Ecrire des vers à vingt ans, c'est avoir vingt ans.
En écrire à quarante, c'est être poète.
Francis Carco 

Pluie d'automne


La pluie tombe
Sylvie CROCHARD

y

La pluie tombe et crépite sur le toit.

Je déteste ce temps d’automne qui

Point ne me va et qui ploie

De tout son poids sur le ciel gris.

 

Je n’aime pas ce temps mi-figue mi-raisin.

Je préfère largement le printemps,

Qui rayonne longtemps

Et apporte un temps plus certain.

 

À la pluie succédera le soleil,

Une belle éclaircie qu’on ensorcelle.

On est plein de merveilles.

Avec le soleil la vie redevient belle.

 

La pluie continue de tomber

Et mon moral d’un seul coup baisse.

J’ai envie de dormir sans me relever,

De rester sous la couette avec paresse.

 

J’aime la pluie

En été car elle nous rafraîchit

Quand il fait bien chaud

Et nous rend beau.

 

© Sylvie CROCHARD


Sylvie Crochard (1976-aujourd'hui)
Ouvrière en milieu protégé, Sylvie Crochard a publié plusieurs recueils. Passionnée de piano, elle s’inspire également de la musique dans ses poèmes.
Autres textes :
→ Echange autour de la poésie
→ La liberté
→ Les petits oiseaux
→ L'Ukraine saigne...
Sa page Facebook : → https://www.facebook.com/poetecrochard


Septembre
Yann Erwan PAVEG

y

Voilà déjà
L’août qui
Tire le rideau des pluies

Voilà déjà
Le mois des moissons
Qui déchante
La bonne chanson

Le ciel breton pleure
Sur un été trop chaud
Pour apaiser la terre
En ses profondes brûlures
Et les humains repus
De sable chaud
S’enivrent d’ondées salvatrices

Même mon saule pleureur
Ne pleure plus
Et ses feuilles abruties de chaleur
Vont déjà au vent

Tout semble revivre ou mourir
Mêmes les humains
L’automne affiche déjà
Sa couleur
Les ramiers gris
Se mélangent aux nuages du ciel
Et d’ici peu
Les hirondelles prendront leur envol

La page de l’été
Se tourne lentement
L’homme restera seul
En son hiver
Devant ses récoltes de pommes
Ses bûches bien rangées
La vie ne fut que cela

 

© Yann Erwan PAVEG


Yann Erwan Paveg (1959-aujourd'hui)
Editeur, poète et formateur en langue bretonne, Yann Erwan Paveg écrit aussi bien en français qu'en breton, inspiré de son héritage, de sa Bretagne dont il est un ardent défenseur. Avec plus de 500 abonnés sur Twitter, il a posté plus de 700 tweets qu'il a mis bout à bout dans un recueil intitulé Caractères. Il a publié plusieurs ouvrages dont : Les ultimes rosées et le dernier : Empreintes.
Autres textes :
Dire le beau
Tempête à Douarnenez
De doux souvenirs
Voeux

→ Son compte Twitter
→ Sa page Facebook


Bruit d'automne
Alain RIPAUX

y

J’entends glisser le long du toit
Qui lentement résonne
Ta voix, voici ta pluie, automne,
Comme un refrain courtois.

J’écoute ce bruit qui frissonne
Masquant le ciel tout gris.
Tu m’as toujours, fidèle, appris
Qu’il n’est pas monotone.

Je le connais pour mon ami,
Et tandis qu’il fredonne
En brisant l’air du jour atone,
Le temps s’est endormi.

 

© Alain RIPAUX


Alain Ripaux (1948-aujourd'hui)
Habitant en région parisienne, Alain Ripaux a été ingénieur en physique et a travaillé en laboratoires de recherche et dans l'enseignement. La poésie a exercé sur lui une grande fascination dès sa jeunesse. Après une première période de production, il s'est consacré à sa famille puis il a repris l'écriture en 2001. Il a collaboré dans plusieurs revues littéraires et publié plusieurs recueils.
Autre texte : → Spectacle


Il pleut, mon soleil !
Mokhtar EL AMRAOUI

y

Ecoute cette pluie ! Regarde-la, elle luit !
Elle nous invite à y peindre un soleil
Gros d’amour comme nos deux cœurs
Qui s’éveillent, tonnants labours d’eau, de sueur,
En sillons de mots, en caresses de lueurs,
Pour qu’éclosent de joies toutes nos fleurs !
Sur leurs rires argentés mouillés sans pleurs,
De tous leurs traits de rideaux d’eaux,
Crissent, en frémissantes feuilles et peaux,
Les fièvres ivres de nos douces fureurs !
Elles nous tombent dessus, trombes de joueurs,
Pour nous parfumer, loin de toute douleur,
Pour nous arroser, pour nous enlever, en chœur,
Vers les promesses de leurs fluviales hauteurs !
Ecoute-la, cette pluie ! Regarde-la, elle luit,
Pour assoiffer d’amour le soleil de nos deux cœurs !

 

© Mokhtar EL AMRAOUI


Mokhtar El Amraoui (1955-aujourd'hui)
Poète d’expression française né à Mateur, en Tunisie, Mokhtar El Amraoui a enseigné la littérature et la civilisation françaises pendant plus de trois décennies, dans diverses villes de la Tunisie. Il est passionné de poésie depuis son enfance. Il a publié quatre recueils de poésie et plusieurs de ses poèmes ont été publiés sur Internet et en revues-papier.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Blog de l'auteur : https://mokhtarivesenpoemesetautresvoyages.blogspot.com/ 


Buée
Sedna

y

Encore une vague écorchant le sable.

Les heures perdues s’accrochent là-bas

Au vieux porte-manteau de notre plage

Entre les pluies blanches et mon cabas.

Et le tambour de l’automne miaule

Dans le bosquet où se cache l’oiseau.

Grandit le châle humide sur le saule

Qui frissonne comme les gouttes d’eau.

Sur le parvis de l’ombre, la tête haute,

Un vent frais souligne les cernes gris

Des nuages se redressant sans faute

Au-dessus des grands arbres assoupis.

Des ondées de mots dévalent la page.

Un souvenir d’été me prend la main,

La saison allaite le paysage

Avec le lait roux coulant de son sein.

Si je glisse mon cœur sous ton écorce,

Viendras-tu réchauffer le jour levant.

L’aube brumeuse s’enfuit et amorce

Sa course au-delà des voix du néant.

L’horizon défait construit sa muraille

En bavardant avec l’éternité.

J’imagine derrière la broussaille

Un toit à l’étoile où je t’ai caché.

 

© SEDNA


Sedna
Résidant en Charente-Maritime, Sedna a toujours eu la passion des mots. Elle aime les rimes et travaille principalement avec le Traité de Sorgel en poésie classique. Elle aime la mer, le ciel qui sont ses sources d'inspiration permanente. La sauvegarde de notre planète est l'une de ses préoccupations.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son site :
→ http://www.cassiopee17.fr/


Nous voilà exaucés ...
Nous sommes saucés !
Christian SATGÉ

y

Choyant froide et drue, la pluie flagelle
Sans pitié sol et margelles
De puits saturés, toits de bois,…
La terre, pourtant avide, boit
Moins hélas qu’elle ne ruisselle,
En torrents d’eau, en coulées de boue,…
Tous ces bruits le silence cèlent,
Nous tiennent éveillés, debout…

L’eau que nous espérions, en larmes,
Que nous implorions pour ses charmes,
La pluie qui est promesse de vie,
Semailles réussies à l’envi,
Et, plus, l’espoir de moissons fécondes
Apporte destructions et mort.
Déjà le fleuve grossit. Son onde
Grogne, gronde et rugit sous l’effort
Qu’elle fait pour accoucher très vite
De ces débordements qui n’évitent
Jamais de saccager, ravager
Ce que les averses enragées
N’ont pas jà laminé quand s’emportent
Ainsi les nues noircies, obscurcies.
Hélas, il en est toujours ainsi,
Quand pleurent les cieux à nos portes…

Et la cascade des flots d’en haut,
Aux courants d’en bas tout en rehauts
Va se joindre comme une divine
Malédiction que l’on devine
Sans la comprendre : certes, on priait
Pour avoir ondée, crachin, bruine,…
Mais pas gros grain menant à ruine.
Or le Ciel de nos maux riait…

 

© Christian SATGÉ


Christian Satgé (1965-aujourd'hui)
Auteur prolifique, fabuliste et conteur éclectique, Christian Satgé est professeur d'histoire-géographie dans le département des Hautes-Pyrénées. Il a publié plusieurs recueils et près d'une trentaine de ses textes figurent dans Le Monde de Poetika.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son blog : → https://lesrivagesdurimage.blogspot.com/

→ Sa page Facebook


L'automne a lentement
mouillé les paysages
Anna de NOAILLES

y

L’automne a lentement mouillé les paysages ;
Son humide tristesse en mon cœur s’insinue.
La nature, pourtant, ne peut me sembler nue.
Puisque en elle, au lointain, respire ton visage.

Je reproche à mes yeux de se sentir déçus
Par la légère pluie enserrant l’univers.
Mais l’été fut plaintif. Bientôt voici l’hiver.
Et je me sens mourir, car je n’ai pas reçu
Les seuls dons que mon cœur hanté se représente :
Mon épaule meurtrie, et ta tête, pesante…

 

© Anna de NOAILLES


Anna de Noailles (1876-1933)
Poétesse et romancière française d'origine roumaine, la comtesse Anna de Noailles passe son enfance entre Paris et le lac Léman où ses parents ont une propriété. En épousant Mathieu de Noailles, elle fait partie de la haute bourgeoisie parisienne et attire l'élite intellectuelle, littéraire et artistique dans son salon situé avenue Hoche. Son premier recueil, Le Coeur innombrable (1901) eut un succès retentissant. Elle fut la première femme commandeur de la Légion d'honneur. Son lyrisme passionné s'exalte dans une œuvre qui développe, d'une manière très personnelle, les grands thèmes de l'amour, de la nature et de la mort.
Autres textes :
Le verger
J'écris pour que le jour...
Chaleur
Le temps de vivre
Les saisons et l'amour
Source : http://www.annadenoailles.org/
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Chanson de la pluie
Maurice FOMBEURE

y

A dos de mule
A dos d'oiseau
A dos de libellule hulot
A dos de rat-mulot
A pas de campanule
A bras de mélilot
S'en va la pluie à bulles
S'en va la pluie sur l'eau

Une pluie fil à fil
Qu'habille l'horizon
Et de fil en aiguille
Va jusqu'à la maison

 « Va jusqu'à la maison
Tu trouveras ta mère
Qu'est assise au tison
Qui recoud des linceuls
Ou qui tire au rouet
Toute sa vie amère,
Demande-lui z'à boire
Z'à boire et à manger... »
Mais la pluie perd la mémoire
A force de voyager

A force de voyager
Sur ses pattes de gouttes rondes
Faire le tour du monde.
A dos de mule
A dos d'oiseau
A dos de libellule hulot
A dos de rat-mulot
A pas de campanule
A bras de mélilot
S'en va la pluie à bulles
S'en va la pluie sur l'eau !

 

© Maurice FOMBEURE


Maurice Fombeure (1953-aujourd'hui)
Né dans la Vienne, professeur de lettres, il reste très attaché à sa région natale qui inspire sa poésie. Un musée lui est consacré à Bonneuil-Matours (Vienne).
Autres textes :
C'est le joli printemps 
Complainte du marin trompé
Les écoliers 
→ Sa biographie sur Wikipédia


Perles de pluie
Christine DUHAMEL

y

Sous les tuiles, j'entends la pluie
Qui roule, déboule, s'enroule,
Jusqu'au bord du toit, sans soucis !
J'entends les gouttes finir en boules.

Je vois son cristal s'édifier en force,
Tombant allègrement des nuages gris,
Sans penser à l'obstacle qui la force,
A s'écraser avec fracas, avec parcimonie.

En multitudes de gouttes orchestrées,
La musique de la pluie pose ses refrains
Sur une portée de déferlantes illustrées,
Qui s'écoule sur nos trottoirs en vain !

La pluie nous invite souvent de sa vie,
Nos toits bien penchés parlent du climat,
Nos pluies ont leur chemin tout engourdi
Par ses fréquences et sa joie de tomber là !

 

© Christine DUHAMEL


Christine Duhamel (1961-aujourd'hui)
Originaire du Nord de la France, le coeur de Christine Duhamel vibre dans l'écriture de poèmes. Elle a créé son blog pour exprimer les envies, les joies et les peines vécues au fil de ce monde si compliqué parfois mais plein de jolies surprises aussi.
Son blog : → https://www.didacticielles.com/


Danse de pluie
Poetika

y

Le vent chuchote
Comme un essaim
La pluie clapote
Dans le jardin

Elle dégringole
Et puis ruisselle
Dans la rigole
Qui se réveille

Le soir est bleu
Comme la lavande
Qui danse un peu
Au bord des landes

Toutes les fleurs
Sont chavirées
Et dans mon coeur
Tout est mouillé

 

© Poetika


Poetika
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Jour pluvieux d'automne
Michel BEAU

y

Une feuille rousse
que le grand vent pousse
dans le ciel gris-bleu,
l’arbre nu qui tremble
et dans le bois semble
un homme frileux,

une gouttelette
comme une fléchette
qui tape au carreau,
une fleur jaunie
qui traîne sans vie
dans la flaque d’eau,

sur toutes les choses
des notes moroses,
des pleurs, des frissons,
des pas qui résonnent :
c’est déjà l’automne
qui marche en sifflant sa triste chanson.

 

 

© Michel BEAU


Michel Beau
Originaire du Limousin, Michel Beau a écrit ses premiers poèmes à 11 ans. Titulaire de nombreux prix de poésie, lauréat de l'Académie française en 1969, il a publié de plusieurs recueils. Il a été également directeur de la revue Visages du XXè siècle.
Source : → Centre Régional du Livre en Limousin


Chanson d'automne
Paul VERLAINE

y

Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone. 

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure, 
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure

Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà, 
Pareil à la
Feuille morte.

 

© Paul VERLAINE


Paul Verlaine (1844-1896)
Ecrivain et poète français, Paul Verlaine écrit son premier recueil (Poèmes Saturniens) à l'âge de 22 ans. Sa vie est bouleversée lorsqu'il rencontre Arthur Rimbaud. Leur vie amoureuse, tumultueuse et errante le poussera à blesser Rimbaud et il passera deux ans en prison où il écrira plusieurs recueils. Usé par l'alcool et la maladie, Verlaine meurt d'une pneumonie aiguë à 51 ans. Archétype du poète maudit, Verlaine est reconnu comme un maître par la génération suivante. Son style et la tonalité de nombre de ses poèmes révèlent, au-delà de l'apparente simplicité formelle, une profonde sensibilité, en résonance avec l'inspiration de certains artistes de l'époque.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
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Il pleut
Francis CARCO

y

Il pleut — c’est merveilleux. Je t’aime.
Nous resterons à la maison :
Rien ne nous plaît plus que nous-mêmes
Par ce temps d’arrière-saison.

Il pleut. Les taxis vont et viennent.
On voit rouler les autobus
Et les remorqueurs sur la Seine
Font un bruit… qu’on ne s’entend plus !

C’est merveilleux : il pleut. J’écoute
La pluie dont le crépitement
Heurte la vitre goutte à goutte…
Et tu me souris tendrement.

Je t’aime. Oh ! ce bruit d’eau qui pleure,
Qui sanglote comme un adieu.
Tu vas me quitter tout à l’heure :
On dirait qu’il pleut dans tes yeux.

 

© Francis CARCO


Francis Carco (1886-1958)
Ecrivain, poète, journaliste et parolier français né à Nouméa en Nouvelle-Calédonie, il définit lui-même son œuvre comme un romantisme plaintif où l’exotisme se mêle au merveilleux avec une nuance d’humour et désenchantement. Dans ses livres transparaît l'aspiration à un ailleurs : des rues obscures, des bars, des ports retentissant des appels des sirènes, des navires en partance et des feux dans la nuit. L'enfant battu par son père corse consacra sa vie aux minorités et en fera souvent le sujet de ses romans.
Autres textes :
Province 
Berceuse 
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Sur le site
Brumes et pluies de Charles Baudelaire
Après la pluie de Tristan Corbière
C'est l'automne de Jules Laforgue
Laurence endormie de Patrice de La Tour du Pin

Votre poème ici
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→ Citations autour du thème

Une pluie de larmes ne peut rien contre la sécheresse du coeur... Pas plus que l'eau dans le vin pour en ranimer le bouquet.
Jacques PREVERT


Ne refuse pas le gris de la pluie si tu veux voir toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Ne refuse pas certains chemins de souffrances si tu veux voir s'illuminer de la plus belle façon certains horizons qui te sont réservés.
François GARAGNON, philosophe du quotidien


Les larmes sont la pluie de l'âme. Elle lave toutes les crasses.
Henri GOUGAUD


Il y a des pluies de printemps délicieuses où le ciel a l'air de pleurer de joie.
Paul-Jean TOULET


En Angleterre, c'est facile de savoir si l'été est enfin là : la pluie devient plus chaude.
Tim HARROD