L'écritoire de Noël
- Deuxième édition -
Le plus beau des cadeaux
Magali BRETON
Pour revivre Noël, celui de mon enfance,
M’endormir vaillamment en songeant à l’aurore,
Apaisé par mon ours et ma tendre innocence,
Je donnerais beaucoup et même plus encore.
Sortir de mon sommeil les yeux remplis d’espoir,
Me lever aussitôt sans me soucier de l’heure,
Et courir les pieds nus dans l’immense couloir,
Juste pour une fois, retrouver ce bonheur.
Puis soudain me figer à cet instant candide
Où je vois le sapin, fidèle à sa promesse,
Surplomber les paquets formant des pyramides,
Je voudrais maintenant ranimer cette liesse !
Sauter, crier de joie, lever les mains au ciel,
Regarder s’il est là peut-être quelque part
Le bonhomme barbu nommé père Noël,
Oui, défier le temps comme un dernier rempart !
Surtout, je reverrais ma mère à ses trente ans,
Me prendre dans ses bras et m’offrir pour toujours,
Comme sur la photo qu’aujourd’hui tu me tends,
Le plus beau des cadeaux, son merveilleux amour.
© Magali BRETON
Magali Breton
Auteure-compositrice-interprète, Magali Breton est aussi comédienne, auteure de textes de chanson française dont ceux de son album intitulé « Regard de femmes » primé à Barbizon 77, lors du concours « La palette en chansons », avec pour parrain Bernard Sauvat. En 2019, elle se consacre à l’écriture d’une pièce de théâtre musical sur la vie et l’œuvre de l’artiste peintre Rosa Bonheur : « Les messagères de Rosa Bonheur ». Le spectacle est créé en 2020, avant d’être stoppé net par la crise sanitaire et la fermeture des salles de spectacle, avant de connaître un beau succès en tournée. Cette période se mue en une inépuisable source d’inspiration pour écrire un recueil intitulé « Les Covidiennes » édité en 2022. Elle choisit la poésie pour nous livrer des instants de vie en quelques vers et nous absorber dans l’intimité, la profondeur et l’exacerbation des sentiments. Elle fait appel à Muriel Pic, photographe, ainsi qu’à Patrick Carmier, pianiste compositeur, pour sublimer les textes par l’image et la musique. Cela donne naissance à un nouveau spectacle.
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Une crèche de neige
La blancheur du silence
Est une mélodie
Qui chante sa romance
Dans ce doux paradis…
Dans la neige, j’ai mis
Cette crèche d’enfance,
Ce symbole de Vie,
De joie et de confiance…
L’enfant s’est endormi,
Glacé d’indifférence
Dans un désert d’oubli
De peur, d’intolérance…
Des flocons ont fleuri
En bouquet d’espérance
Dans ce monde meurtri
De haine et de violence…
Serait-ce la magie
D’un Noël Renaissance
Qui nous dit, qui nous crie
L’amour, la bienveillance… ?
Un murmure infini
Comme une délivrance
Se faufile ébloui
A l’ombre des silences…
© Marie MINOZA
Illustration : © Marie Minoza
Marie Minoza
Cette enseignante en école primaire a exercé dans les Deux-Sèvres puis dans la Vienne à Châtellerault. Tout au long de sa carrière, elle a aimé partager l’amour de la peinture, de la poésie et de la création avec ses élèves. Aujourd'hui à la retraite, elle partage ses écrits et ses créations d'images sur son blog. Tous les deux ans, elle contribue avec des amis poètes à la création d’un livre de contes et de poésies destiné aux enfants gravement malades… Elle participe également avec ses anciens collègues à un spectacle chorale, comédie musicale (création d'images et de montages power-point pour animer chants et mimes).
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Neige d'enfance
De la fenêtre de ma chambre, je regarde les sommets enneigés des Pyrénées…
Revient alors dans ma mémoire, la neige de mon enfance, que je regardais recouvrir peu à peu les arbres et le sol du jardin de notre maison. Le désir qu’elle ne s’arrête jamais de tomber, d’être englouti, que tout ne soit que blanc… Comme une éternité dans les brumes ouatées de l’hiver, quand les bruits s’étouffent jusqu’à en mourir, et que moineaux et mésanges s’envolent à la recherche d’une improbable vie...
© Pierre PAYSAC
Pierre Paysac (1948-aujourd'hui)
Fréquentant un atelier d'écriture depuis plus de dix ans, Pierre Paysac a publié son premier recueil, Errance, en 2021, aux éditions Persée. Son deuxième recueil est en cours d'édition. Il a par ailleurs participé au concours Poetika 2023 et l'un de ses textes a été remarqué par les membres du jury.
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Noël tous les jours
Les rires des enfants couvrent le bruit des fusils
Les regards des mamans apaisent les grands et les petits
Au passage des amants la rue aussi s'embellit
Tout est plus beau et plus grand car c'est Noël aujourd'hui
D'habitude ce monde est si moche et si gris
Tant de malheurs et de tristesses alentour
Observant le monde un enfant m'a alors dit
Monsieur, pourquoi c'est pas Noël tous les jours ?
Une joie belle et immense semble rayonner sur les gens
Même les animaux dansent libres et légers dans le vent
Tout est plus fort et plus intense et l'envie d’arrêter le temps
Serait de circonstance pour ne pas revenir comme avant
Mais demain dès le jour levé comme un mauvais sort un maléfice
Tout sera déjà oublié à nouveau sera fait place au vice
Le monde sera sacrifié jusqu'au dernier supplice
Aurais-je alors rêvé ? Cette journée était-elle factice ?
Comment faire pour que l'amour ne soit plus un simple concept ?
Que Noël ne soit plus un jour perdu au milieu de l'abject ?
Comment faire pour qu'on n'est plus besoin de fêter Noël ?
Que l'étoile du berger brille en nous de façon éternelle ?
D'habitude ce monde est si moche et si gris
Tant de malheurs et de tristesses alentour
Observant le monde un enfant m'a alors dit
Monsieur, pourquoi c'est pas Noël tous les jours ?
© Jérôme BRUAL
Extrait de son recueil De l'ombre à la lumière, II Est Midi Editions, 2023
Jérôme Brual (1970-aujourd'hui)
Jérôme Brual est né en 1970 à Paimpol dans les Côtes d'Armor. Après des études de comptabilité, il entame une carrière d'agent administratif à la Caisse Primaire d'Assurance Maladie. Après plus de seize années dans l'institution, il se résoud à quitter son emploi à cause de troubles autistiques qui freinent de plus en plus son activité. Il démissionne et quitte la Bretagne pour s'installer en Occitanie et se consacre alors sérieusement à l'écriture. Des dizaines de textes (pensées, poésies, chansons) avant « Simon et les fous de Bassan » qui est son premier roman.
→ Découvrir son dernier recueil : De l'ombre à la lumière.
Lumineux face-à-face
De deux frères, côte-à-côte,
Dans le wagon d'un métro !
Paris un soir de Réveillon....
Sans reproche et sans faute,
À leur regard complice, trop
Beau, on perçoit leur union...
On devine qu'ils partagent,
Ravis, une enfance commune,
Enfouie dedans leurs chairs...
Gardés en mémoire ; ô tendre héritage,
Vous liez — quelle bonne fortune ! —
Leur cœur à jamais, sur cette Terre !
Ancrées dans vos féconds esprits
— Qu'ils veillent ou sommeillent —
Elles portent le même sceau...
Leur départ, resteront sans prix
Vos liens de sang, solides, pareils
Aux amarres d'un amiral vaisseau.
Nul doute que la vie, indifférente
Et tortueuse, du fait d’obligations,
Pourra vous séparer, empruntant chacun
Des chemins distincts. Qu'importe l’éloignement !
Par-delà les frontières, souvent exaspérantes,
Par-delà vos choix propres, causes de vos séparations,
Au tréfonds de vos êtres, quoiqu'il arrive, complices et taquins,
À vous savoir frères, où que vous soyez, vous resterez soudés. Étrangement !
Aussi, veillez avec soin à préserver ce magique fil — intangible —
Qui vous relie tendrement à un identique passé, louable et incessible !
© Philippe PARROT
Illustration : Philippe Parrot.
24 décembre 2012… Deux frères, heureux de se retrouver à l’occasion du Réveillon, se rendent chez leur tante pour passer les fêtes en famille. Éloignés l’un de l’autre par des cursus qui les obligent à vivre dans des villes différentes, les possibilités de se revoir sont donc rares. Pourtant, quand l’opportunité se présente, les voilà complices à la seconde même de leurs retrouvailles.
Comme s’ils ne s’étaient jamais quittés, ils échangent, se chambrent et rient, d’emblée sur la même longueur d’onde sans qu’ils aient à se forcer le moins du monde. Tendrement et puissamment attachés l’un à l’autre par leur enfance commune, ancrée pour toujours au tréfonds de leur cœur…
Philippe Parrot (1950-aujourd'hui)
Philippe Parrot est né à Château-Thierry en 1950. Après avoir séjourné en Australie et obtenu une licence de philosophie à Paris, il enseigne cette discipline en Afrique. De retour en France, il dirige une maison de retraite puis un organisme de formation. Aujourd'hui, il vit en Bretagne où il consacre son temps à l'écriture. Ainsi a-t-il rédigé, au cours de ces dix dernières années des poèmes, des haïkus, des citations, un roman et neuf nouvelles.
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Son site : → http://philippe-parrot-auteur.com/
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Croire au Père Noël
Croire au Père Noël c’est croire à l’improbable,
Dévisager le monde avec des yeux d’enfant,
C’est quitter le réel pour habiter la fable,
Supputer que l’après sera mieux que l’avant.
Envers et contre tout, c’est suivre la chimère,
Nourrir ses illusions d’ambroisie, de nectar,
C’est entendre le chant des Sirènes d’Homère,
Penser qu’il est trop tôt pour dire il est trop tard.
C’est aux contes de fées faire confiance encore,
C’est à Shéhérazade accorder grande foi,
Voir après la nuit noire une radieuse aurore,
Espérer que le plomb deviendra or pour soi.
Croire au Père Noël c’est croire en une étoile,
Qui se met à briller aux cieux du désamour,
C’est alors vers Cythère, hardi, mettre les voiles,
Entrevoir en demain un énième toujours.
Contre vents et marée, c’est nier l’évidence,
C’est bâtir des châteaux en Espagne ou ailleurs,
Songer au tendre émoi d’une dernière danse,
Qui d’un ultime amour fera vibrer son cœur.
C’est confondre, naïf, le rêve avec la vie,
Aux sources de jouvence abreuver ses vieux jours,
Aux sources d’innocence étancher ses envies,
C’est croire du printemps à l’éternel retour.
© Jacky COURALET
Jacky Couralet (1953-aujourd'hui)
Retraité de la Fonction Publique Territoriale, Jacky Couralet est un passionné de poésie. Eclectique, il écrit dans tous les registres : de la veine austère à la veine satirique, voire loufoque ! Il adore aussi le scrabble et a une approche ludique des activités cérébrales.
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Le violoniste de Noël
J'écoute dans la nuit pleurer un violon,
Sous un grand réverbère aux lueurs diaphanes.
Dans ce sombre décor, un vieil homme en haillons
Égrène une musique aux arpèges tziganes.
S’agit-il d’un appel élevé vers le Ciel,
Une supplique pour alléger sa misère ?
Je l'imagine Saint en ce soir de Noël
Et sa partition une simple prière.
Quelques flocons, avec grâce et légèreté,
Sautillent en cadence autour de son visage.
Spectacle féerique empreint de gravité,
Pensif, je n'y vois pas le moindre bon présage.
Je sens dans mon cœur naître un sentiment fautif.
Les bourgeois bien-pensants sont partis à la messe,
Ils l'ont toisé d'un air méprisant et furtif,
Quant à moi, qu'ai- je fait en voyant sa détresse ?
© Philippe PAUTHONIER
Philippe Pauthonier
Après une carrière d'ingénieur, Philippe Pauthonier partage aujourd'hui sa vie entre la France et la Pologne, pays de son épouse. Cet élan entre deux pays, deux cultures et ses longs séjours dans la sérénité de la campagne polonaise, loin du monde et de son agitation, sont propices à sa créativité littéraire. Depuis sa retraite, il s'investit dans plusieurs associations oeuvrant au profit des Aveugles et Malvoyants. Mordu d'astronomie, il apprécie la communauté scientifique qui sait élargir le débat avec une réflexion globale, liant la science à une approche métaphysique et théologique. Philippe Pauthonier a publié dix recueils et reçu plus de 130 distinctions dans des concours de poésie.
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Découvrir son dernier recueil :
→ Dans les broussailles de mes émotions
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Concert d'hiver
C’est l’hiver aujourd’hui qui nous glace le sang
Les passants se hâtent le col emmitouflé
On dirait qu’ils courent le pas est empressé
Lui il frotte ses mains, ses doigts gourds et sans gants.
Assis sur une marche en habits miséreux
Il se recroqueville comme cassé en deux
Ses rides n’ont pas d’âge mais il semble être vieux
On le lorgne on l’évite d’un air de désaveu.
Il tire de ses soufflets les notes éraillées
D’une chanson des rues, répétée, serinée
Ritournelle essoufflée sans cesse psalmodiée
Accroche-note démodé dans ce monde effréné.
Il la connait par cœur cette vieille rengaine
Que du fond de son cœur de misère il traîne.
La voix rauque aux accents d’un fumeur de gitanes
Ne s’accorde plus très bien aux trémolos tziganes.
C’est ce vent de Noël qui congèle son sang
Et ses doigts décrochent des notes qui accrochent.
La mélodie dérape dans l’air vif et givré
Il semble momifié par la bise glacée.
Pieds nus dans des baskets aux rustines trouées
Qui n’ont jamais foulé un tapis, un parquet
Il essaie de jouer aux sons des quolibets
Le spectacle et l’artiste au public sont voués.
© Claude DUSSERT
Claude Dussert (1947-aujourd'hui)
Poète, nouvelliste et pamphlétaire à ses heures, Claude Dussert est diplômé du Conservatoire d’Arts Dramatiques de Grenoble. Cadre commercial, il a créé sa société de communication « CBCD » en 1993 à Lyon. Il vit actuellement en Bourgogne, dans la région de Cluny. Éclectique dans ses lectures, sa passion pour la poésie l’a amené à être membre de nombreuses associations.
Il participe activement à plusieurs anthologies de poésie et ouvrages collectifs ainsi qu’à des concours. Il a édité à compte d’auteur cinq recueils de poésie et un recueil de nouvelles. Il a également remporté de nombreux prix de poésie (dont le Prix Spécial du Jury au concours Poetika 2023).
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Le palmier de Noël
Quelques palmes dorées
et des dattes argent,
une étoile de mer
en haut d’un palmier blanc.
Des coquillages-perles,
quatre nacres d’amour,
des poissons de couleurs
en corail et velours.
Les Noëls dans le sud
ont un goût d’exotisme
aux avant-nuits de feu
et aux aurores bleues
© Nathalie LAURO
Nathalie Lauro
Ecrivaine, poétesse et artiste numérique, Nathalie Lauro travaille à partir de ses photos shootings. Elle aime photographier les villes comme Berlin, Londres, Paris, Hambourg et Amsterdam mais sa spécialisation reste le sud, la Méditerranée, le soleil, les couleurs, les lumières et la Dolce Vita. Elle est par ailleurs présidente de l'association Luna Rossa.
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→ Son site : http://www.nathalielauro.com/
Dis, viendras-tu ?...
Dis, viendras-tu, toi, Père Noël,
Sur ton carrosse d'élans zélés,
Apporter la bonne nouvelle :
Le jour de fête d'un nouveau-né ?
Dis,viendras-tu,toi,Père Noël,
Descendu d'un palais céleste,
Toquer à cette demeure modeste,
La hotte chargée de contes de miel ?
Dis, viendras-tu, toi, Père Noël,
Chuchoter au creux de l'oreille
De l'enfant sage qui se réveille
Combien ses rêves sont sacrés ?
Dis, viendras-tu, toi, Père Noël,
D'une cheminée aux oriflammes
Réchauffer le cœur et les âmes
Par des cadeaux immatériels ?
Reviens, reviens, toi, Père Noël !
Et de ton char qui fend l'azur
Eclipse les guerres et les zébrures
Qui veulent ternir jusqu'à ton ciel
Ò Père Noël, merci à toi,
Dans la folie des rouages du monde,
De garder cette candeur féconde :
Les rires d'enfants aux feux de joie...
© Linda CARA-JACOBI
Linda Cara-Jacobi (1973-aujourd'hui)
Linda Cara-Jacobi est d'origine multi-culturelle, de parents et grands-parents hongrois, anglais, roumains et tchèques. Après des études de Lettres, passionnée d'art, elle quitte sa Suisse natale pour se rendre dans une école à Milan où elle se spécialise en stylisme. De retour à Genève, elle continue de créer pour des commandes privées, et revient désormais à ses premières amours de plume et d'encrier. Ses plages de joie sont les longues balades matinales en forêt, la salade de chèvre chaud et les crêpes à la confiture d'abricot, la musique électro, new wave ou rock, le cinéma indépendant, la photo, les courants artistiques et architecturaux Art Nouveau et Art Déco.
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L'écritoire de Noël
© Christian SATGÉ
Christian Satgé (1965-aujourd'hui)
Auteur prolifique, fabuliste et conteur éclectique, Christian Satgé est professeur d'histoire-géographie dans le département des Hautes-Pyrénées. Il a publié plusieurs recueils et près d'une cinquantaine de ses textes figurent dans Le Monde de Poetika. Son dernier ouvrage est une pièce de théâtre "Belize".
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Un soir de Noël
C’est un battement d’ailes au jardin
Un merle agitant le dernier feuillage
Pour chaparder un sommaire larcin
Quand la mésange lisse son plumage.
C’est un mot suspendu au sapin vert,
L’escadron de boules aux étincelles
Qui traversent les mailles du haubert
Des ombres fatiguées sur leurs échelles.
C’est l’odeur des oranges et du pain
La rumeur des rennes, dans les nuages,
Une lettre chuchotant à demain
De venir, les bras chargés de messages.
C’est encore l’attente au coin du feu
Dans les ourlets de l’heure bruissante,
A évoquer le bonheur, cet enjeu
Hébergé sous une étoile filante.
C’est la plainte des humains à genoux,
Quand s’élève de la nef, les prières
Pour un monde meilleur et sans courroux
Lorsque l’obscur efface les lumières.
C’est un soir où claque le rituel
Un réveillon autour d’une famille,
Le souffle si magique de Noël
C’est l’espérance embrasant la pupille.
Un soir de Noël
© SEDNA
Sedna
Résidant en Charente-Maritime, Sedna a toujours eu la passion des mots. Elle aime les rimes et travaille principalement avec le Traité de Sorgel en poésie classique. Elle aime la mer, le ciel qui sont ses sources d'inspiration permanente. La sauvegarde de notre planète est l'une de ses préoccupations.
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Son site : → http://www.cassiopee17.fr/
Quand reviendra Noël
L’année aura suivi ses différentes routes
Et l’hiver sera là couronnant le sapin ;
Sur la ville enneigée ou le sentier alpin,
Le froid replantera sa neige avec ses gouttes.
Des enfants seront grands, en proie aux peurs, aux doutes
Mais d’autres s’en viendront, le visage poupin,
La mine extasiée ; un nouveau galopin
Attendra le grand jour sans penser aux déroutes.
Car on l’attend déjà, l’âme et le cœur fervents,
Ce jour bravant sans fin la bise et tous les vents,
Ce grand moment sacré, cette fête magique.
Alors nous l’entendrons ce merveilleux appel,
Ce chant d’amour, d’espoir, ce superbe cantique,
Dans les mois à venir quand reviendra Noël.
© Michel MIAILLE
Michel Miaille (1951-aujourd'hui)
Poète, auteur de sketches et de pièces de théâtre, Michel Miaille est retraité du Ministère de l'environnement et membre de la SACEM. Il a obtenu plusieurs prix de poésie, notamment avec avec des poèmes en langue provençale, et participe à des anthologies. Il a publié plusieurs recueils.
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L'Avent
L’Avent, c'est comme le désir,
c'est le frémissement qui précède
la découverte du mystère caché...
oui, la frénésie de l'attente,
du moment juste avant...
© Pierre PAYSAC
Pierre Paysac (1948-aujourd'hui)
Fréquentant un atelier d'écriture depuis plus de dix ans, Pierre Paysac a publié son premier recueil, Errance, en 2021, aux éditions Persée. Son deuxième recueil est en cours d'édition. Il a par ailleurs participé au concours Poetika 2023 et l'un de ses textes a été remarqué par les membres du jury.
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Noël
Les cloches bourdonnent,
c’est presque l’heure de la mi-nuit.
Tout est blanc d’espoir vaincu.
Quelques vieux se hâtent,
ils boitent,
leur canne est cet appui précieux.
La chapelle en ruine n’est qu’un leurre.
Puer natus est nobis, cujus imperium.
L’introït reste suspendu,
comme un linge mouillé,
presqu’un linceul
dans ce pays où Noël n’est plus.
Les saisons s’écornent comme un écho de voleurs.
Un mendiant gémit.
Est-ce un mort pour un voyage unique ?
Douceur d’automne,
lumière voilée, une simple note au fond du puits.
© Roland MUHLMEYER
Roland Muhlmeyer
Roland Muhlmeyer est guitariste classique de formation. Il apprend le chant lyrique, deux matières qu'aujourd'hui encore il enseigne. Il se spécialise par ailleurs dans le chant grégorien, qu'il a également enseigné. Il a écrit des poèmes dans sa jeunesse qui ont paru dans quelques publications. Après un long repos poétique, il s'est remis à écrire. Il a le souci du rythme, des couleurs, des mots dans ses textes qu'il traite comme une partition de musique contemporaine.
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Ambiance de Noël
Voici la fête de Noël.
La crèche est prête.
On apprête
Le sapin de Noël.
Au pied du sapin
Trônent les cadeaux.
Ça sent le vin chaud
Et des odeurs de pin.
Les bougies brûlent
Ainsi que le feu de cheminée.
Le salon est illuminé,
La famille est rassemblée.
Cette célébration est traditionnelle,
La cérémonie est belle.
On fête une naissance,
Une réminiscence.
On fait des jeux de société,
Parfois des bonhommes de neige,
Des batailles de boules de neige,
En attendant l’été.
Les enfants sont présents,
Avec leurs petites menottes,
Ainsi que leurs petites quenottes,
Et ils nous laissent en plan.
© Sylvie CROCHARD
Sylvie Crochard (1976-aujourd'hui)
Ouvrière en milieu protégé, Sylvie Crochard a publié plusieurs recueils. Passionnée de piano, elle s’inspire également de la musique dans ses poèmes.
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Sa page Facebook : → https://www.facebook.com/poetecrochard
Des livres ? Soit...
Des livres ? Soit. Mais en hiver.
Que le jardin soit gris, la vitre grise !
Que la brise, dehors, soit de la bise
Et la chaleur, dedans, celle de tisons clairs.
Des livres… Mais un ciel de Londres
Et des larmes, sur les carreaux, en train de fondre…
Manteaux sentant le vétiver –
Chats en boule, manchons, marrons, l’hiver !
Alors, si vous voulez, un livre – pas des livres –
Un seul, mais beau comme le printemps vert,
L’été doré, le rouge automne grand ouvert,
Plein d’oisillons bavards et de papillons ivres !
Lequel m’offrirez-vous, lequel
M’apportera cela, demain, père Noël ?
Des images, bien sûr… C’est le temps des images.
Saluons-nous, Bergers, Rois Mages !
Et des contes… Bonjour, prince Charmant !
Et de l’histoire… – que vois-je, mais autrement –
Et des voyages… que me gâtent les naufrages !
Père Noël, père Noël, que cachez-vous
Dans votre hotte, un brin de houx,
Dans votre barbe, un grain de givre ?
Ne remplaceraient-ils ce gros livre, entre nous ?
Mon livre à moi n’est pas un livre
Comme ceux qu’on imprime, et, jusqu’au bout,
Vos feuillets bien coupés, je ne pourrais les suivre.
On ne lit pas un conte… On s’en souvient.
Je l’écoute, brodé par les flammes dansantes,
Ceux qu’on ne me dit pas, je les invente !
L’Histoire ? Un conte aussi. Pour les voyages, rien,
Rien, sachez-le, ne me retient
Si quelque oiseau bleu me fait signe.
Quant aux poèmes… soit. Nous attendrons l’été.
L’été n’a pas besoin de rimes qui s’alignent.
Attendons seulement le pourpre velouté
De cette rose que je sais, près de la vigne…
© Sabine SICAUD
Sabine Sicaud (1913-1928)
Cas unique et prodige dans les annales de la littérature française, Sabine Sicaud est une enfant douée pour la poésie et remporte dès l'âge de 11 ans plusieurs prix littéraires. Issue d'une famille d'érudits du Lot-et-Garonne, elle baigne dans un monde artistique et culturel qui éveillera en elle un don précoce pour l'écriture poétique. Son oeuvre s'achève brutalement par son décès prématuré à l'âge de 15 ans, suite à une blessure au pied qui s'envenime et la laisse dans de terribles souffrances.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Sa biographie sur Wikipédia
Noël
Je n’ai pas désir
de plonger
dans une pelote
de routes
J’ai tant
de lassitude
sur les épaules
Laissez-moi donc
comme une
chose
posée
dans un
coin
oubliée
Ici
on ne sent
rien d’autre
que la bonne chaleur
Je demeure
avec les quatre
cabrioles
de fumée
de l’âtre
© Giuseppe UNGARETTI
Giuseppe Ungaretti (1888-1963)
Poète italien né à Alexandrie (Egypte), Giuseppe Ungaretti suit un itinéraire poétique qui va du paysage à l'humanité, à la révélation religieuse, à l'impact du contact avec la puissance de la nature brésilienne, à la douleur de la mort de son fils et à son retour à Rome en début de seconde Guerre mondiale. Ces deux derniers événements sont à l'origine de son livre "Il Dolore", publié en 1947. À travers le désespoir, le poète découvre la responsabilité humaine et la fragilité de ses ambitions. Ungaretti, au milieu du pessimisme avec lequel il considère le tragique de la condition humaine, décèle cependant, pour l'humanité, un message d'espoir.
Autre texte :
Où la lumière
→ Sa biographie sur Wikipédia
Trois petits sapins
© Jean-Louis VANHAM
Jean-Louis Vanham (1937-aujourd'hui)
Poète belge, Jean-Louis Vanham est aussi critique littéraire et conteur pour enfants. Handicapé, il a chanté sa condition en vers impeccables, durs et altiers.
Autre texte :
Trois microbes
→ Source : babelio.com
La bûche de Noël
Noël ! la bûche est allumée !
Et je suis seul, chez moi, la nuit.
Causons avec le feu, sans bruit,
Porte fermée.
Il peut trouver longs mes discours ;
Moi, j'estime les siens trop courts.
Noël ! la bûche est allumée !
Noël ! la bûche est allumée !
Ô bûche de Noël, es-tu
Le rameau d'un cèdre abattu
Dans l'Idumée ?
Mais non ; je sais bien qu'autrefois
Tu fus un chêne dans les bois.
Noël ! la bûche est allumée !
Noël ! la bûche est allumée !
Parle-moi de nos jours heureux :
Tu descends des coteaux ombreux,
Tout embaumée,
Apportant dans notre cité
Les parfums du dernier été.
Noël ! la bûche est allumée !
Noël ! la bûche est allumée !
As-tu vu des amants s'asseoir
En attendant l'heure du soir
Accoutumée ?
Chut ! on entend un bruit de pas...
Non : c'est un cerf qui fuit là-bas.
Noël ! la bûche est allumée !
Noël ! la bûche est allumée !
Viendrais-tu pas de la forêt
Où, sans se perdre, s'égarait
Ma bien-aimée ?
Les vieux chênes reverdiront,
La mousse au pied, la feuille au front.
Noël ! la bûche est allumée !
Noël ! la bûche est allumée !
Mais toi, tes destins vont finir :
Allez, bonheur et souvenir,
Cendre et fumée.
Adieu, ma bûche de Noël :
Tout rentre en terre ou monte au ciel.
Noël ! la bûche est consumée !
© Gustave NADAUD
Gustave Nadaud (1820-1893)
Goguettier, poète et chansonnier français, Gustave Nadaud est peu porté sur le commerce où il exerce les fonctions de comptable de l'entreprise familiale. Il commence à composer des chansons à vingt-huit ans et publie un premier recueil en 1849. Son répertoire est composé de morceaux populaires, drôles, ironiques et engagés. En 1872, il reçoit le prix Lambert et en 1882 le prix Vitet de l’Académie française. Malgré le succès de ses quelque trois cents morceaux, il finit sa vie dans la pauvreté, ayant toujours refusé les cachets.
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Décembre
Le givre étincelant, sur les carreaux gelés,
Dessine des milliers d'arabesques informes ;
Le fleuve roule au loin des banquises énormes ;
De fauves tourbillons passent échevelés.
Sur la crête des monts par l'ouragan pelés,
De gros nuages lourds heurtent leurs flancs difformes ;
Les sapins sont tout blancs de neige, et les vieux ormes
Dressent dans le ciel gris leurs grands bras désolés.
Des hivers boréaux tous les sombres ministres
Montrent à l'horizon leurs figures sinistres ;
Le froid darde sur nous son aiguillon cruel.
Evitons à tout prix ses farouches colères ;
Et, dans l'intimité, narguant les vents polaires,
Réchauffons-nous autour de l'arbre de Noël.
© Louis-Honoré FRÉCHETTE
Louis-Honoré Fréchette (1839-1908)
Poète, dramaturge, écrivain et homme politique québécois, Louis-Honoré Fréchette a été l'homme de lettres le plus important dans le Québec du XIXè siècle. Bien que son père, entrepreneur, soit analphabète, il étudie sous la tutelle des Frères des écoles chrétiennes, puis il fait des études classiques et publie son premier recueil Loisirs en 1863. En 1864, il ouvre un cabinet d'avocat, ensuite il fonde deux journaux : Le drapeau de Lévis et La Tribune de Lévis.
Il s'exile à Chicago et écrit La voix d'un exilé.
En 1874, peu après son retour au Québec, il est élu député de Lévis au Parlement d'Ottawa. En 1877, il publie à Montréal, son second recueil de poésie intitulé Pêle-mêle. En 1880, il est le premier Canadien-français à remporter le prix Montyon de l'Académie française pour son recueil de poèmes intitulé Les Fleurs boréales.
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L'aumône de Noël
La messe nocturne est dite.
Que d’étoiles dans le ciel !
Comme il gèle ! Rentrons vite.
La rude nuit de Noël !
Chacun du froid se protège
En fermant porte et rideaux.
Sous leurs capuchons de neige
Les maisons font le gros dos.
On se couche avec angoisse
Dans les lits mal bassinés.
Les vitraux de la paroisse
Ne sont pas illuminés.
Tout dort. Qu’il est solitaire,
Le hameau silencieux !
Les astres, avec mystère,
Ont l’air de cligner des yeux.
Mais, chut ! L’ange va descendre
Des profondeurs du ciel noir.
Tous les enfants dans la cendre
Ont mis leurs souliers, ce soir.
Comme les autres années,
Il vient, lumineux et doux,
Jeter par les cheminées
Cadeaux, bonbons et joujoux.
Mais, ayant fait son message,
Tout à coup il aperçoit,
Là-bas, au bout du village,
Sous la neige, un humble toit.
Ce lieu désert, c’est l’unique
Où l’ange n’ait point plané...
Et plus rien dans sa tunique !
Le prodigue a tout donné.
Précisément, une aïeule,
Fileuse aux maigres profits,
Élève ici, pauvre et seule,
Son arrière-petit-fils.
Leur indigence est extrême :
Rien dans l’armoire en noyer ;
Et l’enfant a mis quand même
Ses sabots dans le foyer.
Les anges ― quelle disgrâce ! ―
N’ont jamais d’argent sur eux.
Faut-il que celui-ci passe
Sans aider les malheureux ?
Se peut-il que Dieu le veuille ?
Non. Le séraphin charmant
Reprend son essor et cueille
Une étoile au firmament.
En la touchant, il la change
En un large écu d’or fin,
Qu’il va porter, le bon ange,
Au foyer de l’orphelin.
Au Paradis, sa patrie,
Il rentre, et se sent confus
Devant la Vierge Marie
Qui porte l’enfant Jésus.
Mais l’Enfant, qui le rassure,
Levant son joli bras rond,
Prend l’étoile la plus pure
Que sa mère ait sur le front,
Et, la donnant avec grâce,
Dans un doux geste enfantin :
« Va, dit-il, la mettre en place
Avant le petit matin. »
... Or, par les minuits sans voile,
Depuis, le monde savant
S’étonne que cette étoile
Brille plus qu’auparavant.
© François COPPÉE
François Coppée (1842-1908)
Poète, dramaturge et romancier, François Coppée fut le poète populaire et sentimental de Paris et de ses faubourgs, des tableaux de rue intimistes du monde des humbles. Poète de la tristesse à la vue des oiseaux qui meurent en hiver, du souvenir d'une première rencontre amoureuse, de la nostalgie d'une autre existence ou de la beauté du crépuscule, il rencontra un grand succès populaire.
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