Ecrire des vers à vingt ans, c'est avoir vingt ans.
En écrire à quarante, c'est être poète.
Francis Carco 

Poésie voyageuse
Villes, pays, lieux et endroits insolites



Volutes de brume sur la route du Cantal
Monique DEVEZ VALLIENNE

y

Sur le viaduc de la Violette
Où nous passons, matin de pluie,
Nous surprenons maintes voilettes
Qui planent dans ce paradis.


En effet, des nappes de brume
Emportées par le vent câlin
S'élèvent doucement vers la lune
Qui s'est cachée de bon matin.


On dirait une féerie
Animée du temps de la pluie :
Car ces nuages utopies
Ondulent en entrelacs exquis.


Massiac se perd, se ratatine :
Le ciel laiteux tombe en sourdine
Et mouillant le gros bourg de bruine
Annonce une journée badine.


Et La Fageolle est oubliée
Dans ce monde où virevolte
Un brouillard épais qui se tait
Et qui endort les fermes mortes.


Seulement, au long de la route
S'alignent en buissons épars
De beaux rideaux de brun qui gouttent ;
Arbustes d'ocre et roux se parent.


Brusquement, atteignant Coren
Des cieux plus clairs, gracieux, jaillissent :
Le voile opaque et libertin
A sombré en d'autres abysses.


Tout se discerne à présent
Le long de la route hivernale :
Place à la grisaille moment
Surgissent des merveilles spirales.

 

© Monique DEVEZ VALLIENNE


Monique Devez Vallienne (1955-aujourd'hui)
D'origine cantalienne et retraitée de l'enseignement public, Monique Devez Vallienne a toujours aimé écrire. Elle est poétesse, romancière et nouvelliste. Elle aime les mots et la nature ; elle les réunit dans ses poèmes, qui lui viennent souvent alors qu’elle est installée au cœur d'un majestueux paysage. À travers ses rimes et ses rythmes, elle vous fait découvrir des sites indomptés dont le charme coupe le souffle, si on sait les savourer. Au fil de ses recueils, on peut réapprendre à voir, écouter, sentir et respirer dans un monde où cela s'oublie.
Elle a déjà publié plusieurs recueils ainsi que plusieurs romans dont le dernier Les silences de Rochecombe - Léonie au détour de l'amitié, est le premier tome d'une saga, publié fin août 2022.
Autres textes :
Fleurs de printemps
Coucher de soleil sur la Marche
Son site :

→ moniquedevezvallienne.com


MYKONOS
Christine DUHAMEL

y

Sur ton île tachetée de moulins à gogo

Je me sens comme un pâtre grec illico

Sous les lumières embrasées d’un ciel

Se jettent les vagues claires bleu pastel.

                                                                
Tes multiples églises et chapelles blanches

Regorgent d’attrait et d’harmonie franche

Tes popes aux barbes et cheveux longs

Se reposent à l’ombre du soleil de plomb.

                                                             
Les cigales chantent les refrains Zorba

Les boîtes de nuit s’emplissent de gala

Les coeurs solitaires cherchent l’occasion

De s’unir au son des fleurs en diapason.

                                                         
Les bateaux qui emplissent et vident

Les tonnes de touristes, se décident

De voguer à qui mieux-mieux biaisant

Les flots rêveurs des mythes d’antan.

                                                           
Le poulpe des mers taquine franchement

Les filets du pécheur au gré du vent filant,

Sous les caprices de Poséidon la mer bleue

Chante l’épopée d’Homère et des dieux.

 

© Christine DUHAMEL


Christine Duhamel (1961-aujourd'hui)
Originaire du Nord de la France, le coeur de Christine Duhamel vibre dans l'écriture de poèmes. Elle a créé son blog pour exprimer les envies, les joies et les peines vécues au fil de ce monde si compliqué parfois mais plein de jolies surprises aussi.
Autre texte de l'auteure sur le site :
Perles de pluie
Son blog : → https://www.didacticielles.com/


Voyage
Mokhtar EL AMRAOUI

y

Proues de phasmes vêtues
Trahies par le glaive de l’éclair.
Elles titubent, en faisant tinter
Vers des rivages maudits,
Des coquillages et des crânes rêveurs
Où fleurissent, pourtant,
Les cendres de tant de naufragés moqueurs
Que les contes édentés des ports glacés
Ont ravi de trop d’ennuis et de misères.
La fumée de leurs pipes impatientes
Tisse de lourds filets
Où frétillent encore
L’argent et l’or
De tant de tributs et trophées

 

© Mokhtar EL AMRAOUI


Mokhtar El Amraoui (1955-aujourd'hui)
Poète d’expression française né à Mateur, en Tunisie, Mokhtar El Amraoui a enseigné la littérature et la civilisation françaises pendant plus de trois décennies, dans diverses villes de la Tunisie. Il est passionné de poésie depuis son enfance. Il a publié quatre recueils de poésie et plusieurs de ses poèmes ont été publiés sur Internet et en revues-papier.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Blog de l'auteur : https://mokhtarivesenpoemesetautresvoyages.blogspot.com/


Partir revenir
Jean-Charles PAILLET

y


L’attente du jour

et ce besoin d’ailleurs

de partir et de revenir

fait battre mon cœur

et mes tempes impatientes

 

La douce musique

des collines provençales

comme une fidèle boussole

guident mes pas sans faillir

 

Des pleines brassées

de rouquette fraîche

et d’amandes ensoleillées

font ardemment s’ouvrir

les bouches gourmandes

et rouler des mots affamés

 

Une immense joie s’emmêle

à l’air calme des collines

 

Jour de collines

et de soleil lourd

plein les bras

 

de divines cueillettes

qui étonnent les yeux

 

de rencontres amicales

embellissant la voix

 

et de chemins célestes

qui mènent à la Vie

 

© Jean-Charles PAILLET


Jean-Charles Paillet
Jean-Charles Paillet est animé par l’instant présent et les belles valeurs qui élèvent le coeur et l’âme... Sa poésie se retrouve dans ses dessins, ses photographies et ses chansons. Sa rencontre avec Yves Broussard est un tournant dans sa vie de poète.
Autres textes de l'auteur sur le site :
J'ai besoin
Il y a toujours quelque part en hiver
Entre la nuit et le silence
Mon enfant
La mer toujours
Ma crèche
→ Page Facebook : https://www.facebook.com/jeancharles.paillet.3


L'épi du voyage
Mokhtar EL AMRAOUI

y


Une fourmi peut te faire sortir du labyrinthe
Un duvet peut te montrer
le chemin secret des oiseaux
et leurs chants d’étoiles

Un grain de sable sait
de sa mémoire de miroir
te rappeler à l'immensité
du rire du désert

L'embrun vient toujours
aux noces des vagues
quand l'archet lunaire remue l'épi du voyage
quand le chien aboie de fleurs
d'avoir retrouvé la main chaude de son ami !

 

© Mokhtar EL AMRAOUI


Mokhtar El Amraoui (1955-aujourd'hui)
Poète d’expression française né à Mateur, en Tunisie, Mokhtar El Amraoui a enseigné la littérature et la civilisation françaises pendant plus de trois décennies, dans diverses villes de la Tunisie. Il est passionné de poésie depuis son enfance. Il a publié quatre recueils de poésie et plusieurs de ses poèmes ont été publiés sur Internet et en revues-papier.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Blog de l'auteur : https://mokhtarivesenpoemesetautresvoyages.blogspot.com/


Le voyage
Pierre-Etienne GIRARD

y


Un avion est monté par-delà les nuages.
Un bateau est parti pour un très long voyage.
Un train traversera de bien beaux paysages.
Je rêve dans ma tête comme un enfant sage.


Et l'avion va voler au-dessus des montagnes,
Décrocher une étoile en pays de Cocagne,
Se poser au soleil près de villes immenses
En pays où l'on rit, en pays où l'on danse.


Le long bateau tout blanc glissant sur l'océan
Va vers des pays bleus, des îles sous le vent,
Emportant avec lui des couples amoureux
Payant pour voir ailleurs si l'on est plus heureux.


Le beau train aux wagons capitonnés de cuir
Porte ses passagers comme s'ils voulaient fuir.
Grands trains de Sibérie ou grands trains de Turquie...
Ils vont chercher ailleurs ce qu'ils n'ont pas ici.


Et pendant ce temps-là, moi je voyage aussi.
Je vais avec eux tous, loin... très loin... loin d'ici :
Je rêve dans ma tête comme un enfant sage
Qui regarde tout seul son grand livre d'images.

 

© Pierre-Etienne GIRARD


Pierre-Etienne Girard (1950-aujourd'hui)
Après avoir suivi des études d’anglais à la Faculté de Lettres François Rabelais de Tours, Pierre-Etienne Girard a exercé différentes professions (dans l’import-export, la banque et l’immobilier). L’approche, le contact et l’échange avec l’Autre sont pour lui source d’enrichissement. Acteur amateur pendant plus de quinze ans, animateur de groupes de jeunes, il a conservé le sens de l’observation et du détail, en regardant toute chose avec ses yeux d’homme mais aussi avec les yeux de l’enfant qu’il a su rester. Ce n’est qu’à partir de 2011 qu’il commence à écrire, pour son plaisir. Il a publié plusieurs recueils et participé à différentes anthologies. Il a été lauréat du Concours Poetika en 2016.
Du même auteur : → La vague et le mot
→ Sa page Facebook
 


Wasa Afrika
Le Chat à Plume

y


Dans le sac j'ai jeté

Des antidiarrhéiques

Un tube d'écran total

Un bermuda usé

Et mes vieilles sandales

Je rejoins mon Afrique

 

En chemin je croquerai

Sur mon petit carnet

Les petites filles tressées

Et de vieux singes ridés

Je leur donnerai la page

L'esquisse de leur visage

Contre un bol de mafé

Un moment d'amitié

 

Et puis j'irai danser

Une fois la nuit tombée

A l'orée du village

Sous l'oeil du grand sage

Qui regarde suspicieux

Mes bruns grains de beauté

Sur le duvet laiteux

De ma peau éclairée

Par les flammes jaunes et rousses

D'un fougueux feu de brousse 

 

Le son de la Cora

Aura raison de moi

Les griots et leur transes

Rythmeront ces vacances

Les danseuses m'entraineront

Dans une ronde d'abandon

Où porté par le son

Je lâcherai mes tensions

Dans une belle vibration

Qui emplit de passion

A mon corps défendant

Mon coeur de petit blanc

 

Je quitterai mes hôtes

Epuisé, tête haute

Je rejoindrai ma hutte

Mon lit de paille de jute

Et souriant à la Lune

Témoin de ma fortune

D'être riche du temps

De vivre dans le Présent

Les rires et les Chants

J'oublierai mes tourments

Dans la Joie de l'Instant

 

© Le Chat à Plume


Le Chat à Plume
Souffleuse de vers et moulin à paroles, le Chat à Plume est un drôle d'oiseau qui ronronne en sons et en mots. Vous pourrez suivre sur son site ses aventures de parolière, de poétesse, d'auteure de spectacle vivant et ses interviews d'artistes.
Site internet : → https://www.lechataplume.com/


Mexique
Lodewijk ALLAERT

y


Ocre est cette terre qui a bu trop de sang,
Creusés sont les visages mordus par l'usure
Le champ attend la mort sous de lentes brûlures
Que trace le vautour dans un ciel de fer blanc.

Le soleil a fondu de la couleur du plomb
Les silhouettes ondulent, collées à la poussière
Taurobole de l'âme émaciement des chairs
Sombreros séraphiques, trouble de l'horizon.

Le tranchant de la roche, la piqûre des cimes
Le décor consumé, paysage d'épines,
De mouches engourdies, de chiens vivants muets.

Sous le hamac en peine, parade de scorpion
Vitesse minérale, silence craquelé,
Travailleurs de misère, existence sans nom.

 

© Lodewijk ALLAERT


Lodewijk Allaert (1980-aujourd'hui)
Voyageur au long cours et écrivain français, Lodewijk Allaert a publié les récits de ses voyages (Carpates, Hongrie, Mexique, Roumanie...) et a remporté plusieurs prix littéraires dont le Prix René-Caillié des récits de voyages. Ce texte a remporté le deuxième Prix du Concours Poetika en 2009.
→ Sa biographie sur Wikipédia
 


Chanson de départ
Claude BEAUSOLEIL

y


Une chanson voyage

sur le quai des gares

comme un air qu’on emporte

avec tous ses bagages

et jamais je ne pars et jamais je ne reste

et toujours se fait douce

la plainte des exils

des départs et des frousses

vers là-bas vers les îles

quand les bateaux s’en vont

la mémoire les invente

comme un air de chanson

que la tempête chante

là-bas au bout des jours

des continents du rêve

comme une chanson des anges

entendue dans un port

par un jour de départ

je ne suis pas de l’équipage mais passager

il faut bien plus que des bagages pour voyager

et le poète s’en va redisant que la vie

sans espoir n’est pas vie

et que les départs savent

créer les égarements

sur un quai ou une gare

où rêve un voyageur

 

© Claude BEAUSOLEIL


Claude Beausoleil (1948-2020)
Ecrivain, poète et essayiste québécois, Claude Beausoleil est l'auteur d'une poésie marquée par la sensualité et l'émotion des mots, il a été lauréat du Prix Emile-Nelligan en 1980. Professeur de littérature à Montréal, il a été aussi directeur de revue littéraire et chroniqueur de poésie. Son oeuvre est honorée de plusieurs prix. Il est membre de l'Académie Mallarmé.
Du même auteur : → Ciel d'hiver

→ Sa biographie sur Wikipédia
 


Le caravanier
Kathy FERRÉ

y


Du sable pailleté sur le grain de sa peau,
Une vie qui chemine entre désert et ciel…
La longue gandoura, et le chèche indigo :
Il soignera ses bêtes, chèvres et chamelles.

Une bourse de cuir pendue tout à son cou,
Dotée d'une amulette à conjurer le sort…
Il rencontre parfois la gazelle aux yeux doux,
Gardien de son troupeau, et nomade sans port !

Le regard est altier, la bouche sensuelle,
Son seul toit : une voûte d'étoiles, la nuit…
Et s'il aime d'amour, il sait être fidèle,
Il la verra demain, en arrivant au puits.

Alors au crépuscule, à la lune nouvelle,
A la fête, jouera quelques airs entraînants,
Ou quelque mélopée ensorcelant sa Belle
Aux longs frissons ardents du songe des amants.

Puis il repartira, aux lèvres un goût de miel,
Car il est avant tout Fils du sable et du vent :
Homme Libre debout, entre désert et ciel,
Accrochant une étoile aux notes de son chant.

 

© Kathy Ferré
Illustration de Kathy Ferré


Kathy Ferré
Kathy a mis en musique des textes d’auteurs, tels Gaston Couté, Victor Hugo, Robert Vitton, ainsi que ceux d’autres amis poètes, ou ses propres textes. Elle crée également des comptines ou des chansons pour enfants. Kathy s’accompagne à la guitare mais joue également de la vielle à roue. Infographiste à ses heures, elle aime créer des tableaux originaux, mélange de photos et de fractales, pour illustrer ses textes. Elle a ainsi monté depuis une quinzaine d'années de nombreuses expositions de ses poèmes illustrés. Textes et musiques déposés à la Sacem.
Son blog : → https://kathy.blog4ever.com/


Pluie sur Venise
Pierre DUCOURET

y


Venise ruisselle, d'anciens portails croulent
Mon regard s'enferme tel l'espoir d'un blessé
Un déluge dévale les ponts à degrés
Mon âme divague comme une épave soûle.

Mes pas traînent, maladifs, au bord des canaux,
Son message bref fait trembler mon jugement
Comme un vautour patient sur sa proie du moment,
Dans ma poche nulle miette pour les moineaux.

Le Grand Canal s'éternise en balancements
Et sous l'ondée ses eaux ont la chair de poule
Sur un vieux pont, pressée, se dissout la foule,
Parfum d'un café serré : le déchirement !

Mes yeux visitaient les sous-bois de son âme
Je courtisais ces sentiers de nitescence
Mes lèvres se perdaient en rêves d'errance
Telle barcarolle au pouvoir de sésame.

Des soleils naissaient au coin de ses sourires
Poivrés et vifs comme graines de paradis
Mon sang battait ainsi qu'un vol de colibri,
Sa robe blanche cédait déjà au partir !

 

© Pierre DUCOURET


Pierre Ducouret (1946-)
Pierre Ducouret a été enseignant-chercheur des Universités de Poitiers et de Caen sans oublier une année passionnante de recherche à l'Université de Milan. Ses recherches ont concerné surtout l'activité électrique membranaire des cellules cardiaques. Aujourd'hui retraité, il a publié certaines de ses poésies dans la revue Friches et essentiellement dans la revue Florilège. Ce texte est extrait de son premier recueil de poésie, Désirs d'aurore et d'infini paru cette année aux Editions France Libris.

 


Le voyage
Albert LOZEAU

y


Dans l’océan du ciel d’avril, gonflant leurs voiles,
Les nuages, pareils à de légers bateaux,
Naviguent, éclatants, vers des îles d’étoiles,
Avec la majesté des cygnes sur les eaux.


Ils voguent, sans troubler d’un remous l’onde bleue ;
Leur marche est paresseuse et leur but est lointain.
Depuis une heure, ils n’ont pas fait plus d’une lieue ;
Pour leur voyage, ils sont partis dès le matin.


Ce soir, pour les guider resplendira la lune,
Comme un phare dressant sa clarté sur la mer ;
Ils glisseront alors sur l’onde calme et brune,
Et dans l’ombre le port leur apparaîtra clair.


Atteindront-ils jamais les îles fortunées,
Les blancs petits bateaux de l’océan divin ?…
Hélas ! rêves déçus de toutes nos journées,
Bonheur, archipel d’or cherché toujours en vain !

 

© Albert LOZEAU


Albert Lozeau (1878-1924)
Poète québécois, Albert Lozeau étudie à l'académie Saint-Jean-Baptiste de Montréal. En 1892, paralysé peu à peu par le mal de Pott (arthrite tuberculeuse de la colonne vertébrale), il reste confiné dans sa chambre, recroquevillé par la maladie. Il écrit ainsi ses premiers poèmes puis publiera plusieurs recueils. Émotif, solitaire et nostalgique, il a écrit des vers mélancoliques sur la nature, ce qui lui vaudra d'être inclus dans la littérature du terroir.
Du même auteur :
J'attends
L'érable rouge
 Sa biographie sur Wikipédia

 


Brise Marine
Stéphane MALLARMÉ

y


La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.
Fuir ! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D’être parmi l’écume inconnue et les cieux !
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,
Lève l’ancre pour une exotique nature !

 

Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs !
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages,
Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots …
Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots !

 

 

© Stéphane MALLARMÉ


Stéphane Mallarmé (1842-1898)
Poète, enseignant, traducteur et critique d'art, Stéphane Mallarmé a joué un rôle prépondérant dans l'éclosion de la Modernité poétique. Il est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands poètes de la langue française.
Du même auteur :
Renouveau
 Sa biographie sur le site

 


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Poésie voyageuse
Que vous soyez allé à Vesoul ou Istanbul, dans les Côtes d'Armor ou au Pôle Nord, je suis sûre que ça vaut le détour !

→ Textes sur cette page
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Voyage de Mokhtar El Amraoui
Partir revenir de Jean-Charles Paillet
L'épi du voyage de Mokhtar El Amraoui
Le voyage de Pierre-Etienne Girard
Wasa Africa de Le Chat à Plume
Mexique de Lodewijk Allaert
Chanson de départ de Claude Beausoleil
Le caravanier de Kathy Ferré
Pluie sur Venise de Pierre Ducouret
Le voyage de Albert Lozeau
Brise marine de Stéphane Mallarmé

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