Ecrire des vers à vingt ans, c'est avoir vingt ans.
En écrire à quarante, c'est être poète.
Francis Carco 

Vieillir...


Prends ma canne
Magali BRETON

y

Prends ma canne elle te dira

Quelle est la route devant toi

Celle de la vie qui t’attend

Tu verras comme c’est grisant

 

Surtout ne t’éloigne pas trop

Avant d’avoir reçu les mots

De tes aïeux les traditions

Pour toujours dans ton balluchon

 

Puis lance-toi dans l’aventure

Et si de toi tu n’es pas sûr

Marche dans les pas de ton cœur

Accueillant le risque d’erreur

 

Car il faudra parfois chuter

D’une falaise ou d’un rocher

Vouloir errer dans des marais

Jusqu’à disparaitre à jamais

 

Puis entrevoir une lumière

Dans la nature hospitalière

Celle du bonheur impromptu

Pour un instant ou pour bien plus

 

L’amour que tu diffuseras

En toi se démultipliera

Rien d’autre n’aura d’importance

Au terme de ton existence

 

Durant ce splendide voyage

Affleurera sur ton visage

L’âme de ta philosophie

Qu’un jour tu transmettras ainsi

 

Prends ma canne elle te dira

Quelle est la route devant toi

Celle de la vie qui t’attend

Tu verras comme c’est grisant

 

© Magali BRETON
Crédit photo : © Muriel PIC


Magali Breton
Auteure-compositrice-interprète, Magali Breton est aussi comédienne, auteure de textes de chanson française dont ceux de son album intitulé « Regard de femmes » primé à Barbizon 77, lors du concours « La palette en chansons », avec pour parrain Bernard Sauvat. En 2019, elle se consacre à l’écriture d’une pièce de théâtre musical sur la vie et l’œuvre de l’artiste peintre Rosa Bonheur : « Les messagères de Rosa Bonheur ». Le spectacle est créé en 2020, avant d’être stoppé net par la crise sanitaire et la fermeture des salles de spectacle, avant de connaître un beau succès en tournée. Cette période se mue en une inépuisable source d’inspiration pour écrire un recueil intitulé « Les Covidiennes » édité en 2022. Elle choisit la poésie pour nous livrer des instants de vie en quelques vers et nous absorber dans l’intimité, la profondeur et l’exacerbation des sentiments. Elle fait appel à Muriel Pic, photographe, ainsi qu’à Patrick Carmier, pianiste compositeur, pour sublimer les textes par l’image et la musique. Cela donne naissance à un nouveau spectacle.
Autres textes :
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Son site : → Les Messagères de Rosa Bonheur
Sa page Facebook : https://www.facebook.com/lelienparlart
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Arrière-saison
Michelle GRENIER

y

Je veux bien que les saisons m’usent *

que le soleil fuse tout autour de mes yeux,

vivre tel un chêne centenaire

qui étale crânement ses branches fourchues

et sa feuillée, reluisante de pluie

miracle d’être en vie.

Visage, miroir au tain si vieux que j’aime,

peau papyrus des sables

sans l’amertume au coin des lèvres.

Et comme une grive gavée de genièvre,

délaisser les tardives baies.

Rassasiée des jours,

il faudra sans doute frotter les plumes

qui me restent à l’arrière-saison

me dénuer avec la grâce des fougères.

 

© Michelle GRENIER
* Vers de Arthur Rimbaud


Michelle Grenier
Mich'Elle Grenier est poète, fabuliste et parolière. Persuadée que la poésie est l’essence du langage, elle nous invite, de sa voix singulière, à ne pas nous laisser tentaculer par le chiendent rampant. Car on prête souvent à la poésie des airs d'austérité voire de mélancolie chronique. Mich'Elle Grenier prouve le contraire et sans niaiserie, rimant avec une acuité personnelle sur les choses de la vie. Elle a publié plusieurs recueils et figure au palmarès de plusieurs grands concours de poésie.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son site : → http://www.michellegrenierpoete.com/


La vieillesse
Daniel LAJEUNESSE

y

Elle est venue sans bruit, sans aucune manière,

Pour s'installer chez lui et partager sa vie.

Pour lui elle s'est faite un peu plus casanière,                     

En entrant dans son coeur en amante assouvie.                

 

Elle s'est appuyée sur ses frêles épaules.

Il a courbé le dos pour mieux la supporter.

Lui qui était le chêne, aujourd'hui est le saule

Qui pleure son passé à jamais emporté.     

 

Et puis est arrivé le soir tant attendu

Où elle a dessiné, au creux de son visage,

Des sillons si profonds que le temps s'est perdu

Doucement, lentement, tout au bout de son âge.

 

Elle a mis le bâton là, dans sa main tremblante

Pour marcher avec lui jusqu'au bout du chemin

Quand le pas est moins sûr, l'aventure hésitante

Et qu'il se fait bien tard pour aller vers demain.

 

Elle est entrée chez lui, sans frapper à la porte,

Comme une douce amie, partageant son hiver.

Et lui, il l'attendait, avant que ne l'emporte

La fille de la nuit, pour un autre univers.

 

© Daniel LAJEUNESSE
Ce texte a remporté le Prix du Conseil Général de la Vendée 2018
(Jeux Floraux de l'Essor Poétique - La Roche-sur-Yon)


Daniel Lajeunesse (1949-aujourd'hui)
Originaire de l'Aisne, Daniel Lajeunesse habite aujourd'hui dans le département des Yvelines. Après une carrière dans le secteur automobile, il occupe sa retraite par de multiples activités comme la poésie, la photo, l'aquariophilie ou encore la randonnée. Il est membre de la Société des poètes français et a collaboré dans plusieurs revues poétiques. Il a aussi remporté de très nombreux prix de poésie.
Autres textes :
Alzheimer
J'ai rêvé Montmartre...
Son site :
→ http://www.reverie-et-poesie.com/


Un bonjour était pétri
Jean-Charles PAILLET

y

Un bonjour était pétri

de chair et de salive

 

Famille et amis sans compter

festoyaient serrés à table

 

Aucune heure aux aguets

aucun rire masqué

 

Avoir du bon sens n’était pas un crime

refaire le monde non plus

et nous étions libres de voyager

 

C’était sous d’autres ciels mon enfant

Puisses-tu éprouver tout cela avant de vieillir

 

© Jean-Charles PAILLET


Jean-Charles Paillet
Jean-Charles Paillet est animé par l’instant présent et les belles valeurs qui élèvent le coeur et l’âme... Sa poésie se retrouve dans ses dessins, ses photographies et ses chansons. Sa rencontre avec Yves Broussard est un tournant dans sa vie de poète.
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L'hiver me vient
Christian SATGÉ

y

Petit à petit, les souvenirs s’éloignent.
Puis, peu à peu, se taisent jusqu’aux mots.
Me voilà rameau que l’hiver sec empoigne
Ou fétu de bois mort, rongé par ses maux…
Et, flocon à flocon, s’entasse la neige
Sur mon crâne que le temps, lent, endort
Mais que l’amour parfois éveille encor’
Alors que tout autour se fait bistre et beige.

Et puis, ici et là, se creuse le front,
Se froisse la peau, se plissent les yeux,
Se fripe la mémoire,… Ultime affront,
Les douleurs s’en viennent, Crevindieu !
Hélas, les amis un à un s’effacent
Se fanent nos lys et s’oublient nos lilas.
Les instants fatigués et les moments las
S’ouvrent sur un désert de cendre et de glace,

Pas à pas, geste à geste voire goutte à goutte,
Tout ce que l’on a bâti se fait poussière,
Tout vous blesse ou vous meurtrit et tout vous coûte
En ces lieux qui ne sont que glacières.
Ma jeunesse en lambeaux quitte la terre
Me jetant à la face des sillons
D’habitudes nées d’années sous baillons,
De ma solitude de grabataire.

 

© Christian SATGÉ


Christian Satgé (1965-aujourd'hui)
Auteur prolifique, fabuliste et conteur éclectique, Christian Satgé est professeur d'histoire-géographie dans le département des Hautes-Pyrénées. Il a publié plusieurs recueils et près d'une trentaine de ses textes figurent dans Le Monde de Poetika.
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Son blog : → https://lesrivagesdurimage.blogspot.com/

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La vie est belle
Sylvie CROCHARD

y

La vie est belle,

Mais je sais qu’elle

Ne dure qu’un temps,

Légère face au vent.


Et ce temps

Nous est compté

Comme un sablier.

Le sable s’égrène,

La vie s’égrène.


La vie est belle.

Plus heureux qu’elle

Ne dure qu’un temps

Le temps passe,

Puis l’on trépasse.

La vie reprend,

Hors du temps.

 

© Sylvie CROCHARD


Sylvie Crochard (1976-aujourd'hui)
Ouvrière en milieu protégé, Sylvie Crochard a publié plusieurs recueils. Passionnée de piano, elle s’inspire également de la musique dans ses poèmes.
Autres textes :
La pluie tombe
Echange autour de la poésie
La liberté
Les petits oiseaux
L'Ukraine saigne...
Sa page Facebook : → https://www.facebook.com/poetecrochard


La vieille et le vieux abandonnés
Mokhtar EL AMRAOUI

y

Tous quittent la vieille et le vieux :
Leurs enfants,
Leurs parents,
Leurs amis !
Personne ne les comprend plus,
Quand ils sourient !
Plus personne ne les prend
Au sérieux
Ni dans ses bras
Qui disent tout bas
« Bientôt, bon débarras, horribles vieillots !
Pourvu que ce soit le plus tôt ! »

On pense que c’est une grimace
De limace endolorie,
Quand ces deux malheureux rient !
S’ils appellent,
Pour aller aux nouvelles,
Le téléphone sonne
Mais pour seule réponse effroyable,
Ils reçoivent, interminable,
Le silence qui résonne !

Ça étonne tant d’impitoyables
Cyniques personnes !
Que ces lambeaux
Sans flambeaux
Se rappellent encore
Les noms et les numéros !
Tout quitte les deux misérables :
Leur force,
Leurs corps !
Les ports de leurs vieux rêves
Et les bateaux sans trêve
Larguent, narguent
De leurs hautaines sirènes
Ceux qui furent du foyer le roi et la reine
Les abandonnant tout frissonnants sans radeau
Sur les quais trembleurs des froids échos
Sous l’écrasant fardeau des ans et tant de peine
Mais pourquoi donc toute cette haine ?

Les avions, les voyages
Et les aéroports d’un autre âge,
D’avant leur naufrage,
Les quittent, leur tournant le cap
Pour d’autres altitudes,
Vers d’autres latitudes torrides,
Les laissant froids froissés sombrer
Dans la lourde fatigue qui sape
Et les interrogations hébétées
De leurs tristes rides !

Et la mort,
En prédateur des dernières heures,
Agitant ses cercueils et linceuls,
Les sachant seuls,
Les invite à franchir son seuil
Pour qu'elle les cueille
Et jette dans sa fosse à vers voraces
Comme des feuilles sèches et lasses !

Les lourds nuages attristés
Par tant d’ingratitude
Les regardant éplorés
Dans leur tragique solitude
Crachent leurs colère et mépris
Sur ces lâches traîtres maudits
Ces prétendus enfants, parents et amis
Qui cachent sous le miel
De leurs comédies
En d’horribles monstres sans cœurs
Leur joie et l’amer fiel
De leurs mesquineries
Face à tant de douleurs !

Inconsolables, les nuées
Offrent leurs incessants pleurs
A cette vieille et ce vieux dénués
Qui, désespérés, lentement se meurent.

 

© Mokhtar EL AMRAOUI


Mokhtar El Amraoui (1955-aujourd'hui)
Poète d’expression française né à Mateur, en Tunisie, Mokhtar El Amraoui a enseigné la littérature et la civilisation françaises pendant plus de trois décennies, dans diverses villes de la Tunisie. Il est passionné de poésie depuis son enfance. Il a publié quatre recueils de poésie et plusieurs de ses poèmes ont été publiés sur Internet et en revues-papier.
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→ Blog de l'auteur : https://mokhtarivesenpoemesetautresvoyages.blogspot.com/ 


Les naufragés de l'Alzheimer
Julos BEAUCARNE

y

J'aime ces gens étranges 
Aux trous dans la mémoire 
Des trous remplis de plaies 
Présentes ou bien passées 
Vérités toutes crues 
Remontant en marée
Quand les masques ont fondu 
Que la farce est jouée


J'aime ces gens étranges
A la mémoire trouée
Qui échangent des bribes
De leurs vies effacées
Voyageurs sans papiers 
Sans qualification
Ils sont ce que nous sommes 
Et nous leur ressemblons


J'aime ces gens étranges 
Qui repèrent la fausseté
Des gestes et des paroles 
Réclament l'amour vrai 
Carburent à la tendresse 
Négligent tout le reste 
Ils sont vérité nue
Ils aiment ou ils détestent


J'aime ces gens étranges
Qui ont le mal d'enfance
Comme le mal du pays
Qu'ils chercheraient en silence 
Derrière l'apparence 
De leur mémoire perdue
Leurs corps parlent une langue
Que nous n'entendons plus

 

© Julos BEAUCARNE


Julos Beaucarne (1936-2021)
Artiste belge accompli (conteur, poète, comédien, écrivain, chanteur, sculpteur), Julos Beaucarne a écrit plus de 500 chansons et enregistré 35 albums. Résolument engagé et humaniste, amateur d'aphorismes, de dialectes et d'accents locaux, ce natif de Bruxelles qui a passé son enfance en Wallonie est un personnage à part dans le monde de la chanson francophone. Théâtre, poésie, chanson : il a toujours mêlé les disciplines comme si elles ne devaient former qu'un tout, pour mieux enchanter le spectateur. Son sens de l'humour typiquement belge, plein d'autodérision, le rend particulièrement attachant.
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→ Fondation Julos Beaucarne
→ Sa biographie sur Wikipédia


Retraite
Albert SAMAIN

y

Remonte, lent rameur, le cours de tes années,
Et, les yeux clos, suspends ta rame par endroits…
La brise qui s’élève aux jardins d’autrefois
Courbe suavement les âmes inclinées.


Cherche en ton coeur, loin des grand’routes calcinées,
L’enclos plein d’herbe épaisse et verte où sont les croix.
Écoutes-y l’air triste où reviennent les voix,
Et baise au coeur tes petites mortes fanées.


Songe à tels yeux poignants dans la fuite du jour.
Les heures, que toucha l’ongle d’or de l’amour,
À jamais sous l’archet chantent mélodieuses.


Lapidaire secret des soirs quotidiens,
Taille tes souvenirs en pierres précieuses,
Et fais-en pour tes doigts des bijoux anciens.

 

© Albert SAMAIN


Albert Samain (1858-1900)
Poète symboliste français, Albert Samain a dû arrêter ses études à la mort de son père, à l'âge de 14 ans. Rejoignant Paris vers 1880, il commence à fréquenter les cercles littéraires et récite ses poèmes au « Chat noir ». En 1893, la publication de son recueil « Au jardin de l'infante » lui vaut un succès immédiat. Fin 1899, sa santé se détériore : il est atteint de phtisie. Il se retire chez un ami dans la Vallée de Chevreuse et meurt à l'été 1900. Une des originalités d'Albert Samain est l'utilisation du sonnet à quinze vers. Après sa mort, ses poésies sont réimprimées un nombre considérable de fois, et de nombreux musiciens ont composé des mélodies sur ses textes.
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Vieillir
Jacques BREL

y

Mourir en rougissant
Suivant la guerre qu’il fait,
Du fait des Allemands
A cause des Anglais.


Mourir baiseur intègre
Entre les seins d’une grosse,
Contre les os d’une maigre,
Dans un cul-de-basse-fosse.


Mourir de frissonner,
Mourir de se dissoudre,
De se racrapoter,
Mourir de se découdre,


Ou terminer sa course
La nuit de ses cent ans,
Vieillard tonitruant
Soulevé par quelques femmes,
Cloué à la Grande Ourse,
Cracher sa dernière dent
En chantant « Amsterdam ».


Mourir cela n’est rien ;
Mourir la belle affaire.
Mais vieillir… ô vieillir !


Mourir, mourir de rire
C’est possiblement vrai,
D’ailleurs la preuve en est
Qu’ils n’osent plus trop rire.


Mourir de faire le pitre
Pour dérider l’ désert,
Mourir face au cancer
Par arrêt de l’arbitre.


Mourir sous le manteau,
Tellement anonyme,
Tellement incognito,
Que meurt un synonyme.


Ou terminer sa course
La nuit de ses cent ans,
Vieillard tonitruant
Soulevé par quelques femmes,
Cloué à la Grande Ourse,
Cracher sa dernière dent
En chantant « Amsterdam ».


Mourir cela n’est rien ;
Mourir la belle affaire.
Mais vieillir… ô vieillir !


Mourir couvert d’honneur
Et ruisselant d’argent,
Asphyxié sous les fleurs
Mourir en monument.


Mourir au bout d’une blonde,
Là où rien ne se passe,
Où le temps nous dépasse,
Où le lit tombe en tombe.


Mourir insignifiant
Au fond d’une tisane
Entre un médicament
Et un fruit qui se fane.


Ou terminer sa course
La nuit de ses mille ans
Vieillard tonitruant
Soulevé par quelques femmes
Cloué à la Grande Ourse,
Cracher sa dernière dent
En chantant « Amsterdam ».


Mourir cela n’est rien ;
Mourir la belle affaire.
Mais vieillir… ô vieillir !

 

© Jacques BREL


Jacques Brel (1929-1978)
Auteur-compositeur-interprète, poète, acteur et réalisateur belge, Jacques Brel est considéré comme une icône et l'un des plus grands auteurs-interprètes de la chanson française, grâce à des titres tels que Ne me quitte pas, Amsterdam, Quand on n'a que l'amour, La Valse à mille temps, Ces gens-là, Vesoul, Les Bourgeois, Madeleine ou encore Mathilde. L'artiste, au sommet de sa popularité, abandonne pourtant le tour de chant en 1967. Bien qu'il enregistre encore quelques disques et monte à la scène L'Homme de la Mancha, il se consacre alors au cinéma, pour lequel il tourne en tant qu'acteur une dizaine de films, dont deux qu'il écrit et réalise. Mettant un terme à sa carrière, il se prend de passion pour la voile et en 1974, part pour un tour du monde de trois ans, accompagnée de sa fille France et Maddly Bamy, une actrice rencontrée lors du tournage de L'aventure c'est l'aventure. Lors d'une escale aux Canaries, une violente douleur à la poitrine l'oblige à interrompre sa croisière. Les médecins lui diagnostiquent un cancer du poumon. Il poursuit néanmoins son voyage, mais très diminué, s'installe aux Iles Marquises. Avec son bi-moteur, il fera l'avion-taxi pour rendre services aux habitants en les transportant entre Hiva Oa et Tahiti. En 1977, malgré la maladie, il enregistre son dernier 33 tours, Les Marquises, En juillet 1978, de passage à Tahiti, le cancérologue Lucien Israël lui diagnostique une récidive du cancer. Il retourne en France où il se fait soigner à l'hôpital Avicenne de Bobigny dans le service du professeur Israël. Il y décède d'une embolie pulmonaire massive le 9 octobre 1978, à l'âge de 49 ans. Jacques Brel repose au cimetière d'Atuona, commune d’Hiva-Oa, aux îles Marquises, non loin de la tombe de Paul Gauguin.
Autres textes :
Un enfant
La ville s'endormait
Les voeux de Jacques Brel

→ Sa biographie sur Wikipédia


Sans dire un mot...
Richard TAILLEFER

y

Il y a la langue
Les yeux toujours baissés


Pleins de trous vides de mémoire
Et cette peur du noir


Tous ces matins escamotés au réveil
La fatigue dans les os et la frustration du silence


Comme tout le monde
Qu’on finit par s’y faire


Sans dire un mot…

 

© Richard TAILLEFER


Richard Taillefer (1951-aujourd'hui)
Né en 1951 à Montmeyan (village du Haut-Var situé au pied des gorges du Verdon), il effectue toute sa carrière à la SNCF comme conducteur de train où il est militant syndical. Il écrit depuis 1977 et a publié une dizaine de recueils et plusieurs anthologies. Il est installé depuis 1981 à Savigny-le-Temple dont il a été maire-adjoint délégué à la culture. Il créé une association en poésie en 1981 et la revue "Poésimage". Avec quelques amis, il fonde le festival "Montmeyan en PoéVie".
Autre texte : → Malgré moi

Site officiel : http://richardrf.wixsite.com/richard-taillefer


Peut-être serai-je plus gaie
Cécile SAUVAGE

y

Peut-être serai-je plus gaie
Quand, dédaigneuse du bonheur,
Je m’en irai vieille et fanée,
La neige au front et sur le coeur :


Quand la joie ou les cris des autres
Seront mon seul étonnement
Et que des pleurs qui furent nôtres
Je n’aurai que le bavement.


Alors, on me verra sourire
Sur un brin d’herbe comme au temps
Où sans souci d’apprendre à lire
Je courais avec le printemps.

 

© Cécile SAUVAGE


Cécile Sauvage (1883-1927)
Femme de lettres française, considérée comme la "poétesse de la maternité", la poésie de Cécile Sauvage est vouée au bonheur, aux joies de la maternité et à la simplicité de la nature. Elle est la mère du musicien Olivier Messiaen, qu'elle éleva dans un univers féérique.
Autres textes :
Les jours dorés sont longs
Je ne veux qu'un rêve
Je me souviens de mon enfance
La maison sur la montagne
Voeux simples
→ Sa biographie sur Wikipédia


Vieillir en beauté et en sagesse
Félix LECLERC

y

Vieillir en beauté, c’est vieillir avec son cœur,
Sans remords, sans regret, sans regarder l’heure.
Aller de l’avant, arrêter d’avoir peur,
Car à chaque âge se rattache un bonheur.

 

Vieillir en beauté, c’est vieillir avec son corps,
Le garder sain en dedans, beau en dehors.
Ne jamais abdiquer devant un effort.
L’âge n’a rien à voir avec la mort.

 

Vieillir en beauté, c’est donner un coup de pouce !
À ceux qui se sentent perdus dans la brousse,
Qui ne croient plus que la vie peut être douce
Et qu’il y a toujours quelqu’un à la rescousse.

 

Vieillir en beauté, c’est vieillir positivement.
Ne pas pleurer sur ses souvenirs d’antan.
Être fier d’avoir les cheveux blancs,
Car pour être heureux, on a encore le temps.

 

Vieillir en beauté, c’est vieillir avec amour,
Savoir donner sans rien attendre en retour,
Car où que l’on soit, à l’aube du jour,
Il y a quelqu’un à qui dire bonjour.

 

Vieillir en beauté, c’est vieillir avec espoir,
Être content de soi en se couchant le soir.
Et lorsque viendra le point de non-recevoir,
Se dire qu’au fond, ce n’est qu’un au revoir !

 

© Félix LECLERC


Félix Leclerc (1914-1988)
Auteur-compositeur-interprète et artiste pluridisciplinaire en tant que poète, écrivain, animateur de radio et de télévision, scénariste, metteur en scène et acteur québécois, Félix Lelerc est le pionnier de la « chanson poétique » québécoise par le biais d'une œuvre intimement liée à la nature et au territoire. Il s'engage notamment pour la souveraineté du Québec et la défense de la langue française.
→ Sa biographie sur Wikipédia


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