Poésie voyageuse
Villes, pays, lieux et endroits insolites
Volutes de brume sur la route du Cantal
Sur le viaduc de la Violette
Où nous passons, matin de pluie,
Nous surprenons maintes voilettes
Qui planent dans ce paradis.
En effet, des nappes de brume
Emportées par le vent câlin
S'élèvent doucement vers la lune
Qui s'est cachée de bon matin.
On dirait une féerie
Animée du temps de la pluie :
Car ces nuages utopies
Ondulent en entrelacs exquis.
Massiac se perd, se ratatine :
Le ciel laiteux tombe en sourdine
Et mouillant le gros bourg de bruine
Annonce une journée badine.
Et La Fageolle est oubliée
Dans ce monde où virevolte
Un brouillard épais qui se tait
Et qui endort les fermes mortes.
Seulement, au long de la route
S'alignent en buissons épars
De beaux rideaux de brun qui gouttent ;
Arbustes d'ocre et roux se parent.
Brusquement, atteignant Coren
Des cieux plus clairs, gracieux, jaillissent :
Le voile opaque et libertin
A sombré en d'autres abysses.
Tout se discerne à présent
Le long de la route hivernale :
Place à la grisaille moment
Surgissent des merveilles spirales.
© Monique DEVEZ VALLIENNE
Monique Devez Vallienne (1955-aujourd'hui)
D'origine cantalienne et retraitée de l'enseignement public, Monique Devez Vallienne a toujours aimé écrire. Elle est poétesse, romancière et nouvelliste. Elle aime les mots et la nature ; elle les réunit dans ses poèmes, qui lui viennent souvent alors qu’elle est installée au cœur d'un majestueux paysage. À travers ses rimes et ses rythmes, elle vous fait découvrir des sites indomptés dont le charme coupe le souffle, si on sait les savourer. Au fil de ses recueils, on peut réapprendre à voir, écouter, sentir et respirer dans un monde où cela s'oublie.
Elle a déjà publié plusieurs recueils ainsi que plusieurs romans dont le dernier Les silences de Rochecombe - Léonie au détour de l'amitié, est le premier tome d'une saga, publié fin août 2022.
Autres textes :
Fleurs de printemps
Coucher de soleil sur la Marche
Son site :
→ moniquedevezvallienne.com
MYKONOS
Sur ton île tachetée de moulins à gogo
Je me sens comme un pâtre grec illico
Sous les lumières embrasées d’un ciel
Se jettent les vagues claires bleu pastel.
Tes multiples églises et chapelles blanches
Regorgent d’attrait et d’harmonie franche
Tes popes aux barbes et cheveux longs
Se reposent à l’ombre du soleil de plomb.
Les cigales chantent les refrains Zorba
Les boîtes de nuit s’emplissent de gala
Les coeurs solitaires cherchent l’occasion
De s’unir au son des fleurs en diapason.
Les bateaux qui emplissent et vident
Les tonnes de touristes, se décident
De voguer à qui mieux-mieux biaisant
Les flots rêveurs des mythes d’antan.
Le poulpe des mers taquine franchement
Les filets du pécheur au gré du vent filant,
Sous les caprices de Poséidon la mer bleue
Chante l’épopée d’Homère et des dieux.
© Christine DUHAMEL
Christine Duhamel (1961-aujourd'hui)
Originaire du Nord de la France, le coeur de Christine Duhamel vibre dans l'écriture de poèmes. Elle a créé son blog pour exprimer les envies, les joies et les peines vécues au fil de ce monde si compliqué parfois mais plein de jolies surprises aussi.
Autre texte de l'auteure sur le site :
Perles de pluie
Son blog : → https://www.didacticielles.com/
Voyage
Proues de phasmes vêtues
Trahies par le glaive de l’éclair.
Elles titubent, en faisant tinter
Vers des rivages maudits,
Des coquillages et des crânes rêveurs
Où fleurissent, pourtant,
Les cendres de tant de naufragés moqueurs
Que les contes édentés des ports glacés
Ont ravi de trop d’ennuis et de misères.
La fumée de leurs pipes impatientes
Tisse de lourds filets
Où frétillent encore
L’argent et l’or
De tant de tributs et trophées
© Mokhtar EL AMRAOUI
Mokhtar El Amraoui (1955-aujourd'hui)
Poète d’expression française né à Mateur, en Tunisie, Mokhtar El Amraoui a enseigné la littérature et la civilisation françaises pendant plus de trois décennies, dans diverses villes de la Tunisie. Il est passionné de poésie depuis son enfance. Il a publié quatre recueils de poésie et plusieurs de ses poèmes ont été publiés sur Internet et en revues-papier.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Blog de l'auteur : https://mokhtarivesenpoemesetautresvoyages.blogspot.com/
Partir revenir
L’attente du jour
et ce besoin d’ailleurs
de partir et de revenir
fait battre mon cœur
et mes tempes impatientes
La douce musique
des collines provençales
comme une fidèle boussole
guident mes pas sans faillir
Des pleines brassées
de rouquette fraîche
et d’amandes ensoleillées
font ardemment s’ouvrir
les bouches gourmandes
et rouler des mots affamés
Une immense joie s’emmêle
à l’air calme des collines
Jour de collines
et de soleil lourd
plein les bras
de divines cueillettes
qui étonnent les yeux
de rencontres amicales
embellissant la voix
et de chemins célestes
qui mènent à la Vie
© Jean-Charles PAILLET
Jean-Charles Paillet
Jean-Charles Paillet est animé par l’instant présent et les belles valeurs qui élèvent le coeur et l’âme... Sa poésie se retrouve dans ses dessins, ses photographies et ses chansons. Sa rencontre avec Yves Broussard est un tournant dans sa vie de poète.
Autres textes de l'auteur sur le site :
J'ai besoin
Il y a toujours quelque part en hiver
Entre la nuit et le silence
Mon enfant
La mer toujours
Ma crèche
→ Page Facebook : https://www.facebook.com/jeancharles.paillet.3
L'épi du voyage
© Mokhtar EL AMRAOUI
Mokhtar El Amraoui (1955-aujourd'hui)
Poète d’expression française né à Mateur, en Tunisie, Mokhtar El Amraoui a enseigné la littérature et la civilisation françaises pendant plus de trois décennies, dans diverses villes de la Tunisie. Il est passionné de poésie depuis son enfance. Il a publié quatre recueils de poésie et plusieurs de ses poèmes ont été publiés sur Internet et en revues-papier.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Blog de l'auteur : https://mokhtarivesenpoemesetautresvoyages.blogspot.com/
Le voyage
Un avion est monté par-delà les nuages.
Un bateau est parti pour un très long voyage.
Un train traversera de bien beaux paysages.
Je rêve dans ma tête comme un enfant sage.
Et l'avion va voler au-dessus des montagnes,
Décrocher une étoile en pays de Cocagne,
Se poser au soleil près de villes immenses
En pays où l'on rit, en pays où l'on danse.
Le long bateau tout blanc glissant sur l'océan
Va vers des pays bleus, des îles sous le vent,
Emportant avec lui des couples amoureux
Payant pour voir ailleurs si l'on est plus heureux.
Le beau train aux wagons capitonnés de cuir
Porte ses passagers comme s'ils voulaient fuir.
Grands trains de Sibérie ou grands trains de Turquie...
Ils vont chercher ailleurs ce qu'ils n'ont pas ici.
Et pendant ce temps-là, moi je voyage aussi.
Je vais avec eux tous, loin... très loin... loin d'ici :
Je rêve dans ma tête comme un enfant sage
Qui regarde tout seul son grand livre d'images.
© Pierre-Etienne GIRARD
Pierre-Etienne Girard (1950-aujourd'hui)
Après avoir suivi des études d’anglais à la Faculté de Lettres François Rabelais de Tours, Pierre-Etienne Girard a exercé différentes professions (dans l’import-export, la banque et l’immobilier). L’approche, le contact et l’échange avec l’Autre sont pour lui source d’enrichissement. Acteur amateur pendant plus de quinze ans, animateur de groupes de jeunes, il a conservé le sens de l’observation et du détail, en regardant toute chose avec ses yeux d’homme mais aussi avec les yeux de l’enfant qu’il a su rester. Ce n’est qu’à partir de 2011 qu’il commence à écrire, pour son plaisir. Il a publié plusieurs recueils et participé à différentes anthologies. Il a été lauréat du Concours Poetika en 2016.
Du même auteur : → La vague et le mot
→ Sa page Facebook
Wasa Afrika
Dans le sac j'ai jeté
Des antidiarrhéiques
Un tube d'écran total
Un bermuda usé
Et mes vieilles sandales
Je rejoins mon Afrique
En chemin je croquerai
Sur mon petit carnet
Les petites filles tressées
Et de vieux singes ridés
Je leur donnerai la page
L'esquisse de leur visage
Contre un bol de mafé
Un moment d'amitié
Et puis j'irai danser
Une fois la nuit tombée
A l'orée du village
Sous l'oeil du grand sage
Qui regarde suspicieux
Mes bruns grains de beauté
Sur le duvet laiteux
De ma peau éclairée
Par les flammes jaunes et rousses
D'un fougueux feu de brousse
Le son de la Cora
Aura raison de moi
Les griots et leur transes
Rythmeront ces vacances
Les danseuses m'entraineront
Dans une ronde d'abandon
Où porté par le son
Je lâcherai mes tensions
Dans une belle vibration
Qui emplit de passion
A mon corps défendant
Mon coeur de petit blanc
Je quitterai mes hôtes
Epuisé, tête haute
Je rejoindrai ma hutte
Mon lit de paille de jute
Et souriant à la Lune
Témoin de ma fortune
D'être riche du temps
De vivre dans le Présent
Les rires et les Chants
J'oublierai mes tourments
Dans la Joie de l'Instant
© Le Chat à Plume
Le Chat à Plume
Souffleuse de vers et moulin à paroles, le Chat à Plume est un drôle d'oiseau qui ronronne en sons et en mots. Vous pourrez suivre sur son site ses aventures de parolière, de poétesse, d'auteure de spectacle vivant et ses interviews d'artistes.
Site internet : → https://www.lechataplume.com/
Mexique
Ocre est cette terre qui a bu trop de sang,
Creusés sont les visages mordus par l'usure
Le champ attend la mort sous de lentes brûlures
Que trace le vautour dans un ciel de fer blanc.
Le soleil a fondu de la couleur du plomb
Les silhouettes ondulent, collées à la poussière
Taurobole de l'âme émaciement des chairs
Sombreros séraphiques, trouble de l'horizon.
Le tranchant de la roche, la piqûre des cimes
Le décor consumé, paysage d'épines,
De mouches engourdies, de chiens vivants muets.
Sous le hamac en peine, parade de scorpion
Vitesse minérale, silence craquelé,
Travailleurs de misère, existence sans nom.
© Lodewijk ALLAERT
Lodewijk Allaert (1980-aujourd'hui)
Voyageur au long cours et écrivain français, Lodewijk Allaert a publié les récits de ses voyages (Carpates, Hongrie, Mexique, Roumanie...) et a remporté plusieurs prix littéraires dont le Prix René-Caillié des récits de voyages. Ce texte a remporté le deuxième Prix du Concours Poetika en 2009.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Chanson de départ
Une chanson voyage
sur le quai des gares
comme un air qu’on emporte
avec tous ses bagages
et jamais je ne pars et jamais je ne reste
et toujours se fait douce
la plainte des exils
des départs et des frousses
vers là-bas vers les îles
quand les bateaux s’en vont
la mémoire les invente
comme un air de chanson
que la tempête chante
là-bas au bout des jours
des continents du rêve
comme une chanson des anges
entendue dans un port
par un jour de départ
je ne suis pas de l’équipage mais passager
il faut bien plus que des bagages pour voyager
et le poète s’en va redisant que la vie
sans espoir n’est pas vie
et que les départs savent
créer les égarements
sur un quai ou une gare
où rêve un voyageur
© Claude BEAUSOLEIL
Claude Beausoleil (1948-2020)
Ecrivain, poète et essayiste québécois, Claude Beausoleil est l'auteur d'une poésie marquée par la sensualité et l'émotion des mots, il a été lauréat du Prix Emile-Nelligan en 1980. Professeur de littérature à Montréal, il a été aussi directeur de revue littéraire et chroniqueur de poésie. Son oeuvre est honorée de plusieurs prix. Il est membre de l'Académie Mallarmé.
Du même auteur : → Ciel d'hiver
→ Sa biographie sur Wikipédia
Le caravanier
Du sable pailleté sur le grain de sa peau,
Une vie qui chemine entre désert et ciel…
La longue gandoura, et le chèche indigo :
Il soignera ses bêtes, chèvres et chamelles.
Une bourse de cuir pendue tout à son cou,
Dotée d'une amulette à conjurer le sort…
Il rencontre parfois la gazelle aux yeux doux,
Gardien de son troupeau, et nomade sans port !
Le regard est altier, la bouche sensuelle,
Son seul toit : une voûte d'étoiles, la nuit…
Et s'il aime d'amour, il sait être fidèle,
Il la verra demain, en arrivant au puits.
Alors au crépuscule, à la lune nouvelle,
A la fête, jouera quelques airs entraînants,
Ou quelque mélopée ensorcelant sa Belle
Aux longs frissons ardents du songe des amants.
Puis il repartira, aux lèvres un goût de miel,
Car il est avant tout Fils du sable et du vent :
Homme Libre debout, entre désert et ciel,
Accrochant une étoile aux notes de son chant.
© Kathy Ferré
Illustration de Kathy Ferré
Kathy Ferré
Kathy a mis en musique des textes d’auteurs, tels Gaston Couté, Victor Hugo, Robert Vitton, ainsi que ceux d’autres amis poètes, ou ses propres textes. Elle crée également des comptines ou des chansons pour enfants. Kathy s’accompagne à la guitare mais joue également de la vielle à roue. Infographiste à ses heures, elle aime créer des tableaux originaux, mélange de photos et de fractales, pour illustrer ses textes. Elle a ainsi monté depuis une quinzaine d'années de nombreuses expositions de ses poèmes illustrés. Textes et musiques déposés à la Sacem.
Son blog :
→ https://kathy.blog4ever.com/
Pluie sur Venise
Venise ruisselle, d'anciens portails croulent
Mon regard s'enferme tel l'espoir d'un blessé
Un déluge dévale les ponts à degrés
Mon âme divague comme une épave soûle.
Mes pas traînent, maladifs, au bord des canaux,
Son message bref fait trembler mon jugement
Comme un vautour patient sur sa proie du moment,
Dans ma poche nulle miette pour les moineaux.
Le Grand Canal s'éternise en balancements
Et sous l'ondée ses eaux ont la chair de poule
Sur un vieux pont, pressée, se dissout la foule,
Parfum d'un café serré : le déchirement !
Mes yeux visitaient les sous-bois de son âme
Je courtisais ces sentiers de nitescence
Mes lèvres se perdaient en rêves d'errance
Telle barcarolle au pouvoir de sésame.
Des soleils naissaient au coin de ses sourires
Poivrés et vifs comme graines de paradis
Mon sang battait ainsi qu'un vol de colibri,
Sa robe blanche cédait déjà au partir !
© Pierre DUCOURET
Pierre Ducouret (1946-)
Pierre Ducouret a été enseignant-chercheur des Universités de Poitiers et de Caen sans oublier une année passionnante de recherche à l'Université de Milan. Ses recherches ont concerné surtout l'activité électrique membranaire des cellules cardiaques. Aujourd'hui retraité, il a publié certaines de ses poésies dans la revue Friches et essentiellement dans la revue Florilège. Ce texte est extrait de son premier recueil de poésie, Désirs d'aurore et d'infini paru cette année aux Editions France Libris.
Le voyage
Dans l’océan du ciel d’avril, gonflant leurs voiles,
Les nuages, pareils à de légers bateaux,
Naviguent, éclatants, vers des îles d’étoiles,
Avec la majesté des cygnes sur les eaux.
Ils voguent, sans troubler d’un remous l’onde bleue ;
Leur marche est paresseuse et leur but est lointain.
Depuis une heure, ils n’ont pas fait plus d’une lieue ;
Pour leur voyage, ils sont partis dès le matin.
Ce soir, pour les guider resplendira la lune,
Comme un phare dressant sa clarté sur la mer ;
Ils glisseront alors sur l’onde calme et brune,
Et dans l’ombre le port leur apparaîtra clair.
Atteindront-ils jamais les îles fortunées,
Les blancs petits bateaux de l’océan divin ?…
Hélas ! rêves déçus de toutes nos journées,
Bonheur, archipel d’or cherché toujours en vain !
© Albert LOZEAU
Albert Lozeau (1878-1924)
Poète québécois, Albert Lozeau étudie à l'académie Saint-Jean-Baptiste de Montréal. En 1892, paralysé peu à peu par le mal de Pott (arthrite tuberculeuse de la colonne vertébrale), il reste confiné dans sa chambre, recroquevillé par la maladie. Il écrit ainsi ses premiers poèmes puis publiera plusieurs recueils. Émotif, solitaire et nostalgique, il a écrit des vers mélancoliques sur la nature, ce qui lui vaudra d'être inclus dans la littérature du terroir.
Du même auteur :
J'attends
L'érable rouge
→ Sa biographie sur Wikipédia
Brise Marine
La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.
Fuir ! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D’être parmi l’écume inconnue et les cieux !
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,
Lève l’ancre pour une exotique nature !
Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs !
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages,
Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots …
Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots !
© Stéphane MALLARMÉ
Stéphane Mallarmé (1842-1898)
Poète, enseignant, traducteur et critique d'art, Stéphane Mallarmé a joué un rôle prépondérant dans l'éclosion de la Modernité poétique. Il est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands poètes de la langue française.
Du même auteur :
Renouveau
→ Sa biographie sur le site