Ecrire des vers à vingt ans, c'est avoir vingt ans.
En écrire à quarante, c'est être poète.
Francis Carco 

Silence, ça pousse !
La nature au jardin



Les petits oiseaux
Sylvie CROCHARD

y

Les petits oiseaux
Picorent les gâteaux
D'apéritif à la tomate
Qui n'étaient pas adéquats
Parce que peu goûteux,
Mais pas pour eux.


Ils repoussent les feuilles,
Ils ont bon œil.
Parfois ils se cognent contre les vitres :
Ils font les pitres.


Ils observent la nature,
Sont sensibles aux changements.
Ils volent au gré du vent,
Ils picorent à vive allure.


Oiseaux des champs
Virevoltant.
Oiseaux du jardin,
Si malins,
Veulent manger à leur faim.

 

© Sylvie CROCHARD


Sylvie Crochard (1976-aujourd'hui)
Ouvrière en milieu protégé, Sylvie Crochard a publié plusieurs recueils. Passionnée de piano, elle s’inspire également de la musique dans ses poèmes.
Autre texte : → L'Ukraine saigne...
Sa page Facebook : https://www.facebook.com/poetecrochard


Graines
Michelle GRENIER

y

Cette graine qui coule
au sillon de ma main,
qu’en naîtra-t-il demain ?
Un chardon, une ombelle,
un poème qui germe ?

Grain de blé, grain de mie
cœur du grain qui palpite,
sachant qu’en elle habite
une vie qui attend
patience de la terre
sous la pluie traversière.

Fenouil marjolaine
en noces de pollens
tout un semis de vie
a percé le mystère
où mûrit la lumière.

Féconde semence
des paradis poivrés
elle plonge ses racines,
à grossir elle s’entête
lève soudain la tête.
Les oiseaux chapardeurs
en quête de fredaines
se nourrissent de rien,
et font un grand festin.

Au jardin reverdi
embaume la verveine
et là bas, nos baisers
grains sonores parsemés
au loin s’en vont éclore.

 

© Michelle GRENIER


Michelle Grenier
Mich'Elle Grenier est poète, fabuliste et parolière. Persuadée que la poésie est l’essence du langage, elle nous invite, de sa voix singulière, à ne pas nous laisser tentaculer par le chiendent rampant. Car on prête souvent à la poésie des airs d'austérité voire de mélancolie chronique. Mich'Elle Grenier prouve le contraire et sans niaiserie, rimant avec une acuité personnelle sur les choses de la vie. Elle a publié plusieurs recueils et figure au palmarès de plusieurs grands concours de poésie.
Autres textes :
Tu me diras
Poésizanie 
Gavroche du crayon
Son site : → http://www.michellegrenierpoete.com/


C'est un matin d'avril
FLORE

y

C’est un matin d’avril
Un peu frais, lumineux,
Un oiseau se faufile
Sous une pervenche bleue.

Sur l’herbe la rosée
Scintille de mille feux,
Les fleurs de cerisiers
Frissonnent encore un peu

Déjà sous le soleil
Naissent les lilas blancs
Et une petite abeille
S’envole en tremblant,

Espérant butiner
Les toutes premières fleurs,
Tendrement alignées
Dans leur robe de couleur.

C’est un matin d’avril,
Un printemps merveilleux,
Tout est encore fragile
Mais nous sommes si heureux.

 

© FLORE


Flore
Écrire est la passion de Flore. Au travers de ses poèmes, elle essaie de transmettre ses émotions et au travers de ses émotions l’amour du partage.
Elle a publié deux recueils La Poésie de Flore, tomes 1 & 2 chez TheBookEdition.
Autre texte : → Exode
→ Découvrir son dernier recueil
→ Sa page Facebook


La métamorphose
Magali BRETON

y

Mes mains explorent la matière vivante
Elles plongent sans peur dans la terre accueillante
Mes doigts s’enlisent dans la masse d’argile
Déliant les effluves d’un humus fertile

Je me vois troublé par sa grande clémence
Alors que l’on vient de faire connaissance
Comme si une femme devant chez moi
M’attendait patiemment pour m’offrir ses bras

Et l’arbre incliné contemple mon ouvrage
Surpris de découvrir enfin mon visage
Moi qui n’étais qu’une frêle silhouette
Les yeux dans le vague à ma triste fenêtre

J’ai placé devant moi délicatement
Tel un don sacré en hommage au vivant
Une simple graine offerte par mon père
Pour panser les plaies de mon coeur solitaire

En un geste prudent j’enfouis ma semence
Le temps est venu pour une autre existence
J’implore le pardon d’un éden futur
Qui me rapprocherait de dame nature

Voici venue l’heure de ma repentance
Serai-je assez digne d’une récompense ?
Filent ainsi les jours forgeant mon destin
Lorsque feuille et fruit apparaissent enfin

Ma piètre récolte me semble grandiose
Elle signe pour toujours ma métamorphose
Je quitte à jamais ce monde d’égarés
Adieu, je suis heureux, je suis jardinier

 

Photographie : © Muriel PIC

 

© Magali BRETON


Magali Breton
Auteure-compositrice-interprète, Magali Breton est aussi comédienne, auteure de textes de chanson française dont ceux de son album intitulé « Regard de femmes » primé à Barbizon 77, lors du concours « La palette en chansons », avec pour parrain Bernard Sauvat. En 2019, elle se consacre à l’écriture d’une pièce de théâtre musical sur la vie et l’œuvre de l’artiste peintre Rosa Bonheur : « Les messagères de Rosa Bonheur ». Le spectacle est créé en 2020, avant d’être stoppé net par la crise sanitaire et la fermeture des salles de spectacle, avant de connaître un beau succès en tournée. Cette période se mue en une inépuisable source d’inspiration pour écrire un recueil intitulé « Les Covidiennes » édité en 2022. Elle choisit la poésie pour nous livrer des instants de vie en quelques vers et nous absorber dans l’intimité, la profondeur et l’exacerbation des sentiments. Elle fait appel à Muriel Pic, photographe, ainsi qu’à Patrick Carmier, pianiste compositeur, pour sublimer les textes par l’image et la musique. Cela donne naissance à un nouveau spectacle.
Autres textes :
→ Prends ma canne 
→ Viens frapper à ma porte 
→ Rejoindre Thomas Pesquet 
→ Lorsque tu fermeras mes yeux
Son site : → Les Messagères de Rosa Bonheur
Sa page Facebook : https://www.facebook.com/lelienparlart
Sa chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/UC6zEpDLSwB9-zqZok3H72BA


Mon jardin
Mokhtar EL AMRAOUI

y

Mon jardin mon sublime jardin
Tu es le royaume de subtils parfums
Je te soignerai toute ma vie de mes mains
Tu m’offres tulipes roses lilas jasmins
Et tant d’autres enivrantes fleurs
Essuyant de leurs dansants pétales mes pleurs
Me faisant oublier magiquement mes douleurs
Te butinent en vibrants chantonnants chœurs
Egayant généreux tendrement mon triste coeur
Tant d’oiseaux de papillons d’abeilles
Toutes les lunes et les étoiles du ciel
Des bras de tes arbres altiers se lèvent
Les naissants soleils vermeils
Rassasiés des élixirs de tes sèves
Eblouis par toutes tes merveilles
Ragaillardis de tes sucs et miels
Se lovent ébahis dans tes lumineuses frondaisons
Mon cher jardin tu es si beau en toutes saisons
Bien loin des bas leurres haines et sordides fiels

 

Mokhtar EL AMRAOUI


Mokhtar El Amraoui (1955-aujourd'hui)
Poète d’expression française né à Mateur, en Tunisie, Mokhtar El Amraoui a enseigné la littérature et la civilisation françaises pendant plus de trois décennies, dans diverses villes de la Tunisie. Il est passionné de poésie depuis son enfance. Il a publié quatre recueils de poésie et plusieurs de ses poèmes ont été publiés sur Internet et en revues-papier.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Blog de l'auteur : https://mokhtarivesenpoemesetautresvoyages.blogspot.com/


Fleurs de printemps
Monique DEVEZ VALLIENNE

y

Pervenches, jolies fleurettes,
Vous m'en mettez tout plein la tête,
De rêve et de volupté,
En ce jeune printemps qui naît.

 

Vous garnissez un coin de vert
Où les oiseaux aiment à jouer
De leur voix, magique mystère
Qui accentue tant leur beauté.

 

Pissenlits, douces pâquerettes,
Giroflées, corbeille d'argent,
Jonquilles, tendres violettes,
Cerisiers roses et pêchers blancs.

 

Forsythia jaune, pâle doucette,
Primevères et leurs tons changeants,
Narcisses fiers et aubriète,
Vous me ravirez tout le temps.

 

Pervenches, jolies fleurettes,
Vous m'en mettez tout plein la tête,
De rêve et de volupté
En ce jeune printemps qui naît.

 

© Monique DEVEZ VALLIENNE


Monique Devez Vallienne (1955-aujourd'hui)
D'origine cantalienne et retraitée de l'enseignement public, Monique Devez Vallienne a toujours aimé écrire. Elle est poétesse, romancière et nouvelliste. Elle aime les mots et la nature ; elle les réunit dans ses poèmes, qui lui viennent souvent alors qu’elle est installée au cœur d'un majestueux paysage. À travers ses rimes et ses rythmes, elle vous fait découvrir des sites indomptés dont le charme coupe le souffle, si on sait les savourer. Au fil de ses recueils, on peut réapprendre à voir, écouter, sentir et respirer dans un monde où cela s'oublie.
Elle a déjà publié plusieurs recueils ainsi que plusieurs romans dont le dernier Les silences de Rochecombe - Léonie au détour de l'amitié, est le premier tome d'une saga, publié fin août 2022.
Autre texte :
Coucher de soleil sur la Marche
Son site :

→ moniquedevezvallienne.com


Ces fleurs printanières
Dont le coeur ne bat que par amour...
Yolaine BLANCHARD

y

Où chante le coucou, sa fleurette répond :
Clochette jaune d’or et feuillage en rosette,
Ombelle couronnée avec une frisette,
Dont le nectar sucré fournit un suc fécond.


À l’abri d’un bosquet, d’un bercement d’ombrelle,
N’osant pas nous montrer son sourire effronté,
La modeste pervenche, en son tapis bleuté,
S’étoile simplement en vive ribambelle.


Même si, celles-ci, n’offriront aucun fruit,
Le groseillier à fleurs nous tend ses grappes roses,
Et non sans jalouser les fières primeroses
Que l’été nous présente en reines de la nuit.


Pivoine romantique à l’odeur captivante,
Glycines et lilas suivent à petits pas,
Superbe apothéose au sein de leurs appas
Que sublime l’artiste en sa toile émouvante…


L’hirondelle fredonne un air mélodieux,
Où vibre ce refrain que l’amour aiguillonne,
Ce message à saisir avant que papillonne
La belle aventureuse en un vol radieux…

 

© Yolaine BLANCHARD


Yolaine Blanchard
Membre active et trésorière de l'Association Les Poètes de l'Amitié - Poètes sans frontières, Yolaine Blanchard publie régulièrement dans cette revue et lance chaque année aux côtés de son mari, Stephen Blanchard, président de l'Association, le prix de Poésie Yolaine et Stephen Blanchard qui récompense un recueil de poésie (tirage de l'ouvrage entre 300 et 500 exemplaires, dont 150 offerts au lauréat).
→ Le blog de l'association : https://poetesdelamitie.blog4ever.com/


Ce jardin où tu n'es pas
David FOUCHER

y

« L'absence est le contraire de l'absence quand on aime :

comment douter de l'existence d'un soleil !  »

Marcel Jouhandeau  


Me voici solitaire à flâner au jardin
Parmi les ancolies exhibant leurs merveilles
Au pied d'un seringa aux senteurs de jasmin.
Un hélianthe éclatant s'apparente au soleil
Et me rappelle alors ta radieuse prestance
Tandis qu'une fauvette interrompt le silence.


Une brise légère agite avec douceur
La gracile amourette et ses blancs épillets.
Pourra-t-on partager ces instants de bonheur,
Respirer de concert le parfum des œillets ?


Un flambé sémillant qui volette insouciant,
Deux rosiers majestueux aux boutons carminés,
Il ne manque en ce lieu follement luxuriant
Que le reflet de toi dans mes yeux fascinés.

 

© David FOUCHER


David Foucher
Résidant en Loire-Atlantique, David Foucher est préparateur en pharmacie. Il participe à de nombreux concours de poésie et a été lauréat au concours Poetika en 2007 & 2008.
Autres textes :
Confinement
Le plumoriste (primé)
Intolérance aviaire
(primé)


Ma mère me mène au jardin
Federico GARCIA LORCA
y


Ma mère me mène au jardin
Dans la lumière qui commence
Voir les fleurs s'ouvrir au matin
Lorsque les branches se balancent
Mille fleurs disent mille contes
A mille amoureuses, tout bas,
Tandis que le rossignol ne dit pas.

Ouverte était la rose
Avec l'aube levée,
De tendre sang si rose
Que fuyait la rosée ;
Sur sa tige si chaude
Que le vent s'y brûlait,
Si brillante, si haute !
Elle s'épanouissait !

L'héliotrope répétait :
"Sur toi je viens poser mes yeux."
"Vivante je ne t'aimerais",
Répond le basilic en fleurs.
Violette dit : "Je suis timide."
Rose blanche : "Je suis froideur."
Jasmin : "Fidèle au coeur limpide."
L'oeillet : "Je suis tout de passion."

 

Federico GARCIA LORCA


Federico Garcia Lorca (1898-1936)
Poète et dramaturge espagnol, Gabriel Garcia Lorca avait aussi des talents de peintre et de musicien. Devant cacher son homosexualité, il est victime d'une dépression en 1929 et part faire un long voyage aux Etats-Unis. De retour en Espagne en 1931, il est nommé directeur de la société de théâtre étudiante subventionnée, La Barraca. En 1936, sans doute à cause de son homosexualité, il est arrêté et exécuté par les milices franquistes. Malgré les recherches pour retrouver son corps, jeté à la fosse commune de Viznar, il ne sera jamais retrouvé. Ses oeuvres ont été interdites en Espagne jusqu'en 1953.
Autre texte : → Désir
→ Sa biographie sur Wikipédia


Un jardin sous mes mots
Francis Etienne SICARD

y

Roses, jasmins, iris, lilas, volubilis,
Cerisiers du Japon et jeunes arbousiers,
Colorant le matin de leurs chants printaniers
Adornent mon jardin de vivants ex libris.


Abeilles et frelons s’y disputant les lys,
Piétinent les pistils sans aucune pitié,
Alors que, s’échappant des pages d’un herbier,
Un papillon de nuit dévore un myosotis.


Solitaire et pensif, un arôme somnole
Sous le dais argenté d’un antique olivier,
Dont l’ombre de satin imite l’Acropole.


Dans mon jardin aussi, le soleil a planté
Une pure fontaine, comme un encrier,
Où je plonge ma plume et bois l’éternité.

 

© Francis Etienne SICARD


Francis Etienne Sicard (1952-aujourd'hui)
Ecrivain et poète, Francis Etienne Sicard se passionne, dès l’adolescence, pour la littérature, et en particulier pour Marivaux et Marcel Proust. Des études en Lettres Classiques le conduisent à Lyon où il complète sa formation d’enseignant. Après plusieurs séjours à Antibes et à Nice, il quitte Berlin pour se mettre au service d’une famille aristocratique allemande avec laquelle il voyage en Europe, en Asie et aux États-Unis. Il en rapporte une importante correspondance, caractéristique de son goût pour l'épistolaire. Il rejoint le Languedoc en 1998. Il publie quelques textes dans la presse et répond à des appels à écriture, notamment à ceux de France Musique. Lauréat du concours Charles Trenet en 2011 dans la catégorie Poésie de forme classique, il entre en 2013 dans l’anthologie mondiale et plurilingue du sonnet Le Phénix renaissant de ses cendres. Aujourd’hui il élargit son champ d’écriture à la nouvelle et se lance un défi : la rédaction d’une partie de ses mémoires.
Du même auteur : → Campanile d'hiver  
→ Blog de l'auteur : Lettres de soie rouge


Toute pensée est une fleur
Henri-Frédéric AMIEL

y


Toute pensée est une fleur
Unique en son espèce,
Qui naît, s’ouvre et brille, lueur
Dans notre nuit épaisse.

Elle paraît et disparait
Comme un rêve à l’aurore.
D’où vient-elle ? C’est un secret.
Où va-t-elle ? On l’ignore.

Dans son éclat, dans sa fraîcheur,
Avant qu’elle nous laisse,
Embaumons-la, forme et couleur,
La frêle enchanteresse.

Toute pensée est une fleur
Unique en son espèce.

 

Henri-Frédéric AMIEL


Henri-Frédéric Amiel (1821-1881)
Henri Frédéric Amiel est un écrivain et philosophe suisse romand, célèbre pour son gigantesque journal intime (17 000 pages, de 1839 à 1881). Professeur d’esthétique et de littérature française à l'université de Genève grâce à son étude Du Mouvement littéraire dans la Suisse romande et de son avenir. De 1854 jusqu'à sa mort, il conserva sa chaire de philosophie. Il a publié plusieurs volumes de poèmes, d’études historiques ou philologiques et des essais philosophiques influencés par la philosophie idéaliste allemande.
Autres textes :
Une nuit sur la plage
Printemps du Nord
→ Sa biographie sur Wikipédia


Le verger
Anna de NOAILLES

y


Dans le jardin, sucré d'oeillets et d'aromates,
Lorsque l'aube a mouillé le serpolet touffu,
Et que les lourds frelons, suspendus aux tomates,
Chancellent, de rosée et de sève pourvus,

Je viendrai, sous l'azur et la brume flottante,
Ivre du temps vivace et du jour retrouvé,
Mon coeur se dressera comme le coq qui chante
Insatiablement vers le soleil levé.

L'air chaud sera laiteux sur toute la verdure,
Sur l'effort généreux et prudent des semis,
Sur la salade vive et le buis des bordures,
Sur la cosse qui gonfle et qui s'ouvre à demi ;

La terre labourée où mûrissent les graines
Ondulera, joyeuse et douce, à petits flots,
Heureuse de sentir dans sa chair souterraine
Le destin de la vigne et du froment enclos.

Des brugnons roussiront sur leurs feuilles, collées
Au mur où le soleil s'écrase chaudement ;
La lumière emplira les étroites allées
Sur qui l'ombre des fleurs est comme un vêtement.

Un goût d'éclosion et de choses juteuses
Montera de la courge humide et du melon,
Midi fera flamber l'herbe silencieuse,
Le jour sera tranquille, inépuisable et long.

Et la maison, avec sa toiture d'ardoises,
Laissant sa porte sombre et ses volets ouverts,
Respirera l'odeur des coings et des framboises
Éparse lourdement autour des buissons verts ;

Mon coeur, indifférent et doux, aura la pente
Du feuillage flexible et plat des haricots
Sur qui l'eau de la nuit se dépose et serpente
Et coule sans troubler son rêve et son repos.

Je serai libre enfin de crainte et d'amertume,
Lasse comme un jardin sur lequel il a plu,
Calme comme l'étang qui luit dans l'aube et fume,
Je ne souffrirai plus, je ne penserai plus,

Je ne saurai plus rien des choses de ce monde,
Des peines de ma vie et de ma nation,
J'écouterai chanter dans mon âme profonde
L'harmonieuse paix des germinations.

Je n'aurai pas d'orgueil, et je serai pareille,
Dans ma candeur nouvelle et ma simplicité,
A mon frère le pampre et ma soeur la groseille
Qui sont la jouissance aimable de l'été,

Je serai si sensible et si jointe à la terre
Que je pourrai penser avoir connu la mort,
Et me mêler, vivante, au reposant mystère
Qui nourrit et fleurit les plantes par les corps.

Et ce sera très bon et très juste de croire
Que mes yeux ondoyants sont à ce lin pareils,
Et que mon coeur, ardent et lourd, est cette poire
Qui mûrit doucement sa pelure au soleil...

 

Anna de NOAILLES


Anna de Noailles (1876-1933)
Poétesse et romancière française d'origine roumaine, la comtesse Anna de Noailles passe son enfance entre Paris et le lac Léman où ses parents ont une propriété. En épousant Mathieu de Noailles, elle fait partie de la haute bourgeoisie parisienne et attire l'élite intellectuelle, littéraire et artistique dans son salon situé avenue Hoche. Son premier recueil, Le Coeur innombrable (1901) eut un succès retentissant. Elle fut la première femme commandeur de la Légion d'honneur. Son lyrisme passionné s'exalte dans une œuvre qui développe, d'une manière très personnelle, les grands thèmes de l'amour, de la nature et de la mort.
Autres textes :
J'écris pour que le jour...
Chaleur
Le temps de vivre
Les saisons et l'amour
Source : http://www.annadenoailles.org/
→ Sa biographie sur Wikipédia


Cythère
Paul VERLAINE

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Un pavillon à claires-voies
Abrite doucement nos joies
Qu'éventent des rosiers amis ;


L'odeur des roses, faible, grâce
Au vent léger d'été qui passe,
Se mêle aux parfums qu'elle a mis ;


Comme ses yeux l'avaient promis,
Son courage est grand et sa lèvre
Communique une exquise fièvre ;


Et l'Amour comblant tout, hormis
La faim, sorbets et confitures
Nous préservent des courbatures.

 

Paul VERLAINE


Paul Verlaine (1844-1896)
Ecrivain et poète français, Paul Verlaine écrit son premier recueil (Poèmes Saturniens) à l'âge de 22 ans. Sa vie est bouleversée lorsqu'il rencontre Arthur Rimbaud. Leur vie amoureuse, tumultueuse et errante le poussera à blesser Rimbaud et il passera deux ans en prison où il écrira plusieurs recueils. Usé par l'alcool et la maladie, Verlaine meurt d'une pneumonie aiguë à 51 ans. Archétype du poète maudit, Verlaine est reconnu comme un maître par la génération suivante. Son style et la tonalité de nombre de ses poèmes révèlent, au-delà de l'apparente simplicité formelle, une profonde sensibilité, en résonance avec l'inspiration de certains artistes de l'époque.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Sa biographie sur Wikipédia


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Silence, ça pousse !
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→ Citations autour du thème

Il y a dans le monde des jardiniers invisibles qui cultivent les rêves des autres.
Jeanne BENAMEUR


Ne laisse entrer dans le jardin de ta vie que ceux qui ont des fleurs à planter.
Mazouz HACENE


Un jardin, même tout petit, c'est la porte du paradis.
Marie ANGEL


Le bout du monde et le fond du jardin contiennent la même quantité de merveilles.
Christian BOBIN


Garder l'amour dans votre coeur. Une vie sans amour est comme un jardin sans soleil où les fleurs sont mortes. La conscience d'aimer et être aimé offre tant de chaleur et richesse à la vie que rien d'autre ne peut apporter.
Oscar WILDE