La poésie animalière
Animaux de compagnie, à la ferme, au zoo, en balade...



Ballade de l'écureuil
Michel MIAILLE

y

Je passe mon temps à sauter,
Voltigeant de façon sportive
Sur tant d’arbres à visiter,
Bien loin d’une maison captive.
Ma figure est souvent craintive
Dans ce portrait de vrai rongeur
Et, face à ma terre native,
Je suis l’écureuil voltigeur.


Très souvent j’ai pour m’abriter
Ma propre branche sélective,
Un endroit pour faciliter
Mon existence primitive.
J’y vis de façon intuitive,
Guettant l’ennemi ravageur.
Grâce à ma tête réceptive,
Je suis l’écureuil voltigeur.


Mon pelage sait épater
La foule représentative
Des ces humains prêts à flatter
Chaque papille gustative.
Pourtant moi, l’allure furtive,
Je crains le moindre voyageur
À la sournoise tentative,
Je suis l’écureuil voltigeur.


Princes, écoutez l’invective
De l’animal gentil rongeur
Mais, face à votre chasse active,
Je suis l’écureuil voltigeur.


© Michel MIAILLE


Michel Miaille (1951-aujourd'hui)
Poète, auteur de sketches et de pièces de théâtre, Michel Miaille est retraité du Ministère de l'environnement et membre de la SACEM. Il a obtenu plusieurs prix de poésie, notamment avec des poèmes en langue provençale, et participe à des anthologies. Il a publié plusieurs recueils.
Autres textes :
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site



Ballade du chien abandonné
Michel MIAILLE

y

Le soleil devient racoleur,
Sur le ciel de leur résidence,
Excitant déjà leur ardeur
Dans le bel été qui commence.


Je connais cette exubérance
Qui vient soudain les animer
Alors moi, tout à coup je pense,
Mais demain qui voudra m’aimer.


Car j’ai pressenti ce malheur
Tandis que, doucement, s’avance
Le pays de la bonne humeur
Aux accents de la Douce France.


Alors, face à leur négligence,
Que tant de gens sauront blâmer,
Je subis leur inconséquence,
Mais demain qui voudra m’aimer.


Je ne suis qu’un chien sans valeur,
Un animal sans espérance
Qu’on regarde comme un gêneur,
Laissé seul dans l’indifférence.


Soudain je pense à mon enfance,
À ces gens que j’osais charmer,
Ici tout seul dans la Provence,
Mais demain qui voudra m’aimer.


Maître, repense à la souffrance
De l’animal qu’on veut calmer.
Je rêve d’une autre existence,
Mais demain qui voudra m’aimer.


© Michel MIAILLE


Michel Miaille (1951-aujourd'hui)
Poète, auteur de sketches et de pièces de théâtre, Michel Miaille est retraité du Ministère de l'environnement et membre de la SACEM. Il a obtenu plusieurs prix de poésie, notamment avec des poèmes en langue provençale, et participe à des anthologies. Il a publié plusieurs recueils.
Autres textes :
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Sacrée vache
Michelle GRENIER

y

À Calcutta, fille de Shiva que l’on adora,
Une vache sacrée rumine,
Moral en berne, pas un brin de luzerne !
Comment peut-on rester zen
La panse jamais pleine ?
Dans ce pays, elle est bénie,
Mais son lait est tari.
Bravache, elle mâche
Des chemises en haillons
Même pas en coton.
Ça va de mal en pis,
La vie, une sacrée vacherie.
Elle poursuit à la trace
Un mouchoir venu choir,
Journaux et paperasses…
On la vénère, on l’adore
On l’adule, pas une campanule
Ni un bouton d’or.
Elle en a plein l’échine, la pastorale divine.
Son rêve, une prairie, en Normandie,
Tondre le pré de la largeur de sa langue.
En un jour, ses mamelles donneraient
Trente jarres de lait,
Rêveries qu’elle ne peut brouter…
Mais elle est libre et détachée.
Sait-elle qu’en nos étables,
Ses congénères vénérables
Termineront en steak haché ?


© Michelle GRENIER


Michelle Grenier
Mich'Elle Grenier est poète, fabuliste et parolière. Persuadée que la poésie est l’essence du langage, elle nous invite, de sa voix singulière, à ne pas nous laisser tentaculer par le chiendent rampant. Car on prête souvent à la poésie des airs d'austérité voire de mélancolie chronique. Mich'Elle Grenier prouve le contraire et sans niaiserie, rimant avec une acuité personnelle sur les choses de la vie. Elle a publié plusieurs recueils et figure au palmarès de plusieurs grands concours de poésie.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son site : → http://www.michellegrenierpoete.com/



Gantcho
Gustave HIAG HIAG

y

Mon introuvable Gantcho, mon chat affecté,
Mon ami fidèle, toujours à mes côtés,
Tes beaux yeux verts émeraude sont des joyaux,
Ta fourrure douce est d'un noir profond et chaud.

Toi, le roi de la maison, toujours à l'affût,
Tu chasses souris et oiseaux sans retenue.
Mais quand tu viens te coucher contre moi le soir,
Je ressens ta tendresse sans pouvoir l'asseoir.

Tu ronronnes, ta queue roulée autour de moi
Et je sens ton amour qui donne de la joie.
Tu es plus qu'un chat, tu es mon vrai confident
Et je suis heureux que tu sois là tout le temps.

Mon cher Gantcho, je promets de t'aimer toujours
Et de te chérir jusqu'à la fin de mes jours.
Étant mon préféré, je suis fier de t'avoir
Comme ami, comme compagnon, pour vivre et voir.


© Gustave HIAG HIAG


Gustave Hiag Hiag (1979-aujourd'hui)
Mathématicien camerounais et enseignant depuis 23 ans, Gustave Hiag Hiag réside actuellement au Tchad où il exerce les fonctions de proviseur du Lycée Étoile Polaire de N'Djamena. Depuis 1997, pour son plaisir personnel, il écrit de la littérature en général et de la poésie en particulier.



Le Baribal
Sharian DAVIDIAN

y
Il était une fois un Vieux
Qui possédait bien moins que peu ;
Il achevait une vie rude
Sagement, dans la solitude.

Le Vieux portait, voûté, son âge :
C'était son unique bagage,
Et lui qui ne possédait rien 
S'accomodait d'un pauvre chien

Fidèle et pieux. Parfaitement.
Bien que le moindre sacrement
Lui fût tout à fait inconnu,
Son âme de chien claire et nue

Se nourrissait de la parole
Et des caresses – des oboles ! –
De cette sèche silhouette 
À la voix rauque et maigrelette.

Or, à chaque automne, le Vieux
Se plantait dans ses bottes bleues
Et, seul, remontait la rivière,
Singeant des saumons la manière 

Curieuse qu'ont ces gros poissons,
Au ventre rose et au dos rond,
De remonter ainsi les cours 
Pour y aller mourir d'amour :

Les saumons, comme pris de rage,
À l'apogée de leur voyage
Livraient bataille sans merci
Et bradaient chèrement leur vie.

Immobile au bord d'un ruisseau,
Ne pouvant pas grimper plus haut,
Le Vieux siégeait sur un caillou
Et, à sa droite, son toutou

Montait la garde avec alarme
Tant il craignait que ce vacarme
De coups de queue et de nageoires 
N'alerte le Baribal noir.

Ainsi sans rien laisser paraître,
Comme un sphinx auprès de son maître,
Le chien lorgnait de son œil gris
Les frondaisons, les matitis.

Allant à l'amble sur ses pattes,
Agile comme un acrobate 
Malgré trois cents kilos de viande,
Un ours furetait sur la lande.

Pendant une journée entière,
Il avait suivi la rivière 
Guidé par seul son appétit.
Ne connaissant pas d'ennemi,

Il était néanmoins prudent,
Ayant déjà précédemment 
Croisé le chemin de ces êtres 
Qui partout se pensaient les maîtres.

Derrière les hautes futaies,
Parmi les épines, les haies,
Les musaraignes affolées,
Il avançait dissimulé. 

– "C'est lui, c'est lui ! hurla le chien,
C'est lui, c'est ce monstre inhumain 
Qui ose se tenir debout 
Et que craignent même les loups !"

Entendant ce cri déchirant,
Cette plainte à glacer le sang,
Le Vieux fut saisi d'épouvante,
Dévala sans garde la pente

Et courut, courut en aval 
Pour échapper au Baribal !
Ce n'est qu'au creux de la vallée 
Que l'homme osa se retourner :

Il constata avec effroi
Que son chien ne le suivait pas.

Le Vieux, voûté par son grand âge,
Saisit à deux mains son courage 
Et retourna, caha-cahin,
À la recherche de son chien.

Or le très fidèle animal,
Devant l'énorme Baribal,
Pour protéger son vieil ami
S'était mis entre l'ours et lui.

Mais ce fidèle – brave cœur ! –
Avait succombé, mort de peur. 

Sous la ramée bleue d'un tilleul,
Le Vieux enterra l'Épagneul.
Et il enviait, sans vous mentir,
Si belle façon de mourir.

 

Texte écrit à Genève - Bruxelles , 8 - 10 janvier 2023.
Illustration Alfredo RODRIGUEZ, Le vieil homme et son chien

© Sharian DAVIDIAN


Sharian Davidian (1983-aujourd'hui)
Sharian Davidian vit et travaille à Bruxelles. Historien de l'art et journaliste de formation, il est poète et auteur pour la jeunesse aux éditions Beurre Salé (France).
Autre texte :
→ Zeke Midas

→ Sa page Facebook



Des abeilles
Frédéric ALBOUY

y

Quand sonnent les mâtines
Reprend l’entraînement
Du miel et sa routine :
Nous partons pour les champs

En essaim de copines
Du même régiment,
Avec qui l’on butine
Tout militairement.

Et puis quand vient le soir,
Retour à la caserne ;
Les ébats mis en berne
On s’entasse au dortoir,

Le travail accompli
Et la Reine réjouie.

Extrait de L'Arche de Noé, sonnets fanimaliers, 2016, édition révisée en mars 2023

© Frédéric ALBOUY


Frédéric Albouy (1956-aujourd'hui)
Auteur de nombreux livrets de poésie puis de livres d’artiste à tirage limité avec la complicité d’artistes de la place parisienne, Frédéric Albouy (fA) s'est orienté au tournant du siècle vers le Web offrant de nouveaux outils pour de nouveaux horizons poétiques. Il contribue au site de poésie pour enfants L’Arbre à Poèmes du Club des Poètes puis crée en 2004 sa propre fabliothèque, cyberpoesie.net, à base d'animations poétiques.
Autre texte : Beaubourg (Mention Honorable au concours Poetika, 2019)
Découvrir son dernier recueil : La poésie dans la cuisine



Ballade du coq
Michel MIAILLE

y

Il se lève tôt le matin
Dans la nature qui frissonne
Sous le ciel souvent incertain
Lorsque la fin de nuit bougonne.
On n’aperçoit presque personne
Quand dorment Pierrots et Margots
Pourtant déjà son chant résonne,
Voyez le coq sur ses ergots.


De son air sur ou cabotin,
Tout à coup l’animal entonne,
Comme un beau réveille-matin,
L’éternel refrain qu’il claironne.
Chaque jour l’animal s’adonne
À des cris pas toujours légaux.
La belle allure qu’il se donne,
Voyez le coq sur ses ergots.


Le son n’est pas très argentin
Pour les amants d’humeur friponne
Tandis que notre plaisantin
Nargue le dormeur qui maronne.
Le gallinacé s’époumone
Et face aux gens, ces ostrogoths
Que tout un univers cloisonne,
Voyez le coq sur ses ergots.


Princes, que cet oiseau pardonne
Dans vos bouches tant de ragots.
Pareil à vous, lui fanfaronne,
Voyez le coq sur ses ergots.


© Michel MIAILLE


Michel Miaille (1951-aujourd'hui)
Poète, auteur de sketches et de pièces de théâtre, Michel Miaille est retraité du Ministère de l'environnement et membre de la SACEM. Il a obtenu plusieurs prix de poésie, notamment avec des poèmes en langue provençale, et participe à des anthologies. Il a publié plusieurs recueils.
Autres textes :
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Zeke Midas
Sharian DAVIDIAN

y
Chevauchant à califourchon 
Une souche rude et sévère,
La mine enlevée, altière,
Et sur l'épaule un baluchon,

Zeke Midas, grand méchant loup,
Comptait pistoles et louis,
Serrant sa bourse contre lui,
Comptant avidement ses sous.

Hélas pour lui, la bourse plate,
Riche d'à peine quelques pièces,
Jurait disette et non ivresse. 
Son chapeau, comme une célate,

Percé de trop nombreux ajours, 
Avait du moins cet avantage, 
Dû à son important usage,
De rafraîchir le cœur du four,

— Si vous permettez l'expression —
De calmer, si vous comprenez,
Le cœur du loup si tourmenté
Par une coupable passion.

En effet, point que l'avarice
Rongeait l'âme de ce pauvret.
S'il eut fallu ou s'il fallait 
Qu'il souffrît doublement ou trisse,

Portant tristement ce fardeau,
L'âme si fatiguée et maigre,
L'artère desséchée et aigre,
Rêvant au parfum de l'agneau,

Il était — Oh !— oui, il était 
Dévoré par un mal si grand...
Qu'à défaut d'y planter les dents,
Aiguës tels des couperets,

Il était dévoré, dit-on,
— Et cela, seul, je ne peux croire,
Mais qui suis-je dans cette histoire ? —
Par une funeste passion,

Un appétit des plus féroces,
Plus fort encore qu'avarice,
Un coupable désir, un vice : 
Une envie de ronger des gosses.

 

Texte écrit à Dunquin, Irlande, 9 mai 2023.

© Sharian DAVIDIAN


Sharian Davidian (1983-aujourd'hui)
Sharian Davidian vit et travaille à Bruxelles. Historien de l'art et journaliste de formation, il est poète et auteur pour la jeunesse aux éditions Beurre Salé (France).
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Un zèbre dans la ville
Magali BRETON

y

J’ai croisé tout à l’heure un zèbre dans la ville
Il regardait surpris les magasins fermés
Je cherche me dit-il une chose futile
Dont les humains raffolent avant de m’en aller


Peu après j’ai croisé un singe dans la ville
Au regard bien curieux en haut d’un réverbère
J’aperçois me dit-il vos maisons qui s’empilent
Quelle étrange forêt de béton et de fer


Bien plus loin j’ai croisé un boa dans la ville
Se glissant l’air de rien dans un appartement
Quelle bizarrerie que ce lieu me dit-il
Où vit cette femme qui regarde un écran


J’ai croisé ensuite un éléphant dans la ville
Arpentant les rayons d’un grand supermarché
Où sont passés les fruits à l’odeur si subtile ?
Quelle piètre nourriture au goût aseptisé !

Enfin j’ai recroisé le zèbre dans la ville
Regardez, j’ai trouvé, voilà qui est marrant !
Il conduisait fièrement une automobile,
J’en ai bien assez vu, bonjour à vos parents !


Tous les animaux quittèrent bientôt la ville
Je les ai entendus parler de safari
Quand l’homme est confiné on est bien plus tranquilles
Pourvu que cela dure on a tellement ri !


Crédit photo : Muriel PIC, Le Pub Z, Avignon

 

© Magali BRETON


Magali Breton
Auteure-compositrice-interprète, Magali Breton est aussi comédienne, auteure de textes de chanson française dont ceux de son album intitulé « Regard de femmes » primé à Barbizon 77, lors du concours « La palette en chansons », avec pour parrain Bernard Sauvat. En 2019, elle se consacre à l’écriture d’une pièce de théâtre musical sur la vie et l’œuvre de l’artiste peintre Rosa Bonheur : « Les messagères de Rosa Bonheur ». Le spectacle est créé en 2020, avant d’être stoppé net par la crise sanitaire et la fermeture des salles de spectacle, avant de connaître un beau succès en tournée. Cette période se mue en une inépuisable source d’inspiration pour écrire un recueil intitulé « Les Covidiennes » édité en 2022. Elle choisit la poésie pour nous livrer des instants de vie en quelques vers et nous absorber dans l’intimité, la profondeur et l’exacerbation des sentiments. Elle fait appel à Muriel Pic, photographe, ainsi qu’à Patrick Carmier, pianiste compositeur, pour sublimer les textes par l’image et la musique. Cela donne naissance à un nouveau spectacle.
Autres textes : → Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son site : → Les Messagères de Rosa Bonheur
Sa page Facebook : https://www.facebook.com/lelienparlart
Sa chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/UC6zEpDLSwB9-zqZok3H72BA



Octobre sombre
Nathalie LAURO

y

Ma plume d’ange
Ma fleur des neiges
Ma poésie, douce et rebelle

       Ma fée dorée
       Mes yeux de soie
       Mon eau de rose, fraîche, éternelle

            Tout mon bonheur
             Mon bel amour
             Mon soleil bleu et de dentelle

                  Mon chat, mon cœur
                         Je t’aimais tant…
                                   Je t’aime tant, toi ma si belle.

 

À ma Myrtille († octobre 2020)

Crédit photo : Nathalie LAURO, Myrtille

© Nathalie LAURO


Nathalie Lauro
Ecrivaine, poétesse et artiste numérique, Nathalie Lauro travaille à partir de ses photos shootings. Elle aime photographier les villes comme Berlin, Londres, Paris, Hambourg et Amsterdam mais sa spécialisation reste le sud, la Méditerranée, le soleil, les couleurs, les lumières et la Dolce Vita. Elle est par ailleurs présidente de l'association Luna Rossa.
→ Découvrir son dernier recueil
→ Site de l'association Luna Rossa
→ Son site : http://www.nathalielauro.com/



Si j'étais un chat
Lionel R.

y

Mon chat dort la nuit,
Il dort le jour, il dort tout le temps.
Dormir, à la santé ne nuit
Très certainement pas tant il est bien portant.

J'ignore du tout
Si l'avenir est aux lève-tôt
Mais il s'en moque, mon matou,
Sa devise ? Deux mots : « Molto moderato... »

Si j'étais un chat,
Je dormirais, le fait est certain,
Je dormirais comme un pacha
Du matin jusqu'au soir et du soir au matin.

Mon chat quand il dort,
Il faut voir ça, semble un gros chiffon,
Un gros chiffon dans le décor,
Posé sur mon fauteuil au creux le plus profond.

Moi, je serais chat,
Je dormirais encor plus que lui.
Gloire au vaillant qui se coucha
Et dormit d'un seul trait quatre jours et trois nuits !

Mon chat, l'étonné,
Me secouerait : « Ho hisse ! Ah ça mais !
On bouge ! Il est midi sonné !
Comment peux-tu dormir sans t'étirer jamais ?

J'ouvrirais les yeux,
Je bâillerais puis en m'étirant,
Je lui dirais : « Par mes aïeux !
Laisse-moi donc dormir, redoutable tyran ! »

Mais à quoi bon
Extravaguer et croire qu'un jour
Je rendrai mon chat furibond
Pour gagner mieux que lui de Morphée le séjour ?

Je suis un lion
Mais sans crinière et marchant debout,
Faux lion, juste écrivaillon
Et je ne dors jamais la nuit de bout en bout.

Monsieur mon greffier,
Pour se gausser, d'un ton patelin
Mais sans appel, m'a confié
Que pour bien que l'on dorme il faut être félin.

Las ! Si c'est ainsi,
Que je n'ai pas et jamais n'aurai
– Tout ça n'était que facétie –
La chance d'être un chat, que sert de pérorer ?

Mais moi je connais,
Moi le poète aux longs poils tout gris,
Moi le poète d'Annonay,
Le plus décontracté de tous les mistigris.

C'est mon chat, celui
De ce poème en noir et en blanc
Et je vois dans son œil qui luit
Qu'il va bientôt dormir – et sans faire semblant.

Sortons doucement
Et laissons là cette poésie...
Mes vers, même pleins d'agrément,
Il s'en moque mon chat, que le sommeil saisit !


© Lionel R.


Lionel R. (1956-aujourd'hui)
Sous le pseudonyme de "Le Lion", cet Ardéchois adore jouer avec les mots. L'auteur a publié plusieurs recueils que l'on peut commander sur son site. Vous y trouverez également d'excellentes réflexions sur la poésie, des notes très pertinentes sur l'art et la manière d'écrire en poésie, le tout saupoudré d'un bon zeste d'humour.
Autre texte : Gourmandise
Son site : → https://pmcr.fr/
→ Sa page Facebook



Le goéland
Annick PIPAUD

y

Posé sur un rocher,
un goéland contemplait l’image
que lui renvoyait la mer.
Mon ventre est blanc et ferme ; se disait-il.
Mes ailes sont propres et puissantes.
Chacune de mes plumes est droite et honnête.
Mon bec est fort.
Ma tête est saine et solide.
Mais la bêtise perturba son discours :
un macareux venait de lancer un galet dans l’eau.
L’image devint trouble et instable.
Blessé, le goéland glissa se laver dans l’écume ;
puis, regrimpa sur le rocher.
L’image était tremblante.
Le doute s’installa dans l’esprit de l’oiseau :
je suis seul au monde.
Pourquoi ne trouvé-je pas de compagnon comme les autres ?


Mais le calme et la paix revenaient.
Je suis profond et riche.
J’aime la sérénité de mon pas.
Je suis beau et pur.
Je suis l’Amour.
Et il s’envola.


© Annick PIPAUD


Annick Pipaud
Professeur de mathématiques à la retraite mais artiste dans l'âme (peinture, photo, poésie...), Annick Pipaud écrit depuis son plus jeune âge. Elle a participé à plusieurs festivals de poésie.



Allegro con brio
Raymond BOURMAULT

y

Allegro con brio pour l’oiseau, merle, aux yeux de perles noires !
Chantant pour marquer son territoire ! et répandre de la joie vers son auditoire !
 
La tourterelle a l’aiguille de son bec bloqué sur le même microsillon.
En chantant toujours la même chanson.
Ça exaspère le chat qui se carapate vers d’autres proies !
 
Les petites mésanges se déplacent en colonie pour cueillir bourgeons, insectes, chenilles…
Toujours actives, aucune pause dans leur programme consacré à la famille !
Ignorantes des règles syndicales,
Réprimant les passions des vies hors des pressions fiscales.
 
Le canari chantait à tue-tête.
Quand le soleil entrait par la fenêtre,
Tout le quartier était subjugué,
Par son concert si gai.
En cage faisait-il contre mauvaise fortune bon cœur !
En appelant au bonheur !
 
Mais quel est ce drôle d’oiseau
Aptère, les deux pieds sur terre.
Qui va chanter à Noël
Dans des gerbes d’étincelles.
La même mélodie souhaitant la paix
Sans que jamais son vœu ne soit exaucé !


Allegro con brio :  joyeux et avec brio


© Raymond BOURMAULT


Raymond Bourmault
Amoureux des arts, Raymond Bourmault est artiste peintre et a obtenu le diplôme des Beaux Arts de Versailles. Après avoir travaillé dans l’informatique jusqu’à sa retraite, il se consacre désormais à sa passion artistique et s'adonne également à la poésie.
Autres textes :
La 7ème symphonie (Beethoven)
Les arbres
La neige tombe drue
Ah ! Les baisers multiples
→ Sa page Facebook



Sheba
Denise DODERISSE

y

Sheba, chaussé de bottes blanches,
frac noir et nœud papillon blanc,
allure princière, regard fier
de tes magnifiques yeux verts.


Chat noir aux bottines blanches,
calme et serein tu te penches
pour écrire en pleins et déliés
la vie qui t'a été donnée.


Chat noir et nœud papillon blanc,
Tu es la vie, à sa semblance,
tu fais jaillir maintes sources
dont tu méconnais la course.


Sheba, d'où te vient ce mystère
au plus profond de tes yeux verts ?
Tu le portes si librement
sans rechercher de faux-fuyants.


Et tu avançes, sibyllin,
sur le chemin de ton destin,
sans condescendre à percevoir
le moindre signe de désespoir.


Sheba, tu as emporté ton mystère
dans les profondeurs de la terre.
A jamais je ne connaîtrai
le pouvoir que tu détenais.


© Denise DODERISSE


Denise Doderisse
Résidant en région parisienne, Denise Doderisse écrit depuis une cinquantaine d'années de la poésie sous toutes ses formes, et en particulier elle aime écrire des haïkus. Elle s'adonne également à la peinture et au dessin. Elle a publié deux recueils et plus récemment un livre illustré de réels dessins d'enfants.
→ Voir tous ses textes sur le site
→ Son blog



Faune
SEDNA

y

Au clair du jour, le corset du chardon
S’ouvre avec son poids de vieilles ratures.
Un poème traverse l’horizon
Pour réveiller l’écho de nos murmures.

L’espoir en friche se dresse soudain
Dans les frondaisons bleues de la glycine.
Un silence quitte son palanquin,
Laisse place à l’abeille qui butine.

Entre les rimes, ça sent le lilas.
Dans la chair des arbres, s’étonne encore
L’aubier d’avoir vaincu tous les frimas.
Fragile est le cerf habillé d’aurore.

L’oiseau migrateur cherche le bercail.
Brindilles au bec dans des draps de lierre,
Il bâtit son nid pour un nouveau bail.
Un soleil timide chauffe la pierre.

Au soir tombant, reviendra le hérisson
Voler des croquettes dans la gamelle
Du chat partageur en toute saison.
Les hiboux descendent de leur échelle.

...

Et dans les couloirs du printemps fleuri,
Nos cœurs de pivoine bercent l’ivresse
Qui rôde entre éphémère et infini.
Je suis louve quand tu es la promesse.

 

© SEDNA


Sedna
Résidant en Charente-Maritime, Sedna a toujours eu la passion des mots. Elle aime les rimes et travaille principalement avec le Traité de Sorgel en poésie classique. Elle aime la mer, le ciel qui sont ses sources d'inspiration permanente. La sauvegarde de notre planète est l'une de ses préoccupations.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son site : → http://www.cassiopee17.fr/



Les yeux d'India
Claude DUSSERT

y

Comme des coups de hache tes yeux fendent mon cœur
Et mon esprit dérive, bateau ivre incertain.
J’entends encor les cris, les hurlements, la peur
Qui suintait la douleur en ce triste matin.


Derrière des barbelés, dans des cages enfermés
Seuls tes yeux parlaient et me disaient tout bas
Nous sommes révoltés, résignés, enfermés
Dans cet enfer sauvage, jette un regard sur moi.


Je deviendrai pour toi, fidèle, inséparable
Je veillerai sur toi, je guiderai tes pas
Je me ferai câline et je serai capable
De protéger ta vie contre les aléas.


Dans les mots d’un humain, jamais je n’ai perçu
Tant d’humaines promesses, de sincères serments.
Tes yeux pleins de promesses ne purent assurément
Me laisser insensible à tes propres tourments.


Je ne t’ai pas choisie, c’est toi qui a voulu
M’aider à mieux aimer dans ce monde de chiens.
Imprimant dans mon cœur la sagesse des ans.


© Claude DUSSERT


Claude Dussert (1947-aujourd'hui)
Poète, nouvelliste et pamphlétaire à ses heures, Claude Dussert est diplômé du Conservatoire d’Arts Dramatiques de Grenoble. Cadre commercial, il a créé sa société de communication « CBCD » en 1993 à Lyon. Il vit actuellement en Bourgogne, dans la région de Cluny. Éclectique dans ses lectures, sa passion pour la poésie l’a amené à être membre de nombreuses associations. Il participe activement à plusieurs anthologies de poésie et ouvrages collectifs ainsi qu’à des concours. Il a édité à compte d’auteur cinq recueils de poésie et un recueil de nouvelles. Il a également remporté de nombreux prix de poésie.
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À Lola
Danielle BAILLY CROMBEZ

y

Je pense si fort à toi mon ange 
Ma danseuse au coeur de porcelaine 
L'automne sanglote et puis se traîne 
L'univers est désempli, tout change ...

Tes pupilles de citrine étranges 
Illuminent mes rêves de peine 
Je pense si fort à toi mon ange
Ma danseuse au coeur de porcelaine 

Je cherche ta chaleur dans la nuit 
La caresse de ton front, enfuies...
J'ai dans le coeur tant de souvenirs 
Et de l'amour à n'en plus finir ...
Je pense si fort à toi mon ange ...

 

© Danielle BAILLY CROMBEZ


Danielle Bailly Crombez
Bretonne et amoureuse de sa belle région, Danielle Bailly Crombez écrit depuis plus de cinq ans et a toujours aimé la poésie. Tous les sujets l'inspirent et elle écrit également des comptines.
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De la magie du cheval
Denise DODERISSE

y

Cheval élégant et racé
aux jambes longues et fines
On admire ta majesté
jointe à une grâce d'ondine

 

Cheval lourd aux muscles puissants
L'homme a usé de ta vigueur
et ce depuis la nuit des temps
Il restera ton débiteur

 

Cheval comme Muse de Mai
Tu hantes l'imagination
On voit s'épanouir tes portraits
en toutes civilisations

 

Cheval générosité
Tu affiches toujours présent
Et grande est ta fidélité
envers un humain bienveillant

 

Cheval affectueux Complice
des nombreux caprices des hommes
Tu t'en amuses avec délices
et simplement tu t'abandonnes

 

Cheval sauvage et rebelle
Tu recèles bien des beautés
et tes postures ensorcellent
les yeux les plus désenchantés



© Denise DODERISSE


Denise Doderisse
Résidant en région parisienne, Denise Doderisse écrit depuis une cinquantaine d'années de la poésie sous toutes ses formes, et en particulier elle aime écrire des haïkus. Elle s'adonne également à la peinture et au dessin. Elle a publié deux recueils et plus récemment un livre illustré de réels dessins d'enfants.
Autres textes :
De la musique avant toute chose
Ah ! J'ai vu...
Balade en forêt
Haïkus (4)
Liberté 
→ Son blog



Les yeux de mon chat
Danielle BAILLY CROMBEZ

y
Je vois dans ses yeux un monde inconnu,
Un lagon lointain, de secrètes îles. 
Opale subtile aux reflets perdus ...
Je vois dans ses yeux, 

Je lui dis des mots, des mots puérils,
Ses silences bleus, le temps suspendu,
Dans le demi-jour, il semble indocile.

Il m'aime pourtant, en sous-entendus 
Caressant ma joue et mon coeur vacille.
Mon mystérieux, mon inattendu...
Je vois dans ses yeux 

 

© Danielle BAILLY CROMBEZ


Danielle Bailly Crombez
Bretonne et amoureuse de sa belle région, Danielle Bailly Crombez écrit depuis plus de cinq ans et a toujours aimé la poésie. Tous les sujets l'inspirent et elle écrit également des comptines.
Autres textes :
Haïkus (4)
Haïkus (3)
Le buffet de Tante Fine
Les couleurs de la vie 
→ Sa page Facebook



L'écureuil malade de la ville
Philippe SALORT

y

L’écureuil vif-argent
Saute de branche en branche,
Flamme se rengorgeant
En mille fulgurances.
L’écureuil est curieux,
Fouineur, pas très sauvage,
Il met du merveilleux
Dans tout le voisinage.


L’écureuil est adroit
Pour vider les poubelles ;
Aux noisettes, aux noix
Il devient infidèle.
L’écureuil est gourmand ;
Préférant les pique-niques,
Ce petit garnement
Aux graines fait la nique.


Mais l’écureuil s’empâte
Traîne son embonpoint
Sur ses petites pattes
Au milieu des ronds-points.
L’écureuil dodeline
Souffle, d’un pas pesant,
Sa rouge crinoline
Questionne les passants.


Au pays de Cocagne
Où l’envie coule à flot,
Les châteaux en Espagne
Demandant du boulot,
Il nous arrive à tous
Par notre vacuité
D’aller, la pente est douce,
Vers la facilité.


© Philippe SALORT


Philippe Salort
Moi j'aime cet auteur qui débute à 60 ans !! Qui se sent plus artisan qu'artiste, plus potache que poète... Qui se dit davantage les doigts pleins d'encre que la tête dans les étoiles !
Autres textes :
Sainte-Soline
Entre parenthèses

→ Son profil sur short-edition.com



Partage d'une vie de chien
Pierre WATTEBLED

y

Quand je regarde mon chien
Auquel j'offre ma tendresse
Je ressens un pincement au cœur
Qui de nous deux vivra demain

Nous partageons les jours heureux
Tout autant que ceux chagrins
Car il comprend à chaque instant
La joie, la tristesse en mes yeux.

Quelqu'un me manque autant qu'à lui
L'absent n'a pas laissé d'ombre
La truffe suit une trace :
Il cherche celui qui est parti.

Si mon toutou part avant moi
Qui l'aimera autant que moi
Le couvrira de caresses
Qui au matin le mettent en joie.

Ressent-il des inquiétudes
Ou pas ? pour autant qu'il me voit
Lui déposer ses croquettes
Son bonheur est l'habitude.

Quand je regarde mon chien
Auquel j'offre ma tendresse
Je ressens un pincement au cœur
Qui de nous deux vivra demain.


© Pierre WATTEBLED


Pierre Wattebled
Résidant en Savoie, Pierre Wattebled publie dans différentes revues en ligne.
→ Sa page Facebook



Bien plus mystérieux…
Marcel MICHEL

y

Bien plus mystérieux qu’une statue antique.
Noble héritier de ceux dont il descend. Hautain.
Sage comme peut l’être un doux bénédictin
Occupant tout son temps à la vie ascétique.

Maître du quant-à-soi. Presque aristocratique.
En jaquette cintrée et petit nez mutin.
Lecteur voici du chat, homme, menu fretin,
Bien léché, sans mentir, le portrait authentique.

Grand Dieu ! Chacun de nous a ses petits travers.
Un poète parfois écrit de mauvais vers.
Or, pour tout Mistigri, une chose est sacrée.

Patatras ! Sa pelote. Adieu flegme, maintien,
Chic, allure, prestance, élégance feutrée.
On peut être lassé d’un trop sage entretien.


Extrait du recueil "Bruits de feuilles", Prix Sully Prudhomme 2022, Société des Poètes Français,
Editions Maïa, janvier 2022, ISBN 978-2-37916-905-2
https://www.editions-maia.com/livre/bruits-de-feuilles/


© Marcel MICHEL


Marcel Michel
Marcel Michel a toujours voyagé en écriture. Depuis 2013, il couche sur le papier son monde intérieur foisonnant. Son dernier recueil est rempli des sons d’une nature vivante, de réflexions sur l’homme et sur les choses qui nous entourent et que l’on ne perçoit plus. Ouvrage où la beauté, de poème en poème, pose sa touche délicate.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Découvrir son dernier recueil
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Chantons la vie
Renée VIRLOGEUX BORON

y

Le chien déambule en patins à roulettes,
Le chat joue à quatre pattes dans la rivière
Les lézards à saute-moutons au goût du jour
Et les fourmis réinventent la marelle.


Le merle noir appelle à la prière du soir
Les arbres souvent pleurent sous la pluie,
Les feuilles s'habillent de nuages roses
Et les taupes apprivoisent le jour naissant.


Les mouches  circulent en sens interdit.
Les moustiques piquent, pic et pic et colegram
Dans le jardin en plein vent crapahutant.
Sous les fleurs, les vers se prélassent.


Un autre monde est en marche rapide
Comme les souris à la queue leu leu.
Les herbes déposent une main courante
Auprès de l'escargot toujours aussi bavard.


Les étoiles font la ronde, inconscientes,
Derrière Saturne, foulard au vent.
Le soleil et la lune s'en vont chantant
Face contre face, amoureusement.


© Renée VIRLOGEUX BORON


Renée Virlogeux Boron (1939-aujourd'hui)
Renée Virlogeux Boron s'adonne à la poésie pour son plaisir et écrit aussi des nouvelles. Elle travaille la terre aux Ateliers d'Art de Château-Thierry. Elle aime également peindre et a pris quelques cours de calligraphie. Elle a ouvert une petite bibliothèque dans sa commune qui compte 83 habitants. C'est avant tout le plaisir de se rencontrer, d'échanger et... de jouer aux cartes.
Autres textes :
Résistance
Un jour
O, Dieux du ciel 
Si 
Sur le piano

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Le jardin des murmures
Linda CARA-JACOBI

y

Le paon déploie la bulle
De son ramage de feu,
En silence il ondule
Son panache camaïeu.


Dans le voile irisé
De ses ailes en sourdine,
L'abeille s'abreuve mutine
De cette tranquillité.


Un papillon hagard
Dans la paix du matin
Hésite dans le hasard
Des fleurs aux cils carmins.


La coccinelle vaillante
Attaque dans le calme
La pente d'une acanthe
Que cette intruse désarme.


En cette aube le jardin
Jouit de sa solitude,
Loin des vacarmes humains
Et leurs sollicitudes.


Silence aux mille vertus,
Fuite des mots incessants,
Trépidations perdues,
Paroles aux quatre vents.


© Linda CARA-JACOBI


Linda Cara-Jacobi (1973-aujourd'hui)
Linda Cara-Jacobi vit en Suisse. Après des études de Lettres puis de stylisme à Milan, elle revient à Genève et à ses premières amours de plume et d'encrier avec la préparation d'un premier recueil de poésie.
Autre texte :
Les rêves fous



Fifi
Michel BUNEL

y

Fifi est fatiguée

Elle ne veut plus fe lever

Elle refte dans fon panier

Fon panier d’ovier

Au coin de la feu-minée.

Fifi est âgée

Quatorve longues vannées

Plus venvie de bouger

Ni de ronger des vofs

Alors fes dents pouffent

Comme au fanglier.


Voyeux vanniverfaire, Fifi


© Michel BUNEL


Michel Bunel (1952-aujourd'hui)
Depuis toujours, Michel Bunel écrit des poèmes, mais il lui a fallu arriver à 70 ans pour oser en publier. Auparavant, il s'est contenté de les collecter dans des cahiers puis de les poster sur des groupes de poésie, sur Yahoo Groupes, puis sur Facebook. Son écriture doit beaucoup à Georges Brassens - qu'il a aimé chanter - pour l'humour, la provocation ou la dérision, pour la versification aussi.
Autre texte :
Insurgé
→ Sa page Facebook



Cloch'
Catherine DESTREPAN

y

Ce soir il va faire froid mais la rue est à moi.
Propriété privée, secteur sans foi ni loi,
Défense d’y entrer ! Ni fenêtre, ni porte
Font de moi le prisonnier de ma liberté.
Quelquefois même on m’offre un encas frelaté !
Quelquefois même on m’écrase tel un cloporte !


Ce soir il va faire froid mais la rue est à moi.
Un peu plus de chaleur serait de bon aloi.
Collecte des déchets, recyclage, ça rapporte !
Vider les poubelles sans être molesté,
Tout ça c’est une affaire de citoyenneté.
Ces questions-là, depuis bien longtemps, peu m’importe !


Ce soir il va faire froid mais la rue est à moi.
Clochard par fatalité mais pas hors la loi,
Etre un fidèle compagnon cela conforte
Tout dépend si tu es, ou non du bon côté !
Manger, dormir, aimer n’ont plus la primauté,
Quand ton maître vieillit et que la mort te l’emporte.


Ce soir il va faire froid mais la rue fait sa loi.
Alerte ! Hiver extrême ! Vite on rentre chez soi.
Mon palace à moi c’est un amical pas de porte
Du moins faut-il trouver, c’est la difficulté !
Là, il se fait rare l’esprit de charité,
Car un chien mendiant n’est pas de bonne escorte.


Ce soir il va faire froid mais la rue fait sa loi.
La faim gagne, pas même un misérable octroi.
Mon aspect chiffonné, ma gueule peu accorte ;
Ce ne sont que des idées avant la vérité.
Soyez moi, je suis vous, c’est la fatalité.
Sur mon sort quelques pleurs cela me réconforte.


Ce soir il va faire froid mais la rue fait sa loi.
Trop froid, trop froid survivre va être un exploit.
Un douillet refuge ? La mort en quelque sorte.
Là, elle en prend un sacré coup, ma dignité.
Trouver un autre ami, c’est une absurdité.
Qui voudrait m’adopter ? Que le diable m’emporte !


© Catherine DESTREPAN


Catherine Destrepan (1956-aujourd'hui)
Comptable, Catherine Destrepan a jonglé toute sa vie active avec les chiffres avant de s'intéresser de plus près à la poésie, qui occupe aujourd'hui une grande place dans ses activités culturelles. Elle prête également sa voix de contre-alto au sein de plusieurs ensembles vocaux.
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Rude est le grief !
Christian SATGÉ

y

 

© Christian SATGÉ


Christian Satgé (1965-aujourd'hui)
Auteur prolifique, fabuliste et conteur éclectique, Christian Satgé est professeur d'histoire-géographie dans le département des Hautes-Pyrénées. Il a publié plusieurs recueils et une quarantaine de ses textes figurent dans Le Monde de Poetika.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son blog : → https://lesrivagesdurimage.blogspot.com/

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Le cormoran
Claudine LOUTREL

y

Océan au soleil couchant
Chatoyant, flamboyant 
Et toujours remuant 
Perché sur un rocher 
Un cormoran attend 
La tête un peu penchée 
Il pense qu'il est immense
Ce géant hurlant, tonitruant 
Écumant, déferlant 
Et moi je suis là face à lui, 
si petit mais si fort à la fois
Car je peux m'envoler 
Et partout me poser 
Rêver et espérer 
Chanter la liberté 
Sans jamais regretter 
Ce que je n'ai pas fait…


© Claudine LOUTREL

Claudine Loutrel
Claudine Loutrel est convaincue que sa sensibilité slave guide sa plume. Depuis l'enfance, elle retranscrit ses émotions sous forme de vers. Très studieuse à l'école, la lecture est son passe-temps favori. Ses obligations familiales la contraignent à oublier sa vocation de médecin. À présent à la retraite après une carrière passionnante, elle s'adonne à la lecture, au théâtre, au piano et à l'écriture.
Autre texte :
Un peuple déchiré...
→ Découvrir son premier recueil



La symphonie matinale
Etienne BUSQUETS

y

En lisière, à l’orée, aux marges du printemps,
Naît un concert joyeux dès le petit matin ;
En rivière et forêt, depuis la nuit des temps,
Reviennent les bruants poussés par le regain.


Dès le potron-minet jouent ces flûtes à bec,
Dans la chorale ailée de leur peuple aérien,
Sans se soucier du monde et de ses chats au sec,
Un tour de chant réglé jusqu’à l’aube qui vient…


Et la plume fleurie sifflotent ces galants,
Poussés par le béguin, avec au bec le lin
Dont ils tissent des nids à l’abri des auvents,
En lisière, à l’orée du fleuve du destin.


© Etienne BUSQUETS

Etienne Busquets
Poète fénassol d'origine catalane (village de Lafenasse dans le Tarn), il est sociétaire des Amis de Jean Cocteau et membre des Poètes sans Frontières de Vital Heurtebize à Orange. Il a remporté plusieurs prix de poésie et collabore dans plusieurs revues et anthologies.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son blog :
→ https://www.calameo.com/subscriptions/7446960



Il reviendra
Julien PETOUX

y

Illustration de Bertille CANARD

© Julien PETOUX


Julien Petoux (1994-aujourd'hui)
Né à Fréjus en 1994, Julien Petoux s’est tourné vers l’écriture via la chanson française à texte, et a été sensibilisé à la poésie des mots grâce à Renaud. Souffrant d’une légère dyslexie, les textes versifiés, structurés et respectant un ensemble de règles, lui permettent de se raccrocher à des repères dans ses lectures, s’accompagnant quasi systématiquement d’une mélodie en tête pour maintenir une rythmique qui lui est nécessaire, et à laquelle il est toujours très attaché. Pensant d’abord vouloir devenir chanteur, il a rejoint les chœurs d’enfants d’Opéra Junior à l’âge de 10 ans, puis a formé différents groupes de musique jusqu’à ses 18 ans, où il se rend compte que ce qui l’anime réellement est l’écriture et non le chant.
→ Découvrir son dernier recueil
→ Page Facebook de l'auteur

→ Lire son avis sur le site



Promesse
Mokhtar EL AMRAOUI

y

De mes veines,
Mon ami l’oiseau,
Je te construirai une cage
Sans porte ni barreaux
Où, librement, tu chanteras
Tes chaudes mélodies !
Je t’offrirai de vastes champs fleuris
Arrosés de douces flambées de soleil
Qu’aucune serre de vautour n’effraye
Et tu passeras,
Libre, fier et fort,
Sous l’arc-en-ciel multicolore,
Pour danser, jusqu’à l’aurore,
Sur les rythmes de mes veines-lyres
Qui t’apprendront à rire
De tous les tyrans et de leurs sbires !

 

© Mokhtar EL AMRAOUI


Mokhtar El Amraoui (1955-aujourd'hui)
Poète d’expression française né à Mateur, en Tunisie, Mokhtar El Amraoui a enseigné la littérature et la civilisation françaises pendant plus de trois décennies, dans diverses villes de la Tunisie. Il est passionné de poésie depuis son enfance. Il a publié quatre recueils de poésie et plusieurs de ses poèmes ont été publiés sur Internet et en revues-papier.
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→ Blog de l'auteur : https://mokhtarivesenpoemesetautresvoyages.blogspot.com/



Le perroquet
Sylvie CROCHARD

y

Le perroquet multicolore
Avait un cri en or.
Il faisait des rimes et des vers
Quand il parlait à l'envers.


Il aimait bien répéter
Ce qu'on lui avait confié.
Même parfois il se pliait
De rire tellement il était gai.


Notre perroquet, qui s'appelait Jacquot
Aimait bien le goût de l'eau.
Il mangeait des graines avec appétit,
Parfois il gobait une mouche aussi.

 

© Sylvie CROCHARD


Sylvie Crochard (1976-aujourd'hui)
Ouvrière en milieu protégé, Sylvie Crochard a publié plusieurs recueils. Passionnée de piano, elle s’inspire également de la musique dans ses poèmes.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Sa page Facebook : → https://www.facebook.com/poetecrochard



Les animaux tiennent boutique
Arnaud SOMVEILLE

y
Dans mon zoo alphabétique,
les animaux tiennent boutique :
L'Antilope vend des clopes,
Le Bison vend des blousons
Le Caribou vend des clous,
Le Dromadaire vend des cuillères,
L'Eléphant vend ses enfants,
La Fourmi vend ses amis,
L'Hirondelle vend des ombrelles,
L'Iguane vend des bananes,
Le Jaguar vend sa guitare,
Le Koala vend tout c'qu'il a,
Le Lamantin vend des pantins,
Le Moustique vend sa boutique,
Le Nandou vend des doudous,
L'Ocelot vend des brocs d'eau,
Le Phacochère vend père et mère,
Le Quetzal vend des sandales,
Le Rhinocéros vend ses gosses,
La Souris vend du riz,
La Tortue vend des tutus,
L'Uraète vend des chaussettes,
Le Vautour vend son amour,
Le Wallaby vend ses habits,
Le Xérus vend des tickets de bus,
Le Yack vend des casaques,
Et le Zébu vend des obus.


© Arnaud SOMVEILLE


Arnaud Somveille
Professeur des écoles, Arnaud Somveille est un poète "touche-à-tout", qui aime jouer avec les mots. Il est auteur de limericks, dictons, abécédaires, contes et petits poèmes pour enfants. Il a publié plusieurs recueils dont "C'est encore loin Limerick ? Tais-toi et rime"...
Son blog : → http://www.sororimmonde.com/



Au galop du vent
MATRIOCHKA

y

Au pas de mon cheval,
par le chemin poussiéreux
je partirai,


Au trot
dans la vaste plaine
nous en irons,


Au galop
à travers la steppe herbeuse
il m'emportera.


Au rythme de ses sabots
nous fendrons l'air,


Nous abolirons le temps,
nous deviendrons le vent,


Notre course folle nous emmènera
jusqu'à l'immensité du ciel.

 

Poème inspiré par la lecture du roman "Gengis Khan, l'homme qui aimait le vent" de José Frèches, ainsi par l'écoute de la musique du groupe Violons Barbares, qui s'inspire fortement de la tradition musicale mongole, et de celle du groupe mogol The Hu, qui teinte son rock d'instruments traditionnels et chant de gorge spécifique à la culture de Mongolie.


© MATRIOCHKA


Matriochka (1970-aujourd'hui)
Matriochka habite la Vallée du Rhône, au bord du fleuve, et la poésie est pour elle comme ce fleuve, une ligne de vie, mais aussi un souffle libérateur, un langage qui lui permet d'exprimer ce qui vit au fond de mon âme. Une de ses devises : "Si poésie n'est partagée, elle se meurt."
 Elle publie désormais ses textes sur deux sites :
→ https://lespoetes.net/
→ poemes.iceteapeche.com



Les hiboux
Charles BAUDELAIRE

y

Sous les ifs noirs qui les abritent,
Les hiboux se tiennent rangés,
Ainsi que des dieux étrangers,
Dardant leur œil rouge. Ils méditent.


Sans remuer ils se tiendront
Jusqu’à l’heure mélancolique
Où, poussant le soleil oblique,
Les ténèbres s’établiront.


Leur attitude au sage enseigne
Qu’il faut avant tout qu’il craigne
Le tumulte et le mouvement.


L’homme ivre d’une ombre qui passe
Porte toujours le châtiment
D’avoir voulu changer de place.


© Charles BAUDELAIRE


Charles Baudelaire (1821-1867)
Connu pour sa vie de bohême et poète torturé, il ne publia de son vivant qu'une seule oeuvre "Les Fleurs du Mal", recueil qui fut condamné et censuré dès sa sortie en 1857 car trop choquant pour la morale bourgeoise avant de passer à la postérité. Criblé de dettes, il séjournera durant deux ans en Belgique (1864-1866) pour y donner des conférences mais sa santé se dégrade. Il revient à Paris où il meurt un an plus tard à l'âge de 46 ans des suites de la syphilis, d'abus d'alcool et autres drogues.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Sa biographie sur Wikipédia



Coccinelle au jardin
OMBREFEUILLE

y

La voyez-vous dans le jardin,
Là où scintille la rosée,
Sous la caresse du matin,
Sur une feuille déposée ?

Dame Nature lui a fait
Robe de pourpre et noires perles,
Grâce limpide et vol parfait,
Plus léger que le chant des merles.

Dans un sourire du soleil
Elle déploie ses ailes fines,
Et sous ce galbe sans pareil
Le potager devient collines.

Les allées sont des chemins fous
Que la brise claire ensorcelle,
Au gré des parfums les plus doux
Paraît flâner la coccinelle.

Elle va cueillir le printemps
Au bord du frisson de la rose
Dont les pétales sont tremblants
D'une élégance à peine éclose.

Si la voyez dans le jardin,
Soyez ombre, soyez silence ...
Peut-être, alors, sur votre main
Hasardera-t-elle sa danse ...


© OMBREFEUILLE


Ombrefeuille
Amoureuse de la langue française dans tous ses états, de Ronsard, Baudelaire, Hugo ou Verlaine, du slam et du rap. Elle aime le mouvement dans le trait, l'ombre dans la lumière, le tumulte caché dans le silence.
Autre texte :
La voix de l'océan
Ses autres poèmes sur ce site :
→ poemes.iceteapeche.com




Le cygne
Sully PRUDHOMME

y

Sans bruit, sous le miroir des lacs profonds et calmes,
Le cygne chasse l’onde avec ses larges palmes,
Et glisse. Le duvet de ses flancs est pareil
A des neiges d’avril qui croulent au soleil ;
Mais, ferme et d’un blanc mat, vibrant sous le zéphire,
Sa grande aile l’entraîne ainsi qu’un lent navire.
Il dresse son beau col au-dessus des roseaux,
Le plonge, le promène allongé sur les eaux,
Le courbe gracieux comme un profil d’acanthe,
Et cache son bec noir dans sa gorge éclatante.
Tantôt le long des pins, séjour d’ombre et de paix,
Il serpente, et laissant les herbages épais
Traîner derrière lui comme une chevelure,
Il va d’une tardive et languissante allure ;
La grotte où le poète écoute ce qu’il sent,
Et la source qui pleure un éternel absent,
Lui plaisent : il y rôde ; une feuille de saule
En silence tombée effleure son épaule ;
Tantôt il pousse au large, et, loin du bois obscur,
Superbe, gouvernant du côté de l’azur,
Il choisit, pour fêter sa blancheur qu’il admire,
La place éblouissante où le soleil se mire.
Puis, quand les bords de l’eau ne se distinguent plus,
A l’heure où toute forme est un spectre confus,
Où l’horizon brunit, rayé d’un long trait rouge,
Alors que pas un jonc, pas un glaïeul ne bouge,
Que les rainettes font dans l’air serein leur bruit
Et que la luciole au clair de lune luit,
L’oiseau, dans le lac sombre, où sous lui se reflète
La splendeur d’une nuit lactée et violette,
Comme un vase d’argent parmi des diamants,
Dort, la tête sous l’aile, entre deux firmaments.


© Sully PRUDHOMME


Sully Prudhomme (1839-1907)
Poète français, Sully Prudhomme est le premier lauréat du prix Nobel de littérature en 1901. Vite décu par son emploi d'ingénieur, il reprend ses études et se consacre au droit et à la philosophie puis décide de se vouer entièrement à la littérature. Son premier recueil, Stances et Poèmes (1865) est loué par Sainte-Beuve et lance sa carrière. Il renferme son poème le plus célèbre, Le Vase brisé, élégante métaphore du cœur brisé par un chagrin d'amour. Caractérisé par son extrême élaboration esthétique, sa poésie lui ouvre aussitôt les portes de la revue du Parnasse. L'influence de ce mouvement devient très sensible dans ses œuvres ultérieures, comme Les solitudes (1869) et plus tard Les destins (1872). Il consacra également un ouvrage poignant à son expérience de la guerre, dont il garda de graves séquelles, et publia en outre divers essais de poétique et d'esthétique. 
Autres textes :
Le meilleur moment des amours

Le vase brisé
→ Sa biographie sur Wikipédia






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Le Monde de Poetika
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N° ISSN : 2802-1797

→ Sur cette page
Ballade de l'écureuil de Michel Miaille
Ballade du chien abandonné de Michel Miaille
Sacrée vache de Michelle Grenier
Gantcho de Gustave Hiag Hiag
Le Baribal de Sharian Davidian
Des abeilles de Frédéric Albouy
Ballade du coq de Michel Miaille
Zeke Midas de Sharian Davidian
Un zèbre dans la ville de Magali Breton
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