La cuisine en poésie



Un repas est toujours occasion à voyages
Pierre TAILLADE

y

Un repas est toujours occasion à voyages
Aujourd’hui nous le commencerons à Madère
Avec les photos d’une île dont les rivages
Toujours parfumés d’une douceur printanière
Défient les alizés au large du Maroc
Par des biscuits salés et l’apéro on the rock.


Nous irons après sans transition dans le Grand Nord,
En Norvège, pays du saumon et des fjords,
Nous régaler de ce poisson gras et fumé
Puis comme les Vikings il y a mille années
Nous voguerons vers la France et son trou normand
Réputé pour donner l’appétit aux gourmands.


Le carré d’agneau est comme un tapis volant
Avec lui on voyage en toute fantaisie,
C’est un plaisir d’y goûter en bonne compagnie,
Serti de légumes et à souhait gouleyant,
Avec un très bon vin qui nous fasse chanter
Et rire de bon cœur à gorges déployées.


Puis une belle mâche apprêtée comme il faut
Emportera notre faim, tel un vol de gerfaut
Encerclant sa proie, vers nos si belles provinces
Où malgré leurs fromages il faut rester mince.
Enfin viendra au dessert, le doux framboisier
Et pour tout clôturer un bon pousse-café.


© Pierre TAILLADE


Pierre Taillade (1956-aujourd'hui)
Né en 1956 à Paris, Pierre Taillade y effectue toutes ses études, en dehors de deux années passées en internat dans l’Essonne, jusqu’à ses deux années de philosophie à la Sorbonne. Il les interrompt pour effectuer son service militaire. À son retour, il travaille un an à la compagnie des Wagons-lits puis il reprend des études de comptabilité pour devenir comptable dans une agence de voyage puis au siège d’une fondation reconnue d’utilité publique oeuvrant pour la protection de l’enfance. Son dernier livre publié en autoédition s’intitule « 14 sonnets pour l’Ukraine et la paix ». Il a reçu cette année le premier prix Bernard Chase au concours « L’an 23 des siècles » de l’association du Verbe Poaimer.
Du même auteur :
Poète, dis les roses que tu aimas !
Moi, la jacobée commune
→ Son blog
→ Sa page Facebook



Le dernier mot
Michel KEUKENS

y

Souvent j’ai pensé :
Je ne suis pas à proprement parler un poète.
Laissons ce terme à ceux
Qui d’un trait de plume, d’un mot, d’une rime
Touchent les cieux et font tressaillir les anges.


Je me définirais plutôt comme un « conteur d’histoires ».
D’une idée fugace, un bout de fil s’échappe
Qui ne demande qu’à être tiré.


Ce n’est qu’alors,
Qu’entre-aperçu, telle une perle lovée dans la chair de l’huître,
Il me fait signe.


Doucement je tire ce fil
Qui parfois se montre retors et résiste :
C’est là que je le ferre et lui donne une direction.


Si, en réalité, je fais de la poésie,
Comme le boulanger fait son pain.


D’abord un souffle, une bruine de farine
Pour lui faire un berceau,
Auquel j’ajoute quelques gouttes d’eau
Et quelques raisins secs bien noirs pour ma touche personnelle.
Et le miracle se produit
Par le malaxage, encore et encore.


Je pétris les mots, je frappe les sons,
Je mélange les noires et les blanches
Avant de coucher le pâton dans le moule.


Oui, le moule est essentiel :
C’est lui qui confère la forme.
Sans forme, il n’y a rien.


Le four est prêt. Sa température est réglée.
Ce qui va devenir le pain
Gonfle à son rythme.


Le voilà sorti tout frais du ventre de sa mère.
La croûte est dure et rousse à souhait.
La mie est tendre et chaude.


Dans le pain, comme dans la poésie,
La croûte est maîtresse :
On doit la croquer, mordre dedans
Pour atteindre ce qu’elle protège,
Pour toucher au cœur, à l’âme, à l’amie.


Dès la première bouchée, le goût doit être là.
C’est lui qui va guider la suite de la lecture,
Pour pouvoir apprécier le tout.


Pour ma part, comme tous les manuels,
J’ai un secret :
J’agrémente ma pâte de petites fleurs
Qui rapprochent le manger du pain
De la dégustation d’un festin.


Je veux qu’il soit bien en bouche
Que mille saveurs se marient et se bousculent
En laissant une trace
Pour longtemps au fond de la gorge
Voire jusqu’au cœur.


C’est là le verdict :
Le cœur doit être touché.
Un sentiment rarement éprouvé
Doit naître, surprendre, combler.


Ce n’est qu’alors que le poème
N’aura pas trahi
Et pourra être partagé.


Je veux être l’artisan qui accepte
De se faire dompter par les mots.
Car c’est eux qui auront toujours le dernier… mot.


© Michel KEUKENS


Michel Keukens (1948-aujourd'hui)
Né en Belgique, Michel Keukens a 75 ans et travaille toujours à titre de traducteur de brevets européens depuis plus de 30 ans, après avoir effectué une carrière partielle d'enseignant en langues germaniques (néerlandais, anglais, allemand) dans le secondaire. Il s'est toujours senti bien dans le monde de l'écriture, un parfait dérivatif qui le change radicalement de son activité éminemment technique ! En fait, il aime bien "raconter des histoires".
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site



Très chère Dorothée
Denise DODERISSE

y

Vous vous précipitez, très chère Dorothée,
Bien avant tout le monde, vers le buffet gratuit.
Sourire charmeur aux lèvres, à grandes enjambées,
Dents longues et tranchantes, mine réjouie.


Les personnalités ne sont pas présentées.
Mais il est temps pour vous de goûter les biscuits
Et de vous esclaffer et de vous empiffrer,
Et de bâfrer avec force minauderies !


Evitez donc un peu de faire tant la goinfre !
Attendez la fin des oraisons pour vous oindre
De petits fours, foie gras et autres cochonnailles…


Vous semblez ignorer qu'à la fin on s'étouffe
De vouloir rejouer ainsi " la grande bouffe " !
Vous crèverez comme eux à ainsi faire ripaille.


© Denise DODERISSE


Denise Doderisse
Résidant en région parisienne, Denise Doderisse écrit depuis une cinquantaine d'années de la poésie sous toutes ses formes, et en particulier elle aime écrire des haïkus. Elle s'adonne également à la peinture et au dessin. Elle a publié deux recueils et plus récemment un livre illustré de réels dessins d'enfants.
→ Voir tous ses textes sur le site
→ Son blog



La cuisine ? Un monde...
Michel KEUKENS

y

Merci d’avoir, pour bien fêter cette occasion,
Choisi parmi d’autres notre établissement.
Nous allons vous proposer pour cette occasion
Un menu spécial, original et gourmand.


Il se composera en tout de cinq savoureux plats
Dont le goût surprendra et ravira vos papilles
Et qui feront, à coup sûr, de ce bon repas
Un agréable souvenir pour votre famille.


Nous voulons fêter avec vous cet anniversaire
En vous emmenant loin des sentiers battus
Pour découvrir des saveurs de notre terre,
Connues, revisitées, loin de l’impromptu.


En première entrée, nous allons vous proposer
Une soupe thaïlandaise au goût de galanga,
Avec sa note citronnée, légèrement poivrée
Qu’une feuille de citronnier kaffir apportera.


Place ensuite aux arepas du Venezuela
Qui mêlent, à l’avocat, du poulet effiloché.
Ces petits pains garnis servant souvent d’en-cas
A base de farine de maïs vont vous allécher.


Suivra, comme premier plat de résistance,
Un couscous d’automne au poisson et aux coings.
Ce sont des darnes de mérou qui mènent la danse,
Que l’on parfume de cannelle et de raisins.


Le lapin chasseur à la mode argentine
Y succèdera, mariné au mercurey.
Singés à l’envi, et garantis d’origine
Ces morceaux combleront votre palais.


Pour le dessert, sur la gastronomie française
Et ses friandises, on ne peut faire l'impasse.
Un mont-blanc, avec sa chantilly et ses fraises,
Qui laissent deviner une meringue de race,
Vous attend pour clôturer cette synthèse
De saveurs et de goûts que mille couleurs embrassent.

© Michel KEUKENS


Michel Keukens (1948-aujourd'hui)
Né en Belgique, Michel Keukens a 75 ans et travaille toujours à titre de traducteur de brevets européens depuis plus de 30 ans, après avoir effectué une carrière partielle d'enseignant en langues germaniques (néerlandais, anglais, allemand) dans le secondaire. Il s'est toujours senti bien dans le monde de l'écriture, un parfait dérivatif qui le change radicalement de son activité éminemment technique ! En fait, il aime bien "raconter des histoires".
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site



Italie
Sylvie CROCHARD

y

L’Italie est pour moi un pays d’art
De romantisme et d’histoire
Où il fait bon se promener
Et découvrir les spécialités


Culinaires qui sont nombreuses :
Pizza, pâtes, lasagnes, glaces
Il y en a pour tous les goûts,
Sans que cela nous lasse.


On se penche en photographiant la Tour de Pise,
On monte sur le Colisée de la Rome Antique.
On visite les Offices à Florence, musée authentique.
On prend un café Place Saint Marc à Venise.


L’Italie nous laissera plein de bons souvenirs
Nous y repenserons longtemps après.
Nous y retournerons assoiffés
De culture et de bons mets.


© Sylvie CROCHARD


Sylvie Crochard (1976-aujourd'hui)
Ouvrière en milieu protégé, Sylvie Crochard a publié plusieurs recueils. Passionnée de piano, elle s’inspire également de la musique dans ses poèmes.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Sa page Facebook



Semla
Annick PIPAUD

y

Les sorcières de Salem dégustent-elles le Semla ?
Cette diablerie suédoise, succulente, parfumée de cardamone sucrée.
Une mousse aérienne et angélique dans sa bogue de pâte à choux.
Sous la couche de sucre, une crème fouettée onctueuse et exquise.
À chaque bouchée, un enchantement des papilles,
une découverte des arômes subtils de l’amande, un rêve gourmand.
Légèreté du délice qui éclaire le jour fugace
et chasse la nuit précoce, tellement souveraine.
Un répit savoureux, délectable, une douce tentation
dans la lumière pâle et spectrale du jour hivernal.


© Annick PIPAUD


Annick Pipaud
Professeur de mathématiques à la retraite mais artiste dans l'âme (peinture, photo, poésie...), Annick Pipaud écrit depuis son plus jeune âge. Elle a participé à plusieurs festivals de poésie.
Autres textes :
A vendre
Tout le bleu du ciel
Jeux d'eau
Le goéland



Les desserts de ma Mémé
Marie MINOZA

y

Je me souviens des crêpes…
Je me souviens des gaufres,
Des cœurs nappés de sucre
De miel, de confiture…


Je me souviens aussi,
Bottereaux et merveilles
Qui barbotaient dans l’huile
Et craquaient sous la dent…


Je me souviens des îles
Naviguant sur la crème…
Des charlottes aux fraises
Et leurs biscuits au rhum…


Je me souviens des tartes
Aux prunes du jardin
Qui fondaient dans la bouche
En doux parfum gourmand…


Je me souviens des mousses
Vanille ou chocolat
Et leur moelleux intense
A la fin du repas…


Me souviens des galettes
Où les boules de pâte
Levaient dans des paillons
Au chaud sous l’édredon…


Me souviendrai toujours
De tes desserts Mémé
Faits d’amour de tendresse
Pour tes petits enfants…


© Marie MINOZA
Illustration : © Marie MINOZA, sa grand-mère en train de cuisiner des gaufres "petits cœurs"


Marie Minoza
Cette enseignante en école primaire a exercé dans les Deux-Sèvres puis dans la Vienne à Châtellerault. Tout au long de sa carrière, elle a aimé partager l’amour de la peinture, de la poésie et de la création avec ses élèves. Aujourd'hui à la retraite, elle partage ses écrits et ses créations d'images sur son blog. Tous les deux ans, elle contribue avec des amis poètes à la création d’un livre de contes et de poésies destiné aux enfants gravement malades… Elle participe également avec ses anciens collègues à un spectacle chorale, comédie musicale (création d'images et de montages power-point pour animer chants et mimes).
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Son blog

→ Sa page Facebook



La moule
Philippe PAUTHONIER

y

Dans la haute noblesse,
On me traite avec bassesse.
Je n'ai pas la classe du homard,
À peine celle du calamar.


Je ne suis qu'un simple mollusque,
Mais, voyez-vous, je ne m'en offusque.
Le peuple aime aller au bistrot,
Me déguster en buvant l'apéro.


Je ne fais pas de manière,
Ma meilleure tenue est la marinière.
Accompagnée de quelques frites,
Je suis une vraie réussite.


On me déguste avec les doigts
En éprouvant beaucoup de joie.
Je trône dans les festivals
Où l'on me dévore sur des étals.


Que je sois de bouchot ou de corde,
Qu'importe, tout le monde s'accorde
Pour dire que, de tous les fruits de mer,
Je suis le summum culinaire.


Sur les rivages, du sud jusqu’au nord,
On m’élève comme un grand trésor.
Vous l'avez deviné, je suis la moule
Que s'arrachent les foules.


© Philippe PAUTHONIER


Philippe Pauthonier
Après une carrière d'ingénieur, Philippe Pauthonier partage aujourd'hui sa vie entre la France et la Pologne, pays de son épouse. Cet élan entre deux pays, deux cultures et ses longs séjours dans la sérénité de la campagne polonaise, loin du monde et de son agitation, sont propices à sa créativité littéraire. Depuis sa retraite, il s'investit dans plusieurs associations oeuvrant au profit des Aveugles et Malvoyants. Mordu d'astronomie, il apprécie la communauté scientifique qui sait élargir le débat avec une réflexion globale, liant la science à une approche métaphysique et théologique. Philippe Pauthonier a publié dix recueils et reçu plus de 130 distinctions dans des concours de poésie.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Découvrir son dernier recueil :
→ Dans les broussailles de mes émotions
→ Sa page Facebook



Intermède gourmand
Linda CARA-JACOBI

y
Aujourd'hui pour Miss Vanille
Se confectionne un taffetas.
Mais le ventre soudain grésille
Face aux cerises plantées là

Le dé à coudre, lui, hésite,
Duel entre moi et moi.
Une petite faim s'invite,
De chantilly à ricotta

Marasquin et Grand Marnier
Fomentent une révolution.
Les pistaches de chanceler,
Le sirop en effusions

On apprête le chocolat,
Les clafoutis et la passion.
Ouh la la, Miss Tralala,
Ta génoise monte d'un ton !

À présent, attendre trois heures ???
Mais bon sang, on a la dalle !!!
Pour savourer cette douceur,
Quel supplice de Tantale...

Fanfreluches et falbalas
Seront placés sur orbite,
Lorsque les papilles palpitent,
Goûtez-moi cette cassata !

© Linda CARA-JACOBI


Linda Cara-Jacobi (1973-aujourd'hui)
Linda Cara-Jacobi est d'origine multi-culturelle, de parents et grands-parents hongrois, anglais, roumains et tchèques. Après des études de Lettres, passionnée d'art, elle quitte sa Suisse natale pour se rendre dans une école à Milan où elle se spécialise en stylisme. De retour à Genève, elle continue de créer pour des commandes privées, et revient désormais à ses premières amours de plume et d'encrier. Ses plages de joie sont les longues balades matinales en forêt, la salade de chèvre chaud et les crêpes à la confiture d'abricot, la musique électro, new wave ou rock, le cinéma indépendant, la photo, les courants artistiques et architecturaux Art Nouveau et Art Déco.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Découvrir son dernier recueil



Mon chou
Marianne LOEBLE

y

Toi mon napoléon
moi ta chouquette
ta madeleine du passé
mon financier préféré


il était une fois
une rencontre éclair
en train Paris-Brest
plein de tendresse


deux êtres babas
sortent à l’opéra
boivent les paroles
des petits frenchies
fondants sur scène


récit merveilleux
puis tarte à la crème
bondit une brésilienne
le soleil des îles
les couvre de chantilly


le coeur tendre de madeleine
se transforme en glacé
s’évapore sans manque
devient une religieuse
dépourvue de douceurs
diète sans choux ni chouquettes


© Marianne LOEBLE

Marianne Loeble

Marianne LOEBLE est une autrice multilingue et voyageuse. Elle est romancière et poétesse. Elle est née à Bruxelles, vit à Barcelone et Alicante, explore la France, sa source d'inspiration. Sa poésie a été récemment primée au Printemps des Poètes, aux Humeurs portuaires des ´Editions des Embruns et publiée dans de nombreuses anthologies. 
Elle aime la vie. L'art et la poésie l'aident à positiver. Ses études littéraires et l'enseignement de langues modernes ont contribué à son approche humaniste.
Autres textes :
La balade du citron
Eiffel futuriste

→ Son site



Côte
Donatien MOISDON

y

Claire eau des mares où filent les crevettes,

où flottent des varechs les mous mouvements bruns,

eau d’huître que la langue avec extase lèche,

instant de bonheur pur où, les yeux refermés,

se goûte, en sommeillant, un faux silence que

le cœur, incessamment, de la mer, psalmodie.


© Donatien MOISDON


Donatien Moisdon
Issu d'un milieu modeste, Donatien Moisdon est né à Batz-sur-Mer en Loire Atlantique. Pour payer ses études, il travaille comme cuisinier privé à New York, chez Juan Trip alors PDG de Pam American Airways. Une expérience très enrichissante qui lui a permis de connaître New York en profondeur, pas seulement celui que l'on visite : dépoussiérage salutaire des clichés anti-américains déversés insidieusement et inlassablement par la presse française. Après l'obtention d'un Master's Degree II, il part enseigner pendant deux ans au Bénin puis terminera sa carrière de professeur en Angleterre, dans le Kent. Il a publié plusieurs romans, des nouvelles et un recueil de poèmes.
Du même auteur :
Côte
Vacances sur l'île d'Yeu
En regardant un tableau de Durrie
Son blog littéraire : → http://audeladeslivres.blogspot.com/



Enivrez-vous !
Mirela LEKA-XHAVA

y

(Inspiré par Charles Baudelaire)


Laissez vos lèvres embrasser le verre de vin rouge
Que le sang du Christ coagule sur vos lèvres
Comme une rose rouge,
Puis couler doucement dans les veines
Arrosant tout le Sahara, puis
Coller aux neurones
Conquérir le sommet de l’Everest,
Et vous êtes saoul, rire, oh, éclater de rire, coloré
Avec donc, du jus du vin,
Enivrez-vous !


Volez comme des pigeons vers un autre mirage
Au-delà des sept mers, des sept cieux
Sept lunes et sept soleils,
Au-delà du paradis et de l’enfer de Dante
Au-delà du dire, des mots non-dits, par
Ovide Métamorphose, la douceur de Burns
Le Spleen de Baudelaire, jusqu’aux lamentations du
Corbeau de Poe
Ainsi des âmes des poètes,
Enivrez-vous !


Oh, enlacez la patrie jusqu’à ce que ça fasse mal
Briser les chaînes de la politique comme des gladiateurs
Avant les batailles, pour gagner la couronne de laurier
Combattants de la paix, tous ensemble
Vêtus du manteau des vertus de l’égalité
Justice, compassion, tolérance,
Buvez à la fin, comme la célébration de la victoire sur ce
Monde libéré
Ce verre détenant les lois du cosmos
Ainsi des vertus,
Enivrez-vous !


Et après le réveil, remplissez les verres avec tout cela
Comme les battements dans le cœur des innocents
Comme les larmes d’animalis dans la file d’attente à la
Guillotine
Ouvre les yeux, souvenez-vous… Quo vadis, et
Recommencez tout à zéro
Buvez jusqu’au bout : les philosophies, les utopies, les
Réalités, les illusions, les rêves et les douleurs,
Ainsi, à nouveau de ces choses là,
Enivrez-vous !


© Mirela LEKA-XHAVA

Animalis : le mot animal vient du latin animalis, -is qui désigne un être vivant mobile, et qui dérive d'anima, souffle ou air, un mot souvent traduit par âme.


Mirela Leka-Xhava (1966-aujourd'hui)
Mirela Leka-Xhava est née dans la ville d'Elbasan en Albanie. Passionnée de littérature depuis son enfance, elle publie de temps en temps dans divers magazines et journaux. Elle est diplômée en Langue et Littérature albanaise à l’Université « Aleksander Xhuvani » à Elbasan. Jusqu’en 2002, avant d’émigrer en France, elle a travaillé comme bibliothécaire à la Bibliothèque universitaire de la ville d'Elbasan. Ses poèmes ont été publiés dans des revues et journaux prestigieux en France, Albanie, Kosovo, Angleterre, Canada, Etats-Unis, Belgique, Bangladesh, Inde, Tunisie, Roumanie, Bulgarie, Italie, République Dominicaine, Pays Bas, Chine etc. Elle est active dans les salons littéraires en France, et a obtenu le Diplôme d’Honneur au 24ème Printemps des Poètes - Sartrouville France.
Elle est publiée périodiquement dans la revue littéraire « Florilège » de l'association Poètes Sans Frontières - Dijon et dans plusieurs anthologies. Elle a été finaliste du Festival de Poésie Méditerranéenne, Rome – 2022, et participe constamment à des concours littéraires. Depuis 2024, elle est membre de la Société des Poètes Français, Paris.
Elle vit actuellement avec sa famille à Bordeaux, en France.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Découvrir son dernier recueil
→ Sa page Facebook



Saveurs de Loire
Claude DUSSERT

y

La lune était gourmande, le ciel d’été radieux
Les étoiles brillaient nous promettant la lune.
Sous ce dôme constellé de mille et un attraits
La tonnelle invitait à se mettre à table.


Le menu s’affichait dans un cadre emperlé
Avec des mots exquis qui glissaient sur la langue
Et nous donnaient envie de sucer, de croquer
Enfin de savourer ces mets exquis et tendres.


Crustacés et légumes ornaient les tabliers
Des serveuses accortes au sourire délié
Qui vinrent nous proposer de bien nous délasser
Devant un apéro aux diverses mignardises.


Le Forez savez-vous sait nous débarrasser
De nombreux préjugés, préparer une assiette
À la manger des yeux, comme le barboton
Sans oublier bien sûr les râpées de grand-mère.


Déguster un ‘Côtes du Forez’ souple et frais
Au goût de fruits d’été, sur fond de terre âpre.
Saliver de plaisir aux arômes échappés
De l’arrière cuisine où tout n’est que secret.


Le plateau de fromages est un ravissement
Entre fourme d’Ambert et brique du Forez
Rigotte persillée et charolais moelleux.
La carte des desserts, nous en met plein les yeux.


© Claude DUSSERT

Barboton : ragoût à base de viande d’agneau, oignons, pommes de terre et carottes.


Claude Dussert (1947-aujourd'hui)
Poète, nouvelliste et pamphlétaire à ses heures, Claude Dussert est diplômé du Conservatoire d’Arts Dramatiques de Grenoble. Cadre commercial, il a créé sa société de communication « CBCD » en 1993 à Lyon. Il vit actuellement en Bourgogne, dans la région de Cluny. Éclectique dans ses lectures, sa passion pour la poésie l’a amené à être membre de nombreuses associations. Il participe activement à plusieurs anthologies de poésie et ouvrages collectifs ainsi qu’à des concours. Il a édité à compte d’auteur cinq recueils de poésie et un recueil de nouvelles. Il a également remporté de nombreux prix de poésie (dont le Prix Spécial du Jury au concours Poetika 2023).
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Sa page Facebook



Chocolat
Annick PIPAUD

y

Ah, les goûters de mon enfance !
La barre de gros chocolat noir entre deux morceaux de pain.
Ou le gros chocolat noir râpé sur une tartine beurrée.


Puis plus tard, le chocolat chaud onctueux, savoureux, voluptueux.
Suave et sensuel.


Amère douceur de la fève dans sa cabosse.
Rêverie de cacao, poudre pulvérisée, envoûtement des sens.
Éclats de velours dans chaque carré.


Tentation irrépressible. Frénésie magique.
Un moment de délicatesse dégusté subtilement.


© Annick PIPAUD


Annick Pipaud
Professeur de mathématiques à la retraite mais artiste dans l'âme (peinture, photo, poésie...), Annick Pipaud écrit depuis son plus jeune âge. Elle a participé à plusieurs festivals de poésie.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site



Les oeufs en couille d'âne
Michel MIAILLE

y

Voyez les œufs rieurs, pochés dedans le vin,
Chantant avec le plat ; on perçoit l’échalote
Et le jambon fumé, des bonheurs que dorlote
L’artiste berrichon au tour de main divin.


Un saumur, un reuilly, sans être très chauvin,
Rajoutent du plaisir ; sans bruit et sans parlotte,
Avec ces compagnons, la cuisine pilote
Ce savoir bien français qu’on n’attend pas en vain.


Alors, demain, qui sait, si vous poussez la porte
Ici, dites-vous bien que la chance vous porte
Et vous dit de venir vite chez ces gourmets.


Si vous avez le spleen ou tout le corps qui flâne,

Réveillez-vous de suite et chantez à jamais

Cet hymne du cuistot : les œufs en couille d’âne.


© Michel MIAILLE
Spécialité culinaire berrichonne, les oeufs sont pochés dans du vin rouge. La couille d'âne est une grosse échalote. C'est l'emploi de cette échalote qui fait la différence avec les recettes habituelles d'œufs en meurette, dans lesquelles on utilise l'oignon. Donc la couille d'âne c'est l'échalote... et pas l'œuf.


Michel Miaille (1951-aujourd'hui)
Poète, auteur de sketches et de pièces de théâtre, Michel Miaille est retraité du Ministère de l'environnement et membre de la SACEM. Il a obtenu plusieurs prix de poésie, notamment avec avec des poèmes en langue provençale, et participe à des anthologies. Il a publié plusieurs recueils.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site



Poète-cuistot
Mokhtar EL AMRAOUI

y
Je suis poète-cuistot
J'aime bien mon double rôle 
De ma cuisine les gens raffolent
Dégustant goulûment mes casseroles
                   
J'y prépare une délicieuse poésie 
Qu'ils  dévorent avec grande frénésie
Mes frétillants vers leur donnent bel appétit 
Pour éviter les pires des catastrophes
Ils savourent mes succulentes strophes 

Pour avoir la paix et rester sereins
Ils mâchent doucement mes quatrains 
Mes délicieuses rimes dans mes salades
Leur évitent toujours de tomber malades
Mes savoureux acrostiches en frites
Éloignent d'eux toute menace de parasites
Ils ne se lassent jamais de mes légers lais
Qui dans leurs impatients palais virent laid

Mesdames et messieurs votre poète-cuistot
Pour vous gâter de ses merveilles se lève tôt 
Pour vous préparer ces foisonnants recueils
De menus qui éloigneront le vorace cercueil
Ses sonnets toujours si bien retournés
Sauront le sonner et avec art le désarçonner


© Mokhtar EL AMRAOUI / 30 septembre 2024


Mokhtar El Amraoui (1955-aujourd'hui)
Poète d’expression française né à Mateur, en Tunisie, Mokhtar El Amraoui a enseigné la littérature et la civilisation françaises pendant plus de trois décennies, dans diverses villes de la Tunisie. Il est passionné de poésie depuis son enfance. Il a publié quatre recueils de poésie et plusieurs de ses poèmes ont été publiés sur Internet et en revues-papier.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Blog de l'auteur : https://mokhtarivesenpoemesetautresvoyages.blogspot.com/



L'homme en cuisine
Pierre PAYSAC

y

Des souvenirs d’antan…
Dimanche de routine.
Les maris bras ballants,
Les femmes en cuisine.


Soumises aux fourneaux
Préparant le repas.
Hommes à l’apéro
Taillant le bout de gras.


Chacun bien à sa place,
Habitudes d’airain.
C’est ainsi que se passe
Un dimanche matin.


Les années ont passé …
Des hommes s’y sont mis.
Cuisines entrebâillées
Et parfois investies.


Rien n’est pourtant gagné.
Attitudes anodines ?
Prôner l’égalité
Jusque dans les cuisines.


© Pierre PAYSAC 


Pierre Paysac (1948-aujourd'hui)
Fréquentant un atelier d'écriture depuis plus de dix ans, Pierre Paysac a publié son premier recueil, Errance, en 2021, aux éditions Persée. Un deuxième recueil est en cours d'édition. Il a par ailleurs participé au concours Poetika 2023 et l'un de ses textes a été remarqué par les membres du jury.
→ Voir tous ses textes sur le site



Un bouquet de senteurs
Myriam CLOWEZ

y

Le sort de la crêpière
Était entre nos mains
Préférence à ma mère
Debout de bon matin.


Elle riait de nous voir,
Autour d’elle regroupés
Elle sortait des tiroirs
Nos flacons préférés.


Elle avait ramené
Un jour de Martinique
Des épices trouvées
Dans de vieilles boutiques.


Elle ajoutait parfois
Un bon beurre en baratte
Nous nous léchions les doigts
En préparant la pâte.


Sous nos yeux médusés
Légères, au doux parfum
De cannelle parfumée
Les crêpes sautaient si bien.


Parfois l’orange amère
Avait sa préférence
Et ces fioles solaires
Parfumèrent notre enfance.


© Myriam CLOWEZ


Myriam Clowez (1961-aujourd'hui)
Retraitée du secteur sanitaire et social, Myriam Clowez a toujours aimé la poésie et c'est surtout à l'adolescence qu'elle a écrit de nombreux poèmes. Aujourd'hui, elle profite de son temps libre pour participer aux concours de poésies.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site 



Les belles tablées
Christian SATGÉ

y
Femmes à la cuisine, entre papote et popote,
Et hommes à table, entre pâté et patois,
Les grands travaux mènent du monde sous le toit,
Voisins et famille, avec outils et comportes.

Pour qu’aucun grand moment de l’année ne capote :
Fenaisons, moissons,… on est à tu et à toi.
Pour cueillir le maïs, vendanger, bien courtois,
On invite ceux que l’on aidera, bon potes.

Et on remettra ça pour aller ramasser  
Les patanes au champs d’en bas, avec les pitchounes
Qui avant de commencer en auront assez.

Ils iront dans le bois se faire des poutounes.
Après les rogations, on marie ces pressés :
Ça nous fera encore une belle tablée, tsé !

 

© Christian SATGÉ
Comporte : baquet de bois servant au transport de la vendange
Patane : pomme de terre
Pitchoune : petit enfant
Poutoune : bisou


Christian Satgé (1965-aujourd'hui)
Auteur prolifique, fabuliste et conteur éclectique, Christian Satgé est professeur d'histoire-géographie dans le département des Hautes-Pyrénées. Il a publié plusieurs recueils et près d'une cinquantaine de ses textes figurent dans Le Monde de Poetika. Son dernier recueil : "Recadré" paru chez 5 Sens Editions.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son blog : → https://lesrivagesdurimage.blogspot.com/

→ Sa page Facebook



Les sandouiches au jambon
Anne SYLVESTRE

y

Je t'ai préparé
Pour ton petit déjeuner
Une montagne de tartines
Confiture d'églantine


Et du chocolat crémeux
Une pomme si tu veux
Il reste de la brioche
Mets un morceau dans ta poche


Si tu n'as rien dans l'estomac
Ca n'ira pas !


Refrain
Mais moi je m'en fiche
Je veux des sandouiches
Je veux des sandouiches au jambon
C'est ça qu'je trouve bon


Je t'ai réussi
Pour ton repas de midi
Une vraie purée de patates
Et des nouilles à la tomate


Des côtelettes d'agneau
Cuites juste comme il faut
Fromage blanc à la crème
Tu sais, celui que tu aimes


Tu n'as rien mangé ce matin
Ce n'est pas bien


Refrain
Vois pour ton goûter
J'ai déja tout préparé
Il y a de la tarte aux pommes
Tu peux y aller, elle est bonne


J'ai racheté du chocolat
Tu aimes bien celui là
Et puis j'ai du jus d'orange
Ca nourrit et puis ca change

 

Si tu ne manges pas assez
Tu vas tomber


Refrain
Pour dîner ce soir
Il faut que tu viennes voir
Il y a des oeufs à la coque
Comme je sais que tu te moques


Des légumes, alors j'ai fait
Un énorme riz au lait
Il faut aussi que tu manges
Une poire ou une orange


Des vitamines il en faut
Ce n'est pas d'trop


Refrain
Tu ne manges rien
Que du jambon et du pain
Vraiment tu me désespères
Je n'ai plus envie de faire


Courses, cuisine pour toi
Dis moi comment tu feras
Quand tu auras ta famille
Pour nourrir garçons ou filles


Tu devras bien te forcer
A mieux manger


Refrain
Oh moi je m'en fiche
J'leur f'rai des sandouiches
j'leur f'rai des sandouiches au jambon
Ils trouveront ça bon

Laisse moi tranquille
Quand je suis en ville
Ou quand je vais chez des amis
Je mange tout ce qu'on me dit


© Anne SYLVESTRE


Anne Sylvestre (1813-1877) - [Nom de naissance : Anne-Marie Thérèse Beugras]
Auteure-compositrice-interprète, féministe et auteur engagée, Anne Sylvestre était très populaire dans les années 1960 et 1970 où elle se produit à la télévision auprès d'artistes prestigieux de la chanson comme Georges Brassens, Barbara, Georges Moustaki, Boby Lapointe, et participe régulièrement à des émissions télévisées, telles que celles de Jean-Christophe Averty ou Denise Glaser (Discorama). En 1963, elle sort son premier 33 tours. Elle reçoit pour ses chansons le Grand Prix international du disque de l’Académie Charles-Cros, quatre fois entre 1963 et 1967. Elle a écrit plus de 250 chansons pour adultes. Soixante ans de carrière sans interruption, une vingtaine d'albums, sans compter les dix-huit albums de Fabulettes destinés aux enfants.
Autres textes :
La chanson des douze mois
Les gens qui doutent
→ https://www.annesylvestre.com/
→ Sa biographie sur Wikipédia



Le cassoulet
Frédéric ALBOUY

y

De Toulouse, Carcassonne
Ou de Castelnaudary,
Grâce à moi les ventres sonnent
Et Dieu que les enfants rient !


Cela vient des haricots,
Serrés dans leur cassolette,
Pressés de quitter le pot
Avec honneurs et trompettes.


Ils fondent dans le gosier
Et pour un moment vous calent.
De Bordeaux jusqu’à Béziers


Tout le monde se régale.
C’est à l’heure du dessert
Que commence le concert.

 

© Frédéric ALBOUY


Frédéric Albouy (1956-aujourd'hui)
Auteur de nombreux livrets de poésie puis de livres d’artiste à tirage limité avec la complicité d’artistes de la place parisienne, Frédéric Albouy (fA) s'est orienté au tournant du siècle vers le Web offrant de nouveaux outils pour de nouveaux horizons poétiques. Il contribue au site de poésie pour enfants L’Arbre à Poèmes du Club des Poètes puis crée en 2004 sa propre fabliothèque, cyberpoesie.net, à base d'animations poétiques.

Du même auteur :
Des abeilles
Beaubourg - Concours POETIKA 2019
Son recueil sur la cuisine   



Chez Gaston, le nôtre
William BRAUMANN

y

Ce que j’ai envie de dire
Tient en quelques mots enrobés de chocolat menthe,
Dans la vitrine sucre glace de la boulangerie d’en face
Où très souvent je me délasse,
Dans un jacuzzi d’îles flottantes
Et de millefeuilles au café


Dans son grand four
Gaston, le pâtissier
En prépare des petits,
Que l’on mange en une seule bouchée
Et ses mignardises bourgeonnantes et costumées,
Fondent sur le palais des rois et des reines
Comme sur ceux des énergumènes


Notre homme, aussi doué que Le Nôtre,
Mais c’est le nôtre,
Fait valser la chantilly en chantant la traviata
Tandis que sa dame aux camélias,
Accueille ceux qui ont un petit creux sous les côtes


Les croissants, confiseries
Éclats d’amandes, meringues et fruits confits
Dansent car, confidence,
Pendant leurs vacances
Ils ont un peu trempé dans l’alcool
D’un ciel d’étoiles Espagnol


Je plains les vaches dans leurs enclos
Condamnées à regarder passer les Paris-Brest,
Que leur vie semble indigeste
À les voir filer sans cesse, j’en deviendrais marteau


Madame, s’il vous plait, je voudrais ce gâteau !
– Ce sera tout ? Me répond-elle,
Sa question est bien embarrassante,
Je tire nerveusement sur mes bretelles


J’ai peu d’argent sur moi,
J’achèterais bien toute la boutique
Me fera t’elle crédit, ou pas ?


© William BRAUMANN


William Braumann (1972-2021)
Né à Paris, William Braumann, autodidacte, auteur de chansons et de poésies, a été publié dans les revues Poetica, Le Capital des mots, Infusion, Lichen et Recours au poème. 
→ Sa page Facebook



Le tapissier et le pâtissier
Bernard LORRAINE

y


Un pâtissier faisait de la pâtisserie,
Son voisin tapissier de la tapisserie.
Lorsque le pâtissier fait sa pâtisserie
Sa pâtissière fait de la tapisserie,
Quand le tapissier vaque à sa tapisserie
Sa tapissière cuit de la pâtisserie.


Aussi retrouve-t-on des clous de tapissier
Dans la pâtisserie du voisin pâtissier,
Aussi retrouve-t-on les choux du pâtissier
Sur la tapisserie du voisin tapissier.
Et comme leurs moitiés sabotent leurs métiers,
Leur industrie et leur commerce en pâtissaient.


Moralité
Pâtissiers, pâtissez ! Tapissez, tapissiers !
À chacun son métier ! À chacun sa moitié.

 

© Bernard LORRAINE


Bernard Lorraine (1933-2002) - [Vrai nom : Bernard Diez]
Artiste, comédien, conférencier et chansonnier, Bernard Lorraine a vécu douze ans en Amérique Latine en tant que professeur à l'Alliance française. Il revint en Lorraine, région dont il prit le pseudonyme. Il a publié vingt-huit recueis de poésies, dix anthologies et des essais où s'expriment révolte et indignation, tout en y mêlant force et humour. Sa poésie, qui reste classique et libre, est toujours solidement rythmée et rimée. Elle s'exprime dans une langue drue, puissante, mais dont la tendresse n'est pas absente. Quelques-uns de ses poèmes ont été mis en chanson. 
Du même auteur :
→ Chanson du six milliardième
→ Au début
→ Sa biographie sur Wikipédia
 



La romance de la tarte aux pommes
Pierre GAMARRA

y

Fleur de farine et pommes douces,
il va neiger,
je pense aux arbres pleins de mousse
au vieux berger.
Graisse légère et sucre blanc,
des étincelles
sautent du feu rouge et tremblant
comme des lèvres de demoiselle.
La neige va couvrir ce soir
les fronts des hommes,
on entend pleurer dans le noir
la tarte aux pommes.
Elle se dore au fond du four
gonflé d’arômes.
Je pense à l’hiver, au ciel lourd
et je pense à la tarte aux pommes.

 

© Pierre GAMARRA


Pierre Gamarra (1919-2009)
Romancier, poète et critique, Pierre Gamarra est particulièrement connu à travers son oeuvre pour la jeunesse.
Du même auteur :
Ecoute 
Mon cartable
Voici Noël  
→ Sa biographie sur Wikipédia



Pour un art poétique
Raymond QUENEAU
y

Prenez un mot prenez en deux
faites les cuir’ comme des oeufs
prenez un petit bout de sens
puis un grand morceau d’innocence
faites chauffer à petit feu
au petit feu de la technique
versez la sauce énigmatique
saupoudrez de quelques étoiles
poivrez et mettez les voiles
Où voulez vous donc en venir ?
A écrire Vraiment ? A écrire ?

 

© Raymond QUENEAU


Raymond Queneau (1903-1976)
Romancier, poète et dramaturge, Raymond Queneau est cofondateur du groupe littéraire Oulipo. En 1924, il rejoint le groupe des surréalistes et commence véritablement à écrire en 1930. En 1933, il publie son premier livre, "Chiendent", transposition en sa savante langue "néo-française" à la fois classique et ludique du "Discours de la méthode", immédiatement récompensé du premier Prix des Deux-Magots. Il entre en 1938 au comité de lecture des éditions Gallimard, chargé en particulier du domaine anglo-saxon, avant d'être nommé directeur du comité de lecture de la Nouvelle Revue Française (Nrf) en 1941. "Exercices de style", court récit racontant 99 fois la même histoire, de 99 façons différentes, publié en 1947, est son premier grand succès public. À la Libération, il fréquente Saint-Germain-des-Prés. Son poème Si tu t’imagines, mis en musique par Joseph Kosma, est un des succès de la chanteuse Juliette Gréco. D’autres textes sont interprétés par les Frères Jacques. En 1959 paraît Zazie dans le métro qui s'ouvre par l’expression « Doukipudonktan ! » Le succès de ce roman surprit Queneau lui-même et fit de lui un auteur populaire.
Du même auteur :
La lune 
Navigateur solitaire
La main à la plume
Bon dieu de bon dieu que j'ai envie

→ Sa biographie sur Wikipédia



m

Votre poème ici
Envie de rejoindre l'anthologie permanente ? N'hésitez pas à m'envoyer vos textes avec une mini biographie (facultatif mais conseillé !).
Voir les détails ici.
Courriel : poetika17(arobase)gmail.com
-------------
Nota : chaque mois, un nouveau thème ! Les textes publiés font l'objet d'une demande par courriel à leurs auteurs respectifs (sauf certains auteurs-compositeurs-interprètes), ou bien ils sont envoyés spontanément par les poètes. Et sauf mention spéciale, toutes les images proviennent de pixabay.com.
------------
Le Monde de Poetika
Site & Revue de poésie en ligne
N° ISSN : 2802-1797

Sur le même thème
J'ai trempé mes doigts dans la confiture de René de Obaldia
Les effarés de Arthur Rimbaud
Les crêpes de Frédéric Cogno
Sortilèges en cuisine de Ombrefeuille

→ Citations autour du thème

La gourmandise commence quand on n'a plus faim.
Alphonse DAUDET


Un baiser est une gourmandise qui ne fait pas grossir.
Marilyn MONROE


Les Français ont une telle façon gourmande d'évoquer la bonne chère qu'elle leur permet de faire entre les repas des festins de paroles.
Pierre DANINOS


Cuisiner. C'est l'art le plus beau et le plus complet. Il engage nos cinq sens, plus un - le besoin de donner le meilleur de nous-mêmes .
Paulo COELHO