L'absence
L'absence
© José DELATTRE
Extrait du recueil Mon Image d'Epinal
José Delattre (1944-2021)
Epicurien de nature, amoureux de la faune et de la flore, de l'univers, de la vie et de l'amour, les poésies de José Delattre sont un délicieux voyage à découvrir !
Marié très jeune avec l’unique amour de sa vie, son « Image d’Epinal », ils ont ensemble fondé famille et cueilli chaque jour l’aube sacrée dans le jardin fleuri de leur amour sans faille … Outre son métier de dessinateur industriel, José Delattre a été acteur de théâtre dès l'âge de 8 ans, metteur en scène jusqu'à l'âge de 76 ans et écrivain poète, José a toujours été de la fête ! Il s'est toujours investi à fond dans tous les projets qu'il a lancés et a toujours fait preuve d'un sens inné de l'accueil peu importe l'âge et sans faire de différence !
Autres textes :
→ Marée haute
→ Allons rêver le vent
→ Poète dans l'âme
→ Printemps
Recueils publiés :
→ Auprès de mon arbre
→ Mon image d'Epinal
→ D'aventures en aventures
Son blog (posthume) :
→ https://jose-delattre-poesies.blogspot.com/
Elle n'est plus au rendez-vous
Elle n’est plus au rendez-vous
de mes mots tutoyant le ciel
de mon rire clair aux aguets
de mes bras souples et accueillants
de mes pas de danses enjoués
Elle n’est plus au rendez-vous
de la lumière dans mes yeux
des longs paysages qui m’entourent
et de cette fenêtre par laquelle
ensemble nous regardions
tant de soleils à vivre
© Jean-Charles PAILLET
Crédit photo : Jean-Charles PAILLET
Jean-Charles Paillet
Jean-Charles Paillet est animé par l’instant présent et les belles valeurs qui élèvent le coeur et l’âme... Sa poésie se retrouve dans ses dessins, ses photographies et ses chansons. Sa rencontre avec Yves Broussard est un tournant dans sa vie de poète.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Sa page Facebook
Une photo jaunie
Une photo jaunie
Sur le coin d’une table.
Elle, assise, sourit,
Lui, debout, impeccable…
Les années ont passé
Depuis qu’il n’est plus là.
Des souvenirs fanés
Pour le coeur de Léa…
Dans la mélancolie
D’une soirée d’hiver,
Elle pense à leur vie,
D’ombres et de lumières.
Et son regard se perd
Dans la vieille photo,
Se projetant naguère…
Et comme ils étaient beaux !
Elle le rejoindra,
Bientôt hors de ce monde,
Dans un proche au-delà,
Que le mystère féconde.
© Pierre PAYSAC
Illustration : © Christian SCHLOE
Pierre Paysac (1948-aujourd'hui)
Fréquentant un atelier d'écriture depuis plus de dix ans, Pierre Paysac a publié son premier recueil, Errance, en 2021, aux éditions Persée. Son deuxième recueil est en cours d'édition. Il a par ailleurs participé au concours Poetika 2023 et l'un de ses textes a été remarqué par les membres du jury.
Autres textes :
→ Les pierres me parlent
→ Délivrance
→ Le chant d'un marin
Cimetière marin
L’hiver dans la nature plante ses banderilles
Le soleil en ce jour est avare de clarté.
La brume grime de mystère la surface de l’eau
Les stèles se rappellent le nom des naufragés.
Le prénom d’un fils précède parfois le père
Et les fleurs sur la tombe se fanent de douleur
Les pleurs d’une mère ne donnent pas assez d’eau !
Il est venu très tôt rendre hommage à ses pairs
Lui le rescapé, le vivant, le témoin de l’horreur.
Des colonnes écroulées nous parlent de l’absence
Et des caveaux se meurent de vaines descendances.
Les vagues lui répètent la symphonie du vent
Dans les allées désertes il erre lentement.
Un voilier rejoint le port, apparaît par instant
Dans le brouillard humide tel un vaisseau fantôme
Revenu d’un autre âge.
La lanterne du phare peine à décrypter la passe
La brouillasse fossilise ce décor envoûté.
Amis qui passez dans ce vieux cimetière
Ayez une pensée pour tous ces naufragés
Qui ont conquis des mondes à vous autres ignorés.
© Claude DUSSERT
Claude Dussert (1947-aujourd'hui)
Poète, nouvelliste et pamphlétaire à ses heures, Claude Dussert est diplômé du Conservatoire d’Arts Dramatiques de Grenoble. Cadre commercial, il a créé sa société de communication « CBCD » en 1993 à Lyon. Il vit actuellement en Bourgogne, dans la région de Cluny. Éclectique dans ses lectures, sa passion pour la poésie l’a amené à être membre de nombreuses associations.
Il participe activement à plusieurs anthologies de poésie et ouvrages collectifs ainsi qu’à des concours. Il a édité à compte d’auteur cinq recueils de poésie et un recueil de nouvelles. Il a également remporté de nombreux prix de poésie (dont le Prix Spécial du Jury au concours Poetika 2023).
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À la nuit de l'absence...
A la nuit de l'absence, sur les murs de mon cœur,
La flamme d'une bougie dessine ton prénom.
Les heures du manque de toi animent ma froideur,
Solitude d'éclipse, quelques vers d'Aragon.
Je me sens aspirée au bruit de ton silence.
Je vais écrire pour toi cette page d'amour pur,
Oublier un instant la triste souvenance,
Refermer l'horizon, me mettre à l'écriture.
Je reste là, sans rôle, toute promesse morte,
Quand mon âme asphyxiée ne sait plus respirer.
Mes mots sans destinée se cognent sur ta porte,
Tache rouge répandue d'une passion fanée.
© Kristeen VAN RYSWYCK
Kristeen Van Ryswyck
Résidant dans le golfe du Morbihan près de Vannes, Kristeen Van Ryswyck fait une carrière d’artiste peintre internationale depuis plus de quarante ans. C'est aussi une amoureuse inconditionnelle de l’émotion et des mots qu'elle couche sur le papier depuis plus de vingt ans. Elle a publié trois recueils. Elle s'adonne également à l'écriture de nouvelles et de contes fantastiques. Elle aime la photographie, la musique, l’opéra, le théâtre, la danse et la psychologie.
Autre texte :
Mes pas froissent les feuilles...
→ Son blog
→ Son site professionnel
→ Sa page Facebook
Pleurs
Pleurent les nuages blancs
Pleure le soleil
Pleurent les rouges fleurs d'hibiscus
Pleure la terre brune
Pleurent les feuilles tendres
Pleure mon cœur
Pleurent mes yeux
Pleurent toutes les fibres de mon corps.
Mon amour
si doux à embrasser
si doux à enlacer
est mort.
© Denise DODERISSE
Denise Doderisse
Résidant en région parisienne, Denise Doderisse écrit depuis une cinquantaine d'années de la poésie sous toutes ses formes, et en particulier elle aime écrire des haïkus. Elle s'adonne également à la peinture et au dessin. Elle a publié deux recueils et plus récemment un livre illustré de réels dessins d'enfants.
→ Voir tous ses textes sur le site
→ Son blog
Variations sur Venise
dans le soir
je grelotte ‒
plus jamais
ta silhouette
sur le pont
***
des gondoles
quelques flocons
une larme
roule
sur ma joue
***
sur San Marco
terrasses hivernales ‒
les yeux clos
j’espère en vain
ton visage
***
depuis le pont du vaporetto
des gouttes d’écume
sur le visage ‒
j’avais cru
au bonheur
***
je fais des traces
dans la mousse
de mon cappuccino ‒
ennui
sans toi
***
rester ici
sans ta main
dans la mienne
est triste
sans fin
© Nathalie LAURO
Illustration : aquarelle de Nathalie LAURO, série Un hiver à Venise
Nathalie Lauro
Ecrivaine, poétesse et artiste mérique, Nathalie Lauro travaille à partir de ses photos shootings. Elle aime photographier les villes comme Berlin, Londres, Paris, Hambourg et Amsterdam mais sa spécialisation reste le sud, la Méditerranée, le soleil, les couleurs, les lumières et la Dolce Vita. Elle est par ailleurs présidente de l'association Luna Rossa.
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→ Découvrir son dernier recueil
→ Site de l'association Luna Rossa
→ Son site : http://www.nathalielauro.com/
Présence gommée
L'encre pleure pour moi
déploie sur le buvard bleuté
des cernes annelés
halos de pleurs violacés
Flamme suppliciée
que foule avec férocité
ma lourde solitude
jaillie de ton abandon
Les cernes s'étrécissent
en spires serrées fascinantes
Oublier ton absence
Me fondre en ce maléfice
© Denise DODERISSE
Denise Doderisse
Résidant en région parisienne, Denise Doderisse écrit depuis une cinquantaine d'années de la poésie sous toutes ses formes, et en particulier elle aime écrire des haïkus. Elle s'adonne également à la peinture et au dessin. Elle a publié deux recueils et plus récemment un livre illustré de réels dessins d'enfants.
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Murat, je vais manquer de toi
À Jean-Louis Murat
Fascinant et éprouvant de voir Murat sur scène. Il apparaît, visage morose d’Ange déchu, poète troubadour, être trop sensible dans un monde qui l’écorchait. Au fur et à mesure, il se détend, murmure de sa voix suave et sensuelle. L’auvergnat vibre intensément, guitares lancinantes, batterie frôlée au balai. Chaman ensorceleur, il incante J’ai fréquenté la beauté. C’est une messe païenne qu’il nous offre. Parfois l’artiste semble vouloir tout gâcher, empoignant sa guitare, improvisant un riff apocalyptique à la Hendrix. Le public a peur que tout parte en vrille…Puis il nous offre un instant de grâce avec Si je devais manquer de toi, une balade hypnotique. Allègrement, il arpège Au mont du sans soucis, ritournelle que le public reprend en chœur et C’est l’amour qui passe. Au final le dernier des romantiques baise la main de ses choristes femmes. Souriant et généreux à la dédicace, écrivant un mot personnel pour chacun. Tel était l’imprévisible Murat, rebelle, un vrai gaulois au franc-parler légendaire. Un Mustang indomptable. Mais il pouvait être charmant, regard bleu myosotis émerveillé, capable de chantonner la bête à Bon dieu à une coccinelle sauvée de la noyade. Jean-Louis Murat, merci à toi, mendiant d’amour, d’avoir osé être toi-même. Merci d’avoir porté la chanson française à de telles cimes.
© Michelle GRENIER
Titres des chansons en italique
© Crédit photo : Bergheaud (Journal Sud-Ouest)
Michelle Grenier
Mich'Elle Grenier est poète, fabuliste et parolière. Persuadée que la poésie est l’essence du langage, elle nous invite, de sa voix singulière, à ne pas nous laisser tentaculer par le chiendent rampant. Car on prête souvent à la poésie des airs d'austérité voire de mélancolie chronique. Mich'Elle Grenier prouve le contraire et sans niaiserie, rimant avec une acuité personnelle sur les choses de la vie. Elle a publié plusieurs recueils et figure au palmarès de plusieurs grands concours de poésie.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son site : → http://www.michellegrenierpoete.com/
Mona Lisa
© Kévin CASTEL
Kévin Castel (1992-aujourd'hui)
Attiré par les mots depuis toujours, Kévin Castel écrit de la poésie depuis quelques années. Il participe à des scènes ouvertes de poésie et de slam. Il a créé avec une amie une scène ouverte, La Petite Maison Utopique, à Clisson en Vendée. Il a remporté le Premier Prix du Concours Poetika en 2023 et a pour projet de publier un recueil de poésie. Ce texte a remporté le Troisième Prix ex-aequo de poésie libre (Boujon-sur-Libron 2023).
Autre texte :
Je n'étais qu'un enfant
→ Sa page Facebook
Nos absents
© GRAND CORPS MALADE
Extrait de l'album 3ème temps, 2010
Grand Corps Malade (1977-aujourd'hui)
De son vrai nom, Fabien Marsaud, Grand Corps Malade s'intéresse très tôt à la musique. Il débute sa carrière en 2003 aux côtés de John Pucc'Chocolat et du collectif 129HG avec qui il devient un activiste des scènes slam. Parallèlement, il fonde l'association Flow d'Encre afin d'animer des ateliers d'écritures/slam auprès des municipalités, centres sociaux, établissements scolaires...
Il réalise son premier long métrage "Patients" en 2016.
Autres textes sur le site :
Mais je t'aime
Ensemble
15 heures du matin
A l'école de la vie
Son site :
→ http://www.grandcorpsmalade.fr/
Dis-moi...
Encore présente comme si c’était hier,
Ton absence, on ne peut pas s’y faire.
Sans doute souris-tu de notre galère
Que l’on vit actuellement sur cette terre ?
Je t’entends, je te vois, c’est toi dans ce miroir
Tu nous manques, on aimerait tant te voir,
Partager, parler, nous donner un peu d’espoir
Car souvent, pour nous c’est le trou noir...
Ici, c’est la tristesse, la désolation
La souffrance en famille et à la maison
Nos larmes coulent, pas de consolation
Aide nous à trouver un espoir, un peu de passion.
On devait se revoir, nous voilà malheureux
Nous resterons seuls souffrants tous les deux
Mais nous serons forts pour toi, pour eux
Tu nous accompagnes, étoile dans les cieux.
© Antoine QUESSON
Antoine Quesson (1950-aujourd'hui)
Enseignant à la retraite, Antoine Quesson prend plaisir à s’exprimer avec des mots qui soignent nos maux, des mots qu'il triture, des mots qui lui parlent, des mots qu'il déforme… Que la langue française est riche de mots qui ont du sens, aussi, il est pour l’augmentation des sens, du bon sens... Il a publié plusieurs ouvrages chez TheBookEdition.
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Les absents
Ils ont leur nom écrit au-dessus d’une tombe,
Les gens partis ailleurs, en ayant tout quitté,
Après des jours si longs emplis d’activité,
Regardant à présent la croix qui les surplombe.
Ils ont connu la mort où chaque être succombe
Quand vient le triste automne et que se meurt l’été
Et qu’on quitte le monde avec la dignité
De tous ces êtres chers partant quand le soir tombe.
Ils laissent comme un vide au cœur de nos maisons,
Nous faisant redouter tant de mortes saisons,
Seuls parmi tous ces murs où nous manque leur vie
Et soudain l’on revoit ces jours attendrissants
En repensant encore à la route suivie
Avec ces disparus, eux nos très chers absents.
© Michel MIAILLE
Michel Miaille (1951-aujourd'hui)
Poète, auteur de sketches et de pièces de théâtre, Michel Miaille est retraité du Ministère de l'environnement et membre de la SACEM. Il a obtenu plusieurs prix de poésie, notamment avec avec des poèmes en langue provençale, et participe à des anthologies. Il a publié plusieurs recueils.
Autres textes :
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Aux auteurs de mes jours
© Jacky COURALET
Jacky Couralet (1953-aujourd'hui)
Retraité de la Fonction Publique Territoriale, Jacky Couralet est un passionné de poésie. Eclectique, il écrit dans tous les registres : de la veine austère à la veine satirique, voire loufoque ! Il adore aussi le scrabble et a une approche ludique des activités cérébrales.
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Il ne reste de toi...
Il ne reste de toi
Que ce jouet de bois,
Quelques photos fanées
Dans un album usé.
Il ne reste de toi
Dans ce papier de soie,
Qu’une mèche dorée,
Ton manteau de bébé.
Il ne reste de toi
Que ces cris pleins d’effroi,
Quand la mort t’a piégée
Dans ses eaux enflammées.
Il ne reste de toi
Que ce grand vide en moi,
Tes câlins égarés
Dans un monde ignoré.
Il ne reste de toi
Que des brins d’autrefois
Et ces années figées
Sur d’éternels regrets.
Il ne reste de toi
Qu’un sanglot qui se noie
Aux souvenirs voilés
De ce dernier été…
© Marie MINOZA
Illustration : © Marie MINOZA
Marie Minoza
Cette enseignante en école primaire a exercé dans les Deux-Sèvres puis dans la Vienne à Châtellerault. Tout au long de sa carrière, elle a aimé partager l’amour de la peinture, de la poésie et de la création avec ses élèves. Aujourd'hui à la retraite, elle partage ses écrits et ses créations d'images sur son blog. Tous les deux ans, elle contribue avec des amis poètes à la création d’un livre de contes et de poésies destiné aux enfants gravement malades… Elle participe également avec ses anciens collègues à un spectacle chorale, comédie musicale (création d'images et de montages power-point pour animer chants et mimes).
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Manque
le livre refermé laisse s’effacer l’encre
on ne sait pas vraiment quelle présence manque
des larmes dispersées et quelques regrets entre
l’été front en sueur s’enferme dans la chambre
on fait face au miroir dont le reflet s’absente
on peut renaître à soi mais jamais à l’enfance
© Sacha ZAMKA
Sacha Zamka (1995-aujourd'hui)
Né en 1995, Sacha Zamka grandit en France. Après ses études, il découvre Vienne, New York, Montréal. Il se consacre à l’écriture de nouvelles et de poèmes depuis lors. Ses écrits, hantés par l’enfance, interrogent le deuil, l’identité, la mémoire, dans une langue où s’affrontent fragments bibliques et expériences quotidiennes, témoignant d’une condition diasporique. Ses poèmes ont été favorablement accueillis dans des des revues en France, en Belgique et au Canada.
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Caresses du vent
ton chant s’éteignait
les étoiles semblaient pleurer …
En un torrent de vibrations
mon être fut incendié
jusqu’à devenir braises
Tu es devenu ondes
en parfums, évaporé
chatoiements dans l’azur
Lors, dans le hors-temps
l’amour éternel s’épanche
et perdure
Et je continue ma danse
goutte de rosée
glissant sur la feuille
Mon chant d’étincelles pourpres
transperce l’aurore
toute illunée encore
En rivière de lumière
bienheureux
tu scintilles
Libéré
tu as rejoint
la vérité de toutes choses
Au pied de ce haut bouleau
toute argentée, immobile
je demeure …
Caresses du vent
-------
Céu escuro
o teu canto morria
as estrelas pareciam chorar …
Em uma torrente de vibrações
meu ser foi incendiado
até virar brasas
Você se tornou ondas
em perfumes, você evaporou
faíscas no azul celestial
Mas, fora do tempo
o amor eterno derrama
e perdura
E eu continuo dançando
gota de orvalho
deslizando na folha
Meu canto de faíscas roxas
perfura a aurora
ainda enluarada
Rio de luz
abençoado
você brilha
Livre
você juntou
a verdade em todas as coisas
Ao pé desta alta bétula
toda prateada, imóvel
eu permaneço …
Carícias do vento
© Carolyne CANNELLA
Traduction de l'auteure en portugais du Brésil
Carolyne Cannella
Carolyne Cannella harmonise dans son art poétique, la mélodie des mots telles les notes d’une partition qui relève, selon elle, d’un travail d’élévation pour atteindre à cette qualité lyrique de la langue.
Dans son écriture, elle révèle cet essentiel qui lui est cher, avec des mots pleins, une langue dépouillée, dénuée de fioritures ; un art où les silences prennent une dimension expressive.
L’auteur, poète, linguiste, traductrice, récitante, guitariste-luthiste, enseignante, pédagogue et concertiste, a donné de nombreux récitals et concerts en France et à l’étranger.
À l’aune de sa passion, la musique — expression sensuelle de ce qu’elle considère comme un sentiment mystique —, son écriture l’amène, avec peu de mots, à voyager, immobile, dans les territoires profonds de l’être, là où les silences prennent une dimension expressive.
Elle a participé à plusieurs festivals et collaboré à plusieurs revues et anthologies poétiques. Elle s’exprime sous forme de poèmes, prose, fragments et aphorismes.
En tant que Haïjin (poète de haïku) et Kajin (poète de tanka), elle a été lauréate du Grand Prix
Charles Le Quintrec 2018 dans la catégorie Haïku (Prix décerné par la Société des Auteurs et Poètes Francophones (SAPF).
Elle a créé une anthologie des poètes du monde sur sa chaîne YouTube.
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Dans les verts pâturages
Puisque tu es partie, tous les mots à te dire
Sont restés dans nos cœurs,
Et tu n’es que silence.
Domi, dont le prénom montait comme une gamme,
Tu ne chanteras plus, les rondes de l’enfance.
C’est ta joie de fillette que nous avons vécue, ronde, potelée
Dont les joues appelaient le baiser.
Domino, organisatrice de jeux divers et fantaisistes,
Inventeur de surnoms
Qu’il fallait distribuer.
Dans la mosaïque de tes révoltes, se multipliaient déjà,
Des mots crus de Cambronne
Ou autre célébrité,
Dominique, pour marquer tes colères contre un monde
Et tes réprobations,
Quelle personnalité !
Tu dénonçais en sarcasmes, ironies, et différentes épithètes
Tout ce qui te déplaisait.
Dans les éclats verts de tes yeux plissés sur des rires
Que tu voulais méchants,
Passait toute la tendresse que tu croyais cacher.
Elle qui te consumait, tu la dissimulais,
Alors serrant les poings, sur mesure, bien pensée,
C’est une grosse colère
Que tu nous fabriquais.
Mère chatte, tu soignais, protégeais ta nichée,
Ne laissant transparaître qu’à peine ta lassitude,
Domino, balayant dédaigneuse, ce qui étaient tes peines,
Coupant de plaisanteries toute sollicitude,
Les ultimes regrets suivis de rires amers…
Chacun de nous t’a vue différemment.
Il y a tant d’hier !
Dominique, ton mari, tes enfants, ta famille,
Tes parents, tes amis, qui ne serait pas fier !
Nous ne pouvons dire notre peine aujourd’hui.
Une fois encore, tu as passé la porte de ta vie,
Laissant le silence dire : comment tu aimais,
Combien tu as aimé ; comme un point d’ironie !
Combien plus encore, nous aurions dû t’aimer,
Domi, Domino, Dominique, faut-il le dire,
Cette dernière pirouette ne nous a pas fait rire !
Et dans ces verts pâturages
Je n’y ai trouvé que l’absence de ta présence,
Près de ces eaux paisibles
Je n’ai rencontré que la présence de ton absence.
© Françoise BIDOIS
Françoise Bidois (1939-aujourd'hui)
D'origine brestoise, Françoise Bidois a été enseignante puis a continué sa carrière dans l'artisanat en couture-confection. Elle vit en Vendée depuis 1977. Sociétaire des Ecrivains de Vendée, elle a également dirigé un atelier d'écriture pendant dix ans et participé à de nombreux concours de poésie. Elle a publié plus d'une dizaine de recueils ainsi que des contes et nouvelles.
Elle illustre elle-même ses poésies de dessins pastel et photos.
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Escapade d'anniversaire
Maman, demain, j'ai soixante et onze ans,
Mais j'ai gardé mon cœur d'enfant.
J'aimerais tant que tu me tiennes la main
Pour m'aider à poursuivre mon chemin.
Tu dors dans ton dernier jardin,
Parfumé de roses et de jasmins.
Demain, j'irai te voir de bon matin.
Ton fils, ce vieux et éternel gamin,
Mettra sur ton marbre un pot de bruyère
Et nous fêterons ensemble mon anniversaire.
Comme jadis, je ferai quelques facéties,
Pour que tu me dises : « maintenant ça suffit ! ».
Tu vois, je suis toujours aussi malicieux
Avec, pour toi, tant d'amour dans les yeux.
Et puis, tu feras la tombe buissonnière,
Pour t'évader et être en pleine lumière,
Oublier un instant ta sombre sépulture
Et partir avec moi à l'aventure.
Nous profiterons d'une belle escapade
De l’aube jusqu’à l'heure de la sérénade.
Je ferai un mot d'excuse à Dieu le Père,
Je lui dirai que le jour de mon anniversaire,
J'ai besoin de toi à mes côtés,
Alors que lui, il t'a pour l'éternité.
Nous retrouverons le bon vieux temps,
Lorsque j'étais mouflet et toi jeune maman.
© Philippe PAUTHONIER
Philippe Pauthonier
Après une carrière d'ingénieur, Philippe Pauthonier partage aujourd'hui sa vie entre la France et la Pologne, pays de son épouse. Cet élan entre deux pays, deux cultures et ses longs séjours dans la sérénité de la campagne polonaise, loin du monde et de son agitation, sont propices à sa créativité littéraire. Depuis sa retraite, il s'investit dans plusieurs associations oeuvrant au profit des Aveugles et Malvoyants. Mordu d'astronomie, il apprécie la communauté scientifique qui sait élargir le débat avec une réflexion globale, liant la science à une approche métaphysique et théologique. Philippe Pauthonier a publié dix recueils et reçu plus de 130 distinctions dans des concours de poésie.
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Découvrir son dernier recueil :
→ Dans les broussailles de mes émotions
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La fin de l'été
Sans être encore parti, échappé
quelque part au-delà des nuages,
l’été me manque
Je m’assois sur le seuil de mes rêves attendant son retour.
La pluie d’août mouille mes cheveux et le soleil, fatigué, apparaît à peine,
il semble murmurer ;
— le vent d’automne les sèchera quand il soufflera.
Les dernières salutations, j’ai compris
qu’elles étaient les larmes d’un soleil couchant.
L’été me manque,
Sans être encore parti, échappé
quelque part au-delà des nuages,
Je m’assois sur le seuil de mes rêves attendant son retour.
© Mirela LEKA-XHAVA
Mirela Leka-Xhava (1966-aujourd'hui)
Mirela Leka-Xhava est née dans la ville d'Elbasan en Albanie. Passionnée de littérature depuis l'enfance, elle a publié de temps en temps dans des magazines et des journaux avant les années 1990 puis dans le journal "Le mot libre". Elle est diplômée en Langue et Littérature albanaise à l'Université « Aleksander Xhuvani » d'Elbasan. En 1999, elle publie son premier recueil de poèmes Je ne veux pas l'hiver dans les yeux. Elle vit et travaille à Bordeaux depuis 2002. Elle publie périodiquement des cycles de poésie dans Atunis Galaxy Poetry, Belgique, ainsi que dans plusieurs magazines et journaux prestigieux en Albanie, au Kosovo, en Italie, en Angleterre, au Canada, au Bangladesh, en Tunisie, en République Dominicaine, en Roumanie, etc., ainsi que sur les sites littéraires français. Elle vient de sortir son deuxième recueil Les Fleurs de la Rue Montesquieu en langues albanaise-française.
Autres textes :
→ Qui toque à la vitre ? !
→ L'oubli
→ Découvrir son dernier recueil
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On construit sa vie
On construit sa vie
on la reconstruit
quand s’écroule l’édifice
du poids de ce qui fut bleu
et n’est plus
Alors on déblaye
ici et là
malgré la souffrance
Pour quelle clarté ?
On veut croire encore
à l’immensité du jour
au fruit partagé
aux nuits légères
rêves défroissés
Mais qu’en reste t’il ?
Et l’on serre un peu plus le présent
se surprenant parfois à sourire
Des mots neufs et des rivières
dans la tête
Les deux pieds dans la poussière
© Jean-Charles PAILLET
Crédit photo : Jean-Charles PAILLET
Jean-Charles Paillet
Jean-Charles Paillet est animé par l’instant présent et les belles valeurs qui élèvent le coeur et l’âme... Sa poésie se retrouve dans ses dessins, ses photographies et ses chansons. Sa rencontre avec Yves Broussard est un tournant dans sa vie de poète.
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Emmuré
J’ai recherché longtemps les mots de ton absence,
J’ai sondé sans relâche un cœur tellement lourd,
Caparaçonné d’une inerte résistance,
Il se murait dans son entêtement de sourd.
Si, parfois, je sentais quelque part ta présence,
Dans mon âme gelée, au bout de mes doigts gourds,
Je me heurtais à ce sentiment d’impuissance
Et, malheureux, j’errais, privé de tout secours.
Alors c’est dans le vide, et dans ce grand silence
Où je me repliais, enfermé dans ma tour,
Que quelques mots se sont invités dans la danse.
Oh, non, ce ne fut pas la verve d’un discours,
Mais plutôt un murmure, une condoléance,
Enfin tu me parlais de ta voix de velours.
© Michel BUNEL
Michel Bunel (1952-aujourd'hui)
Depuis toujours, Michel Bunel écrit des poèmes, mais il lui a fallu arriver à 70 ans pour oser en publier. Auparavant, il s'est contenté de les collecter dans des cahiers puis de les poster sur des groupes de poésie, sur Yahoo Groupes, puis sur Facebook. Son écriture doit beaucoup à Georges Brassens - qu'il a aimé chanter - pour l'humour, la provocation ou la dérision, pour la versification aussi.
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La première heure
(J'attends Anne 2)
j'attends Anne
qui ne viendra pas
qui ne viendra plus
j'ai longtemps cru attendre
mais on n'attend pas
on n'attend rien ni personne
on patiente
que ce moment arrive
mais ce qui va venir
d'une heure à l'autre
d'un jour à l'autre
d'une année à l'autre
c'est l'absence
tant de temps a passé
que le soleil est mort
comme un colophon
que l'ombre a disparu
comme un salaud de la première heure
qu'on ne se parle plus que
comme des bateaux engagés dans une écluse
mais qui n'ont pas projet
d'aller dans le même chenal
mais ce qui va venir
d'un instant à l'autre
d'un moment à l'autre
d'une vie à l'autre
c'est l'absence
elle ne viendra pas
elle ne viendra plus
sur les planches de ce théâtre
que j'arpente
comme un comédien roué
j'attends Anne
comme à
la première heure
elle et son grand sourire
(mes fantômes et moi)
elle et ses grands yeux bleus
(mes cauchemars et moi)
elle et le vent qui dispersera tout
(mes peurs gigantesques et...)
je l'attends
© Martin ZEUGMA
Martin Zeugma
Né au milieu des années 1970, Martin Zeugma a commencé à écrire à l'âge de 13 ans sur la machine à écrire à ruban de sa mère, qui enseignait le secrétariat. Depuis il n'a jamais arrêté, même s'il a souvent changé de machine. Depuis 1997, il a publié dans une soixantaine de revues francophones (France, Belgique, Suisse, Sénégal, Canada, Haïti) des poèmes, des nouvelles, et des études bio-bibliographiques (notamment sur Jean-Pierre Duprey et Paul Valet). Il a participé à plusieurs anthologies : une de nouvelles fantastiques aux éditions La Clef d'Argent, une de nouvelles érotiques aux éditions Alopex, et deux de poésie aux éditions Luna Rossa.
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Têtes et corps sont tombés...
© José GUIRAO
José Guirao (1954-aujourd'hui)
Natif d'Arles, José Guirao est monté à Paris en 1975 pour faire des études de cinéma.
Il écrit depuis l'âge de 15 ans et commence à être publié : anthologies de l'association Luna Rosa, sur les sites "Arpenter les mots" et "La Voix des Autres".
Il est aussi dessinateur et photographe autodidactes. Ses créations ont été montrées dans différentes expositions à travers la France et dans différentes revues d'art et de photographies.
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Le voleur de chagrin
Reviens douce endormie, allège ma souffrance
Laisse-moi me griser au goût de tes baisers,
Rallume le désir de nos corps apaisés
Et redis-moi les mots qui brisent le silence.
Dans mes rêves sucrés tu entends ma romance
Mais l’aurore apparaît dans mes songes brisés
Renouvelant hélas des tourments aiguisés.
Le temps déchu s’épuise à combler ton absence
Or, il sonne le glas, en bon exécuteur,
De mon esprit en deuil. Le grand ordonnateur
Efface le nom de la moitié de moi-même.
Hélas dépossédé par ce vil malandrin,
Une syllabe manque à mon alexandrin ;
Le voleur de chagrin a gâté mon poème !
© Catherine DESTREPAN
Catherine Destrepan (1956-aujourd'hui)
Comptable, Catherine Destrepan a jonglé toute sa vie active avec les chiffres avant de s'intéresser de plus près à la poésie, qui occupe aujourd'hui une grande place dans ses activités culturelles. Elle prête également sa voix de contre-alto au sein de plusieurs ensembles vocaux. Elle a remporté le Premier Prix de Poésie Classique au concours AMAVICA 2023, dont le thème était : « La vigne et le vin, vigneron et vigneronne », avec le texte Rêve carmin.
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Madame Rivière
Madame Rivière
Petit ru fripon
Pas plus tard qu’hier
Passait sous le pont
Monsieur Chemin Vert dans sa promenade
Lui faisait du pied, timide parade
Madame Rivière
Onde frémissante
Et primesautière
Tout l’été s’absente
Monsieur Chemin Vert tout du long la guette
Son jupon mousseux -soupir- il regrette
Madame Rivière
Est incorrigible
Des journées entières
Elle reste invisible
Monsieur Chemin Vert en perdrait la tête
Retourne les pierres, en vain il s’entête
Madame Rivière
Fait sa mijaurée
Et sa cachotière
Dame évaporée
Monsieur Chemin Vert voit au bord du lit
Un rai de lumière dans les éboulis
Madame Rivière
Et Monsieur Soleil
Nez à la portière
Au loin appareillent
Monsieur Chemin Vert les voit qui dévalent
Tout le long du val, en pleine cavale
Madame Rivière
A boudé son charme
Malgré ses prières
Et toutes ses larmes
Monsieur Chemin Vert en perd son dodo
Coincé dans l’écluse de sa libido
Madame Rivière
Malgré les orages
Laisse la poussière
Couvrir le rivage
Monsieur Chemin Vert la tête tournée
Vers le pont de pierre pense infortuné
Madame Rivière
Toujours à la course
A un cœur de pierre
Ça coule de source
Monsieur Chemin Vert d’amour consumé
Dans le lit défait la guette à jamais
© Philippe SALORT
Philippe Salort
Moi j'aime cet auteur qui débute à 60 ans !! Qui se sent plus artisan qu'artiste, plus potache que poète... Qui se dit davantage les doigts pleins d'encre que la tête dans les étoiles !
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→ Son profil sur short-edition.com
Nos heures d'éternité
Journée blanche, le ciel joue les fantômes mélancoliques,
Il n'existe pas de pire tombeau que l'oubli !
Je grave ton nom au fond de mon cœur
Et je rassemble les traits épars de ton visage
Comme les pêcheurs lancent leurs filets au lointain,
L'absence a tissé entre nous une toile maléfique,
Araignée impitoyable et le silence lui appartient
Mais je voudrais l'effacer de ma mémoire
Tel l'écolier qui d'un coup d'éponge nettoie
Son ardoise recouverte de lettres et de chiffres enneigés,
Je voudrais raconter simplement sur un cahier
Les miettes de notre histoire pour qu'elles vivent l'éternité.
© Marie-José PASCAL
Marie-José Pascal (1952-aujourd'hui)
Née à Paris en 1952, Marie-José Pascal écrit depuis l'enfance. Membre de l'association Le Capital des Mots, sociétaire de L'Académie internationale L'école de La Loire, elle a été publiée dans de nombreuses revues et anthologies : Humanisme Harmonie, Florilège, l'Etrave, Traversées, revue numérique des citoyens des lettres, anthologie Flammes vives, de l'Humain pour les Migrants. Elle a reçu le Prix Charles Péguy 2020, prix Hubert Fillay 2021 pour le recueil « A deux voix » co-écrit avec Alain Morinais, prix Jules Supervielle 2021 pour le recueil « Lanterne de papier ».
Autres textes :
Paroles à un enfant ukrainien
Le rouge et le noir
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Triolet
Cruellement le temps manquait,
N'avais-je pas un train à prendre ?
Je bouclai le dernier paquet,
Cruellement le temps manquait.
L'odeur de cire du parquet,
Ce lit où tu aimais t'étendre,
Cruellement le temps manquait,
N'avais-je pas un train à prendre ?
Allais-je laisser ce bouquet ?
Mon cœur était près de se fendre.
Je tenais en main le loquet,
Allais-je laisser ce bouquet,
Ces trois brins fanés de muguet,
Offrande d'un amour si tendre.
Allais-je laisser ce bouquet ?
Mon cœur était près de se fendre.
Au dehors, le volet claquait,
Sur l'écriteau, maison à vendre.
Importuné par un roquet,
Au dehors le volet claquait.
Je me retrouvai sur le quai,
Avec une humeur à me pendre.
Au dehors, le volet claquait,
Sur l'écriteau maison à vendre.
© Michel BUNEL
Michel Bunel (1952-aujourd'hui)
Depuis toujours, Michel Bunel écrit des poèmes, mais il lui a fallu arriver à 70 ans pour oser en publier. Auparavant, il s'est contenté de les collecter dans des cahiers puis de les poster sur des groupes de poésie, sur Yahoo Groupes, puis sur Facebook. Son écriture doit beaucoup à Georges Brassens - qu'il a aimé chanter - pour l'humour, la provocation ou la dérision, pour la versification aussi.
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Jardin de grand-père
C'était il y a longtemps -
Ta main
Dans la mienne
L'horizon
A perte de vue
Le grillage
De rouille
Et les herbes mortes
Ta main
Ridée
Qui crevasse la terre
La mienne
Si rose
Effleurant les ronces
Tes yeux
Dans les miens
Le bleu du ciel
En morsure de lèvres
Et quelques grains de terre
Entre nos doigts
C'était il y a longtemps
Et aujourd'hui encore
Ces quelques grains de terre
Rident ma chair
© Sandrine DAVIN
Sandrine Davin (1975-aujourd'hui)
Sandrine Davin est née à Grenoble où elle vit toujours. Elle est auteure de poésie contemporaine inspirée des tankas, elle a édité une quinzaine de recueils.
Ses ouvrages sont étudiés par des classes de l’enseignement primaire et au collège où elle intervient auprès des élèves. Elle a ce goût de faire partager la poésie au jeune public et de donner l’envie d’écrire… Elle est également diplômée par la Société des poètes français pour son poème « Lettre d’un soldat ».
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Ville fantôme
À pas perdus
Dans les rues désertes.
À triste allure
Sur les routes vides.
Dans la ville fantôme,
Je marche à l’abîme.
Dans la ville fantôme,
Je roule à deux à leurre.
Aucun entrain
Sur le quai désert.
Aucune gueule de l’emploi
Dans les bureaux vides
Dans la ville fantôme,
Je n’emprunte pas le chemin de faire.
Dans la ville fantôme,
Je n’entends plus le cœur de métier.
Rayon d’inaction
Dans le magasin désert.
Écran d’arrêt
Dans la salle vide.
Dans la ville fantôme,
J’achète l’ennui à prix cassé.
Dans la ville fantôme,
Je projette l’ombre sans lumière.
Désert affectif
Dans notre jardin secret.
Regard vide
Sur notre foyer éteint
La ville fantôme.
J’ai effacé tous ces gens de mon esprit.
La ville fantôme.
Je suis hanté par ton absence…
© Alexandre KOSTOVKI
Alexandre Kostovski (1976-aujourd'hui)
Auteur à la vocation tardive qui vit à Nancy, Alexandre Kostovski a été primé lors de concours poétiques, notamment ceux de la Société des Poètes et Artistes de France (SPAF - Lorraine) et des Amis de Thalie. Tout récemment, son texte Le grand méchant glou a été remarqué par le jury du concours Poetika 2023. Il a publié des recueils en autoédition et à compte d'auteur. Ses auteurs préférés sont Prévert, K. Dick, Gainsbourg, Kubrick et bien d'autres... Il s'en inspire tout en cherchant son propre style, sa propre voie…
Autres textes :
Au bout du tunnel
Le grand méchant glou
Haïkus sur l'absence
Premier jour d’automne
la lune blanche attend
le soleil naissant
Rue passante
de mes parents le souvenir
inaltéré
Sept ans aujourd’hui ~
la morsure du froid
quand elle est partie
Cent ans…
l’anniversaire posthume
de ma mère
Derrière la vitre
le rayon de soleil
sur le fauteuil vide
© Anne DEALBERT
Haïkus extraits de son recueil Croisée des chemins, Le Lys Bleu, 2023
Anne Dealbert
Anne Dealbert aime lire et écrire, goûter la poésie des mots, s’évader dans les textes… Amie des lettres depuis longtemps, ce n’est que tardivement qu’elle a poussé pour la première fois la porte d’un atelier d’écriture. Depuis lors, elle écrit à ses moments perdus : nouvelles, récits courts, poèmes et haïkus. Croisée des chemins est son premier recueil de haïkus.
Autres textes :
Haïkus (4)
→ Son site
→ Sa page Facebook
Tu règnes dans l'absence...
© Julien MIAVRIL
Julien Miavril (1988-aujourd'hui)
Chargé d'accompagner des élèves en situation de handicap, Julien Miavril est poète, philosophe et a été professeur de Lettres. Il a publié plusieurs ouvrages à compte d'éditeur : recueils de poésie et romans. Il a également participé à des anthologies nationales et internationales.
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Ton absence, notre si chère mère
Est la plus brûlante des présences
© Mokhtar EL AMRAOUI
Mokhtar El Amraoui (1955-aujourd'hui)
Poète d’expression française né à Mateur, en Tunisie, Mokhtar El Amraoui a enseigné la littérature et la civilisation françaises pendant plus de trois décennies, dans diverses villes de la Tunisie. Il est passionné de poésie depuis son enfance. Il a publié quatre recueils de poésie et plusieurs de ses poèmes ont été publiés sur Internet et en revues-papier.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Blog de l'auteur : https://mokhtarivesenpoemesetautresvoyages.blogspot.com/
Falaise
Je rapporte de la nuit sans étoiles
Des barques de silence fatigué.
Les nuages joufflus déploient leurs voiles
Sur l’horizon où le jour s’est levé.
A la porte du vent salé, la brume
Convoite du grand phare, l’œil confiant.
La mer dort encore, son drap d’écume
Borde la vague dans le flux montant.
Quelques embruns écorchent la poussière
Où vole le souvenir de nos peaux.
Nu de l’attente, mon cœur en prière
Érafle l’estran d’un rêve en lambeaux.
Et dans le sable où ton cœur coquillage
S’abreuve du bruissement de l’eau,
Mes pas suivent ton ombre au doux ramage.
L’océan s’engouffre dans mon château.
Sur la falaise où la menthe colporte
Des rumeurs d’été, les coquelicots
Reniflent le soleil neuf qui rapporte
Des pétales pour sécher mes sanglots.
Au milieu des mots où l’azur jacasse
Je m’agrippe au clapotis de bleuets.
Dans les terres asséchées, la crevasse
de l’ombre rumine ses vieux secrets.
Les marées sans fin égrènent leur trame
Sur mes lèvres abîmées par le sel
Qui a rongé les rochers de mon âme.
Mais, loin, le bourgeon renaît sous le gel.
© SEDNA
Sedna
Résidant en Charente-Maritime, Sedna a toujours eu la passion des mots. Elle aime les rimes et travaille principalement avec le Traité de Sorgel en poésie classique. Elle aime la mer, le ciel qui sont ses sources d'inspiration permanente. La sauvegarde de notre planète est l'une de ses préoccupations.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son site : → http://www.cassiopee17.fr/
Ce que les jours sont longs sans toi...
Ce que les jours sont longs sans toi !
Alors je suis allé sous notre arbre ;
C'est insupportable, c'est ça,
Absolument insupportable
D'attendre quand tu n'es pas là !
Alors je suis allé sous notre arbre
Pour me sentir plus près de toi...
Tu sais comme j'aime les fables,
Alors j'ai lu notre vieux livre
Aux oiseaux qui passaient par là.
Ça sentait bon la joie de vivre,
Alors j'ai lu à haute voix
Comme je fais entre tes bras.
Sur une page était collée
Une pensée glissée par toi,
Alors mon cœur s'est réchauffé,
Je t'ai revue cueillant la fleur
Dans ta jolie robe à carreaux,
Et tu riais, ô mon bonheur !
A mes plaisanteries d'idiot...
La nuit m'a fait un nouveau toit,
Une nuit, sans lune, étoilée...
C'est le froid qui m'a réveillé !
Dieu, que les jours sont longs sans toi !
© Etienne BUSQUETS
Etienne Busquets
Poète fénassol d'origine catalane (village de Lafenasse dans le Tarn), il est sociétaire des Amis de Jean Cocteau et membre des Poètes sans Frontières de Vital Heurtebize à Orange. Il a remporté plusieurs prix de poésie et collabore dans plusieurs revues et anthologies.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son blog :
→ https://www.calameo.com/subscriptions/7446960
L'absente
Spectre transparent
Du plus profond de sa modestie
Elle plane
Tel un grand oiseau blanc
Aux ailes déployées
Son souvenir rayonne
Aux battements du temps
Percée Inoubliable
Entre voûte et soleil
A petits pas légers
Sur la pointe des pieds
Elle s'en est allée
© Annie VITI
Annie Viti (1944-aujourd'hui)
Gribouilleuse à temps perdu et au gré de sa fantaisie, Annie Viti écrit juste pour le plaisir et le partage.
Autres textes :
Le petit monde de l'humidité
Encore et toujours
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Je ne t'appellerai pas
Anonyme,
Je ne t'appellerai pas,
Je ne t'écrirai pas
J'attends.
J'attends ton appel
J'attends ta lettre
J'attends,
Demain chaque jour
Et chaque jour,
J'attends le lendemain
Et jour après jour
Lendemain après lendemain
J'attends.
Et si demain n'a pas de lendemain
Je ne t'appellerai pas,
Je ne t'écrirai pas,
J'attendrai
Un signe de toi
De toi à moi.
Et les jours passent
Les mois, les années.
Je ne t'appellerai pas
Je ne t'écrirai pas.
Maintenant je sais
Je n'y survivrai pas.
© Renée VIRLOGEUX BORON
Renée Virlogeux Boron (1939-aujourd'hui)
Renée Virlogeux Boron s'adonne à la poésie pour son plaisir et écrit aussi des nouvelles. Elle travaille la terre aux Ateliers d'Art de Château-Thierry.
Elle aime également peindre et a pris quelques cours de calligraphie. Elle a ouvert une petite bibliothèque dans sa commune qui compte 83 habitants. C'est avant tout le plaisir de se rencontrer, d'échanger et... de jouer aux cartes.
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La maison est vide
La maison est vide sans toi.
Dehors l’arbre est phosphorescent.
Il a perdu ses feuilles de surcroit :
La neige a semé son manteau blanc.
Mon cœur souffre de ton absence.
Tu es mon amour, mon essence.
Sans toi la vie se meurt.
Tu laisses un désert dans mon cœur.
Le chemin devant la maison est triste
Sans ta présence. Le jardin est
Froid et glacial. Cela m’attriste
Pourtant autrefois j'étais gaie.
© Sylvie CROCHARD
Sylvie Crochard (1976-aujourd'hui)
Ouvrière en milieu protégé, Sylvie Crochard a publié plusieurs recueils. Passionnée de piano, elle s’inspire également de la musique dans ses poèmes.
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Sa page Facebook : → https://www.facebook.com/poetecrochard
Linceul posé sur le vivant
© Christian SATGÉ
Christian Satgé (1965-aujourd'hui)
Auteur prolifique, fabuliste et conteur éclectique, Christian Satgé est professeur d'histoire-géographie dans le département des Hautes-Pyrénées. Il a publié plusieurs recueils et une quarantaine de ses textes figurent dans Le Monde de Poetika. Son dernier ouvrage est une pièce de théâtre "Belize".
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Son blog : → https://lesrivagesdurimage.blogspot.com/
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Les cloches du soir
Quand les cloches du soir, dans leur lente volée,
Feront descendre l'heure au fond de la vallée ;
Quand tu n'auras d'amis, ni d'amours près de toi,
Pense à moi ! pense à moi !
Car les cloches du soir avec leur voix sonore
A ton cœur solitaire iront parler encore ;
Et l'air fera vibrer ces mots autour de toi :
Aime-moi ! aime-moi !
Si les cloches du soir éveillent tes alarmes,
Demande au temps ému qui passe entre nos larmes :
Le temps dira toujours qu'il n'a trouvé que toi,
Près de moi ! près de moi !
Quand les cloches du soir, si tristes dans l'absence,
Tinteront sur mon cœur ivre de ta présence :
Ah ! c'est le chant du ciel qui sonnera pour toi,
Et pour moi ! et pour moi !
© Marceline DESBORDES-VALMORE
Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)
D'abord comédienne puis chanteuse, Marceline Desbordes-Valmore est connue pour son oeuvre poétique originale, généralement associée au romantisme. Elle est surnommée Notre-Dame-des-Pleurs en raison de sa vie jalonnée de drames : elle perd sa mère à l'âge de quinze ans, son père est ruiné. Amoureuse d’Henri de la Touche, elle enfante un fils qui décède à l’âge de 5 ans. Mais l’homme qu’elle aime, issu de la bourgeoisie, ne peut épouser une femme du spectacle. Ce drame sentimental se lit en filigrane dans ses textes. Elle rencontre plus tard Prosper Valmore, un comédien avec qui elle a quatre enfants. Seul l’un d’entre eux lui survivra. En 1819, elle publie son premier recueil Elégies et romances qui est bien accueilli par la critique. Elle abandonne le théâtre et se consacre à l'écriture. Elle publiera plusieurs recueils, des nouvelles, des contes pour enfants et un roman autobiographique.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Absence
Reviens, reviens, ma bien-aimée !
Comme une fleur loin du soleil,
La fleur de ma vie est fermée
Loin de ton sourire vermeil.
Entre nos cœurs tant de distance !
Tant d'espace entre nos baisers !
Ô sort amer ! Ô dure absence !
Ô grands désirs inapaisés !
D'ici là-bas, que de campagnes,
Que de villes et de hameaux,
Que de vallons et de montagnes,
À lasser le pied des chevaux !
Au pays qui me prend ma belle,
Hélas ! Si je pouvais aller ;
Et si mon corps avait une aile
Comme mon âme pour voler !
Par-dessus les vertes collines,
Les montagnes au front d'azur,
Les champs rayés et les ravines,
J'irais d'un vol rapide et sûr.
Le corps ne suit pas la pensée ;
Pour moi, mon âme, va tout droit,
Comme une colombe blessée,
S'abattre au rebord de son toit.
Descends dans sa gorge divine,
Blonde et fauve comme de l'or,
Douce comme un duvet d'hermine,
Sa gorge, mon royal trésor ;
Et dis, mon âme, à cette belle :
« Tu sais bien qu'il compte les jours,
Ô ma colombe ! À tire d'aile
Retourne au nid de nos amours. »
© Théophile GAUTIER
Extrait du recueil La Comédie de la mort, 1838
Théophile Gautier (1811-1872)
Poète, romancier et critique d'art, Théophile Gautier est issu d'une famille de petite bourgeoisie. Il fait ses études au lycée Louis-le-Grand et se lie d'amitié avec Gérard de Nerval. Destiné à une carrière de peintre, il rencontre Victor Hugo qui lui donne le goût de la littérature. Il publie son premier recueil en 1830. Partisan fanatique de Victor Hugo, esthète et résolument romantique, il s'est distingué des autres poètes par son souci du formalisme et de l'esthétique.
Autres textes :
→ Pendant la tempête
→ Le pin des Landes
→ Far-niente
→ Sa biographie sur Wikipédia
L'étoile qui file
Petite étoile, au sein des vastes cieux,
Toi que suivaient et mon cœur et mes yeux,
Toi dont j'aimais la lumière timide,
Où t'en vas-tu dans ta course rapide ?
Ah ! j'espérais que, dans ce ciel d'azur,
Du moins pour toi le repos était sûr.
Pourquoi t'enfuir, mon étoile chérie ?
Pourquoi quitter le ciel de ma patrie ?
Mon cœur connut le bonheur et l'amour :
Amour, bonheur, tout n'a duré qu'un jour.
Près d'un ami, je cherchai l'espérance...
Et mon ami m'oublia dans l'absence !
Le cœur brisé, j'aimais encor les fleurs,
Quand je les vis se faner sous mes pleurs ;
Au ciel alors, pour n'être plus trahie,
J'avais aimé.... l'étoile qui m'oublie !
Adieux à toi, belle étoile du soir !
Adieux à toi, toi, mon dernier espoir !...
Errante au ciel comme moi sur la terre,
En d'autres lieux va briller ta lumière.
Rien n'est constant pour moi que la douleur,
Rien ici-bas n'a voulu de mon cœur ;
Autour de moi, tout est sombre et se voile,
Et tout me fuit... même au ciel, une étoile !
© Sophie d'ARBOUVILLE
Sophie d'Arbouville (1810-1850)
Poétesse et nouvelliste, Sophie d'Arbouville, petite-fille de la salonnière Sophie d'Houdetot, fut une figure des salons parisiens. Épouse du général François d'Arbouville, elle tente de le suivre dans ses campagnes mais doit renoncer à cause de sa santé. Elle tient salon à Paris, dont le principal sujet est la poésie : Sainte-Beuve lui dédie des poèmes et entretient une correspondance avec elle, Mérimée et Chateaubriand lui rendent visite.
Elle écrit poèmes et nouvelles sans chercher à les publier, quoique certains textes finissent malgré elle dans La Revue des deux Mondes.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Absence
Ô Femme au cœur de qui mon triste cœur a cru,
Je te convoite, ainsi qu’un trésor disparu.
Je te maudis, mais en t’aimant…
Mon cœur bizarre
Te recherche, Émeraude admirablement rare !
Que je suis exilée ! Et que pèse le temps,
Malgré le beau soleil des midis éclatants !
Retombant chaque soir dans un amer silence,
Je pleure sur le plus grand des maux : sur l’absence !…
© Renée VIVIEN
Renée Vivien (1886-1958)
Renée Vivien, née Pauline Mary Tarn, surnommée « Sapho 1900 », est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque. A l'abri du besoin par un héritage paternel conséquent, elle voyagea beaucoup à travers le monde. En 1899, elle s’installe définitivement à Paris et prend un nom de plume : René Vivien, prénom qu’elle féminise ensuite en Renée. De 1901 à 1909, l’intense production littéraire et poétique se mêle à des tentatives de suicide. Renée vit le spleen baudelairien, se drogue, boit de plus en plus d’alcool en solitaire. Renée Vivien fut la première poétesse francophone à exprimer ouvertement son amour physique pour les femmes et la deuxième femme francophone ; après Mme Dacier au XVIIe siècle, à traduire l’œuvre de Sapho en français
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Sa biographie sur Wikipédia
Ballade XI
Seulette suis et seulette veux être,
Seulette m’a mon doux ami laissée,
Seulette suis, sans compagnon ni maître,
Seulette suis, dolente et courroucée,
Seulette suis, en langueur mésaisée (1),
Seulette suis, plus que nulle égarée,
Seulette suis, sans ami demeurée.
Seulette suis à huis ou à fenêtre, (2)
Seulette suis en un anglet muciée, (3)
Seulette suis pour moi de pleurs repaître, (4)
Seulette suis, dolente ou apaisée,
Seulette suis, rien qui tant messiée, (5)
Seulette suis, en ma chambre enserrée,
Seulette suis, sans ami demeurée.
Seulette suis partout et en tout être,
Seulette suis, où je vais où je siée, (6)
Seulette suis, plus qu’autre rien terrestre, (7)
Seulette suis, de chacun délaissée,
Seulette suis, durement abaissée,
Seulette suis, souvent toute éplorée,
Seulette suis, sans ami demeurée.
Princes, or (8) est ma douleur commencée
Seulette suis, de tout deuil (9) menacée,
Seulette suis, plus teinte que morée, (10)
Seulette suis, sans ami demeurée.
© Christine de PIZAN
Extrait de Ballades, 1394-1399
1. Malheureuse d'ennui. 2. A la porte ou à la fenêtre. 3. Cachée dans un recoin. 4. Pour me repaître de pleurs. 5. Rien ne me déplaît autant. 6. Que je marche ou que je reste assise. 7. Plus seule que toute autre chose sur terre. 8. Voici. 9. Chagrin. 10. Au visage plus sombre que la mûre, ou plus brune qu'une maure, une femme africaine (signe renvoyant à la mélancolie).
Christine de Pizan (1364-vers 1430)
Philosophe et poétesse française de naissance italienne, Christine de Pizan (ou Pisan) est célébre pour ses écrits rédigés en français. Elle est considérée comme la première femme de lettres de langue française ayant vécu de sa plume. Son érudition la distingue des écrivains de son époque, hommes ou femmes. Veuve et démunie, elle dut gagner sa vie en écrivant.
C'est une auteure prolifique, elle compose des traités de politique, de philosophie et des recueils de poésie. Elle se retire dans un couvent à la fin de sa vie, où elle écrit un Ditié de Jeanne d'Arc. On lui doit, entre autres, Cent ballades d'amant et de dame et La Cité des dames.
→ Sa biographie sur Wikipédia
Poème XXIII
Quatre jours mon amour pas de lettre de toi
Le jour n'existe plus le soleil s'est noyé
La caserne est changée en maison de l'effroi
Et je suis triste ainsi qu'un cheval convoyé
Que t'es-t-il arrivé souffres-tu ma chérie
Pleures-tu Tu m'avais bien promis de m'écrire
Lance ta lettre obus de ton artillerie
Qui doit me redonner la vie et le sourire
Huit fois déjà le vaguemestre a répondu
« Pas de lettres pour vous » Et j'ai presque pleuré
Et je cherche au quartier ce joli chien perdu
Que nous vîmes ensemble ô mon cœur adoré
En souvenir de toi longtemps je le caresse
Je crois qu'il se souvient du jour où nous le vîmes
Car il me lèche et me regarde avec tendresse
Et c'est le seul ami que je connaisse à Nîmes
Sans nouvelles de toi je suis désespéré
Que fais-tu Je voudrais une lettre demain
Le jour s'est assombri qu'il devienne doré
Et tristement ma Lou je te baise la main
© Guillaume APOLLINAIRE
Extrait de Poèmes à Lou, Poème XXIII, 1955
Guillaume Apollinaire (1893-1930)
Considéré comme l'un des poètes français les plus importants du début du XXe siècle, Guillaume Apollinaire est l'auteur de poèmes ayant fait l'objet de plusieurs adaptations en chansons. La part érotique de son œuvre - dont principalement trois romans (dont un perdu), de nombreux poèmes et des introductions à des auteurs licencieux - est également passée à la postérité. Il expérimenta le calligramme et fut le chantre de nombreuses avant-gardes artistiques de son temps. Il meurt à Paris de la grippe espagnole mais est déclaré mort pour la France en raison de son engagement pendant la guerre.
Autres textes :
Marie
Si je mourrais là-bas...
Le pont Mirabeau
Sa biographie sur Wikipédia
Absence
Un morne silence
Règne en ton réduit :
L’heure en ton absence
S’y traîne, et languit.
Tandis qu’infidèle,
Tu cours où t’appelle
Le char du plaisir,
Moi, sombre et farouche,
Au pied de ta couche
Je reviens gémir.
L’horloge inactive
Dans l’oubli s’endort.
Sa roue est oisive,
Son pendule est mort.
Sur l’émail fragile,
L’aiguille immobile
Semble m’avertir,
Que sans toi, cruelle,
Le Temps, privé d’aile,
A cessé de fuir.
Couvert de poussière,
Ton luth détendu,
Au mur solitaire
Reste suspendu.
Seule à peine encore,
La corde sonore
Vient-elle à frémir,
Quand long-temps muette,
Elle éclate, et jette
Un dernier soupir.
Plus loin, tout livide,
Ton myrte fané,
Dans son vase aride,
Meurt abandonné.
Sans eau, sans rosée,
La plante épuisée
Eût perdu ses fleurs,
Si, pour vivre encore,
Sa tige inodore
N’avait bu mes pleurs.
Et lui, tes délices.
Cet oiseau charmant,
Que tes doux caprices
Stimulaient au chant !
Morose et sauvage,
Vois-le dans sa cage
Demander tout bas,
Où sont les tendresses,
Où sont les caresses
Dont tu l’enivras.
Ah ! quand moins farouche,
Il venait joyeux
Effleurer ta bouche
D’un bec amoureux,
De quels yeux ma rage
Voyait son plumage
Sur ton sein frémir…
Plus de jalousie !
Notre ingrate amie
A su nous unir !
Caché sous son aile
Aux rayons du jour,
Quand ma voix l’appelle,
L’oiseau reste sourd.
Ma main consolante
En vain lui présente
Grains, fruits savoureux ;
Nul soin ne le touche ;
Son bec fuit ma bouche ;
Son regard, mes yeux.
Viens donc, tout t’implore
Viens, comblant nos vœux
D’un sourire encore
Animer ces lieux ;
Rends au Temps son aile ;
À l’oiseau fidèle
Rends sa vive ardeur ;
Au luth, l’harmonie ;
Au myrte, la vie ;
À moi, le bonheur.
© Jean POLONIUS
Jean Polonius (1790-1855) [Nom de naissance : Xavier Labensky]
Diplomate et poète de l'Empire russe d'expression française, Jean Polonius est né en Pologne (alors sous domination russe). Entré dans la carrière diplomatique, il est d'abord attaché à l'ambassade de Russie à Londres, puis il est rappelé à Saint-Pétersbourg pour y exercer d'importantes fonctions à la Chancellerie impériale et au Conseil d'État. Il devient ensuite secrétaire en chef du ministre des Affaires étrangères, Karl Robert de Nesselrode.
Ne venant en France qu'épisodiquement, il choisit néanmoins le français comme sa langue d'expression poétique. Il publie trois recueils de poésie. D'abord élégiaques, ses poèmes prennent peu à peu un tour plus grave et plus philosophique, leur style évoquant pour les uns celui de Lamartine, pour les autres celui d'Alfred de Vigny.
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L'absence
L'absence cruelle a son charme.
Comme en la goutte d'eau le ciel,
Un bonheur immatériel
Tient quelquefois dans une larme.
Quand j'étais près d'elle là-bas
(Rêve humain jamais ne s'achève),
Je poursuivais encore un rêve
Que je ne me pardonnais pas.
A présent mes voeux de tendresse
N'ont plus de soupirs sans objet ;
Un désir vague me rongeait :
Un regret défini m'opresse.
L'absence, qui fait tant de mal,
Est souvent une heureuse peine :
Elle rend à l'amour certaine
L'attrait fuyant de l'idéal.
© Jean AICARD
Jean Aicard (1848-1921)
Poète, romancier et dramaturge français, Jean Aicard est né à Toulon où une plaque signale sa maison natale. Il fait ses études à Mâcon, où il fréquente Lamartine, puis au lycée de Nîmes, puis en droit à Aix-en-Provence. Venu à Paris en 1867, il y publie un premier recueil, Les Jeunes Croyances, où il rend hommage à Lamartine. Le succès qu'il rencontre lui ouvre les portes des milieux parnassiens. Il participe à la création de la revue La Renaissance littéraire et artistique. En 1874, il publie Poèmes de Provence, qui font de lui le poète de cette région, et il est considéré avant tout comme le poète de la Provence. Il devient président de la Société des gens de lettres en 1894 et en 1909 il entre à l'Académie française.
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