise, dans ce monde perturbé et perturbant, par la recherche de la douceur, de l’équilibre dans l’élégance. Une sculpture, un poème lui semblent réussis lorsque la technique s’efface devant l’émotion, devant l’imaginaire du lecteur-spectateur-auditeur.
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→ Site sculpture et poésie
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C'est un écorché vif
ce gars qui n'a jamais eu de peau,
d'une sensibilité inouïe.
Dès qu'un mot l'effleure
Aïe ça lui fait mal
Une phrase l'assassine : que de mots !
un point le met KO
Pas la peine de lui décocher un trait
pour le piquer au vif
un jet de cil, une syllabe
suffit
Un flot de paroles
et il saigne. . .
Mais parlez-lui quand même
car le silence l'étouffe.
© Guy CHATY
Guy Chaty
(1934-2020)
Ecrivain, poète et chercheur en informatique, Guy Chaty a été successivement instituteur, professeur de lycée, professeur d’université. Parallèlement à son activité scientifique et pédagogique, il a écrit et publié depuis 1977 des recueils de poèmes, nouvelles, théâtre, essais, chroniques, notes de lecture, chansons... Avec ses textes, souvent humoristiques, il dénonce les tares de notre société et donne à entendre l’humain et la nature, tout en restant un dégustateur des mots. Il est décédé des suites d'une pneumonie due au COVID-19.
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Je l’aime un peu, beaucoup, passionnément,
Un peu c’est rare et beaucoup tout le temps.
Passionnément est dans tout mouvement :
Il est caché sous cet : un peu, bien sage
Et dans : beaucoup il bat sous mon corsage.
Passionnément ne dort pas davantage
Que mon amour aux pieds de mon amant
Et que ma lèvre en baisant son visage.
© Louise de VILMORIN
Louise de Vilmorin
(1902-1969)
Romancière, essayiste et femme de lettres française, parfois surnommée « Madame de », en référence à son roman à succès porté au grand écran. Née dans le château familial d'une célèbre famille de botanistes et grainetiers, elle se fiance en 1923 à Antoine de Saint Exupéry, mais épouse finalement un Américain et s'installe à Las Vegas. Trois filles naissent de ce mariage. Divorcée, elle aura une liaison avec André Malraux en 1933 et épouse en secondes noces un magnat hongrois dont elle divorce en 1943. Elle a publié plusieurs recueils de poésie. Sa fantaisie se manifeste dans les figures de style dont elle est friande, notamment les holorimes (qu'elle écrit « olorime ») et les palindromes dont elle a écrit un grand nombre et de grande taille. Elle se lance dans le journalisme dans les années 1950 et a également travaillé comme scénariste et dialoguiste pour des longs métrages. Vers 1966, Louise de Vilmorin noue une seconde liaison avec André Malraux, avec qui elle termine sa vie.
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Il doit être minuit. Minuit moins cinq. On dort.
Chacun cueille sa fleur au vert jardin des rêves,
Et moi, las de subir mes vieux remords sans trêves,
Je tords mon cœur pour qu’il s’égoutte en rimes d’or.
Et voilà qu’à songer me revient un accord,
Un air bête d’antan, et sans bruit tu te lèves
Ô menuet, toujours plus gai, des heures brèves
Où j’étais simple et pur, et doux, croyant encor.
Et j’ai posé ma plume. Et je fouille ma vie
D’innocence et d’amour pour jamais défleurie,
Et je reste longtemps, sur ma page accoudé,
Perdu dans le pourquoi des choses de la terre,
Ecoutant vaguement dans la nuit solitaire
Le roulement impur d’un vieux fiacre attardé.
© Jules LAFORGUE
Jules Laforgue
(1860-1887)
Poète franco-uruguayen symboliste, Jules Laforgue est connu pour être un des inventeurs du vers libre, il mêle, en une vision pessimiste du monde, mélancolie, humour et familiarité du style parlé.
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Je crie pour les enfants perdus.
J’écris.
Je crie pour la femme éventrée.
J’écris.
Je crie pour le soleil qu’on souille.
J’écris.
Je crie pour la ville qu’on brûle.
J’écris.
Je crie pour l’arbre assassiné.
J’écris.
Je crie pour le rêve sans fond.
J’écris.
Je crie pour la planète folle.
J’écris
de ne pouvoir crier.
© Alain BOSQUET
Alain Bosquet
(1919-1998)
Poète français d'origine russe (de son vrai nom Anatole Bisk), Alain Bosquet a passé son enfance à Bruxelles. Il s'est engagé dans l'armée américaine en 1942 puis dans l'armée française. Installé définitivement à Paris en 1951, il a collaboré à Combat, au Monde, au Figaro et à plusieurs maisons d'édition. Romancier et poète, il a fondé la revue Nota Bene. Il est mort à Paris le 17 mars 1998.
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Ta gorge a l’éclat de la mer :
Tes seins forment la blanche houle
Où ma tête ardente se roule
Et vient noyer le spleen amer.
Toi dont la pulpe épanouie
Dans une insolente santé
Vient offrir son régal vanté
À ma gourmandise éblouie,
Je t’aime d’une passion
Où le cœur n’a point sa réplique,
Et d’un culte que ne complique
Nulle idéalisation.
J’aime en toi la seule matière :
Le parfum, le son, la couleur,
Le rythme, la forme en sa fleur,
Voilà ma passion entière.
© Théodore HANNON
Théodore Hannon
(1851-1916)
Poète, peintre et dessinateur belge, il entre à l'Académie royale des beaux-arts de Bruxelles puis devient membre de la Société libre des beaux-arts et dirige en 1877 la revue L'Artiste. Ses premiers essais poétiques, notamment en 1881 les Rimes de joie, portèrent sur lui l'attention et l'admiration du monde littéraire. Huysmans, surtout, voyant en lui un disciple de Charles Baudelaire, fit de lui un portrait élogieux. Toutefois, Hannon par la suite sombra dans les parodies faciles, la poésie érotique et les pièces de théâtre de boulevard, et son œuvre est rapidement tombée dans l'oubli.
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J’ai cueilli une pierre au bout de la terre
Dans la dorure des roches des sentiers bleus
Le sourire au cœur factuel
Et si loin des restes inutiles
J’ai tellement aimé le chant de l’astre
Cette nécessité solaire préservée
Que le vent sourd a su dire son silence secret
Au gré du jour qui avançait
Une pointe au corps des lignes
A creusé au travers de souvenirs timides
Sans dire le flux précis des valeurs
Tant la nuit s’est dissipée
Au moment des couleurs suspendues
Telles celles que la nature façonne
Un brin de solitude a su vivre
Le sang léger
Poème particulièrement dédié à mes amis bretons, bien que les mots dépassent souvent le coeur du territoire...
© Hayat AIT-BOUJOUNOUI
Hayat Ait-Boujounoui
(1972-aujourd'hui)
Originaire de Besançon, Hayat Ait-Boujounoui est formatrice dans un centre de formation pour jeunes et adultes (CFA) après avoir enseigné le français et l'Histoire-géographie dans des CFA de différentes régions, dont la Bretagne qu'elle affectionne particulièrement. Elle a écrit deux recueils de poésie : Dans la chair (2011) et Palpitations (2018) publiés chez L'Harmattan.
→ Son blog
L'amitié
Est précieuse
Garde-la
Protège-la
Tu en auras besoin
Ne la jette pas
Ne la casse pas
Ne la néglige pas
Garde-la
Dans un coin
De ton coeur
Si tu veux
Dans un coin
De tes pensées
Si tu veux
Mais garde-la
Car l'amitié
N'a pas de frontière
Et ses limites
Sont celles du monde
Elle a les couleurs
De l'arc-en-ciel
Et la beauté
Du rêve
N'écoute jamais
Ceux qui disent
Qu'elle n'existe plus
Elle est là
Elle est à toi
Quand tu veux
Il suffit
D'ouvrir
Les yeux.
© Véronique TADJO
Véronique Tadjo
(1955-aujourd'hui)
Ecrivaine ivoirienne, née à Paris mais élevée à Abidjan, Véronique Tadjo est auteure de poèmes, de romans et d'ouvrages pour la jeunesse qu'elle illustre elle-même. Elle a beaucoup voyagé dans toute l'Afrique de l'Ouest, en Europe, aux Etats-Unis et également en Amérique latine. Elle a enseigné à l'Université Nationale de Côte d'Ivoire pendant plusieurs années. Après quelques années passées au Kenya, puis en en Angleterre, elle vit actuellement en Afrique du Sud. Installée à Johannesburg, où elle dirige le département de français à l’université du Witwatersrand, elle est l’un des auteurs africains les plus reconnus, son roman Reine Pokou, traduit en plusieurs langues, reçoit en 2005 le Grand Prix d’Afrique Noire.
→ Sa biographie sur Wikipédia
L’odeur de mon pays était dans une pomme.
Je l’ai mordue avec les yeux fermés du somme,
Pour me croire debout dans un herbage vert.
L’herbe haute sentait le soleil et la mer,
L’ombre des peupliers y allongeaient des raies,
Et j’entendais le bruit des oiseaux, plein les haies,
Se mêler au retour des vagues de midi…
Combien de fois, ainsi, l’automne rousse et verte
Me vit-elle, au milieu du soleil et, debout,
Manger, les yeux fermés, la pomme rebondie
De tes prés, copieuse et forte Normandie ?…
Ah! je ne guérirai jamais de mon pays !
N’est-il pas la douceur des feuillages cueillis
Dans la fraîcheur, la paix et toute l’innocence ?
Et qui donc a jamais guéri de son enfance ?…
© Lucie DELARUE MARDRUS
Lucie Delarue-Mardrus
(1874-1945)
Poétesse, romancière, journaliste, historienne, sculptrice et dessinatrice, Lucie Delarue-Mardrus fut une artiste complète aux dons multiples, d'une curiosité insatiable et d'une capacité de travail impressionnante.
→ Autres textes :
L'hiver
L'avion
Si tu viens
→ Sa biographie sur Wikipédia
Dans les vertiges
Du soir,
Pleure mon âme,
Dans son ciel
Blafard.
Je pars à la recherche
De tes aurores
Aux nappes d’argent
Et d’or.
Tes mains de nuit
Glissent
Sur mon corps
Dans le noir
Infini.
Au matin
Tu es là,
Alors dans ma vie,
Le soleil luit.
© Gérard BOLLON-MASO
Gérard Bollon-Maso
(1947-aujourd'hui)
Né en région parisienne, Gérard Bollon Maso habite à Villeurbanne. Fan de poésie depuis son enfance, il écrit depuis une vingtaine d'années. Il publie ses textes dans des revues de poésie et a fait paraître trois recueils.
→ Du même auteur :
Matin de grâce
C'est un petit matin
Ce soir, le vent est doux
Rêves de grandeur
Banc public
Soldat adolescent
Je voulais te dire
Faire l'amour
Nuit harmonieuse
La baigneuse
Douceurs d'été
Balade en été
→ Son blog
Quand les vents de Gwalarn soufflent avec furie,
Sur le dur continent, des effluves de mer,
Le vieil Arrée geignant, millénaire manie,
Hume discrètement quelque parfum amer.
Cet humble souvenir évoque la magie
Des temps audacieux d’avant l’âge de fer,
Où l’homme combattant sauvegardait sa vie,
Ne pouvant encourir que des rigueurs d’hiver.
Mais l’Arrée, paternel au vent qui tonitrue,
Raconte qu’ici-bas chaque chose se mue,
Que des langes, parfois, se surprennent linceul,
Qu’à des êtres errants, il offrit maints asiles
Et que, depuis longtemps, devenus des fossiles,
Ils dorment à jamais et connus de lui seul.
© François ABGRALL
François Abgrall (1906-1930)
Ecrivain et poète français né en Bretagne, François Abgrall fut journaliste avant de devenir écrivain, décrivant les Monts d'Arrée et le marais du Yeun Elez ainsi que la vie paysanne du début du xxe siècle. Atteint de tuberculose pulmonaire dès 1923, il doit arrêter ses études. Mais la brièveté de son existence lui a laissé le temps d’accéder à une notoriété littéraire certaine, tant en langue française que bretonne. Il rédige des poèmes et nouvelles pour des hebdomadaires (« Le Pays breton ») et des journaux (« la Dépêche de Brest et de l’Ouest», « Ouest-Éclair »).
→ Sa biographie sur Wikipédia
A la fontaine Marie-Ange
Boit mon amour en se riant.
Torse nu j’avance vers elle
J’avance vers mon orient.
Salut ! mon sourire d’orange
Ma chevelure d’étincelles,
Je t’apporte le plein midi
Le cri des bêtes éblouies
Et je t’apporte aussi ma haine !
Cousu de noir à ton corsage
Cousu de rouge à ton jupon
Je meurs de croire en ton visage
De me blesser avec un nom.
Cette eau qui coule, Marie-Ange,
Ne la bois pas avec ma mort.
Tes jeunes seins qui me roucoulent
Je les noierai dans un vieux port.
Ah ! saccager tes genoux tendres
Ton ventre en feu d’or et de cendres
Et puis te laisser seule et nue sous des haillons !
Un mouton bêle sans savoir
Sur ma blessure de midi.
Je te déteste ma trop belle
Je te déteste et n’ai rien dit.
Princesse noire de nuits blanches
Ô mon enfer et mon Dimanche
Tu disparais comme l’éclair
Le front moqueur et rougissant
Et la fontaine solitaire
Maintenant coule avec mon sang.
© René de OBALDIA
René de Obaldia
(1918-2022)
Dramaturge, romancier et poète français, Souvent qualifié « d'inventeur du langage », René de Obaldia écrit des textes qui sont presque tous empreints d'humour fantastique, de fantaisie et d'imagination. Il est membre de l'Académie française.
→ Du même auteur :
J'ai trempé mon doigt dans la confiture
→ Sa biographie sur Wikipédia
Femme de la désirance
tout feu tout flamme
aux mains de paysage
grandissent en elle
des cantiques et des chants
qui raniment le vivant
Si le ciel « bougonne » de gros nuages
elle ricane à qui mieux mieux
marche par les sentiers par les forêts
sur la terre du sanglier
jusqu’à la source
et son souffle y puisera
sa dose d’ivresse
Toute à ses racines
femme enrobée de soleil
jamais rassasiée
elle boit l’eau du ruisseau
le trop-plein de vie
pieds et mains
gorgés de sang
elle sème des herbes
de toutes espèces
Une huppe se pose
sur son épaule
elle l’enjôle mieux que quiconque
femme de l’Amourachure
elle renouvelle les souches
avec pour vertige
une langue qui bourgeonne
Texte paru dans l'anthologie poétique Terre des femmes.
© Claudine BERTRAND [Québec]
Claudine Bertrand (1948-aujourd'hui)
Ecrivaine et poétesse québecoise, Claudine Bertrand a étudié à l'Université du Québec à Montréal, où elle obtient une maîtrise en études littéraires. Elle est l’auteure d’une vingtaine d’ouvrages poétiques et de livres d’artiste au Québec et à l’étranger et tout récemment, le Prix Ganzo vient de lui être décerné pour l'ensemble de son oeuvre. Fondatrice de la revue Arcade, elle la dirige de 1981 à 2006. Femme engagée, marquée par la pensée féministe et humaniste, elle est considérée comme l’une des ambassadrices de la poésie à l’étranger. Son écriture voyageuse nous mène sur plusieurs continents, cherchant à s’ancrer dans un univers lumineux. Ambassadrice de la poésie québécoise, elle offre de nombreuses lectures, des conférences et des ateliers de création. Fréquemment sollicitée par des invitations à l’international et traduite dans plusieurs langues, Claudine Bertrand constitue une figure marquante de la poésie contemporaine. Elle est Chevalière de l'Ordre de la Pléiade.
→ Son blog : https://claudinebertrand.fr/
→ Sa biographie sur Wikipédia
Revenu
Gavé des solfèges
Des pièges des neiges
Des grains sacrilèges
Revenu
Petit corps
Chante-primevère
Ou bien c'est ton frère
Dont le rire espère
Là-dehors
La douceur
de croire autre chose
Epuise et repose
Vague l'on suppose
La douceur
Nuit de mars
Qui laisse grisée
D'une aile posée
Au toit de rosée
L'oiseau noir
Qui s'enfuit
Vers l'avant-aurore
Où tombe incolore
L'aujourd'hui.
Extrait du recueil Lettres et poèmes, 1967
© Albertine SARRAZIN
Albertine Sarrazin (1937-1967)
Première femme à raconter sa vie de prostituée, de délinquante et son expérience en prison pour femmes, elle meurt à 29 ans, après avoir passé huit années en prison. Elle est notamment connue pour avoir écrit le roman l'Astragale. Presque la totalité de ses poèmes sont sans titre et sans ponctuation. Mariée à Julien Sarrazin, ils s'installent aux Matelles en 1967, dans une ferme située à 12 kilomètres de Montpellier. Mais Albertine, fragilisée par l'alcool, le tabac, les opérations récentes et sa vie chaotique, meurt à 29 ans à la clinique Saint-Roch de Montpellier, des suites d'une opération du rein mal préparée (anesthésie mal dosée).
→ De la même autrice : Poème sans titre (Paris)
→ Sa biographie sur Wikipédia
J’ai tant aimé sans le savoir
j’ai trop aimé en le sachant
j’ai tant pleuré en le cachant
qu’à la dure horloge du temps
il est l’heure enfin de sonner.
© Pierre de MASSOT
Pierre de Massot
(1900-1969)
Ecrivain français lié au dadaïsme et au surréalisme, Pierre de Massot était proche de Jean Cocteau, Max Jacob et André Gide, dont il fut quelque temps secrétaire, il a également été lié avec le peintre Marcel Duchamp et l'écrivain Tristan Tzara. Il participe comme acteur à la fameuse soirée, dite du « Cœur à barbe ", qui, le 6 juillet 1923, marque la rupture définitive entre dadaïstes et surréalistes. Lors de cette soirée, il a le bras cassé d'un coup de canne de Breton. Durant la guerre, il cache André Suarès, en le faisant passer pour son père. Il fut l'un des signataires du Manifeste des 121, sous-titré « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie », paru en septembre 1960. Il s'adonne à diverses drogues (héroïne, morphine, cocaïne, opium, éther, haschich) ainsi qu’à l’alcool, en dépit d’une santé déjà fragile. Quelques tentatives de désintoxication ne viendront pas à bout de ce tempérament excessif et foncièrement désespéré.
Il est mort dans une extrême pauvreté à 68 ans.
→ Sa biographie sur Wikipédia
En ces jours, je me lève avec les bouleaux
et écarte de mon front d'un coup de peigne les cheveux de blé
devant un miroir de glace.
Mêlé à mon souffle,
le lait floconne.
Il mousse aisément de si bonne heure.
Et là où sur la vitre je fais de la buée, apparaît,
tracé d'un doigt enfantin,
à nouveau ton nom : innocence !
Après si longtemps.
En ces jours, je ne souffre pas
de pouvoir oublier
ni de devoir me souvenir.
J'aime. Jusqu'à l'incandescence
j'aime et je remercie avec des saluts anglais.
Je les ai appris au vol.
En ces jours, je me souviens de l'albatros
dont j'empruntai les ailes
pour traverser les mers
et rejoindre un pays encore vierge.
À l'horizon je devine,
éclatant au soleil déclinant,
là-bas de l'autre côté,
mon continent fabuleux,
qui me congédia
en habit de linceul.
Je vis et entends de loin son chant du cygne !
Extrait de Invocation de la Grande Ourse, Gallimard, 1956
© Ingeborg BACHMANN [Autriche]
Ingebor Bachmann (1926-1973)
Poétesse, nouvelliste et romancière autrichienne, Ingebor Bachmann commence à écrire ses premiers poèmes entre 1938 et 1944, une pièce de théâtre et une nouvelle alors qu'elle n'est encore qu'une lycéenne. Sa vie amoureuse croise à deux reprises celle de Paul Celan. Elle affirme ses convictions politiques en signant, en 1965, la Déclaration contre la guerre au Vietnam et s'oppose publiquement à la prescription des crimes nazis.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Envie de te dire
"Je t'aime",
Chaque seconde,
De l’aurore jusqu’à la lumière la plus noire.
Que se confondent les heures, dans leurs trajectoires !
Envie de me perdre dans l’océan de tes yeux,
De me réfugier dans le doux feu de tes cheveux,
De traverser les longs corridors de ma déraison
Jusqu’à tes doigts rieurs chatouillés de couleurs
D’où renaîtront tant d’horizons
Pour de nouvelles saisons sans douleurs.
Envie de me plonger dans les vagues de tes fleurs,
Tout au creux de tes senteurs,
Pour me noyer dans tes profondeurs en éclosion,
Dans ton nid en suspension
Auquel je chuchoterai mon bonheur
De t’aimer, t’aimer, t’aimer puis ret’aimer,
Jusqu'à sentir se lever toutes les laves de nos cœurs
Comme d’un doux volcan sans frayeurs !
© Mokhtar EL AMRAOUI [Tunisie]
Mokhtar El Amraoui
(1955-aujourd'hui)
Poète d’expression française né à Mateur, en Tunisie, Mokhtar El Amraoui a enseigné la littérature et la civilisation françaises pendant plus de trois décennies, dans diverses villes de la Tunisie. Il est passionné de poésie depuis son enfance. Il a publié quatre recueils de poésie et plusieurs de ses poèmes ont été publiés sur Internet et en revues-papier.
→ Blog de l'auteur
Du même auteur :
→ Un généreux bonhomme de neige
→ Neiges
→ Mon amour
C’est la maison et la glycine et le jardin,
D’où l’on voit les rails bleus entre les champs reluire.
Seul, un rosier fleurit au mur comme un sourire.
C’est la maison en deuil au détour du chemin.
Or, las du demi-jour trop étroit des charmilles,
Ayant ouvert puis refermé le vieux portail,
J’ai vu par le chemin venir trois jeunes filles,
Dans le murmure épars des ruches en travail.
Au bout de leurs bras nus balançant des corbeilles,
Elles venaient vers la maison et le jardin,
Pour piller en passant des grappes à mes treilles
Et s’en allaient aux champs pour voir passer le train.
Extrait de La Maison des glycines, Mercure de France, 1905
Ce texte a obtenu en 1906 le prix Archon-Despérouses décerné par l'Académie Française.
© Emile DESPAX
Emile Despax
(1881-1915)
Poète français tué à l'ennemi au cours de la Première Guerre mondiale, Emile Despax a son nom gravé au Panthéon de Paris, figurant parmi les 560 hommes de lettres tombés au combat durant le conflit. Bien qu'il ne puisse être qualifié de poète régionaliste, Despax évoque de façon récurrente ses Landes natales, ses ambiances, ses paysages. "Ses poèmes sont faits de détails, de souvenirs, d’impressions et d’observations de la vie de chaque jour, dont un grand don d’harmonie a composé des ensembles pleins d’émotion" écrivent de lui Adolphe Van Bever et Paul Léautaud.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Il faudra que je me souvienne
Plus tard, de ces horribles temps,
Froidement, gravement, sans haine,
Mais avec franchise pourtant.
De ce triste et laid paysage
Du vol incessant des corbeaux,
Des longs blocks sur ce marécage,
Froids et noirs comme des tombeaux.
De ces femmes emmitouflées
De vieux papiers et de chiffons
De ces pauvres jambes gelées
Qui dansent dans l’appel trop long.
Des batailles à coups de louches,
A coups de seau, à coups de poing,
De la crispation des bouches
Quand la soupe n’arrive point.
De ces « coupables » que l’on plonge
Dans l’eau vaseuse des baquets,
De ces membres jaunis que rongent
De larges ulcères plaqués.
De cette toux, à perdre haleine,
De ce regard désespéré
Tourné vers la terre lointaine,
Mon Dieu, faites nous rentrer.
Il faudra que je me souvienne…
© Micheline MAUREL
Soûl de soleil jaune
Embaumé aux pommes de l'automne.
Poussant un bout de temps encore
Cette vie sans tête ni corps
Pour rien pour voir
Pour boire jusqu'à la lie
L'arrière-saison ma jolie.
© Georges-Emmanuel CLANCIER
Georges-Emmanuel Clancier
(1914-2018)
Ecrivain et poète français, Georges-Emmanuel Clancier commence à écrire poésie et prose à partir de 1933 et collabore à des revues. De 1942 à 1944, il recueille et transmet clandestinement à Alger les textes des écrivains de la Résistance en France occupée. À la Libération, il est chargé des programmes de Radio-Limoges et journaliste au Populaire du Centre. Il fonde avec Robert Margerit et René Rougerie la revue Centres, puis dirige une collection de poèmes manuscrits, Poésie et critique, chez Rougerie. En 1955, il devient secrétaire général des comités de programmation de la RTF, puis de l'ORTF, jusqu'en 1970. Il est lauréat de nombreux prix littéraires dont le Goncourt de la poésie pour Passagers du Temps. En 2016, à 101 ans, il fait paraître aux éditions Albin Michel la suite de ses mémoires, "Le Temps d'apprendre à vivre", sur la période 1937-1947.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Naît de la césure des êtres
assis en cercle
nous entrerons un à un
dans la mouvante nuit
fusionnent les heures noires à l'ombre de nos corps
elles nous parlent d'un monde hors du monde
Amina Saïd
(1953-aujourd'hui)
Poétesse, écrivaine et traductrice tunisienne d'expression française, Amina Saïd a publié plusieurs recueils de poésie, des articles, notamment pour Jeune Afrique, et deux recueils de contes.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Sur le sombre Océan tombait la nuit tranquille ;
Les étoiles perlaient au ciel silencieux ;
Le flot montait sans bruit sur le sable de l'île...
Ô nuit, quel souffle alors vint me mouiller les yeux ?
Le froid saisit mon cœur, quand, muet, immobile,
Étendu sur la grève, et le front vers les cieux,
Je sentis, comme on sent que sur la vague il file,
La Terre fuir, sous moi, navire audacieux !
Du pont de ce vaisseau qui m'emportait, sublime,
Je contemplai, nageant sur l'éternel abîme,
Les flottes des soleils au voyage béni ;
Et, d'extase éperdu, sous les voûtes profondes,
J'entendis, ô Seigneur, dans l'éther infini,
La musique du temps et l'hosanna des mondes.
Extrait du recueil Grain de mil, 1854
© Henri-Frédéric AMIEL [Suisse]
Henri-Frédéric Amiel (1821-1881)
Henri Frédéric Amiel est un écrivain et philosophe suisse romand, célèbre pour son gigantesque journal intime (17 000 pages, de 1839 à 1881). Professeur d’esthétique et de littérature française à l'université de Genève grâce à son étude Du Mouvement littéraire dans la Suisse romande et de son avenir. De 1854 jusqu'à sa mort, il conserva sa chaire de philosophie. Il a publié plusieurs volumes de poèmes, d’études historiques ou philologiques et des essais philosophiques influencés par la philosophie idéaliste allemande.
→ Autres textes :
Toute pensée est une fleur
Printemps du Nord
→ Sa biographie sur Wikipédia
Plus vite que le temps d'un son, d'une lumière
D'une pensée, ou plus lente qu'un sentiment,
L'éternité. Pourtant on ne parle plus d'elle.
L'éternité d'un temps qui se lève toujours
De l'instant sur l'instant et ne tombe jamais,
Garde et regarde tout en se faisant éclore
Comme un germe, un pollen, un soleil, une aurore
Sur elle-même ouverte, ô la colombe de splendeur !
Et qui s'avance et monte à son nid de lumière
En ne laissant jamais rien derrière elle.
Armel Guerne
(1911-1980)
Armel Guerne est un poète et traducteur de langue française, de père suisse et de mère française. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut membre du réseau Prosper-PHYSICIAN du service secret britannique Special Operations Executive. Fin 1943, arrêté par la Gestapo, , il parvient à s'échapper du train qui l'envoie à Buchenwald. Après la guerre, il traduit de nombreux auteurs, Son œuvre de traducteur, comme de poète ou essayiste est ancrée dans une haute estime du langage et du « verbe créateur », une dimension mystique de la parole, selon laquelle les langues humaines sont une « matrice spirituelle [...] une image directe du Verbe créateur », un reflet du Verbe divin, lié à l'éternité.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Les orties, la fumée,
Les épines fleuries,
La cendre, l’herbe
dans tant d’absence éparse,
une dépouille humaine,
une rencontre nue,
un écho de plaisir,
une fleur animale,
deux yeux perdus,
un été familier,
une mesure d’ombre,
un soleil limité.
Boire très calme
la foudre inattendue ;
la tige découverte après l’étang de pierre,
et revenir encore à l’incendie parfait,
rêveur sous la paille,
et vénérer la paille où l’incendie se fait,
tenter contre la mort ce simple appareillage
Où ne pendent aux mâts que des voiles de flammes
Quelqu’un au bord du vertige
une doublure agile,
un miroir de blessures.
Extrait de C'était hier et c'est demain, Anthologie, Seghers, 2004
© Alain BORNE
Alain Borne
(1915-1962)
Poète français, Alain Borne a été avocat à Montélimar. Louis Aragon salua son lyrisme dès 1942. Relativement ignoré des milieux littéraires parisiens, il était cependant très lié avec Marc Seghers. En 1940, il fonde avec Pierre Seghers « Poésie 40 », le mouvement poétique de la résistance. Il adhère également au Comité National des Écrivains en 1946. En 1954, il obtient le prix Antonin-Artaud pour son recueil En une seule injure. Il trouve la mort dans un accident de voiture, à une cinquantaine de kilomètres au nord d'Avignon. La moitié de son œuvre a paru depuis de manière posthume.
Du même auteur :
→ Te dévêtir
→ La main touche une jupe
→ Sa biographie sur Wikipédia
Envolez-moi au-dessus des chandelles noires de la terre.
Au-dessus des cornes venimeuses de la terre.
Il n’y a de paix qu’au-dessus des serpents de la terre.
La terre est une grande bouche souillée :
ses hoquets, ses rires à gorge déployée
sa toux, son haleine, ses ronflements quand elle dort
me triturent l’âme. Attirez-moi dehors !
Secouez-moi, empoignez-moi, et toi Terre chasse-moi.
Surnaturel, je me cramponne à ton drapeau de soie !
que le grand vent me coule dans tes plis qui ondoient.
Je craque de discordes militaires avec moi-même
je me suis comme une poulie, une voiture de dilemmes
et je ne pourrai dormir que dans vos évidences.
Je vous envie, phénix, faisan doré, condors.
Donnez-moi une couverture volante qui me porte
au-dessus du tonnerre, dehors au cristal de vos portes.
© Max JACOB
Max Jacob
(1915-1962)
Poète moderniste, romancier et peintre, Max Jacob fut un précurseur du mouvement Dada puis du surréalisme sans y adhérer. Il bouleverse de son vers libre et burlesque la poésie française dès 1917. D'origine juive, Max Jacob restera toute sa vie tourmenté par son homosexualité, il se convertit au catholicisme en 1915 après avoir eu plusieurs visions. Ses origines ashkénazes lui valent, six mois avant la Libération de Paris, d'être arrêté par la Gestapo, destin qu'il accepte comme un martyre libérateur. Interné par la gendarmerie française dans le camp de Drancy, il y meurt en cinq jours, trente heures avant sa déportation programmée pour Auschwitz.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Lève la tête vers le ciel peuplé de tortues
Si tu vois sur leur dos un éventail agité
tu découvriras ta femme dans la lune
Brise une incisive à un portier galonné
pour entendre prophétiser les beaux jours qui t’attendent
Si ton chien chante à mi-voix
on volera ta vaisselle
Si ta table murmure des imprécations
Arrose-la de lait frais pour éviter la peste
Le vent qui dessine une étoile filante dans le sable
annonce ta prochaine détention
si tu ne brûles pas le drapeau de ton pays
Tatoue sur la joue de ta mère le signe de Saturne
et tu comprendras la fin et le commencement
Rase soigneusement un lion rauque
pour découvrir la voix du corbeau
Fais pleurer un bulbe de lys
en jouant du violon
nu devant un grand feu qui fascine un scorpion
et ta cervelle se multipliera
Mais ne tue sous aucun prétexte
un canard à bec rouge
Ta peau effervescente se soulèverait
pour laisser s’enfuir à jamais tes paroles sages
© Benjamin PERET
Benjamin Péret
(1899-1959)
Ecrivain et poète surréaliste, Benjamin Péret, se révèle dès l'adolescence, rebelle et potache doué d'un humour carabin. En 1920, dadaïste adepte de la provocation, il participe au procès contre Barrès puis il rencontre Robert Desnos et les surréalistes avec lesquels il se lance dans l'écriture automatique, dont la syntaxe saugrenue de la phrase bouscule les conventions du langage, et notamment les proverbes. Péret est un des poètes surréalistes les plus singuliers : virtuosité de l'écriture automatique, luxuriance baroque des images (relancées infiniment par un emploi unique de la proposition relative), humour burlesque désacralisateur, audace transgressive. Sa poésie s'inscrit dans le surréalisme du plus haut vol, sous le signe ascendant de l'abondance, de la liberté.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Aujourd’hui, si jamais
venait la lune morte,
l’amour chanterait
qu’on frappe à la porte.
Et si jamais elle se montrait
bossue vers le couchant,
l’amour chanterait
en quart croissant.
Si jamais la lune était
toute ronde et rouge,
l’amour chanterait,
l’amour folle.
Mais ah, si jamais blanche
elle vient, ronde et blanche,
l’amour chanterait
que la porte soit fermée.
Et si la lune venait
bossue vers le levant
l’amour chanterait
l’amour décroissant.
Ah ! quelle drôle de lune !
Ami, sortons à la fenêtre
entre minuit et une !
Lune, monnaie de cuir
à l’air, porte-nous bonheur
entre minuit et une heure !
© Maria Mercè MARÇAL [Espagne]
Maria Mercè Marçal (1952-1988)
Poétesse, professeure, écrivaine et traductrice espagnole d'expression catalane, Maria Mercé Marçal est décédée à 45 ans des suites d'un cancer. Elle laisse cinq recueils de poésie et deux anthologies poétiques en catalan. Elle a été récompensée par de nombreux prix dans son pays. Certains de ses poèmes ont été adaptés en chanson par des chanteuses catalanes célèbres.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Si vaste soit la création,
elle est plus étroite qu’une niche.
D’ici à là-bas. Pierre, arbre, maison,
je bricole. J’arrive en avance, en retard.
Parfois pourtant quelqu’un arrive,
et ce qui est, soudain se déploie.
La vue d’un visage suffit, une présence,
et les papiers peints se mettent à saigner.
Suffit, oui, une main suffit
quand elle remue le café
ou « se retire après les présentations »,
suffit, pour oublier l’endroit,
la rangée de fenêtres sans air, oui,
pour qu’en rentrant la nuit dans notre chambre
nous acceptions l’inacceptable.
Éclats (Szálkák, 1972) – Traduit du hongrois par Lorand Gaspar et Sarah Clair.
© János PILINSZKY [Hongrie]
János Pilinszky
(1921-1981)
Poète et dramaturge hongrois, János Pilinszky étudie le droit, la littérature et l'histoire à l'université. Il est prisonnier de guerre en 1944, notamment au camp de Ravensbrück. Poète d'inspiration catholique, il écrit en 1959 Harmadnapon (Au troisième jour), qui n'est publié que dix ans après, parce que le Parti communiste au pouvoir considérait ce recueil comme trop « pessimiste ». Harmadnapon contient son poème Apokrif, considéré comme son chef-d'œuvre, et comme un sommet de la poésie hongroise. Ce poème reprend l'histoire de l'enfant prodigue, résume l'expérience de Pilinszky dans les camps, et exprime son regret de l'absence de Dieu au monde.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Ma main de gloire joue sur les fils de la vierge
La nuit est une grande lyre mélodieuse
Ma musique brûle l'ombrage des arbres mortels
Ma musique brûle d'accord avec l'eau
J'apporte ma flamme au cœur de la glace
Cristal silencieux de ma solitude
Libéré mon ombre mon reflet morts avec les feuillages
Je suis seul
Au bord d'une mer de lait où nagent des poissons fraternels
Mon sang perpétuel connaît sa profondeur
Pour aimer il faut être deux
L'amour est une grande solitude
Etoile de mer la femme est une eau méditative
Prisonnier des places des plaines multiples
J'ai fui en moi le monde
Bel espace restauré grandeur nature
Le monde lieu commun
Lieu humain
Chacun son centre intime égal à l'un à l'autre
Du pareil au même on va on vient
Tels qu'en nous-mêmes en fin de quête
La vérité nous baigne tout nus dans notre nudité rayonnante
Mille fois plus seul de se regarder dans les yeux
Et de s'y retrouver au fond du puits
Puits de science intime
Je suis si vaste d'être seul
Je me croirai multiple
Femme ton corps est une lune rousse
Ta nuit une gelée blanche
Ton corps de tous les jours est un matin
Mais tu es toutes les pluies de la mer
Et pour cela je t'aime
Aimant la nuit.
© Stanislas RODANSKI
Stanislas Rodanski (1927-1981)
[Vrai nom : Bernard Glücksmann]
Poète et romancier surréaliste, Stanislas Rodanski interné dans un hôpital psychiatrique, était un poète et romancier surréaliste français. Il signera également des textes sous les pseudonymes de Tristan et de Lancelo. En 1945, il rencontre le peintre Jacques Hérold qui lui fait découvrir le surréalisme. En 1946, il s'inscrit à l'École des Beaux-Arts de Lyon. À l'automne 1947, il subit une séance d'électro-chocs à l'hôpital de Caluire. Il commence alors une existence mouvementée : tentative de suicide, emprisonnement pour un vol de voiture (jamais prouvé), nouvelle hospitalisation et engagement dans un commando de parachutistes duquel il déserte aussitôt. Sorte de « poète voyou», menant une vie constamment précaire et mouvementée, consommant régulièrement alcool et stupéfiants (en particulier des amphétamines), il sera plusieurs fois interpellé par la police, pour vagabondage, trafic d'armes, de stupéfiants, vols, grivèlerie, et fera plusieurs séjours en prison et hôpital psychiatrique. Enfermé dans son drame intérieur, mélange de ravissement et de terreur, en quête de pureté et hanté par un désir éperdu de liberté qui le conduit à la folie, il s'invente sa propre légende. De retour à Paris, il rejoint les écrivains et peintres surréalistes. Il sera de nouveau interné et passera trois ans à l'hôpital de Villejuif dans le quartier des fous criminels. En 1949, paraît le texte « La Victoire à l'ombre des ailes » dont la préface est écrite par Julien Gracq. A sa sortie, il recommence sa vie d'errance et ses délires. En 1953, à l'âge de 27 ans, en partie sur intervention de sa famille selon François-René Simon, il est une nouvelle fois interné à l'hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu à Lyon d'où il ne sortira plus et où il mourra, enfermé dans le silence, avec des allures de clochard ou de sage ermite.
→ Le blog des amis de Stanislas Rondanski
→ Sa biographie sur Wikipédia
Voilà le poème que j’allais écrire
un peu plus tôt, mais que je n‘ai pas écrit
parce que je t’ai entendue remuer.
J’étais en train de repenser
à ce premier matin à Zurich.
Quand on s’était réveillés avant le lever du soleil.
Désorientés l’espace d’une minute. Mais sortant
sur le balcon
qui dominait
la rivière, et la partie ancienne de la ville.
Et nous contentant d’y rester, sans un mot.
Nus. Considérant le ciel qui s’éclairait.
Débordant de joie et de bonheur.
Comme si
on nous avait mis là
à cet instant même.
Raymond Carver (1938-1988)
Ecrivain américain, Raymond Carver est également poète et il est avant tout considéré comme un nouvelliste de premier plan. Son père, ouvrier dans une scierie, était alcoolique et sa mère travaillait parfois comme serveuse ou vendeuse. En 1956, à l'âge de 18 ans, il se marie avec son amie de lycée, âgée de 16 ans, Maryann Burk, alors enceinte. Carver a 20 ans à la naissance de son deuxième enfant. Après avoir obtenu son diplôme au lycée de Davis, Carver travaille et s'occupe de sa famille comme portier, ouvrier dans une scierie, ou comme vendeur. Après avoir déménagé en Californie, il s'intéresse à l'écriture et suit des cours de création littéraire avec le romancier John Gardner, qui eut une influence importante dans la vie de l'écrivain. Poursuivant ses études, il publie son premier recueil Near Klamath en 1968. Dans les années 1970-80, il enseigne dans divers universités américaines. Luttant contre l'alcoolisme, il arrête en 1977 grâce aux Alcooliques Anonymes. Divorcé en 1982, il se remarie en 1988 à Reno, au Nevada avec la poétesse Tess Gallagher. Deux mois plus tard, il décède d'un cancer du poumon.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Je dis NON aux miasmes et marasmes et à tout ce qui rampe et glisse et se décompose.
Je dis NON aux paroles en beurre avec tous les honneurs, prix des prix, médailles, promotions, nomenclatures, carrières diverses et de sable.
Je dis NON aux nargues et venargues et subardes à l’air conditionné.
Je dis NON aux cabotons pieds de biche, archivoltes, croupions et portails, jarretelles et jarretières et collants intégraux.
Et je dis NON au gros, au détail, aux tarifs, aux clients, au débit, au crédit, aux factures et l’escompte.
Je dis NON aux affaires fructueuses, au lugubre, à la lie.
Pas d’argent, pas de sang.
Je dis NON à tout ce qui se dérobe clandestinement à la folie naturelle.
Je dis NON à la suite, à l’axonge et la panne et la glu et le lard et l’anus et les écoulements-excréments et les boucheries des animaux innocents.
Je dis NON à la basse-cour, à la Haute Cour, les bombyx, les bombements.
Je dis NON aux concubinages et mariages et lois contre les trigames, adultères en babouches, en culottes trop serrées pour femmes en état de grossesse.
Je dis NON aux regards fuyants et aux bouches suçoirs.
Je dis NON aux stratégies amoureuses, aux ogives nucléaires, aux missiles et fusées mortuaires.
Je dis NON aux duplicatas.
Je dis NON à l’État.
La culture ou l’ordure ? Je suis contre.
Je dis NON aux manies cérébrales, aux visages détournés, aux rivières desséchées.
Je dis NON aux écorcheurs, procureurs, professeurs, ordinateurs, aux musées et aux râteliers.
Il y a OUI pour le NON. Il y a poésie et poésie. Il y a eau minérale et eau minérale. Il y a cérémonies. Il y a tout le fourbi. Il y a le roussi. Il y a la folie.
© Paul VALET
Paul Valet
(1905-1987)
[Vrai nom : Georges Schwartz]
Poète français né à Moscou, il obtient la nationalité française en 1931. Installé comme médecin généraliste à Vitry, il exercera, hors pendant la guerre, jusqu'en 1970. En 1939, il est mobilité comme médecin-lieutenant. Après la défaite il retrouve, en 1940, sa femme et son fils en Auvergne. Il s'engage dans la Résistance en Haute-Loire et dans le Cantal. Sa femme Hala fait partie du même réseau. De retour à Vitry, il apprend que son père, sa mère et sa sœur ont été gazés à Auschwitz. Il pratique l'homéopathie dans son cabinet.
Il publie son premier recueil, Pointes de feu en 1948. Paul Valet a publiera ensuite de nombreux recueils chez divers éditeurs.
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Peut-être
faisons-nous preuve de bravoure
quand nous allons par le monde
tel qu'il est
et que nous assumons
sans ciller
ce que c’est que de vivre
et peut-être aussi lorsque
chacun progressivement se dépouille
de ce qu'il fut et qu'ainsi
nos cœurs s'allègent
de leur poids révolu
expérimentant jour
après nuit nuit
après jour
comment ne plus.
Extrait du recueil Provisoires, Nous Eds, 2022
© Christophe MANON
Christophe Manon (1971-aujourd'hui)
Poète français, Christophe Manon collabore à de nombreuses revues (Fusées, Java, Le Bout des Bordes, Action poétique, Exit, Le Jardin ouvrier, Ffwl, ainsi que Ouste, Passages, Boxon, L’Armée noire, Grumeaux, etc.) et se produit régulièrement dans des lectures publiques en France et hors de France. Il a codirigé les éditions ikko et la revue Mir. En 2015, à l'occasion de la parution de Extrêmes et lumineux aux éditions Verdier, il reçoit le prix Révélation de la Société des gens de lettres.
→ Sa biographie sur Wikipédia