À l'ombre des héros
Missak Manouchian
Tantôt tu seras fusillé
Pour t’être légitimement rebellé
Mort à trente-sept ans
A l’approche du printemps
Engagé corps et âme
Contre une occupation infâme
Pour les valeurs de la France
Aimée depuis ton enfance
Attaché au poteau froid
Arbre sans vie sans sève
Pauvre condamné pauvre proie
Ou vogueront tes beaux rêves
Les yeux bandés
A l’image de tes tortionnaires aveugles de férocité
Exécuté au soleil
Aux rimes riches de merveilles
Poète vibrant de la beauté du langage
Des mots, des idées prônant la liberté
Tu as rejoint tes frères épris d’évasion tant l’infamie t’enrage
Des mots des idées prônant la liberté
La poésie c’est la bannière
Pour dire l’amour de la vie
De la plus belle manière
Les résistants les combattants
Luttant tous contre les asservissements
Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts
Les jonquilles refleurissent chaque année
Mais l’humanité cherche toujours l’établissement
De la vraie liberté.
De nouvelles menaces assombrissent le ciel de traine
La France ta France se délite et les poètes sont à la Peine
Tu la voyais dans sa culture ses valeurs ses lumières ses exemplarités
Digne de vouloir ardemment l’épouser sous l’égide de la liberté
© Raymond BOURMAULT
Illustration : portrait de Missak Manouchian (1906-1944), poète, journaliste, syndicaliste, résistant arménien, en tenue de soldat, en permission.
Raymond Bourmault
Amoureux des arts, Raymond Bourmault est artiste peintre et a obtenu le diplôme des Beaux Arts de Versailles. Après avoir travaillé dans l’informatique jusqu’à sa retraite, il se consacre désormais à sa passion artistique et s'adonne également à la poésie.
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Vocations
Quand le malheur
Teinté d’horreur
Aveugle et sourd
Comme toujours
Aux cris, aux pleurs
Pliera nos cœurs
Et répandra
Subitement
Douleur, Fracas
Poussière et sang
Sur des enfants,
Ou des plus grands,
Sur des vieillards
Aux yeux hagards,
Ils seront là,
Agiront là,
Au rendez-vous
Des destins fous,
Et essaieront
De tempérer
Les déraisons,
De réparer
Les mauvais coups,
Pour eux, pour nous…
Avec leurs soins
En bandoulière,
Leurs seules armes…
Avec leurs mains
Et leurs prières,
Parfois leurs larmes…
Leur colère ivre
En boutonnière
Et leur sourire
Parmi les ombres
Comme lumière
Pour nos jours sombres…
© Estelle FOURNIER
Estelle Fournier
Auteure-compositrice-interprète et poétesse, Estelle Fournier a été récemment primée par l'Académie des Jeux floraux pour une de ses chansons (Prix de la mention au recueil 2023 pour “Anna” - Catégorie chanson poétique). Ses textes sont également lauréats des concours « Paroles de Méditerranée » 2019, de Cabriès 2020, et de l’« EAU delà des frontières » 2023 ou bien publiés dans des ouvrages collectifs (anthologies et recueils aux éditions Flammes Vives et Cap sur le Rhône).
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Après l'apéro
© Christian SATGÉ
Illustration : Jim HARRISON, écrivain et poète américain (1937-2016) - Getty images
Christian Satgé (1965-aujourd'hui)
Auteur prolifique, fabuliste et conteur éclectique, Christian Satgé est professeur d'histoire-géographie dans le département des Hautes-Pyrénées. Il a publié plusieurs recueils et une quarantaine de ses textes figurent dans Le Monde de Poetika. Son dernier ouvrage est une pièce de théâtre "Belize".
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Les lauriers des garrigues
Le mistral harcelait des tympans à nos coiffes,
Et malgré son ardeur à nous défaire entier,
Les jours à cheminer taraudés par la soif,
Jusqu’au puits d’un aven au milieu du sentier,
Aucun de nous n’aurait voulu céder sa place.
Une musique suave à l’orgue de nos nez,
Venue des romarins, des thyms avec audace,
Voulait qu’on s’abandonne aux îles des genêts…
Les bruyères d’antan, la sauvage lavande
Chaviraient notre cœur de guerriers automates ;
La fragrance des fleurs mêlées aux aromates,
Avait la cruauté de la douceur exquise
Qui donne à un poète au sortir de la lande,
Cette tête laurée qui distingue et déguise.
© Etienne BUSQUETS
Etienne Busquets
Poète fénassol d'origine catalane (village de Lafenasse dans le Tarn), il est sociétaire des Amis de Jean Cocteau et membre des Poètes sans Frontières de Vital Heurtebize à Orange. Il a remporté plusieurs prix de poésie et collabore dans plusieurs revues et anthologies.
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Aux confins des possibles,
aux rivages des paisibles
Un jeune soldat d'allure trop sage
Affûte ses élans inégaux,
Perce de sa lame les paysages
Que forment les cercles au fond de l'eau.
Laminé de tous ces carnages
Galvanisé par le canon,
Le brûlant lys de son courage
Dévore ses songes couleur charbon.
De futures luttes sans voyages
Qui oublieront jusqu'à son nom.
Atlas lesté d'un lourd fardeau,
Décharge enfin ce vain ballast !
Tes armes puissantes, cruels assauts,
Courbent l'échine aux Champs de Mars
Et capitulent, de guerre lasse.
Mangrove émeraude, îlots de paix,
Palombe ivoire au doux corsage,
Votre candeur, ce camouflet,
Le laisse pantois, géant sans âge.
Vois la Terre Mère, Gaïa criblée
De flèches serrées, virils outrages !
Sur cette colombe au rêve volage
D'un baiser nacre, souffle de nuage,
Ton glaive d'airain tu as posé.
Larmes indigo, tes yeux iodés
Aux sémaphores des trombes d'eau,
Chérissent en vain les âmes volées
De tes amis, leurs rires si haut,
De tes amantes, amies de peau.
Leurs sèves de vie, rubis indignes,
Brillent à l'orée d'un champ de blé.
Trésors cachés, leurs oripeaux
Signent ce testament intime :
Le gemme de paix, précieux joyau
Scintille dans son écrin ultime.
Lueurs rosées, vos perles de nuit
D'une biche farouche bordent les cils.
Toute créature te remercie,
Ô nymphe de paix à l'aube fragile.
© Linda CARA-JACOBI
Linda Cara-Jacobi (1973-aujourd'hui)
Linda Cara-Jacobi est d'origine multi-culturelle, de parents et grands-parents hongrois, anglais, roumains et tchèques. Après des études de Lettres, passionnée d'art, elle quitte sa Suisse natale pour se rendre dans une école à Milan où elle se spécialise en stylisme. De retour à Genève, elle continue de créer pour des commandes privées, et revient désormais à ses premières amours de plume et d'encrier. Ses plages de joie sont les longues balades matinales en forêt, la salade de chèvre chaud et les crêpes à la confiture d'abricot, la musique électro, new wave ou rock, le cinéma indépendant, la photo, les courants artistiques et architecturaux Art Nouveau et Art Déco.
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Dans l'ombre de Lisa
La lumière bleue éclate dans la nuit
En hurlant. Crissements de pneus, chocs métalliques,
Les ambulances vont et viennent en répliques
En valsant tour à tour au grand bal de minuit.
C’est une nuit sans lune où semble-t ’il les larmes,
Les cris de désespoir, de rancœur, de douleur
Se déversent sans gêne en un flot de malheur
Mais le cœur se préserve en affûtant ses armes.
Oh les émotions ! discours du manuel :
Comment gérer et taire en sourdine la foule
Des sentiments obscurs que le cursus refoule ?
Et comprendre à vingt ans que le monde est cruel !
Ne pas trembler, chasser la défiance amère
D’effectuer le geste opportun qui retient
Le souffle du destin qui, subtil, se maintient
Et rester impassible au chagrin d’une mère !
Et mille pas plus tard à battre le couloir,
Répondre au téléphone, accueillir une entrée,
Clôturer un dossier ; c’est la grande récrée !
Sans oublier les soins. Faut vraiment en vouloir !
Notre corps sent la mort et l’odeur de poubelle
Et haut-le-coeur devant la déchéance humaine
Qu’il faut laver, soigner en délaissant l’haleine
Et sourire en pensant : Oh que la vie est belle !
Quand un soignant fléchit au cours du marathon
L’atmosphère devient tendue et électrique.
Effectif au complet, promesse chimérique !
Santé au rabais, c’est le retour du bâton.
Douze heures de combat pour sauver une vie,
Rassurer, réparer un corps ou un esprit
Et se faire engueuler ; le respect est proscrit !
Être un ange en enfer, le diable vous convie.
Les bravos des balcons ont passé dans le temps ;
A trop jeter de fleurs, par suite, elles pourrissent
Et l’on tranche parfois les mains qui nous nourrissent !
Le héros d’aujourd’hui survit aux contretemps !
© Catherine DESTREPAN
En hommage à sa petite-fille Lisa, infirmière aux urgences
Catherine Destrepan (1956-aujourd'hui)
Comptable, Catherine Destrepan a jonglé toute sa vie active avec les chiffres avant de s'intéresser de plus près à la poésie, qui occupe aujourd'hui une grande place dans ses activités culturelles. Elle prête également sa voix de contre-alto au sein de plusieurs ensembles vocaux. Elle a remporté le Premier Prix de Poésie Classique au concours AMAVICA 2023, dont le thème était : « La vigne et le vin, vigneron et vigneronne », avec le texte Rêve carmin.
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Le dernier clown d'Alep
Il avait dans ses poches, des rires et des mimes !
Pour, aux enfants d’Alep, faire oublier la peur,
Il enjambait les ruines, bravant bombes et mines,
Offrant ses clowneries, des bonbons, du bonheur !
Un chapeau en pilou, une perruque orange,
Il semait de l’espoir en parcourant les rues...
Un œil vert, l’autre jaune avec un gros nez rouge,
Il emplissait de joie les caves exiguës…
Dans ses mains, des jouets, dans son cœur, de l’amour !
Mais sous la pluie d’obus, le pantin s’est éteint :
Une étoile sur terre est morte pour toujours.
Depuis en pleurs, sa femme et tous les orphelins,
Dans les gravats, attendent, chaque nuit, chaque jour,
Leur grand ami, le clown, disparu un matin…
© Marie MINOZA
Anas al-Bacha était assistant social et directeur du centre Space for Hope, il donnait des spectacles de clown aux enfants d'Alep, notamment dans des écoles. Il meurt à 24 ans le 29 novembre 2016, tué par une frappe aérienne dans le quartier de Mashhad.
Marie Minoza
Cette enseignante en école primaire a exercé dans les Deux-Sèvres puis dans la Vienne à Châtellerault. Tout au long de sa carrière, elle a aimé partager l’amour de la peinture, de la poésie et de la création avec ses élèves. Aujourd'hui à la retraite, elle partage ses écrits et ses créations d'images sur son blog. Tous les deux ans, elle contribue avec des amis poètes à la création d’un livre de contes et de poésies destiné aux enfants gravement malades… Elle participe également avec ses anciens collègues à un spectacle chorale, comédie musicale (création d'images et de montages power-point pour animer chants et mimes).
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À l'ombre des héros
À l’ombre des héros
Je vivais l’aventure
Regards dans le rétro
Blotti dans la voiture
À l’ombre des héros
Dansaient des héroïnes
Grillant cigarillos
En robe à crinoline
À l’ombre des héros
Grouillaient des créatures
Jets intersidéraux
Lasers à la ceinture
À l’ombre des héros
Tous les mioches du Monde
Se masquaient de Zorro
Ou de Thierry la fronde
À l’ombre des héros le gamin ordinaire
En devenait Gavroche pirate ou légionnaire
Et puis les yeux brillants et le sourire aux lèvres
S’endormait doucement en tutoyant ses rêves
À l’ombre des héros
L’armée des bénévoles
Remplit dans les restos
Du cœur les casseroles
À l’ombre des barreaux
Se lèvent des héroïnes
Qui défient le bourreau
Au chant des muezzins
À l’ombre des héros
S’arme tout un pays
Aux feux des braseros
Parce qu’il est envahi
À l’ombre des héros
Face aux fausses croyances
De la classe au tableau
On tombe pour la France
À l’ombre des héros le quidam ordinaire
Même double zéro freluquet poitrinaire
Toujours se dressera une chanson aux lèvres
Campé sur ses deux pieds face au vent qui se lève
© Philippe SALORT
Illustration : © Les Misérables par Georgiobaroni sur DeviantArt
Philippe Salort
Moi j'aime cet auteur qui débute à 60 ans !! Qui se sent plus artisan qu'artiste, plus potache que poète... Qui se dit davantage les doigts pleins d'encre que la tête dans les étoiles !
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1917
À ceux qu'on a voulu oublier
Refusant la mitraille,
Pour vivre encore un peu,
Malgré les représailles,
Vous n’alliez plus au feu.
Montrés comme des traîtres
Par tous les généraux,
Vous étiez des humains
Aspirant au repos,
Sans peur du lendemain,
Car quand c’est trop, c’est trop !
Voilà cent ans déjà,
Fusillés pour l’oubli
Par vos frères soldats,
Vous perdiez votre vie.
Mais vous êtes en moi,
Au creux de ma mémoire,
Déserteurs de l’effroi,
Oubliés de l’Histoire.
© Pierre PAYSAC
Illustration : © Léon Henri Ruffé. « La grogne 1914-1918 »
Lors de la Première guerre mondiale, au printemps 1917, après l'échec humiliant de la bataille du Chemin des Dames, les soldats français sont au bord de l'épuisement. Le général Nivelle élabore une nouvelle offensive qui doit mettre fin à ce conflit interminable. Mais sa mauvaise préparation provoque un véritable désastre militaire. Résultat : les soldats de l'armée française se mutinent. Les conditions de vie effroyables auxquelles devaient faire face les soldats français — le froid, la boue et le déluge d'obus n'étant que quelques facteurs parmi tant d'autres — eurent également un impact sur l'état d'esprit des troupes. Cette accumulation provoqua une montée de la colère parmi une partie des hommes au front qui décidèrent de se révolter contre les ordres reçus de l'état-major.
Pierre Paysac (1948-aujourd'hui)
Fréquentant un atelier d'écriture depuis plus de dix ans, Pierre Paysac a publié son premier recueil, Errance, en 2021, aux éditions Persée. Son deuxième recueil est en cours d'édition. Il a par ailleurs participé au concours Poetika 2023 et l'un de ses textes a été remarqué par les membres du jury.
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À la veuve coquelicot
(Cuvée 1915)
J'ai trop bu de champagne,
A mes vingt ans tout rond
J'y ai laissé ma canne
Et ma pipe au canon,
Ma barrique de cagne
Sabrée par le Teuton
Devant une montagne
D'inconsidération.
Le garance à ma veuve,
Mon canif au bouchon...
Gentils coquelicots
Crevant leurs bulles dans ce bagne,
Gentils coquelicots
En rang d'oignons dans la campagne
Verte des illusions,
Floraison sacrilège
Où je suis de l'arpège
Dans un Monet de cons.
Le garance à ma veuve,
Mon canif au bouchon...
© Etienne BUSQUETS
Etienne Busquets
Poète fénassol d'origine catalane (village de Lafenasse dans le Tarn), il est sociétaire des Amis de Jean Cocteau et membre des Poètes sans Frontières de Vital Heurtebize à Orange. Il a remporté plusieurs prix de poésie et collabore dans plusieurs revues et anthologies.
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Résurrection
© Julien MIAVRIL
Julien Miavril (1988-aujourd'hui)
Chargé d'accompagner des élèves en situation de handicap, Julien Miavril est poète, philosophe et a été professeur de Lettres. Il a publié plusieurs ouvrages à compte d'éditeur : recueils de poésie et romans. Il a également participé à des anthologies nationales et internationales.
Du même auteur :
Tu règnes dans l'absence
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Ils jouent à l'ombre des héros
Ô sanglante Omaha, partout le sable est rouge !
Tous ensemble, ils sont là, étendus et sanglants,
Arme au poing, regard fixe, aucun soldat ne bouge.
Au-dessus d'eux tournoie un vol de goélands.
Sous la pâle lueur d'un firmament sans lune,
Ils dorment sans percevoir les effluves marins.
Avec leurs corps meurtris, tel le fer sur l'enclume,
Ils ne goûteront plus au charme d'un matin.
Ils ont offert leur sang pour libérer la France.
Encore hier, c'était d'insouciants garçons.
Ils chantaient et sifflaient avec tant d'innocence,
Comme des merles dans l'épaisseur des buissons.
Je marche sur la plage en priant pour leurs âmes.
Ils étaient New-yorkais ou de l'Alabama.
Ils rêvaient d'amour dans les bras de belles femmes.
Ils sont morts en foulant la grève d'Omaha.
Maintenant au soleil d'une trêve estivale,
Des enfants pleins d'entrain sautillent dans les flots,
Profitent de l'été avec la mer étale
Protégés en secret par l'ombre des héros.
© Philippe PAUTHONIER
Omaha Beach (6 juin 1944) : l'une des cinq plages du débarquement de Normandie. Affectée aux troupes américaines, elle est celle où les Alliés perdirent le plus de troupes, ce qui lui a valu le surnom de « bloody Omaha » (« Omaha la sanglante »). Illustration : plage de Omaha Beach.
Philippe Pauthonier
Après une carrière d'ingénieur, Philippe Pauthonier partage aujourd'hui sa vie entre la France et la Pologne, pays de son épouse. Cet élan entre deux pays, deux cultures et ses longs séjours dans la sérénité de la campagne polonaise, loin du monde et de son agitation, sont propices à sa créativité littéraire. Depuis sa retraite, il s'investit dans plusieurs associations oeuvrant au profit des Aveugles et Malvoyants. Mordu d'astronomie, il apprécie la communauté scientifique qui sait élargir le débat avec une réflexion globale, liant la science à une approche métaphysique et théologique. Philippe Pauthonier a publié dix recueils et reçu plus de 130 distinctions dans des concours de poésie.
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→ Dans les broussailles de mes émotions
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Jean Moulin
L’homme a choisi la lutte et ses pièges intenses,
Loin du cortège noir de la compromission,
Certain de son combat, certain de sa mission,
Acceptant les défis et leurs lots de souffrances.
Sous le règne du Mal et des intolérances,
Le résistant conduit, dans sa circonscription,
Le dur combat de l’ombre et de la discrétion,
Connaissant cependant les sombres manigances.
Mais les traitres sont là, pétris de leurs rancœurs,
Prêts à vendre chacun, aidant tous les traqueurs,
La vile trahison ou la basse manœuvre
Et l’on découvre alors un pays orphelin ;
Sous un ciel abattu, la mort a fait son œuvre
En faisant un martyr du préfet Jean Moulin.
© Michel MIAILLE
Jean MOULIN (1899-1943) : haut fonctionnaire et résistant français, mort dans un convoi à destination de l'Allemagne, à la suite des tortures subies préalablement.
Michel Miaille (1951-aujourd'hui)
Poète, auteur de sketches et de pièces de théâtre, Michel Miaille est retraité du Ministère de l'environnement et membre de la SACEM. Il a obtenu plusieurs prix de poésie, notamment avec avec des poèmes en langue provençale, et participe à des anthologies. Il a publié plusieurs recueils.
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Le rouge des tranchées
Rouge feu
Rouge sang
Rouges
bombardements
Rouge d’un
seul instant
sans passé
sans présent
Rouge d’un
seul roman
effrayant
foudroyant
Rouge feu
Rouge sang
Rouge au cœur
baïonnette...
... Nous avons aujourd’hui
ta croix sur un croquis,
une montre à gousset,
un portrait encadré,
deux, trois photos cornées
au fond d’un vieux coffret.
© Nathalie LAURO
A grand-père Adrien, mon bisaïeul
© Illustration : Adrien-Joseph CHAGNARD (09-02-1878 / 16-04-1915), 284e Régiment d'infanterie
Nathalie Lauro
Ecrivaine, poétesse et artiste numérique, Nathalie Lauro travaille à partir de ses photos shootings. Elle aime photographier les villes comme Berlin, Londres, Paris, Hambourg et Amsterdam mais sa spécialisation reste le sud, la Méditerranée, le soleil, les couleurs, les lumières et la Dolce Vita. Elle est par ailleurs présidente de l'association Luna Rossa.
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→ Site de l'association Luna Rossa
→ Son site : http://www.nathalielauro.com/
Opposer des mots fertiles
Opposer des mots fertiles
aux pensées arides
Chérir des gestes ronds
pour panser les blessures
Aviver la lumière
dans les recoins obscurs
Bâtir de solides maisons
en défiance aux palais
Et toujours s’émouvoir
d’une aile dans le ciel
C’est être un héros
dans ce monde à la dérive
© Jean-Charles PAILLET
Jean-Charles Paillet
Jean-Charles Paillet est animé par l’instant présent et les belles valeurs qui élèvent le coeur et l’âme... Sa poésie se retrouve dans ses dessins, ses photographies et ses chansons. Sa rencontre avec Yves Broussard est un tournant dans sa vie de poète.
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Résistance
Ils avaient à peine dix huit ans
Ils étaient ouvriers, étudiants
Ils n'aimaient pas les nazis
Et fuyaient la barbarie, la tyrannie
Alors ils l'ont dit à leur manière.
Dans leur beau pays, pas de place
Pour ces intrépides Français
Qui, dans les rues, passent
En chantant et parlant en anglais
Suivis par des yeux en colère.
On leur a tout pris : leur jeunesse
Leur folle audace, leur insouciance
Ces gosses croyaient en leur chance
Les uns allaient à la confesse
Les autres aux réunions interdites.
Ils riaient comme on rit à leur âge
Au nez de ceux qui nous ont envahis
Et à la barbe de ceux qui n'ont pas compris.
Vraiment ces gamins n'étaient pas sages.
Ils ont été arrêtés en zones maudites.
Dans les camps, ils ont été envoyés.
Ils avaient tout juste dix huit ans.
Certains sont revenus, vieillis
D'autres, enfin, se sont envolés
Dans les étoiles loin du monde en folie.
Loin des imbéciles et des malfaisants.
Ils riaient comme on rit à leur âge
Mains tendues face à l'occupant
Avec au cœur la volonté sauvage
De vivre en criant : résistance, résistance
© Renée VIRLOGEUX BORON
Renée Virlogeux Boron (1939-aujourd'hui)
Renée Virlogeux Boron s'adonne à la poésie pour son plaisir et écrit aussi des nouvelles. Elle travaille la terre aux Ateliers d'Art de Château-Thierry.
Elle aime également peindre et a pris quelques cours de calligraphie. Elle a ouvert une petite bibliothèque dans sa commune qui compte 83 habitants. C'est avant tout le plaisir de se rencontrer, d'échanger et... de jouer aux cartes.
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Colonel Beltrame
Étreinte par la panique qui me tétanisait,
Le bras du terroriste, tout autour de mon cou,
M'étranglait... À lui servir de bouclier, brisée
Par l'épreuve, j'imaginais ma fin. À bout !
Quand, soudain, sur le seuil de la porte
De la réserve où le tueur et moi étions retranchés,
Je l'ai vu apparaître, dans la lumière, bras levés, sans escorte
Et sans arme, d'un sang-froid vaillamment affiché...
C'était un homme svelte, au visage étroit,
Front haut et nez pincé. De son regard lumineux
Émanait, conjurant dans l'instant mon effroi,
Une force d'âme, au souffle vertigineux...
Il avançait vers nous, d'un pas très régulier,
Ne cessant de parler sans chercher à frimer,
Là pour prendre ma place, en gendarme lié
Par un serment qui, d’évidence, l'animait !
Circonvenu par ses mots — mais aussi par ses yeux
Dont l'éclat, loin de laisser impassible, nous avait gagnés —
Le Fou-de-Dieu m'a libérée. Et, à nous croiser au moment des adieux,
Je l'ai vu, l'air étrange, me sourire avant de vite m'éloigner.
Ainsi, sans nullement me connaître, sacrifiait-il son existence
En échange de la mienne, porté par une foi inscrite dans son destin,
Nourri par des valeurs qui l'ancraient à ses tâches, avec quelle constance !
Voilà ce que je perçus dans la noblesse de ses traits ! D'instinct !
Lucide et décidé, au rendez-vous avec la Mort,
Au service des autres, en soldat fier et courageux,
Moins que manquer à ses devoirs, il refusait, en Fort,
De manquer à lui-même, à sa conscience le seul grand enjeu.
Choquée mais sauvée, prise en charge aussitôt,
Après des coups de feu entendus, deux heures écoulées,
J'ai vu cet homme intrépide, sur une civière, presto
Être évacué. À sa gorge, tant de sang s'écoulait...
Repose en paix, Colonel Beltrame !
Redevable, je te veille
Désormais, toi qui considéras ma personne plus chère
Que la tienne. Par tes actes et non de futiles conseils,
Tu m'as élevé l'esprit, en me léguant maint repère.
À jamais !
© Philippe PARROT
Illustration : Arnaud BELTRAME
Philippe Parrot (1950-aujourd'hui)
Philippe Parrot est né à Château-Thierry en 1950. Après avoir séjourné en Australie et obtenu une licence de philosophie à Paris, il enseigne cette discipline en Afrique. De retour en France, il dirige une maison de retraite puis un organisme de formation. Aujourd'hui, il vit en Bretagne où il consacre son temps à l'écriture. Ainsi a-t-il rédigé, au cours de ces dix dernières années des poèmes, des haïkus, des citations, un roman et neuf nouvelles.
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Son site : → http://philippe-parrot-auteur.com/
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Aux héros inconnus
Combien nous faudra-t-il
de cœurs de cible fracturés
de cœurs gravés sur des stèles de granit
de cœurs de mères torturées
de cœurs de vierges suppliciées
de cœurs percés à coup de baïonnettes
Jusqu’au tréfonds de l’âme ?
Combien vous faudra-t-il
De cœurs vrillés de fer et de mitraille
de cœurs froissés comme du papier mâché
de cœurs jetés au bord d’une tranchée sans nom
de cœurs qui tremblent
de cœurs qui chialent
qui vomissent
qui maudissent
qui prient
au concert indéfini des balles meurtrières
pile dans le mille ?
© Claude DUSSERT
Claude Dussert (1947-aujourd'hui)
Poète, nouvelliste et pamphlétaire à ses heures, Claude Dussert est diplômé du Conservatoire d’Arts Dramatiques de Grenoble. Cadre commercial, il a créé sa société de communication « CBCD » en 1993 à Lyon. Il vit actuellement en Bourgogne, dans la région de Cluny. Éclectique dans ses lectures, sa passion pour la poésie l’a amené à être membre de nombreuses associations.
Il participe activement à plusieurs anthologies de poésie et ouvrages collectifs ainsi qu’à des concours. Il a édité à compte d’auteur cinq recueils de poésie et un recueil de nouvelles. Il a également remporté de nombreux prix de poésie (dont le Prix Spécial du Jury au concours Poetika 2023).
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Une ombre a sonné
En tissant une toile
Bleue
Mouvante et sépulcrale
Une ombre a sonné auprès d’un phare
Gris de lumière silencieuse
Un armistice
Puis un autre
Surpris
Creusent les sillons de la nuit
Emportant l’écume des œuvres fragiles
Au cercle du temps et du regard
Ils sont héros du ciel
Espoir du creux des mains de la terre
As de paix pour la paix
A la lisière des marbres
Qui s’en souviendra
© Hayat AIT-BOUJOUNOUI
Hayat Ait-Boujounoui (1972-aujourd'hui)
Originaire de Besançon, Hayat Ait-Boujounoui est formatrice dans un centre de formation pour jeunes et adultes (CFA) après avoir enseigné le français et l'Histoire-géographie dans des CFA de différentes régions, dont la Bretagne qu'elle affectionne particulièrement. Elle a écrit deux recueils de poésie : Dans la chair (2011) et Palpitations (2018) publiés chez L'Harmattan.
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→ Son blog
L'ami du sable mon héros
© Mokhtar EL AMRAOUI
Mokhtar El Amraoui (1955-aujourd'hui)
Poète d’expression française né à Mateur, en Tunisie, Mokhtar El Amraoui a enseigné la littérature et la civilisation françaises pendant plus de trois décennies, dans diverses villes de la Tunisie. Il est passionné de poésie depuis son enfance. Il a publié quatre recueils de poésie et plusieurs de ses poèmes ont été publiés sur Internet et en revues-papier.
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→ Blog de l'auteur : https://mokhtarivesenpoemesetautresvoyages.blogspot.com/
Mon fils adoré
Tu es mon héros,
Ma chair et mon sang :
Tu réussis tout
Et la vie te sourit.
Tu as grandi loin de moi
Au diapason nous restons
Tu joues du piano et fais de la natation
Comme ta mère.
Futur ingénieur
Tu parcours la planète
Le monde ne t’effraie pas
Et t’ouvre les bras.
© Sylvie CROCHARD
Sylvie Crochard (1976-aujourd'hui)
Ouvrière en milieu protégé, Sylvie Crochard a publié plusieurs recueils. Passionnée de piano, elle s’inspire également de la musique dans ses poèmes.
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Sa page Facebook : → https://www.facebook.com/poetecrochard
Trèbes, 23 mars 2018
C'est par un matin ordinaire
Qu'un islamiste solitaire,
Vociférant le nom d'Allah,
Jaillit du néant, surgit là,
Tire au hasard, fou, diabolique,
Et tue à bout portant, cynique,
D'un geste qui ne tremble pas,
D'un rire qui ne faiblit pas.
Il reste une femme captive
A libérer, quoi qu'il arrive !
Un gendarme s'est avancé :
Il se dit prêt, sans hésiter,
A remplacer cette inconnue.
L'heure est grave, figée, tendue,
Quand il franchit résolument
Le seuil glaçant du bâtiment.
C'est le huis-clos, le face-à-face,
Où le fanatique, tenace,
Revendique et devient pressant,
Nerveux, agressif, menaçant ...
Ses mots sont un flot détestable,
Son silence est irrespirable ...
- Des coups de feu ont retenti,
L'assaut est donné ... C'est fini.
Sur une civière on emmène
Le gendarme qui vit à peine ...
A l'hôpital, toute la nuit,
Le souffle lui manque et le fuit ...
La mort déjà est en maraude,
Son ombre insaisissable rôde ...
C'est à l'approche du matin
Que celui qui luttait s'éteint ...
Il s'est offert en sacrifice
Pour que jamais ne s'établisse
Le califat de la terreur ;
Il est tombé au champ d'honneur.
© OMBREFEUILLE
A la mémoire du colonel Arnaud Beltrame, assassiné en service à Trèbes près de Carcassonne. Il s'est volontairement substitué à un otage au cours de l’attaque terroriste du 23 mars 2018 à Trèbes et a succombé aux blessures reçues durant cet événement. Son sacrifice a eu un grand retentissement en France et à l'étranger, et lui a valu un hommage national,
Ombrefeuille (1976-aujourd'hui)
Amoureuse de la langue française dans tous ses états, de Ronsard, Baudelaire, Hugo ou Verlaine, du slam et du rap. Elle aime le mouvement dans le trait, l'ombre dans la lumière, le tumulte caché dans le silence.
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X... Français
Un nom comme le sang banal d'une coupure
Un nom trop simple pour qu'on s'en soit souvenu
Un nom dit sans penser comme un verre d'eau pure
Un nom tout fait qu'on peut donner aux inconnus
Un nom comme le cœur qui bat l'heure qui sonne
La mémoire du temps qu'un ricochet rida
Un nom qui ne ferait se retourner personne
Un nom comme au poignet le portent les soldats
Un nom comme on en lit dans le vent des enseignes
Sur les actes civils la pierre des tombeaux
Un nom qui fait échoppe et dont le prénom saigne
Comme le nom meurtri d'un enfant en sabots
Car il fut un enfant comme nous tous hier
Celui qui regarda dans l'aube ses bourreaux
Et les femmes aussi ce nom balbutièrent
Sans savoir que ce serait celui d'un héros
Ce nom banal ce nom comme une terre en friche
Est aujourd'hui sacré pour les gens de chez nous
Sur l'asphalte on a mis des fleurs sous les affiches
Et les dames en noir y priaient à genoux
Un beau nom sans couleur comme on en fait en France
Pour traverser la foule et mourir sans ennui
Un nom silencieux comme l'indifférence
Un nom comme les feux d'un village la nuit
© Louis ARAGON
En décembre 1940, un homme est mêlé involontairement à une bousculade au cours de laquelle un soldat allemand est frappé. Arrêté, refusant de dénoncer ses camarades, il est le premier fusillé à Paris pendant l'Occupation allemande. Aragon évoque cette homme sans savoir de qui il s'agit précisément, et les personnes qui lui ont rendu hommage.
Louis Aragon (1897-1982)
Poète et romancier français, il participe au mouvement dadaïste et surréaliste aux côtés d'André Breton. En 1928, sa rencontre avec Elsa Triolet, l'amour de sa vie, lui inspirera de nombreux poèmes. Bon nombre de ses textes ont été mis en musique par Léo Ferré ou Jean Ferrat.
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→ Sa biographie sur Wikipédia
→ Maison Elsa Triolet - Aragon
Hercule
Oeta, mont ennobli par cette nuit ardente,
Quand l’infidèle époux d’une épouse imprudente
Reçut de son amour un présent trop jaloux,
Victime du centaure immolé par ses coups.
Il brise tes forêts : ta cime épaisse et sombre
En un bûcher immense amoncelle sans nombre
Les sapins résineux que son bras a ployés.
Il y porte la flamme ; il monte, sous ses pieds
Étend du vieux lion la dépouille héroïque,
Et l’oeil au ciel, la main sur la massue antique
Attend sa récompense et l’heure d’être un dieu.
Le vent souffle et mugit. Le bûcher tout en feu
Brille autour du héros, et la flamme rapide
Porte aux palais divins l’âme du grand Alcide !
© André CHÉNIER
Héros et demi-dieu de la mythologie romaine (qui correspond à Héraclès dans la mythologie grecque), fils de Zeus et d’Alcmène. Alors qu'il est marié à Déjanire, il tombe amoureux de la princesse Iole. Le centaure Nessos qui avait été vaincu par Hercule, donne à Déjanire de son sang en lui faisant croire que c'est un élixir d'amour. Alors elle en met sur la tunique de Hercule en espérant qu'il redevienne amoureux d'elle. Quand Hercule la met, il sent une grande douleur et se jette au feu. Déjanire se suicide de désespoir.
André Chénier (1762-1794)
Poète et journaliste, la poésie d'André Chénier comprend des réécritures de poèmes antiques, des élégies personnelles, des poèmes philosophiques et des poèmes politiques marqués par le contexte révolutionnaire. L'œuvre inachevée de ce jeune poète du xviiie siècle, publiée progressivement à partir de 1819, a fait de lui une figure majeure de l'hellénisme en France et un inspirateur du romantisme. Durant la période révolutionnaire, il entre dans les polémiques politiques. Héritier des Lumières, il est membre du parti constitutionnel, admire la Révolution de 1789 mais prend violemment position contre le jacobinisme mené par Robespierre, tout en méprisant les royalistes.
Condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire, il est guillotiné à l'âge de 31 ans.
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Le masque de Zorro
Pour s’attaquer au mal pour que chacun s’exprime
Pour consoler les maux de ceux qui n’ont pas d’armes
Il écrit des poèmes il ne verse pas de larmes
Il s’applique à des vers il travaille à des rimes
Pour vaincre l’ignorance combattre l’injustice
Pour rendre à cette terre son parfum de délice
Et ne blesser personne il s’adonne à l’escrime
Il pratique son art pour que cessent les crimes
Pour secourir les humbles où le malheur les plonge
Sous la loi du plus fort sous le poids des mensonges
Il surgit de la nuit toute peuplée de songes
Il surgit de la nuit tel un loup des ténèbres
Une cape large et sombre tel un voile funèbre
Flotte sur ses épaules et son masque est célèbre
© Alain HANNECART
Alain Hannecart (1955-aujourd'hui)
Poète et écrivain français, Alain Hannecart est également professeur universitaire et chercheur en sciences de l’éducation. Figure importante de la poésie contemporaine française, son travail poétique est récompensé par plusieurs prix prestigieux. Il est l’auteur de plusieurs recueils ainsi que de deux romans et a publié des essais sur l’éducation.
Un héros ne meurt pas
Un homme tombe,
Une femme tombe,
Mais un Héros ne tombera jamais.
Un homme peut trouver sa paix,
Et une femme aussi,
Mais un Héros est un récit,
Une institution qui durera très longtemps.
Les idées, le bon sens,
L’intuition, la logique,
Les paroles, les principes, la politique
Et les théorèmes se multiplient,
Dans les coulisses et dans les valises.
Tout se modernise.
L’essence, voire la vie
D’un Héros, est éternelle.
L’esprit mystique,
Qui encense la chapelle,
Est plus important que les matériels.
L’homme a un fiel,
Qu’on doit respecter.
L’homme est matériel,
La femme essentielle,
Et la beauté superficielle,
Mais le Héros est ETERNEL.
On doit l’honorer.
Un Héros n’a pas peur de rien,
Un Héros s’en fiche des biens,
Un Héros tient la tète altière,
Un Héros est toujours fier.
Le bolivarien Chavez était un Héros,
Qui ignorait la couleur de la peau.
Il adorait Dieu et sa Patrie,
Il aidait les pauvres et les plus démunis
De plusieurs pays,
Il aimait notre pauvre Haïti,
Il était brave en face de la vie,
Et même en face de son sort.
Un Héros vit même après sa mort.
Un Héros ne meurt pas,
Un Héros n’a pas peur du trépas
© Hébert LOGERIE
Hébert Logerie (1960-aujourd'hui)
Né en Haïti, Hébert Logerie a immigré aux États-Unis à l’âge de quinze ans. Il est ancien élève Des Frères de l’École Saint Joseph, Anse d’Hainault (Haïti), Des Cours Privés de Roger Anglade, Port-au-Prince, Haïti, de Montclair High School, Montclair, New Jersey, de l’université de Rutgers à New Jersey, où il a reçu deux diplômes : l’un en comptabilité et l’autre en littérature française.
Il aime la poésie et a été Iinfluencé par son père qui aimait réciter les poèmes d’hier et d’aujourd’hui, et chanter les plus belles chansons françaises de son époque.
Hébert Logerie a publié quatre recueils de poèmes : Étincelles de l’Amour, Sparkles of Love, Mounts and Valleys of love, et Monts et Vallées de l’Amour.
Il écrit en plusieurs langues pour la paix, l’humanité, l’amour, l’union, la justice, la transparence, les plus démunis, la fraternité et la liberté.
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Panthéon
Le temple idéal où vont mes prières
Renferme tous les dieux que le monde a connus.
Évoqués à la fois de tous les sanctuaires,
Anciens et nouveaux, tous ils sont venus ;
Les dieux qu'enfanta la nuit primitive
Avant le premier jour de la création,
Ceux qu'adore, en ses jours de vieillesse tardive,
La terre, attendant sa rédemption ;
Ceux qui, s'entourant d'ombre et de silence,
Contemplent, à travers l'éternité sans fin,
Le monde, qui toujours finit et recommence
Dans l'illusion du rêve divin ;
Et les dieux de l'ordre et de l'harmonie,
Qui, dans les profondeurs du multiple univers,
Font ruisseler les flots bouillonnants de la vie,
Et des sphères d'or règlent les concerts ;
Et les dieux guerriers, les vertus vivantes
Qui marchent dans leur force et leur mâle beauté,
Guidant les peuples fiers et les races puissantes
Vers les saints combats de la liberté ;
Tous sont là : pour eux l'encens fume encore,
La voix des hymnes monte ainsi qu'aux jours de foi ;
À l'entour de l'autel, un peuple immense adore
Le dernier mystère et la grande loi.
Car c'est là qu'un dieu s'offre en sacrifice :
Il faut le bec sanglant du vautour éternel
Ou l'infâme gibet de l'éternel supplice,
Pour faire monter l'âme humaine au ciel.
Tous les grands héros, les saints en prière,
Veulent avoir leur part des divines douleurs ;
Le bûcher sur l'Oeta, la croix sur le Calvaire,
Et le ciel, au prix du sang et des pleurs.
Mais au fond du temple est une chapelle
Discrète et recueillie, où, des cieux entr'ouverts,
La colombe divine ombrage de son aile
Un lis pur, éclos sous les palmiers verts.
Fleur du paradis, vierge immaculée,
Puisque ton chaste sein conçut le dernier dieu,
Règne auprès de ton fils, rayonnante, étoilée,
Les pieds sur la lune, au fond du ciel bleu.
© Louis MÉNARD
Louis Ménard (1822-1901)
Chimiste et homme de lettres, Louis Ménard abondonne ses études littéraires pour se lancer dans la chimie. Il fréquente Baudelaire puis découvre le collodion. Lors de la révolution de 1848, il s'exile à Londres puis Bruxelles et rencontre Karl Marx. Cette période le ramène à la poésie et lorsqu'il revient à Paris, il publie son premier recueil. Il se consacre à des études extrêmement poussées et sérieuses des sociétés et des religions antiques et publie plusieurs ouvrages.
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Place Gabriel Péri
I.
Je suis Gabriel Péri
Nous filons loin de Paris
Mon cœur de Français a froid
La mort c’est toujours tout droit
Ils portent un uniforme
Leur tête n’a pas de forme
Ils ne laissent pas de trace
Le vent est comme la glace
Dans la rigueur de l’hiver
Il y a parfois du vert
Nous roulons vers la banlieue
Dans un trou à mille lieues
Tout Paris est presque vide
Aucun pli aucune ride
Dans les hauteurs de Suresnes
Le ciel est lent comme un thrène
Sous le soleil de midi
C’était peut-être un lundi
Dans les yeux noirs des nazis
On ne voit que des fusils
La police a l’air française
On siffle la Marseillaise
Partout c’est la Gestapo
Ils vont me faire la peau
Nous marchions main dans la main
Mes amis étaient communs
Le peuple n’y croit plus guère
La France a perdu la guerre
II.
Je suis Gabriel Péri
Ils vont à l’ouest de Paris
C’était un après-midi
J’étais comme au paradis
L’amour est une espérance
J’ai tout donné à la France
Les bourreaux riaient à table
Leurs dents sont épouvantables
Entre les barreaux de fer
Je n’ai pas vécu l’enfer
Il n’y a plus de nuages
Ce sera un long voyage
Des étoiles sans raison
Ont déserté l’horizon
Le soleil a trop brillé
On va être fusillé
Il faut un jour dire adieu
Mon visage était radieux
Devant le Mont-Valérien
J’ai versé mon sang pour rien
La France bat dans mon cœur
Comme la joie d’un vainqueur
Ils ont prié pour mon âme
Je suis rentré voir ma femme
Les balles sont généreuses
Ma fin a été heureuse
Que je sois mort ou vivant
Les drapeaux flottent au vent
15 décembre 1941
© Nicolas GRENIER
Nicolas Grenier (1975-aujourd'hui)
Ecrivain et poète français, Nicolas Grenier est l'un des maîtres du tanka et du haïku en France et pratique le haïku, en réinventant le haïku urbain. Dans le tanka et le haïku, il renouvelle le fond et la forme. Il collabore avec des artistes du monde entier. Ses poèmes en langue anglaise et française sont adaptés en musique électronique et classique par des compositeurs internationaux. Il rend hommage à des personnalités comme Bill Gates, John Fitzgerald Kennedy, Ludwig Wittgenstein et à des lieux, Marrakech, etc.
Autres textes :
Tankas (2)
Cité de la Muette
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Gabriel Péri (1902-1941) est un journaliste et homme politique français, arrêté comme résistant par la police française et fusillé comme otage par les Allemands à la forteresse du Mont-Valérien le 15 décembre 1941.
Après la bataille
Mon père, ce héros au sourire si doux,
Suivi d’un seul housard qu’il aimait entre tous
Pour sa grande bravoure et pour sa haute taille,
Parcourait à cheval, le soir d’une bataille,
Le champ couvert de morts sur qui tombait la nuit.
Il lui sembla dans l’ombre entendre un faible bruit.
C’était un Espagnol de l’armée en déroute
Qui se traînait sanglant sur le bord de la route,
Râlant, brisé, livide, et mort plus qu’à moitié.
Et qui disait: » A boire ! à boire par pitié ! »
Mon père, ému, tendit à son housard fidèle
Une gourde de rhum qui pendait à sa selle,
Et dit: « Tiens, donne à boire à ce pauvre blessé. »
Tout à coup, au moment où le housard baissé
Se penchait vers lui, l’homme, une espèce de maure,
Saisit un pistolet qu’il étreignait encore,
Et vise au front mon père en criant: « Caramba ! »
Le coup passa si près que le chapeau tomba
Et que le cheval fit un écart en arrière.
« Donne-lui tout de même à boire », dit mon père.
© Victor HUGO
Victor Hugo (1802-1895)
Poète, dramaturge, prosateur et dessinateur romantique français, Victor Hugo est considéré comme l'un des plus grands écrivains de langue française. Il est aussi une personnalité politique et un intellectuel engagé. Homme de théâtre, il est l'un des chefs de fil du romantisme français. Il a fortement contribué au renouveau de la poésie et du théâtre.
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Un arc de triomphe
Tout ce qu’ont dit les hirondelles
Sur ce colossal bâtiment,
C’est que c’était à cause d’elles
Qu’on élevait un monument.
Leur nid s’y pose si tranquille,
Si près des grands chemins du jour,
Qu’elles ont pris ce champ d’asile
Pour causer d’affaire, ou d’amour.
En hâte, à la géante porte,
Parmi tous ces morts triomphants,
Sans façon l’hirondelle apporte
Un grain de chanvre à ses enfants.
Dans le casque de la Victoire
L’une, heureuse, a couvé ses oeufs,
Qui, tout ignorants de l’histoire,
Eclosent fiers comme chez eux.
Voulez-vous lire au fond des gloires,
Dont le marbre est tout recouvert ?
Mille doux cris à têtes noires
Sortent du grand livre entr’ouvert.
La plus mince qui rentre en France
Dit aux oiseaux de l’étranger
« Venez voir notre nid immense.
Nous avons de quoi vous loger. »
Car dans leurs plaines de nuages
Les canons ne s’entendent pas
Plus que si les hommes bien sages
Riaient et s’entr’aimaient en bas.
La guerre est un cri de cigale
Pour l’oiseau qui monte chez Dieu ;
Et le héros que rien n’égale
N’est vu qu’à peine en si haut lieu.
Voilà pourquoi les hirondelles,
A l’aise dans ce bâtiment,
Disent que c’est à cause d’elles
Que Dieu fit faire un monument.
© Marceline DESBORDES-VALMORE
Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)
D'abord comédienne puis chanteuse, Marceline Desbordes-Valmore est connue pour son oeuvre poétique originale, généralement associée au romantisme. Elle est surnommée Notre-Dame-des-Pleurs en raison de sa vie jalonnée de drames : elle perd sa mère à l'âge de quinze ans, son père est ruiné. Amoureuse d’Henri de la Touche, elle enfante un fils qui décède à l’âge de 5 ans. Mais l’homme qu’elle aime, issu de la bourgeoisie, ne peut épouser une femme du spectacle. Ce drame sentimental se lit en filigrane dans ses textes. Elle rencontre plus tard Prosper Valmore, un comédien avec qui elle a quatre enfants. Seul l’un d’entre eux lui survivra. En 1819, elle publie son premier recueil Elégies et romances qui est bien accueilli par la critique. Elle abandonne le théâtre et se consacre à l'écriture. Elle publiera plusieurs recueils, des nouvelles, des contes pour enfants et un roman autobiographique.
Autres textes :
Les cloches du soir
L'oreiller d'un enfant
Les séparés (N'écris pas)
Ma chambre
Un moment
→ Sa biographie sur Wikipédia
Amours secrètes
Fragile en son châle rose
Que la brise délia,
Sous la glycine repose
La Dame aux camélias.
Rêve, rêve
Fatigué de perdre haleine,
Las des ombres de satin
Et des nuits de prétentaine
Don Juan s'endort enfin.
Songe, songe
Le silence sent le lierre
Et dans le jardin soumis
Accablés par leur mystère
Les héros sont endormis.
Berce, berce
Viens, allons vivre en cachette,
Garde mon cœur sur ta main,
Ayons des amours secrètes :
Ne nous disons jamais rien.
Donne, donne
© Louise de VILMORIN
Extrait du recueil Le Sable du sablier
Louise de Vilmorin (1902-1969)
Romancière, essayiste et femme de lettres française, Louise de Vilmorin est parfois surnommée « Madame de », en référence à son roman à succès porté au grand écran. Née dans le château familial d'une célèbre famille de botanistes et grainetiers, elle se fiance en 1923 à Antoine de Saint Exupéry, mais épouse finalement un Américain et s'installe à Las Vegas. Trois filles naissent de ce mariage. Divorcée, elle aura une liaison avec André Malraux en 1933 et épouse en secondes noces un magnat hongrois dont elle divorce en 1943. Elle a publié plusieurs recueils de poésie. Sa fantaisie se manifeste dans les figures de style dont elle est friande, notamment les holorimes (qu'elle écrit « olorime ») et les palindromes dont elle a écrit un grand nombre et de grande taille. Elle se lance dans le journalisme dans les années 1950 et a également travaillé comme scénariste et dialoguiste pour des longs métrages. Vers 1966, Louise de Vilmorin noue une seconde liaison avec André Malraux, avec qui elle termine sa vie.
Autre texte :
Passionnément
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Un héros sans le savoir
© Louis RATISBONNE
Louis Ratisbonne (1827-1900)
Homme de lettres, journaliste et critique littéraire, Louis Ratisbonne a suivi ses études à Strasbourg et Paris. Licencié ès Lettres, il s'occupe de littérature et devient rédacteur dans plusieurs revues. Il est tour à tour bibliothécaire du palais de Fontainebleau puis de la bibliothèque du Luxembourg et enfin celle du Sénat. Son travail le plus important est une traduction en vers de La Divine comédie. Il est également l'auteur de quelques fables et de poésies destinées aux enfants.
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Avant l'extrême crépuscule
Que de lieux que d'instants
Que de sang que de songes
Que de gouffres que d'ailes
Que de fagots que de jardins
Que de rêves disloqués
Que d'amour restitué
Que de héros atteints
Que de jeunesses éteintes
Que de brasiers que de sources
Que d'herbes que d'éboulis
Que de mots ligotés
Que de paroles fertiles
Que de vacarme que de signes
Avant l'extrême crépuscule
Contresignant notre premier matin !
Andrée Chedid (1920-2011)
Femme de lettres et poétesse française d'origine syro-libanaise, Andrée Chedid déclare son humanisme entre autres avec son livre Le Message, écrit en 2000, en écrivant sa colère envers la guerre et la violence, à travers deux amants séparés par ces guerres. Les héroïnes de ses œuvres sont décidées, prêtes à tout pour atteindre leur objectif.
Autres textes :
Un arbre
L'escapade des saisons
Visages
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