Balade en forêt
Balade en forêt
© Denise DODERISSE
Denise Doderisse
Résidant en région parisienne, Denise Doderisse écrit depuis une cinquantaine d'années de la poésie sous toutes ses formes, et en particulier elle aime écrire des haïkus. Elle s'adonne également à la peinture et au dessin. Elle a publié deux recueils et plus récemment un livre illustré de réels dessins d'enfants.
Autres textes :
Haïkus (4)
Liberté
→ Son blog
L'arbre
L’arbre est essentiel
projeté vers le ciel
il se déploie tout en noblesse
ses branches s’étendent
se penchent
nous caressent
nous rassurent
l’ombre bienfaitrice
est l’exploit de sa solidarité
il porte l’amour
il nous aide
avec vigueur
sa fierté
survivre pour nous protéger
La feuille
La feuille dont je suis éprise
parmi ce rayonnant feuillage
captive mon œil nu
troublante
multicolore
élégante
tombée d’un arbre
à l’élan fougueux
elle est un décor banal
un ornement aux mille facettes
un rappel
à la beauté des couleurs
qu’on souhaiterait disposer
tel un écrin
sculpté de valeurs universelles
La fougère
Elégante
majestueuse
charmante
apaisante
complaisante
gracieuse
fidèle
emblème de mes balades en forêt
© Catherine MIGY-QUIQUEREZ
Catherine Migy-Quiquerez (1960-aujourd'hui)
Catherine Migy-Quiquerez est née à Porrentruy en Suisse. Passionnée de la petite enfance, elle publie en 1982 Comptines jurassiennes, aux Editions Occident à Porrentruy. Nurse auprès d'enfants présentant des difficultés psychiques ou comportementales, elle a publié des poèmes et des récits qui ont parfois donné lieu à des activités scolaires ou à des spectacles de marionnettes.
Autre texte :
L'automne
A la forêt de Jaujac
Des notes d’eau venues de loin
des arbres feuillus où demeure le chant
une lumière impatiente qui danse de concert
et des chemins qui se renouvellent
comme un bel écho monte au ciel
Cette inspirante forêt me ressource
chaque balade est un pur enchantement
l’étonnement illuminé déborde des yeux
et le cœur à pas pressés s’anime et vibre
© Jean-Charles PAILLET
© Crédit photo : Jean-Charles PAILLET, la forêt de Jaujac (Ardèche)
Jean-Charles Paillet
Jean-Charles Paillet est animé par l’instant présent et les belles valeurs qui élèvent le coeur et l’âme... Sa poésie se retrouve dans ses dessins, ses photographies et ses chansons. Sa rencontre avec Yves Broussard est un tournant dans sa vie de poète.
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→ Sa page Facebook
Mon vieux chêne
Je me suis adossé au pied de mon vieux chêne
Dont le cœur s’est brisé par l’usure des ans
Et j’ai senti monter en moi comme une peine
Cet arbre que j’aimais n’a plus beaucoup de temps.
Son tronc est plissé comme un beau centenaire
Et ses racines ont bu toute l’eau des saisons
Il n’a pour seul ami qu’un grillon solitaire
Et des oiseaux ravis pour unique passion.
Des chuchotis s’animent au bout de ses branches
Et le vent hurlant de par la brande pleure
L’été s’en est allé et son âme s’épanche
Sur quelques graffitis bien connus des flâneurs.
Et son corps va mourir aux franges du destin
Les heures du cadran sont désormais comptées
Il partira sans but dans le morne matin
Et je serai présent pour l’écouter pleurer.
© Stephen BLANCHARD
Stephen Blanchard (1952-aujourd'hui)
Créateur de l'Association "Les poètes de l'amitié - poètes sans frontières", Stephen Blanchard est aussi directeur de la revue internationale de poésie Florilège. Son association décerne chaque année trois prix d'édition à compte d'éditeur, dont le Prix d'Edition Poétique de la Ville de Dijon. Située en Côte d'Or, elle y organise depuis dix-neuf ans Les Rencontres Poétiques de Bourgogne. Il a par ailleurs publié plusieurs recueils de poésie dont le dernier, Effleuressences, paru au début de cette année.
Autres textes :
Le chat
Ecrire
Coronavirus
Le site de l'association :
→ http://poetesdelamitie.blog4ever.com/
Mon oiseau de bois
© Mokhtar EL AMRAOUI
Mokhtar El Amraoui (1955-aujourd'hui)
Poète d’expression française né à Mateur, en Tunisie, Mokhtar El Amraoui a enseigné la littérature et la civilisation françaises pendant plus de trois décennies, dans diverses villes de la Tunisie. Il est passionné de poésie depuis son enfance. Il a publié quatre recueils de poésie et plusieurs de ses poèmes ont été publiés sur Internet et en revues-papier.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Blog de l'auteur : https://mokhtarivesenpoemesetautresvoyages.blogspot.com/
Les arbres
Les arbres sont beaux, nobles, élégants.
Leurs fières statures les font qualifier de grands.
Ils ne crient pas quand on marche sur leurs racines !
Silencieux, sensibles, ils ont leurs vies intimes.
Tout est intériorisé chez les végétaux.
Ils ne formulent pas de gros mots.
De la sage maitrise ils sont les rois.
Les arbres ne sont pas que du bois.
Ce sont des portefeuilles
Précieux, pour les écureuils
Reconnus pour leur sens de l’épargne,
Pour les oiseaux des auberges
Qu’ils nourrissent et hébergent.
Ils sont parasols, parapluies,
Paratonnerres guidant la foudre vers la terre.
Statiques indifférents,
Leurs mouvements sont ceux du vent !
Enfants nous contemplions le monde
Du haut des cimes.
Les mains écorchées par des rameaux les épines
Mais riches de découvertes fécondes.
Statiques, immobiles, mais sages,
Ils vivent intensément et longtemps.
A l’inverse des grands voyageurs
Accomplissant des tours du monde.
Qui reviennent dans leurs jardins, près de leurs arbres.
Nous révélant ce message
Est-ce en cherchant partout un eldorado merveilleux,
Que l’on découvre le bonheur ?
Il est des arbres resplendissant et prudents qui ont su
Vivre sans quitter le lieu de leur naissance …
Les arbres sont beaux, nobles, élégants.
Leurs fières statures les font qualifier de grands.
Ils ne crient pas quand on marche sur leurs racines !
Silencieux, sensibles, ils ont leurs vies intimes.
© Raymond BOURMAULT
© Illustration : tableau de Raymond BOURMAULT : Automne Auffargis
Raymond Bourmault
Amoureux des arts, Raymond Bourmault est artiste peintre et a obtenu le diplôme des Beaux Arts de Versailles. Après avoir travaillé dans l’informatique jusqu’à sa retraite, il se consacre désormais à sa passion artistique et s'adonne également à la poésie.
Autres textes :
La neige tombe drue
Ah ! Les baisers multiples
→ Sa page Facebook
Avant que...
Avant que grise pluie
N’ait tout rabougri
Allons au bois cueillir le houx
Courons, courons semelle gadoue.
Avant que Novembre s'ébroue
Que les marrons croulent par-dessus
Roulent par-dessous.
Allons sous le soleil palot
Foulons les sentes aux arbrisseaux…
Avant que chêne soit chenu
Que la nuit tombe à pas menus
Cavalons, sauvageonne
Bruissement des feuillées d’automne.
Allons baiser la bise vive fauvette
Avant que Toussaint ne nous fête
© Michelle GRENIER
Michelle Grenier
Mich'Elle Grenier est poète, fabuliste et parolière. Persuadée que la poésie est l’essence du langage, elle nous invite, de sa voix singulière, à ne pas nous laisser tentaculer par le chiendent rampant. Car on prête souvent à la poésie des airs d'austérité voire de mélancolie chronique. Mich'Elle Grenier prouve le contraire et sans niaiserie, rimant avec une acuité personnelle sur les choses de la vie. Elle a publié plusieurs recueils et figure au palmarès de plusieurs grands concours de poésie.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son site : → http://www.michellegrenierpoete.com/
Beauté simple
Par un sinistre matin d'automne embrouillardé,
Je décidais de me faire violence et d’enfiler
Une paire de vieux croquenots et un bonnet.
La folle équipée, dans la campagne dépouillée,
Suivait un chemin cabossé, bordé de buissons
Et d'herbes folles, ultime refuge d'un hérisson.
Puis, au détour du sentier, surgit une masse sombre,
Tapie dans la brume, menaçante comme une ombre.
Le brouillard s'échappa mais le ciel disparut
Sous la voûte d'une cathédrale biscornue.
À cet édifice germé de ce terreau nourricier.
Des arbres gigantesques servaient de piliers.
Mes pas s’égaraient sur un tapis moelleux chamarré
De feuilles d'or, de cuivre et d’un apprêt moiré.
Dans cette source de vie, un petit peuple inconnu,
Hideux, repoussant, m’émut, moi, l’ingénue.
Une sensation d'humilité me submergea,
Cette farouche nature, accueillant mes pas
De promeneur amblyope qui découvre enfin,
La beauté simple du monde sans fond de teint.
De la putridité de l'humus s'exhalait une fragrance
Qu’aucun fameux nez n’aurait osé l'arrogance,
Et le promeneur anosmique découvre enfin,
La senteur simple du monde sans brûle-parfum.
À la faveur de cette belle matinée d'automne,
Je décidai de consacrer mes jours monotones
À rechausser mes vieux croquenots pour m’ouvrir
Vers d’autres sanctuaires sylvestres et redécouvrir
La félicité d'une paisible promenade en forêt.
Sentir, écouter, observer avec plus grand intérêt
Tout ce que notre brave planète offre de ses bienfaits
À l’insatiable genre humain éternellement insatisfait.
© Catherine DESTREPAN
Catherine Destrepan (1956-aujourd'hui)
Comptable, Catherine Destrepan a jonglé toute sa vie active avec les chiffres avant de s'intéresser de plus près à la poésie, qui occupe aujourd'hui une grande place dans ses activités culturelles. Elle prête également sa voix de contre-alto au sein de plusieurs ensembles vocaux.
Autre texte :
L'aube incertaine
→ Sa page Facebook
Forêt...
La forêt où les mots se sont perdus
Tient prisonnière, l’empreinte des bogues.
Mais, ici, ça sent la terre, l’humus
Quand les cerfs nous proposent leurs dialogues.
…
Au chemin creux, un silence oublié
Grave sa présence et sur le feuillage,
Le gel inscrit son nom en pointillé.
Plus loin, l’hiver affûte son verbiage.
...
J’écoute les grands oiseaux m’entraîner
Vers les vitraux du ciel où la mémoire
Des étoiles blanches vient abriter
La ronde des saisons et leur histoire.
…
Il suffit d’une fougère où le vent
Pose sa cloche pour que la morsure
Déchire l’heure d’un geste insolent.
Le matin a encore fière allure.
…
Bientôt, l’estampe de quelques flocons
Endormira l’espace où la mésange
Zinzinule en rêvant aux pucerons
Disparus dans un été si étrange.
…
Allons respirer au cœur de ces bois.
Sur la vieille souche, notre écriture
Poinçonnera l’espoir sur le pavois
Des arbres dépouillés de leur armure.
Nota : « pavois » veut dire ici, bouclier comme dans sa première définition du dictionnaire.
© SEDNA
Sedna
Résidant en Charente-Maritime, Sedna a toujours eu la passion des mots. Elle aime les rimes et travaille principalement avec le Traité de Sorgel en poésie classique. Elle aime la mer, le ciel qui sont ses sources d'inspiration permanente. La sauvegarde de notre planète est l'une de ses préoccupations.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son site :
→ http://www.cassiopee17.fr/
Dis, sais-tu que le bois...
Doucement mille bruits, aurait de quoi surprendre ?
La moindre feuille aller ton chemin sans attendre.
Ogres et farfadets, vils nains et korrigans.
© Marcel MICHEL
Marcel Michel
Marcel Michel a toujours voyagé en écriture. Depuis 2013, il couche sur le papier son monde intérieur foisonnant. Son dernier recueil est rempli des sons d’une nature vivante, de réflexions sur l’homme et sur les choses qui nous entourent et que l’on ne perçoit plus. Ouvrage où la beauté, de poème en poème, pose sa touche délicate.
Autre texte :
Désert, temple sacré...
→ Découvrir son dernier recueil
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Sentier forestier
Ce chemin est comme une cicatrice
À travers la futaie masquant les nues.
Ouverte par l’Homme, incertaine,
Serpentine, sutures par centaines,
Cette plaie-là sinue et s’insinue
Dans une forêt sombre et protectrice.
Ici, des ronces agrippent nos mollets ;
Là, une branche griffe ou des orties giflent.
Mais la voie sous voûte va, obstinée,
Pour mener chacun à sa destinée
Et tracer nos routes, quoiqu’on persifle.
Nous peinons peu, la boue aux pas collée.
Nous ne souffrons pas malgré cette glaise.
Cette plaie ouverte longe un ruisseau
Léchant les pieds cahoteux de roches
Escarpées, entassées et toujours proches.
Ses murmures, enchevêtrés, en sursaut,
Montent jusqu’au haut faîtes des mélèzes.
Est-ce haleine d’une âme trépassée ?
Ce chuchotement chuintant s’échappe
Jusqu’aux verts filets de la canopée
Où la lumière aime à galoper
Car de cette feuillée des lames s'échappent,
Rais tranchants, tombant en orbes lassées.
Nous suivions cette voie à l’aveugle,
Au-delà de ses trouées, vers l’orée
De ces rinceaux où le Temps n’est à courre
Ou, enfin, corps et esprit se secourent,
Au dehors de ces ombres où souffle Borée
Qui effiloche herbes folles et qui meugle.
© Christian SATGÉ
Christian Satgé (1965-aujourd'hui)
Auteur prolifique, fabuliste et conteur éclectique, Christian Satgé est professeur d'histoire-géographie dans le département des Hautes-Pyrénées. Il a publié plusieurs recueils et près d'une trentaine de ses textes figurent dans Le Monde de Poetika.
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Son blog : → https://lesrivagesdurimage.blogspot.com/
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Le fabuleux livre de la forêt
Forêt que de contes t’habitent
Pour celles et ceux qui savent te rencontrer
Tu ouvres les bras rieurs de tes arbres
Qui se font sœurs et frères d’accueil
Aux magiques fraîcheurs parfumées
Pour les cœurs amoureux des promeneurs
Tes ivres ombres en bises et vent ne sont en faîtes
Jamais frayeurs enfantant des monstres fous
Ou sanguinaires cerbères et affreux loups
Mais les doux froufrous de tes feuilles et herbes
Offrent de sublimes interminables symphonies
Couronnées de chantants douillets nids
Tes infinies douceurs se déploient toujours
En douces heures de serein repos et bonheur
Bien loin des vains tumultes de la fausse vie
De ses douleurs et poisons de doux leurres
Tout en toi croît dans un majestueux silence
Vers d’ascendantes fusions et convergences
Forêt tout en toi grouille de vie
Tu es synergies d’espérances
Pleines de multiples fruits et réjouissances
De tes frondaisons jusqu’à tes minuscules êtres
Tu dévoiles à celles et ceux qui t’aiment
Ton somptueux grand livre des harmonies
© Mokhtar EL AMRAOUI
Mokhtar El Amraoui (1955-aujourd'hui)
Poète d’expression française né à Mateur, en Tunisie, Mokhtar El Amraoui a enseigné la littérature et la civilisation françaises pendant plus de trois décennies, dans diverses villes de la Tunisie. Il est passionné de poésie depuis son enfance. Il a publié quatre recueils de poésie et plusieurs de ses poèmes ont été publiés sur Internet et en revues-papier.
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L'arbre pleure dans un bémol
L’arbre pleure dans un bémol sous l’effet du vent.
Ses larmes sont des feuilles mortes sur le sol
Qui viennent choir en tas envolées par la brise.
C’est l’automne qui revient et nous fait la bise.
Après, l’hiver reviendra, avec le beau temps.
La neige fondra sous le beau soleil jaune sépia.
L’arbre s’étoffera de ses feuilles au printemps.
Il sera touffu en été : de soleil chaud il regorgera.
L’arbre s’enracine au loin, s’étend bienheureux,
S’ancre profondément dans la terre mouillée.
Il élève son tronc vers le ciel lumineux.
Ses branches graciles sont telles de grands bras,
Accueillant souvent sur elles nos amis les chats
Qui grimpent de l’une à l’autre à son sommet.
© Sylvie CROCHARD
Sylvie Crochard (1976-aujourd'hui)
Ouvrière en milieu protégé, Sylvie Crochard a publié plusieurs recueils. Passionnée de piano, elle s’inspire également de la musique dans ses poèmes.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Sa page Facebook : → https://www.facebook.com/poetecrochard
L'arbre
J’avais un grand arbre vert
Où nichait mon enfance ailée,
Un arbre grand troué de lumière
Qui remplissait le haut de mon âme.
J’avais de douces branches vertes
Où chantait mon enfance triste,
Des branches vertes et sonores
Qui répétaient les chagrins de mon âme.
J’avais mille feuilles vertes
Où palpitait l’élan de mon enfance,
Des feuilles lisses et captives
Comme les oiseaux de mon âme.
J’avais un grand arbre vert
Où se dénouait la fleur de mon enfance,
Pour quel printemps, pour quelle abeille ?
Pour quelle joie, pour quelle souffrance ?
© Rina LASNIER
Rina Lasnier (1910-1997)
Poétesse et dramaturge québécoise, l'œuvre poétique de Rina Lasnier, commencée en 1939, a contribué à l’évolution de la poésie contemporaine au Québec au même titre que celle d’auteurs plus connus tels que Saint-Denys-Garneau, Alain Grandbois et Anne Hébert. De nombreux prix littéraires lui ont d’ailleurs été décernés.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Il était une feuille
ll était une feuille avec ses lignes
Ligne de vie
Ligne de chance
Ligne de cœur
Il était une branche au bout de la feuille
Ligne fourchue signe de vie
Signe de chance
Signe de cœur
Il était un arbre au bout de la branche
Un arbre digne de vie
Digne de chance
Digne de cœur
Cœur gravé, percé, transpercé,
Un arbre que nul jamais ne vit.
Il était des racines au bout de l'arbre
Racines vignes de vie.
Vignes de chance
Vignes de cœur
Au bout des racines il était la terre
La terre tout court
La terre toute ronde
La terre toute seule au travers du ciel
La terre.
© Robert DESNOS
Robert Desnos (1900-1945)
Autodidacte et rêvant de poésie, Robert Desnos fréquente les milieux littéraires très tôt et adhère au mouvement surréaliste en 1922. Engagé dans la Résistance, au sein du réseau AGIR, il sera arrêté puis déporté dans plusieurs camps avant de mourir du typhus au camp de Theresienstadt en Tchécoslovaquie.
Autres textes :
J'ai tant rêvé de toi...
Dans un petit bateau
→ Sa biographie sur Wikipédia
Mon petit chemin
C'est un petit chemin
Qui mène à la rivière,
Où j'allais, solitaire,
Au tout petit matin.
C'est un petit chemin
Au milieu des fougères,
Que j'empruntais naguère,
Lorsque j'étais gamin.
Et loin des bruits de la ville,
Loin de mes angoisses et mes peurs,
Je vais, de mon pas tranquille,
Sur ce chemin plein de douceurs.
C'est un petit chemin
Qui sent si bon la terre
Quand il se désaltère
A la pluie du matin.
Quand mon esprit vagabonde,
Mes rêves m'entraînent ailleurs,
Sur ce chemin du bout du monde,
Où s'arrêtent le temps, les heures...
C'est un petit chemin,
Qui longe la frontière
D'un monde imaginaire
De fées et de lutins...
C'est moi, le Poucet de l'histoire
Et je sème mes cailloux blancs
Sur le chemin de ma mémoire,
Pour retrouver mes jeux d'enfant.
Je suis alors prince charmant,
Monté sur un cheval superbe,
Délivrant la fille du vent
Prisonnière des hautes herbes.
Quelquefois, je suis papillon
Volant et butinant les coeurs
Des boutons d'or aux grands chardons
Et me gavant de mille senteurs.
Je peux devenir libellule,
Je peux aussi être lapin,
Aujourd'hui je suis minuscule,
Mais peut-être géant demain.
Je suis Tarzan, lançant mon cri,
Je me bats contre une meute de loups,
J'en sors vainqueur, même si je suis
Couvert d'égratignures partout...
C'est un petit chemin
Où les mûriers sauvages
Guettent votre passage
Pour vous griffer les mains...
C'est un petit chemin
Qui se cache dans mes rêves,
Et quand ma nuit s'achève,
Disparaît au matin...
C'est un petit chemin
Que j'empruntais naguère
Pour vivre, en solitaire,
Mes rêves de gamin...
© Daniel LAJEUNESSE
Daniel Lajeunesse (1949-aujourd'hui)
Originaire de l'Aisne, Daniel Lajeunesse habite aujourd'hui dans le département des Yvelines. Après une carrière dans le secteur automobile, il occupe sa retraite par de multiples activités comme la poésie, la photo, l'aquariophilie ou encore la randonnée. Il est membre de la Société des poètes français et a collaboré dans plusieurs revues poétiques. Il a aussi remporté de très nombreux prix de poésie.
Autres textes :
La vieillesse
Alzheimer
J'ai rêvé Montmartre...
Son site :
→ http://www.reverie-et-poesie.com/
Bois et pierres
Arbres sans voix dessus ma tête
Chemin muet dessous mes pieds
Accablez-moi quand je m’entête
A venir ici vétiller.
« Las ! » semblent-ils dire « avons-nous
patients et muets œuvré de fond
juste pour que tu naisses tout
vide de parole ou chanson ?
La Nature en toi seul connaît
Ce qu’elle est, trouve la voix pour
Dire son ivresse et ses plaies,
Mais rien sur elle en toi ne sourd.
Ton esprit plein de babillage
Boit la vaine pompe des jours
Incurieux des vents, des nuages,
Des flots en lutte, il reste court. »
Homme, à la grande destinée.
Au peu de temps pour le succès.
D’un tel sort avoir hérité
Ferait parler pierre et forêt !
© John COWPER POWYS
Poems by John Cowper Powys, London (1899). traduction de Régis Poulet
John Cowper Powys (1872-1963) [Royaume-Uni]
Conférencier et philosophe britannique, John Cowper Powys s'est fait connaître en tant que poète et essayiste, puis s'est mis à écrire une série de romans remarqués pour leur recréation détaillée et intensément sensuelle du temps, des lieux et des personnages.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Le dernier soir d'un chêne
Au bord d'un flot luisant, un grand chêne se dresse,
Aux ramures jaunies par l'automne insistant.
Ses feuilles s'en délient et vont avec paresse
Rider la face bleue du pacifique étang.
Il attend la fureur des tempêtes nocturnes
En regardant, de loin, le soleil éclairer,
D'une ligne dorée, l'horizon taciturne
Déjà submergé par les nuages ombrés.
La nuit aura bientôt raison de sa grandeur
Et dans l'obscurité, son tronc s'écroulera,
Abattu par le vent, privé de sa vigueur,
Mis, par l'humeur du temps, en piteux apparat.
L'arbre penche déjà et sa triste feuillée
Vient caresser l'ondée calme et mélancolique.
L'étang est déjà noir comme un fils endeuillé
Et son gardien lui jette un adieu laconique.
Dans la mort, il viendra donner à l'eau fangeuse
Une brusque accolade et un dernier baiser
Puis restera, inerte, entre ses mains brumeuses
Le corps déraciné mais le cœur apaisé.
© Louis de VASSELOT
Louis de Vasselot
Ce texte a remporté le deuxième Prix au concours Poetika 2021.
Concours Poetika 2022 - Lauréats
Un arbre...
Un arbre
Au tronc rêche
Aux branches taries
Aux feuilles longuement éteintes
S’unir à cette soif
Rejoindre cette retraite
Ecouter ces appels.
Sentir sous l’écorce
Captives mais invincibles
La montée des sèves
La pression des bourgeons
Semblables aux rêves tenaces
Qui fortifient nos vies
Cheminer d’arbre en arbre
Explorant l’éphémère
Aller d’arbre en arbre
Dépistant la durée.
© Andrée CHEDID
Andrée Chedid (1920-2011)
Femme de lettres et poétesse française d'origine syro-libanaise, Andrée Chedid déclare son humanisme entre autres avec son livre Le Message, écrit en 2000, en écrivant sa colère envers la guerre et la violence, à travers deux amants séparés par ces guerres. Les héroïnes de ses œuvres sont décidées, prêtes à tout pour atteindre leur objectif.
Autres textes :
L'escapade des saisons
Visages
→ Sa biographie sur Wikipédia
Un chevreuil rencontré
Dans la forêt d’automne ayant le vent pour moi
Le chevreuil noisette et luisant surpris
me dévisage un long instant avant de détaler
et de se perdre dans les futaies
Ma mort et moi qui de nous deux
dévisagera le plus longtemps l’autre ?
Qui le premier tournera le dos
pour marcher vivant dans la forêt vivante ?
Ma mort moi le chevreuil
nous nous demandons à quelle date est fixée
l’ouverture de la chasse
© Claude ROY
Claude Roy (1915-1997)
Poète, journaliste et écrivain français, il écrit ses premiers poèmes lorsqu'il est fait prisonnier en juin 1940. Il s'engage alors dans la Résistance puis commence à publier des récits de voyages. Il ne cesse de publier des romans, des témoignages sur ses nombreux voyages, des descriptions critiques, des essais sur l'art et sur les artistes, dont beaucoup sont ses amis, des livres pour enfants et des poèmes, car la poésie est au cœur de toute son écriture. Elle en est le fil conducteur, et c'est à travers elle que la littérature prend toute sa place pour donner un sens à son existence inquiète et à des engagements souvent déçus.
Autres textes :
L'enfant qui a la tête en l'air
Mademoiselle Sans Souci
Le chat blanc
→ Sa biographie sur Wikipédia
Le chemin creux
Le vieux chemin creusé d’ornières ?
Il a trop plu.
Le vieux chemin de la Carrière,
Celui du vieux moulin qui ne moud plus,
Le chemin du Seigneur qui n’a plus de château,
Le chemin du Bourreau,
Le chemin de la malle-poste,
Et ceux qui les croisaient, tous les chemins herbus,
Tous les chemins pleins d’eau,
Tous les chemins perdus…
Entre les ronces hautes,
Les prunelliers, la douce-amère, les bryones,
Le vert était celui des grottes et le jaune
Celui de la mélancolie.
Même le gel craquant sous le pas des brebis
Y devient triste avant la nuit tombée.
Les chemins creux, la pluie,
Le givre gris,
Le dernier scarabée…
Prenons la route neuve
Qui sur un pont solide et neuf passe le fleuve.
© Sabine SICAUD
Sabine Sicaud (1913-1928)
Cas unique et prodige dans les annales de la littérature française, Sabine Sicaud est une enfant douée pour la poésie et remporte dès l'âge de 11 ans plusieurs prix littéraires. Issue d'une famille d'érudits du Lot-et-Garonne, elle baigne dans un monde artistique et culturel qui éveillera en elle un don précoce pour l'écriture poétique. Son oeuvre s'achève brutalement par son décès prématuré à l'âge de 15 ans, suite à une blessure au pied qui s'envenime et la laisse dans de terribles souffrances.
Autres textes :
Potager basque
Les trois chansons
La bruyère
→ Sa biographie sur Wikipédia